VLS LE GRAND DICTIONNAIRE GÉOGRAPHIQUE, HISTORIQUE ET CRITIQUE. QUA , UACERNI, anciens Peuples de l'Espagne Tarragonoise, selon Ptolomée 1. 2, c. 6. Ils avoient chez eux des eaux minérales, accompagnées d'un Bourg. Ptolomée ne parle que du peuple & des eaux: & Antonin, Itiner, en fait un lieu qu'il nomme AQUE QUERQUENNE. On ne doute point que ce ne soit le même lieu. Il étoit sur la route de Brague à Aftorga, à cinquante-trois mille pas de la premiere. QUACHE, forteresse de la Chine dans la province de Kiangnan, au département de Yangcheu, septième Métropole de la province: elle est de 2d 29' plus orientale que Pekin, sous les 32d 53' de latitude. * Atlas Sinenfis. 1. QUADERNA DISTRUTTA, bourgade d'Italie, dans le Bolognese, à deux lieues de Bologne: ce nom & cette distance font reconnoître la Claterna des anciens, qui, felon leurs itinéraires, étoit à dix mille pas de Bologne. Or, dix mille pas romains vallent huit milles d'Italie communs, qui font deux lieues. Voyez CLATERTA. Cette bourgade est sur une riviere qui en prend le nom de QUADERTA. Baudrand met mal-à-propos ce lieu dans la Romagne. 2. QUADERNA, (LA) riviere d'Italie, dans le Bolognese. Elle a sa source dans les montagnes, à l'Orient de l'ldice, autre riviere qui est plus considérable qu'elle, & au nord d'une bourgade nommée Cassano. Elle coule vers le nord un peu oriental, paffe à Varignano, qu'elle laisse à droite, & à Rouine di Quaderna, qu'elle laisse à gauche. Elle traverse Galisano, & après avoir baigné Guardata, Palazzo di Malvezzi & Palazzo della Selva, elle joint ses eaux avec celles de la Galiana, & elles vont se perdre ensemble dans la valée de MATMORTO, au midi du Po & du Ferrarois. * Magin, Italie. QUADES, (LES) ancien peuple de la Germanie.Tacite, mœurs des Germains, c. 42, dit auprès des Hermundures font les Narisques, enfuite les Marcomans & les Quades. On voit dans ce même auteur, que sous le regne de Tibére les Sueves qui s'étoient enfuis, & qui étoient à la suite des rois Maroboduu & Catualdan, chassfés de leur pays, furent QUA placés par les Romains inter MARUM & CUSUM, c'est-àdire, entre le March & le Waag; & qu'on leur donna pour roi Vannius, de la race des Quades. (2) Domitien marcha contre les Quades & les Marcomans, pour les punir de ne lui avoir pas fourni de fecours contre les Daces. Ces deux nations lui proposerent la paix: mais il la refusa avec hauteur, fut battu, & accepta des conditions honteuses. On voit par les médailles de Tite Antonin, (b) que cet empereur donna un roi aux Quades. Cette nation entra dans la grande ligue, que les barbares firent contre l'empire romain, sous Marc-Aurele, (c) l'an 166. Il y a apparence que les Quades avoient passé le Danube, & fait des progrès dans la Pannonie, puisque cet empereur les en chassa quatre ans après, & les força, eux & les Marcomans, à repasser le fleuve avec perte. L'an 174, il étoit encore occupé à cette guerre, lorsqu'une pluie miraculeuse, obtenue par les chrétiens, sauva son armée. Les Quades s'étendoient alors jusqu'au Gran, comme de Tillemont le remarque, sur le témoignage d'Eusebe, de Dion & d'Antonin. Marc-Aurele ne se contenta pas de les avoir chasses au-delà des bords du Danube, il mit encore vingt mille hommes chez les Marcomans, (d) & chez eux: & ces troupes, toujours en mouvement, empêchoient ces peuples de labourer, de mener leurs troupeaux aux champs, faisoient des prisonniers, leur ôtoient la liberté, & interrompoient leur commerce. Les Quades s'en trouverent si incommodés, qu'ils resolurent de quitter leur pays, & de se retirer dans les terres des Semnons. Marc-Aurele, qui ne vouloit que les harceler, leur coupa le chemin. Il se soucioit peu de leur pays, & fon dessein n'étoit pas qu'ils le quittassent. Ils lui envoyerent des députés; ils lui ramenerent tous les transfuges avec treize mille prifonniers, & promi. rent de rendre tous les autres qu'ils pouvoient encore avoir; (*) ils