en droite ligne & bordés d'arbres, ce qui récrée beaucoup la vue. Toutes les maisons de cette isle font fort bien bâties. Comme il y a peu de rivieres, on se sert d'eau de puits. Le P. du Tertre, Hift. gén. des Antilles de l'Amérique, t. 1 & 2. Rochefort, Hilt. naturelle des Antilles, t. 1. Labat. 7. SAINT - CHRISTOPHLE EN CHAMPAGNE, bourg de France, dans le Maine, au diocèse du Mans. 8. SAINT-CHRISTOPHLE LE BOUCHERI, petit bourg de France, dans le Berri, au diocèse de Bourges, près de la forêt de Mouers; c'est une dépendance de la baronnie de Liniers. 9. SAINT-CHRISTOPHLE, (mines de) dans l'isle de Saint-Domingue, découvertes & nommées ainsi par Chriftophle Colomb, en 1495, vers l'endroit où fut depuis bâtie la ville de Saint-Bonaventure, qui ne subsiste plus. On en trouva encore d'autres dans la suite, qui furent nommées les nouvelles ifles de Saint-Chriftophle. Les unes & les autres étoient très-abondantes, & n'ont été abandonnées que faute d'ouvriers, pour y travailler. Le P. Charlevoix, Hift. de Saint-Domingue, t. I. 10. SAINT-CHRISTOPHLE, (montagnes de ) dans l'Amérique septentrionale, & dans la province de Veragua. Elles ont été ainsi nommées par Christophle Colomb, qui découvrit en 1503 cette province, érigée depuis en duché, par D. Louis Colomb, son petit-fils. On trouva ces montagnes, en remontant la riviere de Veragua. Le P. Charlevoix, Hift. de Saint-Domingue, t. 1. 11. S. CHRISTOPHLE D'IBEAS, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, de la congrégation de Leon, en Espagne, dans la vieille Castille, au diocèse de Burgos. SAINT-CIBARDAUX, bourg de France, dans l'Angoumois, au diocèse de Saintes. 1. SAINT-CIERS-CHAMPAGNE, bourg de France, dans la Saintonge, diocèse de Saintes. 2. SAINT-CIERS DU TAILLOU, bourg de France, dans la Saintonge, diocese de Saintes. 1. SAINT-CIR, village de France, avec une ancienne abbaye de filles, de l'ordre de faint Benoît, dans le diocèse de Chartres, à une petite lieue de Versailles, en latin Ciricius, & plus exactement Cyricus. Le roi Louis le Grand a fondé, dans le même lieu, une communauté de religieuses, sous le titre de saint Louis, à laquelle il a affigné quarante mille écus de rentes, pour l'éducation de deux cents cinquante jeunes filles nobles. Il y a aussi fait unir la mense abbatiale de l'abbaye des bénédictins de SaintDenis en France, qui est de cent mille livres de rente. Cette communauté est particulierement établie pour y élever les jeunes demoiselles, dont les peres ont vieilli ou font morts dans le service. Le nombre est fixé à trente-fix dames professes, & à vingt-quatre sœurs converses. Lorsqu'une des religieuses meurt, sa place ne peut être remplie que par l'une des deux cents cinquante demoiselles, âgée au moins de dix-huit-ans. Ces dames font les trois vœux ordinaires, & un quatrième, qui est de consacrer leur vie à l'éducation & à l'instruction des demoiselles, dont le roi s'est réservé la nomination: il faut qu'elles fassent preuve de quatre degrés de noblesse du côté paternel. Aucune n'y peut entrer avant l'âge de sept ans, ni après celui de douze. Celles que l'on y reçoit n'ont la liberté d'y demeurer que jusqu'à l'âge de vingt ans & trois mois. Ces jeunes personnes sont divisées en quatre classes ou âges; la premiere porte un ruban bleu, la seconde un jaune, la troifiéme un verd & la quatriéme un rouge. Le monastère de faint Louis de Saint-Cir est du dessein du fameux François Mansart, premier architecte du roi, & fut achevé vers l'an 1686. Cet édifice est magnifique, & consiste en un grand corps de bâtiment de cent huit toiles de longueur, qui forment trois cours de front, séparées par les deux aîles de cette maison, le long de chacune desquelles font en dehors une cour & deux parterres. L'église desservie par une quantité de peres de la mission, dits de saint Lazare, est au bout de la plus grande longueur du bâtiment. Elle a vingt fix toises de longueur, & ce bâtiment fix d'épaisseur. La disposition du plan consiste en rez-de-chaussée, grands corridors, réfectoires & autres piéces nécessaires pour l'usage d'une communauté très-nombreuse. Il y a dans l'étage de dessus, de grandes chambres où les jeunes demoiselles travaillent, des cellules particulieres pour les dames, & des chambres communes. Le jardin est un ancien bois qu'on a conservé, & l'on a fait un potager suffi fant pour la commodité de cette maison. * Corneille, Dict. cesed'Angers. 2. SAINT-CIR, bourg de France, dans l'Anjou, dio3. SAINT-CIR, bourg de France, dans la Brie, diocèse de Meaux. 4. SAINT-CIR, bourg de France, dans la Bourgogne, diocèse d'Auxerre, 5. SAINT-CIR SUR LOIR, bourg de France, dans la Touraine, diocèse de Tours. 1. SAINT-CIRAN EN BRENNE, en latin abbatia S. Si giranni, in Brena, ou monasterium Longoretense, autrefois Lonrey, abbaye d'hommes, en France, ordre de saint Benoît, dans le Berri, au diocèse de Bourges. Elle est située dans un petit pays appellé Brenne ou Brion, ou Brainne, fur la riviere de la Claise: elle a saint Ciran pour patron & fondateur. Il étoit archidiacre; ce saint abbé avoit construit d'abord dans le bois de Brion l'an 635, un petit monastère qu'on nomma Meobec. Six ans après, l'an 641, il en bâtit un plus considérable, nommé Lonrey. L'abbaye de faint Ciran commençoit depuis ce tems-là à tomber dans ses bâtimens & dans sa discipline, lorsqu'en 1644, M. de Barcos, son vingt-deuxieme abbé, rétablit cette maison depuis ses fondemens , en augmenta les revenus, y fit un cloître, un logement pour les hôtes, un dortoir, une facristie. Mais il réforma les mœurs des moines, leur donna une bibliothéque garnie de tous les livres convenables à leur état, & amena ainsi par son exemple les religieux à la plus étroite observance de leur regle. C'est le fameux abbé de faint Ciran, si mêlé dans l'histoire du janfénisme. L'abbaye de saint Ciran a été réunie au séminaire de Nevers. 