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rables, & beaucoup de priviléges & d'honneurs. Il y a parmi ces profeffeurs beaucoup de religieux. C'eft le pape qui nomme tous les profefleurs. Le bâtiment de ce collége eft magnifique, c'eft un carré long, formé par de doubles portiques. Les claffes font belles. Il y a une bibliothéque nombreuse, bien tenue, avec des revenus fixes pour l'augmenter & pour l'entretien des bibliothécaires & de leurs ferviteurs. La ftatue du pape Alexandre VII, eft placée avec justice dans cette bibliothéque, puisque ce pontife y a fait de grands biens, & qu'il a fait faire pour l'ufage des profelleurs & des écoliers en médecine, un jardin de fimples, très-bien entretenu, avec un profeffeur en botanique, qui fait des leçons publiques dans les tems convenables. Ce jardin eft placé au janicule, dans une expofition favorable; & comme le climat eft tout-à-fait propre pour la culture des plantes, on en trouve presqu'en tout tems & de très-curieu

fes.

Outre la fapience, il y a encore plufieurs colléges où l'on étudie les humanités & les fciences fupérieures. Il y a auffi des cours de philofophie & de théologie, dans la plupart des maisons religieufes. Mais le collége romain fondé par Grégoire XIII pour les jéfuites, a feul des claffes ouvertes pour toutes les fciences, la grammaire, les humanités, la rhétorique, la philofophie, les mathématiques, la théologie, l'écriture fainte & les cas de conscience.

L'églife de faint Louis n'eft pas fort éloignée de la place Navone. Elle eft fort belle, & deffervie par un grand nombre de prêtres françois. Tout joignant eft un hôpital qui appartient à la même nation. Le portrait du cardinal d'Offat eft dans cette églife, fur une colonne. Le palais de Juftiniani eft aux environs. On y voit quantité de ftatues des dieux paiens, & une infinité de pieds & de jambes de marbre. Ily a une fi grande confufion dans tous les appartemens, fur-tour dans la gallerie d'en haut qui, fi elles y fervent d'ornement on peut dire auffi qu'elles embarraffent beaucoup.Cependant on conferve le tout avec foin. Cela vient, dit-on, de ce que le vieux prince Juftiniani mourant fans héritiers mâles, lailla ce palais à un particulier voulant qu'il en fut privé, & de tous les meubles, s'il fe défaifoit de quelques parties de ces antiquités Parmi ce grand nombre de statues il y a divers tableaux fort confidérables du Titien, & d'autres grands maîtres; entr'autres le rare tableau de faint Jean l'évangélite, de la main de Raphaël d'Urbain, & celui de la Vierge & de faint Jofeph. Il faut paffer par les ruines des bains d'Alexandre Sévére pour aller à l'églife de faint Eustache. On tient qu'elle eft au même lieu où faint Eustache, fa femme Theopista, & fes enfans Agepytus & Thepistus, fouffrirent le martyre par le commandement de Tra

jan.

La Rotonde, autrefois le Pantheon, eft la plus hardie piéce d'architecture qui foit à Rome. Elle n'a été appellée la Rotonde que par le peuple, à caufe de fa figure ronde. Lorsque Boniface IV dédia cet ancien temple à la Vierge & à tous les martyrs, il lui donna le nom de Santa Maria ad martyres; & depuis quelqu'autre pape voulut que tous les faints en général fuffent compris avec les martyrs. On ne s'accorde pas fur la raifon qui At anciennement nommer ce temple Pantheon: les uns difent qu'il fut ainfi appellé, quod forma ejus convexa faftigiatam cæli fimilitudinem oftenderet. Les autres croyent qu'il fut confacré par Agrippa à Jupiter & à tous les dieux, ou peut-être à Jupiter feulement & à Cibéle mére des dieux. Il eft vrai qu'il y a des niches tout autour en-dedans du temple, & l'on peut bien conjecturer, ce femble, qu'elles peuvent avoir été remplies d'idoles; mais cela fuppofé, ces niches ne prouvent rien davantage. Varron nous parle de trente mille dieux adorés dans Rome; & le philofophe Bruxillus dit en mourant, dans fa harangue au fénat, qu'il en laiffoit deux cents quatre-vingts mille. Il auroit fallu bien des niches pour loger tout cela. Les niches ne font donc rien pour prouver que le Pantheon ait été confacré à toute la multitude des dieux qu'on invoquoit à Rome. Du reste ce temple, quoique bien dépouillé, eft encore un des plus beaux & des plus entiers édifices qui foient en Italie. On fait voir au château Saint-Ange un canon de fonte de foixante & dix livres de balle, qui a été fait auffibien que les quatre colonnes du grand autel à faint Pierre des feuls clous de bronze, dont étoit attachée la couverture du portique du Pantheon. Les colonnes de ce portique font de granite, d'ordre corinthien & d'une feule pièce. Elles ne pas d'une grofleur parfaitement égale, mais à quelques

font

pouces près de plus ou de moins, elles ont quinze pieds d'Angleterre de tour. On peut juger du refte par la la proportion. Les deux lions, qui font fous le même portique, ont fervi d'ornement à la façade du temple d'Ifis. Le inorceau de granite dans lequel eft taillée l'ouverture de la grande porte eft auffi d'une grandeur fort confidérable; il a quarante pieds de haut fur vingt de large ou à peu près. L'illustre Raphaël eft enterré dans cette églife. La voute de ce bâtiment eft ouverte de près de huit toifes pour donner du jour, car il n'en vient point d'ailleurs. Il n'y a non plus aucun pilier pour la foutenir. Auffi quand Pline parle du Pantheon, c'est comme du plus rare ouvrage de fon tems. On dit qu'anciennement il étoit couvert de tuiles de cuivre, à quoi Lipse ajoute qu'elles étoient dorées. Aujourd'hui il n'est couvert que de grandes pierres plates. Il eft haut de cent quarante pieds, & large d'autant. Toute la grande étendue n'eft soutenue que des murailles qui font la circonférence.