obtinrent la paix ; mais non pas le pouvoir de trafiquer sur les terres de l'empire, ni d'habiter à deux lieues près du Danube. Les Quades, au lieu d'exécuter leurs promesses, assisterent les Jazyges & les Marcomans, qui étoient encore en armes. Ils chafferent leur roi Furtius, & mirent à sa place un certain Ariogese. Marc-Aurele, qui prétendoit que c'étoit à lui à donner des rois aux Quades, fur Tome V. A indigné de leur choix, proscrivit leur nouveau roi, loin de confirmer la paix avec eux, quoiqu'ils offrissent de lui rendre encore cinquante mille prifonniers. Ce nombre fait voir combien ce peuple étoit nombreux, & quels grands avantages il devoit avoir remportés sur les alliés de l'empire romain. Ariogese fut pris, & Marc-Aurele le relégua à Alexandrie en Egypte. Les Quades ne furent pas soumis pour cela, & firent la guerre aux Romains jusqu'à la mort de cet empereur. Ils firent la paix avec son fils Commode. Les mêmes conditions, de ne point habiter plus près du Danube qu'à deux lieues, se trouverent dans ce traité: il tira d'eux treize mille foldats ; apparemment de ces Romains prisonniers qu'ils avoient voulu rendre à son pere. L'histoire de ee peuple est fort obscure depuis cette époque jusqu'au regne de Caracalla (f) qui se vantoit d'avoir tué Gaiobomar, roi des Quades, fur je ne sais quelle accufation. Sous l'empire de Valerien, Probus (8) qu'il avoit fait Tribun, passa le Danube contre les Sarmates & les Quades, & tira des mains de ceux-ci Valerius Flaccus, jeune homme de grande naissance, & parent de Valerien. Sous Gallien, eux & les Sarmates pillerent la Pannonie (h): enfin une médaille de Numérien parle d'un triomphe sur les Quades. Cluvier, en comparant Ptolomée avec luimême, croit que ce géographe (i) donne aux Quades les villes suivantes, EBURODUTUM: il lit ainsi pour Robodunum, aujourd'hui Brin. Eburum, à peu près où est Olmutz, Il s'en faut bien que les autres géographes s'accordent avec tend que ce palais est un des temples que Strabon avoit 1. QUADRATA, ancienne ville de la haute Pannonie, 2. QUADRATA, ancienne ville de la haute Pannonie, selon l'itinéraire d'Antonin, qui la place sur la Save. Cette position a fait croire à Lazius que c'étoit aujourd'hui Radmansdorf, il dit cependant ailleurs que c'est Gurckfeld. 3. QUADRATA ou QUADRATUM. Voyez ce dernier mot, 2. 1. QUADRATE, au pluriel, ancien lieu d'Italie, sur la route de Milan à Vienne, ville des Gaules: Antonin le met entre Rigomagum & Taurinos. On croit que c'est présentement Crescentino, dans le marquisat d'Yvrée, au Piémont. La notice de l'empire, fect. 65, met Prefectus Sarmatarum Gentilium Quadratis & Eporizio. 2. QUADRATE, ville d'Allemagne. Voyez RATIS BONNE. 1. QUADRATUM, lieu de la premiere Pannonie ou du Norique Ripense, selon la notice de l'empire, sect. 58, & non point, comme le dit Ortelius, dans la Germanie, qui ne s'étendoit pas jusques-là. Antonin met ce lieu à vingtdeux milles de Ad Statuas, & à trente mille pas de Gerulata. Entre cette derniere & Quadratum, à quinze milles romains de l'une & de l'autre, étoit Carnuntum. Si Carnuntum est aujourd'hui Hainbourg, comme beaucoup de géographes le croyent, le Quadratum d'Antonin ne fauroit être Gurckfeld, comme Lazius l'a cru. Car ce Gurckfeld eft trop loin de Hainbourg, les quinze milles romains ne valant que trois milles d'Allemagne. Or Gurckfeld est bien loin de-là sur la Save, dans la Windischmarch, au confluent de la riviere de Gurck, dont elle prend son nom, & que les anciens ont connue sous le nom de Corcoras. Cette place de Gurckfeld semble avoir été nommée Noviodunum, par Antonin. Le Quadratum, dont il est ici question, tombe vers le milieu de l'isle de Schutt, & paroît être aujourd'hui Wisselbourg. * Cellar. Geogr. ant. 1. 2, c. 8, P.552. vita Probi. (h) Eutrop. (1) German. antiq. 1. 