E. V. 361. 363 D. R. font avec leur frere des entreprises. continuelles sur l'autorité de Constance. Ils furent enfin vaincus de toures parts, & fans ressource. MAGNENCE se passa son épée au travers du corps; Décentius s'étrangla; & Defiderius fit sa paix avec CONSTANCE. En 350, celui-ci créa céfar fon coufin T. CONSTANTIUS GALLUS, qui se fit détester si fort dans tout l'Orient par fes cruautés, que Constance fut obligé de le déposer & de le faire décapiter en 354: l'année suivante il nomma cesar JULIEN frere de Gallus; l'armée des Gaules le força d'accepter la pourpre impériale en 360, CONSTANCE mourut d'apoplexie. entre la Cilicie & la Cappadoce, comme il marchoit contre Julien en 361. Il avoit régné vingt quatre ans & fix mois. Patiens fit principis auris. 1089. 1091. 364. 1092. , XLIV. JOLIEN, surnommé l'apostat, parce qu'il quitta la religion chrétienne pour se faire païen. Il avoit beaucoup d'esprit, & devint trèssavant, ayant eu pour maîtres les plus savans hommes de son tems. il fit de grands maux à l'église ; & c'est la principale cause du mal excesfif qu'on a dit de lui. D'un autre côté, quelques écrivains en disent beaucoup plus de bien qu'il ne faudroit. Il avoit au fond, beaucoup moins de bons sens que d'imagination & de mémoire. Il s'engagea très-témérairement dans la Perle; & périt percé d'un coup de fléche, dans une occasion où il marcha fans armes au combat. Il régna dix ans & huit mois. La race de Constance Chlore finit avec lui. Pennis fuis feriri grave. E. V. 375 XLV. JOVIEN fut fait empereur malgré lui. Il étoit de Pannonie. Il cassa tous les édits donnés par Julien en faveur des paiens, & defendit aux Juifs l'exercice public de leur religion. Il mourut étouffé par la vapeur du charbon qu'on avoit allumé dans sa chambre, entre la Galatie & la Bithynie. Il revenoit de Perfe à Conftantinople; & n'avoit régné que sept mois & vingt-deux jours. Scopas vite christus. 392. XLVI. VALENTINIEN I, fils de Gratien, qui n'étoit qu'un cordier d'auprès de Belgrade, fut élu empereur par l'armée, quoiqu'absent. Son attachement à la religion chrétienne l'avoit fait bannir par Julien. Jovicn l'avoit rappellé, & rétabli dans ses charges. Comme il trouva l'empire attaqué de toutes parts, il s'associa fon frere VALENS, & lui laitsa le soin de l'Orient. Dangereusement malade en 367, il déclara auguste son fils aîné GRATIEN. Il fut frappé d'apopléxie en 375, pour s'être mis trop violemment en colere. Il avoit regné onze ans, huit mois & vingt-deux jours. Princeps fervator justus. Aufsi-tôt après sa mort, l'armée proclaina auguste son second fils VALENTINIEN, qui n'avoit que quatre mois. Valens regna, comme on vient de le dire en Orient; fon frere l'aimoit peu, parce qu'il l'avoit remarqué favorable à l'arianisme. PROCOPE, cousin de Julien, D. R. prit la pourpre; fut enfuite abandonné de fon armée; & tomba entre les mains de VALENS, qui le fit mourir cruellement. VALENS vaincu dans une bataille contre les Goths, en 378, s'enfuit blesfé. Les Goths le brûlerent dans une maison où il s'étoit retiré. Livré totalement aux Ariens, il avoit étrangement perfécuté les catholiques. Alienus ab ira, alienus ab injuftitia. 1103. 1120. XLVII. GRATIEN, fils de Valen tinien, partage l'empire avec fon frere VALENTINIEN II, auquel il céde l'Italie, la Dalmatie & l'Afrique. GRATIEN fit venir d'Espagne THEODOSE, général d'une grande réputation, & le chargea de la guerre contre les Alains, les Huns & les Goths. THEODOSE les battit. Aprèsla mort de VALENS, GRATIEN, en 379, afsocia THEODOSE à l'empire, & lui donna l'Orient avec la Thrace. MAGNUS MAXIMUS, qui commandoit en Angleterre, se fit proclamer empereur; attaqua les Gaules, & fit aflatliner GRAFIEN par Andragathe en 382. GRATIEN avoit regné feize ans & fix jours, dont huit & quelques mois avec son pere Valentinien I, & fon oncle Valens; trois avec Valens & fon frere VALENTINIEN II ; quatre & près de sept mois avec VALENTINIEN II & THEODOSE. Non quamdiu; sed quam bene. VALENINTIEN II, du vivant de son frere, régna principalement dans les Gaules. En 383, pressé vivement par le tyran MAXIME, il demanda du secours à THÉODOSE, qui quitta l'Orient; alliégea MaXIME dans Aquila, & l'ayant pris le fit mourir. En 392, EUGÈNE qu'une faction avoit fait empereur, ayant gagné les eunuques de VALENTINIEN, le fit étrangler pendant la nuit, dans la chambre à Vienne en Dauphiné. Il avoit regné en tout seize ans, cinq mois & vingtquatre jours. Amicus veterrimus optimus. XLVIII. THÉODOSE le Grand est seul empereur légitime, par la mort de Valentinien II. Il étoit de la même maison que Trajan. Il défit, en plufieurs rencontres, les Goths, les Huns & les Alains. Vainqueur d'Eu. GÈNE, il lui fit couper la tête, pour venger la mort de Valentinien. U avoit beaucoup de