S SAA AAB, lieu de la Palestine, dans la SAADAH, ville d'Afie, dans l'Arabie heureuse, & plus particulierement dans l'Yemen. Corneille dit qu'on l'appelle quelquefois SANA OU SANAA ; il se trompe. Abulfeda les distingue, & en marque la distance dans sa description de l'Arabie, Traduction de la Roque, p. 230, où il en parle ainsi: Saadah est éloignée de Sanaa de soixante parafanges: l'auteur du canon géographique dit que ce nom lui vient de sa situation qui est dans un fond: on tire de ce lieu beaucoup de beau maroquin. Saadah, selon Alazizi, est une ville bien peuplée; il y a des manufactures pour la préparation des cuirs & des peaux pour leur teinture. Elle est d'ailleurs forte & fertile dans ses dehors: de Saadah à Ashamiyah, bourg considérable, il y a vingtcinq mille pas. Ce qui est à remarquer, Corneille a pris fon article de Baudrand, qui n'a point fait cette faute, & le grossit d'un article d'Herbelot, où il est dit expressement qu'il y a fix-vingts lieues de Saadah à Sanaa. NIA dit : SAAL, ville d'Allemagne dans la Carinthie, entre SaintWeit & Clagenfurt. Edouard Brown, dans son voyage, pag. 174, Nous fumes de-là à SAAL OU SOLVA, où les Romains envoyerent autrefois une colonie, & que Wolfgang Lazius marque dans sa carte, sous le nom de COLOSOLVENSIS. Proche de cette ville est une campagne appellée AGER SOLVENSIS OU ZOLFELDT. C'est une place fort estimée pour les antiquités qu'on y trouve. Je vis dans cette campagne cette piece d'antiquité, qu'on appelle la chaire du roi; elle est toute de pierre; & il semble que ce sont deux fauteuils qui font attachés ensemble dos-à-dos. 11 y a des inscriptions sur trois de ces pierres; mais elles font fûrement plus anciennes que la chaire même. Pour ce qui regarde cette intronisation, voyez au mot Furstenftein. L'église de Saal est fort ancienne; j'y vis le tombeau de Modestus, compagnon de saint Weit. C'est un monument alfez fimple; & une tradition du pays dit que ce tombeau SAA s'est approché de l'autel d'une aune plus près que l'on ne l'avoit mis. Il y a fur les murailles de cette église plusieurs belles antiquités romaines en bas-relief, qu'on a tirées de Zolltfeldt; voilà entr'autres choses ce que j'y remarquai. Un charriot avec deux chevaux; un charriot avec un homme dedans; un loup qui mange d'un fruit qui est tombé de quelqu'arbre; Hector attaché au charriot d'Achille, de la même maniere qu'on le traîna tout autour de Troyes; quatre fort belles têtes; deux loups tenant chacun une tafle & une corne, dont il fort une vigne avec des feuilles & des grapes de raisins. C'est tout ce qu'on peut voir sur le portail. Il y a au-dedans un cupidon, qui tient des grapes de raffin en sa main: Romulus & Remus qui tettent une louve; deux figures sur le crucifix, tout proche de saint Christophe, avec quelques autres qu'on a toutes apportées de Zolltfeldt. Je vis aussi dans cette place plusieurs inscriptions, dont en voici une qui étoit sur une pierre placée au midi de l'église. HERCULI E. PRO SALUTE IMP. On trouve aussi dans ces quartiers plusieurs pièces de mo- C'est ce que ce voyageur raconte de Saal. Il est étonnant qu'une ville si considérable par son antiquité, ait échappé à Żeyler dans sa topographie de la Carinthie. Il est vrai que dans le discours général, il nommé la prévôté de Saal, & ajoute daben ein Dorff, qu'il y a un village auprès. Dans sa carte de la Carinthie il n'y a pas la moindre trace de Saal ni de Zolltfeldt. 1. SAAL (LA) OU LA SALA, riviere d'Allemagne, dans la Franconie: elle a sa source à l'orient de Konigshowe, dans l'état de l'évêque de Wurtzbourg, aux confins du Tome V. Bbij comté de Henneberg. Elle prend son cours vers le cou chant, pafle à Konigshowe, & ferpentant vers l'occident méridional, elle reçoit la Miltz, qui vient du comté de Henneberg, & à Neustadt la STREY, qui vient du nord-ouest. Un peu plus loin elle reçoit la Rhon, qui vient de Bischofsheim, paffe vers le midi, laisse le château de Saalsbourg à l'orient, & reçoit deux autres ruisseaux avant que d'arriver à Kiffing, bourg, & continuant de serpenter, tantôt vers le couchant, tantôt vers le midi occidental, elle paffe auprès de Trimberg & de Hamelbourg, & se perd en fin dans le Meyn à Gemund, entre l'évêché de Wurtzbourg & le comté de Reineck qu'elle sépare. * Jaillot, Franco nie. 2. SAAL, (LA) riviere d'Allemagne, dans la haute Saxe. Voyez SALA douze. SAAN (LA) Ou SAINA, riviere d'Allemagne, au cercle d'Autriche. Elle a sa source dans la basse Carniole, aux montagnes qui la séparent de la haute Carinthie: elle y arrose Saanech ; de-là entrant dans le comté de Cilley, elle en arrose la capitale ; & groffie de plusieurs autres rivieres qu'elle reçoit sur la route, elle tombe dans la Save, aux confins du Windismarck.