3, c. 31. que tout-à-fait fous terre. Sa beauté semble annoncer qu'il a été la demeure des anciens rois d'Egypte. Un peu plus loin est un autre palais, plus superbe encore: quatre avenues répondent à quatre portes de plus de soixante pieds de haut. Des deux côtés de ces avenues font des sphynx de plus de vingt à vingt-cinq pieds chacun: ils font à deux pas les uns des autres, & se regardent. Ce palais est soutenu par de belles colonnes. Dans une des salles, pour marquer sa grandeur, il suffit de dire que j'y en ai compté cent trentecinq de granite & de porphyre, fi groffes, que quatre hommes ne pourroient les embraffer. Dans un lieu qui paroît comme la cour de ce palais, on voit un grand étang plein d'eau, qui fert encore aujourd'hui aux habitans pour laver leur linge. Ce grand étang est revêtu de marbre tout alentour. Plus loin, contre la muraille de ce palais, font deux statues d'une seule pierre très-blanche. Elles ont comme une espece d'épée au côté. On en voit encore plusieurs autres qui ont plus de vingt-quatre à vingt-cinq pieds de haut. De-là nous entrâmes dans des appartemens qui étoient bâtis de porphyre, & fi beaux que l'on reffent de la douleur ⚫ de voir tous ces beaux lieux abandonnés. Quelqu'un pré 2. QUADRATUM ou QUADRATA, ancien lieu de la basse Pannonie, entre Noviodunum, que nous venons d'expliquer par Gurckfeld, & Sistia, à vingt-huit mille pas de la premiere & à vingt-neuf mille pas de la seconde. C'est apparemment ce Quadratum que Lazius a pris pour Gurckfeld. Mais en un autre endroit il le prend pour Radmansdorf sur la Save. Il se laissoit plus volontiers guider par une ressemblance de lettres que par les distances. Je ne trouve aucune raison de croire que ce Quadratum soit différent de celui qu'Antonin met sur une toute d'Aquilée à Siscia. C'est toujours la même Siscia dans les deux routes. La différence des distances ne vient que de ce que de Quadratum à Siscia, en droite ligne, il n'y avoit que vingtneuf mille pas, au lieu que quand en partant de Quadratum, on passoit par Ad Fines, on faifoit fix milles de dépas, & d'Ad Fines à Siscia vingt-un mille pas. * Antonini, Itiner. QUADRAZES, petite place d'Espagne, selon Corneille, au royaume de Valence. Elle est, dit-il, fermée de murailles, avec quelques fortifications au-dedans. Pendant la révolte de ce royaume, excitée par l'archiduc, contre le roi Philippe V, les Portugais mirent en ce lieu une garnison, consistant en une compagnie de cavalerie & quelque infanterie, qui faisoient des courses sur la frontiere, & elle servoit comme de place d'armes à des milices commandées par le curé, qui s'étoit acquis dans le parti une réputation de bravoure & de conduite, & s'étoit fait une espece de généralat. D. Gonçalo de Carvajal, brigadier, détaché avec le régiment de Pacheco & deux cents chevaux s'approcha de cette place au commencement de mai 1707, & y entra par escalade. Tous les Portugais qui s'y trouverent, furent tués, & on prit le curé avec sa bande. د QUADREA, bourgade d'Italie, dans le Ferrarois, fur le Pô, à deux lieues au-dessous de Ferrare. Quelques-uns y cherchent le CAPUT PADI des anciens, que d'autres placent à CoDOGERO, sept lieues plus bas. * Baud. ed. 1705. 1. QUADRIBURGIUM, ancienne ville des Pays-bas. Ammien Marcellin, 1. 18, c. 2, nomme sept villes, que l'on prit en ces quartiers-là, savoir Caftra Herculis, Quadriburgium, Tricefima, Novefium, &c. Tricefima étoit à l'extrémité du peuple Gugerni; par conféquent Quadriburgium. étoit au commencement des Bataves. Cela s'enfuit naturellement, & ce lieu répond à Burginatium de l'itinéraire, à cinq milles de Tricefima. Alting explique l'un & l'autre mot par Burgum Ad Aquas, en langue allemande WATERBURG, mot qui convient bien au Quadriburgium d'Ammien Marcellin ; Quadriburgium ou Watriburgium se reflemblent bien. Les Latins n'ayant point de double V, W, ont mis un Q au lieu du premier V. Cluvier met ce lieu hors de l'ifle, fur la rive gauche du Vahal; il n'a pas fait assez réflexion que tous les calculs conduisent dans l'ifle où ce licu étoit. 