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qui eft étroit en ce lieu-là, & y arrofe Salfeld, bourg, cotoye le comté même de Schwartzbourg, & rentrant dans le duché d'Altenbourg, elle va du fud au nord par Orlamunde, où elle reçoit l'Orla, coule à Kala, à Lobeda, rafe le pays de Weimar, & la ville d'lena qui en eft, & reçoit l'Iln, qui vient de Weimar; elle fe rend à Naumbourg, & y reçoit l'Unftrat ; de là à Weiffenfels, pafle à Merfbourg, fe groffit des eaux de l'Elfter & de la Pleifs, coule à Hall, ville de Saxe, fe courbe vers l'occident, fert de borne orientale au comté de Mansfeld, en traverfe une lifiere, entre la principauté d'Anhalt, où elle arrofe Bernebourg, & fe perd enfin dans l'Elbe, entre Deflau & Barbi, aux confins de la baffe Saxe.

SALA DI PARTENICO, ( La ) bourg & château 13. de Sicile, dans la vallée de Mazare, à quatre milles feu lement de la côte feptentrionale, entre Palerme au levant, & Caftel à Mare à l'occident, à distance à peu près égale

de l'un & de l'autre.

SALABASTRÆ, ancien peuple de l'Inde, felon Pline. Le pere Hardouin croit que c'eit le même peuple que les Sambafta de Diodore de Sicile.

SALABIM ou SALEBIM, ville de la Palestine, dans la tribu de Dan. Voyez SALEBIN.

SALACENI, peuple de l'Inde, en-deçà du Gange, felon Prolomé, l. 7, c. 1.

I. SALACIA, ancienne ville de l'Espagne lufitanique, au pays des Turdetains, felon Ptolomée, l. 2, c. 5. Il la met auprès de l'embouchure du Calipus & de la ville de Catobrix. Ses interprétes croyent que c'est Setubal, & Clufius eft de ce fentiment; mais d'autres favans croyent que Setubal, ville nouvelle, tient à peu près la place de Cetobriga ou Catobrix, & que Salacia étoit où est aujour d'hui Alcacer do Sal. Une inscription de Gruter, p. 13, n. 16, montre que c'étoit un Municipe; & Pline, . 4, c. 22, l'appelle ville impériale, Salacia cognominata Urbs Imperatoria.

1.

2. SALACIA, ancien lieu de l'Espagne tarragonnoife. Antonin le met fur la route de Bragues à Aftorga, à vingt mille pas de la premiere.

SALACONIA, lieu de la Mauritanie tingitane, felon Antonin. Il le met entre le lieu nommé ab Mercuri & Tamufida, à feize mille pas du premier, & à vingt-deux mille pas du fecond. Ortelius foupçonne que ce lieu devoit être voifin de Sala, ou Sala elle-même.

SALADNA, petite place de Hongrie, dans la Tranfilvanie, & dans la partie méridionale, près de Tunftein, Il y avoit autrefois des mines fort riches.* Baudrand, édit. 1705.

1. SALADO, (EL.RIO) petite riviere d'Espagne, dans l'Andaloufie. Elle coule à une lieue de Xerés, au midi, & fe va perdre dans la baye de Cadix. Elle eft remarquable, parce que les rois de Caftille & de Portugal y affemblerent leur armée, pour fecourir la ville de Tariffe, affiégée par les Maures, ce qui caufa la fameuse bataille, que l'on appelle bataille de Tariffe, & bataille del Salado. Elle fut gagnée le dimanche 28 octobre 1340, par ces rois, fur ceux de Grenade & de Maroc, qui y firent une très grande perte.

2. SALADO (EL RIO), Flumen Salfum, felon Hirtius, petite riviere d'Espagne, dans l'Andaloufie. Elle fe perd dans le Xenil, entre Grenade & Ecija, & a fa fource à Alcala la Réal,

SALE, anciens peuples de la Colchide, felon Pline. Il dit que les anciens les nommoient PIHIROPHAGES, c'està-dire, Mangeurs de vermine.

SALAGASSUS, nom corrompu pour SAGALASSUS. Voyez ce mot.

ŠALAGE (cap) dans l'Afrique, au royaume de Congo, entre le cap de Sainte-Catherine au nord, & la riviere de Zaïre au midi. * Carte de M. Bellin, 1746.

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SALAGENA ou SADAGENA ancienne ville de la Cappadoce, dans la Sargaraufene, felon Ptolomée, l. 5, cap. 6.

SALAGESSA ou SALAGISA, ville de l'Inde, en-deça du Gange, felon Prolomée, l. 7, c. I.

SALAGOU, (La) riviere de France,en Languedoc.Elle a fa fource dans le diocèfe de Lodéve, qu'elle arrofe, & le perd dans la riviere de Lergue, qui porte fes eaux dans l'Erault.

SALAHAT, isle de la mer des Indes. Elle eft proche de

celle de Calah, & obéit au même roi.* D'Herbelot, Bibl.

orient.

