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D. R. font avec leur frere des entreprises.

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continuelles fur l'autorité de Conftance. Ils furent enfin vaincus de toutes parts, & fans reflource. MAGNENCE fe pafla fon épée au travers du corps; Décentius s'étrangla; & Defiderius fit la paix avec CONSTANCE. En 350, celui-ci créa céfar fon coufin T. CONSTANTIUS GALLUS qui fe fit détefter fi fort dans tout l'Orient par fes cruautés, que Conftance fut obligé de le dépofer & de le faire décapiter en 354: l'année fuivante il nomma céfar JULIEN frere de Gallus; l'armée des Gaules le força d'accepter la pourpre impériale en 360, CONSTANCE mourut d'apoplexie. entre la Cilicie & la Cappadoce, comme il marchoit contre Julien en 361. Il avoit régné vingt quatre ans & fix mois. Patiens fit principis auris.

XLIV. JULIEN, furnommé l'apos tat,parce qu'il quitta la religion chrétienne pour le faire païen. Il avoit beaucoup d'esprit, & devint trèsfavant, ayant eu pour maîtres les plus favans hommes de fon tems. Il fit de grands maux à l'églife; & c'eft la principale caufe du mal excesfif qu'on a dit de lui. D'un autre côté, quelques écrivains en difent beaucoup plus de bien qu'il ne faudroit. Il avoit au fond, beaucoup moirs de bons fens que d'imagination & de mémoire. Il s'engagea très-témérairement dans la Perle; & périt percé d'un coup de flèche, dans une occafion où il marcha fans armes au combat. Il régna dix ans & huit mois. La race de Conftance Chlore finit avec lui. Pennis fuis feriri grave.

XLV. JOVIEN fut fait empereur malgré lui. Il étoit de Pannonie. Il caffa tous les édits donnés par Julien en faveur des païens, & defendit aux Juifs l'exercice public de leur religion. Il mourut étouffé par la vapeur du charbon qu'on avoit allumé dans fa chambre, entre la Galatie & la Bithynie. Il revenoit de Perfe à Conftantinople; & n'avoit régné que fept mois & vingt-deux jours. Scopas vite chriftus.

XLVI. VALENTINIEN I, fils de Gratien, qui n'étoit qu'un cordier d'auprès de Belgrade, fut élu empereur par l'armée, quoiqu'abfent. Son attachement à la religion chrétienne l'avoit fait bannir par Julien. Jovicn l'avoit rappellé, & rétabli dans fes charges. Comme il trouva l'empire attaqué de toutes parts, il s'affocia fon frere VALENS, & lui laiffa le foin de l'Orient. Dangereufement malade en 367, il déclara augufte fon fils aîné GRATIEN. Il fut frap pé d'apoplexie en 375, pour s'être mis trop violemment en colere. Il avoit regné onze ans, huit mois & vingt-deux jours. Princeps fervator juftus. Auffi-tôt après la mort, l'armée proclama augufte fon fecond fils VALENTINIEN, qui n'avoit que quatre mois. VALENS regna, comme on vient de le dire en Orient; fon frere l'aimoit peu, parce qu'il l'avoit remarqué favorable à l'arianisme. PROCOPE, coulin de Julien,

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D. R. prit la pourpre; fut enfuite aban donné de fon armée; & tomba en

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tre les mains de VALENS, qui le fit mourir cruellement. VALENS vaincu dans une bataille contre les Goths, en 378, s'enfuit bletlé. Les Goths le brûlerent dans une maifon où il s'étoit retiré. Livré totalement aux Ariens, il avoit étrangement perfécuté les catholiques. Alienus ab ira, alienus ab injuftitia.

XLVII. GRATIEN, fils de Valen tinien, partage l'empire avec fon frere VALENTINIEN II, auquel il céde l'Italie, la Dalmatie & l'Afrique. GRATIEN fit venir d'Espagne THEODOSE, général d'une grande répu tation, & le chargea de la guerre contre les Alains, les Huns & les Goths. THEODOSE les battit. Après la mort de VALENS, GRATIEN, en 379, affocia THEO DOSE à l'empire, & lui donna l'Orient avec la Thrace. MAGNUS MAXIMUS, qui commandoit en Angleterre, fe fit proclamer empereur ; attaqua les Gaules, & fit aflatliner GRATIEN par Andragathe en 382. GRATIEN avoit regné feize ans & fix jours, dont huit & quelques mois avec fon pere Valentinien I, & fon oncle Valens; trois avec Valens & fon frere VALENTINIEN ; quatre & près de fept mois avec VALENTINIEN II & THEODOSE. Non quamdiu; fed quam bene. VALENINTIEN II, du vi vant de fon frere, régna principalement dans les Gaules. En 383, presfé vivement par le tyran MAXIME, il demanda du fecours à THÉODOSE, qui quitta l'Orient; affiégea MAXIME dans Aquila, & l'ayant pris le fit mourir. En 392, EUGÈNE qu'une faction avoit fait empereur, ayant gagné les eunuques de VALENTINIEN, le fit étrangler pendant la nuit, dans fa chambre à Vienne en Dauphiné. Il avoit regné en tout feize ans, cinq mois & vingtquatre jours. Amicus veterrimus optimus.

