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par intérêt, de l'introduire dans l'abbaye. Le 23 février de cette même année, affemblés en confeil fouverain, ils réfolurent d'abolir les autels, les images & autres chofes de cette nature dans l'églife abbatiale. L'ordre en fut donné aux bourgeois de faint Gall, qui l'exécuterent avec tant de diligence, que dans deux heures toutes les images furent enlevées & mifes en un monceau. On brifa celles qui étoient de pierre, & on en fit fervir les quartiers à bâtir. Celles de bois furent chargées fur quarante ( d'autres difent quarante-fix) charrettes, & portées dans un lieu hors de la ville, où on les brûla toutes. Le 7 de mars les proteftans s'y affemblerent pour la premiere fois ; Dominique Zilli y fit le fermon, & au lieu de la meffe l'on y chanta le pfeaume LI. Le doyen & les religieux s'oppoferent inutilement à ces violences; ils furent contraints de céder à la force: ils fe retirerent à Einfidlein.

Dans ces entrefaites l'abbé François Gheisberger, étant décédé, & les religieux ayant élu Kilian Koeflin, les quatre cantons protecteurs de l'abbaye, fe partagerent au fujet de cette élection. Zurich & Glaris ne voulurent point reconnoître le nouvel abbé, qu'à des conditions extrêmement dures; mais Lucerne & Schwitz l'aflurerent de leur protection. Tandis que ces quatre cantons étoient en dispute les uns avec les autres, Kilian fe faifit des tréfors, des titres & des papiers terriers de l'abbaye, & le retira fecretement à Breghentz, où il acheta la terre de Wolffourt, pour s'y loger avec fes religieux. De là il écrivit à ceux de Zurich, qu'il renonçoit à leur alliance, & leur redemanda le traité de la protection, pour pouvoir chercher d'autres protecteurs. Mais les fujets de l'abbaye qui avoient embraffé la religion proteftante, ayant recouru aux Zurichois, & s'étant allurés de leur protection, en cas de befom, les troubles augmenterent, & la ville de Zurich forma le deffein de dispofer de l'abbaye de faint Gall, comme elle avoit fait de l'abbaye royale de FrawenMunster.

L'affaire portée à la diéte des cantons tenue au mois de mars 1530, les neufs cantons non intéreffés, conjoin tement avec les villes de Mulhouze & de Bienne, convinrent par provifion: « que les quatre cantons protecteurs » choifiroient de concert un homme de bien, qu'ils éta» bliroient lieutenant des terres de l'abbaye, pour en ad>> miniftrer les biens durant deux ou trois ans, & qu'après » ce terme écoulé on chercheroit les moyens de terminer » l'affaire. » Zurich & Glaris ne s'en tinrent pas à cet expédient: ils dispoferent en maîtres de l'abbaye & de toutes les dépendances, vendirent le couvent, avec tous les principaux bâtimens, à la ville de Gall; & rendirent aux Tockenbourgeois leur liberté, moyennant une fomme de cent quarante mille guldes. Six religieux alors embrafferent la religion réformée: on leur donna à chacun cinq cents guldes, & une penfion viagere de cinquante.

Ces changemens fubfifterent jusqu'à la fin de la guerre de 1531, que Diethelm Blaarer nouvel abbé de S. Gall, profitant de l'avantage remporté par les cantons catholiques, & appuyé de ceux de Lucerne, de Schwitz & de Glaris, rentra enfin dans fon abbaye avec fes religieux le premier mars 1532, trois ans après qu'on y eut introduit la communion de Genéve. Les quatre cantons protecteurs, conjointement avec Berne & Appenzel, firent à Wyl un accommodement entre l'abbé & la ville de S. Gall, qui avoit acheté les bâtimens de l'abbaye & le domaine qui fe trouvoit dans fa jurisdiction. Le contrat de vente fut caffé, & la ville de SaintGall obligée de payer à l'abbé dix mille guldes pour les fruits qu'elle avoit tirés, avec tous les dommages & intérêts. Les terres des anciens fujets de l'abbaye, font bornées à l'orient par le lac de Conftance, au midi par le canton d'Appenzel, au nord & à l'occident par le Thourgaw. Le pays eft partagé en certaines contrées, qui font autant de gouvernemens : favoir la contrée d'autour de Saint Gall, celle de Wyl, celle de Goffau, celle de Roschac, &c. Il y a une ville, qui eft Wyl, deux gros bourgs, Goffau & Roschac, & quantité de petits bourgs & de villages, dont les principaux font Tlumbach, Gold, Underegg, Morswil, Tablata, Valdkilch, Ramishorn, Summery, Hettischwyl, Bernbarzell, Lumiswyl, Wittebach, Rottmont, Strubenzell,

&c.

S. GALMIER, petite ville de France, dans le Forez, à fept lieues de Lyon. Au bas d'un de fes fauxbourgs eft la fontaine de Fontforte.

S. GAUDENS, ville de France, en Gascogne, fur la Garonne, à deux lieues au nord de Saint-Bertrand, dans le Nebouzan, dont elle eft la capitale. Les états de ce petit pays s'y tiennent. La ville n'eft pas grande; mais elle eft bien peuplée. On y tient un grand marché tous les jeudis. Cette ville eft la patrie de S. Raimond fondateur de l'ordre de Calatrava en Espagne. Il y a une collégiale compofée d'une dignité, & de huit chanoines qui ont chacun huit cents livres, d'un ouvrier qui en a quatre cents, & de treize femi-prébendes qui n'en ont que deux cents. Il y a aufli des dominicaus aufli des dominicains, des trinitaires & des religieufes.

Le féminaire eft dans cette ville.

SAINT-GENAIS, ifle ou presqu'ile de France, en Provence, entre la mer, & l'étang de Berre. Il y avoit autrefois fur ce terrein un bourg nomme Saint-Genais, qui fut abandonné en 1211, parce que les habitans étoient trop expofés aux courfes des pirates de Barbarie. Ils fe retirerent à l'ifle qui fait partie de Martigues.

