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goulême, fur le bord de la Tardouère. Il y a dans cette ville une églife collégiale & une maifon de carmes. La Roche-Foucaud donne le nom à une illuftre maifon. M. le duc de la Roche-Foucaud eft le premier vaffal du duché d'Angoulême, & le plus grand terrier du pays. Quatre baronnies dépendent de fon duché. La feule feigneurie de la Roche-Foucaud, contient dix-neuf paroiffes. En 1525, François I, roi de France, érigea cette terre en comté; & Louis XIII l'érigea en duché pairie par lettres patentes du mois d'avril 1622, enregistrées le 4 de feptembre 1631. Cependant comme le duc de la Roche - Foucaud n'alla prendre fa premiere féance au parlement qu'en 1637, il a été réduit à ce rang par l'édit de 1711. Piganiol, Desc. de la France, t. 5, p. 28 & 39.

*

ROCHE-GUION, (la) bourg de France, dans l'ifle de France, fur les frontieres de la Normandie & fur la riviere de Seine, avec le titre de comté, château & haute juftice, en latin Rupes-Guidonis. Il eft fitué trois lieues audeffous de Mante & au-deffus de Vernon, entre Veteuil, Villarceaux, Gasny & Giverny. L'églife paroiffiale, proprement bâtie, eft dédiée à S. Samfon. Il y a auffi un prieuré fimple, fous le titre de la fainte Trinité, & la chapelle du château eft très-bien fondée. Ce château, conftruit fort folidement au pied de la roche, a de bonnes tours & de bons foffés. Les appartemens en font grands & ornés de peintures. On monte du château à une groffe & haute tour, élevée fur le haut de la roche vive, qui lui fert de donjon, & d'où l'on découvre deux à trois lieues du cours de la Seine, & une grande étendue de pays, dont le territoire confifte en vignobles, terres de labour, bois & prairies. On tient à la Roche-Guion un marché confidérable tous les mardis, & il y a foire à la S. Matthieu & à la fainte Catherine. On trouve un bac de paffage devant le château. Corn. Diction. Mémoires dreifés fur les lieux

en 1702.

*

ROCHE-MAURE, petite ville de France, dans le bas Vivarais, à la droite du Rhône. C'est une des villes maîtreffes du diocèse.

ROCHE-MILLAY, (la) bourg de France, dans le Nivernois, diocèfe & élection de Nevers. Cette paroiffe eft fituée dans un pays montagneux, fur une petite riviere du même nom, à fept lieues de celle de Loire, & à deux de la ville de Luzy. L'évêque d'Autun eft patron de la cure. Ce font terres ingrates & mauvaifes. On y recueille du feigle, un peu d'avoine, des foins fuffifans pour la nourriture des beftiaux. Il y a très-peu de bois & peu de commerce. Les habitans font pauvres.

ROCHE-POSAY, (LA) ville de France, en Touraine, fur la Creuse, un peu au-deflous de l'endroit où elle reçoit la Gartempe, entre le Blanc & la Haye. Elle a des eaux minérales que l'on boit pour rétablir fa fanté. Prifes au commencement de l'été, elles font limpides & fans faveur. Par évaporation on n'en a tiré qu'un peu de terre grife, fablonneuse, de faveur un peu faline, & ne faisant que un ou deux mille fept cents du poids de l'eau. Le peu de fel qui étoit dans cette réfidence pouvoit être rapporté au sel commun. * Piganiol, Desc. de la France; t. 7, p. 3.

& 67.

ROCHE-SUR-YON, (la) bourg de France, avec titre de principauté, dans le Poitou, élection des Sables d'Olonne. Il a pris fen nom de la petite riviere d'Yon, auprès de laquelle il eft fitué, à cinq lieues au nord de Luçon. Il appartient à la maifon de Bourbon-Conti, qui l'a hérité de celle de Montpenfier.

ROCHEDAL, felon Corneille. Voyez ROCHDALE. 1. ROCHEFORT, ville de France, dans la Beauce, diocèle de Chartres, élection de Dourdan, eft un ancien comté que poffede aujourd'hui la maifon de Rohan-Guémené. Cette ville petite & peu confidérable eft fituée près faint Arnoult, dans le pays d'Iveline, fur un ruiffeau qui paffe auprès d'Arpajon. Le Château est assez beau.

2. ROCHEFORT, ville & comté de France, diocèse & élection de Clermont en Auvergne.

3. ROCHEFORT, petite ville de France, de l'élection de Roanne en Forez, eft fituée près du Lignon, environ à quatre lieues de Feurs.

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4. ROCHEFORT, fur Charente, en latin Rupeforville moderne de France, en Aulnis, eft felon Le méridien de l'obfervatoire de Paris à 3d 18′, 34′ de longitude; & à 46a a′, 34′′ de latitude.

