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habits, lui donnant fur le marché un peu de poudre & de plomb qu' leur demands. * Dampier, Voyages autour du

monde, t. I, C. 4.

SALE. (la) Voyez SAAL & SALA, rivieres d'Allemagne.

SALEBIM, ville de la Palestine, dans la tribu de Dan. Elle eft jointe en quelques paffages à Ajalon, & à Hares, & en d'autres aux villes de Maccès & de Bethfamès; tout cela nous montre à peu près fa fituation. L'hébreu d'aujourd'hui lit SHAALABIM. Eufebe in Locis, hebr. la nommie SALABA, & la met dans le canton de Samarie. Saint Jerône, in Ezech. c. 48, l'appelle SALEBI, & la joint à Ajalon & à Emmauis. Les Septante l'appellent SALAMIM & TALAMIN. * Josué, c. 19, v. 42. Judic. c. 1, V. 35. Reg. 1. 3, c. 4, v. 9. Josué, c. 19. Judic.c. 1.

SALEBRONE, ancien lieu de la Toscane, fur la voye Aurélienne, entre le lac Aprilis & Manliana à douze mille pas de l'un, & à neuf mille de l'autre. * Anton. Itin.

On croit que Salebrone eft aujourd'hui Buriana, bourg de Toscane. Voyez ce mot.

SALECHA, ou SELCHA, OUSALCHA, ville de la Pales tine, à l'extrémité feptentrionale du partage de Manassé, au de là du Jourdain. * Deuteron. c. 3. Josué, c. 12

& 13. 1. SALÉE (la riviere ) riviere de l'Amérique, dans la Guadaloupe, qu'elle fépare de la grande terre. C'est un canal de l'eau de la mer, qui peut avoir cinquante toiles de large à fon entrée du côté du grand Cul-de-Sac. Elle fe rétrecit enfuite, & dans des endroits elle n'en a pas plus de quinze. Sa profondeur n'eft pas plus égale que fa largeur; & le pere Labat, Voyages de l'Amérique, t. 1, part. 2, p. 149, a trouvé en quelques endroits qu'elle peut porter un vailleau de cinq cents tonneaux, & qu'en d'autres une barque de cinquante tonneaux auroit de la peine à paffer de basse marée; mais, comme fa largeur est fort rétrecie par les mangles & par les paletuviers (fortes d'arbres) qui font fur fes bords, & qui en couvrent une bonne partie ; il se peut faire que l'on trouveroit plus d'eau, & un canal plus profond que celui du milieu, fi ces terres étoient défrichées, & les bords de la riviere délivrés des mangles qui les occupent. C'est un charme de naviguer fur cette riviere; l'eau y eft claire, tranquille & unie comme une glace. Elle eft bordée de paletuviers fort hauts qui font un ombrage & une fraîcheur raviflante. Elle a plus de deux lieues de long depuis.fon embouchure, dans le grand Cul-de-Sac, jusqu'à celle du petit.

2. SALEE, (LA RIVIERE) riviere de l'Amérique, dans la Martinique, & dans la partie la plus méridionale de cette ifle. Elle donne le nom à cette partie de l'ifle, & eft environnée de toutes parts de hautes montagnes.

3. SALÉE, (LA RIVIERE) ou RIO SALADO, riviere de l'Amérique méridionale, dans la partie feptentrionale du Chili, par les 25d de latitude méridionale. On lui a donné le nom de Salée, parce que fon eau qui pétrifie tout, eft fi falée qu'elle n'eft pas potable. Delifle, Robert, Atlas.

1. SALEM, riviere dont parle Philoftrate au commencement du cinquiéme livre de la vie d'Apollonius de Tyane. Il die qu'elle eft à quatre-vingt-dix ftades du promontoire d'Abila, vers l'Océan. Ortelius croit que c'eft la ZILIA de Ptolomée.

2. SALEM; c'est ainsi que Jérufalem eft nommée en quelques lieux de l'écriture. On lit au pfeaume LXXV, fa demeure eft dans Salem, & fon temple dans Sion. La vulgate lit au lieu de ces mots, Factus eft in pace locus ejus; mais l'hebreu porte factus eft in Salem locus ejus. Le fentiment commun veut auffi que Melchifedech, roi de Salem, ait été roi de Jérufalem. Voyez SALEM, N° 7.