SAINT-GENGOUX LE ROYAL, ville de France, en Bourgogne, au diocèfe de Châlon. C'eft le fiége d'une châtellenie royale, reffortiffante au bailliage de Mâcon, & d'un grenier à fel. Il y a une mairie. C'eft la quatrième ville qui députe aux Etats du Mâconnois : elle eft lituée entre trois montagnes, au pied de l'une des trois, auprès de la riviere de Grône. L'abbé de Clugni donna cette ville au roi Louis le jeune en 1166. On y recueille les meilleurs vins du Ma

connois.

1. SAINT-GENIEZ, ville de France, dans le Rouergue. C'eft le fiége d'une juftice royale. Il y a un couvent d'auguftins. Les auteurs du dictionnaire de la France la mettent mal à-propos dans l'élection de Ville-Franche, elle est dans l'élection de Rodez, aux confins de l'élection de Millau, fur la rive droite du Lot, entre Rodez & Marucjols.

2. SAINT-GENIEZ, abbaye de France au bas Languedoc, à deux lieues de Montpellier, & au diocèfe de ce nom. Elle eft de religieufes de l'ordre de faint Benoit.

SAINT GENIS DE FONTAINES, abbaye réguliere de faint Benoît, dans le Rouffillon, & de la congrégation de Valladolid.

SAINT GENOU, abbaye de France, en Berri, ordre de faint Benoît. Elle fut fondée par Witfred comte de Bourges & Ode fa femme, l'an 828, le 15 de l'empire de Louis le Débonnaire, & le 24 du regne de Pepin roi d'Aquitaine. La réforme n'y a point été in troduite. Elle vaut à l'abbé environ trois mille livres de

rente.

1. SAINT-GEORGE, ifle de l'état de Venife: elle fait partie de la capitale, au midi de laquelle elle eft fituée, & à l'orient de la Giudeca, dont elle n'eft féparée que par un petit canal; c'eft une des ifles qui forment une espece de Couronne. Elle n'a qu'un mille de circuit, & contenoit anciennement une vigne, un bosquer, & un moulin à deux roues, qui fervoit aux befoins du palais du doge. Le doge Vital Candien commença à y bâtir en 978, une églife fous l'invocation de faint George martyr. Le doge Tribuno Memo en 983, donna l'ifle avec toutes les eaux & marais qui en dépendent à Jean Morofini, qui à l'exemple du doge Pierre Orfeolo I, avoit quitté le monde pour le faire religieux bénédictin; il y bâtit une églife & un monastère fous la régle de faint Benoît. Ce monastère s'aggrandit par les bienfaits du doge Sebaftien Ziani, qui quitta enfuite fa dignité pour y aller finir fes jours en 1178. Mais en 1221 ou 1229 felon d'autres, un tremblement de terre en renverfa la plus grande partie. Les moines le releverent par les libéralités du doge Pierre Ziani, fils de Sébastien, qui s'y fit auffi religieux. On le renouvellá à plufieurs reprifes, & on l'aggrandit à chaque fois. Enfin l'an 1556, on commença fur les deffeins du fameux Palladio à rebâtir l'églife depuis les fondemens, & elle fut finie en 1610 dans l'état où elle eft aujourd'hui. Elle eft regardée comme un beau morceau d'architecture. Les autels y font de marbre le plus fin, & enrichis des meilleurs ouvrages des plus grands maîtres, comme Jacques Balfano, le Ponzone, le Tintoret, & plufieurs autres peintres fameux. Le Tintoret a peint les deux grands tableaux à côté de la grande chapelle, fur l'autel de laquelle (qui eft ifolé & orné de pierres précieufes) on voit les quatre évangéliftes en bronze par Jérôme Campagna.

Ils

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Ils foutiennent un globe de cuivre doré repréfentant le monde, fur lequel eft debout le Pere Eternel auffi de bronze.L'orgue,foutenue par quatre groffes colonnes canelées de marbre, eft une des plus belles & des meilleures qui fe trouvent. La facriftie eft remplie de riches vafes, & ornée des peintures les plus rares. Le chœur, qui eft très-fingulier dans fa ftructure, eft accompagné de ftales de bois de noyer, où Albert de Stule, flamand, acheva en 1598, de fculpter la vie de faint Benoît ; en y ménageant des perspectives, des palais, des temples, des jardins, & autres figures qu'on ne fauroit voir fans admiration. Dans cette magnifique églife on conferve les corps de faint Eutichius, patriarche de Conftantinople; de faint Paul, martyr ; de faint Côme, anachorete de Candie; de faint Come & de faint Damien, & plufieurs autres reliques, entre lesquelles eft un bras de fainte Luce, dont le corps fut dépofé en cette églife quand on l'apporta de Conftantinople. Mais comme le peuple y avoit une très-grande dévotion, qu'il fe faifoit un très-grand concours, & que la traverse du grand canal, qui n'eft pas commode, donnoit lieu à quantité de naufrages, on le transporta dans la cité. Une des plus précieufes reliques de cette églife, eft le corps de faint Etienne premier martyr, qu'on y apporta de Conftantinople, l'an 1109. C'eft en mémoire de ce faint, que tous les ans le jour de noël après midi, & le lendemain matin, fête de faint Etienne, la feigneurie fe rend folemnellement à cette églife, accompagnée des quarante-un, & des ambasfadeurs étrangers, qui tous y font traités magnifiquement. * Coronelli, lfolario, part.'t, p. 20.

2. SAINT-GEORGE, bourg de Hongrie, dans l'Esclavonie, au bord méridional de la Drave, au-desfus d'Effeck, au midi de cinq Eglifes. Corneille en fait une ville.

3. SAINT-GEORGE, château de l'Esclavonie, fur un petit ruiffeau qui tombe peu après dans la Drave, au comté de Neroz.

4.SAINT-GEORGE. (LA MANCHE DE) Voyez au mot

MANCHE.

5.SAINT-GEORGE. (LE CAP DE) Voyez CAP.