XLVIII. THÉODOSE le Grand eft feul empereur légitime, par la mort de Valentinien II. Il étoit de la même maifon que Trajan. Il défit, en plufieurs rencontres les Goths, les Huns & les Alains. Vainqueur d'Eu GENE, il lui fit couper la tête, pour venger la mort de Valentinien. II avoit beaucoup de religion. Ayant dans un transport de colere, fait faire à Theffalonique, une exécution militaire, qui couta la vie à sept mille perfonnes innocentes; S. Ambroise, évêque de Milan, lui refufa la communion paschale & l'entrée de l'églife, & ne l'y reçut qu'après une pénitence publique de huit mois, à laquelle il fe foumit avec la réfignation la plus édifiante. En 393, il déclara augufte, fon fecond his HONORIUS. Il avoit dès 383 décoré de ce titre ARCADIUS fon fils aîné. Il mourut d'hydropifie à Milan, en 395, âgé de foixante ans, & ayant régné feize ans & vingt jours. Il partagea l'empire à fes deux fils, & donna l'orient à ARCADIUS, & l'occident à HONORIUS. Delà vint la divifion de l'empire en empire d'Orient, dont le fiége

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D. R. fut Conftantinople, & en empire d'Occident, dont Rome fut le fiége. Eripere telum, non dare irato decet. XLIX. HONORIUS eut pour tuteur Stilicon, qu'il fit maffacrer dans la fuite avec fon fils Encherius, parce qu'il avoit comploté de le faire affasfiner, pour faire ce fils empereur. On dit à cette occafion, qu'Ho NORIUS s'étoit coupé le bras droit avec la main gauche. La huitième année de fon regne, les Francs, qui habitoient les côtes de la Frife, prirent Trèves, & s'emparerent de la Hollande & du Brabant. C'est vers ce tems qu'il faut placer les premiers commencemens de la monarchie françoife. En 410, ALARIC, roi des Wifigoths, prit & pilla Rome, & mourut enfuite fubitement à Cofence. ATTILA, qu'il avoit fait governeur de Rome, y prit le titre de roi. CONSTANCE, général & beaufrere d'Honorius, fut fait auguste par ce prince, & regna peu. Honorius, qui lui furvécut, mourut à Ravenne d'hydropifie, en 423, ayant régné depuis la mort de fon pere, vingt-huit ans.

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L. VALENTINIEN III, fils de Conftance & de Placidie, fœur d'Honorius, fuccéda à fon oncle. Sous fon regne Attila, roi des Huns, qui fe faifoit appeller le fleau de Dieu, ravagea l'Italie. Des ambaffadeurs de Valentinien, dont l'ayeul du célébre Caffiodore étoit un, le dispofent à la paix, lorsqu'il marchoit à Rome. Le pape S. Leon, qui vient à fa rencontre, achève le traité. VALENTINIEN en 454, tua le patrice Aétius, l'unique appui de l'empire, & par lequel Attila avoit été battu dans les champs Catalauniques. Eu 455, VALENTINIEN viola la femme du fénateur MAXIME, qui le fit affaffiner dans le champ de mars. Il avoit régné trente ans. MAXIME ufurpa l'Empire, & tira de l'affront qu'il avoit reçu une feconde vengeance, en violant l'impératrice, veuve de Valentinien. Il fut luimême mis en piéces par les Romains, qui le jetterent dans le Tibre. GENSERIC, roi des Wandales, en Afrique, qu'Eudoxie, veuve de Valentinien, avoit appellé pour la venger de Maxime, pilla Rome durant quatorze jours. Il l'auroit brulée, s'il n'en avoit été détourné par les prieres de S. Léon & d'Eudoxie. Genferic emmena cette princelle & fa fille Placidie, captives en Afrique. Dès le regne d'Honorius lempire d'occident fut démembré. Les WandaLes s'emparerent de l'Afrique, les Alains, les Suéves, les Wifigoths de L'Espagne; les Wifigoths, les Bourguignons & les Francs, des Gaules. Les Erules, enfuite les Ostrogoths ne tarderent pas à fe rendre maîtres de 'Italie, & les princes qui vont fuivre, font moins des empereurs, que des prétendans à l'Empire.

LI. AVITAS, feigneur Gaulois, regna un an, deux mois & trois jours. Le célébre Sidoine Apollinaire étoit fon gendre.

Lil. MAJORIEN régna quatre ans, deux mois & deux jours. Il fut tué

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D. R. par le Goth Ricimer, qu'il avoit fait général de fes armées, & patrice.

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LIII. SEVERE regna trois ans, huit mois & vingt-fept jours. Ricimer, qui l'avoit fait empereur, & qui l'a voit bien fervi à la guerre, mais qui ne pouvoit fouffrir de maître où il étoit, l'empoifonna.

LIV. ANTHEMIUS, fénateur de Conftantinople, fait empereur d'oc-. cident par l'empereur d'orient LÉON I, vint prendre poffeffion de l'empire vacant depuis plus de deux ans. Il regna cinq ans, deux mois & vingttrois jours. Il fut presque toujours en guerre avec-Ricimer, qui le tua dans Rome, qu'il pilla.

LV. ANICIUS OLYBRIUS régna fept mois & feize jours. Il ne fit rien de confidérable.

LVI. GLICERIUS régna un an, trois mois & vingt-un jours. Il fut forcé d'abdiquer; & fut enfuite évêque de Salone en Dalmatie.

LVII. JULIUS NEPOS, mari d'une niéce de l'impératrice Verina, femme de Léon I, empereur d'orient, fut fait empereur d'occident par ce prince. Il régna un an & deux mois. Il fut challe d'Italie par le patrice Orefte,qui déciara fon fils MOMYLLE OU ROMULE.