On traverse le Campo Martio pour aller à l'églife de San Lorenzo in Lucina. Elle eft fort ancienne & deffervie par des prêtres appellés Clerici Regolari Minori. C'est la plus grande paroille de Rome. Elle eft volfine du palais Borghefe, palais qui a de grandes beautés, & renferme bien des chofes rares.Les portiques font foutenus de quatre-vingtfeize colonnes antiques de granite d'Egypte. Entre les tableaux qui font dans les appartemens bas, il y a, dit-on, dix-fept cents originaux des plus fameux peintres. La Venus qui bande les yeux de l'Amour pendant que les Graces lui apportent les armes, eft du Titien, & pafle pour le tableau le plus exquis. Paul V, qui étoit de la maison Borghese, eft peint en mofaïque fi fine, que fon portrait contient, dit-on, plus d'un million de piéces. Ce qu'il y a de fûr, c'est que c'eft un ouvrage très-délicat.

Le maufolée d'Augufte, peu éloigné de l'églife de faint Roch, eft dans une place particuliere, où l'on ne paffe pas ordinairement. Cet édifice étoit rond & l'une des plus belles chofes qu'on pût voir à Rome. Il avoit trois rangs de colonnes rondes les unes fur les autres, dont les étages alloient toujours en retréciffant; & fur chaque étage étoit une espece de terraffe où l'on avoit planté des arbres pour y avoir de la verdure. La ftatue d'Augufte étoit fur le haut de tout l'ouvrage, élevée de terre de deux cents cinquante coudées. Il refte peu de chofe de la magnificence de ce maufolée, & le tems a presque détruit toute fa beauté. L'église de faint Antoine de Pade n'en est pas bien éloignée. Elle appartient aux Portugais, & on y voit le tombeau du grand cafuifte Navarre, qui mourut à Rome où il avoit fuivi Caranza fon meilleur ami, que l'on y avoit cité pour rendre raifon de fa doctrine. Il y a fur fon tombeau un bufte qui le représente. L'églife des auguftins que l'on trouve près de-là, renferme le tombeau de fainte Monique & celui d'Onuphrio Panvini, favant religieux Auguftin. Il y a dans le couvent une fort rare bibliothéque appellée Angelica, à cause d'Angelus Rocca, évêque & maître de la facriftie du pape, qui la donna à cette maison, à condition qu'elle feroit ouverte le matin à tous ceux qui voudroient y étudier. L'églife de faint Apollinaire qui eft près de celle des Auguftins, a été rebâtie par le pape Benoît XIV. Elle appartient au collége des Allemands, fondé par Grégoire XIII, pour y élever cent Allemands & Hongrois. Il en eft forti quantité d'évêques, des électeurs & des cardinaux en grand nombre. Il cft gouverné par les jéfuites. Le palais du duc d'Altemps eft vis-à-vis de faint Apollinaire & du collège des Allemands. La grande falle de ce palais eft embellie de beaucoup de curiofités, parmi lesquelles on remarque le triomphe de Bacchus en bas relief fur du marbre, la représentation d'une ville taillée fur du bois, qui eft une piéce curieufe, & un portrait de la Vierge tenant fon divin enfant entre ses bras de la main de Raphaël. On l'eftime cinq mille piftoles. Le tombeau de S. Anaclet pape eft fous l'autel de la chapelle du même palais, & l'on voit dans la facriftie fon chef enchâffé dans de l'argent, couvert de quantité de pierreries. On dit que les ornemens de cette chapelle ont couté plus de cinq mille écus. L'églife de faint Jean de Florence eft proche du pont Saint Ange. Elle appartient aux Florentins qui l'ont fait bâtir. On admire dans une de fes chapelles un tableau de la réfurrection de notre Seigneur fait par Lan

franc.

On compte à Rome quatre-vingts ou quatre-vingt-deux paroiffes, dans vingt-quatre desquelles il y a des font baptismaux. C'eft beaucoup plus qu'il n'en faut pour cent ciu

quante mille ames au plus qu'il y a dans cette ville. Les cu
rés ne font pas riches: ils n'ont presque que leur cafuel
qui n'eft pas fort ample. L'honoraire pour les enterremens
fe en cire blanche. Il eft taxé à deux livres pefant. Le
paye
refte eft à proportion. On ne connoiffoit point à Rome au-
trefois la pratique de faire le prône. On le fait à préfent;
mais les curés étoient obligés, & le font encore de faire
le cathéchisme tous les deux dimanches, excepté dans
les tems des chaleurs, & cela fous peine d'un écu d'or d'a-
mende.

