ville lui présenta, sous lequel sa majesté ordonna qu'on mit la croix. Cette ville a été donnée en douaire à plusieurs reines de France; en 1449 à Marie d'Anjou ou de Provence, veuve de Charles VII: en 1570 à Marie Stuart, reine d'Ecosse, veuve de François II: en 1644 à la reine Anne d'Autriche, veuve de Louis XIII. Enfin elle fut réunie au domaine par arrêt du conseil d'état du 10 février 1667. Il y avoit autrefois à Sainte-Menou une chambre de monnoye qui avoit la lettre T pour sa marque; elle a éré transferée à Nantes depuis la réunion de la Bretagne à la couronne. Il y a dans cette ville plusieurs jurisdictions royales, bailliage, prévôté, eaux & forêts, maréchauffée, élection, grenier à fel, & traites foraines. Toutes les fortifications de la ville & du château ont été démolies. Cette ville a été presque entierement détruite par un incendie extraordinaire arrivé sur les dix heures du soir, la nuit du 7 août 1719, non par le feu du ciel, ainsi qu'on s'est efforcé de le perfuader. Il n'y resta que les couvents des capucins & des religieuses, avec quelques maisons qui font depuis ces couvents jusqu'à la porte des bois. La cour a depuis fait lever le plan de cette ville pour la rebâtir plus grande, plus réguliere & mieux fortifiée qu'elle n'étoit. Quoiqu'on écrive SAINTE MANEHOULD, ou SAINTEMENEHOULD, Oon prononce SAINTE MENOU par abbréviation. Le nom latin est sancta Manechildis oppidum. SAINTE-MERE ÉGLISE, en latin Fanum Matricis Ecclefia ou Sancta Mater Ecclefia, bourg de France, dans la Normandie, au diocèse de Bayeux. Sainte-Mere Eglise est située dans le bon terrein du Cotantin, à une lieue & demie près de Sainte-Marie, sur la grande route de Carentan à Valogne, éloignée de trois lieues de chaque, & de dix de Coutances. C'est un archiprêtré avec quatre grandes paroisses qui en dépendent. Les unes & les autres font exemptes des visites des évêques, ou du moins de l'archidiacre. La cure vaut plus de deux mille livres de revenu. M. le comte de Courtaumer, qui est seigneur de la paroisse, présente à la cure. Il a lui-même dans cette paroisse plus de dix mille livres de revenu en bonnes fermes & rentes. M. l'évêque de Bayeux y a aussi des rentes, & quelques portions de dixme affez considérables. Il y a marché dans ce bourg tous les jeudis, & quelques foires. Il y avoit autrefois un prêche pour les réformés, dont il ne reste aucune famille. Environ à une demi-lieue est le château de l'Isle Marie appartenant aux héritiers de M. le maréchal de Bellefonds qui l'a fait bâtir. Il y a trois corps de logis. Dans l'un est le château: dans le second une église très-propre, & un petit hôpital, pour les malades y joignant. Deux fœursgrifes en ont foin. Le troifiéme logis est celui où demeure le receveur & quelques autres domestiques. L'église est une paroisse qui n'a point d'autres paroiffiens que ceux du château qui est dans un marais entourré d'eau. SAINTE ODILLE ou OTILLE, monastère bâti sur la place du château de Hohembourg, dans le diocèse de Strafbourg. C'est une des plus hautes montagnes de Vosge, d'où l'on découvre pleinement la haute & basse Alface, le pays d'au-delà du Rhin, même la Suisse & les Alpes. Il y a dispute entre les savans pour savoir quelle régle de religion on y pratiquoit autrefois. Tritheme, qui soutient que c'étoit celle de faint Benoît, le prouve par l'autorité d'une chronique, qui dit qu'une reine de Sicile y fut exilée, & marque positivement que c'étoit une abbaye de l'ordre de faint Benoît. On dit au contraire, que dans le douziéme fiécle l'abbesse de Hohembourg, voulant y rétablir la régularité, demanda à l'abbé d'Estival, qui est de l'ordre des prémontrés, des religieux pour la conduite de sa maison qui lui furent envoyés. Elle assigna un temporel considérable pour leur entretien & leur subsistance, & leurs fuccesseurs en jouiffent encore aujourd'hui en partie; ce qui prouve qu'on y suivoit la regle de saint Augustin. Au reste, il y a eu dans ce monastère jusqu'à fix cents religieuses, divisées en deux couvens: celui d'en haut eft nommé Niternmunster, parce qu'il est bâti dans le bas à micôte, tous deux sous la conduite de la même abbesse. Cette abbaye s'étoit foutenue pendant près de mille ans, lorsque la derniere abbesse ayant embraife le lutheranisme, se maria au prévôt de Norchfwiller, village dans le terri toire de Strasbourg. Elle entraîna la ruine des deux monastères. L'évêque & le chapitre en ont partagé le revenu entr'eux. Les prémontrés accablés de guerres qui ont désolé l'Alface pendant un siècle, s'en retirerent aussi; mais ils y font revenus depuis trente ou quarante ans, & y fubsistent des charités que les pélerinages au tombeau de sainte Odille leur procurent, & des biens où ils sont rentres. On invoque cette sainte pour les yeux. Son tombeau est au monastère d'en bas, où les prémontrés ont établi une petite église & leur logement. SAINTE-PECAQUE: Dampier nomme ainsi une ville de l'Amérique septentrionale, au Mexique, dans l'audience de la nouvelle Galice. Corneille la met sur la riviere de Sant Jago; mais il n'a pas fait réflexion que l'aurear qu'il cite, dit qu'après avoir monté cette riviere cinq lieues, les Anglois laisserent vingt-cinq hommes à la garde des canots, & marcherent quatre heures pour arriver à cette place, ce qui fait trois ou quatre lieues de distance. Elle est dans une plaine à pâturages, près d'un bois, & entourée de plusieurs arbres fruitiers. La ville est petite, mais réguliere, à la maniere des Espagnols, & a une place au milieu. Les maisons qui sont sur la place ont des balcons. Il y a deux églises, l'une près de la place, & l'autre au bout de la ville. La plupart des habitans font Espagnols : leur principale occupation est l'agriculture; à cinq ou fix lienes de cette ville sont des mines. Le capitaine Swan ,armateur Anglois, voulut piller cette ville en 1686, & fut artaqué au retour par les Espagnols qui lui tuerent cin. quante hommes. 