LVIII. MOMYLLE OU ROMULE, dit AUGUSTE,c'eft-à-dire le Petit-Augufte ou le Petit-Empereur, parce qu'il étoit extrêmement jeune, régna dix mois & cinq jours.

L'an 476 de l'ére vulgaire, 1194 de la fondation de Rome, ODOACRE, roi des Erules & des Turcilinges, s'empara de I'Italie, battit Orefte, qu'il fit prifonnier de guerre, & auquel il fit couper la tête; alla à Rome où il dépofa le jeune Auguftule, & le relégua au château de Lucullane dans la Campanie avec une penfion de 6000 livres d'or. On regarde ordinairement l'empire d'occident comme éteint dans cette année 476 par la dépofition d'AUGUSTE: mais on ne fait pas attention que JULIUS NEPOS confervoit toujours le titre d'empereur d'occident, & que, retiré dans la Dalmatie, il en exerçoit l'autorité dans cette province & dans quelques provinces voifines. Ce ne fut donc qu'en 480 de l'ére vulgaire, 1198 de la fondation de Rome, que l'empire d'occident fut abfolument détruit par la mort de JULIUS NEPOS, qui cette année fut affaffiné, par deux de ses principaux officiers dans une maifon de campagne près de Salone.

ODOACRE regna comme roi d'Italie, environ dix-fept ans. Affiégé depuis trois ans dans Ravenne par THÉO DORIK, roi des Oltrogoths, il fut enfin obligé de fe rendre ; & quelques jours après le vainqueur le fit tuer. Il tint la couronne d'Italie comme relevante de l'empereur d'orient. Les rois Goths la tinrent de même.

THEODORIK, roi des Oftrogoths, ayant eu permiffion de l'empereur ZENON l'Ifaurien,de faire la conquête de l'Italie fur Odoacre, y vint au mois d'avril 489. L'histoire ne compte ordinairement les années de fon regne en Italie, que de la prife de Ravenne en 493 : mais il les comtoit lui-même de fon arrivée en 489. En effet il fut maître, cette année, d'une partie de l'Italie: c'eft de 489 qu'il faut dater la fondation du royaume des Goths en Italie lequel dura foixante-quatre ans, & finit par la mort de THEIA leur dernier roi tué dans une bataille, les premiers jours de mars 553. THEODORIK mourut âgé de foixanteonze ans, le 30 d'août 526, après trente-fept ans & fix mois de regne en Italie. ÁTHALARIK, fils de la fille Amalafonte, leur fuccéda fous la tutéle de fa mere; & mourut de débauches en 534, âgé de dix-huit ans, en ayant régné huit. Amalafonte lui fit donner pour fuccefleur THEODAHAD OU THEODAHAT OU THÉODAT, fon coufin germain, qui la fit affaffiner quelque mois après. L'empereur Juftinien I, fous prétexte de venger la mort d'Amalafonte, entreprit de chaffer les Goths d'Italie. Cette expédition fut confiée au célébre BÉLISAIRE. L'armée des Goths indignée

de la lacheté de THEODAT, élut pour roi WITIGÈS fon écuyer, vers la fin de 536; & THEODAT fut tué fur le chemin de Rome à Ravenne, n'ayant pas régné deux ans. WITIGES alliégea BÉLISAIRE dans Rome. La défense de cette capitale du monde eft la plus grande action de guerre de Bélifaire. Après un an & neuf jours, WITIGES fut obligé de lever le fiége. Il fut enfuite lui-même affiégé dans Ravenne & forcé de fe rendre vers la fin de 539. Bélifaire le conduifit à Conftantinople, où il mourut en 542 ou $43. Juftinien en rappellant Bélifaire, empêcha lui-même la deftruction du royaume des Goths. Ces peuples encore maîtres des provinces au-delà du Pô, fe donnerent en 540 un nouveau roi dans la perfonne d'IL DOBALD, ILDIBALD ou ILDIBAD, neveu de THEUDIS roi des Wifigots en Espagne. ILDOBALD mourut alfaffiné par un de fes gardes en 541, n'ayant pas eu le tems de tien entreprendre. EVARIK OU ÅRARIK, qui lui fuccéda, fut élu par les Ruges auxiliaires des Goths :mais ceux-ci le mépriferent & le tue rent au bout de quelques mois, pour lui fubftituer BADWELLA furnommé TOTILA, qui très-promptement rétablit leurs affaires; & fe vit à la veille de chaffer les Grecs d'Italie. BELISAIRE que Juftinien renvoya fans troupes & fans argent en Italie, ne put oppofer que des efforts impuiffans à TOTILA, qu'il ne put empêcher de prendre Rome à la fin de 546. La ville fut pillée, & la plupart des habitans dispersés. TOTILA la mit même hors d'état de défense en faifant abattre une partie des murs, & ôtant les portes. A la fin de février $47, Belifaire rentra dans Rome, qu'il fe remit du mieux qu'il put en état de défendre. TOTILA vint fur le champ pour reprendre cette ville mais repouffé dans trois affauts par Bélifaire, il abandonna cette entreprise. L'année suivante Bélifaire qui ne faifoit qu'une mince figure en Italie, fe fait rappeller; & TOTILA reprend Rome en 549, & pouffe vigoureufement fes conquêtes même hors de l'Italie. L'arrivée de l'Eunuque & de Patrice Narsès, qui vient en 552 en Italie avec une armée confidérable & beaucoup d'argent, change la face des affaires. Il livre bataille aux Goths, & remporte la victoire. TOTILA fe retire bleffé, & meurt quelques jours après, ayant régné environ onze ans. Les Goths mirent en fa place THEIA, le plus brave & le plus habile de leurs généraux. Une feule bataille où THEIA fit voir toute la grandeur de fon courage, décida du fort des Goths. Le prince ayant été tué, les Goths continuent de fe battre jusqu'à la nuit, & recommencent le lendemain. Accablés par le nombre, ils fe retirent en bon ordre ; & propofent la paix à des conditions que les circonftances obligent le vainqueur d'accepter. Comme le traité n'obligeoit au fond que ceux qui l'avoient fait, NARSÈS employa plufieurs années à foumettre les reftes des Goths; & ce n'eft qu'en 566 que l'on voit toute l'Italie rentrée fous la domination des empereurs. Les rois Goths, ainfi qu'Odoacre, avoient reconnu la tenir des empereurs, & s'étoient regardés comme membres de l'Empire. NARSÈS gouverna l'Italie à titre de duc, environ quinze ans, & mourut à Rome en 567, âgé de quatre-vingt-quinze ans.

