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qui est étroit en ce lieu-là, & y arrose Salfeld, bourg, cotoye le comté même de Schwartzbourg, & rentrant dans le duché d'Altenbourg, elle va du sud au nord par Orlamunde, où elle reçoit l'Orla, coule à Kala, à Lobeda, rase le pays de Weimar, & la ville d'Iena qui en eft, & reçoit l'Iln, qui vient de Weimar; elle se rend à Naumbourg, & y reçoit l'Unstrat; de là à Weiffenfels, palle à Mersbourg, se groffit des eaux de l'Elster & de la Pleiss, coule à Hall, ville de Saxe, se courbe vers l'occident, fert de borne orientale au comté de Mansfeld, en traverse une lifiere, entre la principauté d'Anhalt, où elle arrose Bernebourg, & se perd enfin dans l'Elbe, entre Deflau & Barbi, aux confins de la basse Saxe.

13. SALA DI PARTENICO, (La) bourg & château

celle de Calah, & obéit au même roi. * D'Herbelot, Bibl.

orient.

SALAMANQUE, ville d'Espagne, au royaume de Leon, sur la riviere de Tormes. Elle est ancienne & fort célébre. Les Espagnols l'appellent la mere des vertus, des Sciences & des arts. Cette ville est grande, peuplée, riche & abondante. Elle est située en partie dans la plaine, & en partie sus des collines, avec une bonne enceinte de murail. les. Elle est ornée de quelques beaux bâtimens, de magnifiques églises, d'une grande place publique, de fontaines, & généralement de tout ce qui peut contribuer à la beauté & à la commodité d'une ville. Mais ce qui la rend encore plus considérable est son université, l'une des plus fameuses de toute l'Espagne. Elle fut fondée vers le milieu du

de Sicile, dans la vallée de Mazare, à quatre milles seu-treiziéme fiécle, des débris de celle de Palencia. C'est là

lement de la côte septentrionale, entre Palerme au levant, & Castel à Mare à l'occident, à distance à peu près égale de l'un & de l'autre.

SALABASTRÆ, ancien peuple de l'Inde, selon Pline. Le pere Hardouin croit que c'est le même peuple que les Sambafta de Diodore de Sicile.

SALABIM on SALEBIM, ville de la Palestine, dans la tribu de Dan. Voyez SALEBIN.

SALACENI, peuple de l'Inde, en-deçà du Gange, selon Ptoloméç, l. 7, c. 1.

1. SALACIA, ancienne ville de l'Espagne lufitanique, au pays des Turdetains, felon Ptolomée, 1. 2, c. 5. Il la met auprès de l'embouchure du Calipus & de la ville de Catobrix. Ses interprétes croyent que c'est Setubal, & Clufius eft de ce sentiment; mais d'autres favans croyent que Setubal, ville nouvelle, tient à peu près la place de Cetobriga ou Catobrix, & que Salacia étoit où est aujourd'hui Alcacer do Sal. Une inscription de Gruter, p. 13, n. 16, montre que c'étoit un Municipe; & Pline, 1.4, 6. 22, l'appelle ville impériale, Salacia cognominata Urbs Imperatoria.

2. SALACIA, ancien lieu de l'Espagne tarragonnoise. Antonin le met sur la route de Bragues à Astorga, à vingt mille pas de la premiere.

SALACONIA, lieu de la Mauritanie tingitane, selon Antonin. Il le met entre le lieu nommé ab Mercuri & Tamufida, à seize mille pas du premier, & à vingt-deux mille pas du second. Ortelius soupçonne que ce lieu devoit être voisin de Sala, ou Sala elle-même.

SALADNA, petite place de Hongrie, dans la Transilvanie, & dans la partie méridionale, près de Tunstein, Il y avoit autrefois des mines fort riches.* Baudrand, édit.

1705.

1. SALADO, (EL.R10) petite riviere d'Espagne, dans l'Andaloufie. Elle coule à une lieue de Xerés, au midi, & se va perdre dans la baye de Cadix. Elle est remarquable, parce que les rois de Castille & de Portugal y affemblerent leur armée, pour secourir la ville de Tariffe, assiégée par les Maures, ce qui causa la fameuse bataille, que l'on appelle bataille de Tariffe, & bataille del Salado. Elle fut gagnée le dimanche 28 octobre 1340, par ces rois, sur ceux de Grenade & de Maroc, qui y firent une très grande

perre.

2. SALADO (EL RIO), Flumen Salfum, selon Hirtius, petite riviere d'Espagne, dans l'Andalousie. Elle se perd dans le Xenil, entre Grenade & Ecija, & a sa source à Alcala la Réal.

SALÆ, anciens peuples de la Colchide, selon Pline. Il dit que les anciens les nommoient PTHIROPHAGES, c'està-dire, Mangeurs de vermine.

SALAGASSUS, nom corrompu pour SAGALASSUS. Voyez ce mot.

SALAGE (cap) dans l'Afrique, au royaume de Congo, entre le cap de Sainte-Catherine au nord, & la riviere de Zaïre au midi. * Carte de M. Bellin, 1746.