* Jaillot, Cercle d'Autriche. SAANANIM, ville de la Palestine, dans la tribu de Nephtali, felon le livre de Josué, c. 19, V. 33. SAANECK, bourg d'Allemagne, au cercle d'Autriche, dans la basse Carniole, sur le bord de la Saan, qui lui donne le nom. SAAR (LA) riviere. Voyez SARE. SARBOURG. Voyez SARVERDEN. 1. SABA, royaume dont étoit reine la fameuse princesse qui vint à Jerufalem pour voir Salomon. Elle est nommée par JESUS-CHRIST même la REINE DU MIDI, Saint Matthien, C. 12, V. 42, Saint Marc, c. 11, V. 31. Les Hébraïfans modernes lisent diversement ce mot ; quelques-uns écrivent Saba, d'autres Scheba, de même qu'ils travestissent Salomon en Solomo & Schelomon: mais contentonsnous d'examiner le pays où régnoit cette princesse. Le nom de reine du midi marque que ce pays devoit être au midi de la Palestine, ce qui convient à l'Arabie heureuse. Le même paslage, allégué ci-dessus, porte qu'elle vint des extrémités de la terre. L'Arabie enfermée entre deux golfes, & terminée par l'Océan, répond à cette idée. Elle apporta avec elle en présent des choses qui se trouvoient autrefois affez communément en Arabie, savoir de l'or, des parfums & des pierres précieuses. Les anciens parlent d'un peuple de l'Arabie heureuse, nommé Sabai, dont nous parlons en son lieu, & ce peuple admettoit les femmes à la couronne. Claudien, in Eutrop. l. 2, V. 320, dit: Medis, Levibusque Sabais Imperat hic Sexus : Reginarumque fub armis Barbaria pars magna jacet. , Et les Arabes ont chez eux une tradition populaire, selon laquelle la reine Balkis fortit de la ville de Saba, autrement Marib ou Mareb, située dans l'Yemen, pour venir visiter Salomon. Le nombre des interprétes de l'écriture, qui cherchent dans l'Arabie heureuse les états de la reine de Saba eft affez grand. Entre les peres; saint Justin, saint Cyprien, faint Epiphane, saint Cyrille d'Alexandrie; entre les modernes Toftat, Maldonat, Cornelius à Lapide, & quantité d'autres catholiques. Parmi les protestans, Bochart & Le Clerc (Reg. 1. 3, c. 10, V. 1.) & ce dernier rend ces mots par Regina Sabaorum. Il y a un autre sentiment qui a des partisans non moins illuftres ; à leur tête est Joseph, 1.8, c. 2, n. 334, qui dit: Nicaulis reine d'Egypte & d'Ethiopie, qui étoit une excellente princesse, ayant entendu parler de la vertu & de la sagesse de Salomon, &c. Il est vrai qu'il cite Herodote, dans lequel on ne trouve pas précisément ce qu'il lui fait dire; mais ce détail n'empêche pas qu'on n'en puisse conclure que Joseph a attribué à l'Ethiopie la reine de Saba fur une tradition nationale des Juifs. Ce sentiment a été suivi par Origéne, saint Augustin, faint Anfelme, allégués par le cardinal Tolet; faint Jerome, Theodoret, & Procope de Gaza, sur le troisiéme livre des Rois, Vatable, le patriarche Alphonse Mendez, &c. Ce dernier dit que la continuation des charges tant civiles que militaires, & de toutes les autres coutumes usitées de tems imméniorial, subsiste encore à présent, de forte que l'Ethiopie lui a paru une vive image de l'ancienne république des Hébreux, & que plusieurs passages de l'écriture sainte lui sont devenus plus intelligibles, depuis qu'il est venu en Ethiopie. Le pere Tellez, qui d'ailleurs n'est pas fort prévenu en faveur des traditions abillines, dit néanmoins que personne ne doit s'étonner que Salomon, qui avoit épousé la fille de Pharaon, & qui avoit des femmes moabites, ammonites, iduméennes, fidoniennes & autres, ait eu auffi une femme éthiopienne. Ce qu'il allégue ensuite, semble prouver que les rois d'Abisfinie foient effectivement descendus de Salomon. Mais je ne vois point qu'il dise dans les passages allégués par Ludolff, Hift. Æthiop. que ce soit par la reine de Saba, & c'est ce qu'il faudroit pour prouver que cette princefle régnoit dans cette partie de l'Ethiopie que nous appellons l'Abiffinie: mais on fait d'ailleurs que les Ethiopiens de ce pays font perfuadés que cette princesse étoit de leur pays; qu'elle en eut un fils dont la postérité a long tems régné en Abiffinie. Ils confervent soigneusement la liste, les noms & la succession de leurs rois de la maison de David. L'eunuque de la reine Candace converti & baptisé par saint Philippe, étoit officier d'une princesse du même pays. On fait que les femmes y régnoient; & on a fait voir ailleurs dans ce dictionnaire que l'ifle de Meroé est cette partie de l'Abissinie qui est enfermée entre le Nil & le Tacaze; or Joseph, Antiq. 