Sa mort fut l'occafion d'une révolution, qui fit perdre pour toujours aux empereurs un grande partie de l'Italie. ALBOIN roi des Lombards, y vint avec fa nation en 568. Un mauvais conte publié par les Italiens, & copié depuis fans réflexion, fait NARSÈS auteur de l'invalion des Lombards. Indigné de fe voir rappellé par JUSTIN II, fur des plaintes injuftes des Romains, & plus encore d'être ou tragé par l'impératrice Sophie, laquelle lui écrivit en même tems de venir filer avec fes filles, il dit en colere qu'il lui prépareroit une fufée, qu'elle ni fon mari ne pourroient démêler; & il invita le roi des Lombards de venir en Italie. Le rappel de NARSÈS eft un fait certain. Le refte est une fable des Italiens, toujours ennemis des gouverneurs qui leur venoient de Conftantinople. Les hiftoriens grecs ne parlent ni de la lettre de l'impératrice, ni de l'invitation faite par NARSES aux Lombards. Il eft d'ailleurs prouvé par la fuite des faits, que quand Alboin vint en Italie, il s'y dispofoit depuis plufieurs années. Quoi qu'il en foit, ce prince commença en 568 à jetter en Italie les fondemens d'un nouveau royaume. Il en fit Pavie la capitale. Ce royaume fubfifta deux cents fix ans, d'abord fous deux d'abord fous deux rois, Alboin mort affaffiné en 573; & CLEF OU CLEFON, mort allaffiné de même vers le commencement de 575, enfuite sous le gouvernement aristocratique des trente ducs

la

ou gouverneurs des provinces & grandes villes, lequel dura jusque vers la fin de 584, enfuite fous vingt-un rois, 1o. ANTHARIK, fils de CLEF; élu en 584, & mort le s de feptembre 590, 2°. AGILULF & AGON. Théodelinde veuve d'Antharik le choifit, par la permiflion des Lombards, pour fecond mari & pour roi. Elle l'époufa au commencement de novembre 590; mais il ne fut proclamé roi qu'au mois de mars de l'année fuivante. Il mourut en 615. 3°. ADALOALD, fils d'Agilulf & de Théodelinde, affocié par fon pere à la couronne en 604. Il fut détrôné par Arioald, duc de Turin, mari de fa fœur Gondeberge, en 625; & mourut l'année fuivante à Ravenne, pendant que l'exarque Ifaac faifoit des préparatifs pour le rétablir fur fon trône, 4°. ARIOALD, qui mourut en 636, 5o. RoTHAR. Il étoit duc de Brescia, GONDEBERGE, veuve d'Arioald, le choifit pour époux & pour roi, de la même maniere que fa mere Théodelinde avoit choifi Agilulf. Il fut le premier légiflateur des Lombards. Il en agit mal avec la reine Gondeberge, qu'il dépouilla de tout, & qu'il tint long-tems renfermée dans le palais. Il mourut en 652. 6° RODO ALD, fils de Rothur, mais d'une premiere femme. Il ne regna que cinq à fix mois ; & mourut vers le commencement de 653, affaffiné par un Lombard, dont il avoit violé la femme. 7°. ARIPERT I. Il étoit fils de Gondoald, frere de la reine Théodelinde; & par conféquent il étoit François ou Bavarois d'origine. Il ne tenoit à la nation des Lombards que par fa mere. Il mourut en 661, ayant partagé fon royaume à fes deux fils, & ordonné qu'ils régneroient ensemble. 8°. PERTHARIT OU BERTHARID, & GONDEBERT OU GODEBERT. Ils régnerent ensemble depuis 661 jusqu'en 662, qu'ils furent privés, GONDEBERг du trône & de la vie, PERTHARIT du trône par GRIMOALD, duc de Bénevent. 9°. GRIMOALD ufurpe la couronne en 662, & meurt en 672. Il étoit le quatrième fils de Gifulf second duc de Frioul & petit-neveu du roi Alboin. Les deux freres PERTHARIT & GONDEBERT fe faifant la guerre, le fecond appelle à fon fecours GRIMO ALD, qui le tue de fa main dans leur premiere entrevue ; & s'empare de la couronne. PERTHARIT effrayé s'enfuit. GRIMOALD fut un très-grand roi, à qui l'on ne peut reprocher que maniere dont il le devint. Il mourut d'une veine qui fe rouvrit neuf jours après avoir été faigné. 10o. GARIBALD, fils de GRIMOALD, & d'une fœur des rois Pertharit & Gondebert fut proclamé roi, quoiqu'enfant, auffitôt après la mort de fon pere, & ne régna que trois mois. On ignore ce qu'il devint enfuite. II. PERTHARIT rétabli. Ce prince étant revenu en Italie trois mois après la mort de GRIMOALD, fut reconnu roi par la diéte générale des Lombards. Il mourut en 686. Ses malheurs l'ayant rendu vertueux, il fit le bonheur de fes fujets. C'est par erreur qu'on le fait ordinairement vivre jusqu'en 688. 12°. CuNIBERT OU KUNINGPERT, affocié à la couronne par fon pere Pertharit en 677, meurt en 700. Auffi vertueux que fon pere, il ne fut pas moins aimé de fes fujets. 1 3°. LIUTPERT, fucceffeur de fon pere Canibert en 700, est détrôné par fon coufin RAGOMBERT en 701, & meurt en 702. 14°. RAGOMBERT OU RAGIMBERT, fils du roi GONDEBERT, dut tout aux bienfaits de fon oncle Pertharit, qui le fit duc de Turin; & reçut de Cunibert des témoignages continuelles d'amitié. Par reconnoiffance il fe révolta contre Liutpert. Ce jeune prince & Ansprand fon tuteur allerent le combattre, & furent défaits & obligés de s'enfuir. RAGOMBERT fe fit proclamer roi : mais il ne jouit de fon ufurpation que quelques mois, & mourut avant la fin de 701. 15°. ARIPERT II, fils de RAGOMBERT lui fuccéda en 701. Ansprand, tuteur du jeune roi Liutpert, ayant rétabli le parti de ce prince, recommença la guerre en 702. Il fut encore battu. Liutpert bleffé dans le combat fut pris; & le vainqueur le fit mourir. Ansprand s'enfuit en Baviere. ARIPERT s'étant affermi fur le trône par diverfes cruautés, fit voir qu'il étoit homme de mérite, & qu'il favoit régner. Ansprand, ayant enfin obtenu des troupes du duc de Baviere, revint en Italie en 711. ARIPERT l'alla combattre, la victoire fut indécife: mais les Lombards, mécontens de ce qu'ARIPERT reconduifoit l'armée fans livrer une feconde bataille, l'abandonnerent. Il s'enfuit & fe noya dans le Tésin, qu'il voulut paffer à la nage. 16°. ANSPRAND proclamé rof en février ou mars 712, mourut au commencement de juin de la même année trop content d'avoir vengé la mort de