,

SALAGENA OU SADAGENA ancienne ville de la Cappadoce, dans la Sargaraufene, selon Ptolomée, 1.5,

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que se forment les théologiens, les jurisconfultes, les médecins, les philosophes, les mathématiciens, les orateurs & les humanistes. Il y a quatre-vingts professeurs, dont les huit premiers, qui enseignent la philosophie, ont chacun mille écus de pension, les autres n'en ont que cinquante. Il y a en outre des professeurs, qu'on appelle prétendientes. Ils n'ont point d'appointemens de l'université, , quoiqu'ils enseignent tous les jours comme les autres : mais ils ont les chaires qui viennent à vacquer. Il des profeffeurs pour la théologie, pour le droit canon & civil, , pour la méde cine, pour la philosophie, pour les langues & les belles lettres. Ce qui est singulier, c'est d'y trouver une chaire où l'on enseigne la doctrine de Durant, & une autre pour celle de Scot. Le bâtiment, appellé les écoles, où l'on enfeigne toutes ces sciences, est très-beau & tout de pierres de taille. Il est composé de deux corps de logis: le premier, qu'on appelle les grandes écoles, renfermelune grande cour carrée, pavée de grosse pierres, & environnée de belles galeries, foutenues par des arcades, par où l'on entre dans les classes, qui font autour de la cour. Au-dessus des gale ries est une belle bibliothéque, dont les livres, qui n'y font pas en fort grand nombre, sont tous enchaînés. On y voit aufli quantité de statues de savans, & des figures pour l'anatomie. Sous les galeries est l'église des écoles, où l'on dit tous les jours dix messes. La chaire & le grand autel sont tout dorés; & la voute, qui est peinte, représente le zodiaque avec les douze signes. * Délices d'Espagne & du Portugal, t. 1, p. 160 & fuiv.

Près de l'entrée de ces écoles est un hôpital où l'on retire les pauvres écoliers malades, qui y sont servis avec beaucoup de soin. Cette entrée de l'école est un des plus beaux ouvrages qu'il y ait dans toute l'Espagne; on y voit les statues du roi Ferdinand & de la reine Isabelle; au desdessus les armes de l'empereur, & aux deux côtés deux hercules, avec quantité d'autres petites figures.

Les professeurs ont à leur tête un recteur, qui est élu toutes les années par les cathedraticos du premier rang (ce font les huit premiers professeurs en théologie) on le choisit toujours de grande maison; il a de très-beaux priviléges, il ne reconnoît personne au-dessus de lui; & dans les affemblées publiques il est toujours assis sous un dais. Outre cela il y a un maître des écoles: il est toujours ecclésiastique, & chanoine de la cathédrale; il crée tous les officiers de l'université, comme le juge, les secrétaires fiscaux, les notaires, les sergens, & un très-grand nombre d'autres tous richement gagés. Il a pour sa part huit mille ducats de penfion, & on tient l'université riche de quatre-vingts ou quatre-vingt dix mille écus de rente.

On y a compté autrefois jusqu'à sept mille écoliers, & tandis que la monarchie espagnole étoit floriffante, on y en a toujours vû quatre ou cinq mille, venus de toutes les parties du royaume, & même des pays étrangers. Aufli les auditoires, où l'on fait leçon, peuvent contenir jusqu'à deux mille personnes. Les écoliers font tous, fans exception, vêtus d'un habit long comme les prêtres, & rafés avec le bonnet en tête. Il ne leur est pas permis de porter le chapeau, ni dans la ville, ni dehors, finon quand il pleut. Ils ont de fort grands priviléges, ne dépendant uniquement que du recteur & de leurs profeffeurs, qui les favorisent toujours de tout leur pouvoir.

Outre l'université, il y a encore vingt-quatre colléges, dans chacun desquels trente collégiaux vivent en commun. Ils sont très-bien rentés. Entre ces colléges il y en a quatre plus considérables que les autres, dont l'un a été fondé par Alphonse Fonseca, archevêque de Toléde. On les appelle grands colléges, & les plus grandes maifons du royaume tâchent d'y faire entrer leurs enfans : on n'y peut demeurer que sept années; & c'est de là que sortent les plus grands hommes d'Espagne, & d'où l'on tire ceux que le roi pourvoit des charges les plus considérables.

La grande église de Salamanque est une des plus belles d'Espagne; elle a un beau clocher, autour duquel on peut se promener fur des galeries. Au-devant de l'église, il y a une grande place pavée de cadettes ou pierres carrées, & fermée de gros pilliers de pierre de la hauteur d'une toise, entrelacés d'une chaîne de fer fort épaisse. A côté de cette église, on en voit une autre vieille, dans laquelle on descend par des degrés, & qui est fort estimée à cause d'un San Christo de las Batallas, qui fait de grands miracles.

Outres les églises, les colléges & les autres bâtimens, qui ornent cette ville, on y voit divers couvens fort beaux, comme celui de saint Dominique, où il y a deux cents religieux. Son église est toute de pierres de taille; elle a un fort beau dôme en lanterne près de l'autel, & un trèsgrand nombre de saints délicatement travaillés. Le couvent de faint François est remarquable pour sa prodigieuse masle de pierres, & un cloître magnifique, orné de grands tableaux à l'entour, où les martyrs de l'ordre sont peints. C'est la demeure de deux cents religieux. Près de ce couvent est celui de faint Bernard, considérable par la régularité de son escalier, dont les marches ont cinq pas de long, & font foutenues comme en l'air, formant une montée magnifique de cent degrés, ornée de quantité de statues dorées, qu'on voit aux côtés des pilliers.

Sur la riviere de Tormes, il y a un pont de pierres, long de trois cents pas; ce font les Romains qui l'ont bâti, & il fubfifte encore aujourd'hui plus solide que toute la maçonnerie qu'on y a voulu ajouter dans le dernier siécle. La ville est fort marchande, & on y voit grande quantité de noblesse. Quelques écrivains disent qu'elle appartient au royaume de la Castille vieille; mais d'autres, avec plus de raison, la mettent dans celui de Léon. On trouve hors de Salamanque un beau chemin large & pavé, que les anciens Romains avoient fait faire, & qui conduisoit à Merida, & de là à Seville. On y voit encore par-ci, parlà, d'espace en espace, des colonnes abattues par le tems. Ce chemin avoit été réparé par l'empereur Adrien, comme il paroît par l'inscription suivante qu'on y a trouvée :

IMP. CÆSAR.