SALAMANQUE, ville d'Espagne au royaume de Leon, fur la riviere de Tormes. Elle eft ancienne & fort célébre. Les Espagnols l'appellent la mere des vertus, des Sciences & des arts. Cette ville eft grande, peuplée, riche & abondante. Elle eft fituée en partie dans la plaine, & en partie fus des collines, avec une bonne enceinte de murail les. Elle eft ornée de quelques beaux bâtimens, de magnifiques églifes, d'une grande place publique, de fontaines & généralement de tout ce qui peut contribuer à la beauté & à la commodité d'une ville. Mais ce qui la rend encore plus confidérable eft fon univerfité, l'une des plus fameufes de toute l'Espagne. Elle fut fondée vers le milieu du treiziéme fiécle, des débris de celle de Palencia. C'est là que fe forment les théologiens, les jurisconfultes, les médecins, les philofophes, les mathématiciens, les orateurs & les humanistes. Il y a quatre-vingts profeffeurs, dont les huit premiers, qui enfeignent la philofophie, ont chacun mille écus de penfion, les autres n'en ont que cinquante. Il y a en outre des profeffeurs, qu'on appelle prétendientes. Ils n'ont point d'appointemens de l'univerfité, quoiqu'ils enfeignent tous les jours comme les autres : mais ils ont les chaires qui viennent à vacquer. Il y a des profeffeurs pour la théologie, pour le droit canon & civil, pour la médecine, pour la philofophie, pour les langues & les belles lettres. Ce qui eft fingulier, c'eft d'y trouver une chaire où l'on enfeigne la doctrine de Durant, & une autre pour celle de Scot. Le bâtiment, appellé les écoles, où l'on enseigne toutes ces fciences, eft très-beau & tout de pierres de taille. Il eft compofé de deux corps de logis: le premier, qu'on appelle les grandes écoles, renferme une grande cour carrée, pavée de groffe pierres, & environnée de belles galeries, foutenues par des arcades, par où l'on entre dans les claffes, qui font autour de la cour. Au-deffus des gale ries eft une belle bibliothéque, dont les livres, qui n'y font pas en fort grand nombre, font tous enchaînés. On y voit aufli quantité de ftatues de favans, & des figures pour l'anatomie. Sous les galeries eft l'église des écoles, où l'on dit tous les jours dix messes. La chaire & le grand autel font tout dorés; & la voute, qui eft peinte, représente le zodiaque avec les douze fignes.* Délices d'Espagne & du Portugal, t. 1, p. 160 & fuiv.

Près de l'entrée de ces écoles eft un hôpital où l'on retire les pauvres écoliers malades, qui y font fervis avec beaucoup de foin. Cette entrée de l'école eft un des plus beaux ouvrages qu'il y ait dans toute l'Espagne; on y voit les ftatues du roi Ferdinand & de la reine Ifabelle; au desdeffus les armes de l'empereur, & aux deux côtés deux hercules, avec quantité d'autres petites figures.

Les profeffeurs ont à leur tête un recteur, qui eft élu toutes les années par les cathedraticos du premier rang (ce font les huir premiers profeffeurs en théologie) on le choifit toujours de grande maison; il a de très-beaux priviléges il ne reconnoît perfonne au-deffus de lui ; & dans les affemblées publiques il eft toujours affis fous un dais. Outre cela il y a un maître des écoles: il est toujours eccléfiaftique, & chanoine de la cathédrale; il crée tous les officiers de l'univerfité, comme le juge, les fecrétaires fiscaux, les notaires, les fergens, & un très-grand nombre d'autres tous richement gagés. Il a pour fa part huit mille ducats de penfion, & on tient l'univerfité riche de quatre-vingts ou quatre-vingt dix mille écus de rente.

On y a compté autrefois jusqu'à fept mille écoliers, &, tandis que la monarchie espagnole étoit floriffante, on y en a toujours vû quatre ou cinq mille, venus de toutes les parties du royaume, & même des pays étrangers. Aufli les auditoires, où l'on fait leçon, peuvent contenir jusqu'à deux mille perfonnes. Les écoliers font tous, fans excep. tion, vêtus d'un habit long comme les prêtres, & rafés avec le bonnet en tête. Il ne leur eft pas permis de porter le chapeau, ni dans la ville, ni dehors, finon quand il pleut. Ils ont de fort grands priviléges, ne dépendant uni quement que du recteur & de leurs profefleurs, qui les favorifent toujours de tout leur pouvoir.

Outre l'univerfité, il y a encore vingt-quatre colléges, dans chacun desquels trente collégiaux vivent en commun. Ils font très-bien rentés. Entre ces colléges il y en a quarre plus confidérables que les autres, dont l'un a été fondé par Alphonfe Fonfeca, archevêque de Toléde. On les appelle

grands colléges, & les plus grandes maifons du royaume tâchent d'y faire entrer leurs enfans: on n'y peut demeurer que fept années; & c'eft de là que fortent les plus grands hommes d'Espagne, & d'où l'on tire ceux que le roi pourvoit des charges les plus confidérables.

La grande églife de Salamanque eft une des plus belles d'Espagne; elle a un beau clocher, autour duquel on peut fe promener fur des galeries. Au-devant de l'églife, il y a une grande place pavée de cadettes ou pierres carrées, & fermée de gros pilliers de pierre de la hauteur d'une toile, entrelacés d'une chaîne de fer fort épaiffe. A côté de cette églife, on en voit une autre vieille, dans laquelle on descend par des degrés, & qui eft fort eftimée à caufe d'un fan Chrifto de las Batallas, qui fait de grands miracles.

Outres les églifes, les colléges & les autres bâtimens, qui ornent cette ville, on y voit divers couvens fort beaux, comme celui de faint Dominique, où il y a deux cents religieux. Son église est toute de pierres de taille; elle a un fort beau dôme en lanterne près de l'autel, & un trèsgrand nombre de faints délicatement travaillés. Le couvent de faint François eft remarquable pour fa prodigieufe malle de pierres, & un cloître magnifique, orné de grands tableaux à l'entour, où les martyrs de l'ordre font peints. C'eft la demeure de deux cents religieux. Près de ce couvent et celui de faint Bernard, confidérable par la régularité de fon escalier, dont les marches ont cinq pas de long, & font foutenues comme en l'air, formant une montée magnifique de cent degrés, ornée de quantité de ftatues dorées, qu'on voit aux côtés des pilliers.

Sur la riviere de Tormes, il y a un pont de pierres, long de trois cents pas; ce font les Romains qui l'ont bâti, & il fubfifte encore aujourd'hui plus folide que toute la maçonnerie qu'on y a voulu ajouter dans le dernier fiécle. La ville eft fort marchande, & on y voit grande quantité de nobleffe. Quelques écrivains difent qu'elle appartient au royaume de la Caftille vieille; mais d'autres, avec plus de raifon, la mettent dans celui de Léon. On trouve hors de Salamanque un beau chemin large & pavé, que les anciens Romains avoient fait faire, & qui conduifoit à Merida, & de-là à Seville. On y voit encore par-ci, parlà, d'espace en espace, des colonnes abattues par le tems. Ce chemin avoit été réparé par l'empereur Adrien, comme il paroît par l'inscription fuivante qu'on y a trouvée :

IMP. CÆSAR.