3. SALEM, ville de la Palestine: elle appartenoit aux Sichemites, & Jacob y arriva à fon retour de la Méfoporamie. Eufebe & faint Jerôme reconnoiffent cette ville; mais quelques commentateurs traduifent l'hébreu par il arriva fain & fauf, près la ville des Sichemites. Salem peut fignifier fain, entier, &c. * Genef. c. 33.

4. SALEM. Saint Jerôme, in Salem, dit qu'il y avoit un lieu nommé Salem, près de Jérufalem, du côté du

couchant.

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6. SALEM ou SALIM, lieu de la Palestine, au bord du Jourdain, où faint Jean-Baptifte baptifoit. Les manuscrits portent affez indifféremment Salim ou Salem. *Saint Jean, C. 3, v. 23.

7 SALEM, ville de la Palestine, où regnoit Melchifedech. Saint Jerême, Epift. ad evangelium, l'auteur de la chronique paschale, p. so, & Keland, Palaft. 1. 3, \. croyent que c'étoir une autre ville que Jérufalem. Saint Jerôme la place dans le territoire de Scythopolis, où l'on montroit encore de fon tems des ruines que l'on difoit être du palais de Melchifedech. D. Calmet croit avec Jofeph & le commun des peres & des interprétes, que Melchifedech regnoit à Jérusalem.

8. SALEM. Les Septance ont quelquefois appellé de ce nom la ville de SILO. Voyez ce mot.

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SALEME, ville de Sicile, dans la vallée de Mazare, fur une montagne, à la fource de la petite riviere de même nom & à dix-huit milles de Mazare, au nord, en allanc vers Caftel A Mare & Palerme. De l'Ifle nomme cette riviere Rio grande, & la fait tomber peu après dans la Delia, autre riviere qui paffe au couchant de la ville de

Saleme.

SALENÆ, ancienne ville de l'ifle d'Albion, au pays des Catyeuchlani, felon Ptolomée, 1. 2, c. 3. Ses interprétes croyent que le nom moderne eft SALNDY.

SALENCY, bourg ou village de France, en Picardie à une lieue de Noyon. Il eft remarquable pour avoir été la patrie de faint Godard & de faint Médard, freres, tous deux fils de Nectar, gentilhomme françois, l'un des plus illuftres de la cour, fous le regne de Merouée & de Protagie, descendue d'une ancienne famille des Romains, qui s'étoit établie dans les Gaules. Godard fut élu archevêque de Rouen vers la fin du cinquiéme fiècle. Il y travailla avec un zèle infatigable à la converfion des idolâtres, qu'il attira presque tous au chriftianisme. Il affifta l'an 11, au premier concile d'Orléans, & mourut le 8 de juin de l'an $30. On l'enterra dans la cathédrale, qui eft aujourd'hui une des paroiffes de Rouen, & qu'on appelle de fon nom faint Godard. Saint Médard fon frere, évêque de Noyon, mourut l'an 560. Le nom latin eft Salentiacum. * Corn. Dict.

SALENI, ancien peuple de l'Espagne tarragonoise dans la Cantabrie, felon Pomponius Mela, .3, . 1. II appelle ainfi ceux qui habitoient aux environs de la Salia, riviere dont cet auteur fait auffi mention.

SALENSIS, fiége épiscopal d'Afie, dans la grande Armenie. Il en eft fait mention au premier concile de Nicée. *Ortelius, Thefaur.

SALENTIACUM, ancien lieu de la Gaule. Voyez SA

LENCY.

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Léandre croit que le pays des Salentins répond à la terre d'Otrante. Cela n'eft pas exactement vrai en tout. SALERA, ville de l'Afrique propre. Tite-Live,/. 29, dit qu'elle fut prise par Scipion.