1.2, 6.5, prétend que la capitale de l'Ethiopie s'appelloit SABA, avant que Cambise lui eût donné le nom de sa sœur, qui s'appelloit Meroé. Voyez SABAI. Plusieurs villages qui dépendent de la principauté d'Heleni, portent le nom de Sabaim, ce qui confirme l'opinion de ceux qui prétendent que la reine de Saba régnoit en Ethiopie. 2. SABA, ville d'Asie, dans l'Arabie déserte, à fix jour. nées tout au plus de Jerufalem; le nom moderne est SIMISCAZAR, selon Guillandin, de Papyro Commentar. Ptolomée, 1.5, c. 19, la nomme SAVE Σαύη, & quelques exemplaires latins SABA. 3. SABA, port de l'Ethiopie, sur le golfe Arabique, selon Strabon, l. 16, p. 770. Il étoit voisin de l'endroit nommé la Chasse des Eléphans. Ortelius croit que c'est de ce lieu que parle Ifaïe, c. 43, quand il dit: dedi propitiationem tuam Ægyptum & Ethiopiam & Saba pro te. Il y a bien plus d'apparence qu'il ne s'agit point dans ce passage d'un lieu particulier, mais du pays des Sabéens & du royaume de Saba en Arabie. Les septante rendent ce mot par Syéne, au rapport d'Ortelius. 4. SABA OU SAVA, Olearius écrit Saba, Tavernier Sava, & de l'Ifle, dans sa carte de Turquie & de Perse, écrit SAUA, ville de Perse, dans l'Irac-Agemi ou l'Iraque persienne, sur la route de Sultanie à Com. Tavernier, voyage de Perfe, l. 1, c. 6, dit: Sava est une bonne ville dans une plaine fertile & remplie de villages; son plus grand négoce est de petites peaux d'agneaux grises, dont la frifure est fort belle, & dont on fait des fourures. Oléarius, dans son voyage, 1. 4, t. 1, p. 470, dit: Les Persans mettent cette ville à 85d de longitude, & à 35 de latitude; mais je trouvai la latitude de 34d 56'. Elle est située dans une grande plaine à la vue de la montagne Elved, qu'on découvre de-là, à cause de sa hauteur qui s'éleve dans les nues. Les reines de la ville de Rhey se trouvent sous un même parallele que Saba, qui n'en est éloignée que d'une bonne journée de chemin vers le levant. La ville de Saba n'est pas fort grande, quoiqu'elle paroisse allez au-dehors à cause des tours & de fes autres bâtimens publics. Ses murailles ne sont que de terre, & ses maisons font quasi toutes détruites; mais elle a en récompense de très-beaux jardins & des fruits rares & exquis, particulierement des grenades & des amandes. Auprès de la ville, au pied de la montagne, il vient quantité de coton & de ris, dont on fait un grand commerce. Gemelli Carreri dans fon voyage autour du monde, t. 2, p. 68, dit que cette ville est située dans une plaine stérile où il y a beaucoup de villages. Elle ne laisse pas de paroître belle, quoique la plupart des maisons ne foient que de terre: ses murailles, qui ont quatre milles de circuit, font ruinées en plusieurs endroits par les pluyes, de même que la forteresse bâtie sur le haut d'une colline. S'il étoit vrai que les murailles euflent quatre milles italiques de circuit, on ne pourroit pas dire que la ville fut petite, puisque Chardin, Voyage de Perse, t. 3, p. 38, qui dit que Sava est grande ville située dans une plaine sablonneuse & stérile à la vue du mont Alouvent (Elvend) se contente de lui donner deux milles de tour, & apparemment des milles anglois. Il ajoute: Elle est ceinte de murs, & n'est guères peuplée, & hormis le cœur de la ville le reste se ruine, faute d'être habité. Les murs sont aussi mal entretenus, & il n'y a rien de remarquable à l'entour. Elle a été belle autrefois, les ruines de plusieurs grands édifices le montrent. Il y paffe un petit fleuve & quantité de canaux. Son terroir est sec & fablonneux. Il n'y vient rien qu'à force d'art & de travail. Il y a pourtant grand nombre de jardins. L'air qu'on y respire eft échauffé & assez mal sain. 5. SABA, (l'Ile de) petite isle de l'Amérique, l'une des Antilles. Elle est, selon Rochefort, Hift. nat. des Antilles, 0.3, part. 3, P. 43, au nord-ouest de saint Eustache, sur la hauteur de 17d 35'. La colonie hollandoise de saint Eustache y a mis des habitans pour la cultiver ; ils y ont trouvé une agréable vallée & affez de bonne terre pour employer plusieurs familles qui y vivent contentes. Il n'y a point de mouillage à la côte que pour des chaloupes. La pêche y est abondante. Le P. Labat qui a relâché à cette ifle, dit qu'elle est fort petite, & ne