religion. Ayant, dans un transport de colere, fait faire à Thessalonique, une exécution militaire, qui couta la vie à sept mille personnes innocentes; S. Ambroise, évêque de Milan, lui refusa la communion paschale & l'entrée de l'église, & ne l'y reçut qu'après une pénitence publique de huit mois, à laquelle il se soumit avec la résignation la plus édifiante. En 393, il déclara auguste, son second his HONORIUS. Il avoit dès 383 décoré de ce titre ARCADIUS fon fils aîné. Il mourut d'hydropisie à Milan, en 395, âgé de foixante ans, & ayant régné seize ans & vingt jours. Il partagea l'empire à ses deux fils, & donna l'orient à ARCADIUS, & l'occident à HONORIUS. Delà vint la division de l'empire en empire d'Orient, dont le siége ! E. V. 1195. 3950 1123. D. R. fut Constantinople, & en empire d'Occident, dont Rome fut le siège. Eripere telum, non dare irato decet. XLIX. HONORIUS eut pour tuteur Stilicon, qu'il fit massacrer dans la suite avec son fils Encherius, parce qu'il avoit comploté de le faire assasfiner, pour faire ce fils empereur. On dit à cette occasion, qu'HONORIUS s'étoit coupé le bras droit avec la main gauche. La huitième année de son regne, les Francs, qui habitoient les côtes de la Frise, prirent Trèves, & s'emparerent de la Hollande & du Brabant. C'est vers ce tems qu'il faut placer les premiers commencemens de la monarchie françoise. En 410, ALARIC, roi des Wifigoths, prit & pilla Rome, & mourut enfuite subitement à Cosence. ATTILA, qu'il avoit fait gotverneur de Rome, y prit le titre de roi. CONSTANCE, général & beaufrere d'Honorius, fut fait auguste par ce prince, & regna peu. Hono E. V. D. R. 461. 1189. 467 472. 1190. 473. 1191. 474. 1192. 457. 1185. L. VALENTINIEN III, fils de ConStance & de Placidie, fœur d'Honorius, fuccéda à son oncle. Sous son regne Attila, roi des Huns, qui se faisoit appeller le fleau de Dieu, ravagea l'Italie. Des ambassadeurs de Valentinien, dont l'ayeul du célébre Caffiodore étoit un, le disposent à la paix, lorsqu'il marchoit à Rome. Le pape S. Leon, qui vient à sa rencontre, achève le traité. VALENen 454, tua le patrice TINIEN Aétius, l'unique appui de l'empire, & par lequel Attila avoit été battu dans les champs Catalauniques. En 455, VALENTINIEN viola la femme du sénateur MAXIME, qui le fit afslassiner dans le champ de mars. Il avoit régné trente ans. MAXIME ufurpa l'Empire, & tira de l'affront qu'il avoit reçu une seconde vengeance, en violant l'impératrice, veuve de Valentinien. Il fut luimême mis en piéces par les Romains, qui le jetterent dans le Tibre. GENSERIC, roi des Wandales, en Afrique, qu'Eudoxie, veuve de Valentinien, avoit appellé pour la venger de Maxime, pilla Rome durant quatorze jours. Il l'auroit brulée, s'il n'en avoit été détourné par les prieres de S. Léon & d'Eudoxie. Genferic emmena cette princesse & sa fille Placidie, captives en Afrique. Dès le regne d'Honorius l'empire d'occident fut démembré. Les Wandales s'emparerent de l'Afrique, les Alains, les Suéves, les Wifigoths de l'Espagne; les Wisigoths, les Bourguignons & les Francs, des Gaules. Les Erules, ensuite les Ostrogoths ne tarderent pas à se rendre maîtres de l'Italie, & les princes qui vont suivre, font moins des empereurs, que des prétendans à l'Empire. par le Goth Ricimer, qu'il avoit fait LIII. SEVERE regna trois ans, huit mois & vingt-sept jours. Ricimer, qui l'avoit fait empereur, & qui l'a voit bien servi à la guerre, mais qui ne pouvoit souffrir de maître où il étoit, l'empoisonna. LIV. ANTHEMIUS, sénateur de Constantinople, fait empereur d'occident par l'empereur d'orient LÉON I, vint prendre poflession de l'empire vacant depuis plus de deux ans. Il regna cinq ans, deux mois & vingttrois jours. Il fut presque toujours en guerre avec-Ricimer, qui le tua dans Rome, qu'il pilla. LV. ANICIUS OLYBRIUS régna sept mois & seize jours. Il ne fit rien de considérable. LVI. GLICERIUS régna un an, trois mois & vingt-un jours. Il fut forcé d'abdiquer ; & fut enfuite évêque de Salone en Dalmatie. LVII. JULIUS NEPOS, mari d'une niéce de l'impératrice Verina, femme de Léon I, empereur d'orient, fut fait empereur d'occident par ce prince. Il régna un an & deux mois. Il fut chaffe d'Italie par le patrice Oreste, qui déciara fon fils MOMYLLE OU ROMULE. LVIII. MOMYLLE OU ROMULE, dit AUGUSTE, C'est-à-dire le Petit-Augufte ou le Petit-Empereur, parce qu'il étoit extrêmement jeune, régna dix mois & cinq jours. L'an 476 de l'ére vulgaire, 1194 de la fondation de Rome, ODOACRE, roi des Erules & des Turcilinges, s'empara de I'ltalie, battit Oreste, qu'il fit prisonnier de guerre, & auquel il fit couper la tête; alla à Rome où il déposa le jeune Augustule, & le relégua au château de Lucullane dans la Campanie avec une pension de 6000 livres d'or. On regarde ordinairement