Il eft rare que Rome & le refte des états de l'églife puis-
fent être réduits à la famine, à moins qu'il n'y ait de fuite
plufieurs années de ftérilité. Il y a des greniers publics,
non-feulement dans toutes les villes, mais même dans tous
les villages, où l'on reflerre la quantité de bled qui eft né-
ceffaire pour entretenir le peuple pendant trois années. Il
faut que ces greniers foient fournis, avant que ceux qui ont
des grains à vendre, en puiffent vendre un grain hors de l'é-
tat. Les communautés des villes, bourgs & villages, achet-
tent les bleds au prix qu'ils ont été taxés par le préfet de
l'Annone; & le donnent au même prix aux boulangers &
aux habitans qui en ont befoin, de maniere que l'on ne
mange que du bled de trois ans, qu'on prétend être beau-
coup meilleur que celui qui eft nouveau. Ceux qui ont la
garde des greniers publics n'ont point de gages : ils fe con-
tentent de l'augmentation ou accroiffement qui arrive au
bled dans les greniers. On le leur donne par mefure : & ils
font obligés d'en rendre le même nombre de mefures. Le
furplus eft pour eux. Voici la raison de l'accroiffement du
bled en Italie & dans les pays orientaux. On ne ferre point
le bled cn gerbes dans les granges, on le bat fur le champ. Il
y a pour cela une place deftinée, dont le terrein eft bien
battu, ferme & uni, ce qu'on appelle l'aire. On y arrange les
gerbes en rond, & on attache plufieurs chevaux, bœufs ou
bufles à la queue les uns des autres, qui en marchant & cou-
rant fur les gerbes, en font fortir les grains. Comme on
choifit pour
cela un tems fec & un foleil ardent, les grains
font très-fecs, & la chaleur les fait rentrer en eux-mêmes.
Ils deviennent plus petits, moins enflés, & plus durs que
s'ils étoient humides, & leur volume étant moindre, il en
tient un plus grand nombre dans une mefure, au lieu que
quand ces grains ont pris de l'humidité dans les greniers, ils
s'enflent, leur volume augmente, & par une fuite néceflaire
il en faut une moindre quantité pour remplir la mefure. C'eft
delà que vient le profit de ceux qui ont la garde des greniers
publics, profit d'autant plus confidérable, que des gerbes
ont été foulées, ou, comme ils difent, triturées dans un
tems plus fec & pendant une plus grande chaleur. Ces gar-
diens font obligés pour cela de fournir aux dépenfes qu'il
faut pour remuer & cribler leurs bleds, & pour les transpor-
ter felon le befoin d'un grenier à l'autre. Les précautions
que l'on prend pour empêcher que le bled ne manque,
n'ouvre jamais la porte à cette cruelle avarice, qui le ren-
chérit ailleurs à proportion de fa rareté. Le prix en est tou-
jours taxé. Ceux qui n'en veulent pas prendre dans les gre-
niers publics, en peuvent acheter, de ceux qui en ont à
vendre. Ceux-ci le peuvent donner à un prix au-deffous de la
taxe: mais ils feroient punis, s'ils le vendoient plus cher.
Presque toutes les terres des états du pape font extrême-
ment fertiles, & rapportent de très-bons bleds. Pour l'or-
dinaire le grain eft petit, dur & pefant; & fi les peuples
étoient plus laborieux, il eft certain qu'on tireroit de ces
états feuls dequoi fournir tout le refte de l'Italie; mais ces
peuples font mols. Ils fuyent le travail & la peine, & ai-
ment mieux fouffrir les incommodités de la pauvreté, que
de travailler pour s'en délivrer. D'ailleurs rien ne les excite
au travail. Ils n'ont rien à payer à leur prince. Les charges
font presque toutes fur les denrées qui fe confument. Ön
ne fait ce que c'eft que tailles, gabelles, fubventions, dons
gratuits, capitation & autres levées de deniers. Les entrées
de marchandifes, & particulierement des denrées de bou-
che, font légeres; & comme perfonne n'en eft exempt,
le fardeau ainfi partagé n'incommode que très-peu, &
ceux qui ne veulent point payer de droits au prince,
n'ont qu'à fe paffer des chofes fur lesquelles il y a une
gabelle.

Autant la police de Rome a-t-elle de vigilance fur l'article des bleds, autant a-t-elle de négligence par rapport à l'entretien & à la propreté des rues. Dans les plus belles rues, & même dans celle qu'on appelle il Corfo, tout eft

plein de boue en hyver & dès qu'il a un peu plu. La pousfiere n'eft pas moins incommode en été. On remédie à ce dernier inconvénient, en faifant arrofer les rues le foir, par le moyen de quelques charettes chargées d'un gros tonneau plein d'eau, au fond duquel il y a une manche de cuir avec une corde tenue par un homme qui marche derriere & à quelque diftance de la charrette: il remue cette manche de côté & d'autre, afin d'arrofer de toutes parts. On n'a pas les mêmes attentions pour nettoyer les rues, excepté dans quelques occafions très-confidérables, & pour certains endroits diftingués. On ne fait ce que c'eft que de balayer. Les grandes pluyes font les balais de Rome. Les rues font nettes quand il a bien plu, & bien fales quand il ne pleut point.

Le pavé de Rome eft très-mauvais, quoiqu'il foit mis en œuvre avec du mortier de chaux & de pouffolane, qui fait un corps merveilleux & de longue durée quand il est bien fait; mais c'eft juftement ce qui lui manque; outre que les pierres font trop petites & qu'elles n'ont point d'asfiette, le fond fur lequel on les pofe dans un bain de mortier n'a presque point de fermeté.

Les Romains ne font pas tout-à-fait d'une gravité fort auftere: ils en ont pourtant, & elle leur fied bien. Ils font fages, réfervés, circonspects, & ne donnent pas dans le plaifir à corps perdu, comme bien d'autres nations. Tout eft mefuré chez eux, & chaque chofe y a fon tems. Quoiqu'ils aiment les plaifirs & qu'ils en prennent, ils favent en bannir l'éclat, qui fouvent produit le fcandale. Il n'y a que le tems de carnaval qui les fait fortir de ces bornes raifonnables; mais aufli en fortent-ils tout de bon en ce tems-là. Dès que l'ouverture du carnaval eft annoncée avec les cérémonies ordinaires, toute la ville est en joie. Il femble que ce foit un fignal pour quitter la gravité, la retraite & les affaires. On ne fonge qu'à fe divertir. Le jour eft employé en mascarades, la nuit en bals & feftins. Rien n'eft plus magnifique, mieux entendu, plus divertiffant que les différentes fcénes qui fe fuccédent les unes aux autres. Le public y prend part fans qu'il lui en coute rien. Le cours eft le rendez-vous ordinaire des masques ; mais il n'eft pas permis à tout le monde de s'y trouver. Cela eft expreffément défendu par un édit public aux femmes de mauvaise vie, aux moines & à la canaille. C'est donc dans la rue du Cours que tous les masques s'affemblent. Les uns montés fur des chars de triomphe tirés par quatre chevaux de front, repréfentent les entrées triomphales des anciens Romains, après leurs victoires. D'autres déguifés en dieux du vieux tems, marchent fierement ornés de leurs différens attributs. On voit des chariots pleins de muficiens & des fymphonistes, à la fuite d'une montagne, où Apollon & les neuf Mufes font en conversation. On voit des théâtres portatifs, qui s'arrêtent dans les places & devant les palais qu'ils jugent à propos, & repréfentent des piéces très-comiques.