DIVI TRAJANI PARTHICI
F. DIVI NERVA NEPOS.

TRAJANUS. HADRIANUS
AUG. PONTIF. MAX.
TRIB. POT. V. Cos.
III. RESTITUIT.

L'abbé de Vairiac, Etat préfent de l'Espagne, tom. 2, pag. 357, dit: Tous les hiftoriens eccléfiaftiques d'Espagne font faint Second, évêque d'Avila, fondateur de l'églife de Salamanque, & faint Eleutere, fon premier évêque, lequel affifta au troifiéme concile de Toléde, tent fous le pontificat de Pélage II, & fous le regne de Reccaréde en 589, mais on ne trouve pas une fuite exacte d'évêques depuis ce tems jusqu'à préfent. Cependant Gilles Gonzalès d'Avila, dans fon théâtre eccléfiaftique, en donne une très-bien circonftanciée depuis Eleutere jusqu'au tems qu'il a compofé fon ouvrage; mais je ne voudrois pas être garant de cet auteur, puisqu'il eft conftamment vrai que Salamanque a été long-tems au pouvoir des Mures, & qu'il n'eft pas vraisemblable qu'ils y fouffriffent des évêques, puisqu'ils faifoit gloire de les exterminer. Je conviens que pendant ce tems de perfécution, on donnoit ordinairement aux églifes opprimées des évêques titulaires, qui faifoient leur réfidence à Oviedo ; mais, quelque foin que j'aye pris, je n'ai pû découvrir ceux qui furent facrés fous le titre d'évêques de Salamanque durant la domination des Maures, fi ce n'eft dans quelques auteurs, dont l'autorité ne me paroît pas dont l'autorité ne me paroît pas fuffifante pour appuyer celle de Gilles Gonzalès; de forte qu'il faut s'en tenir à ceux qui n'admettent que huit évêques de cette églife, depuis la fondation jusqu'à ce que les infidéles fe rendirent maîtres de cette ville; après le recouvrement de laquelle on trouve pour premier évêque un nommé Guindulfe, qui confirma, en 830, une dona

tion que le roi Alfonfe le Sage fit à l'églife de faint Sauveur d'Oviedo. Le chapitre eft compofé de dix dignitaires, de vingt-fix chanoines, & de trente-un prébendiers. Le diocèle s'étend fur deux cents quarante paroiffes. L'évêque jouit de quatorze mille ducats de re

venu.

SALAMANQUE LA NOUVELLE, ou SALAMANQUE DE BACALAR, village ou bourgade de l'Amérique feptentrionale, dans la partie méridionale de l'lucatan près du golfe de Honduras, au midi occidental de Mérida & de Valladolid, villes de l'Iucatan, à foixante-huit lieues espagnoles communes de la premiere, & à cinquante-huit, de la feconde.

SALAMARIA, lieu qu'Ortelius fe contente d'indiquer, fans elfayer de trouver la province ou le pays où il étoit. Il cite le Code Théodofien XII. Tit. de Decurionibus. Ce mot feroit-il le même que SALAM

BRIA ?

SALAMBORIA, ou SARABREA, ville de la Cappadoce, dans la Garfaurie, felon Prolomée. Leunclavius dic que les Turcs la nomment HARBERIC.

SALAMBRIA. Voyez SELAMPRIA.

1. SALAMEA, ville d'Espagne. Voyez ZALAMEA. 2. SALAMEA DE ARCOBISCO, petite ville d'Espagne, en Andaloufie, dans la Sierra Morena, fur les confins de l'Eftramadure, à fix lieues d'Aracena vers le

nord.

SALAMIAH, ville d'Afie, dans la Perfe, fur la rive orientale du Tigre, à une journée de Moful, en descendant le fleuve vers Bagdat. Cette ville ayant été ruinée, dans la fuite du tems, il s'en forma peu à peu uns

autre.

1. SALAMINE, en latin SALAMINA, & SALAMIS, petite ifle de Grece, dans le golfe Saronique, vis-à-vis d'Eleufine. Scylax dit, dans fon périple : Tout près de ce temple d'Elenfine eft Salamine, idle, ville & port. Paufanias, in Attic. c. 35, dit: Salamine eft vis-à-vis d'Eleufine. La longueur de cette ifle, felon Strabon, 1.9, étoit de foixante-dix ou quatre-vingts ftades. Il y avoit deux villes de Salamine dans cette ifle; l'ancienne étoit au midi, du côté de d'Engia, & la nouvelle dans un golfe, fur une presqu'ifle du côté de l'Attique. Salamine étoit la patrie d'Ajax. Horace, parlant de Télamon, pere de Teucer & d'Ajax, dit, 1.1, Ode 7:

Teucer Salamina Patremque
Quum fugeret:

Et Seneque, dans fes troades, vers 844, lui donne le furnom de Vera, la vraie Salamine, pour la diftinguer de celle de Cypre, bâtie enfuite par Teucer, fur le modèle de la Salamine de l'Attique. Horace donne à cette nouvelle Salamine l'épithete d'ambiguam, qui marque une fi grande reffemblance, qu'on les eut prifes l'une pour l'autre. Cette ifle devint fameufe par la victoire que Themis tocle y remporta fur les Perfes; Mela, l. 2, c. 7, Ciceron, Offic. 1. 1, c. 21, & Quaft. Tusc. L. x, c. 46, & quantité d'autres en font mention. Le golfe même, où elle est, a éré appellé Salaminiacus Sinus, felon Strabon, 1. 8, qui nous apprend que l'ifle elle-même a été anciennement nommée Sciras, Cichria & Pityufa. Les deux premiers noms étoient des noms de héros. Le troifiéme vient des pins qui y étoienc en abondance. Voyez COLOURI.

l.