1. SAINTE PETRONILLE ou SAINTE PERRINE, près de Compiegne, en latin sancta Petronilla juxta Compendium, abbaye de filles, en France, au diocese de Soisfons. Cette abbaye est de l'ordre de saint Augustin. Elle a été fondée près la forêt de Compiegne par le roi Philippe le Bel, vers l'an 1300. Elle a été depuis établie près Compiegne, d'où en l'an 1646 elle a été transférée à la Villette, près de Paris, du diocèse duquel elle est à présent. Elle vaut à l'abbesse huit mille livres de re venu. 2. SAINTE-PETRONILLE, bourg d'Allemagne, en Autriche, sur le bord méridional du Danube, à trois lieues au dessous de Hambourg. Quelques-uns ont cru y trouver l'ancienne ville de Carnunte. Voyez CARNUN TUM no. 2. SAINTE-PRAXEDE: (le lac de) les Italiens disent SANTA PRASSEDA, petit lac d'Italie, dans la campagne de Rome, à deux milles de Trivoli. Il est petit, & prend son nom d'un village appellé Sainte-Praxede. SAINTE-REINE, bourgade de France, en Bourgogne, dans l'Auxerrois. C'est un fameux pélerinage. Seron Piganiol de la Force, dans sa description de la France, Sainte - Reine est un village sur une montagne, à dix lieues de Dijon, lequel on appelloit ALIZE, avant qu'on y portât les reliques de fainte Reine; & c'est probablement l'ancienne Alexia, dont il est parlé dans les commentaires de César. La fontaine la plus renommée qui soit à SainteReine est celle des cordeliers. C'est un réservoir d'environ deux pieds & demi en carré, qui est dans une chapelle de l'église de ces religieux. Quoique cette fontaine ne soit pas abondante, on dit néanmoins qu'elle ne peut être épuisée. Son eau est claire & fraîche, comme de l'eau ordinaire de fontaine. Dans un champ qui est à deux portées de mousquet du village de Sainte-Reine, il y a une autre fontaine beaucoup plus grande & plus abondante que celle dont on vient de parler, & l'eau en est meilleure : mais les enfans de faint François qui ont intérêt qu'on ne quitte point la leur, décrient l'autre ; & ils ont tant de pouvoir sur l'esprit des buveurs, que la plupart croyent qu'on ne peut fûrement guérir qu'en buvant de l'eau de la fontaine des cordeliers. 1. SAINTE-ROSE, (baye de) dans l'Amérique septentrionale, aux côtes de la Floride espagnole, entre le port de Pensacola & la baye sablonneuse de Saint-André, environ par 30d 10' de latitude. Les grands bâtimens ne peuvent pas y entrer. 2. SAINTE-ROSE, (ifle de) aux côtes de la Floride espagnole. Elle est longue, mais très-étroite; elle forme le port de Pensacola & l'entrée de la baye de sainte Rose. Il y a un port entre cette ifle & la terre, à la bande de l'ouest, où les vaisseaux peuvent passer pour entrer dans le port de Pensacola. SAINTE-SEVERE, bourg ou ville de France, dans le Berri, avec titre de baronnie, aux confins du Limousin, à trois lieues de la Châtre & de la Creuse, à onze d'Issoudun, & à dix-sept de Bourges, avec un château, sous lequel passe la riviere d'Indre. Les habitans ont deux foires tous les ans, & s'occupent à tanner les cuirs. Il y a un fort beau vignoble, avec plusieurs landes & bruyeres, où paît le bétail de la communauté. 1. SAINTE-SEVERINE, bourg de France, dans la Saintonge, diocèse & élection de Saintes. 2. SAINTE-SEVERINE, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, avec un siége archiépiscopal. Elle est au couchant de la ville de Crotone, & son étendue, qui est très-petite, ne répond pas au titre de ville archiepiscopale. SAINTĖ - SIGOULENE, bourg de France, dans le Velay, à fix lieues du Puy, du côté du nord; à un quart de licue de-là est l'ancien CHÂTEAU DE LA TOUR. SAINTE-SOULANGE, bourg dans le Berry, diocèse de Bourges. Ce bourg est situé sur la riviere d'Yévre. Il est du bailliage & du présidial, & à trois lieues de Bourges. Il a quatre cents cinquante-huit habitans. Ce lieu se nommoit autrefois Saint-Martin du Croi. Il a pris son nouveau nom de sainte Soulange, bergére du lieu, qui souffrit la mort sur la fin du neuvième siècle, pour la conservation de sa virginité. Ce fut de la part de Bernard, comte de Bourges, sous le regne de Charles le Chauve. Cette sainte est la patrone de la ville de Bourges & de tout le Berry, & on a de ses reliques. Il y vient un grand concours de peuple, & on porte la chấsse à la cathédrale de Bourges dans les tems de calamités, avec une grande affluence de peuple. Tout le clergé, tant féculier que régulier, la vient recevoir à la porte de la ville de Bourges. I. SAINTE - SUZANNE, ville & comté de France, dans le Maine, située sur une hauteur, à dix lieues du Mans. C'étoit autrefois une place forte. A présent elle a neuf cents soixante habitans. Hubert II, vicomte de Beaumont, s'y étant enfermé en 