2. SAINT-CIRAN SUR INDRE, en latin sanctus Sigiranus, bourg de France, dans le Berri, au diocese de Bourges : il se nommoit autrefois Saint Ciran du Jambot. Il a pris depuis le surnom de la riviere sur laquelle il est situé, à trois lieues de Loches. Cette terre a titre de châtellenie. SAINT-CIRE, bourg de France, dans le Lyonnois, diocèse de Lyon. 1. SAINT CLAIR, bourg de France, dans le Poitou, diocèse de Poitiers. 2. SAINT-CLAIR, bourg de France, dans la Normandie, diocèse de Coûtances. 3. SAINT-CLAIR-SUR-EPTE, bourg de France, au Vexin françois, trois lieues au-dessous de Gifors, à neuf de Pontoise, à deux de Magny & à douze de Rouen, en latin Fanum sancti Clari ad Eptam. C'est un lieu de pélerinage, qui a été honoré par la retraite, par le martyre, & par les miracles de saint Clair Anglois, né de parens nobles l'an 865. La paroisse de saint Clair possede son tombeau, & ses précieuses reliques, son corps dans une chasse de vermeil doré, sa tête dans un chef d'argent, & un offement d'un de ses bras, dans un bras aussi d'argent. En fortant du gros des maisons par le chemin de Gisors, on trouve une hermitage où l'on voit une figure de ce saint martyr à genoux, foutenant sa tête sur la terre, qui a été arrofée de son sang pour la défense de sa chasteré & de la vérité. Un peu à côté il y a une fontaine, de l'eau de laquelle on se lave les pieds par dévotion. Le comte de Broglio est seigneur du bourg; & le prieur titulaire de faint Clair, en est aussi seigneur en partie. La haute-justice de Magny vient exercer sa jurisdiction dans ce bourg, qui étoit autrefois fortifié, & dont on voit les restes de portes affez bien bâties. Son pont sur l'Epte, est un grand passage de Paris à Rouen, & cette riviere sépare le Vexin normand du Vexin françois. Le territoire produit des grains & des fruits, & il y a quelques petits vignobles dans le voisinage. La chaussée de Saint-Clair est de l'autre côté de son pont, sur une paroisse appellée Château sur-Epte. * Mémoires dressés sur les lieux en 1702. Saint-Clair est encore fameux par le traité qui y fut con. clu l'an 912, par lequel Charles le Simple, en donnant à Rollon, chef des Normands, sa fille Gifele en mariage, lui donna en même-tems la Normandie, sous la condition qu'il en feroit hommage. SAINT-CLAR, ville de France, dans le Bas-Armagnac, diocèse de Leitoure; c'est un des quatre siéges de ju. dicature de Lomagne. Tome V. Ff : 1. SAINT-CLAUDE, ville de France, dans la FrancheComté, entre de hautes montagnes, au bord de la petite riviere de Lifon, aux frontieres du Bugey & du pays de Gex, à cinq ou fix lieues de Genève. Cette ville ett fans fortifications, fermée de simples murailles qui enveloppent une partie de la montagne voisine. Elle n'a guères que quatre rues, dont l'une est celle, qui de la grande porte de l'église en va joindre une autre plus grande, qui finit en defcendant à une porte de la ville, & qui commence à la place ornée d'une fontaine qui fait le milien de la même ville. Son horloge est au dessus de l'hôpital, proche l'église de saint Romain; & plus avant dans la même grande rue il y a une affez belle fontaine. Toutes les maisons font fort bien bâties; mais la plupart ne font occupées que d'ouvriers qui font de petits ouvrages de buis, qu'on débite à ceux qui y viennent en pélerinage pour honorer les reliques de faint Claude, dans l'évêché de ce nom, ce qui fait la richesse des habitans. Ce monastère, dit l'abbé de Longuerue, fut fondé au cinquiéme siécle, au pied du mont Jura, par un faint homme nommé Romain, dans un lieu appellé Condatesce ou Condatiscone. On l'appelle Jurense monafterium, à cause du mont Jura. Son abbé Augendus, en françois Oyen ou Auyen, eut tant de réputation dans le fiécle suivant, que le monastère & la contrée même prit son nom. La seigneurie ou la grande jurisdiction de Saint-Oyen de Joux, autrement de Saint-Claude, dit le même abbé, est une annexe de la Franche-Comté, & n'est soumise à aucun de ses bailliages, reffortissante immédiatement au parlement du comté depuis l'institution de cette cour. fatisfaire à une délégation apoftolique. Tam celebris abbatia septa vix ingressos vehementer affecit loci antiquitas, dignitas, religio, reliquiarum multitudo atque praftantia. Emi. net enim inter alias venerandum Sancti Claudii corpus, quod ab annis plus mille intactum & integrum haud fine miraculo afsfervatur. Adfunt itidem duodecim abbatum reliquia, qui eximia pietatis caufa calitibus adfcripti funt, adnatum quippe ac pene coævum Francorum imperio Jurense cœnobium, cereris omnibus occidentalis ecclefia monafteriis facem pretulit & disciplina regularis norma fuit. Cette abbaye, fi considérable par les faints dépôts que l'on y révere depuis treize