paroît qu'un rocher de quatre ou cinq lieues de tour, escarpé de tous côtés. On n'y peut mettre à terre que sur une petite ance de sable qui est au fud, fur laquelle les habitans tirent leurs canots. Un chemin en zigzag, taillé dans le rocher, conduit sur le sommet de l'isle, où le terrein ne laisse pas d'être uni, bon & fertile. Je crois, dit ce pere, que les premiers qui y font abordés avoient des échelles pour y monter. C'est une forteresse naturelle, imprenable, pourvu qu'on ait des vivres. Les habitans ont fait des amas de pierres en beaucoup d'endroits à côté de ce chemin, foutenues sur des planches posées sur des piquets, ajustés de maniere qu'en tirant une corde, on fait pencher un piquet, & tomber toutes ces pierres dans le chemin, où elles écraseroient une armée entiere. On dit qu'il y a une autre montée du côté de la cabestere ou du nord-est, plus facile que celle-ci qui est au sud-ouest, supposé qu'on y puisse aborder; mais la mer y est ordinairement si rude, que sa côte n'est pas praticable, & c'est ce qui leur a fait négliger d'escarper cet endroit, parce qu'ils ne craignent pas d'être surpris par là. Il y a dans cette ifle un pays fort joli, au-dessus, qui ne paroît, avant que d'y monter, qu'un rocher affreux; cette ifle est partagée en deux quartiers, qui renferment quarante-cinq à cinquante familles. Les habitations sont petites, mais propres & bien entretenues. Les maisons sont gayes, commodes, bien blanchies & bien meublées. Le grand trafic de l'ifle est de, souliers; on ne voit pas de pays si cordonnier. Le gouverneur s'en mêle comme les autres ; & le ministre se divertit à ce noble exercice à ses heures perdues. Les habitans vivent dans une grande union. Ils mangent souvent les uns chez les autres. Ils n'ont point de boucherie comme dans les autres isles plus considérables; mais ils tuent des bestiaux les uns après les autres, ce qu'il en faut pour le quartier; & fans rien débourser, ils prennent ce qu'ils ont besoin de viande pour leur famille chez celui qui a tué, qu'ils lui rendent en espéce quand leur tour vient. Le commandant commence, & les autres du quartier le suivent, jusqu'à ce que ce soit à lui de recommencer. Il y a parmi eux quelques refugiés françois. Avec leur trafic de fouliers, un peu d'indigo & de coton ils ne laiffent pas d'être riches; ils ont des esclaves, de l'argent & de bons meubles. 6. SABA, ancien nom de MEROE, selon Joseph. Voyez parler de trois des principales isles qui suivent de a côté. Mais après tout, l'arrangement de ces illes dans les tables de Ptolomée, a été fait sur des mémoires fi peu exacts, qu'on n'en peut rien conclure de certain. 1. SABÆ, ancien peuple d'Afsie, dans les Indes, felon Denys le Periegete, v. 1141. C'est le même peuple que SIBÆ. Voyez ce mot. 2. SABÆ, ancien peuple de Perse, selon le même, v. 1069. Hill, dans son commentaire sur cet auteur, croit qu'ils étoient près du mont Parachoatra, qui séparoit la Médie d'avec la Perside. Il lui paroît probable que comme les Sabéens d'Arabie venoient de Sheba & de Seba, descendus de Chus, (Genef. c. 10.) le peuple Saba venoit de Sheba fils de Joktan. Ce dernier est nommé Jectan dans la Vulgate, qui appelle Saba ceux que ce savant Anglois nomme Sheba & Seba. 3. SABÆ, ancien peuple de Thrace, selon Euftathe, fur la periegése de Denys, in vers. 1069. Il ajoute que Bacchus prenoit d'eux le surnom de Sabasius, sous lequel les Thraces lui rendoient un culte particulier. 4. SABÆ, ville de la Libye intérieure, selon Ptolomée, l. 4, c. 6, qui la met vers la source du Cinyphe. 5. SABE; Etienne le géographe met une ville de ce nom en Arabie, sur la Mer Rouge, & dit que les habitans étoient nommés SABΕΙ. 6. SABÆ, peuple de l'Arabie, selon Denis le Periégére: ce font les Sabéens. Voyez ce mot. SABE ARÆ, Σαβαῖοι βωμοι, lieu particulier d'Asse, dans la Médie, près de la mer Caspienne, felon Ptolomée, 1.6, c. 2, qui les place à peu de distance de l'embouchure du fleuve Cyrus. 1. SABÆI, peuple de l'Arabie heureuse. Voyez SABÉENS. 2. SABÆI. Voyez SABA. SABAGENA, ville de la grande Arménie, sur l'Euphrate, dans la préfecture Laviniane, felon Ptolomée, 1.5, 6.7. SABAIA, place forte de la Palestine, avec garnison romaine, selon la notice de l'empire, sect. 21. Equites promoti indigena Sabaia. SABAITICUM OS, lieu de l'Ethiopie, sur le golfe Arabique, selon Strabon, 1. 