l'empire d'occident comme éteint dans cette année 476 par la déposition d'AUGUSTE: mais on ne fait pas attention que JULIUS NEPOS confervoit toujours le titre d'empereur d'occident, & que, retiré dans la Dalmatie, il en exerçoit l'autorité dans cette province & dans quelques provinces voisines. Ce ne fut donc qu'en 480 de l'ére vulgaire, 1198 de la fondation de Rome, que l'empire d'occident fut absolument détruit par la mort de JULIUS NEPOS, qui cette année fut aslassiné, par deux de ses principaux officiers dans une maison de campagne près de Salone. ODOACRE regna comme roi d'Italie, environ dix-fept ans. Affiégé depuis trois ans dans Ravenne par THÉODORIK, roi des Oftrogoths, il fut enfin obligé de se rendre; & quelques jours après le vainqueur le fit tuer. Il tint la couronne d'Italie comme relevante de l'empereur d'orient. Les rois Goths la tinrent de même. THEODORIK, roi des Ostrogoths, ayant eu permission del'empereur ZENON l'Ifaurien, de faire la conquête de l'Italie fur Odoacre, y vint au mois d'avril 489. L'histoire ne compte ordinairement les années de son regne en Italie que de la prise de Ravenne en 493: mais il les comtoit lui-même de son arrivée en 489. En effet il fut maître, cette année, d'une partie de l'Italie: c'est de 489 qu'il faut dater la fondation du royaume des Goths en Italie, lequel dura soixante-quatre ans, & finit par la mort de THEIA leur dernier roi tué dans une bataille, les premiers jours de mars 553. THEODORIK mourut âgé de soixanteonze ans, le 30 d'août 526, après trente-sept ans & fix mois de regne en Italie. ATHALARIK, fils de fa fille Amalafonte, leur fuccéda sous la tutele de sa mere; & mourut de débauches en 534, âgé de dix-huit ans, en ayant régné huit. Amalafonte lui fit donner pour succesleur THEODAHAD OU THEODAHAT OU THEODAT, son coufin germain, qui la fit assassiner quelque mois après. L'empereur Juftinien I, sous prétexte de venger entreprit de chasser les Goths d'Italie. Cette expédition fut confiée au célébre BÉLISAIRE. L'armée des Goths indignée de la lacheté de THEODAT, élut pour roi WITIGÈS fon écuyer, vers la fin de 536; & THEODAT fut tué sur le chemin de Rome à Ravenne, n'ayant pas régné deux ans. WITIGÈS afliégea BÉLISAIRE dans Rome. La défense de cette capitale du monde est la plus grande action de guerre de Bélifaire. Après un an & neuf jours, WITIGÈS fut obligé de lever le siége. Il fut ensuite lui-méme affiégé dans Ravenne & forcé de se rendre vers la fin de 539. Bélifaire le conduifit à Conftantinople, où il mourut en 542 ou 543. Juftinien en rappellant Bélifaire, empêcha lui-même la destruction du royaume des Goths. Ces peuples encore maîtres des provinces au-delà du Pô, se donnerent en 540 un nouveau roi dans la personne d'ILDOBALD, ILDIBALD On ILDIBAD, neveu de THEUDIS roi des Wisigots en Espagne. ILDOBALD mourut alfaffiné par un de ses gardes en 541, n'ayant pas eu le tems de rien entreprendre. EVARIK OU ARARIK, qui lui fuccéda, fut élu par les Ruges auxiliaires des Goths :mais ceux-ci le mépriserent & le tuerent au bout de quelques mois, pour lui substituer BADWELLA surnommé TOTILA, qui très-promptement rétablit leurs affaires; & se vit à la veille de chasser les Grecs d'Italie. BÉLISAIRE que Juftinien renvoya fans troupes & fans argent en Italie, ne put opposer que des efforts impuissans à TOTILA, qu'il ne put empêcher de prendre Rome à la fin de 546. La ville fut pillée, & la plupart des habitans dispersés. TOTILA la mit même hors d'état de défense en faisant abattre une partie des murs, & ôtant les portes. A la fin de février 547, Belifaire rentra dans Rome, qu'il se remit du mieux qu'il put en état de défendre. TOTILA vint sur le champ pour reprendre cette ville: mais repouffé dans trois affauts par Bélifaire, il abandonna cette entreprise. L'année suivante Bélifaire qui ne faisoit qu'une mince figure en Italie, se fait rappeller; & TOTILA reprend Rome en 549, & pouffe vigoureusement ses conquêtes même hors de l'Italie. L'arrivée de l'Eunuque & de Patrice Narsès, qui vient en 552 en Italie avec une armée considérable & beaucoup d'argent, change la face des affaires. Il livre bataille aux Goths, & remporte la victoire. TOTILA se retire blesfé, & meurt quelques jours après, ayant régné environ onze ans. Les Goths mirent en sa place THÉIA, le plus brave & le plus habile de leurs généraux. Une seule bataille où THEIA fit voir toute la grandeur de son courage, décida du fort des Goths. Le prince ayant été tué, les Goths continuent de se battre jusqu'à la nuit, & recommencent le lendemain. Accablés par le nombre, ils se retirent en bon ordre ; & proposent la paix à des conditions que les circonstances obligent le vainqueur d'accepter. Comme le traité n'obligeoit au fond que ceux qui l'avoient fait, Narsès employa