1075, fatigua tellement les Anglois par ses courses, durant trois ans, que Guillaume le Conquérant fut obligé de bâtir un fort pour les arrêter, & enfin de lui rendre les places de Beaumont & de Frenay qu'il avoit prises. Le comte de Salisbury étant venu dans le Maine, avec une puissante armée d'Anglois, Ambroise de Lore, gentilhomme du Maine, se jetta dans SainteSuzanne, pour la défendre, & après avoir foutenu plusieurs assauts, la rendit par composition. Mais quinze ans après les François la reprirent par escalade, sous la conduite de Jean de Beuil, à qui le roi en donna le gouvernement. Lucie de Sainte-Suzanne, héritiere de l'ancienne maison, qui avoit possédé cette terre dès le commencement des fiefs, la porta à Raoul de Beaumont, fils aîné de Hubert II, d'où elle a passe successivement aux maisons de Chamaillard, d'Alençon & de Bourbon, jusqu'à sa réunion à la couronne, par Henri IV. La patoisse est de deux cents vingt-sept feux, qui payent deux mille quatre cents cinquante livres de taille. Il y a un siége royal reffortissant à la fénéchauffée de la Fleche. Elle est située au bord de la riviere d'Hervé, sur la droite. 2. SAINTE-SUZANNE, petit lac d'Ombrie, en Italie. Voyez au mot Lac. 3. SAINTE-SUZANNE, (riviere de) dans la Louifiane: ses bords ne sont fréquentés que de peuples errans. Après un cours d'environ trente lieues, elle se rend dans le golfe de Mexique. 4. SAINTE-SUZANNE, quartier & paroisse dans les montagnes, qui bordent au sud la plaine du cap François, dans l'isle de Saint-Domingue. 1. SAINTE-THERESE, (lac de ) dans la nouvelle France. Ce lac est au nord des Affinipoelz & des Chriftinaux. Il est beaucoup moins considérable. Il se décharge dans la baye d'Hudson, par une riviere qui porte son même nom. 2. SAINTE-THERESE, riviere de l'Amérique feptentrionale, qui se décharge dans une anse de la côte septentrionale de la baye d'Hudson, où elle se confond avec la riviere Bourbon, qui s'y décharge auffi. Cette anse est ce que les Anglois nomment port Nelson, dont ils sont en possession depuis la paix d'Utrecht. 3. SAINT-THERESE, (riviere de) dans la Louisiane. Voyez LA MALIGNE. ŠAINTE VALPURGE, abbaye de filles, ordre de saint Benoît, dans la basse Alface, dans la forêt de Haguenau, à une lieue de cette ville. 1. SAINTE VAUBOURG, en latin sancta Valburgis, paroisse de France, dans la Champagne, au diocèse de Rheims. Cette paroiffe comprend cent quarante-fix habitans. Il y a un prieuré occupé par les religieux de Molesme; il a été fondé par l'empereur Charles le Chauve, dans une partie du territoire de l'ancien palais d'Attigny. 2. SAINTE VAUBOURG, (commanderie de ) en France, en Normandie. Cette commanderie est de l'ordre de Malthe, à deux lieues de Rouen, sur la riviere de Seine. C'étoit autrefois un couvent de templiers, fondé l'an 1173. Le commandeur présente à plusieurs cures. SAINTE-VENTURE, (montagne de) en France, dans la Provence. Elle est très haute, & fituée à trois lieues d'Aix: c'est celle que les matelots voyent la premiere, en arrivant à la côte. Il y a au haut de cette montagne un hermitage fort agréable; on n'y entre que par une fente, entre les rochers. SAINTE VERTUS, paroisse de France, en Champagne, au diocèse de Langres. Elle a trois cents soixantetrois habitans. Il y a une prévôté de huit cents livres. SAINTE-VICTOIRE, en latin sancta Victoria, ville de France, dans l'Agenois. Elle a onze cents cinquantecinq habitans. SAINTE WALBOURG ou SAINTE VALPURGE, Sancta Walpurgis, monastère de France, dans la forêt d'Haguenau, nau, en Alface, au diocèse de Strasbourg. C'étoit autrefois une abbaye de l'ordre de faint Benoît, qui fut fondée en 1131, par un comte de Montbelliard. Les religieux ayant abandonné ce monastère dans le seiziéme fiécle, le prévôt de Weissembourg s'en empara, & l'évêque de Spire a joui de la manse abbatiale, depuis l'union de la prévôté de Weissembourg à son évêché, jusqu'en 1668, que cette union n'ayant pû être juftifiée, elle fut déclarée nulle par un arrêt du conseil souverain d'Alface. Le roi en a donné le revenu aux jésuites de Strasbourg. SAINTE URSANE OU URSONE, petit bourg de Porentruy, & vieux château ruiné, situé à l'extrémité de ce coude que fait le Doux, au pied du Laumont : cette avance de terre renfermée par le Doux, & où commence le Chomont, s'appelle l'enclos du Doux. On paffe le Doux à Sainte-Urfane sur un pont de pierre. * Notes fur un ancien manuscrit de la bibliothéque de M. de Corberon, premier président au conseil souverain d' Alface. 1. SAINTES, (les) ifles de l'Amérique, entre les Antilles françoises, vers le 16d de latitude septentrionale, entre la Dominique & la pointe de la Guadaloupe. La plus grande est à l'est, & se nomme la TERRE DE HAUT: la moyenne est à l'ouest, & s'appelle la TERRE DE BAS. La troisieme n'est, à proprement parler, qu'un grand rocher; mais elle sert à former avec les deux autres un trèsbeau port où toutes fortes de vaisseaux peuvent entrer. Ces isles n'ont que quelques fontaines. Les habitans étoient en 1707 environ soixante à quatre-vingts hommes portant les armes, avec quelques esclaves. Tout leur trafic confifte en coton, qui y vient très-bien, en moutons, en chévres, & en toutes fortes de volailles, qu'ils vendent à la Martinique & à la Guadaloupe. La paroisse est desservie par un carme, & les procès sont jugés par le juge de la Guadaloupe. Les François commencerent à les habiter en 1648. Rochefort nomme ces ifles les SAINTS. L'asage est pour le féminin. 