Ou

Liutpert, & de s'être fait donner fon fils LIUTPRAND pour collègue & successeur. 17°. LIUTPRAND fuccéda à fon pere en 712, & mourut en 744. Ce fut à tous égards, le plus illuftre des rois Lombards. La multitude de fes loix annonce fon amour pour la juftice, & l'étendue de fes vues pour le gouvernement. Il fut d'ailleurs libéral, clément & véritable ment pieux; ce qui ne l'empêcha pas d'avoir l'ambition de s'agrandir. Il fut très-fouvent en guerre avec le exarques de Ravenne, & les Romains; & fit fur eux diverfes conquêtes, dont il ne garda cependant que quatre villes. Il fit de tout le refte une donation à l'églife romaine. En 741 le pape Grégoire III & les Romains ayant imprudemment pris le parti de Thrafimond duc de Spolète révolté contre Liutprand, ce prince menaça Rome. Grégoire cut recours à Charles Martel, qui gouvernoit la France, & lui envoya par des nonces qui furent les premiers qu'on vit dans ce pays, un décret, par lequel le fénat & le peuple romain déclaroient qu'ils fe retiroient de l'obéiflance de l'empereur, pour le mettre fous la protection de Charles, & qu'ils lui déféroient la dignité de patrice des Romains; c'elt-à-dire qu'ils le créoient fouverain de Rome. Ce décret étoit accompagné des clefs de la confeffion de faint Pierre, envoyées, difoit le pape dans fa lettre, comme les marques de la fouveraineté ( QUAS VOBIS AD REGNUM DIREXIMUS.) Charles Martel, qui fit affez peu de cas des préfens du pape & des Romains, ne fit rien pour les fecourir. Il étoit ami particulier de LIUTPRAND, avec lequel il avoit intérêt de n'avoir point de guerre. Il eft feulement vraisemblable, qu'il engagea ce prince à faire la paix avec les Romains. Elle fe fit la même année 741. Zacharie, fucceffeur de Grégoire III, fe conduifant par une politique plus faine, engagea les Romains à faire alliance avec Liutprand, pour l'aider à réduire le duc de Spolète & les autres rébelles. Par le traité qui fe fit, LIUTPRAND fit diverfes donations, à l'églife romaine. Ce prince étant dangéreufement malade en 736, les feigneurs lui donnerent pour collégue, & proclamerent roi Hilprant fon neveu. Il confentit à ce choix, fans l'approuver. Son regne qui fut de trente-un à trentedeux ans, fut employé tout entier à l'accroiffement de la gloire & du bonheur de fa nation. 18°. HILPRAND OU HILDEBRAND ne regna que quelques mois après fon oncle. Les Lombards, qui l'avoient proclamé roi par caprice, ne lui voyant, quand il fut feul à la tête du gouvernement, aucune des qualités néceffaires, le dépoferent, pour le plus tard au commencement de 745. 19°. RATCHIS duc de Frioul fut élu roi en 745, & ne régna que quatre ans. Il fit la guerre à l'Exarque, & voulut s'aggrandir aux dépens du duché de Rome. Le pape Zacharie l'alla trouver; & le fit renoncer à fon projet. Il lui parla avec tant de force du mépris des chofes de la terre, que RATCHIS fans trop favoir pourquoi, fe démit tout à coup de la couronne en faveur de fon frere AisTULF, qu'il avoit fait duc de Frioul, & s'alla faire moine au Mont-Caffin. 20°. AïSTULF, roi par la démiffion de fon frere en 749, fut le plus ambitieux de tous les rois Lombards. Il enleva aux Grecs l'Iftrie, dont il fit duc Didier, noble citoyen de Brescia, & l'un de fes généraux. En 752, il fit la conquête de l'Exarchat & de la Pentapole, c'eft-à dire qu'il dépouilla l'Exarque de tout fon domaine, que l'empire perdit alors pour toujours. Le deffein d'AïSTULF étoit d'unir tout le refte de l'Italie à fa couronne. Il commença par le duché de Rome, dans lequel il porta la guerre. A force de négociations, le pape & les Romains obtinrent une trève de quarante ans : mais quatre mois après fa conclufion, AisгULF recommença les hoftilités. Les Romains ne pouvant avoir aucun fecours de l'empereur Conftantin Copronyme, qui ne fongeoit dans l'orient qu'à faire la guerre aux images, demanderent du fecours à Pepin, roi de France. Le pape Etienne II alla lui-même trouver ce prince, étant chargé par l'empereur de l'engager à défendre l'Italie contre les Lombards. Il fut accompagné de députés du fénat & du peuple romain, porteurs d'un décret par lequel Pepin & fes deux fils étoient créés Patrices des Romains. Etienne, amballadeur de Conftantin, fit très-bien fes affaires, & très - mal celle de fon fouverain. Il obtint de Pepin qu'il feroit la guerre aux Lombards, & que quand il auroit reconquis ce qu'ils avoient ufurpé, ille donneroit à l'églife romaine. Pepin paffa en Italie en 754, affiégea AisTULF dans Pavie, refufa aux ambaffadeurs de Conftantin de lui faire reftituer par le roi Lombard l'Exarchat & la Pentapole, & s'excufa fur ce qu'il en avoit fait à S. Pierre