fiécles, ne l'est pas moins par les priviléges qu'elle a obtenus des fouverains pontifes. Le droit de souveraineté, dont elle a joui jusqu'à Philippe le Bon, qui lui en retrancha une partie, marque le haut rang qu'elle tenoit. Les bienfaits de l'empereur Gratien, & de plusieurs rois de France & d'Espagne, fans compter les fondations de quantité d'autres princes, font autant de témoignages de la diftinction qu'ils en ont faite. Il y a dans la ville une justice particuliere, dont les officiers sont à la nomination de l'évêque: nul de ses vaflaux ne peut se pourvoir en premiere instance à un autre tribunal. C'étoit une abbaye, chef-d'ordre, qui jusqu'ici a formé scule une congrégation avec tous ses membres. Il y en a encore plusieurs, dont la plupart font en commende. On fait voir par des actes de près de cinq cents ans, qu'elle est en poffeffion d'avoir un chapitre général; & par un privilége fingulier que lui accorda le pape Nicolas V, chaque religieux de faint Claude a le pouvoir d'y entrer, d'y délibérer & d'y donner son fuffrage, ce qui se pratique encore aujourd'hui. Elle releve immédiatement du faint fiége, & c'est un grand prieur à vie qui la gouverne depuis qu'elle est en commende. On y fuit une regle mitigée sous l'ordre de saint Benoît. Il y a déja long-tems que la vie commune en est bannie; chaque religieux a fon revenu séparé, & vit en particulier. Leur nombre est fixé à vingt-quatre. Ils n'ont pour habit que celui d'un Prêtre, avec une maniere de cordon d'évêque, où pend devant eux une croix d'or de la longueur d'un doigt. L'effigie de saint Claude y est exprimée d'un côté, ce qui produit un très-bel effet lorsqu'ils font au chœur. Le roi Louis le Grand, par ses lettres-patentes de 1668, reconnoît l'usage des preuves de noblesse, que chaque religieux de faint Claude est obligé de faire, & il ordonne qu'elles se feront jusqu'au trifayeul inclufivement; ensuite il confirme les abbés dans le droit & dans la poffeffion d'annoblir les vasfaux, & les habitans de leurs terres. L'an 1699 le cardinal d'Estrées usa de ce droit en faveur d'un bourgeois de la ville, auquel il accorda des lettres de noblesse, en érigeant en fief une portion de terre. Par ces mêmes lettres Louis XIV confirme les mêmes abbés dans le droit d'accorder à leurs vassaux des lettres de légitimation, de grace & de rémission, en cas de crime, à la charge du reffort & souveraineté envers le roi, & fon parlement de Befançon. Il y qualifie le chapitre de saint Claude d'une des plus illuftres compagnies de l'Europe. Cette abbaye, érigée présentement en évêché, est un des plus recommandables & des plus illustres du royaume, tant à cause de son revenu, que parce que les religieux (à présent les chanoines,) qui y font reçûs, doivent être nobles de quatre races, du côté paternel & maternel. L'église de saint Pierre en dépend, & est enfermée dans son enclos, n'y ayant qu'une grande cour ornée d'une belle fontaine, & autour de laquelle font les appartemens des chanoines & de l'évêque, qui la sépare de l'église de l'évêché. Il y a une longue allée au cloître par laquelle on va de l'une à l'autre. L'église de saint Pierre bâtie de belles pierres carrées, l'emporte pour sa grandeur & pour son architecture fur celle de l'évêché, qui est si ancienne, qu'on croit qu'elle servoit autrefois de retraite à faint Oyen ou faint Ouyan, & à ses compagnons, qui firent bâtir en ce lieu un hermitage, qui étoit couvert d'un grand bois. Plusieurs personnes vinrent vivre sous la difcipline de faint Oyen, & entr'autres faint Romain, qui fut le premier abbé lorsqu'on érigea cet hermitage en abbaye. Saint Claude issu des princes Palatins, & qui vivoit dans le septiéme siécle, en fut le douziéme abbé, lorsqu'il eut quitté Besançon, où il avoit été fix ans archevêque. Il inspira au peuple tant de respect & de vénération durant le cours de fa vie, & les miracles qui se firent en ce lieu après sa mort, arrivée en 690, attirerent tant de personnes de toutes conditions, que cette abbaye prit enfin le nom de saint Claude. Romain, d'une famille considérable en Bourgogne, en ayant été l'instituteur vers l'an 425, comme on a dit, se vit bien-tôt chef d'une nombreuse communauté. Il sur si bien établir les regles de la vie monaftique, & de la discipline réguliere, qu'il devint le modele de toute l'église d'occident. La sainteté de sa vie, & celle des onze premiers abbés qui lui fuccederent, les ont rendus dignes de la vénération des peuples, & d'être admis dans le catalogue des faints. Cette église a conservé jusqu'ici des reliques de cha-çon, sçavoir quatre-vingts paroisses de l'ancien diocèse cun de ces abbés. On y voit les chefs entiers de saint Romain & de saint Lupicin freres, qui furent les deux premiers. Tous les oslemens de faint Oyen font renfermés dans une châsse d'argent: dans la relique de saint Claude, on y voit fon corps qui s'est conservé tout entier & incorruptible depuis plus de mille ans avec ses entrailles. Ce corps est palpable, & quoique trois fois le jour on ouvre sa châsse pour faire baiser ses pieds au peuple; le miracle est si continuel, que ni l'humidité de l'air, ni celle de l'haleine des pélerins, n'y ont point encore causé de corruption. Ce prodige est averé par la tradition, & par le rapport qu'en firent les abbés de saint Martin d'Autun, de faint Benigne de Dijon & de Baulme en Franche-Comté, que le pape Nicolas V envoya visiter cette abbaye en 1447. Le cardinal d'Estrées qui en a été abbé commendataire, en parle en ces termes, après y avoir été en 1690, pour Outre la cathédrale, il y a dans la ville deux couvents de religieux & un de religieuses. Jean Bouhier, premier évêque de Dijon, a été nommé par le roi à cet évêché. Pour composer le diocèse de saint Claude, on lui a attribué toute la partie du diocèse de Lyon, renfermée dans la Franche-Comté, & une partie de celui de Befan de Lyon, & fept de celui de Besançon. 