plusieurs années à soumettre les restes des Goths; & ce n'est qu'en 566 que l'on voit toute l'Italie rentrée sous la domination des empereurs. Les rois Goths, ainsi qu'Odoacre, avoient reconnu la tenir des empereurs, & s'étoient regardés comme membres de l'Empire. Narsès gouverna l'Italie à titre de duc, environ quinze ans, & mourut à Rome en 567, âgé de quatre-vingt-quinze ans. Sa mort fut l'occasion d'une révolution, qui fit perdre pour toujours aux empereurs un grande partie de l'Italie. ALBOIN roi des Lombards, y vint avec sa nation en 568. Un mauvais conte publié par les Italiens, & copié depuis sans réflexion, fait Narsès auteur de l'invasion des Lombards. Indigné de se voir rappellé par JUSTIN II, sur des plaintes injustes des Romains, & plus encore d'être outragé par l'impératrice Sophie, laquelle lui écrivit en même tems de venir filer avec ses filles, il dit en colere qu'il lui prépareroit une fusée, qu'elle ni son mari ne pourroient démêler; & il invita le roi des Lombards de venir en Italie. Le rappel de NARSÈS est un fait certain. Le reste est une fable des Italiens, toujours ennemis des gouverneurs qui leur venoient de Constantinople. Les historiens grecs ne parlent ni de la lettre de l'impératrice, ni de l'invitation faite par Narsès aux Lombards. Il est d'ailleurs prouvé par la suite des faits, que quand Alboin vint en Italie, il s'y disposoit depuis plusieurs années. Quoi qu'il en soit, ce prince commença en 568 à jetter en Italie les fondemens d'un nouveau royaume. Il en fit Pavie la capitale. Ce royaume subsista deux cents fix ans, d'abord sous deux rois, Alboin mort alfaffiné en 573; & CLEF OU CLEFON, mort aflaffiné de même vers le commencement de 575, enfuite sous le gouvernement aristocratique des trente ducs ou gouverneurs des provinces & grandes villes, lequel dura jusque vers la fin de 584, ensuite sous vingt-un rois, 1°. ANTHARIK, fils de CLEF, élu en 584, & mort le s de septembre 590, 2°. AGILULF & AGON. Théodelinde veuve d'Antharik le choisit, par la permiffion des Lombards, pour second mari & pour roi. Elle l'épousa au commencement de novembre 590; mais il ne fut proclamé roi qu'au mois de mars de l'année suivante. Il mourut en 615. 3°. ADALOALD, fils d'Agilulf & de Théodelinde, associé par son pere à la couronne en 604. Il fut détrôné par Arioald, duc de Turin, mari de sa sœur Gondeberge, en 625; & mourut l'année suivante à Ravenne, pendant que l'exarque Ifaac faifoit des préparatifs pour le rétablir sur son trône, 4°. ARIOALD, qui mourut en 636, 5o. RoTHAR. Il étoit duc de Brescia, GONDEBERGE, veuve d'Arioald, le choisit pour époux & pour roi, de la même maniere que sa mere Théodelinde avoit choisi Agilulf. Il fut le premier législateur des Lombards. Il en agit mal avec la reine Gondeberge, qu'il dépouilla de tout, & qu'il tint long-tems renfermée dans le palais. Il mourut en 652. 6o RODOALD, fils de Rothur, mais d'une premiere femme. Il ne regna que cinq à fix mois; & mourut vers le commencement de 653, affaffiné par un Lombard, dont il avoit violé la femme. 7°. ARIPERT I. Il étoit fils de Gondoald, frere de la reine Théodelinde; & par conféquent il étoit François ou Bavarois d'origine. Il ne tenoit à la nation des Lombards que par sa mere. Il mourut en 661, ayant partagé fon royaume à ses deux fils, & ordonné qu'ils régneroient ensemble. 8°. PERTHARIT OU BERTHARID, & GONDEBERT ou GODEBERT. Ils régnerent ensemble depuis 661 jusqu'en 662, qu'ils furent privés, GONDEBERT du trône & de la vie, PERTHARIT du trône par GRIMOALD, duc de Benevent. 9°. GRIMOALD ufurpe la couronne en 662, & meurt en 672. IH étoit le quatrième fils de Gifulf second duc de Frioul & petit-neveu du roi Alboin. Les deux freres PERTHARIT & GONDEBERT se faisant la guerre, le second appelle à fon secours GRIMOALD, qui le tue de sa main dans leur premiere entrevue ; & s'empare de la couronne. PERTHARIT effrayé s'enfuit. GRIMOALD fut un très-grand roi, à qui l'on ne peut reprocher que la maniere dont il le devint. Il mourut d'une veine qui se rouvrit neuf jours après avoir été saigné. 10°. GARIBALD, fils de GRIMOALD, & d'une sœur des rois Pertharit & Gondebert fut proclamé roi, quoiqu'enfant, auffitôt après la mort de son pere, & ne régna que trois mois. On ignore ce qu'il devint ensuite. II. PERTHARIT rétabli. Ce prince étant revenu en Italie trois mois après la mort de GKIMOALD, fut reconnu roi par la diéte générale des Lombards. Il mourut en 686. Ses malheurs l'ayant rendu vertueux, il fit le bonheur de ses sujets. C'est par erreur qu'on le fait ordinairement vivre jusqu'en 688. 12°. CuNIBERT OU KUNINGPERT, associé à la couronne par son pere Pertharit en 677, meurt en 700. Auffi vertueux que son pere, il ne fut pas moins aimé de ses sujets. 