Ce n'étoit originairement qu'un château bâti dans les marais, & qu'environnoient quelques chaumieres habitées par des payfans & des pêcheurs. Dans les anciens titres ce château eft appellé Rocafortis. La châtellenie qui ne peut guère remonter qu'à la moitié du onzième fiécle, avoit plufieurs fiefs fervans. Le plus ancien de fes feigneurs que l'on connoiffe, eft Hugue de Rochefort, (Hugo dominus Rocafortis, ) lequel en 1096 fouscrivit l'acte d'une donation faite à l'abbaye de faint Maixent en Poitou. Albuin de Rochefort fouscrivit en 1097 une donation faite à l'abbaye de Tonnai-Charente; & en 1109, une autre donation pour l'Eglife de Bouhet en Aulnis. En 1137 Eble de Mauléon & Geoffroi de Rochefort ravagerent la Baronnie de Châtel-Aillon. En 1236, Eble ou Hugue de Rochefort ( car on le trouve fous ces deux noms) eft qualifié chevalier. En 1243, Geofroi, Eble & Charles de Rochefort, furent au nombre des garans & arbitres de la trève entre la France & l'Angleterre; dictatores & emendatores Treuger. En 1271, Geoffroi de Rochefort fervit en qualité de chevalier Philippe le hardi, dans une guerre contre le comte de Foix; il devoit quarante jours de fervice avec trois écuyers. En 1300, Pierre Bouchard, feigneur de Cornefou, & Yolande de Rochefort fa femme, échangerent la Seigneurie de Rochefort avec Guillaume l'Archevêque, feigneur de Parthenai; Philippe le bel empêcha cet échange, & Pierre Bouchard & fa femme traiterent avec ce roi de leur Châtellenie, moyennant d'autres terres & quatre mille livres, qui leur furent comptées par le fénéchal de Saintonge. Cet échange réunit le château de Rochefort à la Couronne. Il en fut diftrait par le roi Jean qui le donna à Guichard d'Angles. Edouard, prince de Galles & duc d'Aquitaine en jouifloit en 1367: mais le roi Charles V le réunit à fon domaine, & l'incorpora au gouvernement de Saintonge en 1372. Au mois de novembre 1448, Charles VII en fit don à Jacques Stuart, roi d'Ecoffe, & à fes hoirs mâles; mais il revint enfuite à la couronne, on ne fait pas en quelle année; & Louis XI, en septembre 1462, donna la feigneurie & le château de Rochefort au fénéchal de Saintonge, Olivier de Cœtivi pour lui tenir lieu de douze mille écus d'or & des droits du roi fur les terres de Royan & de Mornac, que ce fénéchal, en 1458, avoit eus de Charles VII, en confidération de fes fervices, & de fon mariage avec Marguerite, fille naturelle de ce prince. Olivier de Cœtivi perdit la feigneurie de Rochefort en 1465, que Louis XI en fit présent à Charles d'Anjou, comte du Maine ; mais elle lui fut rendue en 1479. La châtellenie, terre, feigneurie & forêt de Rochefort furent aliénées en 1589, par Henri III à Pierre de Juyves, maître des requêtes du roi de Navarre, & à Henti Dieu-le-Fit, feigneur de la Brouffe. En 1598, il fut permis aux habitans de Rochefort fur Charente d'en acquérir la terre & feigneurie ; ce qui n'eut point d'effet puisque le 11 de Septembre 1599, Rochefort fut donné par engagement à Adrien de Lozeré, premier valet-dechambre de Henri IV; & ce fût en 1664, que M. Colbert du Terron retira cette châtellenie, rachetable à perpétuité des mains de Jacques Henri, feigneur de Cheuffes, lequel en fut le dernier feigneur particulier du chef de fa femme, petite-fille d'Adrien de Lozeré. Louis XIV avoit choifi ce lieu pour y mettre un département de la marine. L'époque de la fondation de la nouvelle ville eft 1666, fuivant la médaille qui fut frappée à cette occafion, qui porte pour légende Urbe & navali fundatis, & dans l'exergue Rupefortium, 1666.

La ville de Rochefort s'étend dans une forme très-irréguliere fur le bord de la Charente, laquelle fait un port capable de recevoir les plus grands vaiffeaux, qui mouillent devant Rochefort même. Quand ils font déchargés de leurs canons, ils y font à l'abri de toute infulte de l'ennemi, parce que l'entrée de la Charente eft défendue par les fortifications de la redoute de l'Aiguille, de l'ifle Madame, du château de Fouras, du fort de la Pointe, du fort Lupin, & de la batterie du Vergerou; on peut auffi fermer cette entrée par une eftacade..

Le chevalier de Clerville, commiffaire ou ingénieur général du Royaume, dreffa le plan de la nouvelle ville, où il n'a pas donné de grandes marques de fa capacité, non plus qu'aux fortifications de plufieurs autres places. M. Blondel, plus architecte qu'ingénieur, condusfit les bâtimens. On trouve de belles parties de détail ; mais on cherche en vain les beautés

la perfection, qui résultent de l'ensemble. En 1679, M. Ferri, directeur des fortifications, acheva la clôture du parc, avec des baftions qu'il fit élever. Le maréchal de Vauban imagina un nouveau projet en 1684 : il vouloit faire évanouir, en quelque forte, la grande irrégularité de l'enceinte, en La pouffant au-delà de la riviere, & jusque dans la prairie de Rhone; ce projet fut étouffé fous les obftacles que la jaloufie oppofa. Aux grandes idées du premier ingénieur de l'Europe, on fubftitua un deffein bizarre. M. A. (Arnoul, intendant de marine à Rochefort) penfoit à démonter tout l'arcenal. Il vouloit faire un canal qui devoit être placé à l'égard des formes (endroits où l'on travaille au radoub des vaiffeaux) en une certaine convenance, pour en faire un beau tout. Son deffein étoit d'élever les magafins fur les bords, & de creufer un vafte baffin circulaire de l'autre côté de la riviere, autour duquel les vaisseaux auroient été rangés en croiffant; mais comme il y avoit infiniment loin de l'idée à l'exécution, il refta projet. On commença un canal, que j'ai tracé moi-même, & où il n'a jamais paffé un fabot. Ceft ce que l'on lit dans un mémoire manuscrit de M. Claude Maiffe, ingénieur ordinaire du roi, employé durant quelques années à Rochefort, & mort à Mézieres en 1737, âgé de 87 ans. On voit par là qu'il faut beaucoup rabbattre des magnifiques descriptions, que des gens qui n'étoient point de l'art, nous ont données de Rochefort. Cela n'empêche pas que les divers bâtimens qui fervent à la marine ne foient bien exécutés, & même avec une forte de magnificence. On remarque fur - tout la corderie, le magafin général, le magasin des vivres, la fonderie, les cafernes, la mâture, le contrôle, les forges & les formes. M. Ferri donna le plan & le devis de ces dernieres en 1683. Elles font connoître les hautes & baffes marées, lorsque la mer en descendant eft parvenue au feuil des portes, elle ne descend pas plus bas. Elle s'arrête environ une demi-heure fans mouvement, & commence enfuite à monter. Deux régles, graduées & pofées fur deux maffifs de pierres marquent les divers points d'élévation. Suivant un registre tenu depuis plufieurs années, au tems des équinoxes la mer monte à Rochefort de dix-fept à dix-huit pieds; dans les folftices de quinze & demi à feize & demi ; & dans les autres tems de quatorze, le tout indépendamment des vents de fud & de fud-oueft, qui, foufflant avec beaucoup de violence portent les marées beaucoup plus haut. Dans les nouvelles & dans les pleines lunes, l'heure de la haute mer à Rochefort eft à 4h 15' environ après midi.