DIVI TRAJANI PARTHICI
F. DIVI NERVA NEPOs.
TRAJANUS. HADRIANUS
AUG. PONTIF. MAX.
TRIB. POT. V. Cos.
III. RESTITUIT.

L'abbé de Vairiac, Etat préfent de l'Espagne, tom. 2, pag. 357, dit: Tous les historiens ecclésiastiques d'Espagne font faint Second, évêque d'Avila, fondateur de l'église de Salamanque, & faint Eleutere, fon premier évêque, lequel assista au troisième concile de Toléde, tenu sous le pontificat de Pélage II, & sous le regne de Reccaréde en 589, mais on ne trouve pas une suite exacte d'évêques depuis ce tems jusqu'à préfent. Cependant Gilles Gonzalès d'Avila, dans son théâtre ecclésiastique, en donne une très-bien circonstanciée depuis Eleutere jusqu'au tems qu'il a compose son ouvrage ; mais je ne voudrois pas être garant de cet auteur, puisqu'il est constamment vrai que Salamanque a été long-tems au pouvoir des M...ures, & qu'il n'est pas vraisemblable qu'ils y souffrissent des évêques, puisqu'ils faisoit gloire de les exterminer. Je conviens que pendant ce tems de persécution, on donnoit ordinairement aux églises opprimées des évêques titulaires, qui faisoient leur résidence à Oviedo ; mais, quelque foin que j'aye pris, je n'ai pû découvrir ceux qui furent facrés sous le titre d'évêques de Salamanque durant la domination des Maures, fi ce n'est dans quelques auteurs, dont l'autorité ne me paroît pas fuffifante pour appuyer celle de Gilles Gonzalès; de forte qu'il faut s'en tenir à ceux qui n'adinettent que huit évêques de cette église, depuis sa fondation jusqu'à ce que les infidéles se rendirent maîtres de cette ville; après le recouvrement de laquelle on trouve pour premier évêque un nommé Guindulfe, qui confirma, en 830, une dona

tion que le roi Alfonse le Sage fit à l'église de saint Sauveur d'Oviedo. Le chapitre est composé de dix dignitaires, de vingt-fix chanoines, & de trente-un prébendiers. Le diocèse s'étend sur deux cents quarante paroisses. L'évêque jouit de quatorze mille ducats de re

venu.

SALAMANQUE LA NOUVELLE, ou SALAMANQUE DE BACALAR, village ou bourgade de l'Amérique feptentrionale, dans la partie méridionale de l'lucatan, près du golfe de Honduras, au midi occidental de Mérida & de Valladolid, villes de l'lucatan, à soixante-huit lieues espagnoles communes de la premiere, & à cinquante-huit de la seconde.

SALAMARIA, lieu qu'Ortelius se contente d'indiquer, sans essayer de trouver la province ou le pays où il étoit. Il cite le Code Théodosien XII. Tit. de Decurionibus. Ce mot seroit-il le même que SALAM

BRIA ?

SALAMBORIA, ou SARABREA, ville de la Cappadoce, dans la Garsaurie, felon Ptolomée. Leunclavius dit que les Turcs la nomment HARBERIC. SALAMBRIA. Voyez SELAMPRIA.

1. SALAMEA, ville d'Espagne. Voyez ZALAMEA.

2.. SALAMEA DE ARCOBISCO, petite ville d'Espagne, en Andalousie, dans la Sierra Morena, sur les confins de l'Estramadure, à fix lieues d'Aracena vers le nord.

SALAMIAH, ville d'Afie, dans la Perse, sur la rive orientale du Tigre, à une journée de Moful, en descendant le fleuve vers Bagdat. Cette ville ayant été ruinée, dans la suite du tems, il s'en forma peu à peu une

autre.

1. SALAMINE, en latin SALAMINA, & SALAMIS, petite ifle de Grece, dans le golfe Saronique, vis-à-vis d'Eleusine. Scylax dit, dans son périple: Tout près de ce temple d'Elenfine est Salamine, ide, ville & port. Paufanias, in Attic. c. 35, dit: Salamine est vis-à-vis d'Eleusine. La longueur de cette ifle, selon Strabon, 1.9, étoit de soixante-dix ou quatre-vingts stades. Il y avoit deux villes de Salamine dans cette isle; l'ancienne étoit au midi, du côté de d'Engia, & la nouvelle dans un golfe, sur une presqu'ifle du côté de l'Attique. Salamine étoit la patrie d'Ajax. Horace, parlant de Télamon, pere de Teucer & d'Ajax, dit, 1.1, Ode 7:

را

Teucer Salamina Patremque

Quum fugeret:

Et Seneque, dans ses troades, vers 844, lui donne le farnom de Vera, la vraie Salamine, pour la diftinguer de celle de Cypre, bâtie ensuite par Teucer, sur le modèle de la Salamine de l'Attique. Horace donne à cette nouvelle Salamine l'épithete d'ambiguam, qui marque une si grande ressemblance, qu'on les eut prises l'une pour l'autre. Cette ifle devint fameuse par la victoire que Themistocle y remporta fur les Perfes; Mela, 1. 2, c. 7, Ciceron, Offic. 1.1, 6. 21, & Quast. Tusc. l. 1, c. 46, & quantité d'autres en font mention. Le golfe même, où elle est, a éré appellé Salaminiacus Sinus, selon Strabon, 1. 8, qui nous apprend que l'isle elle-même a été anciennement nommée Sciras, Cichria & Pisyusa. Les deux premiers noms étoient des noms de héros. Le troisiéme vient des pins qui y étoient en abondance. Voyez COLOURI.