2. SALAMINE, ville de l'Afie mineure, dans l'ifle de Cypre; c'eft la même que celle que Teucer avoit fait bâtir dans fon exil. Horace lui fait dire:

Nil desperandum Teucro duce, & auspice Teucro ;
Certus enim promifit Apollo
Ambiguam Tellure nova Salamina futuram.

Scylax, dans fon périple, met, dans l'ifle de Cypre, Salamine, ville grecque, ayant un port fermé, & commode pour hyverner. Diodore de Sicile dit qu'elle étoit à deux cents ftades de Citium. On voit, par les disputes qu'il y eut entre l'églife d'Antioche & celle de Cypre, que cette derniere eft fort ancienne. Pierre le Foulon, évêque d'Antioche, prétendoit que fon fiége étant patriarchal, l'ifle de Cypre étoit de fa jurisdiction. Anthemius, évêque de Salamine, foutint au concile de Conftantinople l'indépendance

de

de fon fiége, fordé fur ce que fon églife étoit apoftolique, aufli-bien qu'Antioche, & que l'on y confervoit le corps de faint Barnabé entier. Ses adverfaires n'eurent rien à lui répondre, & il gagna fon procès. Elle fut enfuite nommée CONSTANTIA, & c'eft fous ce nom qu'elle eft qualifiée métropole de l'ifle de Cypre dans les notices d'Hiéroclès, & de Léon le fage; le lieu où elle étoit, garde encore l'ancien nom, & s'appelle PORTO-CONS

TANZA.

Cette ville de Salamine de Cypre fut un petit royaume, que les descendans de Teucer pollederent plus de huit cents ans, jusqu'au regne de cet Evagoras, dont on lit l'éloge dans Ifocrate. Toureil, t. 4, p. 268, dit, dans fes remarques fur Démofthene, qu'Evagoras, fimple bourgeois de Salamine, mais pourtant de race noble, & iffu des fondateurs de fa ville, la fit révolter contre le roi de Perfe, & fubjugua la plus grande partie de l'ifle de Cypre. Il fe maintint quelque tems avec le fecours d'Acoris, Roi d'Egypte, d'Hecatomnus roi de Carie, & de quelques autres Potentats voifins; mais enfin le roi de Perfe le mit à la raison, & ne lui laiffa pour tous états, que la ville de Salamine, à la charge même d'un tribut annuel. Nicolas tua Evagoras, & s'empara du royaume de Salamine. A Nicolas fuccéda Protagoras, fous qui le jeune Evagoras, fils du premier, tenta de remonter fur le trône de fon pere. Il eut même le bonheur de mettre dans fes intérêts Artaxerce; & de plus Phocion commanda les troupes deftinées à le rétablir. Cependant l'entreprife échoua tout-àcoup; Protagoras le fupplanta à la cour de Perfe. Le jeune Evagoras y fut cité pour répondre fur plufieurs chefs d'accufation; il fe juftifia, & on lui accorda en Afie, un gouvernement qui valoit bien le royaume de Salamine. Mais fa mauvaife conduite l'obligea bien-tôt à fe dépofer lui même, & à s'enfuir dans l'ifle de Cypre, où il perit malheureufement. * Dacier, Remarq. fur Horace, l. 1, Ode 7.

1. SALAMIS, ancien nom de Salamine, ifle de Grece. Voyez SALAMINE, no. I.

2. SALAMIS, petite contrée d'Afie, près de Cyrus; eft-ce la ville de Cyrus, ou la riviere de même nom? Ortelius ne le dit point: il dit feulement qu'elle fut opprimée l'héréfie des Marcionites, & cite Nicephore Callifte, 1. 13, C. 27.

par

3. SALAMIS, SALAMINE, SALAMIM, OU ZALAMIM. Il eft parlé dans les livres des Hébreux d'une ville de Zalamim; & Malala, Chronic. n. 296, dit qu'Augufte donna le nom de Diospolis à SALAMINE, ville de Palestine. Le mot de Salamin le trouve en Jofué, c. 19, V. 47, mais ce n'eft que dans le Grec. Elle devoit être dans la baffe Galilée. Jofeph, de Bell. l. 2, c. 42, la met entre les villes de ce pays-là, que l'on devoit fortifier; favoir Jotapat, Berfabée, Salamine, Perécho, Japha &c. Arnaud d'Andilli écrit SALAMAIA. * Misn. Cod. Kilaim. c. 4 › Misn. 9, & Cod. Gevamoth. c. 16, M. 6.

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SALAMPSII, ancien peuple de la Mauritanie Céfarienfe, felon Ptolomée, 1. 4, c. 2 : fon Interpréte latin dit THALASSII, qu'Ortelius défapprouve.

SALANA, petite riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure qu'elle arrofe. Elle va fe jetter dans le phare de Meffine, au cap Sciglio, un peu au nord du bourg de Sciglio. Elle n'a rien de commun avec le CRATAIS de Pline. Voyez CRATHIS.

SALANCHES, ville de Savoye, dans le haut Fausfigni dont elle eft la capitale. Elle eft petite & arrofée par un ruiffeau qui fe jette dans la riviere d'Arve, à quatre ou cinq licues au-deffus de Clufe. * Baudrand,

éd. 1705.

Salanches 'n'a qu'un millier d'habitans; elle n'eft qu'à deux lieues au-deffus de Clufe. Deux petites rivieres appellées auffi Salanches, fe joignent au milieu de la ville, & vont fe rendre dans l'Arve. * Mémoires dreffés fur les lieux.

SALANCON, riviere de l'Illyric. Elle fe perd dans le golfe Adriatique, felon Apollonius, 1. 4, dans fon poëme des Argonautes.