SALERNE, ancienne ville d'Italie, aujourd'hui au royaume de Naples, fur le bord de la mer, au fond du golfe de même nom. Elle eft ancienne, & faifoit autrefois partie du petit pays des Picentins, dont Picentia étoit alors la capitale. Strabon dit que les Romains fortifierent Salerne, & qu'elle étoit un peu plus haute que le rivage. Cluvier en conclut que Salerne étoit alors non fur le bord de la mer, comme à préfent, mais fur les montagnes qui font aujourd'hui au-deffus de la ville. Holftenius dir qu'elle eft encore à préfent fur une bonne partie de la ville & fur le penchant d'une colline. Ptolomée la met entre les places maritimes; Strabon fe contente de la mettre un peu

plus haut que la mer. Quand on fuppoferoit que cette forterelle étoit fur une montagne, Tite-Live, l. 32, c. 29, dit que les Romains y établirent une colonic, faudroit-il con. clure que la ville & la colonie étoient aufli fur la montagne? On allégue en vain que fur la montagne il y a beaucoup de ruines: s'il y en a, on ne peut favoir fi ce font celles de la ville, ou celles de la fortereffe, ou celles de quelques maifons de campagne, qui formo:ent une espéce de fauxbourg hors de la ville. Strabon dit que les Romains fortifierent Salerne; mais il ne dit point fi auparavant c'étoit une ville, un bourg ou un village.

Les Lombards formerent des duchés & des principautés, en Italie, comme Capoue, Salerne, & tant d'auzres villes qui étoient alors les réfidences d'autant de fouverains. Charlemagne ne toucha point à ces fouverainetés: au commencement de l'onzième fiécle, Salerne étoit encore capitale d'une principauté. Guaimare, prince de Salerne, regnoit lorsque les Normands délivrerent fa ville des. Sarrazins, qui étoient venus pour la piller. Amalfi relevoit de cette principauté, qui comptoit dans fon domaine toute la côte, depuis Salerne jusqu'au port de Fico, & étendoit fes droits jusqu'à Areco & Sainte-Euphémie. Ce prince traita fes fujets fi durement, qu'ils le tuerent dans une espéce de fédition. Gifulphe son fils & fon fuccefleur fuivit fes traces, & s'attira une guerre contre les Normands, qui étoient devenus très-puiffans dans fon voifinage. Ils l'asfiégerent, prirent la ville, le chafferent de fon pays, & le réduifirent à aller vivre à Rome des bienfaits du pape. Les Normands fortifierent Salerne, après l'avoir prife, & elle est préfentement une des principales villes du royaume de Naples. Elle refta long tems une principauté particuliere, dont dix-neuf princes de la postérité de Tancréde jouirent fucceffivement. Ils y faifoient leur féjour, & portoient le titre de princes de Salerne. Le port de cette ville étoit un des plus fréquentés de cette côte avant que celui de Naples lui eût enlevé fon commerce. Elle eft encore à préfent capitale de la principauté citérieure, & eft affez peuplée; c'eft le fiége d'un archevêque depuis le dixième fiècle. Il a une univerfité célébre; mais le port n'est plus rien, depuis qu'on a fait abattre le grand mole qui l'enveloppoit, & qui mettoit les vaifleaux à l'abri du mauvais tems. La longueur s'en voit encore par les restes qui en paroiffent dans la mer, presque à fleur d'eau. Il fe tient à Salerne chaque année plufieurs foires très-célébres. Les rues font fort étroites, comme en toutes les anciennes villes. Il y en a deux principales qui font paralleles : les autres les traverfent pour la plûpart. Dans l'une eft la place du marché proche le couvent de faint Auguftin, où l'on voit une image miraculeufe de la Vierge qu'on trouva dans un vaiffeau, qui périt dans les fables, devant la ville de Salerne, en venant de Conftantinople. L'églife cathédrale eft fous l'invocation de faint Mathieu apôtre, dont on y conferve le corps dans une châffe trèsriche, au deffous de fon grand autel. Il y a plufieurs tombeaux de côté & d'autre, autour de la même églife. Elle fut honorée de la qualité d'archevêché l'an 974, par le pape Boniface VII. Le monastère de faint Benoît eft confidérable pour les deux cloîtres, fes deux chapelles, & fes jardins, dont il y en a un en terraffe fort élevé, d'où l'on a la vûe fur la mer & fur une partie de la ville. Du côté de l'épître du grand autel de l'églife, eft une chapelle de Notre-Dame, ornée de tableaux, de figures, de chandeliers d'argent, de lampes, &c. La maifon de ville eft dans l'une des grandes rues, avec quelques beaux palais, principalement aux environs de la place, qui eft ornée d'un grand baffin, recevant les eaux de la fontaine, qui s'éleve dans le milieu. Le château paroît au-deffus de cette place. Le pape Grégoire VII mourut à Salerne l'an 1085.