Cette ville bâtie dans un terrein marécageux, dont le fond eft une espece de cespes bituminofus propre à faire de la tourbe, & couverte par des hauteurs du côté du nord, eft exposée au vent de fud, qui paffant par deffus des marais falans, & fe chargeant de vapeurs malignes, en rend le féjour mal fain.

Il y a fiége royal établi en 1702; maîtrise particuliere des eaux & forêts, établie en 1703, & connoiffant de tout ce qui concerne les bois dans le pays d'Aulnis, & dans ce qui compofoit auparavant la maîtrise de Saintonge; & corps-de-ville érigé en 1718.

Il y a deux paroiffes, l'ancienne qui eft hors de l'enceinte de la ville; & la nouvelle qui eft dedans: celle-ci eft deffervie par les miffionnaires de S. Lazare, lesquels ont auffi la direction d'un féminaire ou maifon de retraite pour les aumoniers de vaiffeaux. Il y a de plus un couvent de capucins, qui font chargés d'inftruire à la religion les matelots & les foldats de marine.

Il parût en 1733 à Blois une hiftoire de Rochefort, dont l'auteur s'eft beaucoup plus aidé de fon imagination que de mémoires authentiques pour la compofer. L'article, auquel on a fubftitué celui-ci, n'étoit pas plus exact que cette histoire. * M. Arcère, Hift. de la ville de la Rochelle & du pays d'Aulnis, t. 1, p. 114-119.

5. ROCHEFORT, en Ardenne, ville des Pays-Bas dans le Condros, aux confins du duché de Bouillon, & de l'évêché de Liége dont elle dépend pour le fpirituel; à deux lieues de faint Hubert, à fix de Dinant, & à fept de Huy. On l'appelle ROCHEFORT, en latin Ruperfortium, parce qu'elle eft de tous côtés fituée entre des rochers. C'eft une très-ancienne feigneurie, dont les feigneurs étoient vaffaux de l'églife de Liége. L'Empereur Ferdinand II en fit un comté de l'Empire. Elle a appartenu à la France depuis 1681, qu'elle lui fur cédée par les Espagnols, auxquels la paix de Ryswick la rendit en 1698,

avec la plus grande partie du Luxembourg. Il y a dans cette ville un couvent de carmélites, & un château, qu'on prétend bâti par les Romains. Jean-Erneft, comte de Louveftein, évêque de Tournay, abbé de Stavelo, à la maifon duquel la ville appartient, fit rétablir ce château, qui peut aujourd'hui paffer pour magnifique. Dans le voi finage eft l'abbaye de faint Remi, fondée en 1266, par Gilles, comte de Clermont & de Rochefort, pour des religieufes de l'ordre de cîteaux, lesquelles vers 1470 furent remplacées par des religieux du même ordre venus de l'abbaye du Jardinet, près de Walcourt. * Longuerue, Desc. de la France, t. 2, p. 130.

ROCHELLE, (la) Rupella, ville maritime de France, & capitale du pays d'Aulnis. Elle eft fituée à 46d 9′ 21o de latitude, & 3 29' 55 de longitude, à comter du méridien de l'observatoire de Paris.

Quelques-uns mettent cette ville au nombre de celles de l'empire romain : quelques autres la font exister dès le tems de Charles-Martel: d'autres enfin veulent qu'elle foit l'ancien Portus Santonum, dont parlent Ptolomée & les anciens itinéraires. Ces opinions démontrées fauffes par Arcère, Hift. de la ville de la Rochelle, t. 1, p. 82 & fuiv. ne doivent pas nous arrêter.

Le plus ancien monument qui nous découvre la Rochelle, dit cet hiftorien, p. 94, eft une charte de la reftauration de l'abbaye de faint Michel ( en l'Herm.) Guillaume furnommé Tête-d'Étoupe, duc d'Aquitaine (& comte de Poitiers) fait mention dans cet acte, d'échange d'un fief nommé Santonum Vigueria. Un des principaux droits de ce fief concer noit l'ancrage & le leftage des navires, dans tous les ports de Saintonge, depuis la Rochelle jusqu'à Blaye, à Blavia ad Rupellamusque. Ainfi la Rochelle fe montre pour la premiere fois un peu après le milieu du dixiéme fiécle; mais au-delà, ce font des ténébres répandues.... La Rochelle qui femble fortir du néant en 961, s'y replonge tout à coup. Il faut franchir l'intervalle des tems écoulés depuis 961,jusqu'en 1139, pour la voir reparoître. Eh! fous quelle forme. Il n'eft question que de fesmoulins donnés aux Templiers par Eléonor, (reine de France, ducheffe d'Aquitaine & comtefle de Poitiers.) Il fe préfente un bref du pape Eugène (III,) dont la date eft (du 21 Février) de l'an 1152. Ce bref eft adreffé à Bernard, évêque de Saintes, pour l'engager à ne plus mettre d'obftacle à l'érection d'une nouvelle paroiffe à la Rochelle. Le plan de cet établissement, formé par les Rochellois, avoit déja été approuvé par Eble de Mauléon & Géofroi de Rochefort qui prétendoient être leurs feigneurs. Les motifs fur lesquels on appuyoit l'utilité de ce projet font déduits dans un titre de l'églife paroiffiale de faint Barthelmi : il eft dit, que la diftance entre la ville (villa) & l'ancienne paroiffe de Notre-Dame de Cougnes, eft extrêmement incommode, quand il s'agit d'aller remplir les devoirs de religion; qu'il eft venu à la Rochelle une fi grande foule d'étrangers, que cette églife ne pouvoit les contenir tous: il fuit delà, que la Rochelle n'avoit que peu d'habitans, avant que cette peuplade lui donnât de nouveaux citoyens. Il s'enfuit encore que ce lieu étoit extrêmement petit, puisqu'il falloit franchir une grande diftance pour aller à l'églife de Notre-Dame de Cougnes. La Rochelle n'étoit pas alors murée ; & fes maisons deftinées à loger des habitans d'une vile condition, étoient moins des maisons que des buttes nommées escrennes. Tous ces traits rassemblés ne nous préfentent pas une ville: il paroît qu'elle n'étoit guère qu'un bameau maritime; où s'il faut l'ennoblir un peu, un fimple bourg, auquel la vraisemblance hiftorique peut donner un demi-fiécle, ou tout au plus un fiécle d'ancienneté, à rétrograder de l'an 961, jusque vers la fin du neuviéme fiécle. Si l'origine de la Rochelle eft fi obfcure, l'accroiffemeut de cette ville eft mieux connu. Tant que Châtel-Aillon a subsisté dit Amos Barbot, (auteur d'une hiftoire manuscrite de la Rochelle,) le fond & lieu auquel dans fon commence ment la Rochelle a été bâtie, n'a été qu'un fimple bourg & village habité de pauvres pêcheurs, gens de labeur & commun peuple. Mais, la ville & fortereffe de ChâtelAillon s'étant ruinées, le bourg & village de la Rochelle étant reconnu un lieu de bonne fituation, agréable & de facile accès pour y entrer & fortir, commença à fe fortifier de maifons, familles & habitans: on voit par ce témoignage que la décadence de Châtel-Aillon a été l'époque de l'agrandiffement de la Rochelle. Après quelque détail fur les especes d'étrangers qui vinrent en foule à la Rochelle, & fur les occafions qui les y firent venir; l'hiftorien ajoute, p. 97:

L'époque de l'accroiffement de la ville, nous montre le commerce déja établi à la Rochelle. C'étoit le feul objet qui pût attirer des étrangers fur une côte aride & dans un pays peu fertile.

Les eaux de l'océan aquitanique, dit le même écrivain un peu plus bas, baignent les murs de la Rochelle. Cette ville eft au fond d'un petit golfe qui lui fert d'avant-port. Sa pofi. tion eft en partie fur une langue de terre, qui tombe en pente de l'eft à l'ouest, & qui fe trouve placée entre deux marais, dans l'un desquels il s'eft formé un grand atterriffement, (marais de la porte-neuve.) Le ba vre, dont l'embouchure eft flanquée de deux tours, eft à couvert du vent de fud par la pointe des coureilles, terrein qui femble le masquer & former une jettée naturelle, dont les hautes & folides falaifes donnent un frein à la violence des vagues. Ce port qui git nord-eft, quart-d'eft & fud-oueft, quart de fud-ouest, eft un port de barre, dans lequel on n'entre qu'avec le flot,& fon établiffement eft de 31 & un peu plus de 30, aux jours de la nouvelle & de la pleine lune. Sa figure eft bifarre & irréguliere. Autrefois & vers l'an 1580, il recevoit aux grandes marées des navires de trois cents cinquante tonneaux. Les bâtimens aujourd'hui, en attendant leur cargaison ou leur décharge, fe tiennent dans les rades voifines, dont le fond eft d'une bonne tenue. La vale pouffée par le flux & les terres amoncelées par les pluies, nuiroient au port de la Rochelle file canal de Maubec, qu'on a refait & qui forme une espece de riviere artificielle, n'enlevoit une partie du limon. L'ancien port exiftoit avant l'établissement de la ville. Des pêcheurs & des hommes deftinés à la navigation & au commerce n'auroient pas pris le parti de fixer leur demeure dans un lieu, où ils n'auroient trouvé aucune retraite pour leurs navires. Ce port dont l'entrée coupoit cette partie de la grêve où l'on éleva dans la fuite la tour de la lanterne, ne fut d'abord qu'un canal qui s'élargiffoit à mesure qu'il avançoit dans les terres.... Pour découvrir la trace de cet ancien port, qui ne fubfifte plus, il faut Suivre à peu près le cours des foffes en remontant vers la porteneuve.... L'ancien port (p. 99,) défigné fous ce nom dans une charte de Richard, (roi d'Angleterre,) veterem portum, en suppose un nouveau, & c'est ce havre qui fubfifte présuppose fentement.

Il eft difficile de fixer les premieres bornes de la Rochelle. Cette ville ne fut d'abord qu'un petit bourg... ( qui) a exifté long-tems fans être muré... ( II ) étoit entouré d'eaux presque de toutes parts, ce qui lui tenoit lieu de murs en quelque forte. Il devoit être fitué aux environs de la vieille porte-neuve, dans le voisinage de l'ancien port, & près du terrein où l'on bâtit vers l'an 1152 la paroiffe de faint Barthelemi. On ne fait pas bien quand la Rochelle, après s'être confidérablement accrue, fut enceinte de murs pour la premiere fois. La porte Malvaut, dont le nom véritable étoit Mauléon, dit Amos Barbot, donne lieu de penfer qu'Eble de Mauléon commença à faire élever les murs de la Rochelle, vers le tems où fur bâtie l'église de faint Barthelemi. Ce qu'il y a de certain, c'eft que lorsque cette ville foûtint un fiége contre le roi Louis VIII en 1224, elle étoit entierement entourée de folfés en état de défenfe. La ville s'étoit encore accrue entre 1-199 & 1216, fous le regne de Jean roi d'Angleterre. Ce prince accorda des fonds pour continuer ces murs commencés de l'augmentation faite à la ville. Il paroît qu'après avoir reçu ces derniers accroiffemens, elle ne fut totalement fermée de murs qu'en 1352.

Pour découvrir le nom de la Rochelle, dit le même hiftorien, p. 205, je ne prodiguerai ni de curieufes recherches, ni l'impofant phantôme d'une langue favante. Je n'aurai pas même befoin de l'autorité de M. Huet, qui nous apprend (Origin. de Caen, p. 483) que de Rupes s'eft fait Roc, &que dela font venus la Roche, la Rochelle, la Roque & la Roquelle. Je ne confulterai que le local. La Rochelle eft affife fur un fond de roche tendre, qu'on appelle Banche; videlicet quidquid comes Pictavienfis habebat in Banchis de Rupella (dit un vieux titre.) Ces roches ont fourni une immenfe quantité de pierres. En certains endroits la furface de ce fonds eft hériffée d'un roc vif& folide. Auffi le pont de Maubet, autrefois placé près de leglife de S. Sauveur, étoit il appellé le pont du Rocher. Un vieux titre (papier cenfier de l'hôpital de S. Barthelemi) fait mention de l'eftau & roche de la grande rue. On voit encore une rue extrêmement étroite, nommée rue de la Rochelle, à caufe du roche fur lequel les maisons font établies. De là vient natu

rellement le nom de Rocella, Rupella, la Rochelle. L'abbé de Longuerue étoit donc mal informé, quand il a dit (Desc. de la France,) que ce nom de Rochelle fignifie un petit château.