2. SAINT-CLAUDE (LE MONT.) Voyez JURA. 3. SAINT-CLAUDE, bourg de France, dans le Blaifois, au diocèse de Blois. 1. SAINT-CLEMENT, bourg de France, dans le Limosin, au diocèse de Tulles. 2. SAINT-CLEMENT DES MONTAGNES, bourg de France, dans le Bourbonnois, au diocèse de Clermont, au bord de la Besbre, à trois lieues & demie de Cusset & de la Palisse, & à une lieue de Châtel-Montagne. C'est une des dépendances du marquisat de la Palisse. SAINT-CLOUD, bourg de France, à deux petites lieues de Paris, fur le bord de la Seine, en latin Fanum sancti Clodoaldi. Il est bâti sur un côteau élevé en demicroiffant, dont le pied se trouve mouillé par la Seine. On la traverse sur un pont de pierre où finit le chemin de Paris, duquel on entre dans une demi-lune de quatre vingts toises de diametre, qui forme la place d'Orléans. Cette place donne entrée par une haute grille à trois portes égales dans les jardins bas d'un côté, & de l'autre dans les avant-cours du château, par une avenue de deux mille pieds de long, sur soixante-quinze de large. Cette avenue est ombragée par de grands ormes, & garnie vers l'entrée d'une basse palissade de charmille qui se perd à mesure que s'éleve le terrein. Le château, autrefois maison de plaisance de messieurs de Gondi, dont le dernier possesseur a été messire Jean - François de Gondi, premier archevêque de Paris, fut acquis par le roi le 8 d'Octobre 1658, pour Philippe, duc d'Orléans, fon frere unique. C'est un des plus beaux palais de France. La situation, les vues, les eaux, les bois, l'architecture, le marbre, les sculptures, les peintures, les dorures, tout ensemble y forme un chef-d'œuvre. Le bâtiment qu'on trouve dans une derniere cour, élevée en haute terraile plus longue que large, eft composé d'un grand corps de logis de cent quarante-quatre pieds de façade, sur soixante douze d'élé-, vation. On y a joint deux encognures saillantes d'un entrepilastre, foutenues de deux gros pavillons & d'un entablement d'ordre corinthien. De ces pavillons commencent deux aîles moins exhaussées, qui s'étendent par une agréable symétrie jusqu'aux deux tiers de la cour. Elles fourniffent, par les balcons de leurs avant-côtés, des vues fur la plaine & fur Paris, qui présentent de toutes parts des paysages, que l'on ne peut affez bien décrire. L'orangerie, le labyrinthe, les bosquets, qui composent les jardins hauts & les jardins bas, où se trouve une admirable cascade, font la beauté du parc qui a quatre lieues de circuit. La verdure des côteaux, ux, la vaste étendue des fombres allées, la fraîcheur délicieuse des eaux, l'agrément continuel des plus beaux lointains, tout y inspire une satisfaction digne de la richesse des appartemens du château, qui ont été peints par le célebre Mignard. Le bourg de Saint-Cloud est un lieu fort ancien. On l'appelloit Nogent, en latin Novigentum & Novientum, & c'étoit déja une bourgade dès le commencement du sixiéme fiécle, sous les enfans de Clovis. Ce fut là que Clodoald, vulgairement appellé Saint Cloud, fils du roi Clodomir, se retira après avoir évité la mort. Il y bâtit un monastère, qui depuis a été changé en une église collégiale, où le corps de ce faint est gardé dans une châsse. La dévotion que le peuple a eue pour lui, a fait changer le nom de Nogent en celui de Saint-Cloud. Ce faint fit présent de cette terre à l'église de Paris, felon Piganiol de la Force, Descr. de la France, t. 2, p. 685. Elle fut érigée en duché-pairie en 1674, en faveur de François de Harlai, archevêque de Paris & des archevêques ses successeurs; mais si les prélats de l'église de Paris ont l'utile de Saint-Cloud, ils n'en ont pas l'agréable. Le duc d'Orléans y posséde le magnifique palais dont on vient de voir la description. Ce château, qui est du dessein de le Pautre, a été élevé sur le débris de trois maisons de particuliers, dont Philippe, duc d'Orléans, frere unique de Louis le Grand, avoit fait l'acquifition. L'une de ces maisons avoit appartenu à d'Hervard, contrôleur général des finances, la seconde à Fouquet, fur-intendant des finances, & la troifiéme à Monerot. Les êvéques de Paris jouirent long-tems du droit d'exiger des habitans de Saint-Cloud, le jour de faint André, autant de tailles qu'il leur plaifoit. C'étoit un droit coutumier, auquel ces habitans furent condamnés sous Charles VI, par sentence du bailli de Saint-Cloud, laquelle fut confirmée par arrêt du parlement au mois d'Août 1381. En 1429 la cour réduisit cette taille à vingt-quatre livres, & l'an 1 509 à vingt livres. La bonté de l'air & celle des eaux invitent les particuliers de Paris à avoir des maisons de campagne à Saint-Cloud, pour y passfer la belle faison de l'année; & l'on voit dans les antiquités