13°. LIUTPERT, successeur de son pere Canibert en 700, est détrôné par son cousin RAGOMBERT en 701, & meurt en 702. 14°. RAGOMBERT OU RAGIMBERT, fils du roi GONDEBERT, dut tout aux bienfaits de son oncle Pertharit, qui le fit duc de Turin; & reçut de Cunibert des témoignages continuelles d'amitié. Par reconnoissance il se révolta contre Liutpert. Ce jeune prince & Ansprand son tuteur allerent le combattre, & furent défaits & obligés de s'enfuir. RAGOMBERT se fit proclamer roi : mais il ne jouit de fon ufurpation que quelques mois, & mourut avant la fin de 701. 15°. ARIPERT II, fils de RAGOMBERT lui succéda en 701. Ansprand, tuteur du jeune roi Liutpert, ayant rétabli le parti de ce prince, recommença la guerre en 702. Il fut encore battu. Liutpert blessé dans le combat fut pris; & le vainqueur le fit mourir. Ansprand s'enfuit en Baviere. ARIPERT s'étant affermi sur le trône par diverses cruautés, fit voir qu'il étoit homme de mérite, & qu'il savoit régner. Ansprand, ayant enfin obtenu des troupes du duc de Baviere, revint en Italie en 711. ARIPERT l'alla combattre, la victoire fut indécise: mais les Lombards, mécontens de ce qu'ARIPERT reconduisoit l'armée sans livrer une seconde bataille, l'abandonnerent. Il s'enfuit & se noya dans le Tésin, qu'il voulut passer à la nage. 16°. ANSPRAND proclamé rof en février ou mars 712, mourut au commencement de juin de la même année trop content d'avoir vengé la mort de i Liutpert, & de s'être fait donner son fils LIUTPRAND pour collégue & fucceffeur. 17°. LIUTPRAND succéda à son pere en 712, & mourut en 744. Ce fut à tous égards, le plus illustre des rois Lombards. La multitude de ses loix annonce son amour pour la justice, & l'étendue de ses vues pour le gouvernement. Il fut d'ailleurs libéral, clément & véritablement pieux; ce qui ne l'empêcha pas d'avoir l'ambition de s'agrandir. Il fut très-souvent en guerre avec le exarques de Ravenne, & les Romains; & fit fur eux diverses conquêres, dont il ne garda cependant que quatre villes. Il fit de tout le reste une donation à l'église romaine. En 741 le pape Grégoire III & les Romains ayant imprudemment pris le parti de Thrafimond duc de Spolète révolté contre Liutprand, ce prince menaça Rome. Grégoire eut recours à Charles Martel, qui gouvernoit la France, & lui envoya par des nonces qui furent les premiers qu'on vit dans ce pays, un décret, par lequel le sénat & le peuple romain déclaroient qu'ils se reriroient de l'obéissance de l'empereur, pour se mettre sous la protection de Charles, & qu'ils lui déféroient la dignité de patrice des Romains; c'est-à-dire qu'ils le créoient souverain de Rome. Ce décret étoit accompagné des clefs de la confession de Saint Pierre, envoyées, disoit le pape dans sa lettre, comme les marques de la Souveraineté (QUAS VOBIS AD REGNUM DIREXIMUS. ) Charles Martel, qui fit affez peu de cas des présens du pape & des Romains, ne fit rien pour les secourir. Il étoit ami particulier de LIUTPRAND, avec lequel il avoit intérêt de n'avoir point de guerre. Il est seulement vraisemblable, qu'il engagea ce prince à faire la paix avec les Romains. Elle se fit la même année 741. Zacharie, successeur de Grégoire III, se conduisant par une politique plus saine, engagea les Romains à faire alliance avec Liutprand, pour l'aider à réduire le duc de Spolète & les autres rébelles. Par le traité qui se fit, LIUIPRAND fit diverses donations à l'église romaine. Ce prince étant dangereusement malade en 736, les seigneurs lui donnerent pour collégue, & proclamerent roi Hilprant lon neveu. Il confentit à ce choix, fans l'approuver. Son regne qui fut de trente-un à trentedeux ans, fut employé tout entier à l'accroissement de la gloire & du bonheur de sa nation. 180. HILPRAND OU HILDEBRAND ne regna que quelques mois après son oncle. Les Lombards, qui l'avoient proclamé roi par caprice, ne lui voyant, quand il fut seul à la tête du gouvernement, aucune des qualités nécessaires, le déposerent, pour le plus tard au commencement de 745. 19°. RATCHIS duc de Frioul fut élu roi en 745, & ne régna que quatre ans. Il fit la guerre à l'Exarque, & voulut s'aggrandir aux dépens du duché de Rome. Le pape Zacharie l'alla trouver ; & le fit renoncer à son projet. Il lui parla avec tant de force du mépris des choses de la terre, que RATCHIS sans trop savoir pour quoi, se démit tout à coup de la couronne en faveur de fon frere AïsTULF, qu'il avoit fait duc de Frioul, & s'alla faire moine au Mont-Caffin. 