Le hameau, qui fervit de berceau à la Rochelle, étant du territoire de Châtel-Aillon, les feigneurs de ce lieu le furent auffi de la Rochelle. Les révoltes & les ufurpations d'Eble de Châtel-Aillon, pendant la minorité de Guillaume IX, duc d'Aquitaine & comte de Poitiers, furent cause que ce prince dans la fuite fit la guerre à Ifambert, fils d'Eble. Ce duc étant mort en 1126, Guillaume X, fon fils, continua la guerre, & s'empara de Châtel-Aillon & de la Rochelle. Après fa mort en 1137, & celle d'Ifambert, fans enfans, Eble, feigneur de Mauléon, en Poitou, & Géofroi, feigneur de Rochefort, en Aulnis, fe prétendirent héritiers légitimes de la maifon de ChâtelAillon. Ils s'adrefferent au roi Louis le Jeune, qui, comme mari d'Eléonor, héritiere du duc Guillaume X, étoit alors feigneur immédiat de tout ce que les Châtel-Aillons avoient poflédé. Louis fit un accord avec eux, par lequel il leur rendit la fucceffion d'lfambert, & garda les fortifications de Châtel-Aillon, & la moitié des revenus de la Rochelle. Eble & Géofroi ne pouvant s'accorder pour le partage des terres, fe firent la guerre ; & s'étant enfuite raccommodés, Eble refta feigneur de la Rochelle. Eleonor, répudiée par Louis le Jeune, en 1152, s'étant remariée fix femaines après avec Henri, comte d'Anjou, qui devint Henri II, roi d'Angleterre, ce prince regarda la Rochelle comme un pofte important. Il en dépouilla Rodolfe de Mauléon, fucceffeur d'Eble. Dans la fuite Rodolfe euc de la reine Eléonor, par forme de dédommagement de la Rochelle & du château de Talmont, en bas Poitou, le comté de Benon, en Aulnis, & cinq cents livres de rente fur la Rochelle. Henri confirma aux habitans de la Rochelle les priviléges qu'ils avoient obtenus du duc Guillaume X, & du roi Louis le Jeune. Ils étoient encore presque entierement ferfs. Il acheva, lorsqu'il fut roi d'Angleterre, de les affranchir, en leur accordant une charte de

commune; ce qui mit la Rochelle au rang des cités : mais comme Henri n'étoit que feigneur précaire de l'Aunis dont la reine, fa femme, étoit propriétaire, comme ducheffe d'Aquitaine, cette charte n'eut fon exécution qu'en 1199, lorsqu'elle eut été confirmée par un diplôme d'Éléonor, qui dit qu'elle accorde & établit la commune. Le premier maire fut élu cette année. Le pouvoir des officiers municipaux fut d'abord renfermé dans l'enceinte de la ville, qui n'avoit point de territoire ou de banlieue : c'est un droit qu'elle obtint dans la fuite; & l'on trouve en 1302, fes officiers exerçant leur jurisdiction dans la banlieue. Charles V, par un édit du 8 de Janvier 1372, établit solemnellement cette banlieue, dont il fixa les limites. Ce territoire, qui renfermoit trente-huit paroiffes, avoit près de quatre lieues de largeur, & cinq dans fa plus grande longueur. La reine Eléonore & les rois d'Angleterre, fon mari, fes fils & petit-fils, refterent maîtres de la Rochelle jusqu'en 1224, que Louis VIII la prit après un affez long fiége. Il en confirma tous les priviléges; ce que firent auffi les rois fes fucceffeurs jusqu'en 1360, que cette ville fuc fous leur domination. Durant cet intervalle, les Rochellois augmenterent confidérablement leurs richefles & leur puisfance par le commerce. En 1282, après les vêpres ficiliennes, Philippe le Hardi, voulant en tirer vengeance, ordonna au maire de la Rochelle de mettre en mer des vaisfeaux, pour courir fus aux Aragonois. Le maire en arma douze aux dépens de la commune, & les habitans en équiperent plus de vingt. Cette flotte alla croifer fur les côtes d'Espagne, & fit des prifes fi confidérables, qu'en fix femaines la commune fut remboursée des frais de fon armement. Le roi Jean ayant été fait prifonnier à la bataille de Poitiers en 1356, fut conduit en Angleterre. Il fe racheta par le traité de Bretigni, en 1360, une des conditions fut qu'il céderoit la Rochelie au roi d'Angleterre Edouard III. Les Rochellois, devenus véritablement françois, envoyerent à Calais fupplier le roi Jean, qu'il ne les voulfit mie, (dit Froiffard, p. 232) quitter de leur foi, & mettre ès main des étrangers, & qu'ils avoient plus cher à être taillés de la moitié de leurs chevances, que s'ils fuffent ès mains des Anglois. Il leur répondit qu'il falloit obéir. Nous ferons, répliquerent-ils, & nous obéirons anx Anglois, mais nos cœurs ne s'en mouveront. Comune les Rochel

ois s'étoient foumis à regret au joug des Anglois, ils ne cefferent pas d'épier l'occafion de le fecouer. Ils la faifirent en 1372, fous le regne de Charles V; chafferent les Anglois de leur ville, & fe rendirent au connétable du Gues clin. Charles V leur confirma tous les priviléges qu'ils avoient obtenus des rois de France & des rois d'Angleterre. Depuis ce tems, la Rochelle n'a plus été féparée du domaine de la couronne. La révolte où l'engagea le calvinisme qui s'y introduifit en 1557, & fes fuites font trop connues dans notre hiftoire, pour qu'il s'y faille arrêter ici. La Rochelle devenue toute calvinifte, fut durant plus d'un demi-fiécle la principale reffource des huguenots. Louis XIII la prit enfin en 1628, après un fiége de quatorze mois & feize jours. Ce fut pour la priver des fecours qu'elle pouvoit recevoir d'Angleterre, qu'on forma fon avant-port par cette digue devenue fi célébre.