Les grands repas ne font pas du gout des Romains. Ils mangent pour vivre. Ils font propres & délicats; on pourroit même dire fenfuels; mais on ne remarque point en eux de penchant à la crapule. Ils mangent très-peu le foir, fe couchent tard, fe levent de grand matin, pour profiter de la fraîcheur, & dorment après dîner pendant quelques heures. Ils vivent tous d'une façon affez retirée. Ils fe vifitent cependant avec beaucoup de politeffe, quand il eft néceffaire, & que la bienféance le demande. Ils s'invitent même les uns les autres à des repas en certains jours; mais on ne remarque jamais entr'eux ces familiarités, qu'on eftime tant chez d'autres nations, & qu'on condamne avec raifon chez des peuples auffi polis & auffi circonspects qu'ils le font. La plupart des filles qui ont de la naiffance ou du bien, font élevées dans des couvents. On les y met de bonne heure, & elles n'en fortent que pour être mariées. Beaucoup s'y fixent pour toute leur vie, en prenant le voile. La dévotion qu'elles y ont fucée les y porte. Souvent la raifon fait ce que la dévotion n'a pû, c'eft-à-dire, que quand leur famille ne fe trouve pas en état de les pourvoir, comme elles devroient l'être, elles fe donnent à Dieu, ne pouvant pas fe donner à d'autres ; car on ignore en ce pays-là le milieu, fi fort en ufage dans les autres pays, de demeurer fille, & de vivre dans le monde, en attendant que le hasard fasse changer d'état.

2. ROME, petite ville d'Afrique, au royaume de Congo, felon Corneille qui cite Maty. Elle eft ajoute-t-il,

2

dans la riviere de Zaire, à vingt lieues au-deffus de fon embouchure, & les François y ont établi une colonie.

3. ROME, bourgade de France, dans le Vexin-Normand. Elle eft près de Bezu, à une lieue de Neu-marché & de la riviere d'Epte, & à trois lieues de la petite ville de

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ROMELIE. Voyez ROMANIE. ROMELLE. Voyez RUPEL. ROMENAY, bourg de France, dans la Bourgogne, au diocèfe de Mâcon. Il eft fitué au-delà de la Sône, entre la Breffe-Châlonnoife, & la Breffe propre.

ROMENEY OU ROMNEY ou RUMNEY, bourg d'Angleterre, dans la province de Kent, fur une élévation affez confidérable de gravier & de fable. C'eft un des cinq ports d'Angleterre. Le port qui eft à l'orient étoit affez grand & allez commode pour certains vents, avant que la mer fe fut retirée. Sous le regne d'Edouard I, elle inonda cette contrée & tira de fon lit la riviere de Rother, qui fe déchargeoit dans ce lieu-là; & fermant fon embouchure, elle lui en ouvrit une autre par Rhie; de forte que Romeney par où le Rother ne palle plus, a beaucoup perdu de fon premier luftre; ce qui a fort diminué le nombre de fes habitans. Il ne laiffe pas d'y avoir encore dans Romeney cinq églifes paroiffiales, un prieuré & un hôpital. Outre cela ce bourg a droit de marché public & députe au parlement.* Etat préfent de la grande Bretagne, t. 1, p. 78. Corn. Dict. Atlas, Royaume de Kent.

ROMERAL, village d'Espagne, dans la Caftiile nouvelle, à deux lieues d'Ocana, avec une paroiffe. Son territoire eft fertile en bled & en vin. * Pobla. de Espana. fol. 41.

ROMERSWAL ou ROMERSVILLE; ville des Pays Bas, autrefois la capitale du Zuid-Beverland, ifle de la Zeelande, & fur le bord de l'Escaut oriental. Cette ville a éré ruinée par les inondations de la mer; de forte qu'on n'en voit plus que quelques veftiges qui fervent d'habitations à des pêcheurs. Did. géogr. des Pays-Bas. Zeyler, Topogr. Seeland. p. 149.

ROMETTA, ville de Sicile, dans le Val-Demona fur une montagne, à cinq ou fix milles de Meffine, du côté du nord occidental. * De l'Ifle, Atlas.

ROMEY ou VAL-ROMEY. Voyez au mot VAL l'article VAL-ROMEY.

ROMHILDEN, ville d'Allemagne, dans la Franconic. Cette ville, avec fon château & fes dépendances, appartenoit autrefois aux comtes de Hennenberg; mais Berthold XIX, prince de Hennenberg, n'ayant point d'enfans, rendit la ville & la feigneurie de Romhilden à fon beau-frere Jean-Géorge comte de Mansfeld, qui par un traité la céda au duc de Saxe-Altenbourg. Zeyler, Topogr. Franconiæ, p. 46.

*

ROMILLY, paroiffe de France, dans la haute Normandie, au diocèse d'Evreux, à deux lieues de Conches & de Beaumont-le-Roger. Cette paroiffe eft fituée au milieu d'une campagne de terres à grains, dans le voifinage de la forêt de Conches. Il y a à Romilly une grande & belle maifon feigneuriale. La feigneurie s'étend fur cinq paroisfes, qui font Romilly, Colandre, Kinkarnum, le Tilleul & Belleville.

ROMISHORN, village de Suiffe, fur le bord du lac de Conftance, au nord de Roschach, fur une longue pointe de terre qui s'avance dans le lac, & qui forme une presqu'ifle. Ce village qui eft très-considérable appartient à l'Abbé de faint Gall. Ces terres anciennes de l'abbé font à peu près un quarré long, entre le Thourgaw & le canton d'Appenzell, ayant Wyl à l'un des bouts & Roschach à l'autre bout. Sa longueur eft d'environ huit lieues, & fa plus grande largeur de quatre lieues.

ROMITTEN, lac du royaume de Pruffe dans la Sudavie, au nord de la petite ville de Goldap. Il fe décharge dans la riviere de Goldap. HOMAN, Carte de Pruffe. Robert.