2. SAINTES, (anciennement on écrivoit XAINTES) en latin Mediolanum Santonum; outre ce nom, Piganiol de la Force, Description de la France, t. 5, p.29, fournit ceux-ci, Santoni civitas, Santona, & Urbs Santonica, ville de France, en Saintonge, dont elle est la capitale. Elle est fur la Charente, & est très ancienne. Du tems d'Ammien Marcellin, c'étoit déja une des plus florissantes de l'Aquitaine. Il y reste encore un pont du tems des Romains, fur lequel est un arc de triomphe, qu'on croit avoir été érigé sous Tibere. On voit fur ce monument une inscription latine, qui regne le long de la frise; mais elle est si effacée, qu'on ne peut la lire. Saintes est aujourd'hui une petite ville, & fes rues sont étroites & mal disposées. La cathédrale, dédiée à saint Pierre, a été bâtie par Charlemagne Tome V. Ooij & ruinée par les protestans, qui n'ont laissé que la tour du clocher. Il y a plusieurs églises paroissiales & maisons religieuses.Hors de la ville, à l'extrémité de l'un des fauxbourgs, sur une éminence, faint Palais fit bâtir l'église de saint Eutrope, dans l'endroit où il trouva le corps de ce saint évêque, qui avoit été un de ses prédécesseurs. Elle confifte en deux chœurs l'un au-dessus de l'autre, & en une nef qui communique de l'un à l'autre. L'église basse est paroisfiale, & la supérieure est collégiale. Dans l'église basse se voyent les restes du tombeau de saint Eutrope. Dans un fond, près de faint Eutrope, sont les restes d'un amphithéatre antique, bâti de petites pierres, & encore assez conservé pour faire juger de sa figure ovale & de la hauteur, & de l'ordonnance de ses étages. On appelle ces restes les Arcs. On a tenu plusieurs conciles à Saintes, en 562,1075, 1080, 1088 & en 1096; c'est dans ce dernier que le jeûne des veilles des apôtres fut ordonné. On voit dans un des fauxbourgs une riche abbaye de filles, sous le titre de Notre-Dame, fondée l'an. 1047 par Géofroy comte de Saintes, & Agnès sa femme, en l'honneur de saint Sauveur & de la fainte Vierge. Cette abbaye est de l'ordre de saint Benoît, & vaut quarante ante mille livres. La tradition du pays veut que saint Eutrope y fut envoyé par le pape saint Clément, & qu'il en fut le premier évêque. L'évêché de Saintes est composé de cinq cents forxante-cinq églises, tant paroissiales que succurfales; ces dernieres font au nombre de soixante ou environ, Ces églises sont partagées en vingt-quatre archiprêtrés ou doyennés ruraux. Ce diocèse avoit autrefois plus d'étendue, & comprenoit plus de sept cents paroisses; mais en 1649 on en détacha la Rochelle, l'ifle de Ré, & cent vingt paroisses du pays d'Aunis, pour former le fiége épiscopal de la Rochelle, & y faciliter la tranflation de celui de Maillezais. L'évêque de Saintes a droit de jurisdiction & de visite sur toutes ces églises, & pourvoit de plein droit à plus de la moitié de ces cures. Il pourvoit aussi à quelques petites chapelles, au prieuré de faint James, dans l'ifle d'Oleron, & à celui de fainte Constance, qui est en Terre - ferme. Outre ces cinq cents soixante-cinq paroisses, il y en a encore vingt-fix autres dans ce diocèse, fur lesquelles les doyen & chanoines prétendent avoir jurisdiction, & font en possession de les visiter. Celles de faint Pierre & de saint Michel, dans la ville, sont de la jurisdiction particuliere du doyen. Les vingt-quatre autres font à la campagne. L'évêché de Saintes vaut vingtcinq mille livres. L'évêque a haute, basse & moyenne justice sur les trois quarts de la ville & quelques paroisses de la campagne. Il est aussi en droit & en possession de faire exercer la justice prévôtale, tant civile que criminelle, fur les hommes & tenanciers du roi couchant & levant en fon fief de la ville, qui en contient environ la quatriéme partie, depuis le jour de Saint Vivien, qui est le 28 d'août, jusqu'au 27 septembre, comme il fait sur les fiens pendant le cours de l'année. Il est aussi en droit & en poffeffion de percevoir sur la vente des marchandises qui se fait dans le fond du roi, pendant les mois d'août & de septembre de chaque année, les droits que les fermiers du domaine ont accoutumé de lever pendant les autres mois de l'année. L'église cathédrale de Saintes est dédiée à saint Pierre, & fon chapitre est composé d'un doyen & de vingt-quatre chanoines, dont quatre ont les dignités d'archidiacre de Saintes, d'archidiacre d'Aunis, la chantrerie & la scholastique attachée à leurs canonicats. Le doyenné est de deux mille livres : les meilleurs canonicats de huit cents & les moindres de six cents. Chaque archidiacre a mille livres, le chantre autant, & l'écolâtre huit cents. L'évêque pourvoit de plein droit aux quatre dignités, comme le doyen & les chanoines pourvoyent, à la pluralité des voix, à tous les canonicats, aux douze vicairies, & aux deux souchantreries du bas-chœur. Au reste, ce chapitre est indépendant de l'évêque. Saintes a une sénéchauffée & un présidial duquel relevent les fiéges royaux de Saint-Jean d'Angeli & de Brouage, pour les cas présidiaux, & du parlement de Bourdeaux, hors des cas de l'édit des présidiaux. Saintes est aussi le chef-lieu d'une