Clément Merezau, grand architecte, depuis intendant des bâtimens du roi, reçut ordre, dit Arcère, t. 2, p. 268, de travailler à cet ouvrage, qui fut exécuté par Jean, maître maçon de Paris. La digue fut donc commencée le 30 de novembre (1627) prolongée en ligne droite fur une ligne de Sept cents quarante toifes, elle partoit d'un côté de l'avantport au bas d'une pente dominée par le fort Louis, & fe terminoit de l'autre côté dans l'ance des Menilles. Le travail n'étoit pas bien avancé, lorsqu'une tempête en renverfa une grande partie. On attribua ce malheur à la construction, qui préfentoit un front perpendiculaire, & qui ne devoit être qu'un plan incliné, pour mieux réfifter aux coups impétueux des vagues. Auffi l'ouvrage fut-il repris & élevé fous cette derniere forme. Son aire, on la partie fupérieure, avoit qua tre toifes de largeur. Le talus, tourné vers la mer, fut dispofé de maniere, que fur treize pieds de hauteur, on donnoit vingt-trois pieds d'empatement, & feize au talus intérieur qui regardoit la ville. L'affemblage de cette prodigieufe masse, qui devoit former la digue, ne fut pas uniforme. On y employ a les pilotis, la maçonnerie & des bâtimens chargés de matieres pefantes. D'énormes quartiers de pierres de taille, que Pon tira des carrieres de Saintonge,fervirent d'affifes au mur, qui s'appuyoit aux deux extrémités, & dont le milieu fut rempli de blocage & de gros moilons. Enfuite on employa les chevalets ou affemblages de charpenterie, dont le creux étoit chargé de pierres. De distance en diftance furent pofés des fablieres, coupées par des traverfes qui s'entrecroifoient, & foutenoient ainfi la conftruction par cet enfemble. Un fil de pilotis de retenue, affuroit la fondation. Lorsque la profondeur des eaux ne permit plus de pouffer le mur plus avant, cinquante neuf navires, fortement attachés par des étriers ou liens de fer, & remplis de matériaux bien cimentés, furent coulés bas, enfuite mis au niveau du mur, & couverts d'une immenfe quantité de pierres. Les deux branches de la digue dans leur prolongement, laiffoient un goulet de trente toifes. A mesure qu'elles fe rapprochoient, elles s'écartoient un peu de la ligne droite, pour déborder l'une fur l'autre. L'ouverture ne pouvoit ainfi être enfilée tout droit, & il falloit faire un détour; ce qui rendoit la paffe plus difficile & plus dangereufe, fuppofé que l'on se hazardat à la percer: mais pour la rendre impraticable, on imagina de nouveaux obftacles, contre lesquels les plus grands efforts devoient échouer. Le goulet fut donc flanqué de deux petites jettées ou avances, en forme de pates de fcorpion, & garnies de bouches à feu. Puis on pilota dans l'intervalle qui féparoit ces jettées. Cet espace fut bériffé de pieux dispofes en quinconce, & rendus immobiles par des piéces de bois enchaffées dans les têtes de ces pieux, à qui l'on donna le nom de chandeliers, Dans cet entrelaffement on fit encore entrer des batis de bois en lofange, armés de pointes. On porta les précautions plus loin. Une chaîne appuyée fur des barques, défendoit l'entrée de la digue. Enfuite trente-fix bâtimens, liés les uns aux autres avec quatre amarres, formoient un cordon. Une eftacade, compofée de poutres affemblées, réunies par des anneaux de fer, & portée fur des tonneaux, enveloppoit tous fes ouvrages. On voyoit au-delà une rangée de navires, en forme d'angle faillant, fixés fur leurs ancres, & armés d'éperons ou de groffes perches pofées en faillie fur la proue, à deffein d'écarter les brulots. L'intérieur de cet angle étoit occupé par douze barques, montées de braves matelots. Enfin une forêt de pinaffes, de traverfiers & de chaloupes, munies de feux d'artifice, flottoient en avant. La digue étoit protégée par une nombreuse artillerie, & flanquée de deux forts aux extrémités.

Louis XIII fit fon entrée dans la Rochelle lei de no

vembre 1628. Il y rétablit l'exercice public de la religion catholique, & fit démolir toutes les fortifications, à l'exception de celles du côté de la mer. Par une déclaration du 18 de novembre, laquelle ordonnoit que les fortifications feroient rafées, il abrogea la magiftrature municipale de la Rochelle, fupprima le corps de ville & fes priviléges, & en remit les droits & les biens au domaine de la couronne; & l'article VIII de cette déclaration portoit qu'à la porte principale de l'églife du couvent des minimes, feroit gravé fur deux tables de cuivre, aux deux côtés de ladite porte, un fommaire récit de l'ouvrage de la digue. Cet article refta fans exécution jusqu'en 1675, que M. de Muin, alors intendant de la Rochelle, fit mettre fur les montans de cette porte des minimes deux plaques de cuivre, contenant dans une inscription latine & françoise, relative au fiége de la Rochelle, non un fommaire récit de l'ouvrage de la digue, mais des plaintes ameres, des reproches piquans, des invectives fanglantes; en forte qu'il paroiffoit qu'on n'avoit mis là cette inscription, que pour infulter les Rochellois dans le tems qu'ils s'empreffoient de donner au roi des preuves continuelles de leur foumission & de leur fidélité.

La Rochelle refta totalement démantelée du côté de la terre jusqu'en 1689. Comme on avoit alors à craindre que les puiffances, liguées contre la France, ne voulussent s'emparer de cette ville fans défenfe, Louis XIV ordonna que l'on en rétablit les fortifications; ce qui fut commencé fous les ordres de M. de Vauban, par le fieur Ferri, habile ingénieur, & continué depuis.