ROMONT, mot corrompu pour RONDMONT, en la tin Rotundus-Mons, ville de Suiffe, au canton de Fribourg,

& la plus belle des villes de ce canton après la capitale. Elle fut bâtie ou fortifiée par Pierre de Savoye dans le treiziéme fiécle. On la nomma Rondmont à caufe de fa fituation fur une petite montagne ronde & qui domine de tous côtés. Il y a autour de cent ans que les Fribourgeois y commencerent quelques fortifications, & ils les reprirent en 1712. Ils craignent le voisinage des Bernois qui les environnent. Romont a des foires qui font célébres & fort fréquentées. On voit dans cette ville deux couvents, de religieux & l'autre de religieufes. Longuerue, Desc. de la France, part. 2, p. 284. Etat & Délices de la Suiffe, t. 3, p. 63.

*

l'un

Le COMTÉ DE ROMONT prend fon nom de la ville qui en eft le chef-lieu. Louis duc de Savoye, donna à fon quatriéme fils nommé Jacques en partage le pays de Vaud & Romont avec la qualité de comte. Jacques fit la guerre aux Suiffes, aidé de Charles, duc de Bourgogne, qui fut défait en deux batailles, & le comte fut chaflé de fon pays, que les Suiffes ne voulurent jamais lui reftituer; mais au duc de Savoye, qui en prit poffeffion. Le comte pafla le refte de fa vie au fervice du duc Charles, & de fa fille Marie de Bourgogne ; & mourut en 1487 à Ham en Picardie, laiffant à fa fille unique fes prétentions fur le comté de Romont. Elle céda tous fes droits en 1512 à Charles, duc de Savoye, moyennant trente mille florins une fois payés. Le duc Charles jouit enfuite du pays de Vaud & du comté de Romont, jusqu'en 1536 que les Bernois alliés des Genevois, attaqués par le duc, conquirent le pays de Vaud, & les Fribourgeois, qui n'étoient pas en guerre avec ce prince, prirent le comté de Romont, de crainte que les Bernois ne s'en faififfent. Ils en ont toujours joui depuis ce tems-là; & jamais la maifon de Savoye n'en a pû obtenir la reftitution, les ducs s'étant contentés de prendre le titre de comte de Romont & de feigneur de Vaud.

ROMORANTIN, ville de France, au Bléfois, dans le pays appellé Sologne. Romorantin a pris fon nom latin d'un petit ruiffeau appellé Morantin, qui en cet endroit fe perd dans la riviere de Saudre, fur laquelle cette petite ville eft fituée. Les modernes la nomment en latin Romorantinum. Si l'on en veut croire fes habitans, elle s'appelloit anciennement Roma minor. Ils ajoutent que Céfar s'étant trouvé à l'extrémité de la forêt de Bruadam, il y fit conftruire quelques forts & quelques maifons pour rafraî chir fon armée, & leur donna le nom de Roma minor parce que le lieu & les forts avoient quelque reflemblance aux éminences & aux forts de Rome. Ils prétendent que Céfar donna le gouvernement de cette place à Titus Labienus, & que le nom de ce général est demeuré à une des portes de Romorantin, qu'on appelle aujourd'hui la porte Lambin. Ils affurent enfin que Céfar fit bâtir la tour, dont ce qui refte eft d'une épaifleur extraordinaire. Le château qui eft presque tout entier a été bâti par les princes de la maifon d'Angoulême. La paroiffe de cette ville porte le nom de Notre-Dame, & le curé n'eft que vicaire perpétuel des chanoines qui poffédent cette églife. On trouve aux environs de Romorantin un terre toute particuliere, & fort propre au dégrais, laquelle contribue infiniment à la perfection des draps. L'eau de la petite riviere de Rerre qui fe perd dans la Saudre, une lieue au-deffus de Romorantin eft encore d'une grande utilité pour les draps. Comme elle reçoit continuellement les larmes qui tombent de la plante appellée Pyment, dont cette riviere eft bordée, les étoffes ne font pas plus de huit heures dans les vaiffeaux des moulins, où on les foule, ce qui ne peut ne peut fe faire ailleurs en moins de feize heures ; & encore fans un déchet confidérable des laines. Le commerce des ferges & des draps de Romorantin eft fort confidérable. On s'en fert pour l'habillement des troupes, & le débit s'en fait à Orléans & à Paris. Enfin la bonté des laines & des draps de cette ville eft connue de toute la France. Piganiol de la Force, Descr. de la France, t. 6, p. 140. Piganiol de la Force, Des. de la France, t. 6, p. 4.

Comme le roi François I avoit fait dans fa jeuneffe quelque féjour à Romorantin, & que la reine Claude fa femme y étoit née, il lui accorda quelques priviléges qui furent confirmés par les rois Henri II, François II, Charles IX, Henri III & Henri IV; mais ce dernier ayant caffé par fa déclaration de l'an 1606, les priviléges qui n'étoient pas accordés en bonne forme par les prédéceffeurs

à quelques villes du royaume, & les échevins de Romo rantin, n'ayant point comparu aux états tenus à Aubigny pour trouver la validité de leurs exemtions, les priviléges de cette ville furent annulés. Le Roi François II donna un Edit à Romorantin l'an 1560, à l'occafion de l'inquifition que les Guifes vouloient faire établir en France. Cet édit porte que la connoiffance du crime d'héréfie appartiendra aux feuls prélats, & à leurs officiaux. Marthe Broffier, prétendue poffédée, étoit fille d'un' tifferan de Romoran tin, qui la promenoit de ville en ville. On découvrit l'impofture à Angers, à Orléans, & à Paris. Les médecins de cette derniere ville répondirent presque tous en 1598, qu'il n'y avoit rien de diabolique dans fon fait; mais beaucoup de fraude & un peu de maladie.

ROMORIA. Voyez REMONIUM. ROMSOE, ifle du royaume de Danemarck, dans le grand Belt, fur la côte orientale de l'ifle de Fionie, au nord du port de Kartemund. Dans la description du Danemarck par Rutger Hermannides, pag. 714, cette ifle eft nommée RoмPS.