1. SALANDRA, anciennement ACALANDRA, petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Bafilicate, à trois lieues de Tricarico, à l'orient méridional, fur une riviere de fou même nom. Voyez ACALANDRE,

2. SALANDRA, ou SALANDRELLA, riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans la Bafilicate, où elle arrofe Salandra San Mau ro, & quelques autres bourgs, & va fe jetter dans le golfe de Tarente, entre l'embouchure du Bafiento, & celle de l'Agri.

1. SALANGUS, peuple d'Italie, felon Etienne le géographe, ZA'AANгroz.

2. SALANGUS, peuple de l'Inde, felon le même. SALANIANA, lieu de la Lufitanie, felon Antonin, fur la route de Brague à Aftorga, à vingt-un milles de la premiere.

SALANICA, licu d'Italie. Il en eft fait mention dans la vie de faint Theobald.

SALANKEMEN, place de baffe Hongrie, dans l'Esclavonie, fur le Danube, vis-à-vis de l'endroit où la Teiffe fe perd dans ce fleuve, & un peu au-delfous de Petervaradin, douze milles d'Allemagne au-deffous de Belgrade. Ce licu eft remarquable par la victoire que le prince Louis de Bade y remporta fur les Turcs, en 1691, après la mort de leur grand vifir. On dispute fi Salankemen eft l'Acumincum ou la Rhittium des anciens, que d'autres placent ailleurs.

SALANO : ( 11 ) c'est la même riviere que la SALANA. Voyez ce mot.

SALANQUES, Salencia, abundantia Dei, abbaye de filles en France, de l'ordre de câteaux, filiation de Morimond, au comté de Foix, diocèfe de Rieux, au nord du mas d'Azil. Elle fut fondée l'an 1353, par Gaston Phoebus, comte de Foix, & la comtelle Héléonore fa mere. Elle vaut huit mille livres.

SALANTINI. Voyez SALENTINI.

SALAO ou SALA, petit pays d'Afrique, en Ethiopie, dans l'Abiffinie, entre le royaume de Bagembre & la province d'Abargala, felon le P. Jeronimo Lobo.

SALAPAI, les Salapéens, ancien peuple de Thrace. Il dépendoit de Rhascupolide, felon Appien, Civil. I. 4. SALAPENI, ancien peuple de l'Arabie heureuse, felon Ptolomée. Quelques exemplaires portent ALAPENI.

SALAPHITANUM OPPIDUM, ville ancienne, ou bourg d'Afrique, dans les terres, felon Pline, l. 5, c. 4. Il met ce lieu dans l'Afrique, entre les trente villes libres, qui étoient pourtant foumifes aux Romains. Leur liberté confiftoit à choifir elles-mêmes leurs magiftrats.

c.

pre

SALAPIA, ancienne ville d'Italie, dans la Pouille daunienne, felon Pline, l. 3, C. II, qui ajoute qu'elle eft fameufe par l'amour qu'eut Annibal, pour une maîtreffe. Il y a eu deux villes de ce nom, ou plutôt la même ville a été en deux lieux différens. L'ancienne Salapia, dans fa miere fituation, avoit été bâtie par Dioméde, & fut abandonnée à caufe de l'air mal fain. C'eft de celle-là qu'il faut entendre ce pallage de Ciceron, Agrar. 2, c. 27, in Salapinorum peftilentia finibus collocari. Les habitans s'allerent établir en un lieu plus fain, à quatre milles delà vers la mer. Vitruve dit, l. 1, c. 4: Nunc Salapini quatuor millibus passuum progressi ab Oppido veteri, habitant in falubri loco. Tite-Live parle de Salapia en bien des endroits, l. 24, c. 20, l. 26, c. 38, 1. 27, au commencement. Ptolomée, dit SALAPIA, au plurier contre l'ufage des auteurs Latins. Et Appien, dit SALPIA, tant dans l'édition d'Etienne que dans celle de Tollius. Les anciens ont dit Salapini, comme Ciceron & Vitruve aux endroits cités. Tite-Live dit en plus d'un endroit Salapitani. La ville eft détruite, & le lieu conferve le nom de Salpi.

SALAPINA PALUS, marais voifin de la ville de Salapia, d'où il tiroit fon nom. Lucain, l. 5, v. 377, en parle à l'occafion des barques que l'on amaffa de tous les endroits.

Quas recipit Salapina palus & fubdita Sipûs Montibus.

Vitruve, l. 1, c. 4, dit que Marcus Hoftilius, qui transporta les habitans d'un lieu à l'autre, après ce changement de lieu, ouvrit ce lac du côté de la mer, & en fit un port pour le municipe de Salapia. Cela s'accorde avec Strabon, I. 6, qui dit que Salapia étoit le port d'Argyrippe.

2. SALAPIÑA PALUS, eft la même chofe que les falines de Salpi, affez près de Barletta. SALAPOLA, montagne de la Libye intérieure, felon

Ptolomée, liv. 4, cap. 6. Quelques exemplaires portent Sagap.

1.SALARIA, ancienne ville de l'Espagne tarraconnoife, felon Ptolomée, au pays des Baftitains, dans les

terres.

2. SALARIA, autre ville de l'Espagne tarraconnoise, felon le même, dans les terres, au pays des Oretains. Cellarius foupçonne que la même ville, qui, étant aux confins de ces deux peuples, fe trouve répétée par cet auteur; mais il leur donne une pofition bien différente.

Long. Lat. SALARIA in Baftitanis 13d o 39d 20'. SALARIA in Oretanis 9d 24' 40d o'.

On ne pouvoit pas mieux les diftinguer qu'a fait Prolomée. Ses interprétes difent que Requena, ville fur l'Oliana, occupe la place de la Salaria des Baftitains; c'est le fentiment du P. Briet : & Moralés croit que celle des Oretains est aujourd'hui Cazorla. Au refte, on a des inscriptions où on lit COL. JUL. SALARIENSIS. Et Pline, 1. 3, c. 3, parle d'une colonie nommée de même. Après tout, il ne feroit pas furprenant qu'il y eût eu plufieurs villes de ce nom en Espagne, où il ne manque point de falines. 3. SALARIA, ville de l'Afrique propre, felon Ortelius. Il cite Ponce, auteur de la vie de S. Cyprien.