16, p. 770. Ptolomée le nomme SEBASTICUM. SABAKZAR, ville de l'empire Russien, au royaume de Casan, au midi du Volga & de l'ifle de Mokritz, à quarante verstes au-dessous, & à l'orient de Kusmademianski. Olearius, qui y passa en 1636, dit, 1. 4. p. 285. Cette ville eft bâtie de bois comme les autres, mais fon asliete est, sans comparaison, plus agréable que celle de toutes les autres villes de la Tartarie. L'ifle de Mokritz en est à trois verstes. SABALASSA. Ptolomée, 1. 7, c. 1, donne ce nom à l'une des bouches du fleuve Indus: c'est la sixiéme d'occident en orient. SABALASSUS, ville d'Asie, dans la Cappadoce, dans la préfecture nommée Sargarauséne, felon Ptolomée, 1.5, c. 6. SABALIA, ville d'Afie, en Cappadoce, dans le Pont polémoniaque, dans les terres, selon Ptolomée, l. 5, c. 6. SABALINGII, ancien peuple de la grande Gertnanie, dans la Chersonnese cimbrique, selon Ptolomée, l. 2, c. 11. Ils avoient pour voisins les Sigulones & les Cobandi. a SABAMA, (2) OU SEBAMA, OU SIBMA, ville de la Palestine, dans la tribu de Ruben. (b) Isaye (c) parle des vignes de Sebama, qui furent coupées par les ennemis des Moabites. Ces derniers avoient pris la ville de Sebama, & les autres places du pays de Ruben, (d) depuis que cette tribu eut été menée (*) en captivité par Teglathphalatlar. S. Jérôme (f) dit qu'entre Hefebon & Sebama, à peine y a-t-il cinq cents pas de distance. * (2) D. Calmet, Dict. (b) Num. c. 32, v. 38. Josué, C. 13, V. 19. (c) C. 16, v. 8. (d) Jérem. c. 48, v. 32. (c) Paralip. 1. 2, c. 5, V. 26. & Reg. 1. 4, c. 15, V. 29. In Ifai, c. 16. SABAN, ville de la Palestine, dans la tribu de Ruben. Il en est parlé au livre des Nombres, c. 32, 1. 3. D. Calmet soupçonne que c'est la même que Sabama. SABANA. Voyez NASBANA & SARA. Bb iij . SABARE, ville de l'Inde, en-deça du Gange, selon Ptolomée, 1. 7, 6. 1, qui dit qu'on y trouve les dia mans. SABARATE. Voyez SABATHRA I. SABARBAYRS, ancien peuple de l'Afrique, proprement dite, felon Pline, 1.5, c. 4. Quelques exemplaires portent Sababares. Ptolomée, 1.4, 0.3, nomme le peuple Sa ubures, Σαβαβάρες. SABARCA, SABRACE, peuple des Indes. Voyez SABRACA. SABARIA, ville & colonie romaine, dans la Pannonie. Une médaille, rapportée par Golzius & par le P. Hardouin, la nomme Col. Sabaria Claudina Augusta, & dans le même lieu on trouve une pierre, avec cette inscription, inférée au recueil de Gruter. L. VAL. L. FIL. CL. CENSORINUS D. C. C. S. §. ITEM VE. LEG. I. Les quatre premieres lettres de la seconde ligne signifient decurio colonia Claudiana Sabaria. Ptolomée nomme Savaria, dans la haute Pannonie, Σαγαρία. Sulpice Sévere, dans la vie de S. Martin, dit, c. 2, que ce faint étoit de Sabarie, en Pannonie, Martinus Sabaria Pannoniarum oriundus fuit. L'abregé d'Aurelius Victor, in Didio Juliano, remarque que dans le même tems on fit deux empereurs, Niger Pescennius à Antioche, & Septime Sévere à Sabarie de Pannonie. Spartien met cette création à Carnunte. Ammien Marcellin parlant de Valentinien, 1. 30, c. 20, dit: 11 cherchoit un lieu commode pour hiverner, & il n'en trouva point d'autre que Sabarie. On croit que c'est présentement Sarwar, place forte de Hongrie, au confluent de la riviere de Guntz & du Rab, au comté de Sarwar. Quelques auteurs prétendent qu'Ovide, ayant obtenu la permiffion de revenir de son exil, mourut en chemin à Sabarie. Gaspar Bruschius dit qu'en 1508, on trouva à Sabarie une voute avec une inscription, qui marquoit que c'en étoit le tombeau. Voici l'inscription. FATUM NECESSITATIS Lex. Hic ficus eft vates, quem divi Cafaris ira Lazius croit que Sabarie est Stain am Anger, bourgade située sur la riviere de Guntz, qu'il appelle Sabaria ria ou Sabarius Fluvius. SABARTHATHA, lieu de la Palestine & la patrie du prophéte Sophonie, selon Dorothée, cité par Ortelius. SABAT, ville d'Ethiopie, dans le golfe Adulitique, selon Ptolomée, 1. 4, c. 7. C'est le même lieu que SABA 3. Voyez ce mot. 1. SABATA, felon Ptolomée, 1. 3, C. 4. SABATIA, selon Pomponius Mela, 1.2, 6.5, ancienne ville d'Italie, dans la Ligurie. Antonin fait mention de Vada Sabatia, dans son itinéraire maritime, & met ce port entre Génes & Albengue, à trente mille pas de la premiere, & à dixhuit mille la seconde. Pline, 1.3, 6.5, le nomme Portus Vadûm Sabatium. Strabon, l. 4, p. 201, dit τὰ καλεμένα Σαββάτωη εὔαδα, nominata, Sabbatûm Vada. Brutus, dans une lettre inférée dans celles de Cicéron, 1. 11, epift. 