françoises de Fauchet, que ce goût n'est pas nouveau, puisque ce fidéle historien dit que ce bourg a été autrefois bien aimé. Car outre la bonté de l'air & des eaux, que l'on tient guérir des écrouelles, huit ou dix colonnes de marbre mělé, dont l'église est ornée, témoignent la magnificence du lieu. Il y a apparence, dit Piganiol de la Force, que cette vertu que l'on attribuoit aux eaux de Saint-Cloud, n'étoit qu'une erreur populaire, qu'un ciel plus éclairé & moins crédule a détruite au point que je n'ai jamais oui parler de cette propriété si singuliere & si salutaire. Dans l'église de Saint Cloud il y a une chapelle toute incrufstée de marbre, dans laquelle repose le cœur du roi Henri III. On fait à SaintCloud des porcelaines affez belles. On y paffe la Seine sur un pont de quatorze arches, au sujet duquel on fait un conte aux étrangers. On dit que l'architecte qui avoit entrepris ce pont, ne sachant comment fortir avec honneur de cette entreprise, le diable s'apparut à lui, & offrit de l'achever, à condition que la premiere chose qui y passeroit seroit à lui. La condition acceptée, & le pont fini, l'architecte y fit passer un chat, que le diable prit en enrageant. * Longuerue, Description de la France, part. 1, P. 15. SAINT-COLMS INCHE, petite ville d'Ecosse, dans le golfe Forth, au midi de la ville d'Abyrdour. Ce mot est pour SAINT-COLUMBS INCH. Cette isie de Saint-Columbs, anciennement nommée ÆMONA, a eu autrefois une abbaye qui possédoit de grands biens. Après la deftruction des monaftères, elle fut donnée à Jacques Stuart, seigneur de Colm. Elle est petite, & il n'y a du pâturage que pour une vingtaine de brebis. Elle n'est qu'à deux milles d'Abyrdour. Corneille en fait deux ifles, savoir SAINT-COLM, ifle qui dépend de la partie occidentale de la province de Fife, & que les gens du pays appellent Saint-Colombs Inch, & SAINT-CÔME, Ou Sainte Colombe, ifle de l'Ecoffe méridionale, dans la riviere de Forth. C'est la même ifle. SAINT-COLOMB, bourg d'Angleterre, dans la province de Cornouailles. Il a droit de tenir marché public. * Etat présent de la grande Bretagne, t. 1. SAINT-CORENTIN LEZ MANTE, abbaye de France, près de la ville de Mante, ordre de faint Benoît. Elle a été fondée par Philippe I, l'an 1201. Le cœur & les entrailles de la reine Blanche, bienfactrice de cette maison, sont inhumés dans le chœur de l'église. C'est une abbaye de religieuses. SAINT - CORNEILLE DE COMPIEGNE. Voyez COMPIEGNE. SAINT - CORNELIS D'INDE, abbaye d'hommes, ordre de saint Benoît, dans la Westphalie, enclavée dans le duché de Juliers: elle doit sa fondation à l'empereur Louis le Débonnaire, qui la fit bâtir en 814, dans le diocèse de Cologne, & dans une vallée sur la riviere de Dente, à fix milles au sud-est de son palais d'Aix la-Chapelle, pour saint Benoît d'Aniane, qui en fut le premier abbé. SAINT-CORNIER, bourg de France, en Normandie, dans l'Avranchin. Il y a onze cents dix-huit feux. S. COSME, prieuré de France, en Touraine, vers Amboise. Il fut fondé l'an 1112 par cinq chanoines de saint Martin qui s'y retirerent, pour y vivre sous la regle de saint Augustin. SAINT - CRAPASI, bourg de France, dans l'Agenois. SAINT-CRESPIN, bourg de France, dans l'Anjou, diocèse d'Angers. SAINT-CRESPIN EN CHAYE, en latin Fanum Sancti Crispini in Cavea, abbaye de France, au diocèse de Soisfons, entre la ville de ce nom & la riviere d'Aisne. Elle est de l'ordre de saint Augustin. SAINT-CYBAR, en latin sancti Eparchii monafterium,abbaye de France, dans l'Angoumois, & dans un des fauxbourgs d'Angoulême, ordre de faint Benoît. Elle a été fondée en l'honneur de faint Cibar, patron de la ville. Il étoit originaire de Perigueux, & fils de Felix d'Auréole ou Oriole, comte de cette même ville, & vivoit sous Childebert & Clotaire. Dans la suite on établit dans ce monastère une congrégation de chanoines. Il revint après aux religieux de faint Benoît, & retourna enfuite à des chanoines, après que les Normands l'eurent ravagé l'an 868, & revint pour la troisième fois aux bénédictins qui le poffedent encore aujourd'hui. Dom Mabillon assure que les religieux furent rétablis en ce monastère en 828 pat Pepin, qui en chaffa des chanoines qui s'en étoient emparés depuis Charles Martel. L'auteur de la chronique de saint Maixant, chronicon Malleacense, imprimée au second tome de la bibliothéque des manuscrits du pere Labbe, dit qu'Emmenon, comte d'Angoulême, fut inhumé dans le monastère de faint Cybar, & que dans les fiécles suivans il fut illustré de plusieurs de ces comtes; savoir de Guillaume d'Alduin & de Wlgrin. Une ancienne histoire des gestes des comtes & prélats d'Angoulême, rapporte que sous le comte Wlgrin, l'évêque FrideFfij Tome V. 1 berg avoit bâti auprès de saint Cybar une basilique en T'honneur de faint Sauveur, mais qu'il ne pût y transporter le corps de faint Cybar; que Fridebert lui-même, après la confécration de l'église & le facrifice de la messe achevé, s'endormit au Seigneur d'une mort tranquille, & fut mis en terre par l'évêque Oliba. Un des hommes illuftres de ce monastère, est Aymar ou Ademar de Chabanois, dont on a une chronique conservée dans la bibliothéque de M. de Thou. 1. SAINT-CYPRIEN. (les isles de) Voyez ISLE. 2. SAINT-CYPRIEN, bourg de France, dans le Perigord, au diocèse de Sarlat. SAINT-CYR. Voyez SAINT-CIR. SAINT-CYRAN. Voyez SAINT-CIRAN. SAINT-DAMIEN. Voyez SAN-DAMIANO. SAINT-DANIEL, bourg d'Italie, dans l'état de Venise, au Frioul, vers la source de la Stella, au midi occidental de Gemona. 