2. SALAMINE, ville de l'Asse mineure, dans l'isle de Cypre; c'est la même que celle que Teucer avoit fait bâtir dans son exil. Horace lui fait dire:

Nil desperandum Teucro duce, & auspice Teucros
Certus enim promifit Apollo

Ambiguam Tellure nova Salamina futuram.

Scylax, dans son périple, met, dans l'isle de Cypre, Salamine, ville grecque, ayant un port fermé, & commode pour hyverner. Diodore de Sicile dit qu'elle étoit à deux cents stades de Citium. On voit, par les disputes qu'il y eut entre l'église d'Antioche & celle de Cypre, que cette derniere est fort ancienne. Pierre le Foulon, évêque d'Antioche, prétendoit que son siége étant patriarchal, l'ifle de Cypre étoit de sa jurisdiction. Anthemius, évêque de Salamine, soutint au concile de Conftantinople l'indépendance

de

de son fiége, fondé sur ce que son église étoit apoftolique, aufli-bien qu'Antioche, & que l'on y confervoit le corps de faint Barnabé entier. Ses adverfaires n'eurent rien à lui répondre, & il gagna son procès. Elle fut enfuite nommée CONSTANTIA, & c'est sous ce nom qu'elle est qualifiée métropole de l'ifle de Cypre dans les notices d'Hiéroclès, & de Léon le sage; le lieu où elle étoit garde encore l'ancien nom, & s'appelle PORTO-CONS

TANZA.

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Cette ville de Salamine de Cypre fut un petit royaume, que les descendans de Teucer possederent plus de huit cents ans, jusqu'au regne de cet Evagoras, dont on lit l'éloge dans Ifocrate. Toureil, t. 4, p. 268, dit, dans ses remarques sur Démosthene, qu'Evagoras, simple bourgeois de Salamine, mais pourtant de race noble, & issu des fondateurs de sa ville, la fit révolter contre le roi de Perfe, & fubjugua la plus grande partie de l'ifle de Cypre. Il se maintint quelque tems avec le secours d'Acoris, Roi d'Egypte, d'Hecatomnus roi de Carie, & de quelques autres Potentats voisins; mais enfin le roi de Perse le mit à la raison, & ne lui laissa pour tous états, quela ville de Salamine, à la charge même d'un tribut annuel. Nicolas tua Evagoras, & s'empara du royaume de Salamine. A Nicolas fuccéda Protagoras, fous qui le jeune Evagoras, fils du premier, tenta de remonter sur le trône de son pere. Il eut même le bonheur de mettre dans ses intérêts Artaxerce ; & de plus Phocion commanda les troupes destinées à le rétablir. Cependant l'entreprise échoua tout-àcoup; Protagoras le supplanta à la cour de Perse. Le jeune Evagoras y fut cité pour répondre fur plusieurs chefs d'accufation; il se justifia, & on lui accorda en Afie, un gouvernement qui valoit bien le royaume de Salamine. Mais sa mauvaise conduite l'obligea bien-tôt à se déposer lui même, & à s'enfuir dans l'ifle de Cypre, où il perit malheureusement. * Dacier, Remarq. fur Horace, l. 1, Ode 7.

1. SALAMIS, ancien nom de Salamine, isle de Grece. Voyez SALAMINE, n°. I.

2. SALAMIS, petite contrée d'Asie, près de Cyrus; est-ce la ville de Cyrus, ou la riviere de même nom? Ortelius ne le dit point: il dit seulement qu'elle fut opprimée par l'hérésie des Marcionites, & cite Nicephore Calliste, 1. 13, C. 27.

3. SALAMIS, SALAMINE, SALAMIM, OU ZALAMIM. Il est parlé dans les livres des Hébreux d'une ville de Zalamim; & Malala, Chronic. n. 296, dit qu'Auguste donna le nom de Diospolis à SALAMINE, ville de Palestine. Le mot de Salamin se trouve en Josué, C. 19, V. 47,

mais ce n'est que dans le Grec. Elle devoit être dans la basse Galilée. Joseph, de Bell. l. 2, c. 42, la met entre les villes de ce pays-là, que l'on devoit fortifier; savoir Jotapat, Bersabée, Salamine, Perécho, Japha, &c. Arnaud d'Andilli écrit SALAMAIA. Misn. Cod.

*

Kilaim. c. 4, Misn. 9, & Cod. Gevamoth. c. 16,

M. 6.

SALAMPSII, ancien peuple de la Mauritanie Césariense, selon Ptolomée, 1. 4, c. 2: son Interpréte latin dit THALASSII, qu'Ortelius désapprouve.

SALANA, petite riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure qu'elle arrofe. Elle va se jetter dans le phare de Messine, au cap Sciglio, un peu au nord du bourg de Sciglio. Elle n'a rien de commun avec le CRATAIS de Pline. Voyez CRATHIS.

SALANCHES, ville de Savoye, dans le haut Fausfigni dont elle est la capitale. Elle est petite & arrofée par un ruisseau qui se jette dans la riviere d'Arve, à quatre ou cinq lienes au-dessus de Clufe. * Baudrand, éd. 1705.

Salanches 'n'a qu'un millier d'habitans; elle n'est qu'à deux lieues au-dessus de Cluse. Deux petites rivieres appellées aussi Salanches, se joignent au milieu de la ville, & vont se rendre dans l'Arve. * Mémoires dreffés sur les licux.

SALANCON, riviere de l'Illyrie. Elle se perd dans le golfe Adriatique, selon Apollonius, 1.4, dans son poëme des Argonautes.

1. SALANDRA, anciennement ACALANDRA, petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Bafilicate, à trois lieues de Tricarico, à l'orient méridional, fur une riviere de fon même nom. Voyez ACALANDRE,

2. SALANDRA, ou SALANDRELLA, riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans la Bafilicate, où elle arrose Salandra San Mauro, & quelques autres bourgs, & va se jetter dans le golfe de Tarente, entre l'embouchure du Bafiento, & celle de l'Agri.