2. QUADRIBURGIUM, place de la Valerie, près du Danube, felon la notice de l'empire, fect. 57. 3. QUADRIBURGIUM, autre place, ou dans la premiere Pannonie, ou dans le Norique voisin du Danube, felon la même notice, fect. 58. Ce qui cause cette incertitude, c'est qu'elle est mise dans le département d'un commandant qui s'étendoit sur ces deux pays. QUADRIGA: ce mot n'est que la traduction latine du mot grec HARMA, qui veut dire un chariot, & qui étoit le nom d'un lieu de la Béotie. Valere Maxime, l. 1, c. 8, parlant de ce lieu, a changé le nom grec en un mot latin. QUÆSTORIANENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Byzacene, selon la notice d'Afrique, qui fournit VICTORIANUS QUÆSTORIANENSIS. Beatus Stephanus spes in Deo, autre évêque du même lieu, fouscrivit à la lettre adreffée à l'empereur Conftantin. * Harduin. Collect. conc. 7. 3, p. 740, t. 2, p. 873. QUAHOE: les Hollandois écrivent ainsi, mais ils prononcent comme s'il y avoit Quahou; nos François, qui ont égard à la prononciation, écrivent Quahoe, petit pays de la Guinée, sur la côte d'or, dans les terres, au royaume d'Acambou, au nord de celui d'Acara, auquel il confine. On en tire de l'or, qui se trafique à Acara. * D'Anville, Guinée. De la Croix, Afrique, t. 3. QUAKENBRUGGE, petite ville d'Allemagne, au cercle de Westphalie, dans l'évêché d'Osnabrug, fur la riviere de Hafs, aux confins de l'évêché de Munster, à neuf lieues d'Osnabrug, vers le nord. * Baud. édit. 1705. QUAMBEN, ville de la Cochinchine, dans la province de Quambern, dans la partie la plus septentrionale de ce royaume, & dans les terres; aux confins des royaumes de Tonquin & de Laos. QUAMSI. Voyez QUANGSÍ. QUAMTUNG. Voyez QUANTON. QUANAMORA, ville d'Afrique dans la haute Guinée, fur la riviere de Scherbro, au pays de Silm monou, dont élle est la plus considérable. Elle est grande & bien peu plée, mal bâtie néanmoins, à la réserve d'un vaste édifice qui s'éleve au centre, & qui fert aux negres pour leurs affemblées. Dapper dit qu'il y a dans cette ville cinq mille familles, mais que ce peuple passe pour une nation perfide. La ville est derriere un grand bois, qui en cache la vue aux chaloupes. * Barbot, Dapper, Côte de Guinée, par Bellin. QUANAPOUR, village de l'Indoustan, sur la route de Surate à Aurengeabad, entre Naapoura & Pilpenar, à fix lienes de l'une & de l'autre ville. * Thevenot, Voyage des Indes, c. 43. QUANCHANG, ville de la Chine, dans la province de Kiangli, au département de Kienchang, fixiéme métropole de la province. Elle est de 43' plus occidentale que Pekin, sous les 28d 12' de latitude. * Atlas Sinenfis. QUANG, ville de la Chine, dans la province de Honan, au département de Juning, huitiéme métropole de la province. Elle est plus occidentale que Pekin de 1d 50', par les 3.34 20′ de latitude. * Atlas Sinenfis. QUANGCE, ville de la Chine, dans la province de Fokien, au département de Xaouu, huitiéme métropole de la province. Elle est de 15' plus occidentale que Pekin, fous les 27d 24' de latitude. * Atlas Sinenfis. QUANGCHANG, ville de la Chine, dans la province de Channsi, au département de Taitung, troifiéme métropole de la province. Elle est plus occidentale que Pekin de 3d 30', par les 39d 57' de latitude. * Atlas Sinenfis. QUANGCHEU, qu'on prononce QUANTCHEOU, ville de la Chine, dans la province de Quanton, dont elle est la capitale. La ville nommée Sina Metropolis, dont parle Ptolomée, ne peut être que dans la Chine. C'est probablement le nom de la capitale de la province où les Romains & les Indiens abordoient, c'est-à-dire, Kouamtcheou ou Canton. Hist. générale des Huns, par M. de Guignes, t. 1, p. 76. Cette ville, felon le pere Martini, est de 4d 2' plus occidentale que Pekin, sous les 23o 15' de latitude. Le lieu où eft présentement cette ville, s'appelloit Jangching, ap. partenoit aux rois de NANIVE, & n'avoit rien de remarquable. Hiao ayant subjugué toutes