élection qui est de la généralité de la Rochelle. Il y a dans cette ville un lieutenant du prévôt général du pays d'Aunis, établi à la Rochelle, un assesseur, un procureur du roi, un greffier, & une brigade d'ar chers. SAINTOIS, petit pays de France, dans le diocèse de Toul, en Lorraine, lequel a donné fon nom à un doyenné, sous l'archidiaconé de Vitel. Ce doyenné comprend environ foixante paroisses, & un grand nombre d'annexes. Le Saintois est appellé dans les titres Segontensis Pagus, ou Comitatus Segintenfis. Fredegaire parle d'un de ses comtes: le partage des états de Charles le Chauve & de Louis le Germanique, fait au neuvième siècle, fait auffi mention du Saintois, & les annales de Saint-Bertin lui donnent le titre de comté sous l'année 839. Cette province est entre le Chaumontois & le Toulois. Le manuscrit de la vie de saint Amon, évêque de Toul, au quatriéme fiécle, dit que ce prélat se retira dans un désert du Saintois. Eve, comtesse de Chaumontois, donna à l'abbaye de saint Evre de Toul, le fief de Nantioncourt, dans le district du ban de Sélincourt, au comté de Saintois. Il y a eu des comtes de Saintois autres que celui dont est parlé dans Fredegaire. Hugues II, mari de la comtesse Eve, étoit comte de Chaumontois & de Saintois, & Riquin, pere de l'évêque Udon, jouissoit de ce dernier comté au commencement de l'onziéme fiécle. Ce pays changea son nom en celui de Vaudemont sur la fin de l'onziéme fiécle. Theodoric, duc de Lorraine, en ayant donné les terres à Gerard son frere, l'empereur les érigea en comté, & lui donna le nom de Vaudemont, à cause du château que le prince Gerard avoit fait bâtir sur une montagne qui portoit déja ce nom. Il y a cependant toujours une partie du comté de Vaudemont qu'on continue d'appeller Saintois. Ce comté, autrefois séparé du duché de Lorraine, y a été réuni par le duc René l'an 1473. Hiftoire de Toul. * SAINTONGE, (LA) province de France. Elle est bornée à l'orient par l'Angoumois & le Perigord, au nord par le Poitou, & par le pays d'Aunis, au couchant par l'Océan, & au midi par le Bourdelois & par la Gironde. Elle a environ vingt-cinq lieues de long sur douze de large. La Charente la partage en Saintonge septentrionale & en Saintonge méridionale. Saintonge, & la ville de Saintes, sa capitale ont tiré leur nom des peuples SANTONES célébres dans les anciens auteurs: ils furent du nombre des Celtes jusqu'à ce qu'Auguste les joignit à l'Aquitaine. Cefar, dans ses commentaires, vante la fertilité de la Saintonge, où les Helvetiens vouloient aller s'établir. Lorsqu'on divisa l'Aquitaine en premiere & feconde, les Saintongeois furent attribués à la seconde Aquitaine. Leur capitale s'appelloit Mediolanum, comme Milan dans la Gaule cilalpine, & elle avoit un amphithéâtre avec beaucoup d'autres marques de grandeur, lorsqu'elle étoit située sur une montagne. Cette ville que les auteurs, jusqu'au cinquiéme siécle, appellent Mediolanum, ayant été entierement ruinée par les barbares, qui traverserent les Gaules pour aller en Espagne, fut rebâtie dans une situation plus commode que l'ancienne, car elle est sur le bord de la Charente; depuis ce tems le nom Mediolanum n'a plus été en usage, & on ne s'est servi que de celui du peuple Santones, d'où est venu le mot Saintes. Les François occuperent ce pays après la défaite d'Alaric: Eudes, duc d'Aquitaine, s'en rendit le maître, comme de tout le reste de son duché, qui fut conquis sur son petit-fils Gaifre par le roi Pepin. Depuis ce tems Saintes fut gouvernée par des comtes qui n'étoient que de simples gouverneurs. Guillaume Tête d'Etoupe, duc d'Aquitaine, se rendit propriétaire de la Saintonge, comme du Poitou. Son petit-fils Guillaume donna Saintes à Foulques Nera, comte d'Anjou, qui laissa la Saintonge à son fils Geofroy Martel; mais après leur mort, ce pays fut réuni au duché d'Aquitaine. Eleonor de Guyenne étoit en poffeffion de Saintes & de la Saintonge, lorsqu'elle épousa Henri, roi d'Angle terre. Jean-fans-Terre, fils de Henti & d'Eleonor, donna la Saintonge en douaire à sa femme Isabeau d'Angoulême, laquelle épousa en secondes noces Hugues, comte de la Marche, à qui Louis VIII, roi de France, donna en propriété la Saintonge; mais saint Louis & fon frere Alphonse, comte de Poitiers, priverent le comte de la Marche de Saintes & de plusieurs autres lieux, que ce comte fut contraint de leur céder en 1242. Saint Louis céda l'an 1259 Saintes & la Saintonge à Henri, roi d'Angleterre. Ce pays fut de nouveau conquis par Philippe le Bel: lui & ses succeffeurs en jouirent jusqu'à la défaite & à la prise du roi Jean. La Saintonge fut ensuite poflédée par les Anglois en fouveraineté, jusqu'à ce que Charles V la reconquit & la réunit à la couronne, de laquelle elle n'a point été démembrée depuis ce tems; car on ne voit pas que le don, que Charles VII en avoit fait à Jacques I, roi d'Ecosse, l'an 1428, ait eu lieu. La Saintonge & l'Angoumois font ensemble le douziéme gouvernement de France; mais tout l'Angoumois y est compris, & il y a quelque chose de la Saintonge qui n'en est pas. Les principales rivieres qui traversent la Saintonge font la Charente & la Boutonne. La Saintonge est fertile en bled, en vins, parmi lesquels il y en a d'excellens, & en fruits. L'absynthe qui y croît en quantité, a été connue