La Rochelle avoit toujours été du diocèfe de Saintes. Louis XIII, pour hâter & pour affermir dans cette ville le rétabliflement de la religion catholique, eut deffein de l'ériger en évêché. Son projet ne fut point exécuté. Louis XIV obtint d'Innocent X une bulle du 2 de mai 1648, qui transféroit à la Rochelle le fiége épiscopal de Maillezais en bas Poitou. C'étoit une ancienne abbaye, qui avoit été érigée en évêché en 1317. Durant les guerres de religion, l'églife cathédrale & l'abbaye avoient été ruinées par les proteftans; & l'ifle de Maillezais étoit devenue déferte; enforte que fon évêché n'étoit presque plus qu'un vain titre. La bulle d'Innocent X ayant été revêtue de toutes les formalités néceffaires en France, pour L'exécution des bulles des papes, Jacques Raoul, feigneur de la Guibourgeres, qui de confeiller au parlement de Rennes, étoit devenu d'abord évêque de Saintes, enfuite de Maillezais, prit pofleflion de l'évêché de la Rochelle le 18 d'octobre 1648. Le nouveau diocèfe fut compofé de celui de Maillezais, de l'Aulnis & de l'ifle de Ré, qui furent diftraits de l'évêché de Saintes. Il comprend trois cents trente-une paroiffes, en comptant celles de la ville. Il est fous la métropole de Bordeaux.

Par la bulle d'Innocent X, pour la tranflation du fiége de Maillezais à la Rochelle, le chapitre régulier de cette premiere églife, fut fécularifé, pour être transféré dans la feconde, avec union de tous les bénéfices dépendans de l'abbaye de Maillezais. C'eft ce qui ne fut exécuté qu'en 1666, que les nouveaux chanoines de la Rochelle y commencerent leurs fonctions par l'office des premieres vêpres du jour de noel de cette année.

Le chapitre fut alors compofé de huit dignités, doyen, tréforier, aumônier, deux archidiacres, chantre, fouschantre & chancelier, & de vingt-un chanoines. En 1715 l'abbaye de Nieul, fur l'Antife, diocèfe de la Rochelle fut unie (Manses abbatiale & conventuelle) au chapitre de la Rochelle de la Rochelle, par une bulle de Clément XI, du 6 d'avril. Elle fut exécutée en 1721, à condition de conferver le titre de l'abbé, qui feroit la feconde dignité du chapitre à la nomination du roi. En 1733, les moines de l'abbaye de Notre-Dame de l'Abfie, en Gatine, ordre de S. Benoît, ancienne obfervance, diocèfe de la Rochelle, confentirent que la manfe conventuelle & les offices clauftraux fuffent unis au même chapitre; & cette union fut confommée en 1736, fous la réserve de la nomination du vingt-uniéme canonicat de la Rochelle déférée à l'abbé de l'Abfie. Le chapitre a donc aujourd'hui neuf dignités, & le chancelier en eft le troifiéme archidiacre depuis le 6 de mai 1680, que M. de Laval, fecond évêque de la Rochelle, érigea la chancellerie en archidiaconé.

Il y a cinq paroiffes à la Rochelle; 1°. Notre-Dame de Cougnes, plus ancienne que la ville; 2°. S. Barthelemi,

fondée en 1152; 3°. S. Sauveur, fondée à peu près dans le même tems. Ces trois paroiffes font unies à perpétuité à la congrégation de l'oratoire, ainfi que le chapitre de faint Jean de dehors, qui ne fubfifte plus, & le prieuré de l'ifle d'Aix. Le brevet d'union eft du 22 d'Octobre 1613; & la bulle donnée par Paul V, à cet effet, eft du 6 octobre 1614. Cette union se fit en conféquence des démiffions des titulaires des prébendes du chapitre & du prieuré d'Aix, & des curés des trois paroiffes, nommées ci-deffus, lesquelles font régies par des prêtres de l'oratoire. La maifon de l'oratoire eft dans l'emplacement qu'occupoient autrefois des religieufes de l'ordre de prémontré, qu'on appelloit à la Rochelle, les fœurs blanches ou les religieufes de fainte Marguerite. La quatriéme paroiffe eft celle de S. Jean du Perot. C'étoit originairement la chapelle des hospitaliers de S: Jean de Jerufalem. Elle eft devenue paroiffe depuis l'érection des paroifles de S Barthelemi & de S. Sauveur. Elle eft à la nomination du commandeur de S. Jean du Perot. S. nicolas eft la cinquième paroille. Elle eft ancienne, mais tous les titres en ayant été perdus, on ignore le tems de son établissement. Elle fut confiée, ainfi que celle de S. Jean, mais feulement pour un tems, aux prêtres de l'oratoire. Elles ont aujourd'hui leurs curés, qui ne font point de cette congrégation.

L'ordre de Malte poffède deux commanderies à la Rochelle. L'une eft celle du Temple, fondée par Guillaume X, duc d'Aquitaine, qui s'empara de la Rochelle en 1117, & mourut en 1137. Il fit cet établissement pour les chevaliers du Temple fondés en 11.18. Elle a paflé depuis dans l'ordre de Malte. Ce fut pour cet ordre que fût fondée la commanderie de faint Jean du Perrot, par la reine Eleonor, un peu avant 1190.

Il y a à la Rochelle fept couvens d'hommes, auguftins, dominicains, carmes, cordeliers, minimes, capucins & recollets. Les quatre premiers y avoient été établis autrefois, avant que les calviniftes les cuffent chaffés, ainfi que Tous les eccléfiaftiques, & qu'ils fe fuffent emparés de leurs biens. Il n'y furent rétablis en différentes années que depuis la réduction de cette ville par Louis XIII en 1628. Les ninimes, les capucins & les récollets ayant fervi d'au moniers dans l'armée de ce prince, il leur donna des emplacemens pour s'établir à la Rochelle.

Les jéfuites y furent mis par ce roi dès 1628; & l'année fuivante, fur une requête qu'ils firent préfenter au roi par les Rochellois catholiques, il fe firent donner l'ancien collége de la ville. Ils y enfeignoient les humanités & la philofophie. Ils enfeignoient la théologie dans le féminaire qu'ils dirigoient. Les couvens de filles font au nombre de quatre, le plus ancien eft celui des religieufes de fainte Claire. Elles étoient à la Rochelle dès le pontificat de Clement V, mort en 1315. Elles avoient abandonné la ville pendant les troubles du calvinisme; elles y rentrerent en 1653. Les urfulines y font établies depuis 1630. Les religieufes de la providence prirent naiffance à la Rochelle en 1659. Trois filles pieufes & pauvres, fe confacrerent à élever de pauvres orphelines; & la charité des fidéles pourvut à leur fubfiftance. Leur nombre s'accrut, elles fongerent à former un corps de communauté. La reine Anne d'Autriche leur fit donner par le roi une penfion de mille écus ; & voulut qu'elles étendiffent leurs foins à l'instruction des nouvelles catholiques. Elles fe lierent par des vœux folemnels le 24 d'août 1672. Leurs ftatuts avoient été confirmés par le cardinal Chigi, légat à Latere le 20 de juillet 1664 ; & les lettres-patentes de leur établissement, qui font de la même année, avoient été enregistrées au parlement le 31 mars 1665. Les religieufes de la congregation de la charité, dont l'inftitut eft de travailler à la converfion des perfonnes de leur fexe tombées dans le déreglement, furent établies à la Rochelle en 1715 par M. de Champflour, alors évêque; & leurs lettres patentes font de 1726. Cette congrégation, approuvée par une bulle de janvier 1666, & confirmée par Innocent XI en 1681, a fept couvens dans le royaume.