20°. AïSTULF, roi par la démission de fon frere en 749, fut le plus ambitieux de tous les rois Lombards. Il enleva aux Grecs l'Istrie, dont il fit duc Didier, noble citoyen de Brescia, & l'un de ses généraux. En 752, il fit la conquête de l'Exarchat & de la Pentapole, c'est-à dire qu'il dépouilla l'Exarque de tout son domaine, que l'empire perdit alors pour toujours. Le dessein d'AisTULF étoit d'unir tout le reste de l'Italie à sa couronne. Il commença par le duché de Rome, dans lequel il porta la guerre. A force de négociations, le pape & les Romains obtinrent une trève de quarante ans: mais quatre mois après sa conclusion, AÏSTULF recommença les hostilités. Les Romains ne pouvant avoir aucun secours de l'empereur Constantin Copronyme, qui ne fongeoit dans l'orient qu'à faire la guerre aux images, demanderent du secours à Pepin, roi de France. Le pape Etienne II alla lui-même trouver ce prince, étant chargé par l'empereur de l'engager à défendre l'Italie contre les Lombards. Il fut accompagné de députés du sénat & du peuple romain, porteurs d'un décret par lequel Pepin & ses deux fils étoient créés Patrices des Romains. Etienne, ambassadeur de Constantin, fit très-bien ses affaires, & très - mal celle de son souverain. Il obtint de Pepin qu'il feroit la guerre aux Lombards, & que quand il auroit reconquis qu'ils avoient ufurpé, ille donneroit à l'église romaine. Pepin passa en Italie en 754, affiégea AISTULF dans Pavie, refusa aux ambassadeurs de Constantin de lui faire reftituer par le roi Lombard l'Exarchat & la Pentapole, & s'excusa sur ce qu'il en avoit fait à S. Pierre ce 1 une donation qu'il ne révoqueroit pas pour tout l'or du monde. AisTULF, presse vivement, s'obligea à la restitution de l'Exarchat & de la Pentapole; & Pepin reprit le chemin de France. AïsTULF, loin de remplir son engagement, se remit en campagne au printems de 755, ravageales environs de Rome, & forma le fiége de cette ville. A la priere du pape, Pepin revint en Italie. AisTULF, affiégé dans Pavie, & ferré de plus près que l'année précédente, fut obligé de céder à l'église de Rome outre ce qu'il avoit dû rendre l'année précédente, la ville de Comacchio, que les Lombards possédoient depuis très-long tems, & de payer une somme considérable pour les frais de la guerre. Les suretés furent prises pour l'exécution du traité. Toutes ces places furent remises entre les mains d'un commissaire de Pepin; & ce commissaire le remit au pape en posant sur l'autel de saint Pierre, l'acte de la donation que Pepin en avoit faite au faint apôtre, pour en jouir à perpétuité par les évêques de Rome ses successeurs. Par cette donation les papes devinrent seigneurs de Ravenne, de Classe, de Césarée, de Rimini, de Pesaro, de Fano, de Céfène, de Sinigaglia, de Jési, de Forlimpopoli, de Montefeltro, d'Acerragia, de Monte-diLucano, de Serra, de Bobbio, de Cagli, de Luceolo, de Gubbio, de Camocchio, d'Urbin, de Narin, place du duché de Spolète, & des châteaux de faint Marin & de Suffubio. C'est le premier exemple de terres données à l'église en toute gneurie. AïSTULF mourut d'une chute de cheval en 756, ne laissant point de fils. 21°. DIDIER, & fon fils ADELCHIS OU ADELGISE. Après la mort d'AïsTULF, RATCHIS, qui s'ennuyoit dans son cloître, en fortit pour se ressaisir de la couronne. D'autre part DIDIER, duc d'Istrie, & non de Toscane, comme on l'a répeté mal à propos d'après Sigonius, le fit élire par la diéte de Pavie, & fut reconnu roi par le gros de la nation. Il sut petit à petit ruiner le parti de RATCHIS, qui, secondé de quelques ducs, se maintint environ un an dans la Toscane, y prenant, non le titre de roi, mais celui de prince des Lombards; comme on l'apprend par cette date d'une charte authentique: guvernante domno RATCHIS, famulu chrifti, principem Laugobardorum, anno primo, mense februario, per indictione decima. Le mois de février indiction X, appartient à 757. Par le titre de serviteur de Christ, que les moines se donnoient alors, on voit que RATCHIS vouloit conserver son froc en reprenant la couronne. Ce furent les exhortations du pape Etienne II, qui le firent retourner dans son monastère. DIDIER fut alors reconnu roi par toute la nation. Il regna seul durant deux ans: mais en 758 ou 759, il s'associa son fils ADELCHIS. Il rendit des services au pape Etienne III, qui n'en fut pas fort reconnoiffant. Ce pape se voyant souverain de deux provinces considérables, se mit en tête de recouvrer quantité de petits patrimoines ou biens de campagne répandus dans les différentes contrées d'Italie occupées par les Lombards, & dont ces peuples s'étoient emparés au commencement de leur établissement, & qu'aucun pape n'avoit jamais reclamé. Ce fut la source de toutes les querelles que ce pape & ses succeffeurs Paul I, & Adrien I, fusciterent au roi DIDIER, de qui l'on avoit exigé qu'il rendit ces patrimoines : mais qui ne pouvoit effectivement rendre que ceux qui se trouvoient dans son domaine particulier. La plupart étoient dans les duchés de Spolète & de Benevent, qui touchoient par plus d'un côté le duché de Rome & les nouveaux domaines du pape. Didier ne pouvoit