ROMULA, ville de la Liburnie : l'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Benevent à Hydrunte, entre Eclanum & Pons Aufidi, à vingt-un milles du premier de ces lieux, & à vingt-deux milles du fecond. Voyez SUB-ROMULA.

ROMULEA, ville d'Italie, dans le Samnium. TiteLive, l. 10, c. 17, dit que Decius la prit par escalade, la pilla, y fit paffer deux mille trois cents hommes au fil de l'épée, & emmena fix mille captifs. Etienne le géographe au lieu de Romulea écrit Romylia. Voyez SUB-RO

MULA.

ROMULEUS-MONS, montagne de la ville de Rome, felon Ortelius qui cite Trib. Pollion, in Gallieno Imp. il ajoute, que felon Marlian c'est ce qu'on nomme aujourd'hui PALAZZO-MAJORE.

ROMULIANUM, lieu de la Dace Ripenfe, & où fut enterré l'empereur Galére Maximin, qui lui avoit donné ce nom en l'honneur de fa mere Romula. Lazius dit que ce lieu le nomme aujourd'hui Ramzaret. Aurel. Vi&. Epitom.

ROMYLIA. Voyez ROMULEA.

*

RONA, ifle de la mer d'Ecoffe du côté de l'occident & l'une des Hebrides, à quelques lieues de l'ifle de Scalpa. On lui donne un mille de longueur & un demi-mille de largeur. Le fieur Martin, dans fa description des ifles occidentales de l'Ecoffe, dit que les habitans furent tous détruits il y a quelques années. Voici comment cet accident arriva. Une légion de rats parut, on ne fait comment dans l'ifle, & mangea tout le bled. Enfuite les mariniers y mirent pied à terre & fe faifirent de tous les vivres qu'il y avoit de refte; de forte que les habitans moururent de faim, avant que leurs voifins fuffent inftruits de leur état pour les fecourir. On a envoyé depuis une colonie dans cette ifle pour la repeupler. Etat préfent de la grande Bretagne, p. 292. RONCAL, vallée d'Espagne, dans la Navarre. On fait que la Navarre s'étend fort avant dans les Pyrénées, & qu'elle comprend l'espace de vingt-fix lieues de longueur le long de ces montagnes. Elle eft divifée en plufieurs vallées comme celle de RONCAL, celle de RONCEVAUX, celle de BATAN & celle de VERA. Cette derniere, qui eft la plus feptentrionale de toutes, eft fertile; elle abonde furtout en bons pâturages : la riviere de Bidafloa l'arrofe; & il s'y trouve quantité d'animaux domeftiques & fauvages. La VALLÉE DE RONCAL eft à l'extrémité orientale, au nord-eft, & a d'un côté l'Aragon & de l'autre le Bearn. Ces vallées ont communication avec les terres de France par cinq ou fix routes différentes; mais il n'y en a guère que deux qui foient fréquentées par les voyageurs. Ce font celles des vallées de RONCEVAUX & de BATAN, dont la premiere conduit à S. Jean Pié-de-Port, dans la balfe Navarre; & l'autre dans le Lampourdan ou pays de Labourd. La premiere de ces routes, favoir celle de Roncevaux eft la plus belle, la plus commode & la plus courte de toutes, n'ayant que huit lieues de traverse dans les montagnes. En fortant de Pampelune on entre bientôt dans les Pyrénées, & traverfant des bois, des vallées & des montagnes, on arrive au Bourguette, le dernier village de la Navarre, à l'entrée de la vallée de Roncevaux. Cette vallée eft longue, large & fpacieufe entre de hautes montagnes. Elle eft fameufe dans l'hiftoire de France, à cause

d'une bataille donnée en 778 entre les François & les Espagnols. Charlemagne y fut battu par la trahifon de Ganelon le Felon. Plufieurs braves Paladins demeurerent fur la place, entr'autres Roland, neveu de Charlemagne, Renaud & quelques autres que les Romans ont tant chantés. Lorsqu'on traverfe cette vallée, on voit chemin faifant le champ de bataille, où l'on a bâti une églife nommée Nôtre-Dame de Roncevaux. Quand on eft au bout de la plaine, on apperçoit une montagne extrêmement élevée, & la plus haute de celles d'alentour : elle porte auffi le nom de Roncevaux. On monte jusqu'au fommet, où l'on a une belle & charmante vue. On découvre d'un côté l'Espagne que l'on quitte, & de l'autre la France où l'on va descendre. L'autre route eft dans la vallée de Batan. Cette vallée, qui eft au nord de Pampelune, eft longue de fept lieues, large de trois & demie, & comprend quatorze paroiffes, qui compofent un gouvernement particulier. On y va de Pampelune par Oftie. On est obligé de pafler par de hautes & d'affreufes montagnes, entre lesquelles on voit quelques vallons agréables arrofés de ruiffeaux. On arrive enfuite à Eliçondo ou Erizonde, village à neuf lieues de Pampelune, & à trois lieues delà on trouve Maya le dernier village du royaume, où eft le paffage qui conduit en France. Tout ce chemin eft fort rude & fort difficile. On fe voit fouvent dans des défilés, bordés de précipices affreux. La traverse eft de trois lieues de Maya jusqu'à Agnoa. * Délices d'Espagne, p. 682.

RONALSA. Voyez RANALS.

RONAY. Voyez ROSNAY. Roncaglia en latin.

RONCALIÆ ou RHONCHALIA, plaine d'Italie fur le Pô, au voifinage de Plaifance. C'eft où les empereurs allemands rois d'Italie, tenoient la diéte générale du royaume d'Italie.