des Romains, & ils l'ont vantée sous le nom de Virga Santonica. Le sel de ce pays est le meilleur de l'Europe, & fait un des principaux articles du commerce de cette province. On y trouve aussi quelques fontaines minérales qui ont de la réputation dans le pays. L'eau de celle de FONTROUILLEUSE, près de Barbesieux, est limpide, & fent le marécage; celle de Pons est limpide & fans saveur ; celle de MONTENDRE est limpide avec une odeur de marécage. La Saintonge est du parlement de Bordeaux, à la réserve de quelques paroisses qui sont dans le reflort du préfidial d'Angoulême, qu'on appelle petit Angoumois ; l'Angoumois est du parlement de Paris. En Saintonge il y a une sénéchauffée, trois bailliages, qui font Brouages, Rouffignac & Champagnac. Ce dernier est peu de chose. Le sénéchal de Saintes est d'épée. Il n'a que cinquante livres de gages assignés sur l'état des charges du domaine. Les baillis de Roussignac & de Champagnac, font de robe longue; & n'ont d'autres droits que leurs épices. Ils connoiffent de toutes fortes d'affaires, même des cas royaux. Il y a une coutume particuliere de Saintonge, & Saint Jean d'Angeli a la fienne. Les élections de Saintes & de Saint-Jean d'Angeli, étoient autrefois du bureau des finances de Limoges; mais elles en furent démembrées pour être unies à la généralité de Bordeaux, de laquelle elles ont encore été démembrées pour composer la généralité de la Rochelle, qui fut créée en 1694. Le domaine eft presque entierement aliéné. Les douanes y font considérables. La taille, les aides, la capitation font les autres subsides qu'il retire de la pro vince. du fel Il y a une quantité étonnante de marais salans dans la basse Saintonge. Mais depuis qu'on a trouvé le moyen de faire du fel en Bretagne, on a abandonné plus du tiers de ces marais de Saintonge, qui ne fervent plus que de pâturages, & qu'on appelle Marais Gatz. On tire du de Marennes en Saintonges, & on le fait remonter sur la Charente jusqu'à Angoulême, d'où on le transporte par voitures en Auvergne, en Limousin, en Perigord & dans la Marche. Ce commerce néanmoins n'est pas d'une grande utilité dans la province, parce que les droits qu'on paye à Tonnai Charente, emportent la plus grande partie du profit; d'ailleurs plusieurs seigneurs, qui ont des maisons sur la Charente, font en poffeffion de prendre une grande quantité de sel pour le prix des bœufs & des hommes., qu'ils font obligés de fournir pour le tirage des bateaux, dans le tems que les eaux font basses. Les chevaux de Saintonge font estimés, & les habitans en retirent tous les ans un profit considérable. Les perles qu'on pêchoit dans la Charente, auprès de Saint-Savinien, attiroient quelque argent dans la province; mais on a abandonné cette pêche. Il n'y a aucune université dans la Saintonge: les peres jésuites avoient à Saintes un collége, où ils enseignoient jusqu'à la philosophie inclusivement. La Saintonge méridionale comprend Le Brouageais, petit pays, étoit autrefois de la Sainronge: il en a été démembré, & fait partie du gouverne ment d'Aunis. La Saintonge septentrionale comprend Taillebourg, &c. SAINTS EN PUISAIE, village de France, au diocèle d'Auxerre, dans l'archidiaconé de Puifaie, Sancti en latin. L'église de ce lieu est bâtie à l'endroit du village Cociacum, où étoit le puits dans lequel furent jettés les corps de ce nombre prodigieux de chrétiens martyrisés dans les forêts voisines, sous l'empereur Aurelien au troisiéme fiécle. Saint Germain, évêque d'Auxerre, ayant connu le lieu où étoient ces reliques, y bâtit un monastère qui portoit, du tems de saint Aunaire, le nom de monafterium Cociatense ad Sanctos. On croit que les moines de ce lieu emporterent depuis une partie de ces ossemens du côté de Chartres. Ce qu'ils laisserent remplissoit cinq grandes châsses, où Pierre de Longueil, évêque, fit la tranflation en 1466. Les ravages des huguenots en ces cantons, n'ont pas empêché qu'il n'y en reste encore une quantité immense. L'église est sous le titre de faint Prix & de ses compagnons, Prisci & fociorum. Le dictionnaire universel de la France a très-mal-à-propos écrit ce nom S. Empuisaie, faisant un faint du nom de la contrée. SAIORUM CIVITAS. Voyez SÉEZ. SAIOUNAH, ville d'Afrique, sur la côte orientale, au pays de Zeng ou Zanguebar, pris dans sa plus grande étendue. Elle est, dit d'Herbelot, Bibl. orient. au midi de celle de Sofala. SAIRE, petite riviere de France, en Normandie, au Cotantin. Elle a ses sources dans la forêt de Brix, passe par Saint-Eloy du Val, au bas du bois de Banqueville, reçoit le ruisseau de Carbée, & coule près le Vast entre le Vicel & Anneville d'où elle va se jetter en la mer dans la fosse du Bec du Banc, proche la pointe de Reville. Son cours est d'occident en orient. * Corn. Dict. Vaudôme, manuscrits géographiques. SAIS, ancienne ville de la basse Egypte, dans le Nôme, qui en prenoit le nom de SAÏTES NOMOS, & dont elle étoit la métropole. Strabon, l. 17, p. 802, la mer à deux schoenes du Nil, & nous apprend que Minerve y étoit adorée, & que Psammitichus étoit inhumé dans le temple de cette déesse. Mais le lieu où elle étoit n'est pas sans difficulté. Elle étoit dans le Delta, & felon toute apparence dans sa partie occidentale, vû la distance où elle étoit du Nil, fur lequel étoit située