10, dit: Antoine est venu à Vada: c'est un lieu que je veux vous faire connoître : il est entre l'Apennin & les Alpes, & par où il n'est pas facile de passer, à cause de la difficulté des chemins: par cette difficulté il entend les montagnes & les marais: ce sont même ces marais qui ont donné lieu au mot Vada. La difficulté à présent est de savoir fi Sabata & Sabatûm Vada font des noms d'un même lieu. Cluvier l'assure; mais Holstenius, dans ses remarques sur l'ancienne Italie de Cluvier, l'en reprend comme d'une erreur, & met entre deux une distance de fix ou sept mille pas. Il explique ainsi ces villes qu'Antonin met sur la voie Aure lienne. Cannalicum, Pullopicem, Albingaunum, M. P. XII. M. P. XII. M. P. VII. Vada Sabatia est Vadi ou Vai, Pollupice est Final, & Albingaunum est Albengue, Sabata fumplement est Savone. Mais voici une difficulté: si Savone, aujourd'hui fiége épiscopal, est l'ancienne Sabata, comment a-t-elle pris le nom moderne, car Savone est un nom ancien, déja connu du tems des guerres puniques. Tite-Live dit qu'elle étoit dans les Alpes, Savone, oppido Alpino. De Savo, Savonis, s'est fait Savone, comme de Narbo, Narbonne : de Salo, Salone, &c. Ce qui est certain, c'est que l'ancienne Savone étoit dans les Alpes, & qu'elle doit être différente de Savone d'aujourd'hui, qui est maritime. Il n'est pas moins certain que l'ancienne Sabata étoit au commencement des Alpes. Strabon le dit : l'Apennin commence à Genes, & les Alpes à Sabata. Il paroît que Vada Sabatia étoit jadis un lieu plus fameux que Sabata ce dernier n'est nommé que par Strabon & par Ptolomée; l'autre a été connue de Strabon, de Pline', de Brutus, de Mela, d'Antonin, de l'auteur de la table de Peutinger, & de Capitolinus, dans la vie de Pertinax, de qui il dit, c. 9, qu'étant encore simple particulier, il fut taxé d'avarice, lorsqu'à Vada Sabatia, ayant accablé d'usure les propriétaires, il en profita pour étendre son domaine. Voyez SAVONE. 2. SABATA, ville d'Afie, dans l'Affyrie, felon Pline, l. 6, c. 27. Le P. Hardouin remarque que c'étoit le cheflieu d'un canton appellé SABATICE. Voyez ce mot. Elle est nommée Sambana par Diodore de Sicile, 1. 17. Voyez SABATHA. SABATE & SABATENI. Voyez SABATIA 2. SABATERNUS, qui en est dérivé. Ortelius observe que ces deux noms se trouvent dans Priscien, 1.2, comme des noms géographiques. SABATH OU SABAT, ville d'Asie, au Mawaralnahr, dans le district d'Osrusnach, au cinquiéme climat, felon Abulfeda, Collect. Oxon. t. 3, p. 47. Alfaras lui donne 89d 55' de longitude, & 40d 20 de latitude. Ebn Haukal dit: Sabat est sur le chemin de Fargana à Alshash. Un autre géographe arabe, cité par Abulfeda, p. 70, dit: Sabat, ville célébre du Mawaralnahr, voisine d'Osrushnah, à vingt parasangues on environ de Samarcande. D'Herbelot & Corneille écrivent Sabath. 1. SABATHA, ville d'Asie, à trente stades de la Seleucie de Médie, felon Zozime, 1. 3. C'est la même que SABATA 2. 2. SABATHA. Voyez SABOTA. SABATHENI, Σαβαθηνοὶ ancien peuple. Arnaud d'Andilli traduit ainsi le passage de Joseph, où il en est parlé, Antiq. l. 1, c. 6: Chus, qui étoit l'aîné des fils de Cham, eut fix fils: Sabas, prince des Sabéens; Evilas, prince des Eviléens, qu'on nomme maintenant Getuliens; Sabath, prince des Sabathéens, que les Grecs nomment Aftabarriens; Sabacht, prince des Sabachtéens, &c. au lieu de Sabathéens, on doit dire Sabathéniens. Ortelius, guidé par le nom grec Aftabarriens, soupçonne que ce pourroit bien être le peuple voisin de l'Altaboras, riviere. 1. SABATHRA, ville de l'Afrique proprement dite selon Ptolomée. Il met dans le même canton, entre les deux Syrtes, deux villes, dont l'une est Sabathra, au bord de la mer, & l'autre Sabatra, plus au midi, dans les terres. Ortelius trouve que Procope nomme Sabathra, auprès de la Syrte; mais dans le passage qu'il cite, (Hift. de Constantinople, t. 2, p. 338,) la version de Cousin porte ces mots: Il a fait enfermer de murailles la ville de Sabarate, & y a fait élever une belle église. Au reste la Sabathra de Ptolomée, ville maritime, est la Sabrata de Pline, d'Antonin & des Notices. Voyez SABRATA. 2. SABATHRA, ville de l'Arabie heureuse, selon Pline, cité par Ortelius; mais le, P. Hardouin lit SABATHA OU SABOTA. Voyez ce dernier mot. 1. SABATIA. Voyez SABATA I. 2. SABATIA REGIO & 3. SABATIA STAGNA, contrée & lac d'Italie, dans l'Etrurie. La table de Peutinger fournit le nom de Sabate; mais on ne fait si par ce mot l'auteur entend une ville qu un lac. On croit pourtant communément qu'il y avoit une ville & un lac de même nom; pour le lac, il est fort connu. Feftus dit Sabatina (Tribus) à Lacu Sabate dicta. Strabon met Σαβατα entre les lacs de l'Etrurie. Silius Italicas, 1. 