qu'engager ces ducs, souverains chez eux, à faire rendre ces patrimoines; & ces ducs devoient chercher des moyens convenables pour les ôter à leurs possesseurs, qui devoient trouver étranges qu'une possession d'environ deux cents ans ne les eut pas rendus propriétaires incommutables de ce qu'ils avoient hérité de leurs peres. La chose demandoit donc du tems. Mais les papes impatiens refusant de recevoir les exemples de DIDIER, & de lui donner le tems de fatisfaire par dégrés à son engagement, armerent contre lui Charlemagne, roi de France, A la priere d'Adrien I, ce prince vint en Italie en 773 avec une armée considérable. De sourdes intrigues engagerent les troupes des rois Lombards, à les abandonner. Ils s'enfermerent, ADELCHIS dans Verone, & DIDIER dans Pavie. Les deux places furent prises après de longs fiéges. ADELCHIS S'enfuit à Conftantinople. Didier & la reine Anfa sa femme furent envoyés en France; & Charlemagne prit le titre de roi des Lombards. Pendant qu'il faifoit le fiége de Pavie, il alla pafler les fêtes de Pâques de 774 à Rome. Il y renouvella la donation faite par Pepin. Tous les historiens affurent la réalité de cet acte de confirmation, & disent qu'il fut déposé sur l'autel de saint Pierre. La cour de Rome, en s'autorisant de cet acte pour revendiquer les chofes qui n'étoient pas dans la donation de Pepin, ne l'a jamais produit. Il n'en existe pas même de copie informe; & quand on s'imaginera que Charlemagne promit de confirmer la donation de fon pere, & qu'il n'en expédia jamais le diplôme, peut-être ne s'écartera-ton pas de la vérité. Au défaut de cette confirmation, Rome en produit une de Louis le Débonnaire, successeur de Charlemagne: mais l'original n'en existe point, & n'a jamais été vu. Les copies qu'on ena, sont d'autant plus sans autorité, qu'elles comtent au rang des choses données par Louis, des pays, comme la Sicile, les duchés de Naples & de Gaïete, la Sardaigne & la Corse, sur lesquels l'empereur d'occident n'avoit aucun droit, puisqu'ils appartenoient à l'empereur grec. Ces copies sont l'ouvrage, de faussaires, qui ont interpolé le diplome de Louis; & l'on en a depuis fupprimé l'original, qui ne favorisoit pas toutes les prétentions de la cour de Rome. En 800 CHARLEMAGNE se fit couronner empereur par le pape LÉON III, & donna par-là naissance à un nouvel empire d'occident, qui n'eut de commun que le titre avec l'ancien, qui ne subsistoit plus depuis quatre cents vingt ans. Vopiscus, qui vivoit sous Dioclétien, dit dans la vie d'Aurélien que les murailles dont cet empereur fit enceindre Rome avoient cinquante milles de circuit: mais les copistes ont nécessairement corrompu le texte de cet auteur. Malgré tout ce que les anciens & les modernes ont dit de l'ancienne étendue de Rome; on peut démontrer que l'enceinte de ses murs n'a jamais été plus grande qu'elle ne l'est aujourd'hui, qu'en comtant même les angles & les sinuosités qu'elle forme, elle n'a que treize milles. Le pere Labat (voyage d'Italie, t. 4, p. 116) a eu la curiosité de faire le tour de Rome hors des murs; &, feIon fon calcul, cette ville a tout au plus quatre lieues de tour. Si on en croit les Romains, dit-il, Rome est encore aujourd'hui la plus grande ville du monde ; mais fi on s'en rapporte aux gens désintéressés, Paris mérite cette gloire & l'emporte fur Rome, & même sur Londres, quelque chose que puissent dire les Anglois, un peu idolatres de leur capitale. Il est néanmoins certain que Rome est aussi grande que Paris, fi on la mesure par l'enceinte de ses murailles. On prétend que celles qu'on y voit aujourd'hui font les mêmes qui y étoient du tems du fameux Belifaire. Mais ces murailles renferment une très-grande quantité de lieux non habités, de jardins Spacieux, auxquels on a donné le nom de vignes : des champs, des terres incultes; de maniere qu'il y a beaucoup plus de la moitié du terrein renfermée dans son enceinte, & cette moitié n'est ni ville, ni village, mais des champs ou des jardins. Il n'y a qu'à jetter les yeux fur le plan de Rome, pour se convaincre de cette vérité. On verra que toute la partie orientale, c'est-à-dire, tout ce qui est à la gauche du Tibre, depuis les ruines du pont Senatorial, en passant par le marché aux Bœufs, pour gagner S. Jean de Latran, n'est absolument point habité ; que depuis S. Jean de Latran jusqu'à Sainte Marie majeure, & les thermes de Dioclétien où est la chartreuse, ce ne font que des jardins, des vignes & des terres où l'on cultive des légumes & des herbages. C'est presque encore la même chose depuis les chartreux, en passant derriere la place Barberine, la Trinité du mont & la vigne de Medicis. Les jardins du Vatican & les derrieres de faint Pierre occupent au moins un tiers de la partie qu'on appelle le bourg; & tout ce qui est