1. SAINT-DAVID, & non point saint Davids, comme quelques-uns écrivent, faute de savoir que cette S finale n'est que la marque du génitif, lorsque ce nom entre en composition avec un autre, comme dans ce mot S. Davids Heat, le cap de Saint-David. De même un Anglois nommé David, ayant trouvé un détroit, on a nommé ce passage Davids Street, le détroit de David. Nos François, ne connoiffant pas la valeur de cette S, ont crû qu'elle étoit effentielle au nom du navigateur, & au lieu de la retrancher, ils l'ont laiffée, & ont au contraire retranché le D comme superflu. Boileau, homme aussi exact pour la langue françoise, qu'il l'est peu pour les langues étrangeres, fait rimer dans la Satyre XI, v. 114 & fuiv. le détroit de David, avec avis. Car d'un dévôt souvent au chrétien véritable, La distance est deux fois plus longue, à mon avis, Brossette dit en prose, que celui qui trouva ce détroit, s'appelloit Jean Davids; cela n'est guères plus exact que ce qu'il dit, que le détroit qui porte son nom est presque sous le pole Arctique, & près de la nouvelle Zemble. Il s'en faut au moins une vingtaine de degrés de latitude que cela ne soit vrai: mais fortons de cette digreffion, & contentons-nous -nous de dire pour la justification de Boileau, que trouvant la faute déja établie par l'usage, il s'en est servi parce qu'elle l'accommodoit mieux. 3. SAINT-DAVID, village d'Angleterre, au pays de Galles, dans le comté de Pembrocke, près de la mer, dans les parties les plus occidentales du pays de Galles, à quinze milles de Pembrocke, & à vingt-fix de Caermarthen, sur un cap qui s'avance dans la mer d'Irlande. C'étoit autrefois une ville fort considérable; mais elle est tellement ruinée à présent, qu'on n'y tient pas marché. Cependant c'est un siége épiscopal; c'est même l'évêché qui a formé la ville. Le saint dont elle porte le nom, étoit fils de Xante, roi ou comte du PAYS DE CERET, aujourd'hui Caerdigan, & fa mere, felon Colgan, étoit Melarie, à qui on donne la qualité de bienheureuse. Dès sa jeunesse il apprit les lettres, & fut élevé pour le ministère de l'Eglise: ayant été ordonné prêtre, il s'adonna à la prédication, & bâtit douze monastères. Le plus célébre fut celui de MeNEVE, en latin Menevia, que l'on tient avoir eu fon origine vers l'an 490. Il y établit une parfaite discipline, Saint David alla en Terre-sainte vers l'an 516 avec saint Teliau & faint Paterne, & il y fut ordonné évêque par Jean patriarche de Jerufalem. Trois ans après, étant retourné au pays de Galles, il y assista au concile de Brevi contre les Pélagiens, & il y fut peut-être établi dès ce tems dans le fiége de Caerléon, en la place de saint Dubrit. Il mourut dans son monastère de Meneve vers T'an 544, & y fut enterré. Le siége épiscopal fut transféré dans l'église abbatiale de Meneve. On ne fait fi ce fut du vivant de saint David ou après sa mort, &il n'y eut point d'autre cause de ce changement que la vénération que l'on avoit pour ses vertus. Auprès du monastère de Meneve il se forma une ville aujourd'hui appellée faint David, les Gallois disent TII DEVI. L'auteur de l'état présent de la grande Bretagne, t. 1. p. 144, dit que ce fut Arthur, roi des Bretons, qui transporta le siége épiscopal de Caerléon en Hereford & Worcester en ont été détachés depuis long-tems, auflı bien que du pays de Galles; ils font présentement de l'Angleterre. Lan-Badern, dans la province de Caerdigan, & Morgan dans celle de Glamorgan, ont été supprimés depuis long-tems. Landaff, Bangor & S. Afaph qui fubfistent, s'en font affranchis, & Bernard, quarante-septiéme évêque de saint David, se vit contraint sous le regne de Henri I, de se désister de sa qualité de métropolitain, & de reconnoître le siége de Cantorbery pour sa métropole. * Hift. de l'ordre de faint Benoît, t. 1, l. 2, 6. 44. SAINT-DENYS, ville dans l'ifle de France; on la nomme communément Saint-Denys en France. Elle est sur la petite riviere de la Crould, qui se joint dans cette ville avec le Morderet, autre ruisseau, & fortant de la ville ils vont fe joindre avec le Moleret & le Rouillon, déja chargé de plusieurs petits ruisseaux, & se perdent aflez près de la dans la Seine, vis-à-vis de l'ifle Saint-Denys. Le nom latin d'aujourd'hui est sanctus Dionyfius in Francia. L'ancien étoit Vicus Catulliacus on Catholiacenfis; ce n'étoit qu'un fimple hameau nommé Cathuel, du nom d'une dame nommée Catulle, comme on peut le voir dans Piganiol, Description de la France. Cette dame ayant reçu le corps de faint Denys, & fait enlever ceux de faint Rustique & faint Eleuthere martyrs, les enfevelit dans un champ, & marqua quelque tems après le lieu de leur sépulture par un tombeau qu'elle y fit élever, & fur lequel les chrétiens bâtirent depuis une chapelle, en reconnoislance des miracles que Dieu avoit opérés en cet endroit par l'interceffion de ces faints martyrs. Vers l'an 469 sainte Geneviève fit rebâtir une église en l'honneur de faint Denys, sur les ruines de la premiere. Avant le regne de Clotaire II, pere de Dagobert I, il y avoit en cet endroit une communauté religieufe & un abbé, puisqu'on