1. SALANGUS, peuple d'Italie, selon Etienne le géographe, ΣΑ ́ΛΑΝΓΓΟΣ.

2. SALANGUS, peuple de l'Inde, selon le même. SALANIANA, lieu de la Lufitanie, selon Antonin, fur la route de Brague à Aftorga, à vingt-un milles de la premiere.

SALANICA, licu d'Italie. Il en est fait mention dans la vie de faint Theobald.

SALANKEMEN, place de basse Hongrie, dans l'Esclavonie, sur le Danube, vis-à-vis de l'endroit où la Teisse se perd dans ce fleuve, & un peu au-dessous de Petervaradin, douze milles d'Allemagne au-dessous de Belgrade. Ce lieu eft remarquable par la victoire que le prince Louis de Bade y remporta sur les Turcs, en 1691, après la mort de leur grand visir. On dispute si Salankemen est l'Acumincum ou la Rhittium des anciens, que d'autres placent ailleurs.

SALANO: (11) c'est la même riviere que la SALANA. Voyez ce mot.

SALANQUES, Salencia, abundantia Dei, abbaye de filles en France, de l'ordre de câteaux, filiation de Morimond, au comté de Foix, diocèse de Rieux, au nord du mas d'Azil. Elle fut fondée l'an 1353, par Gafton Phoebus, comte de Foix, & la comteffe Héléonore fa mere. Elle vaut huit mille livres.

SALANTINI. Voyez SALENTINI.

SALAO ou SALA, petit pays d'Afrique, en Ethiopie, dans l'Abiffinie, entre le royaume de Bagembre & la province d'Abargala, selon le P. Jeronimo Lobo.

SALAPEI, les Salapéens, ancien peuple de Thrace. 11 dépendoit de Rhascupolide, felon Appien, Civil. l. 4.

SALAPENI, ancien peuple de l'Arabie heureuse, se lon Ptolomée. Quelques exemplaires portent ALAPENI. SALAPHITANUM OPPIDUM, ville ancienne, ou bourg d'Afrique, dans les terres, selon Pline, l. s, c. 4. Il met ce lieu dans l'Afrique, entre les trente villes libres, qui étoient pourtant foumises aux Romains. Leur liberté consistoit à choisir elles-mêmes leurs magistrats.

y

SALAPIA, ancienne ville d'Italie, dans la Pouille daunienne, selon Pline, 1.3, c. 11, qui ajoute qu'elle est fameuse par l'amour qu'eut Annibal, pour une maîtresse. Il a cu deux villes de ce nom, ou plutôt la même ville a été en deux lieux différens. L'ancienne Salapia, dans sa premiere situation, avoit été bâtie par Dioméde, & fut abandonnée à cause de l'air mal fain. C'est de celle-là qu'il faut entendre ce pallage de Ciceron, Agrar. 2, c. 27, in Salapinorum pestilentia finibus collocari. Les habitans s'allerent établir en un lieu plus sain, à quatre milles delà vers la mer. Vitruve dit, l. 1, c. 4: Nunc Salapini quatuor millibus paffuum progressi ab Oppido veteri, habitant in falubri loco. Tite-Live parle de Salapia en bien des endroits, 1. 24, c. 20, 1. 26, c. 38, 1. 27, au commencement. Ptolomée, dit SALAPLA, au plurier contre l'usage des auteurs Latins. Et Appien, dit SALPIA, tant dans l'édition d'Etienne que dans celle de Tollius. Les anciens ont dit Salapini, comme Ciceron & Vitruve aux endroits cités. Tite-Live dit en plus d'un endroit Salapitani. La ville est détruite, & le lieu conserve le nom de Salpi.

SALAPINA PALUS, marais voisin de la ville de Salapia, d'où il tiroit son nom. Lucain, 1.5, v. 377, en parle à l'occasion des barques que l'on amassa de tous les endroits.

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Ptolomée, liv. 4, cap. 6. Quelques exemplaires portent Sagap.

1. SALARIA, ancienne ville de l'Espagne tarraconnoise, selon Prolomée, au pays des Bastitains, dans les

terres.

2. SALARIA, autre ville de l'Espagne tarraconnoise, felon le même, dans les terres, au pays des Oretains. Cellarius soupçonne que la même ville, qui, étant aux confins de ces deux peuples, se trouve répétée par cet auteur; mais il leur donne une position bien différente.

Long. Lat.
SALARIA in Baftitanis 13d 0' 39d 20'.
SALARIA in Oretanis 9d 24' 40d o'.

On ne pouvoit pas mieux les distinguer qu'a fait Ptolomée. Ses interprétes disent que Requena, ville sur l'Oliana, occupe la place de la Salaria des Bastitains; c'est le sentiment du P. Briet: & Morales croit que celle des Oretains est aujourd'hui Cazorla. Au reste, on a des inscriptions où on lit COL. JUL. SALARIENSIS. Et Pline, 1. 3, c.3, parle d'une colonie nommée de même. Après tout, il ne feroit pas surprenant qu'il y eût eu plusieurs villes de ce nom en Espagne, où il ne manque point de salines.

3. SALARIA, ville de l'Afrique propre, felon Ortelius. Il cite Ponce, auteur de la vie de S. Cyprien.

4. SALARIA VIA. Voyez au mot VOYE l'article VOYE SALARIENNE.

SALARIUS PONS, pont bâti dans cette route, sur le Teverone: on le nomme encore Ponte Salaro.

SALARIO (Ponte.) Voyez l'article précédent.

SALARS, ifle de la Libye, selon Etienne le géographe.

SALAS, riviere d'Allemagne; c'est la Sala.