à l'occident de la Longara jusqu'au Tibre, n'est encore que des jardins ou des lieux peu habités ; de maniere qu'on ne fait pas tort à Rome, en disant que la partie habitée de la ville est environ le tiers de Paris. Ce que ces deux villes ont de commun, c'est qu'elles ne sont point fortifiées. On ne peut pas compter à Rome pour fortification fon ancienne enceinte de murailles avec ses tours, ni les mauvais bastions qui font depuis le chateau Saint-Ange jusqu'à la porte de Porto, fur le Tibre. Ils pourroient faire à peu près la même résistance que ceux que l'on voyoit autrefois à Paris, depuis l'arsenal jusqu'à la porte Saint-Honoré, dont il reste encore quelque chose vers la porte Saint-Antoine. Voici le dénombrement des habitans de Rome, fait en 1709. Eglises paroissiales, 81. Familles, 3242. Evêques, 40. Prêtres, 2646. Moines & religieux, 3556. Religieuses, 1814. Ecoliers demeurans dans les colléges, 1113. Courtisans des cardinaux, 1738. Pauvres des hôpitaux, 1989. Prifonniers, 361. Mâles de tout âge, 80437. Femelles de tout âge, 58095. Gens capables de communier, 106740. Enfans & autres qui ne communient pas, 31828. Nombre de ceux qui ont communić Ceux qui n'ont pas communié, Courtisanes ou femmes publiques, Mores, 14. Pinzoche ou bisoche, ou femmes dévotes qui portent l'habit du tiers-ordre de quelque religion, Enfans nés dans l'année, Morts de tout âge & de tout sexe, TOTAL des habitans, 76. 3662. 2947. 138568. Sans compter les Juifs, qui font huit à dix mille ames. Rome moderne est plus haute que l'ancienne, d'environ quatorze ou quinze pieds, selon la supputation de quelquesuns. Cela vient de ce que la ville d'aujourd'hui est sur les ruines de l'autre. Où il y a un nombre de bâtimens de quelque considération, on trouve toujours un tertre ou une coline, faits fans doute des restes ou des décombres de l'édi fice ruiné. D'ailleurs la terre, emportée des hauteurs par la violence des pluies, a contribué beaucoup à élever le terrein. Il y a à Rome deux sortes d'antiquités, les unes chrétienes, les autres païennes. Les premieres, quoique d'une date plus fraîche, font tellement embarrassées de fables & de légendes, qu'on a fort peu de fatisfaction à les examiner. Les autres donnent beaucoup de plaisir à ceux qui les connoiffent par la lecture des anciens auteurs. La grandeur de la république éclate principalement dans ce qui reste des ouvrages qui étoient ou néceffaires ou convenables, comme par exemple les grands chemins, les aqueducs, les murailles & les ponts de la ville. Au contraire la magnificence de Rome, sous les empereurs, se voit principalement dans les ouvrages qui étoient faits plutôt pour l'oftentation ou pour le luxe, que pour quelque utilité ou nécessité : tels font les bains, les amphithéâtres, les cirques, les obélisques, les colomnes, les mausolées, les arcs de triomphe. On a tant de descriptions bien faites de ces restes précieux de l'antiquité, qu'on ne s'arrêtera qu'à quelques objets. Le principal font les anciennes statues, dont le nombre est incroyable. On est surpris de voir de la vie dans le marbre, & même dans les plus chetives statues, autant que l'on en voit dans les meilleures. Il y a une admirable ressemblance eutre les figures de diverses divinités païennes, & les descriptions que les poëtes latins nous en ont données; mais les figures pouvant être regardées comme plus anciennes, il ne faut pas douter que les anciens poëtes n'ayent été les copistes de la sculpture grecque, quoiqu'en d'autres occafions on trouve souvent que la sculpture a pris ses sujets dans les poëtes. Quoique les statues trouvées parmi les débris de l'ancienne Rome soient déja très-nombreuses, il y a surement encore sous la terre plus de trésors de cette nature, qu'il n'y en a dessus. On a souvent fouillé les endroits marqués dans les anciens auteurs, pour trouver des statues ou des obélisques, & on n'a guères été trompé dans cette recherche. Bien d'autres endroits n'ont jamais été visités. Telle est une grande partie du mont Palatin, où l'on n'a point touché. C'étoit autrefois le fiége du palais de l'empereur, & l'on peut préfumer qu'on y pourra trouver une infinité de belle choses. Mais parce que le pape s'attribue ce qu'il y a de plus riche dans ces découvertes, ou pour quelqu'autre raison, on dit que les princes Farnéses, à qui appartenoit ce quartier-là, n'ont jamais voulu permettre de le remuer. Il y a des entrepreneurs à Rome, qui achettent souvent le droit de fouiller des champs, des jardins ou des vignobles, dans lesquels ils ont quelque espérance de réussir; & il y en a qui font devenus fort riches par ces fortes d'entreprises. Ils payent l'étendue de la furface qu'ils ont à remuer; & après l'eflai, comme on fait en Angleterre pour les mines de charbon, ils fouillent |