Quelques-uns prétendent que Salerne fut fondée par Sem, fils de Noé. Un voyageur dit que cette opinion s'eft gliffée jusques dans l'office divin, & qu'au miffel de l'églife de Salerne, on lit dans la profe qui fe chante le jour de la fête de faint Fortunat & de fes compagnons :

O Salernum, civitas nobilis,
Quam fundavit Sem Noe fertilis.

Il y a eu des tems d'obscurciffement, où le gens de lettres fe croyoient perinis de fuppléer par des conjectures à ce qui manquoit du côté de l'érudition. On les croyoit fur leur

parole. Quelque eccléfiaftique, auteur de cette hymne, prés venu pour cette opinion, en aura fait ufage de bonne foi. Cela ne choquoit perfonne alors, & ne nous révolte que parce que nous avons fait des études qui manquoient à ces bonnes gens.

SALERNE, (le golfe de) golfe de la Méditerranée, fur la côte orientale du royaume de Naples. C'eft le Pœstanus Sinus des anciens. Voyez au mot golfe l'article GOLFE DE SALERNE.

SALERS, petite ville de France, dans la haute Auvergne, à fix lieues d'Aurillac, & à quatre de Mauriac, dans les montagnes.

SALESBURI. Voyez SALISBURI.

SALESO, riviere d'Afie, dans l'Anatolie, où elle ar rofe la partie orientale de la Caramianie. Elle pafle à Saleschia, & fe rend un peu après dans le golfe de Satalie, vis à-vis de l'ifle de Cypre les Italiens l'appellent aussi il fiume di fermo. On croit que ce fut dans cette riviere que l'empereur Frédéric I, furnommé Barberoulse, se noya l'an l'an 1190. Baudrand, édit. 1705.

*

SALETIO, ancienne ville de la Germanie, fur le Rhin, à fept milles romains de Strasbourg, en allant vers Saverne. Beatus Rhenanus dit qu'elle eft nommée Salefia dans les annales de France, & que le nom moderne eft Selza. Voyez SALISSO.* Ortelius, Thef.

SALETTES, chartreuse de filles, en France, dans le Dauphiné, au diocèle de Vienne, fur le bord méridional du Rhône.

SALFELD, petite ville d'Allemagne, au cercle de la haute Saxe, dans la Misnie, fur la riviere de Sala, au-desfus d'lene, à la diftance d'environ fept lieues.* Baudrand, édit. 1705.

Salfed étoit anciennement une riche. abbaye de l'ordre de faint Benoît, dont l'abbé avo't rang parmi les princes de l'empire. Les électeurs de Saxe en ayant uni les revenus à leur domaine dans le tems de la réformation, elle tomba en partage à la branche de Saxe Gotha; elle échut enfuite avec plufieurs autres domaines des environs à Erneft, feptiéme fils d'Erneft le pieux, duc de Saxe Gotha, & elle a paffé à fes descendans. Il y a dans cette ville un château bâti en 1678, où les princes font leur réfidence.

La principauté de Saxe Salfeld eft fur les frontieres de la Franconie, qui eft à fon midi. On lui donne douze lieues de long, fur quatre de large. C'est un pays de montagnes où on trouve quelques mines d'argent, de cuivre, de plomb & de vitriol.

2. SALFELD, petite ville du royaume de Pruffe, dans la Pomeranie, fur un petit lac, à cinq lieues de la petite ville de Holland, vers le midi.

SALGA, ville de la Mauritanie, felon Etienne le géographe.

SALGANEA, ancienne ville de Gréce, dans la Béotie, fur l'Euripe, au pallage pour aller dans l'Eubée. Etienne dit Salganeus: Strabon, l. 9, p. 400, de même ; mais TiteLive, 35, 6. 37 & 46, dit Salganea. Ce dernier la met auprès de l'Hermæus, qui doit avoir été une montagne ou une riviere. Ce lieu, qui eft nommé Saganeus dans Ptolomée, avec perte d'une lettre, eft nommé préfentement Salganico. C'eft un village de la Livadie.