La Rochelle a quatre hôpitaux. 1. Celui des freres de la charité fut fondé en 1203, par Alexandre Ayffred, riche négociant de cette ville, fous le nom d'hôpital de faint Barthelemi. Il fervoit pour les hommes & pour les femmes. Louis XIII en commit le foin en 1628 aux freres de la charité. 2°. Les religieufes hospitalieres furent envoyées de Paris à la Rochelle en 1639 par le même roi,

pour avoir foin des femmes malades. L'hôpital de S. Barthelemi devoit être coupé en deux par un mur, afin que les hommes occupaffent un côté & les femmes l'autre ; la chofe fouffrit des difficutés. On acheta des revenus de cet hôpital, pour les hospitalieres, une maifon où elles s'établirent en 1633.30. L'hôpital général de faint Louis, fut fondé en conféquence d'une réfolution prife par l'affemblée générale des habitans de la Rochelle le 3 d'avril 1667. Le roi en confirma l'établissement en confirma l'établiffement par lettres-patentes du mois de janvier 1673.Ces lettres-patentes défendent à toutes personnes valides ou invalides de mandier à la Rochelle. Cer hôpital eft deftiné à retirer toutes fortes de pauvres ; & les valides y font occupés de travaux utiles. 4°. L'hôpital de faint Etienne doit fa naiffance à la charité d'Anne Foreftier, fille riche & vertueufe, laquelle à l'occafion d'une maladie épidémique, qui fuivit l'hyver de 1709, ouvrit fa maison à tout ce qu'elle pût contenir de pauvres femmes malades: elle continua cette bonne œuvre ; &, fecondée des libéralités de M. de Champflour & de Madame la maréchale de Chamilli, & de beaucoup de gens de bien, elle fit un hôpital de fa maifon, 'qu'elle étendit à mesure qu'il fut néceffaire: elle mourut en 1740. Cet hôpital fut établi en forme par des lettres patentes de juin 1723. Il eft regi par une fociété de demoifelles formée par la fondatrice. On y joint au foin des malades l'éducation de quelques filles de famille nées fans bien.

La commune ou corps-de-ville de la Rochelle, fut établie, comme on l'a vu plus haut, en 1199 par la reine Eléonor. Elle fut d'abord compofée de cent bourgeois un maire, vingt-quatre échevins & foixante-quinze pairs; le maire s'élifoit tous les ans. En 1535 François I créa une nouvelle mairie perpétuelle, & réduifit les échevins à vingt, dont l'adminiftration étoit annuelle. En 1548, Henri Hrétablit l'ancienne commune. Elle fut fupprimée en 1628 par Louis XIII; & la police de la ville fut commife au préfidial. En 1694 Louis XIV rétablit le corps-de-ville compofé d'un maire, de quatre échevins, d'un procureur du roi, d'un greffier, de douze affeffeurs & de douze notables; & l'office de mairie fut uni au bureau des préfidens & treforiers de France pour être exercé par l'un d'eux. Les février 1718, Louis XV lui donna une nouvelle forme, & le compofa d'un maire, & de quatre échevins électifs; de dix confeillers de ville, d'un procureur fyndic, & d'un fecrétaire greffier. Les échevins font élus tous les ans; & le maire tous les deux ans. Pour chacune de ces places on élit trois fujets, & le roi en choisit un. L'ancienne commune jouiffoit autrefois de grandes prérogatives. Charles V accorda au maire & aux échevins la noblesse pour eux & leurs descendans ; & le maire commandoit les armes de la ville. Il étoit auffi le chef de la juftice fous le fénéchal de Poitou. Dans l'alarme que la fotte angloife donna à la Rochelle en 1757, le corps-de-ville ne fut pas spectateur oifif des mouvemens des ennemis. Tandis que M. le maréchal de Senectère, dit Arière, t. 2, p. 522, prenoit les précautions néceffaires pour s'opposer à leurs dangereufes entreprises, le corps-de-ville, guidé par fon amour pour fon roi, par fon zele pour l'état & pour fa patrie, fe prêtoit à une infinité de détails, prenoit foin des fubfiftances, faifoit de grands amas de bled, diftribuoit du pain & de l'argent, envoyoit au camp des pièces d'eau-de-vie, & fourniffoit des armes aux volontaires. Tout imita le zele du corps-de-ville. Les bourgeois obtinrent de M. le maréchal de Senectère la permiffion de s'armer, & il fe forma quatre compagnies de volontaires compofées de la meilleure jeuneffe de la ville. Les négociants prodiguerent leur argent, & fournirent leurs canons pour les batteries, & leurs voiles pour faire des tentes aux foldats. Tout s'occupa de la défense commune. Les femmesne furent pas inutiles. Il n'y eut pas jusqu'aux enfans, qui firent au-delà de leurs forces; & la batterie de la porte des dames, qui porte le nom de batterie des enfans, fut conftruite des pierres, du fable, & de la terre qu'ils avoient amaffés dans cet endroit. Louis XV par une ordonnance du i de novembre 1757 a récompensé le zele & la fidélité des Rochellois, en ordonnant que les plaques mifes aux deux côtés de la porte des minimes en 1675, feroient ôtées. Veut & entend fa majefté, dit l'ordonnance, que la mémoire en demeure effacée, pour ne plus fe reffouvenir que des preuves fuivies que lesdits habitans, même avant cette époque ( de 1757,) ont donné de leur attachement inviolable aux intérêts de l'état. M. le maréchal de

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