voit une donation de ce prince adreffée à l'abbé Dodon, vers l'an 626 ou 27, & à ses freres, qui deflervoit pour lors la bafilique de saint Denys. Ce saint lieu avoit beaucoup de part aux libéralités des rois de France; mais Dagobert y a fait de si grands legs, que la postérité l'a regardé comme fondateur de cette abbaye. Le concours des chrétiens qui venoient par dévotion visiter les tombeaux des faints martyrs, avoient insensiblement formé un village, où il n'y avoit auparavant qu'un hameau. Mais après la mort de Dagobert ce village reçut des accroissemens considérables, & du vivant de l'abbé Suger, on l'appelloit la ville de Saint-Denys. Elle a été augmentée considérablement depuis ce tems-là. On lui a vû dans ces derniers siécles une enceinte de ville & de place de guerre, aussi a-t-elle foutenu des siéges. On y voit aujourd'hui une puissante abbaye, & une des plus considérables du royaume. Il y avoit autrefois douze paroisses, qui sont aujourd'hui réunies à sept. Cette réunion s'est faite en différens tems. Le prieuré de Saint-Denys de l'Etrée a été pareillement réuni depuis quelques années à la collégiale de saint Paul, dont les abbés de Saint-Denys sont les fondateurs. Cette ville n'étant qu'à deux lieues de Paris, à prendre depuis le grand châtelet, jusqu'à la porte de l'abbaye, ne peut guères devenir plus considérable. Le roi Pepin avoit commencé à rebâtir l'église. Charlemagne, son fils, pressa la continuation de cet édifice, qui fut enfin achevé au mois de février 775. Cet empereur assista à la dédicace qui en fut faite. L'abbé Suger augmenta encore l'églife. La nouvelle fut dédiée au mois de juin 1144 en présence du roi: mais en 1231 elle menaçoit ruine, & on fut obligé de la faire rétablir, & Saint-Louis aussi bien que fa mere Blanche, fournirent une partie de la dépense. On présumeque c'est pour cette raison qu'on voiten plusieurs endroits du chœur, dans la croisée, & fur le marchepied de quelques autels du chevet, les armes de Castille acollées à celles de France. L'abbé Eudes ne vit point la fin du bâtiment qu'il avoit commencé, mais Mathieu de Vendôme en 1281. C'est le même qui subsiste encore aujourd'hui. Cette église a été bâtie à trop de reprises, pour que ses parties ne se ressentent pas des différens goûts d'architecture, qui ont régné dans ces différens fiécles. Cependant tout ce vaste bâtiment est un des plus beaux gothiques qui se voyent. Il a dans œuvre trois cents trente-cinq pieds de long, cinquante de large, & quatre-vingt-dix de haut jusqu'à la voute. La croisée est longue de fix-vingts pieds, & large de trente-neuf. Elle est ornée de deux grandes roses d'environ quarante pieds de diametre. Au devant font deux grosses tours carrées, où sont de très belles cloches. L'église est soutenue par soixante gros piliers, fans comprendre les murailles & les arcs-boutans de fon circuit, ni quatre piliers qui soutiennent les tours. Le comble est d'une charpente admirable, & tout couvert de plomb, avec de grofles pommes de cuivre doré le long du sommer. Les portes font couvertes de cuivre. On a représenté plusieurs histoires, sur celle du milieu. Le chœur est divisé en trois; Le premier où sont les chaises des religieux, est long de soixante-dix-huit pieds, & large de trente-cinq; le second de quarante-cinq, & large de trente-cinq; le troifiéme long seulement de quinze, & de la même largeur des deux autres. Le sanctuaire est pavé de marbre par compartimens. On y monte par cinq marches à deux reprises. L'autel à l'antique, accompagné de quatre colonnes de cuivre, qui soutiennent des rideaux de brocard d'or, avec des pentes de broderie, est un des plus richement décoré les jours folemnels. Le devant est de vermeil, du poids de cent quatre-vingts marcs. On y a représenté par des figures en demi-relief du sieur Loir, l'enfant Jesus dans la créche, reconnu & adoré par les bergers. C'est un présent que fit en 1682 M. Tarteron, ancien religieux de Saint-Denys, qui dépensa pour cela treize mille livres. Le retable est encore plus riche; la plus grande partie en est d'or, enrichie d'aigues-marines, de topazes, de grenats, de perles, de saphyrs, & d'autres pierreries, dont quelques-unes sont d'un très - grand prix. Il y a cinq bas-reliefs : les trois du milieu font d'or & fort anciens. Il est représenté comme faint Jean le dépeint dans l'apocalypfe. Les deux bas-reliefs des extrémités sont de vermeil, du poids de soixante-dix marcs: on a représenté dans l'un l'adoration des mages, & dans l'autre la présentation de Jesus - Christ au temple. Le devant d'autel & le retable font enchassés dans deux cadres de bronze, ornés de feuillages, & dorés d'or moulu. Au-devant du retable, sur des gradins dorés de même, on pose une croix d'argent accompagnée de fix chandeliers de même métal, avec autant de reliquaires d'or ou de vermeil. An-dessus du retable est une grande croix d'or de fix pieds de haut, toute couverte de pierres précieuses: du pied de cette croix, orné de grapes de raifins & d'épics de bled, fort une espèce de croffe couverte de feuillages, d'où pend le faint Sacrement, enfermé dans une custode octogone, toute à jour, & ornée par le sieur Cussi de colonnes ioniques, travaillées de bronze doré à feu d'une excellente maniere. Vis-à-vis l'autel funébre de Louis XIII, est celui