SALASES, (La montagne de) montagne d'Afrique, dans l'isle de Bourbon. Selon les lettres édifiantes, t. 18, p. 21, elle est au milieu de l'ifle, & domine fur toutes celles qui l'environnent. La violence de la mer, ou telle autre cause que vous voudrez, éleve jusqu'à son sommet, par des voyes fouterreines, une si grande quantité d'eaux, que les trois plus grandes rivieres de l'ifle en font formées. Ces rivieres se précipitent avec une extrême rapidité, & font fur leurs routes un nombre prodigieux de bruyantes cascades. Les autres rivieres font aufli fort impétueuses, excepté celle qui porte le nom de Sainte-Susanne, qui est allez tranquille; mais elles ont leur source ailleurs.

SALASSI, ancien peuple d'Italie, dans les Alpes. Strabon, 1.4, p. 205, dit: Le canton des Salasses, est dans une profonde vallée, entre des montagnes, qui l'enferment de tous côtés : il est assez grand. La Doria qui traverse ce pays, est d'une grande utilité aux habitans, pour laver l'or. C'est pour cela qu'ils l'avoient partagée en quantité de coupures, qui réduisoient presqu'à rien cette riviere; d'un côté cela leur étoit commode pour trouver l'or, de l'autre cela n'accommodoit pas les habitans qui demeuroient au dessous, & qui perdoient par là l'avantage d'arroser leurs terres des eaux de cette riviere. Lorsque les Romains furent maîtres des Alpes, les Salasses ayant perdu leur or & la jouissance de leur pays, s'adonnerent au brigandage, & faifoient beaucoup de mal à ceux qui traversoient leur pays, qui est un passage des Alpes. Lorsque D. Brutus s'enfuyant de Modène, faisoit défiler son monde, ils lui firent payer tant par tête ; & Messala, hyvernant dans le voisinage, fut obligé d'acheter d'eux du bois de chauffage, & des javelots de bois d'orme, pour exercer ses foldats. Ils oferent même piller la caisse militaire de Célar, & arrêterent des armées auprès des précipices, faisant semblant de raccommoder les chemins, ou de bâtir des ponts sur les rivieres. Enfin César les subjugua & les vendit tous à l'encan, après les avoir menés à Ivrée, où l'on avoit mis une colonie romaine, pour s'opposer aux courses des Salasses. On compta entre ceux qui furent vendus huit mille hommes propres à porter les armes, & trente-fix mille en tout. Terentius Varron eut tout l'honneur de cette guerre. Auguste envoya trois mille hommes au lieu où Terentius Varron avoit eu son camp. Il s'y forma une ville, qui fut nommée Augusta Pretoria; c'est aujourd'hui Aofte ou Aouste, qui donne le nom à la vallée qui appartient à la maison de Savoye.

SALAT, (Le) riviere de France, au Languedoc. Elle

a sa source au plus haut des Pyrénées, dans la montagne de Salau, passage d'Espagne, où est une chapelle de la Vierge, possédée par les chevaliers de Malthe, & célébre par le concours des François & des Espagnols, la riviere & la montagne des puits, & des sources salées des environs. Car il y a beaucoup de mines de sel dans les montagnes, fur-tout du côté de l'Espagne. Le Salat, après avoir reçu plusieurs petites rivieres, passe par la Cour, Saint-Girons, Saint-Lizier & Salies, & va se jetter enfin dans la Garonne à Foure. * Corn. Dictionnaire. Mémoire ma

nuscrit.

SALATARÆ. Voyez CALATARA. SALATHI, ancien peuple de la Libye intérieure, felon Ptolomée, 1.4, c. 6. Il étoit entre le mont Mandre & Sagapola, & habitoit sans doute la ville Salathos, que ce géographe place avec une riviere de même nom.

SALATHOS. Voyez l'article précédent.

SALATIA, ville de la Pouille; ce mot se trouve en quelques éditions des Hannibalistes d'Appien pour Salapia. Voyez ce mot.

SALATTO; c'est le nom que les Circassiens donnent au Caucase, ou du moins à une partie de cette montagne.

SALAU, montagne entre les Pyrénées. On en parle à l'article Salat.

SALAURIS, ancienne ville d'Espagne, sur la côte, entre le mont Sellus & la ville de Tarracone, parmi les fables déferts, felon Festus Avrienus orateur marit. V. 514.

SALAVA. Voyez LA CONCEPTION, NO. 6.
SALAWAR. Voyez ZALAWAR.
SALCES. Voyez SALSES.

SALCETTE. Voyez SALSETTE.

SALDÆ, ancienne ville d'Afrique. Ptolomée, 1. 4, c. 2, la nomme ainsi au pluriel, lui donne le titre de colonie, & la met dans la Mauritanie Césariense. Pline, 1.5, c. 2, nous apprend que c'étoit une colonie d'Auguste, & la nomme Salde; ce doit être Salda au plurier. Martien écrit de même, & Antonin met Saldis à l'ablatif, à trentecinq mille pas de Rusazis. La notice épiscopale d'Afrique met entre les évêques de la Mauritanie de Sitifi Pascase de Saldes, Pascasius Salditanus. Quelques uns croyent que c'est Bugie, d'autres que c'est Alger.

SALDAGNA, petite ville d'Espagne, dans la vieille Castille, an couchant d'Aguilar del Campo, & au pied de la montagne appellée Pegna de san Roman, sur la riviere de Carrion.

SALDAIGNE. Voyez LA BAYE DE SALDAIGNE au mot BAYE.

SALDENSII, ancien peuple de la Dacie, selon Ptolomée, 1.3, c. 8. C'étoient les plus méridionaux entre les peuples de ce pays-là.

SALDERN, maison de plaisance des princes de Brunswick, au voisinage de Wolfenbutel.