6. SAINT-GEORGE D'ALBORA, ifle de la Grèce, daus le Péloponnefe, felon Corneille; ou plutôt pour parler exactement, ifle de Gréce, entre la Morée & la Livadie, à l'entrée du golfe d'Engia, à feize lieues d'Athénes ou environ; les Italiens l'appellent CAPELLO DI CARDINALE, c'est-à-dire, le CHAPEAU DE CARDINAL. La Guilletiere Athénes ancienne & nouvelle, l. 1, dit: L'ancrage n'y eft pas pas bon, les terres font fort baffes du côté du nord; mais la côte qui regarde le fud a des hauteurs fort pointues, ce qui la fait discerner facilement des autres ifles voifi

nes.

7. SAINT-GEORGE DE BIEVRE, bourg de France, en Normandie, au diocèfe de Lifieux, à fix lieues de la ville de ce nom, à douze de Rouen, à trois de Cormeilles, & à cinq quarts de lieue de Montfort. Il s'y fait un grand commerce de toiles blancardes pour l'Espagne & autres pays étrangers.

que

8. SAINT-GEORGE DE LA MINE, château & bourgade d'Afrique, en Guinée, fur la côte d'or, avec un port. Les François difent quelquefois, en abrégeant la MINE; les Hollandois l'appellent ELMINA, qui eft abrégé de même du nom portugais EL Caftillo de MINA, le château de la Mine. Les Portugais, ayant étendu leurs découvertes le long de la côte de Guinée, réfolurent de faire un établissement folide à l'endroit où ils avoient remarqué fe faifoit alors le plus grand commerce de la poudre d'or. Don Juan II y envoya en 1481, une flotte compofée de dix caravelles, de deux ourques, & d'une autre barque plus petite. Cette flotte étoit chargée de tout ce qui étoit néceffaire pour y y bâtir une fortereffe. Elle mit à la voile le 11 décembre 1481, & arriva à la mine le 19 janvier 1482. Caramanfa, feigneur d'une bourgade de Négres, parut fatisfait de l'arrivée des Portugais. Don Diegue d'Azambuye, amiral, descendit à terre, s'empara d'abord d'une éminence voifine de la bourgade, qui lui parut propre pour le terrein d'une fortereffe, en prit poffeffion au nom du roi de Portugal, & y fit dreffer un autel, où fut chantée la premiere meffe qui ait été dite dans ces contrées. L'entrevue que le feigneur des Négres & l'amiral eurent ensemble, fe fit avec toute l'oftentation poffible. L'amiral fit à Caramanfa une harangue, pour lui faire entendre qu'il avoit lui-même in

térêt que les Portugais fes amis élevaflent une forterefle. Le Négre ne laiffa pas de faire connoître qu'il n'étoit nullement la dupe de l'éloquence de l'amiral: il laiffa faire cependant ce qu'il ne pouvoit pas empêcher, & on le gagna par des libéralités,qui étoient un foible dédommagement de la liberté qu'il perdoit.Dès le lendemain on commença à jetter les fondemens du château, & en vingt jours la place fe trouva hors d'infulte. Don Diegue fit aufli bâtir une églife, dans l'endroit où, à fon arrivée, il avoit fait dreffer l'autel. L'églife & la fortereffe furent mifes fous la protection de faint George. On y fonda une meffe à perpétuité pour le repos de l'ame de l'infaut don Henri, & le roi accorda à la fortereffe, les priviléges ordinaires des villes. Don Diegue refta avec foixante hommes pour la garde de la place, & renvoya tout le refte en Portugal dans les vaiffeaux, avec l'or, les esclaves & les autres denrées qu'ils avoient traitées. Voilà comme cet établissement eft raconté dans les livres des Portugais; mais fi on en croit le pere Labat, ils avoient été prévenus par les Normands. Selon ce pere, l'établiflement que les Européens ont à la Mine, eft l'ouvrage des Dieppois & de ceux de Rouen, qui firent une compagnie & une fociété de commerce en 1366. Les Dieppois avoient reconnu les côtes d'Afrique, depuis le Cap-Verd jusqu'à Rio-Seftos, fur la côte de Malaguette, dès l'an 1 364. Ils fe bornerent pendant quatorze ou quinze ans au commerce de l'ivoire, du poivre, de l'ambre gris, du coton, & de quelques autres marchandifes. Ce ne fut qu'en 1380, fous le regne de Charles VI, qu'ils reconnurent la côte d'Or, audelà du cap des trois Pointes, & que leur vaiffeau appellé la Notre-Dame de bon Voyage, étant rentré à Dieppe neuf mois après en être parti, apporta, outre les marchandifes ordinaires, une quantité d'or qui enrichit la compagnie, & qui l'encouragea à pouffer plus vivement fon commerce dans ce riche pays. Ils firent partir de Dieppe en 1382 trois vaiffeaux, dont l'un appelle le SaintNicolas, s'arrêta au lieu qu'ils nommerent la Mine d'or à caufe de la quantité de ce métal qu'ils y traiterent, & dont ils rapporterent une grande charge après dix mois de navigation. Ces fuccès firent réfoudre la compagnie à s'établir folidement fur cette côte, quand même ils feroient obligés pour cela d'abandonner tous les autres établis femens qu'ils avoient au Cap-Verd, à Mouré, au petit Dieppe, au grand & au petit Paris & en d'autres endroits. Pour cet effet, ils firent partir de Dieppe trois vaiffeaux en 1383, dont les deux plus grands étoit leftés de matériaux propres à bâtir une loge. Ils mirent la main à l'œuvre dès qu'ils furent arrivés, & pendant que les uns s'appliquoient au commerce avec les naturels du pays, les autres bâtirent la loge, où ils laifferent douze hommies avec des vivres & des marchandifes de traite & les inftructions néceffaires pour connoître le pays, & augmenter le commerce qu'on avoit commencé d'y établir. Ces deux vaiffeaux revinrent à Dieppe très richement chargés, après un voyage de dix mois. Le plus petit qui avoit ordre de decouvrir les côtes vers l'eft, ayant été emporté par les courants, reprit la route de Dieppe, & arriva trois mois avant les autres. On le fit partir à l'inftant que les autres arriverent, & on le chargea de marchandifes de traite, & de tout ce qui étoit néceffaire pour ceux qui étoient demeurés dans l'établiffement de la Mine, qui s'augmenta tellement, en moins de quatre ans, par les François qui s'y rendirent, qu'on fut obligé d'agrandir les bâtimens, de les enfermer d'une forte muraille, avec des tours & des batteries, & d'y bâtir une églife qu'on voit encore aujourd'hui au lieu de la petite chapelle qu'on y avoit élevée dans le commencement.Voilà, continue ce pere, l'époque véritable de la fondation du château de la Mine, qu'on ne peut, felon lui, avancer ni reculer qu'entre 1383 & 1386. A ce compte la fondation françoife feroit de près d'un fiécle plus ancienne que la portugaife. * Conquêtes des Portugais, t. I, p. 40 & fuiv. Voyage de Desmarchais, en Guinée, t. I, p. 269 & fuiv.