RONCERAY,(le) RONCEREIUM, abbaye de France, dans l'Anjou. C'est une abbaye de filles de l'ordre de S. Benoît. Elle fut fondée en 1028 par Foulque Nera, comte d'Anjou, & par Hildelgarde fa femme. Elle étoit autrefois dans un des fauxbourgs d'Angers, mais elle est aujourd'hui au milieu de cette ville. La communauté eft nombreufe, & jouit de vingt-quatre mille livres de rente. Foulque Nera fonda auffi quatre chanoines pour deffervir l'églife de ces religieufes. L'abbeffe a à fa préfentation & à fa collation un grand nombre de cures, de prébendes & de chapelles. Il y a huit prieurés d'un revenu confidérable, qui font poffédés en titre par des religieufes de cette abbaye. On n'y reçoit que des demoiselles qui font obligées de faire preuve de leur noblefle, tant du côté paternel que du côté maternel. Dès qu'une novice a fait fes vœux dans le chœur de l'abbaye, l'abbeffe la conduit proceffionellement à l'églife paroiffiale de la Trinité, qui eft contiguë à celle de l'abbaye. Elle y prend fa place dans un fauteuil qui eft pofé exprès vis-à-vis le trône épiscopal. Après plufieurs prieres & un examen des religieufes qui font présentées par l'archidiacre, l'évêque commence la meffe qui eft chantée en mufique, puis il bénit les nouvelles profeffes, & leur met le voile noir fur la tête & un anneau d'or au doigt. Enfuite d'anciennes religieufes qu'on appelle paranymphes, leur attachent fur la tête une couronne de perles & de diamans. Piganiol, Description de la France, t. 7, p. 87.

1. RONCEVAUX, abbaye dans les monts Pyrénées. C'eft le premier lieu de la haute Navarre. Quand on eft monté jusqu'à l'hermitage, qui eft une chapelle toute feule dans les bois, il fe fait au plus haut du paffage de ces monts de ce côté-là, comme une petite prairie jusqu'à la chapelle du roi Charlemagne, d'où l'on commence un peu à

descendre à l'abbaye de Roncevaux, où il y a quelques maifons, un grand hôpital & une hôtellerie. L'églife & le bâtiment de ce couvent paroiffent fort vieux. Jouvin de Rachefort, Voyage d'Espagne.

2. RONCEVAUX, bourg d'Espagne au royaume de Navarre dans la vallée de même nom. Il eft entre Pampelune & faint Jean Pié de Port. D. Sanche le fort y fonda l'église de fainte Marie royale pour la fépulture, avec un collége de chanoines & un prieuré qui a voix aux états de Navarre. Voyez. RONCAL. Mayenne, Hiftoire d'Espagne.

RONCHEVILLE, paroiffe de France, dans la Normandie, au diocèfe de Lifieux, près de Pont l'Evêque avec titre de vicomté. Cette paroiffe eft fituée fur la Tou

que, à deux lieues de la mer, dont le reflux fait monter les vaiffeaux jusqu'au pont de Roncheville. L'églife paroiffiale porte le nom de S. Gourgon.

La VICOMTÉ DE RONCHEVILLE eft ancienne & d'une grande étendue. La haute juftice fe tient dans le bourg de Beaumont en Auge, & même dans la ville de Honfleur dans le territoire qui en dépend. * Corn. Dict. Mém. dreffés fur les lieux en 1702.

1. RONCIGLIONE ou RONSIGLIONE, bourgade d'Italie, dans un petit état de même nom, dont elle eft le cheflieu, & auquelle elle donne fon nom. Cette bourgade, qui pourroit aifément paffer pour une ville, eft fituée fur la Tereia, environ à un mille du lac appellé Lago di Vico. Ses rues font droites, larges & affez bien pavées. Il y a deux ou trois maisons religieufes, une belle paroiffe, & un beau collége des peres de la doctrine chrétienne de France. On y voit une grande place longue, où il y a une belle fontaine. Ronciglione eft fort marchand, très-peuplé & fes habitans font à leur aife. Magin, Carte du patrimoine de S.Pierre. Leandro, Ital.

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2. RONCIGLIONE, petit état d'Italie, enclavé dans le patrimoine de faint Pierre. Il appartenoit autrefois aux ducs de Parme comme le duché de Caftro. Voyez CASTRO & PARME.

RONCO. Voyez Bedese.

RONDA, ville d'Espagne, dans la partie occidentale du royaume de Grenade, aux frontieres de l'Andaloufie, & au midi de Settenil. Quelques-uns croyent que c'eft l'ancienne ARUNDA. Voyez ce mot. Ronda eft une ville médiocrement grande, honorée du titre de cité, dont la fituation est très-avantageufe. Elle eft bâtie fur une montagne qui n'eft proprement qu'un rocher fort haut & fort escarpé, environné de la riviere de Guadajara, qui en lave le pied, & coule dans un lit fort profond. On descend de la ville à la riviere par un bel escalier de quatre cents marches taillées dans le roc. C'eft un ouvrage des Maures, & c'eft par là que les chrétiens captifs des infidéles leur portoient de l'eau dans des outres. Une pareille fituation rend cette ville très-forte; & pour achever de la fortifier, on a fecondé la nature par les remparts qu'on y a élevés. Il y a dans la ville quatre paroifles, quatre couvens de moines, & deux de religieufes. Cette place fut conquife fur les Maures le 24 de mai 1485, par une espece de prodige. Les rois catholiques don Ferdinand & Doña Ifabelle l'avoient fait affiéger, & ne croyant pas pouvoir l'emporter, firent lever le fiége pour aller faire celui de Malaga. Les Maures qui regardoient la ville de Ronda comme imprenable, en fortirent pour aller fecourir Malaga; mais Ferdinand & Ifabelle prirent la moitié de leur armée, retournerent fecretement à Ronda, y entrerent par une fauffe porte qui fe trouva ouverte, & prirent poffeffion de la place fans perdre un feul foldat. Silva qui me fournit ce récit, dit que, felon quelques auteurs, Ronda eft la Munda ou Munda des anciens. Cela ne doit pourtant pas le prendre à la lettre, car la ville Ronda eft une ville moderne. Ce font les Maures qui l'ont bâtie en quittant RONDA-LAVIEILLE, qui eft à deux lieues de-là. Ils nommerent la nouvelle Hiznarand, c'est-à-dire, le château du Laurier. Le territoire de cette ville eft rempli de troupeaux nombreux, parce qu'il s'y trouve des pâturages fort étendus. On y fait d'excellens jambons, on y recueille toutes fortes de fruits; le gibier y abonde, & après le territoire de Grenade, c'eft le lieu le plus délicieux du royaume. Il s'y fait beaucoup de foye, & on y fabrique des étoffes très-fines. On y tient rous les ans une foire le 20 du mois de mai.* Silva, Poblæ de Espana, p. 118.