4. SALARIA VIA. Voyez au mot VOYE l'article VOYE SALARIENNE.

SALARIUS PONS, pont bâti dans cette route, fur le Teverone: on le nomme encore Ponte Salaro.

SALARIO (Ponte.) Voyez l'article précédent. SALARS, ifle de la Libye, felon Etienne le géographe.

SALAS, riviere d'Allemagne; c'eft la Sala. SALASES, (La montagne de) montagne d'Afrique, dans l'ifle de Bourbon. Selon les lettres édifiantes, t. 18, p. 21, elle est au milieu de l'ifle, & domine fur toutes celles qui l'environnent. La violence de la mer, ou telle autre caufe que vous voudrez, éleve jusqu'à fon fommet, par des voyes fouterreines, une fi grande quantité d'eaux, que les trois plus grandes rivieres de l'ifle en font formées. Ces rivieres le précipitent avec une extrême rapidité, & font fur leurs routes un nombre prodigieux de bruyantes cascades. Les autres rivieres font aufli fort impétueules, excepté celle qui porte le nom de Sainte-Sufanne, qui eft allez tranquille; mais elles ont leur fource ailleurs.

SALASSI, ancien peuple d'Italie, dans les Alpes. Strabon, 1.4, p. 205, dit: Le canton des Salaffes, eft dans une profonde vallée, entre des montagnes, qui l'enferment de tous côtés : il eft affez grand. La Doria qui traverse ce pays, eft d'une grande utilité aux habitans, pour laver l'or. C'est pour cela qu'ils l'avoient partagée en quanen quantité de coupures, qui réduifoient presqu'à rien cette riviere; d'un côté cela leur étoit commode pour trouver l'or, de l'autre cela n'accommodoit pas les habitans qui demeuroient au deffous, & qui perdoient par là l'avantage d'arrofer leurs terres des eaux de cette riviere. Lorsque les Romains furent maîtres des Alpes, les Salaffes ayant perdu leur or & la jouiffance de leur pays, s'adonnerent au brigandage,& faifoient beaucoup de mal à ceux qui traverfoient leur pays, qui eft un paffage des Alpes. Lorsque D. Brutus s'enfuyant de Modène, faifoit défiler fon monde, ils lui firent payer tant par tête; & Meffala, hyvernant dans le voifinage, fut obligé d'acheter d'eux du bois de chauffage, & des javelots de bois d'orme, pour exercer fes foldats. Ils oferent même piller la caiffe militaire de Célar, & arrêterent des armées auprès des précipices, faifant femblant de raccommoder les chemins, ou de bâtir des ponts fur les rivieres. Enfin Cefar les fubjugua & les vendit tous à l'encan, après les avoir menés à Ivrée, où l'on avoit mis une colonie romaine, pour s'opposer aux courfes des Salaffes. On compta entre ceux qui furent vendus huit mille hommes propres porter les armes, & trente-fix mille en tout. Terentius Varron eut tout l'honneur de cette guerre. Augufte envoya trois mille hommes au lieu où Terentius Varron avoit eu fon camp. Il s'y forma une ville, qui fut nommée Augufta Pratoria; c'est aujourd'hui Aofte ou Aoufte, qui donne le nom à la vallée qui appartient à la maifon de Savoye.

SALAT, (Le) riviere de France, au Languedoc. Elle

a fa fource au plus haut des Pyrénées, dans la montagne de Salau, paffage d'Espagne, où eft une chapelle de la Vierge, poffédée par les chevaliers de Malthe, & célébre par le concours des François & des Espagnols, la riviere & la montagne des puits, & des fources falées des environs. Car il y a beaucoup de mines de fel dans les montagnes, fur-tout du côté de l'Espagne. Le Salat, après avoir reçu plufieurs petites rivieres, paffe par la Cour, Saint-Girons, Saint-Lizier & Salies, & va se jetter enfin dans la Garonne à Foure. * Corn. Dictionnaire. Mémoire manuscrit.

SALATARÆ. Voyez CALATARÆ.

SALATHI, ancien peuple de la Libye intérieure, felon Ptolomée, l. 4, c. 6. Il étoit entre le mont Mandre & Sagapola, & habitoit fans doute la ville Salathos, que ce géographe place avec une riviere de même nom.

SALATHOS. Voyez l'article précédent.

SALATIA, ville de la Pouille; ce mot fe trouve en quelques éditions des Hannibaliftes d'Appien pour Salapia. Voyez ce mot.

SALATTO; c'eft le nom que les Circaffiens donnent au Caucase, ou du moins à une partie de cette montagne.

SALAU, montagne entre les Pyrénées. On en parle à l'article Salat.

SALAURIS, ancienne ville d'Espagne, fur la côte entre le mont Sellus & la ville de Tarracone, parmi les fables déferts, felon Feftus Avrienus orateur marit. v. 514.

SALAVA. Voyez LA CONCEPTION, N°. 6.
SALAWAR. Voyez ZALAWAR.
SALCES. Voyez SALSES.

SALCETTE. Voyez SALSETTE.

SALDÆ, ancienne ville d'Afrique. Ptolomée, 1. 45 c. 2, la nomme ainfi au pluriel, lui donne le titre de colonie, & la met dans la Mauritanie Céfarienfe. Pline, 1.5, c. 2, nous apprend que c'étoit une colonie d'Augufte, & la nomme Salde; ce doit être Salda au plurier. Maitien écrit de même, & Antonin met Saldis à l'ablatif, à trentecinq mille pas de Rufazis. La notice épiscopale d'Afrique met entre les évêques de la Mauritanie de Sitifi Pascafe de Saldes, Pascafius Salditanus. Quelques uns croyent que c'eft Bugie, d'autres que c'eft Alger.