Cet heureux & riche commerce continua fur le même

pied jusqu'en 1410, que les guerres civiles commencerent à défoler la France, pendant le regne de Charles VI, & une partie de celui de Charles VII, fon fuccefleur. Les marchands de Rouen abandonnerent le commerce pendant ces troubles, allerent à la guerre, fe ruinerent: leurs descendans ne furent plus en état de le reprendre, & la Mine s'oublia. Ce fut en 1414 que les Portugais, auffi peu con

nus alors hors de leur petit pays, qu'ils l'ont été depuis dans les quatre parties du monde, commencerent à cultiver la navigation qui les a rendus fi célébres.

En 1483, ils reconnurent le fort de la Mine, que les François avoient abandonné quelque tems auparavant y retournerent en 1484, mirent à terre le 23 avril, jour dédié au martyr S. George, s'emparerent aifément du château qui étoit abandonné, y ajouterent quelques fortifications nouvelles & confidérables, & le nommerent le château de Saint-George de la Mine, à caufe du faint dont l'églife célébroit la mémoire le jour qu'ils en prirent posfeffion. Ce fut alors que le roi de Portugal forma une compagnie pour faire le commerce de cette côte, à l'excluion de tous fes autres fujets.

L'auteur reproche aux Portugais une conduite cruelle & tyrannique, & dit qu'ils exercerent de grandes cruautés sur les naturels du pays & fur les François, qui firent quelques efforts pour reprendre ce qu'ils avoient perdu fur cette côte; mais enfin les Hollandois, qui avoient quelques établiffemens fur la côte, s'emparerent de la mine en 1637 à la faveur d'une divifion qui étoit alors entre les Portugais. On peut voir les détails de cette révolution dans le P. Labat, qui la raconte en plufieurs façons. Voici la description que Dapper, Afrique, p. 280, a faite de ce château.

Ce fort, qui porte le nom des mines d'or, qui n'en font pas bien loin, eft fitué fur les confins du royaume de Fetu, près de la mer, au fond d'un arc que la côte forme en cet endroit, fur les bords d'une petite riviere falée, nommée Benja, & à trois lieues du petit Commendo. C'eft un bâtiment vieux, à ce qu'on en peut juger par les dates & par les mazures. Il y a quelques années que les Hollandois, relevant une batterie, qu'on appelle la batterie des François, parce que, felon l'opinion commune des originaires du pays, les François en ont été maîtres avant les Portugais, on trouva gravé fur une pierre les deux premiers chifres du nombre treize cents; mais il fut impoffible de diftinguer les deux autres. Il y avoit un autre écriteau fur la pierre, entre deux colonnes, dans une petite chambre au dedans du fort, mais il étoit effacé. On peut conjecturer par un chifre qui eft fur la porte du magafin, que cet appartement a été bâti l'an 1484, fous Jean II, roi de Portugal. Or comme les chifres de ce nombre font encore aufli entiers que s'ils avoient été vés depuis neuf ou dix ans, on a raifon de croire que les autres font d'une grande antiquité.

gra

Ce château eft bâti fur une roche fort haute, baignée d'un côté de la mer; fes murailles font d'une pierre fort dure, de forte que quelques pièces de canon n'y fauroient faire une brêche confidérable, & qu'on ne fauroit le prendre d'affaut, à caufe de fa hauteur prodigieufe. Du côté de la mer les murailles ne font pas fort hautes, parce que les baftions qui font flanqués au-deffous s'élevent affez haut, & que, du côté de la terre ferme, elles font fort élevées, fans être épaifles. Ce fort a quatorze verges rynlandiques de large, & trente-deux de long, fans compter les travaux extérieurs qui s'étendent depuis les bords du fleuve jusqu'au rivage de la mer. Les Portugais avoient fait deux batteries de ce côté, & planté (ur chacune fix piéces de canon. Cela n'empêcha pas les Hollandois de prendre ce château l'an 1637, parce que du côté de la terre, vis-à-vis de la montagne de Saint-Jacques, où il auroit dû être le plus fort, il n'y avoit qu'une batterie défendue par fix petites piéces de fonte, & que la pointe qui regarde le nord-eft n'étoit fortifiée que par deux petites piéces pofées au-deffus d'une vieille porte murée.

La montagne de Saint-Jacques porte le nom d'une petite chapelle , que les Portugais y avoient bâtie à l'oueft du château, au-delà du fleuve. Dèsque les Hollandois en furent les maîtres, ils fortifierent cette montagne pour en empêcher l'accès, & y firent une batterie fur un carré de vingtquatre verges, qu'ils éleverent à la hauteur de douze pieds, & l'entourerent d'une muraille de pierre. Du côté du château la montée n'est pas difficile, mais vers Fetu & Commendo elle eft presque inacceffible. Derriere la montagne de Saint-Jacques il y en a une autre de même hauteur, & vis-à-vis dans le château, il y a un batterie fans épaules avec quelques pièces de canon, pour tirer fur le fort Saint-Jacques en cas de befoin.