Naucratis, ville du Nôme Saïte. Aufli voyons-nous que la notice de Leon le Sage la met entre les villes épiscopales d'Egypte, qui reconnoissoient Alexandrie pour leur métropole. Elle est placée de même & nommée SAED, Σαηd, dans la notice de Hierocles. Corneille fait mal-à-propos deux villes & deux articles de SAÏS & de SAїт. SAISSAC, petite ville de France, dans le haut Languedoc, au diocèse de Carcaffonne, dans la Viguerie de Cabardés. C'est une ancienne baronnie, qui a aujourd'hui titre de marquisat, & une des huit villes maîtresles du pays. SAISSAN (lac de) lac d'Afie, dans la Tartarie, au royaume des Eleuths. Il est formé par la riviere d'Irtis: on lui donne vingt-cinq lieues dans sa plus grande longueur, & dix lieues dans sa plus grande largeur. * De l'Isle, Robert, Atlas. par ? SAISSY-LES-BOIS, ( mal écrit Cessy par quelques géographes) prieuré & village de France, au diocèse d'Auxerre, à deux lieues de Donzy, dans le Nivernois, en un vallon. Ce lieu a tiré son nom du terrein pierreux qu'on y voit. Dès l'onziéme fiécle le monastère de Sailly (Saxiacense) pafloit pour avoir été uni à celui de saint Germain d'Auxerre rre, la reine Ingonde, femme de Clotaire I. Il est mentionné dans les statuts de saint Aunaire & de saint Tetrice, évêques d'Auxerre, aux fixiéme & huitiéme siécles. Un manuscrit de huit cents ans, découvert dans ce siècle, nous apprend que les moines de Nîmes craignant les incursions des Barbares, s'y réfugierent avec saint Romule leur abbé; lieu, qui étoit fort écarté, leur fut donné par nos rois. L'église, bâtie par cet abbé, ayant été rebâtie & agrandie l'an 878, par l'abbé Trutgaud, quelques moines allerent à Nîmes, obtinrent de l'archevêque de Narbonne des reliques de leur faint patron saint Baudele, ce qui en étendit le culte en ces cantons. En 910 ou environ, les Normands brulerent cette abbaye. Gaudri, évêque d'Auxerre la rétablit peu après, & renferma auili dans une nouvelle châflè les reliques de saint Baudele. L'abbaye passa ensuite que ce en des mains étrangeres ; & ce ne fut que vers l'an 1000, qu'Heldric, abbé de saint Germain d'Auxerre, la fit réunir à son abbaye en qualité de prieuré. Géofroy, baron de Donzi, s'en étant emparé, Boson, prieur de saint Germain, la fit rendre une seconde fois à l'abbaye vers l'an 1065. Il y avoit encore fix religieux au fixiéme fiécle. Aujourd'hui il n'y a plus ni reliques ni religieux. Saint Baudele est le patron du prieuré qui est en commende, & faint Christophle patron de la paroisse. que SAKARA', village d'Egypte, appellé communément le village des Momies. L'endroit où sont ces momies, est un grand champ sablonneux, où il y avoit une ville dans les premiers rems, ce qui est indiqué par une prodigieuse quantité de briques qu'on y rencontre. Plusieurs croyent que c'étoit la célébre ville de Memphis. Pline dit que les pyramides font entre le Delta d'Égypte & la ville de Memphis, du côté d'Afrique. Le village de Sakara est éloigné des pyramides d'environ trois lieues. Il n'y a du sable bien loin tout à l'entour, & à quelque profondeur que l'on puisse fouiller, on ne rencontre point le terrein folide. Les momies font au-dessous dans des caves fouterreines, & l'on y descend par un puits bâti de pierres séches, & qui a une pique & demie de profondeur. Pour cela on se fait attacher; lorsqu'on est au fond du puits, on passe par un lieu fort étroit, après quoi on se trouve au large en des caves creusées dans le roc. Il y a des niches à l'entour, faites en maniere de cofre, & longues d'environ fix pieds. C'est là que reposoient les corps embaumés, que l'on appelle momies: mais présentement on en rencontre fort peu dans ces cavernes, qui font enlassées les 'unes dans les autres, comme une espéce de labyrinthe; ce qui fait que ceux qui veulent y pénétrer se servent d'une corde, dont ils laissent un bout à l'entrée pour y revenir sans peine. Les caves les plus avancées n'ont rien de plus remarquable que les premieres. On assure qu'elles s'étendent plusieurs milles sous la plaine, & que jamais on n'en a trouvé la fin, soit qu'on se lasse d'être si long tems sous terre fans aucun air, soit qu'on appréhende d'y périr par quelque accident en s'enfonçant trop. Les momies qu'on trouve toutes entieres sont enveloppées de bandes de toile, large de trois doigts : les bras & les jambes jointes enfemble comme ceux des petits enfans: la tête, les épaules & le coû, font couverts de mêmes bandes, ensorte qu'il ne paroît qu'un corps emmailloté ; mais c'est avec un fi grand nombre de tours & de retours, qu'il faut bien du tems pour les défaire. Sous ces bandes on trouve les mains & les pieds dans leur entier, avec les ongles dorés. Tous ces corps font embaumés d'une composition noire, dure & luifante, dont l'odeur approche de celle de la poix, si ce n'est qu'elle est bien plus agréable. Ce qui doit surprendre, c'est que la toile, qui ne paroît imbue d'aucune mixtion, ait pu se conserver pendant tant de siécles. Le visage de ces corps eft couvert de quelque chose qui représente les linéamens. C'est à plusieurs du plâtre doré, ou une pâte de carton, qui contrefait très-bien le visage; mais il se trouve ordinairement tout à fait gâté, lorsqu'on a ôté cette maniere de masque, soit que, n'étant pas enveloppé comme tout le reste, il n'ait pu se