les provinces méridionales, y bâtit une ville nommée Quang-Cheu. Cin la nomma Hinhoei; Sui l'appella Fancheu; Tous les familles de Tang & de Sung, elle fut nommée Cinghai: & enfin celle de Taiminga lui rendit l'ancien nom de Quang-Cheu. Le territoire de cette ville renferme quinze villes, entre lesquelles Macao n'est point comptée, quoiqu'elle en soit effectivement, savoir, Ce territoire est terminé à l'Orient par des montagnes, & ailleurs par la mer. Il est bien arrofé & a des plaines très fertiles. La capitale eft considérable par sa grandeur, qui est de quatre milles d'Allemagne, en y comprenant fes fauxbourgs, & par la beauté des édifices publics, par la multitude des habitans, par l'avantage de sa situation; car quoiqu'elle soit à quelque distance de la mer, cependant les plus gros vaisseaux ne laissent pas d'y arriver jusques dans les grands canaux, dont la ville est environnée. Il n'y a qu'une porte vers la terre ferme au nord. La quantité & le débit des marchandises répondent à la grandeur de cette ville, il y a un concours perpétuel de marchands. On en enleve & on y apporte toute l'année une infinité de marchandises. Le pere Jacques, missionnaire jésuite, Lettres édifiantes, t. 16, p. 40, 42 & suiv. la nomme Canton, & dit: le port de Canton s'appelle Van Pou. Canton eft une grande ville, ou plutôt un composé de trois villes séparées par de hautes & belles murailles, mais tellement jointes, que la même porte fert pour ut fortir de l'une & pour entrer dans l'autre. Le tout forme une figure à peu près carrée. Le circuit ne paroît pas céder beaucoup à celui de Paris. Ceux qui font éloignés du centre, marchent quelquefois une heure entiere en chaife, pour faire une visite. Il n'y a cependant ni vuides ni jardins fort spacieux. Les rues font fort longues, droites & ferrées, à la réserve de quelques-unes plus larges, où l'on trouve de distance en distance des arcs de triomphe affez beaux, Les maisons ne font que des rez de-chauffée, presque toutes bâties de terre, avec des accompagnemens de briques, & couvertes de tuiles. Dans les rues tout est boutique, où regne une grande propreté. Il y a quelques temples d'idoles, environnés de cellules de bonzes. La salle de Confucius aussi bien que l'académie où les lettrés s'affemblent, font des morceaux curieux. Les Ya-men ou palais des mandarins ont auffi leur beauté & leur grandeur, avec différence néanmoins de ce qu'en ce genre on appelle beau & grand en Europe. La riviere est chargée le long des deux rivages d'une quantité prodigieuse de barques à rangs multipliés, qui font les seules habitations d'un peuple infini, & qui font une ville flottante très-considérable: de maniere qu'à compter tout ce qui compose Canton, on prétend qu'il y a au moins un million d'ames. L'étendue de la ville & la quantité de monde qui est dans les rues, fans qu'on y voie de femme, rendent la chose croyable. Le pere de Premare, autre miffionnaire, confirme ainsi' cette idée. La ville de Canton, dit-il, est plus grande que Paris, & il y a pour le moins autant de monde. Les rues sont étroites & pavées de grandes pierres plattes & fort dures; mais il n'y en a pas par-tout. Avec les chaises qu'on y loue pour peu de chose, on se passe aifément de carrofles, dont il feroit d'ailleurs presque impoflible de se servir; les maisons font très-basses & presque toutes en boutiques. Tome V. Aij Les plus beaux quartiers ressemblent assez aux rues de la foire de S. Germain. Il y a presque par tout autant de peuple qu'il y en a à cette foire, aux heures qu'elle est bien fréquentée. On a de la peine à passer. On voit très-peu de femmes, & la plupart du peuple qui fourmille dans les rues font de pauvres gens chargés de quelque fardeau; car il n'y a point d'autre commodité pour voiturer ce qui se vend & ce qui s'achette que les épaules des hommes. Ces porte-faix vont presque tous la tête & les pieds nuds. Il y en a qui ont un vaste chapeau