SALDAGNA, petite ville d'Espagne, dans la vieille Caftille, au couchant d'Aguilar del Campo, & au pied de la montagne appellée Pegna de fan Roman, fur la riviere de Carrion.

SALDAIGNE. Voyez LA BAYE DE SALDAIGNE au mot BAYE.

SALDENSII, ancien peuple de la Dacie, felon Ptolo mée, l. 3, c. 8. C'étoient les plus méridionaux entre les peuples de ce pays-là.

SALDERN, maifon de plaifance des princes de Brunswick, au voifinage de Wolfenbutel.

1. SALDUBA, ancienne ville d'Espagne, dans la Bétique, fur la côte. Pline, l. 3, c. 1, après avoir dit que Barbefula eft accompagnée d'une riviere de même nom, Barbefula cum fluvio, ajoute, item Salduba; il en eft de même de Salduba. On croit qu'aujourd'hui cette ville est Marbella, & que la riviere eft Rio Verde.

2. SALDUBA, ancien bourg d'Espagne, qui fut en quelque façon l'origine de la ville de Sarragoce. Cette ville fut bâtie fur le terrein ifolé que ce bourg avoit occupé; & la nouvelle ville prit le nom de Céfar Auguste, qu'elle conferve encore, tout eftropié qu'il eft en celui de Caragoffa.

SALE, ville d'Afrique, en Barbarie, fur la côte occidentale du royaume de Fez, dans l'empire de Maroc. Elle eft remarquable par fon antiquité, & les anciens l'ont connu fous le nom de Sala. Elle est préfentement renommée par fes corfaires appellés Saletins, & par fon commerce. Marmol, l. 4, c. 14, dit que c'eft une ancienne ville bâtie par les Romains, ou par Hannon le Carthaginois, presqu'à l'embouchure du Burregreg, du côté du levant, à un peu plus de demi-lieue de la ville de Rabat. Lorsque les Goths regnoient en Afrique, elle étoit la capitale de cette province; mais la ville de Fez l'emporta fur toutes les autres depuis fa fondation. La ftructure des murs, des maisons & des temples en eft très-belle, & la ville eft forte, avec un château fur la riviere; les maisons ont

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des cours & des portiques enrichis de plufieurs colonnes, & de tables de jaspe & d'albâtre. Les places & les rues bien alignées font voir le bel ordre qui y étoit. Il y a un petit, mais affez bon port à l'embouchure du fleuve, On équipe là des fuftes pour courir les côtes de la chrétienté, depuis qu'un Morisque de Grenade s'y retira. Il fe nommoit Doqueilli, & étoit natif d'Orgiva. Ces fultes retournent paffer l'hyver dans le port, dont l'entrée eft affez difficile. Cette ville a été fort riche & fort peuplée; & un hittorien d'Afrique dit qu'on faifoit de grands ravages de là fur la chrétienté; qu'Alphonfe le Sage, roi de Caftille, l'attaqua & la prit. Mais Jacob I, roi de Fez, de la race des Benimerinis, furprit les Espagnols au dépourvû, la prit, & tua ou fit prifonniers la plupart de ceux qui y étoient; le refte fe fauva dans les vailleaux & retourna en Caftille. Cette prife & reprife ruinerent la ville, qui n'a jamais pu fe rétablir ni rentrer dans fon ancienne fplendeur. On laboure quelques terres aux environs : le refte n'est que des fables où l'on féme & recueille force coton, dont la piupart des habitans font des toiles & des futaines Autrefois les marchandifes qui y abordoient payoient la couanne qu'elles vont maintenant payer à Fez. Il y a feulement un gouverneur avec trois cents chevaux, & quelques arquebufiers pour la fureté de la place. Tel étoit l'état de Salé lorsque Marmol écrivoit. Les relations du fieur de Raziliy, Voyages d'Afrique, m'apprennent que cette ville connue à Prolomée & à Pline fous le nom de Saya » ayant été » ruinée par l'injure du tems & la longueur des années; » Abdelrezzac, fils d'Abdalah, roi de Fez & de Maroc, » la fit rebâtir, & y apporta la meilleure partie de fes » tréfors. Il ajoute : Maintenant (c'est-à-dire en 1629 & » 1630) cette ville ne reconnoît les rois de Maroc que » par forme d'acquit, depuis que les Andalous ou Maures » de Grenade, chatfés d'Espagne, s'en font rendus maîtres. » Le roi Abdelrezzac leur avoit permis de s'y habituer; » mais ils fe font fouftraits peu à peu de l'obéillance qu'ils » devoient à leur prince légitime, & au milieu de la monarchie, ont jetté les fondemens d'une petite république.

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» Čes rebelles, craignant d'être châtiés par leur prince, » ont fait fortifier la ville, de telle forte qu'il fera difficile >> au roi de Maroc de la remettre fous fon obéiffance. Son » havre a été autrefois comme une échelle de marchands Anglois, Flamands, Hollandois & autres. Depuis que » les navires font dans ledit havre, ils demeurent fur le » fer en toute affurance; mais fon entrée étant toute par» femée de fable & de quantité de petits écueils, elle n'est » que fort mal aifée. L'orage y eft quelquefois fi grand, que » les vailleaux font contraiurs d'attendre huit & même » quelquefois quinze jours avant de pouvoir rencontrer la » commodité du paffage.

» Il y a pour défendre l'entrée du havre une forte tour » nommée FELCACRE, que les Andalous ont fait bâtir & » l'ont garnie de bons canons de fonte qu'ils ont eu des » Hollandois. La fortereffe où demeure l'alcaide (c'eft à dire le gouverneur ) eft très-bien pourvue. C'étoit au »tems paflé le férail où les rois de Maroc tenoient huit » cents concubines, fous la garde des eunuques, nommés » en leur langue abdkhaffi. La chapelle où le marabout » fait fa réfidence, eft à un demi-quart de lieue de la ville, » fur le bord de la mer; ce marabout jouit du territoire qui eft autour, & il tire un revenu avec lequel il s'en» tretient lui & quinze ou feize religieux mahométans, qui d'ordinaire lui tiennent compagnie. Joignant la cha» pelle de ce marabout, fe voit un baltion nonimé HAY»TAN, gardé par quelques foldats, & muni de quelques » piéces d'artillerie.