1. SALDUBA, ancienne ville d'Espagne, dans la Bétique, sur la côte. Pline, 1. 3, c. 1, après avoir dit que Barbesula est accompagnée d'une riviere de même nom, Barbefula cum fluvio, ajoute, item Salduba; il en est de même de Salduba. On croit qu'aujourd'hui cette ville est Marbella, & que la riviere est Rio Verde.

2. SALDUBA, ancien bourg d'Espagne, qui fut en quelque façon l'origine de la ville de Sarragoce. Cette ville fut bâtie sur le terrein isolé que ce bourg avoit occupé; & la nouvelle ville prit le nom de Céfar Auguste, qu'elle conserve encore, tout estropié qu'il est en celui de Caragossa.

SALE, ville d'Afrique, en Barbarie, sur la côte occidentale du royaume de Fez, dans l'empire de Maroc. Elle est remarquable par son antiquité, & les anciens l'ont connu sous le nom de Sala. Elle est présentement renommée par ses corsaires appellés Saletins, & par son commerce. Marmol, 1. 4, c. 14, dit que c'est une ancienne ville bâtie par les Romains, ou par Hannon le Carthaginois, presqu'à l'embouchure du Burregreg, du côté du levant, à un peu plus de demi-lieue de la ville de Rabat. Lorsque les Goths regnoient en Afrique, elle étoit la capitale de cette province; mais la ville de Fez l'emporta sur toutes les autres depuis sa fondation. La structure des murs, des maisons & des temples en est très-belle, & la ville est forte, avec un château sur la riviere; les maisons ont

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des cours & des portiques enrichis de plusieurs colonnes, & de tables de jaspe & d'albâtre. Les places & les rues bien alignées font voir le bel ordre qui y étoit. Il y a un petit, mais affez bon port à l'embouchure du fleuve, On équipe là des fuftes pour courir les côtes de la chrétienté, depuis qu'un Morisque de Grenade s'y retira. Il se nominoit Doqueilli, & étoit natif d'Orgiva. Ces fulles retournent pafler l'hyver dans le port, dont l'entrée est assez difficile. Cette ville a été fort riche & fort peuplée; & un hiftorien d'Afrique dit qu'on faifoit de grands ravages de là sur la chrétienté; qu'Alphonfe le Sage, roi de Castille, l'attaqua & la prit. Mais Jacob I, roi de Fez, de la race des Benimerinis, furprit les Espagnols au dépourvû, la prit, & tua ou fit prifonniers la plupart de ceux qui y étoient; le reste se sauva dans les vailleaux & retourna en Castille. Cette prise & reprise ruinerent la ville, qui n'a jamais pu se rétablir ni rentrer dans son ancienne splendeur. On laboure quelques terres aux environs: le reste n'est que des sables où l'on féme & recueille force coton, dont la piupart des habitans font des toiles & des futaines Autrefois les marchandises qui y abordoient payoient la couanne qu'elles vont maintenant payer à Fez. Il y a seulement un gouverneur avec trois cents chevaux, & quelques arquebufiers pour la fureté de la place. Tel étoit l'état de Salé lorsque Marmol écrivoit. Les relations du sieur de Razıliy, Voyages d'Afrique, m'apprennent que cette ville connue à Ptolomée & à Pline sous le nom de Saya » ayant été >>> ruinée par l'injure du tems & la longueur des années; >> Abdelrezzac, fils d'Abdalah, roi de Fez & de Maroc, » la fit rebâtir, & y apporta la meilleure partie de fes >>> trésors. Il ajoute : Maintenant (c'est-à-dire en 1629 & >> 1630) cette ville ne reconnoît les rois de Maroc que >> par forme d'acquit, depuis que les Andalous ou Maures >> de Grenade, chasses d'Espagne, s'en font rendus maîtres. >> Le roi Abdelrezzac leur avoit permis de s'y habituer; >> mais ils se sont soustraits peu à peu de l'obéillance qu'ils >> devoient à leur prince légitime, & au milieu de la >> monarchie, ont jetté les fondemens d'une petite répu» blique.

>> Čes rebelles, craignant d'être châtiés par leur prince, > ont fait fortifier la ville, de telle forte qu'il sera difficile >>> au roi de Maroc de la remettre sous son obéissance. Son >>> havre a été autrefois comme une échelle de marchands >> Anglois, Flamands, Hollandois & autres. Depuis que >> les navires font dans ledit havre, ils demeurent sur le >> fer en toute afsurance; mais fon entrée étant toute par>> semée de sable & de quantité de petits écueils, elle n'est >> que fort mal aisée. L'orage y est quelquefois si grand, que >> les vaisleaux sont contraiurs d'attendre huit & même >> quelquefois quinze jours avant de pouvoir rencontrer la >> commodité du passage.

>> Il y a pour défendre l'entrée du havre une forte tour >> nommée FELCACRE, que les Andalous ont fait bâtir & >> l'ont garnie de bons canons de fonte qu'ils ont eu des >> Hollandois. La forteresse où demeure l'alcaide (c'est àdire le gouverneur ) est très bien pourvue. C'étoit au >> tems pallé le férail où les rois de Maroc tenoient hust >> cents concubines, sous la garde des eunuques, nommés >> en leur langue abdkhafsi. La chapelle où le marabout >> fait fa résidence, est à un demi-quart de lieue de la ville, >> sur le bord de la mer; ce marabout jouit du territoire >> qui est autour, & il tire un revenu avec lequel il s'en>> tretient lui & quinze ou feize religieux mahométans, >> qui d'ordinaire lui tiennent compagnie. Joignant la cha>> pelle de ce marabout, se voit un battion nonimé HAY» TAN, gardé par quelques soldats, & muni de quelques >> piéces d'artillerie.