de paille, d'une figure fort bizarre, pour les défendre de la pluye & du soleil. Tout cela forme une idée de ville affez nouvelle, & qui n'a guères de rapport avec Paris. Quand il n'y auroit que les maisons seules, quel effet peuvent faire à l'œil des rues entieres, où l'on ne voit aucune fenêtre : & où tout est en boutiques, pauvres pour la plupart, & souvent fermées de simples clayes de bambous, en guise de portes? On rencontre cependant à Canton d'affez belles places, & des arcs de triomphes affez magnifiques à la maniere du pays. Il y a un grand nombre de portes, quand on vient de la campagne, & qu'on veut paffer de l'ancienne ville dans la nouvelle. Il y a des portes au bout de toutes les rues, qui se ferment un peu plus tard que les portes de la ville. Ainsi il faut que chacun se retire dans son quartier fitôt que le jour commence à manquer. Cette police remédie à beaucoup d'inconvéniens; & fait que pendant la nuit, tout est presque aussi tranquille dans les plus grandes villes que s'il n'y avoit qu'une feule famille. * Lettres édif. t. 2, p. 98. La demeure des mandarins, ou Ya-men, a je ne sais quoi qui surprend. Il faut traverser un grand nombre de cours, avant que d'arriver au lieu où ils donnent audience, & où ils reçoivent leurs amis. Quand ils sortent, leur train est majestueux. Le Tsong-tou, par exemple, c'est un mandarin qui a l'intendance de deux provinces; le Tfong-tou, dis-je, ne marche jamais sans avoir avec lui pour le moins cent hommes. Cette suite n'a rien d'embarrassant: chacun fait fon pofte. Une partie va devant lui avec divers symboles & des habits fort particuliers. Il y a un grand nombre de foldats, qui font quelquefois à pied : le mandarin eft au milieu de tout ce corrége, élevé sur une chaise fort grande & bien dorée, que fix ou huit hommes portent sur leurs épaules. Ces fortes de marches occupent souvent toute une rue; le peuple se range des deux côtés, & s'arrête, par respect, jusqu'à ce que tout foit paffé. Les bonzes y font en grand nombre. Ils ont de longues robes qui leur descendent jusqu'aux talons, avec de vastes manches qui ressemblent entierement à celles de quelques religieux d'Europe. Ils demeurent ensemble dans leurs pagodes comme dans des couvens, vont à la quête dans les rues, se levent la nuit pour adorer leurs idoles, & chantent. à plusieurs chœurs d'un ton qui approche affez de notre pfalmodie. Cependant ils sont fort méprisés des honnêtes gens. Il y a une espece de ville flottante sur la riviere de Canton. Les barques se touchent, & forment des rues: chaque barque loge toute une famille, & a, comme les maisons régulieres, des compartimens pour tous les usages du mé nage. Le petit peuple qui habite ces casernes mouvantes, décampe dès le matin pour aller pêcher, ou travailler au ris, qu'on seme & qu'on recueille trois fois l'année. Une Lettre du P. du Tartre, jésuite, à du Tartre son pere, parle ainsi de cette ville: Ce n'est pas une ville, c'est un monde & un monde où l'on voit toutes fortes de nations. La situation en est admirable. Elle est arrosée d'un grand fleuve, qui par ses canaux aboutit à différentes provinces. On dit qu'elle est plus grande que Paris. Les maisons n'y font pas magnifiques au-dehors; le plus fuperbe édifice eft l'église que le pere Turcotti, jésuite, y a fait bâtir, vers l'an 1699. Les infidéles s'en étant plaints au viceroi comme d'une infulte que cet étranger faifoit à leurs maisons & à leurs pagodes, celui-ci leur répondit >> Comment voulez-vous que je fasse abattre à Canton une >> église dédiée au Dieu du Ciel, tandis que l'empereur lui >> en fait élever uneplus belle encore à Pekin, dans son >> propre palais? * Lettres édifiantes, t. 3, p. 141. La riviere qui paffe par cette ville, s'appelle TA. Nos Européens la nomment riviere de Canton, comme les étrangers appellent la Seine riviere de Rouen, & la Loire riviere de Nantes. Castald, cité par Ortelius, croit que