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une donation qu'il ne révoqueroit pas pour tout l'or du monde. AiSTULF, preffe vivement, s'obligea à la reftitution de l'Exarchat & de la Pentapole; & Pepin reprit le chemin de France. AïSTULF, loin de remplir fon engagement, fe remit en campagne au printems de 755, ravagea les environs de Rome, & forma le fiége de cette ville. A la priere du pape, Pepin revint en Italie. AïSTULF, affiégé dans Pavie, & ferré de plus près que l'année précédente, fut obligé de céder à l'églife de Rome outre ce qu'il avoit dû rendre l'année précédente, la ville de Comacchio, que les Lombards poffédoient depuis très-long tems, & de payer une fomme confidérable pour les frais de la guerre. Les furetés furent prifes pour l'exécution du traité. Toutes ces places furent remifes entre les mains d'un commiffaire de Pepin ; & ce commiffaire le remit au pape en pofant fur l'autel de faint Pierre, l'acte de la donation que Pepin en avoit faite au faint apôtre, pour en jouir à perpétuité par les évêques de Rome fes fucceffeurs. Par cette donation les papes devinrent feigneurs de Ravenne, de Claffe, de Céfarée, de Rimini, de Pefaro, de Fano, de Céfène, de Sinigaglia, de Jéfi, de Forlimpopoli, de Montefeltro, d'Acerragia, de Monte-diLucano, de Serra, de Bobbio, de Cagli, de Luceolo, de Gubbio, de Camocchio, d'Urbin, de Narin, place du duché de Spolète, & des châteaux de faint Marin & de Suffubio. C'eft le premier exemple de terres données à l'église en toute feigneurie. AïSTULF mourut d'une chute de cheval en 756, ne laiffant point de fils. 21°. DIDIER, & fon fils ADELCHIS OU ADELGISE. Après la mort d'AïSTULF, RATCHIS, qui s'ennuyoit dans fon cloître, en fortit pour fe reffaifir de la couronne. D'autre part DIDIER, duc d'Iftrie, & non de Toscane, comme on l'a répeté mal à propos d'après Sigonius, fe fit élire par la diéte de Pavie, & fut reconnu roi par le gros de la nation. Il fut petit à petit ruiner le parti de RATCHIS, qui, fecondé de quelques ducs, fe maintint environ un an dans la Toscane, y prenant, non le titre de roi, mais celui de prince des Lombards; comme on l'apprend par cette date d'une charte authentique: guvernante domno RATCHIS, famulu chrifti, principem Laugobardorum, anno primo, menfe februario, per indictione decima. Le mois de février indiction X, appartient à 757. Par le titre de ferviteur de Chrift, que les moines fe donnoient alors, on voit que RATCHIS vouloit conferver fon froc en reprenant la couronne. Ce furent les exhortations du pape Etienne II, qui le firent retourner dans fon monaftère. DIDIER fut alors reconnu roi par toute la nation. Il regna feul durant deux ans mais en 758 ou 759, il s'affocia fon fils ADELCHIS. Il rendit des fervices au pape Etienne III, qui n'en fut pas fort reconnoiffant. Ce pape fe voyant fouverain de deux provinces confidérables, le mit en tête de recouvrer quantité de petits patrimoines ou biens de campagne répandus dans les différentes contrées d'Italie occupées par les Lombards, & dont ces peuples s'étoient emparés au commencement de leur établisfement, & qu'aucun pape n'avoit jamais reclamé. Ce fut la fource de toutes les querelles que ce pape & fes fucceffeurs Paul I, & Adrien I, fusciterent au roi DIDIER, de qui l'on avoit exigé qu'il rendît ces patrimoines : mais qui ne pouvoit effectivement rendre que ceux qui fe trouvoient dans fon domaine particulier. La plupart étoient dans les duchés de Spolète & de Benevent, qui touchoient par plus d'un côté le duché de Rome & les nouveaux domaines du pape. Didier ne pouvoit qu'engager ces ducs, fouverains chez eux, à faire rendre ces patrimoines; & ces ducs devoient chercher des moyens convenables pour les ôter à leurs poffeffeurs, qui devoient trouver étranges qu'une posfeffion d'environ deux cents ans ne les eut pas rendus propriétaires incommutables de ce qu'ils avoient hérité de leurs peres. La chofe demandoit donc du tems. Mais les papes impatiens refufant de recevoir les exemples de DIDIER, & de lui donner le tems de fatisfaire par dégrés à fon engagement, armerent contre lui Charlemagne, roi de France. A la priere d'Adrien I, ce prince vint en Italie en 773 avec une armée considérable. De fourdes intrigues engagerent les troupes des rois Lombards, à les abandonner. Ils s'enfermerent, ADEL CHIS dans Verone, & DIDIER dans Pavie. Les deux places furent prifes après de longs fiéges. ADELCHIS S'enfuit à Conftantinople. Didier & la reine Anfa fa femme furent envoyés en France; & Charlemagne prit le titre de roi des Lombards. Pendant qu'il faifoit le fiége de Pavie, il alla pafler les fêtes de Pâques de 774