préserver, soit que sa chair ait été mangée par ce qu'on a appliqué dessus. Au dessous des bandes, à l'endroit de l'estomac, on rencontre à plusieurs de petites idoles de terre verte de la longueur du doigt. Les unes représentent des demi-corps d'hommes, d'autres des animaux ; & d'autres sont seulement gravées de lettres hieroglyphiques écrites en or. Les Arabes ne manquent pas tous les ans de chercher dans cette campagne, & le plus avant qu'ils peuvent dans ces cavernes, quelques raretés pour porter au consul des Venitiens, qui les récompense largement. * Corn. Dict. Coppin, Voyage d'Egypte, c. 22. SAKI, tribu d'Afie, dans la Perse, au Lorestan, selon l'historien de Timur Bec, 1.5, 0.38. Les Outaouas & les Hurons ont occoutumé d'y venir faire tous les ans deux grandes chasles de castor. * La Hontan, Voyages, t. 2. Le pere Charlevoix, dans son histoire de la nouvelle France, ne fait point mention de cette baye. SAKIS, (les) peuples sauvages de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle France: ce peuple est allié des François établis entre la baye des Puants, & le lac des Hinois, près de la mission de saint François Xavier. Ils font voisins des Pouteouatamis : ils font brutaux, fans esprit, d'humeur revêche, bien faits de corps, voleurs, menteurs, bons challeurs, mais mauvais canoteurs. SAL, (ILHA DO SAL) en françois l'Isle du Sel. Voyez au mot ISLE, l'article L'ISLE DU SEL. 1. SALA, riviere & ville d'Afrique, sur la côte occidentale dans la Mauritanie Tingitane. Pline, 1.5, c. 1, la met à cinquante milles du fleuve Subur, qu'on nomme aujourd'hui le Subu. La riviere de Sala est aujourd'hui nommée Buragrag. Voyez son cours sous le nom moderne. Quant à la ville, on croit que c'est Salé, ville de Barbarie. Voyez SALÉ. Cette riviere est au reste la premiére des deux de même nom que Ptolomée, 1.4,c.1, place dans la Mauritanie Tingitane; il met auprès d'elle une ville de même nom. Sala Fluvii Oftia, Sala Civitas. 2. SALA, autre riviere de la Mauritanie Tingitane auprès du grand Atlas, felon Ptolomée. Il la fait de 6 so plus méridionale que la précédente. 3. SALA, ville d'Espagne, dans la Bétique, au pays des Turdules, selon Ptolomée, l. 2, c. 4. Elle étoit dans les terres, entre Tucci & Balda. Ptolomée place une ville de même nom au pays des Turdetains. 4. SALA, ville de la haute Pannonie, selon Prolomée, qui la nomme devant Patavium, Petaw, d'où elle ne devoit pas être fort éloignée. 5. SALA, ville de Thrace, à l'embouchure & à l'orient de l'Hebre, dans le canton nommé Dorisque. Hérodote, 1.7, n. 59, donne à cette ville le furnom de Samothracienne, non qu'elle fut dans l'isle de Samothrace, mais parce qu'elle étoit dans un canton du continent habité par les Samothraces. 6. SALA, ville de l'Asie mineure, dans la grande Phrygie, entre Pylacaum & Gazena, selon Ptolomée, 1.5, 6. 2. 7. SALA, ville d'Asie, dans la grande Arménie, selon le même, l. 5, c. 13. 8. SALA, SALÉ OU SACE, Σάλη οι Σάκη, ville d'Hyrcanie, selon le même. 9. SALA, ville d'Afrique, dans la Nigritie, sur la rive septentrionale du fleuve que les Arabes appellent Nil al Soudan, le Nil des Négres, & nos géographes le Niger, ou le Senega. Le Scherif al Edriffi, connu sous le nom du géographe de Nubie, écrit qu'elle est fort peuplée, & que ses habitans qui obéissent au roi de Tokrur, font fort vaillans. Il y a, selon le même auteur, quarante journées de chemin depuis Segelmesse en Mauritanie, jusqu'à cette ville de Sala; & de cette ville on compte seulement seize milles jusqu'à une isle nommée Ulii, qui est à l'embouchure du fleuve Niger dans l'Océan : cette ville de Sala ett dans le premier climat, & Sale, que les Arabes nomment Sala, est au second. 10. SALA, ifle de la mer de la Chine. Quelques uns l'appellent Seilah & Selah. D'Herbelot dit qu'elle est entre la ligne équinoxiale & l'équateur. Corneille a copié ces derniers mots, & les a adoptés de la meilleure foi du monde, comme si l'équateur & la ligne équinoxiale signifioient des choses bien différentes. D'Herbelot a pû être trompé par une fausse interprétation d'un terme arabe qu'il n'entendoit pas; mais l'auteur d'un dictionnaire géographique devoit sentir cette méprise, & en avertir: à cela près on ne sait ce que c'est que cette isle. 11. SALA & SALL, petite ville de Suéde, dans le Westmanland, entre l'Uplande & la Néricie, à cinq lienes suédoises d'Upfal à l'occident. Il y avoit autrefois, dit SAKINAC, baye de Canada, à quinze ou seize lieues de longueur, & fix d'ouverture. Au milieu de cette ouverture font deux petites ifles très-utiles aux voyageurs, quion, des mines d'argent. seroient obligés le plus souvent de faire le tour de la baye, plutôt que de s'exposer à faire cette traverse en canots. La riviere de Sakinac se décharge au fond de cette baye. Elle a soixante lieues de cours affez paisible, & n'a que trois petites cataractes, que l'on peut faurer sans risque. Sa largeur est pareille à celle de la Seine vers le pont de Seve. 12. SALA, riviere d'Allemagne, dans la haute Saxe. Elle a sa source dans le Fichtelberg, en Franconie, où font aussi les sources du Meyn, de l'Egre & du Nab; de là ferpentant vers le nord & le nord-ouest, elle entre dans la Misnie, coule entre elle & Leutenberg, portion du comté de Schwartzbourg, coupe le pays de Saxe Altenbourg, |