c'est l'ancienne Cattigara. QUANGCHING, petite ville de la Chine, dans la Province de Channton ou Xantun, au département de Tungchang, troisiéme métropole de la province. Corneille écrit ce nom Quangching; mais le P. Martini écrit Quongching. Elle est de 1d 37' plus occidentale que Pekin, à 368 34' de latitude. Il y a tout auprès le lac de Ho, où le roi Guei nourrissoit autrefois des grues avec beaucoup de soin. Les Chinois aiment encore aujourd'hui à nourrir des grues & des cerfs; car comme ces animaux vivent très-long-tems, à force de les avoir chez eux, & de les voir souvent, ils s'imaginent que ces animaux leur communiquent les esprits, qui sont en eux le principe d'une longue vie. * Atlas Sinenfis. QUANGÇUNG, ville de la Chine, dans la province de Pekin, au département de Xunte, cinquiéme métropole de la province. Elle est de 2d 30 plus occidentale que Pekin, sous les 37d 50' de latitude. * Atlas Sinenfis. QUANGGAN, ville de la Chine, dans la province de Suchuen, au département de Xunking, troisième métropole de la province. Elle est plus occidentale que Pekin de 10d 14', par les 31d de latitude. * Atlas Sinenfis. QUANGHOA, ville de la Chine, dans la province de Huquang, au département de Siangyang, troifiéme métropole de la province. Elle est plus occidentale que Pekin de 6d3', par les 32d 58' de latitude. * Atlas Sinensis QUANGLING, ville de la Chine, dans la province de Channsi, au département de Taitung, troisiéme métropole de la province. Elle est plus occidentale que Pekin de 3d 6', par les 39d 50' de latitude. * Atlas Sinenfis. QUANG-NANG, ville de la Chine, dans la province d'lunnan, dont elle est la huitiéme métropole. Elle est de 13d 25 plus occidentale que Pekin, à 24d de latitude. Le P. Martini la met au nombre des villes démembrées de l'empire Chinois, & dont le Tonquin s'est emparé, auffi-bien que de la ville de Fu, qui en dépend. Ce canton, où Quangnang est située, est naturellement séparé de l'empire de la Chine par de grandes & hautes montagnes. Il est tout en plaine, & il n'y a pas un seul endroit qui ne foit mis à profit. Aussi est-il fort peuplé; on l'a nommé terre d'or, à cause de sa fertilité, quoique les Chinois en appellent les habitans des barbares. Ils se tuent les uns les autres pour le moindre sujet. Les hommes & les femmes marchent nuds pieds : ils ont des habits fort courts, & les cheveux épars : ils mangent les infectes, les vers, les serpens & les rats. Le mont Lienhoa est à l'orient de la ville, son nom vient de Lien, fleur, parce qu'il a la figure d'une fleur épanouie. * Atlas Sinenfis. QUANGNHIAC, ou QUANLIA, bourgade, riviere & province de la Cochinchine, dans sa partie méridionale. Les autres lieux, dont parle le P. Alexandre de Rhodes Voyages, 2 part. c. 17, qui a eu cette province en son département, sont Chaimi, bourg & port de mer, & Baobam, ville. Cette province est nommée Quangnhiac, dans la relation des missions des vicaires apoftoliques, 2 part. c. 8. QUANGNING, ville de la Chine, dans la province de Quanton, au département de Chaoking, fixieme métropole de la province. Elle est plus occidentale que Pekin de sa par les 234 55' de latitude * Atlas Sinenfis. 1. QUANG-PING, ville de la Chine, dans le Pekeli, dont elle est la sixiéme métropole. Elle est de 2d 34' plus occidentale que Pekin, par les 37d 25' de latitude. Le canton où elle est située étoit du royaume de Cin du tems des rois; elle fut ensuite de celui de Chao, & de celui de Hantan, sous la famille de Cin. Le nom qu'a cette ville aujourd'hui lui a été donné par la famille de Han, & elle l'a conservé jusqu'à présent. Entre autres temples confacrés aux grands hommes, il y en a un de remarquable. Ils prétendent. qu'un de ces héros apparut, & instruifit je ne fais quel pauvre enfant, qui profita fi bien de ses leçons, qu'il devint un excellent philosophe, & fut choisi pour commander à tout le pays. Ce Canton renferme neuf villes, savoir, |