Bosman, lettre 3, p. 49, qui écrivoit au commence

ment de ce fiécle, met la prife du château de la Mine par les Hollandois en 1683. Ce n'eft pas, dit-il, fans railon. qu'il eft renommé, car il n'a pas fon femblable par toute la côte, pour la force, pour la beauté de la fculpture. Il eft: bâti en long, a des murailles extrêmement hautes avec quatre bonnes batteries dedans, & une dans les ouvrages de dehors. Il a du côté de la terre deux foffés creufés dans le rocher fur lequel il eft bâti. Ses foffés font remplis d'eau de pluye pour l'ufage de la garnifon & des vaiffeaux, on y a en outre trois bonnes citernes qui contiennent plusieurs centaines de barriques d'eau, de forte qu'on ne peut guères en manquer. Il y a auffi quelques piéces de gros canons de fonte, outre la batterie d'en bas, qui eft garnie de canons de fer, dont on le fert pour faluer les vaiffeaux qui arrivent, qui partent, ou qui paffent. On y pourroit loger une garnifon de plus de deux cents hommes. Les maifons du général, du premier marchand & du fiscal, furpasfent tout le refte, après quoi viennent celles des autres officiers. Chacun d'eux eft très-bien logé.

A demi-lieue du mont Saint-Jacques, & du village de la Mine, il y a une riviere nommée UTRI, qui fe déborde pendant les faifons pluvieufes, & qui eft toute pleine de rochers; de forte qu'on ne peut la remonter, pas même avec de petites barques. L'eau en eft fraîche & bonne : les vaiffeaux y viennent fouvent faire aiguade; les gens du château & du village en boivent, & fans elle ils feroient fort en peine durant les faifons qu'il n'y pleut point.

Comme le terroir de la Mine eft bas, il eft peu fertile ; leurs voifins de Fetu, d'Abrambou, de Commendo & d'Acani, leur apportent du millet, du vin de palme, du fucre, des ananas, &c. prennent en échange de l'or & des poiffons. Cependant le village n'en eft pas moins peuplé, puisqu'on en peut tirer en cas de befoin environ deux mille hommes propres à porter les armes, entre lesquels il y a deux cents chrétiens de race de mulâtre. Ils font presque tous pêcheurs & tributaires de la citadelle, à laquelle ils donnent le cinquiéme de toutes les prifes qu'ils font. Il y en a quelques-uns qui font le metier de polir le corail.

Anciennement le village de la Mine avoit deux maîtres; une moitié dépendoit du roi Guaffo, & l'autre de celui de Fetu. Les habitans ont l'obligation aux Portugais de leur liberté, & vivent maintenant en forme de république sous la direction du gouverneur du château, & de quelques chefs de leur nation. Comme le village eft divifé en trois parties, chaque quartier a fon braffo ou capitaine particulier. Lorsqu'il furvient quelque démêlé entr'eux, ils s'asfemblent chez le plus ancien des trois chefs, & après avoir formé leur réfolution, ils la portent au gouverneur, qui l'approuve ou la rejette, comme il le juge à propos. Si quelqu'un de leurs voisins de Commendo ou de Fetu a fait tort à un d'entr'eux, tout le peuple prend fon parti, & les chefs vont demander au gouverneur permiffion d'ufer du droit de repréfailles fur les terres de l'offenfeur. Les Portugais avoient foin de les protéger & de les animer dans ces occafions, afin de les tenir aguerris, & de les rendre redoutables à leurs voisins.

Cela eft bien changé depuis le tems où Dapper (lettre 3, p. 49,) écrivoit. Bosman dit : Le village de MINA, que les naturels du pays appellent OLDENA, eft deffous ou devant ce château. Il eft fort long & raifonnablement large. Les maisons font bâties de bonnes pierres dures, ce que l'on ne voit en aucun autre lieu; car dans les autres villages les maisons ne font bâties que d'argile & de bois entrelacé l'un dans l'autre. Il y a quinze ou feize ans que ce village étoit fort peuplé, & huit fois plus qu'il n'eft préfentement; ce qui le rendoit redoutable à tous les Negres de la côte, & un général pouvoit exécuter de grandes chofes, mais il y a quinze ans (vers l'an 1684 ou 85) que la petite vérole emporta une bonne partie des habitans, & ils ont été dans la fuite fi appauvris & affoiblis, tant par la guerre de Commani, que par le gouvernement rude de quelques-uns des généraux, & leur nombre est si diminué, que ce village n'eft pas en état de fournit cinquante hommes armés, outre ceux qui font au fervice des Européens.

Avant de quitter cet article, il eft bon de remarquer la contradiction qui eft entre le récit des Portugais & celui du pere Labat. Selon ce pere, les François ont découvert la Guinée, & ont eu un établissement à la Mine, près d'un

pere

fiécle avant les Portugais ; ils y ont eu un fort que les Portugais n'ont fait qu'augmenter. L'églife qui fubfifte encore aujourd'hui eft l'ouvrage des François. Un lieu nommé encore aujourd'hui la Batterie des François, & la tradition nationale rapportée par Dapper, fortifient le récit du Labat. Cependant tous les détails rapportés par les Portugais, dont toutes les circonstances fe trouvent dans les décades de Baros, tendent à faire voir que les Portugais ne trouverent aucune trace d'établissement antérieur ; les difficultés qu'on leur fit, lorsqu'ils voulurent creufer pour jetter les fondemens de leur fortereffe, font des faits qui ne s'accordent point avec le récit de ceux qui y mettent un fort déja bâti. Il n'y a dans leur relation ni fort, ni église que ce qu'ils ont bâti. Cela n'eft pas aifé à accorder. On ne doute point de l'exactitude de Baros qui a travaillé fur d'excellens mémoires. Je voudrois que le pere Labat eut au moins indiqué dans quelle fource il a pris ce qu'il en dit; car Desmarchais qu'il cite n'eft pas plus croyable que lui fur des faits fi anciens, & ils ont également befoin de citer leurs garants, pour être crus fur une antiquité de plufieurs fiécles.