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Rome. Il y renouvella la donation faite par Pepin, Tous les hiftoriens affurent la réalité de cet acte de confirmation, & difent qu'il fut dépofé fur l'autel de faint Pierre. La cour de Rome, en s'autorifant de cet acte pour revendiquer les chofes qui n'étoient pas dans la donation de Pepin, ne l'a jamais produit. Il n'en exifte pas même de copie informe; & quand on s'imaginera que Charlemagne promit de confirmer la donation de fon pere, & qu'il n'en expédia jamais le diplôme, peut-être ne s'écartera-ton pas de la vérité. Au défaut de cette confirmation, Rome en produit une de Louis le Débonnaire, fucceffeur de Charlemagne: mais l'original n'en exifte point, & n'a jamais été vu. Les copies qu'on en a, font d'autant plus fans autorité, qu'elles comtent au rang des chofes données par Louis, des pays, comme la Sicile, les duchés de Naples & de Gaiete, la Sardaigne & la Corfe, fur lesquels l'empereur d'occident n'avoit aucun droit, puisqu'ils appartenoient à l'empereur grec. Ces copies font l'ouvrage de fauffaires, qui ont interpolé le diplome de Louis; & l'on en a depuis fupprimé l'original, qui ne favorifoit pas toutes les prétentions de la cour de Rome.

En 800 CHARLEMAGNE fe fit couronner empereur par le pape LÉON III, & donna par-là naiffance à un nouvel empire d'occident, qui n'eut de commun que le titre avec l'ancien, qui ne fubfiftoit plus depuis quatre cents vingt

ans.

Vopiscus, qui vivoit fous Dioclétien, dit dans la vie d'Aurélien que les murailles dont cet empereur fit enceindre Rome avoient cinquante milles de circuit: mais les copiftes ont néceflairement corrompu le texte de cet auteur. Malgré tout ce que les anciens & les modernes ont dit de l'ancienne étendue de Rome; on peut démontrer que l'enceinte de ses murs n'a jamais été plus grande qu'elle ne l'eft aujourd'hui, qu'en comtant même les angles & les finuofités qu'elle forme, elle n'a que treize milles.

Le pere Labat (voyage d'Italie, t. 4, p. 116) a eu la curiofité de faire le tour de Rome hors des murs; &, felon fon calcul, cette ville a tout au plus quatre lieues de

tour.