sur lequel le diacre & le sous-diacre, après avoir reçu le corps de Jesus-Christ des mains du célébrant, viennent eux-mêmes recevoir avec un chalumeau de vermeil le précieux sang tous les dimanches & grandes fêtes de l'année. La grille du chœur est de Denys, l'un des plus fameux ouvriers en fer qu'on ait connus. C'est un chef-d'œuvre ; le fer y est manié avec une délicatesse parfaite. Les chapiteaux, les corniches, & généralement tous les ornemens sont percés à jour. La grille qui est au-devant du chœur, a pour amortissement une croix d'or qu'on estime avoir été faite par faint Eloi: elle est enrichie d'émaux, & d'une très-belle amethiste. L'église de faint Denys étant le lieu que nos rois ont choisi pour leur sépulture, nous parcourrons en très-peu de mots ce qui regarde un article auffi intéressant. Les tombeaux des anciens rois, qu'on trouve, tant à faint Denys qu'ailleurs, ne sont que des cénotaphes élevés après coup. Dagobert, fils de Chilperic II, & de Fredegonde, mort trois mois après sa naissance, est le premier prince qui a été enterré à saint Denys l'an 180, il ne reste à préfent aucun vestige de sa sépulture. A l'égard des rois, c'est Dagobert qui a été le premier inhumé à faint Denys. Sa mort arriva le 19 janvier de l'année 638. Son tombeau détruit par le tems, ou par les Normans, a été rebâti tel qu'il est à présent, lorsqu'on a reconftruit l'église dans le treizième siècle. Des deux côtés des grilles de fer, qui renferment le chœur, on voit plufieurs cénotaphes de pierre, que faint Louis fit faire en mémoire des rois ses prédécesseurs, qui avoient été inhumés dans cette églife. Ceux qui font à main droite, font de la race de Pepin, & ceux qui font à gauche, sont de celle de Hugues Caper. Ainsi on voit celui du roi Pepin, & de la reine Berthe sa femme : celui des rois Louis & Carloman, freres, fils de Louis le Bégue. Les figures de Clovis II, & de Charles-Martel, font ensuite sur un même cénotaphe. Ceux de la reine Isabelle d'Aragon, du roi Philippe le Hardi son mari, & de Philippe le Bel leur fils, sont de marbre. Sur la ligne, qui est au septentrion, on voit cinq cénótaphes de pierre: le premier est celui d'Eudes & de Hugues Capet. Celui de Robert & de la reine Constance sa fem me, vient ensuite; puis ceux de Henri I & de Louis VI, dit le Gros. Le quatriéme est celui de Constance de Castille, seconde femme de Louis VII, dit le Jeune. Ce même tombeau est celui de Philippe, fils aîné de Louis VI dit le Gros. Le cinquiéme celui de Carloman, roi d'Auftrafie & d'Hermintrude, premiere femme de Charles le Chauve. Après ces cinq tombeaux, on en voit deux de marbre, l'un de Louis X dit Hutin, & de Jean 1 son fils, & l'autre de Jeanne, reine de Navarre, comtesse d'Evreux, & fille de Louis Huttin, mort le 6 octobre 1349. Le tombeau de Charles VII, est de marbre noir, & orné de figures de bronze doré. Il est au bas des degrés du sanctuaire, du côté de l'évangile. Du même côté, & fur l'arcade la plus proche du grand autel, on voit les figures de Philippe le long, de la reine Jeanne d'Evreux, de Char. les le Bel fon mari, de Jeanne de Bourgogne, de Philippes de Valois & du roi Jean. Ces fix figures sont couchées sur deux tombeaux de marbre noir. La reine Marguerite de Provence, femme de S. Louis, fut inhumée dans l'endroit où l'on voit une tombe plate de cuivre, où l'on lit son épitaphe: Ici gift la Noble Royne de France Marguerite, qui fu fame monseigneur S. Loys, jadis roi de France, qui trespassa le Mercredi devant Noel, l'en de l'Incarnation Notre Seigneur mil deux cens quatrevinz & quinze. Priez pour s'ame. Hugues le grand, comte de Paris, & pere de Hugues Capet, fut inhumé dans l'endroit où il y a une tombe plate de pierre de liais. Charles le Chauve est le seul empereur qui ait eu la sépulture à Saint-Denys, sous la tombe de cuivre où il est représenté, revêtu des habits impériaux. On croit que ce tombeau est du tems de l'abbé Suger. Philippe-Auguste, Philippe comte de Boulogne fon fils, & Marie de Brabant fa fille; Louis VIII, Alphonse, comte de Poitiers; Jean Tristan, comte de Nevers; & Pierre de Baucaire, chambellan de saint Louis, avoient aussi été inhumés dans le chœur; mais la richesse de la plupart de ces tombes les ayant exposées au pillage pendant les guerres civiles, il n'en reste plus aucun vestige. Les offemens de saint Louis étoient auprès de ceux de Louis VIII son pere: ils furent mis dans une inagnifique châsse en 1298. L'autel des saints martyrs occupe toute l'arcade du milieu du chevet. Derriere cet autel & dans l'épaisseur du mur, il y a une armoire, dans laquelle font les trois châsses d'argent, qui renferment les reliques de saint Denys, de faint Rustique & de faint Eleuthere. Dans la chapelle de faint Hilaire ou Hilar, évêque de Javouls, il y avoit une cuve de porphyre, qui a cinq pieds trois pouces de long, sur deux pieds deux pouces de large, & feize pouces de profondeur. Elle est présentement dans la chapelle de Notre-Dame de la Blanche. L'on prétend que le roi Dagobert la fit apporter de Poitiers, où elle servoit de baptistaire. Tous les connoiffeurs conviennent que c'est le plus grand & le plus beau morceau de porphyre qu'ils ayent jamais vû; mais ils ne sont pas d'accord sur l'usage auquel il a servi. Quelques-uns veulent que ç'ait été un F f iij |