RONDA (Sierras de). On donne ce nom en Espagne à toutes ces montagnes qui font aux frontieres du royaume de Grenade & de l'Andaloufie. Ces montagnes font extrêmement rudes & très-hautes. Ce ne font presque par-tout que des rochers qui s'étendent jusqu'à la mer. * Délices d'Espagne, p. 522.

RONE. Voyez RONA.

RONEBY, ville de Suéde, au Bleckieng, dans le bailliage de Mildelsted, à quelques lieues au couchant de Carlscron. Il y a une petite riviere qui y paffe, après avoir fait un grand étang où l'on fait flotter de grands lapins, & cette riviere fe précipite horriblement par des rochers, en tombant dans la ville. Roneby, que quelques-uns écrivent Runeby, eft à une lieue de la mer, & les barques y arri

vent par le moyen de la riviere. Cependant on ne peut la voir à caufe des roches dont elle eft couverte. Elle n'eft forte que par fon affiette, n'ayant d'autre défenfe que fes murailles, qui paroiffent fort anciennes, ainfi que la ville dont les rues font très-mal percées. Il y a cependant un grand nombre d'habitans & beaucoup de marchands.* De l'Ile, Atlas.

RONELLE, petite riviere des Pays-Bas, dans le Hainaut. Après avoir paffé à Villereau, d. à Villers, d. à Marlis, d. elle paffe par Valenciennes, & fe perd dans l'Escaut. Dict. géogr. des Pays-Bas.

RONILLÆ, colonie dont Latinus Silvius fut le fondateur, felon Ortelius, qui cite André Schoffus, Origin. Roma. Il foupçonne qu'on pourroit lire Bovilla, aulieu de Ronilla.

RONSBERG, petite ville de Bohême, dans le cercle de Pilfen, proche de Herftein. Elle fut ceinte de murailles & ornée d'une églife & d'un château par Dobrohoft, feigneur de Teiniz & de Ronfberg, qui mourut en 1506. Zeyler, Top. Bohem. p. 72.

ROO, nom d'une mairie des Pays-Bas, dans le Brabant au quartier de Bruxelles.* Dict. géogr. des PaysBas.

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ROOB ou ROOBA, ville de Syrie, dans le pays d'Emefe. Voyez Roнов.

ROODE-RYS, maison de plaisance, dans les PaysBas, dans la province de Hollande, entre Delft & Overschie, proche d'Overschie, fur la gauche du canal.

ROOMBURG, bourg des Pays-Bas, dans la province de Hollande, fur le bord du Rhin à la gauche, un peu audeffus de la ville de Leyde. Ce lieu eft ancien, & il est appellé Pratorium Agrippina, par Velfer & par Alting; mais Van Loon a prouvé que Roombourg étoit l'Albiniana de la carte de Peutinger & l'Albimanæ de l'itineraire d'Antonin. On a trouvé à Roombourg diverses antiquités, entr'autres deux lions avec l'image de Pallas, & différentes médailles d'argent & de cuivre, qui porte l'effigie de Néron, d'Antonin & de quelques autres empereurs, comme de Domitien, de Nerva, de Trajan, de Tibére, de Claude & d'Anaftafe. On y a trouvé auffi des tuiles avec cette inscription: Ex Germ. inf.

ROON, ancienne feigneurie des Pays-Bas, dans l'ifle d'Iffelmonde.

ROOSCHOWA, ville de Pologne. Voyez RADZIEIOW. ROOSEN, abbaye de filles, ordre de cîteaux, dans la Flandre, au voisinage d'Aloft, fur la droite de la Denre. ROOSENBURG, petite ifle des Pays-Bas, dans la Meufe, vis-à-vis de Macnflant-Sluis, au-dessus de la Brille. *Dict. géogr. des Pays-Bas.

ROOSENDALE, gros village des Pays-Bas, dans le Brabant hollandois, à deux lieues au nord-est de Berg-opZom.

ROOSETDAL, abbaye de filles, ordre de cîteaux, dans les Pays-Bas, au quartier d'Anvers, fur la gauche de la Neethe.

ROOUS, ifle de l'Océan, l'une des Orcades, au septentrion de l'Ecoffe. Elle a l'ifle de Weftr-Oy, au nord, la pointe occidentale de Mainland au midi, & l'ifle de Wyer à l'orient. L'ifle de Roous, quoique mal cultivée, est allez abondante en bled, en orge & en légumes. La partie qui eft du côté du nord, s'éleve en des montagnes couvertes de bruyeres, où il y a beaucoup de gibier. Vers le midi le terrein eft plus bas, & c'eft où les principales habitations le trouvent.* Blaeu, Atlas.

ROP, petite ville de l'empire Ruffien, dans la Livonie, fur la rive gauche du Treiden, au-deffous de Wolmar.

ROPHANES, peuples d'Afie, felon Pomponius Mela, 1. 1, c. 2. Pintaut croit qu'au lieu de Rophanes, il faudroit lire Ochani, parce que Pline, 1. 6, c. 16, met les Ochani avec les peuples dont Pomponius Mela fait mention dans cet endroit.

ROPICUM, ville de l'ifle de Corfe, Ptolomée, 1. 3, c. I, la marque dans les terres auprès de Cerfunum! Pinet dit que le nom moderne eft Rogela.

ROPLUTÆ. Voyez RHAPLUTÆ.

ROPO, grand village de l'Attique. Il eft habité par des Grecs, & compofé de plus de deux cents feux. Ce lieu est l'ancienne ville Oropos ou Oropus, pour laquelle les Athéniens & les Bootiens ont eu de grandes conteftations, parce qu'elle étoit fur leurs frontieres. Ropo

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