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Si on en croit les Romains, dit-il, Rome eft encore aujourd'hui la plus grande ville du monde ; mais fi on s'en rapporte aux gens défintéreffés, Paris mérite cette gloire & l'emporte fur Rome, & même fur Londres, quelque chofe que puiffent dire les Anglois, un peu idolâtres de leur capitale. Il eft néanmoins certain que Rome eft auffi grande que Paris, fi on la mesure par l'enceinte de fes murailles. On prétend que celles qu'on y voit aujourd'hui font les mêmes qui y étoient du tems du fameux Belifaire. Mais ces murailles renferment une très-grande quantité de lieux non habités, de jardins Spacieux, auxquels on a donné le nom de vignes : des champs, des terres incultes; de maniere qu'il y a beaucoup plus de la moitié du terrein renfermée dans fon enceinte, & cette moi tié n'eft ni ville, ni village, mais des champs ou des jardins. Il n'y a qu'à jetter les yeux fur le plan de Rome, pour se convaincre de cette vérité. On verra que toute la partie orientale, c'est-à-dire, tout ce qui eft à la gauche du Tibre, depuis les ruines du pont Senatorial en paffant par le marché aux Bœufs, pour gagner S. Jean de Latran, n'eft abfolument point habité; que depuis S. Jean de Latran jusqu'à fainte Marie majeure, & les thermes de Diocletien où eft la chartreuse, ce ne font que des jardins, des vignes & des terres où l'on cultive des légumes & des herbages. C'eft presque encore la même chofe depuis les chartreux, en paffant derriere la place Barberine, la Trinité du mont & la vigne de Medicis. Les jardins du Vatican & les derrieres de faint Pierre occupent au moins un tiers de la partie qu'on appelle le bourg; & tout ce qui eft à l'occident de la Longara jusqu'au Tibre, n'est encore que des jardins ou des lieux peu habités; de maniere qu'on ne fait pas tort à Rome, en difant que la partie habitée de la ville eft environ le tiers de Paris. Ce que ces deux villes ont de commun, c'est qu'elles ne font point fortifiées. On ne peut pas compter à Rome pour fortification fon ancienne enceinte de murailles avec les tours, ni les mauvais baftions qui font depuis le château Saint-Ange jusqu'à la porte de Porto, fur le Tibre. Ils pourroient faire à peu près la même réfiftance que ceux que l'on voyoit autrefois à Paris, depuis l'arfenal jusqu'à la porte Saint-Honoré, dont il reste encore quelque chofe vers la porte Saint-Antoine. Voici le dénombrement des habitans de Rome, fait en 1709.

Eglifes paroiffiales, Familles,

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81. 3242.

40.

2646.

3556.

1814.

1113.

1738.

1989.

361.

80437.

58095.

106740.

31828.

106602.

138.

393.

14.

Pinzoche ou bifoche, ou femmes dévotes qui portent l'habit du tiers-ordre de quelque religion, Enfans nés dans l'année,

Morts de tout âge & de tout fexe,

TOTAL des habitans,

76.

3662.

2947.

138568.

Sans compter les Juifs, qui font huit à dix mille ames.

Rome moderne eft plus haute que l'ancienne, d'environ quatorze ou quinze pieds, felon la fupputation de quelquesuns. Cela vient de ce que la ville d'aujourd'hui eft fur les ruines de l'autre. Où il y a un nombre de bâtimens de quelque confidération, on trouve toujours un tertre ou une coline, faits fans doute des reftes ou des décombres de l'édi fice ruiné. D'ailleurs la terre, emportée des hauteurs par la violence des pluies, a contribué beaucoup à élever le terrein.

Il y a à Rome deux fortes d'antiquités, les unes chrétienes, les autres païennes. Les premieres, quoique d'une date plus fraîche, font tellement embarraffées de fables & de légendes, qu'on a fort peu de fatisfaction à les examiner. Les autres donnent beaucoup de plaifir à ceux qui les connoiffent par la lecture des anciens auteurs. La grandeur de la république éclate principalement dans ce qui refte des ouvrages qui étoient ou néceffaires ou convenables, comme par exemple les grands chemins, les aqueducs, les murailles & les ponts de la ville. Au contraire la magnificence de Rome, fous les empereurs, fe voit principalement dans les ouvrages qui étoient faits plutôt pour l'oftentation ou pour le luxe, que pour quelque utilité ou néceffité: tels font les bains, les amphithéâtres, les cirques, les obélisques, les colomnes, les maufolées, les arcs de triomphe. On a tant de descriptions bien faites de ces reftes précieux de l'antiquité, qu'on ne s'arrêtera qu'à quelques objets.

Le principal font les anciennes ftatues, dont le nombre est incroyable. On eft furpris de voir de la vie dans le marbre, & même dans les plus chetives ftatues, autant que l'on en voit dans les meilleures. Il y a une admirable reffemblance eutre les figures de diverfes divinités païennes, & les descriptions que les poëtes latins nous en ont données; mais les figures pouvant être regardées comme plus anciennes, il ne faut pas douter que les anciens poëtes n'ayent été les copiftes de la fculpture grecque, quoiqu'en d'autres occafions on trouve fouvent que la fculpture a pris fes fujets dans les poëtes. Quoique les ftatues trouvées parmi les débris de l'ancienne Rome foient déja très-nombreuses, il y a furement encore fous la terre plus de tréfors de cette nature, qu'il n'y en a deffus. On a fouvent fouillé les endroits marqués dans les anciens auteurs, pour trouver des ftatues ou des obélisques, & on n'a guères été trompé dans cette recherche. Bien d'autres endroits n'ont jamais été vifités. Telle eft une grande partie du mont Palatin, où l'on n'a point touché. C'étoit autrefois le fiége du palais de l'empereur, & l'on peut préfumer qu'on y pourra trouver une infinité de belle chofes. Mais parce que le pape s'attribue ce qu'il y a de plus riche dans ces découvertes, ou pour quelqu'autre raifon, on dit que les princes Farnéfes, à qui appartenoit ce quartier-là, n'ont jamais voulu permettre de le remuer. Il y a des entrepreneurs à Rome, qui achettent fouvent le droit de fouiller des champs, des jardins ou des vignobles, dans lesquels ils ont quelque espérance de réuffir; & il y en a qui font devenus fort riches par ces fortes d'entreprises. Ils payent l'étendue de la furface qu'ils ont à remuer; & après l'eflai, comme on fait en Angleterre pour les mines de charbon, ils fouil

lent

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