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1693, dit: Salé eft plus connue & plus renommée que les autres villes, à caufe de fes corfaires & de fon havre, qui propre que pour de petits bâtimens. Elle eft encore confidérable par les forterelles, par fes deux villes divifées en vieille & nouvelle, & par fon grand commerce; les habitans, qui ne font pas plus de vingt mille, fe quali fient Andalous, comme ceux de Tétouan. Elle avoit autrefois de beaux édifices que les guerres & fes révoltes ont presque tous ruinés. Elle vouloit fe fouftraire à la domination des rois de Maroc; mais Mouley Aichi la réduifit en 1666, par le gain d'une grande bataille contre le fameux Gayland, feigneur de Tetouan, d'Arzile & d'Alcaffar dont elle avoit recherché la protection. Ces deux villes (dont Salé eft compofée) lunt féparées par la riviere du GUEROU. Celle qui ett du côté du fud, a deux châteaux au haut d'une petite montagne qui eft fur le bord de la mer. Ils fe communiquent par une grande muraille, & contiennent environ trente piéces d'artillerie affez mal en ordre. Il y a un fortin au-detlus du vieux château, fur l'embouchure de la riviere; il eft garni de trois piéces de canon de ter, & de deux de bronze de douze à quinze livres de balle, pour faciliter la retraite de fes corfaires quand ils font pourfuivis.

Salé & Tétouan font les villes où les navires abordent le plus fréquemment ; ce qui a donné lieu à plufieurs marchands de diverfes nations de s'y habituer, & au roi de France d y établir un conful pour la commodité & fûreté du commerce; mais il est souvent infulté par les habitans.

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SALE, (ILHA DO ) ou DO SAL, en françois ISLR DU SEL, ifle d'Afrique, fur la côte de la Nigritie, & la plus orientale de celles du Cap Verd. Elle s'étend hit ou neuf lieues du nord au fud, & n'en a au plus que deux de largeur. On lui a donné le nom de Salé, de la grande quanté de fel qui s'y congéle naturellement; toute cette ille étant pleine de marais falans. Le terroir eft fort ftérile, & ne produit que de petits arbriffeaux du côté de la mer. On y voit point d'herbe, quoiqu'il y ait quelques chèvres : y a des oileaux fauvages, parmi lesquels font des flamingos. Ce font de grands oifeaux femblables aux hérons, mais plus gros & d'une couleur rougeatre. Ils aument à être en troupe, & vivent de ce qu'ils trouvent dans les viviers. & autres lieux où il y a peu d'eau. Ils font très-fauvages, & font leur nid dans les marais où il y a beaucoup de boue, qu'ils amoncelent avec leurs pates, & dont ils font de petites hauteurs qui reffemblent à des petites ifles, & qui paroiffent hors de l'eau d'un pied & demi de haut. Le fondement de cette éminence eft large, & ils le conduifent toujours en diminuant jusqu'au fominet, où ils laiffent un petit trou pour pondre : ils fe tiennent debout dans le tems qu'ils couvent, non fur la hauteur, mais tout auprès, les jambes à terre & dans l'eau, se repofant contre le monceau de terre, & couvrant leur nid avec leur queue. Ils pondent rarement moins que deux œufs, & ils n'en pondent jamais davantage. Les jeunes ne peuvent voler qu'ils n'ayent presque toutes leurs plumes, mais ils courent d'une vîtelle incroyable. Leur chair auffi-bien que celle des vieux eft maigre & noire. Elle eft néanmoins très bonne à manger, & ne fent point le poitfon : leur langue eft large, & a un gros morceau de graille à la racine d'une très grande délicateffe. Quand ces oifeaux font en troupes auprès d'un lac, & qu'on les voit environ d'un demi-mille, ils paroiffent comme une muraille de brique, leur plumage étant de la couleur d'une brique rouge nouvellement faite. Ils fe tiennent d'ordinaire droits, & tous de rang les uns près des autres, fi ce n'eft dans le tems qu'ils mangent. Les petits font d'un gris clair, & à mefure que

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» On trouve près de là un beau parc entouré de murailles plumes de leurs aîles croiflent, ils deviennent plus bruns. »les, qui occupent trois lieues de circuit. On peut encore » voir dans la ville de Salé les ruines d'un très beau palais, qu'on croit avoir été le lieu de la fépulture des rois de » Maroc, & des princes de leur fang. Ca été fans doute » un fomptueux bâtiment, comme on le peut juger par les » colonnes de marbre qu'on en tire tous les jours. De l'autre » côté de la ville il y a un fort château qui la commande, qui eft nommé CARESANE, & une tour appellée La

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» DALLAN. »

Salé n'est séparée de la ville de Rabat que par la ri

viere.

Le chevalier de Saint-Olon, qui étoit en ce pays là en

Ce n'eft qu'à l'âge de dx où onze mois qu'ils ont toute leur beauté. Il y a une ifle près du continent de l'Amérique, Vis-à vis de Curaçao, que les Pirates appellent Fifle de Flamingo, à caufe de la quantité prodigieufe de ces oifeaux qui s'y élevent. Guillaume Dampier, Anglois, qui a paflé quelques jours dans celle de Salé en 1668, dit qu'il n'y avoit que cinq ou fix hommes, & un gouverneur trèspauvre, qui apporta pour préfent au capitaine du vaiffeau trois ou quatre chèvres maigres, lui difant que c'étoient les meilleures qu'il y eût dans l'ifle, & qu'il y avoit au moins trois ans qu'aucun vaiffeau n'y étoit venu. Ils acheterent de lui vingt boiffeaux de fel, qu'ils payerent en vieux

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