9. SAINT-GEORGES, village de France, à une petite lieue d'Auxere & de la banlieue. C'eft une prévôté royale. La cure eft réputée la treiziéme de la ville & faux bourgs, dont le territoire s'étend jusques fur la montagne, qu'on croit avoir donné à la vallée où depuis Auxerre a été bâti, le nom de Vellaunodunum. Le lieu des vieilles Celles, où fut bâtie au treiziéme fiécle l'abbaye de Notre-Dame de Celles, étoit fur le territoire de Saint-George. Ce village, qui a auffi une partie de fon terrein au-delà du ruifleau de Beauche, avoit été nommé originairement Beruciacum. C'est un lieu de bons pâturages, & il femble que cet ancien mot ait fignifié un lieu aquatique. Depuis que le corps de faint Georges diacre & martyr d'Espagne paffa avec ceux de fes compagnons par Auxerre au neuviéme fiécle, il y eut beaucoup d'églifes, qui, enrichie de fes reliques, prirent fon nom, entr'autres celle-ci & celle de Bazerne en Auxerrois, & par la fuite on crut que c'étoit le grand faint George, comme il eft arrivé ailleurs. Il y avoit au feptiéme fié cle fur ce territoire une fontaine appellée de Diane ou de Divone. On croit que c'eft elle qui eft au rivage occidental du ruiffeau. Au-delà ce n'étoient autrefois que bois & étangs.

10. SAINT-GEORGES, riviere de l'Amérique feptentrionale, qui fe décharge dans la mer fur la côte méridionale, entre l'Acadie & la nouvelle Angleterre. Cette riviere eft presqu'à diftance égale de Quinibequi & de Pentagoes. Les limites de la nouvelle France & de la nouvelle Angleterre y furent fixées en 1698, & confirmées en 1700 par M. de Villieu de la part du roi très-chrétien, & par M. de Soudrick de la part de fa majesté britannique.* Hiftoire de la nouvelle France du P. Charlevoix.

11. SAINT-GEORGES, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, dans la Suabe, près des fources du Danube, rétablie à la fin du onzième fiécle. Elle a été depuis transferée dans la ville de Villingen.

12. SAINT-GEORGE en Langfée, abbaye de filles, ordre de faint Benoît, dans la baffe Carinthie, vers les frontieres de Saltzbourg.

13. SAINT-GEORGES DES BOIS, abbaye d'hommes, ordre de prémontré, dans le Maine, dans fa partie

orientale.

14. SAINT GEORGES, abbaye de chanoines réguliers dans l'Anjou, diocèfe d'Angers, près de la Loire.

SAINT GERARD DE BROGNE, abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, dans les Pays-Bas, entre Sambre & Meufe, fondée au commencement du dixiéme fiècle. La manfe abbatiale a été unie à l'évêché de Namur. SAINT-GERAULD D'AURILLAC. Voyez AURIL

LAC.

1. SAINT-GERMAIN, village d'Angleterre, au comté de Cornouailles, fur la petite riviere de Liver. Il prend fon nom d'une petite églife dédiée fous l'invocation de faint Germain évêque d'Auxerre, qui combattit le pélagianisme qui renaissoit en Angleterre. Ĉe lieu eft remarquaCe ble, , parce qu'on y transporta le fiége épiscopal de la province qui étoit à Bodman. La crainte que caufoit le voifinage des Danois donna lieu à ce changement. Peu d'évêques y réfiderent; celui de Crediton dans la province de Devonshire, ayant beaucoup de pouvoir auprès de Ca

nut, prince Danois, obtint de lui l'union des deux évêchés. Depuis Leuvin, évêque de Crediton, pour qui le fit cette union, la province de Cornouailles a été foumife pour le temporel à l'évêque de la province de Devonshire, dont la résidence est à Exceter. Ce village ne confifte plus qu'en quelques cabanes de pêcheurs. Cet article eft tiré de l'Atlas de Blaeu.

2. SAINT-GERMAIN, petite ville de France, dans le Limofin, à fept lieues de Limoges. Il y a un chapitre compofé d'un doyen, d'un chantre, de douze chanoines, & de fix titulaires du bas choeur. Il eft fous l'invocation de faint Germain, évêque d'Auxerre.

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3. SAINT-GERMAIN DES PREZ, lieu de France, en Normandie, à un quart de lieue d'Evreux. C'est où arrive l'évêque d'Evreux, quand il fait fon entrée en cérémonie, pour prendre poffeffion de fon évêché. Le corps de la ville & le clergé viennent lui faire compliment en cet endroit, d'où ils le conduisent à l'abbaye de faint Taurin. Ce lieu eft nommé NAVARRE dans les titres d'Evreux. C'est la paroiffe du château du duc de Bouillon, comte d'Evreux. Cette paroiffe jouit de tous les droits de bourgeoifie, & peut être regardée comme une neuviéme paroille de la ville d'Evreux. C'eft faint Germain, évêque d'Auxerre, qui eft le titulaire de l'églife, & non celui de Paris, comme on pourroit fe l'imaginer par la reffemblance du nom avec celui de l'abbaye qui eft au fauxbourg de Paris.

4. SAINT GERMAIN EN LAYE ̊, ( la ville de ) ville de France, en latin fanctus Germanus in Ledia Silva. On y regarde faint Germain évêque de Paris, comme patron. Elle eft à quatre lieues de Paris, & dans la même fituation que le château. On croit qu'elle a pris fon nom d'un monaftère, que le roi Robert y fit bâtir il y a environ sept cents ans. Cette petite ville eft fort peuplée; les maifons y font hautes & bien bâties, les rues grandes & bien percées. Elle eft encore ornée de plufieurs beaux hôtels, que différens feigneurs ont fait bâtir dans le tems que le roi y faifoit fa réfidence. Il n'y a qu'une paroiffe, & les couvens des recollets & des urfulines. Celui des auguftins déchauffés, dit des Loges, cft au milieu de la forêt. Il y a une prévôté & une maîtrise des eaux & forêts, qui s'étend non-feulement fur les forêts & bois de la châtellenie de faint Germain, mais encore fur ceux de la châtellenie de Pontoife & des bailliages de Mantes & de Meulan. * Piganiol, Descr. de la France, t. 2.