8, v. 491 fait inention du lac Sabats, qu'il appelle Sabatia Stagna, & Columelle le nomme Sabatinus Lacus. Ce lac est aujourd'hui le lac de Bracciano. Le nom de Sabatia Regio est d'Annius de Viterbe. SABATICE, contrée d'Asie, dans la Médie. Elle prenoit ce nom de la ville de Sabata, comme la Sitacene prenoit le sien de la ville Sitace. La Sabatice étoit à l'orient de la Sitacene, & située de telle façon, que quelques-uns la donnoient à la Médie, d'autres à l'Elimaïde, selon Strabon, l. 11, P. 524. Cafaubon veut changer ce nom en celui de Massabatica, ce qui feroit une faute. SABATINCA, ancien lieu du Norique, selon Antonin, itiner. sur la route d'Aquilée à Lauriacum, entre Monate & Gabromagus, à dix-huit mille pas de la premiere, & à trente mille de la seconde. Lazius croit que c'est présentenient Newmarck, au-dessus de Slaming. Il ajoute que la vallée de Dienten, qui en est voisine, conserve encore des traces de l'ancien nom; il faut avoir bien envie de les y trouver, pour les y appercevoir: d'autres guidés, apparemment par le rapport de Sabatinca, avec le mot Sabat, & par le rapport du Sabat aux Juifs, ont dit que c'est Judenborg, dans la haute Styrie; d'autres enfin le cherchent ailleurs: en un mot, on ne fait où il est, & la perte n'est pas grande, puisque le témoignage d'Antonin est unique. SABATINA TRIBUS. Voyez SABATIA 3. SABATINI, ancien peuple d'Italie, dans la Campanie, selon la conjecture d'Ortelius, qui cite Tite-Live. Sa conjecture est fort juste. Cet historien, 1. 26, 6.33, dit: Omnes Campani, Atellani, Calatini, Sabatini qui se dediderunt in arbitrium, &c. On voit que Campani est un nom général qui comprend les noms suivans, comme étant des peuples de Galatia & d'Atella, ville de la Campanie; on ne peut pas douter que Sabatine n'en fut aussi un peuple. Voyez SARBATUS. SABATINUS LACUS. Voyez SABATIA 2. SABATO, Sabatus, riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans la principauté ultérieure; elle prend sa source près de Bagnuolo, aux confins de la principauté citérieure, d'où courant vers le nord elle paffe à Monte Marano; après avoir reçu le Tripalto, qui vient du côté de Fricenti, elle tourne vers le couchant, passe à Benevent, reçoit au dessous de cette ville le Calore, & va se jetter dans le Voltorno ou Volturno, vis-à-vis de Caiazzo. SABAUDI & SABAUDIA. Voyez SAVOYE. SABBA, pays dont il est parlé au pseaume 72. Les septante l'expliquent par l'Arabie. C'est ce que dit Ortelius. Le passage qu'il entend est celui-ci du pseaume 71, V. 10. Reges Arabum & Saba dona adducent. Les nouveaux Hebraifans lisent Reges Scheba & Seba ; & Vatable l'explique par les rois d'Arabic & d'Ethiopie. Sabba en ce lieu est le même pays que celui de la reine de Saba. françois le FLEUVE SAB SABBATICUS FLUVIUS, en BATIQUE, riviere que quelques auteurs mettent dans la Palestine, & dont d'autres nient l'existence. D. Calmet a traité au long ce sujet. Joseph, dans la traduction d'Andilli, guerres des Juifs, l. 7, c. 13, parle ainsi de cette riviere: Ce prince, dit-il, Titus, rencontra en son chemin une riviere qui mérite bien que nous en disions quelque chose. Elle passe entre les villes d'Arcé, & de Raphanée, qui font du royaume d'Agrippa, & elle a quelque chose de merveilleux, car après avoir coulé fix jours en grande abondance & d'un cours assez rapide, elle se seche tout d'un coup, & recommence le lendemain à couler fix autres jours comme auparavant, & à se secher le septiéme, sans jamais changer cet ordre, ce qui lui a fait donner le nom de Sabbatique, parce qu'il semble qu'elle fête le septiéme jour comme les Juifs fêtent celui du sabbat. D. Calmet fur ce même passage nous donne de cette riviere une idée bien différente. Selon lui, Joseph dit que Tite allant en Syrie, vit en passant entre la ville d'ARCES OU ARQUES, qui étoit du royaume d'Agrippa, & la ville de Raphanée en Syrie, le fleuve nommé Sabbatique, qui tombe du Liban dans la mer Méditerranée. Ce fleuve, ajoute-t-il, ne coule que le jour du sabbat, ou plutôt au bout de sept jours; tout le reste du tems son lit demeure à sec; mais le septiéme jour, il coule avec abondance, & même avec assez d'impétuosité dans la mer; de-là vient que les habitans du pays lui donne le nom de fleuve Sabbatique. Pline a voulu apparemment parler du même fleuve, lorsqu'il dit, 1. 