>>> On trouve près de là un beau parc entouré de murail >> les, qui occupent trois lieues de circuit. On peut encore >> voir dans la ville de Salé les ruines d'un très beau palais, >> qu'on croit avoir été le lieu de la sépulture des rois de >> Maroc, & des princes de leur sang. Ç'a été sans doute >> un somptueux bâtiment, comme on le peut juger par les >>> colonnes de marbre qu'on en tire tous les jours. De l'autre >> côté de la ville il y a un fort château qui la commande, » qui est nommé CARESANE, & une tour appellée La

» DALLAN."

Salé n'est séparée de la ville de Rabat que par la ri

viere.

Le chevalier de Saint-Olon, qui étoit en ce pays là en

1693, dit: Salé est plus connue & plus renommée que les
autres villes, à cause de ses corfaires & de fon havre, qui
n'est propre que pour de petits bâtimens. Elle est encore
considérable par ses forteresses, par ses deux villes divi-
sées en vieille & nouvelle, & par fon grand commerce;
ses habitans, qui ne sont pas plus de vingt mille, se quali
fient Andalous, comme ceux de Tétouan. Elle avoit autre-
fois de beaux édifices que les guerres & fes révoltes ont
presque tous ruinés. Elle vouloit se soustraire à la domina-
tion des rois de Maroc; mais Mouley Aichi la réduifit en
1666, par le gain d'une grande bataille contre le fameux
Gayland, seigneur de Tetouan, d'Arzile & d'Alcassar,
dont elle avoit recherché la protection. Ces deux villes
(dont Salé est composée) sont séparées par la riviere du
GUEROU. Celle qui est du côté du sud, a deux châteaux
au haut d'une petite montagne qui est sur le bord de la
mer. Ils se communiquent par une grande muraille, &
contiennent environ trente piéces d'artillerie afssez mal en
ordre. Il y a un fortin au-detlus du vieux château, sur l'em-
bouchure de la riviere; il est garni de trois piéces de canon
deter, & de deux de bronze de douze à quinze livres de
balle, pour faciliter la retraite de ses corsaires quand ils
sont poursuivis.

Salé & Tétouan sont les villes où les navires abordent
le plus fréquemment; ce qui a donné lieu à plusieurs mar-
chands de diverses nations de s'y habituer, & au roi de
France d y établir un conful pour la commodité & fûreté
du commerce; mais il est souvent insulté par les ha-
bitans.

SALE, ( ILHA DO ) OU DO SAL, en françois ISLE
DU SEL, ifle d'Afrique, sur la côte de la Nigritie, & la
plus orientale de celles du Cap Verd. Elle s'étend huit ou
neuf lieues du nord au fud, & n'en a au plus que deux
de largeur. On lui a donné le nom de Salé, de la grande
quantité de sel qui s'y congéle naturellement; toute cette
ille étant pleine de marais salans. Le terroir est fort stérile.
& ne produit que de petits arbrisseaux du côté de la mer.
On y voit point d'herbe, quoiqu'il y ait quelques chevres;
il y a des oiseaux sauvages, parmi lesquels font des fla-
mingos. Ce sont de grands oiseaux semblables aux hérons,
mais plus gros & d'une couleur rougeatre. Ils aument à être
en troupe, & vivent de ce qu'ils trouvent dans les viviers
& autres lieux où il y a peu d'eau. Ils font très-fauvages,
& font leur nid dans les marais où il y a beaucoup de
boue, qu'ils amoncelent avec leurs pates, & dont ils font
de petites hauteurs qui ressemblent à des petites ifles, &
quum paroiffent hors de l'eau d'un pied & demi de haut.
Le fondement de cette éminence est large, & ils le con-
duisent toujours en diminuant jusqu'au sommet, où ils
laissent un petit trou pour pondre: ils se tiennent debout
dans le tems qu'ils couvent, non sur la hauteur, mais
tout auprès, les jambes à terre & dans l'eau, se reposant
contre le monceau de terre, & couvrant leur nid avec leur
queue. Ils pondent rarement moins que deux œufs, & ils
n'en pondent jamais davantage. Les jeunes ne peuvent
voler qu'ils n'ayent presque toutes leurs plumes, mais ils
courent d'une vitelse incroyable. Leur chair auffi-bien que
celle des vieux est maigre & noire. Elle est néanmoins
très bonne à manger, & ne sent point le poitson : leur
langue est large, & a un gros morceau de graisse à la racine
d'une très grande délicateffe. Quand ces oiseaux sont en
troupes auprès d'un lac, & qu'on les voit environ d'un
demi-mille, ils paroiffent comme une muraille de brique,
leur plumage étant de la couleur d'une brique rouge nou-
vellement faite. Ils se tiennent d'ordinaire droits, & tous
de rang les uns près des autres, si ce n'est dans le tems qu'ils
mangent. Les petits font d'un gris clair, & à mesure que
les plumes de leurs aîles croiflent, ils deviennent plus bruns.
Ce n'est qu'à l'âge de dix ou onze mois qu'ils ont toute
leur beauté. Il y a une ifle près du continent de l'Amérique,
vis-à vis de Curaçao, que les Pirates appellent l'ifle de
Flamingo, à cause de la quantité prodigieufe de ces oiseaux
qui s'y élevent. Guillaume Dampier, Anglois, qui a
paflé quelques jours dans celle de Salé en 1668, dit qu'il
n'y avoit que cinq ou fix hommes, & un gouverneur très-
pauvre, qui apporta pour présent au capitaine du vaisseau
trois ou quatre chévres maigres, lui disant que c'étoient les
meilleures qu'il y eût dans l'ifle, & qu'il y avoit au moins
trois ans qu'aucun vaitseau n'y étoit venu. Ils acheterent
de lui vingt boisseaux de sel, qu'ils payerent en vieux
Ppij

Tome V.

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