L'aspect du château eft admirable, principalement du côté de la riviere & des plaines. Son point de vûe s'étend fur Paris, Saint-Denys, Marly, &c.

Le parc qui joint le château est agréable, & fon étendue eft de trois cents cinquante arpens.

La forêt en contient cinq mille cinq cents cinquante, trente-une perches & trois quarts. Elle eft percée de plufieurs belles & larges routes, pleine de toutes fortes de bêtes fauves, qui en font un lieu charmant pour la chaffe.

Les évêques de Chartres ont pendant long-tems prétendu, que le bourg ou la ville de Saint-Germain étoit de lent diocèle. Cette prétention fut renouvellée entre Ferdinand de Neuville, évêque de Chartres, & Hardouin de Péréfixe, archevêque de Paris. Sur ce différend il intervint arrêt du confeil d'état du roi, fa majefté y étant, par lequel. l'archevêque de Paris eft maintenu & gardé dans tous les droits de diocéfain fur le prieuré, paroifle & territoire de faint Germain en Laye. Čet arrêt eft du 15 de septembre

de l'an 1670.

5. SAINT-GERMAIN EN LAYE, ( le château de ) est un de plus beaux féjours qui foient en France, tant pour la beauté de fes appartemens & de fes jardins, que par la forêt qui les joint. L'air y fort fain, & l'on a remarqué que l'on y vit long-tems. Cette mailon royale a été occupée dans ces derniers tems par le roi de la grande Bretagne, &

par

la cour d'Angleterre. Le roi Louis XIV y logea le feu roi Jacques en 1689, lorsqu'après la derniere révolution d'Angleterre, il fe vit obligé de fe retirer en France, & ce prince y eft mort faintement le 16 de septembre 1701. Son corps fut transporté à Paris, & mis en dépôt chez les religieux bénédictins Anglois, près le Val-de-Grace. Marie Stuart fa fille, & Jofep-Marie d'Eft fa femme y font mortes auffi, la premiere le 18 d'avril 1712, & la derniere le 7 de mai 1718.

Le roi Charles V fit jetter les premiers fondemens de ce

château l'an 1370. Il fut pris par les Anglois pendant les troubles que caufa dans le royaume la maladie du roi Charles VI. Le roi Charles VII le retira des mains d'un capitaine anglois, moyennant une fomme d'argent, & Louis XI fit don à Coitier, fon médecin, non-feulement du château de Saint-Germain, mais encore de Trielle, & de tout ce qu'on appelloit alors la châtellenie de Poiffi; & les patentes de cette donation furent expédiées au Pleffis lez-Tours, au mois de feptembre de l'an 1482.

Le goût que François I avoit pour la chaffe, lui en donna beaucoup pour le château de Saint-Germain. Il fit élever l'ancien bâtiment, & en fit conftruire de nouveaux. Henri IV fit bâtir le château neuf fur la croupe de la montagne plus proche de la riviere, fur laquelle il y a un pont, qu'on nomme le Pont du Pecq. Il étendit les jardins jusqu'aux bords de la Seine, & les fit foutenir par des terrasLes élevées, avec une dépenfe fomptueufe. Le feu roi Louis XIII l'embellit de plufieurs ornemens, & enfin Louis XIV qui y étoit né les de feptembre de l'an 1638, fit ajouter au vieux château cinq gros pavillons qui en flanquent les encognures. Il fit encore embellir les dehors. Le grand parterre, la grande terraffe, la maifon & le jardin du Val, & quantité de routes qu'il fit percer dans la forêt, font des ouvrages dont il a donné le dessein, & des magnificences de fon regne.

6. SAINT-GERMAIN. (La forêt de) Voyez FORET. J'ajoute ici qu'elle appartient en propre au roi, & qu'elle a cinq mille neuf cents quatorze arpens, quatre-vingt-huit perches, tant pleins que vuides, felon les auteurs du dictionnaire de la France, qui donnent au parc trois cents cinquante arpens.

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7. SAINT-GERMAIN-LAMBRON ou LEMBRUN petite ville de France, fur l'Allier. C'est le chef lieu d'un canton appellé LAMBRON, qui eft fort abondant en bled & en vin. Elle eft fituée dans l'Auvergne : elle s'appelloit anciennement Liciniacum, & étoit du patrimoine d'Etienne I, évêque de Clermont, qui l'an 962 la donna au chapitre de Brioude, dont les comtes & chanoines fe qualifient barons de Saint-Germain-Lambron. Les bourgeois font commerce de vin & de bled, & il y en a plusieurs qui s'y font enrichis. Elle eft à trois lieues d'Iffoire, & à quatre de Brioude. Dès le cinquiéme fiécle, Victorius, duc d'Auvergne, y avoit bâti une église fous le titre de SaintGermain d'Auxerre. * Grégoire de Tours, Hift. liv. 5,

C. 20.

8. SAINT-GERMAIN-LAVAL, ville de France, dans le Forez. Elle eft fituée en un terroir fécond en bons vins. Il y a une châtellenie royale qui reffortit à la fénéchauffée de Saint-Etienne. Cette ville eft célébre, pour avoir été la patrie de deux hommes diftingués par leurs études; l'un eft Jean Papon, fieur de Marcoulx & de Goutelas, confeiller au parlement de Paris, & enfuite lieutenant-général de Montbrifon en Forez. Il vivoit fur la fin du feiziéme fiécle. Il fe fit de la réputation par les traductions & par fes autres ouvrages. Les principaux font un recueil d'arrêts & les trois Notaires. Il avoit un frere, Louis Papon, prieur de Marcilli & chanoine de Montbrifon, qui a traduit de latin en françois le livre de Laurent Joubert, de Rifu. L'autre homme illuftre de Saint-Germain-Laval, eft Papire Maffon, mort l'an 1611, au mois de janvier, à l'âge d'environ foixante-fept ans. On a de lui plufieurs bons ouvrages, entre autre une description des rivieres de France, Descriptio fluminum Gallia, ouvrage que Coulon a imi é en françois. Baudrand, qui a fait réimprimer l'ouvrage latin, au lieu d'y ajouter des notes & des corrections, dont ce livre a befoin, en a retranché la table fort mal à propos, de forte que fon édition vaut moins que l'ancienne. On a auffi de Papire Maffon un recueil d'éloges des hommes illuftres, en deux volumes. On y a fouré fans discernement l'éloge de Calvin, qui n'est pas de cet auteur, mais de M. Gillot, confeiller clerc au parlement de Paris, & chanoine de la fainte Chapelle; celui de Simon Prêtre, médecin, qui est du fameux Guy-Patin, & quelques autres morceaux, qui ne font point de Papire Malfon. Ce favant homme mérite la place que M. Perrault lui a donnée entre les hommes illuftres dont il a publié les portraits & les éloges.