31,0.2, qu'il y a un ruisseau dans la Judée, qui demeure à sec pen dant tous les septièmes jours : in Judea rivus omnibus Sabbathis ficcatur. Voilà Pline d'accord avec la traduction d'Andil. li. Cependant D. Calmet a raison; le texte grec de Jofeph porte que ce fleuve ne coule que le samedi; & comme les savans ont vû, que Pline & la notion que l'on doit avoir du repos du sabbat, conduisent naturellenient à dire que ce fleuve couloit fix jours, & cessoit le septiéme, ils ont tâché de concilier cette idée avec les paroles de Joseph, en les transposant, & lui ayant fait dire le contraire de ce qu'on y lisoit, & c'est sur ce changement que d'Andilli a travaillé. Ifidore parle de ce fleuve dans ses origines, 1.3, 6.13. On peut voir auffi Cardan, en fon livre de la fubtilité. Elie Thesbite, auteur juif, dans son lexique au mot SAMBATION, dit c'est le nom du fleuve duquel on dit que tous les jours de la semaine il court avec une si grande impétuosité, qu'il remue de grandes pierres, & qu'il n'est pas poffible de le passer. On en rapporte cette raison que les dix tribus font retenues captives en cet endroit, de forte qu'elles ne peuvent en sortir, pas même le jour du sabbat de peur de le violer ; & Ramban (c'est-à-dire Rabbi Moise fils de Maiemon ou Maimonide) écrit que ce fleuve est le Goza... Du reste les savans l'ont appellé SABBATON, parce qu'il s'arrête le jour du sabbat. Tel est le passage d'Elie Thesbite rapporté par le P. Hardouin, dans une note sur l'endroit : cité de Pline. Mais, comme le remarque très-bien D. Calmet, ce fleuve Sabbatique ou Sambation des rabbins, est différent de celui dont parle Joseph. Ils le mettent au de-là de l'Euphrate, dans un pays fort éloigné, où ils prétendent que les dix tribus sont encore. Elles y poffédent de très-grands états, & de grandes richesses. Le fleuve dont il parle, coule toute la semaine avec une si grande rapidité, & fait un si grand bruit, qu'on l'entend pendant la nuit à une journée de chemin, & pendant le jour à une demi journée. Il est si large, si profond & fi rapide, qu'il est impossible dele passer; & le jour du sabbat, auquel il ne coule point, on y met des gardes, afin que les Israëlites ne le passent point. Jonathan, fils d'Uziel, à qui on attribue une paraphrafe chaldaïque, a parlé du fleuve SABBATION; mais, continue D. Calmet, on croit que la paraphrafe que l'on a sous son nom n'est pas de lui, & que Joseph est le seul & premier auteur du fleuve Sabbatique, qui apparemment n'a jamais existé : du moins on n'en connoît point aujourd'hui, & aucun voyageur ni géographe n'en a fait mention; pour Pline, il avoit apparemment tiré de Joseph ce qu'il en dit. Il est vrai que Dominique Magri, dans le voyage qu'il fit en Syrie, âgé de dix-neuf ans, allure qu'étant arrivé au bord du fleuve Sabbatique avec sa caravanne, un vendredi 21 juin au soir, il vit le fleuve se tarir vers le coucher du soleil du vendredi, & demeurer à sec jusqu'au lendemain n, que la caravanne étant partie, il n'eut pas le loisir de voir si le samedi au foir, lorsque le repos du sabbat seroit paflé, le fleuve recommenceroit à couler. Ce voyageur cite les marchands de sa caravanne, & les paysans des environs du lieu pour témoins de ce qu'il avance; & il infére que Joseph s'est trompé, lorsqu'il a dit que ce fleuve ne couloit que le samedi, puisqu'au contraire il coule toute la semaine excepté le samedi. D. Calumet voudroit que Magri eût observé non-feulement une nuit, mais une ou plusieurs semaines entieres pour pouvoir attester un fait aussi extraordinaire que celui-là. Il y a plusieurs causes qui peuvent faire un torrent qui descend des montagnes, & il est fort possible que dans cette occation le seul hazard ait causé précisément cet effet le vendredi au soir. Ce pere nous renvoye à la bibliothéque rabbinique de Bartolocci, t. 1, p. 117 & 118. Holstenius, dans sa lettre de Sabbathio flumine, croit que c'est l'ELEUTHERE, dont nous parlons en son lieu, ou quelque ruisseau qui tomboit dans l'Eleuthere. Mais que ce fleuve n'existe plus, ou du moins que le miracle ait ceflé depuis plusieurs fiécles, ou le peut juger du filence de tous voyageurs modernes dont pas un ne dit l'avoir vu : car on vient de voir l'infuffisance du témoignage de Magri. Le P. Hardouin mettroit volontiers la cessation de ce miracle à l'époque de la destruction de Jerufalem. 1. SABBATUS ou SABATUS, riviere d'Italie, au royaume de Naples; elle coule à Benevent, & se jette dans le Vulturne. Cluvier, Ital. ant. croit que cette riviere donnoit le nom de SABATIA, à quelque ville dont les habitans |