SAINT-GERMER EN FLIX, felon Corneille; SAINTGERMER DE FLAY, felon Baudrand & Baillet, en latin S. Geremarus de Flaviaco, bourg de France, dans le Beau

voifis. Il eft à onze lieues de Rouen, à cinq de Beauvais à deux de Gerberoy, à une de Gournay en Bray, & à demi-lieue de Vardes & de la riviere d'Epte. On y trouve deux paroiffes, dont l'une porte le titre de Notre-Dame, & l'autre celui de S. Lucien de Flix. Il y a un bailli, un lieutenant & autres officiers de juftice. Dans le voisinage de ce bourg font des terres de labour, des pâturages, des étangs & des bosquets; mais ce qui le rend fur-tout remarquable, c'eft un abbaye de bénédictins de la congrégation de S. Maur, dont l'églife, faite en croix, a douze pilliers de chaque côté dans la longueur, & un corridor qui regne tout à l'entour. La chapelle de la Vierge, bâtie hors d'œuvre derriere le choeur, eft très belle, & éclairée par quinze grandes croifées de vitres. Elle a fept piliers de chaque côté, & fes dehors font fort magnifiques. Le cloître, l'hôtellerie, la maifon abbatiale, font des bâtimens neufs grands & très-commodes. Les jardins en font beaux & bien ordonnés, avec un étang dans l'enceinte. Les religieux tiennent college, & enfeignent les humanités & la rhétorique. Cette abbaye eft fort ancienne, & a été gouvernée par plufieurs abbés d'une grande fainteté, dont S. Germer a été le premier, S. Gerard le troifiéme & faint Benigne le quatrième. Un peu au dellous de ce lieu-là est une chapelle de S. Jean.

1. SAINT-GERVAIS, petite ville de France, dans le haut Languedoc, au diocèfe de Caftres.

2. SAINT-GERVAIS, petite ville de France, dans le Bourbonnois, au diocèse de Clermont.

3. SAINT-GERVAIS, bourgade de France, dans le Dauphiné, dans l'élection de Montelimar. Elle est remarquable par une fabrique de bombes & de canons de fer, qu'on trouve fi doux & fi liant, que ces canons font presque d'un auffi bon ufage que ceux de fonte.

4. SAINT-GERVAIS, l'un des fauxbourgs de Genève. SAINT-GEVER ou SAINT-GEWER. Voyez SAINTGOWER.

SAINT-GHISLAIN, (quelques-uns écrivent, conformément à la prononciation moderne, SAINT-GUILAIN) ville des Pays-Bas, dans le Hainaut & dans la prévôté de Mons, à deux lieues au deffous de Mons, en allant vers Condé & Valenciennes. Elle eft forte par fa fituation, à caufe des eaux de la riviere de Haine & des marais qui l'environnent. Elle eft nommée en latin Giflenopolis, & Fanum S. Gifleni. Elle doit la naiffance à une abbaye fonle faint dont la ville & l'abbaye portent le nom; dée par mais on ne convient pas du tems de fa fondation. De Longuerue & Piganiol de la Force, la mettent fous Dagobert I. D'autres, comme l'auteur des Délices des PaysBas, la mettent en 651. Baillet tient un milieu. Selon lui, S. GUISLEIN, GUILLEIN OU GHISLEN, venu d'Italie en France, fe retira au pays de Hainaut, vers l'an 648, dans un bois où il bâtit quelques cellules, avec une églife fur le bord de la riviere de Haine, qui a donné le nom à la province. Le roi d'Auftrafie, S. Sigebert lui donna le fond de la terre où il étoit, pour y fonder un monaftère Guiflein y jetta les fondemens de la Celle l'an 652. Le lieu s'appelloit Urfidonc ; & il s'y elt formé dans la fuite une ville qui porte encore aujourd'hui le nom de faint Guiflein, entre mons & Condé. L'abbé est seigneur fpirituel & temporel de la ville : il porte le titre de primat du Hainaut On vient de voir que Baillet dit que le lieu s'appelloit Urfidonc ; cela a quelque rapport à l'ufage que l'on a dans cette abbaye de nourrir toujours un ours & un aigle. Quelques uns difent que c'eft en mémoire de ce que Dieu fe fervit de ces deux animaux pour indiquer à faint Ghislain le lieu où il devoit bâtir fon monaftère. Les rois d'Espagne, comtes de Hainaut, avoient bien fortifié cette place qui l'étoit déja par fa fituation, dans un lieu marécageux, comme il a été dit. Elle n'a pas laiffé d'être prife & reprise plufieurs fois. Les François l'ayant prife l'an 1677, Louis le Grand la rendit à l'Espagne par la paix de Nimégue, à condition qu'elle feroit démantelée. Sur la fin de 1708, le gouverneur d'Ath, pour les alliés de l'empereur, la furprit; mais il ne la garda que quelques jours. Les alliés la prirent encore le 10 feptembre 1709. Et depuis elle eft demeurée à l'Autriche avec le refte des PaysBas, appellés aujourd'hui Autrichiens.

SAINT GILBERT, abbaye de France, en Auvergne, au diocèfe de Clermont, ordre de prémontré. Elle a été fondée en 1150, par un feigneur d'Auvergne, nommé

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