SALGAS, riviere de la Mauritanie, felon Etienne le géographe.

SALGUES, petite ville de France, dans le Gevaudan au diocèle de Mende. Elle dépend du duché de Mercœur, & contient environ quatre cents feux.

SALHBERG ou SALBERG, ville de Suéde, dans la Weftmanie. Cette ville a pris fon nom de la riviere Salha, qui y paffe à fon orient, & de la montagne qui eft auprès, où il y a des mines d'argent on ne travaille qu'à celle qu'on nomme Nygrufwar, qui a cent quarante braffes de profondeur, fur autant de largeur du fud-eft au nordoneft. Le premier étage où l'on descend a quatre vingt-dix braffes de profondeur : le fecond vingt de plus, & le troifiéme trente-cinq autres de plus. On a autrefois tiré des mines de Nugrufwar jusqu'à vingt mille marcs d'argent fin & net, de feize onces au marc par an; mais on n'en tire aujourd'hui que mille ou douze cents. Il y a environ deux cents cinquante ans qu'on les a découvertes. Sous le regne de Guftave Adolphe on bâtit cette ville, dont la plupart des habitans font arpailleurs & intéreffés aux mines, qui en font toute la dépense, & donnent un quart du produit à

la couronne, qui gratific chaque arpailleur de quatre arpens de terre labourable. Les Moscovites ruinerent fort ces mines dans la guerre qu'ils eurent avec les Suédois, qui a fini par la paix de Nyditat.

SALI, ancien peuple de la Sarmatie, en Europe, felon Ptolomée, l. 3, c. 5. Ils étoient au nord des Agathyrfes.

SALIA, riviere d'Espagne, dans l'Afturie, aux confins de la Cantabric. Elle donnoit le nom au peuple Saleni, qui étoit dans ces cantons, & que Prolomée femble nommer Selini elle le donnoit aufli au lieu Salaniana, dont parle Antonin dans fon itinéraire. Cette riviere eft aujourd'hui la Saia. C'est, au jugement de Pinto, la Sanga de Pline. Pompon. Mela, 1. 3, c. 1.

*

SALICA, ville d'Espagne, au pays des Oretains. Zurita, l. 2, c. 6, croit que c'est la même qu'Antonin nomine Saltici.

SALICES. Voyez au mot AD l'article AD SALICES. SALICORA (l'ile de) ifle d'Espagne, dans la Galice, à l'embouchure du Rio Rixo. Le pere Hardouin croit que c'eft l'ifle que Pline nomme Corticata.

SALIENTES, lieu d'Espagne, felon Antonin. Il étoit fur la route de Brague à Aftorga, entre Gemina & Prafidium, à dix huit mille pas du premier lieu, & à huit mille pas de l'autre.

SALIEZ, ville du Béarn. Elle eft remarquable par une fource d'eau falée, dont on fait du fel blanc en la cuifant fur le feu. Il y a deux fources, l'une à découvert, de forte que les eaux d'un ruiffeau voifin, avec celles de la pluye, rempliffent fouvent fon lit; mais les habitans favent en puifer l'eau douce, & la féparer de la falée. Ils fe fervent pour cela d'oeufs de poule, qui étant mis dans l'eau, s'enfoncent dans la douce, & furnagent à la falée. Celleci, qui eft au milieu de la ville, eft partagée à certaine mefure par les habitans, & diftribuée aux chefs de famille. L'autre fource appartient au roi, qui l'afferme avec fon domaine. Elle eft couverte, & a des pompes pour tirer l'eau. Par les ordonnances on défend dans le pays l'ufage de tout autre fel que de celui de Saliez, encore qu'il foit un peu corrofif, & moins fort que n'eft le fel de la mer. Il eft permis de le transporter, & de le vendre jusqu'à la Garonne. Ces fources font fi abondantes, qu'on en tire tous les jours jusqu'à cent charges de cheval. Corn. Dict. Le pere Bouffingaut, Théâtre de l'Europe, 1. par

tie.

*

SALIGNAC, ville de France, dans le haut Périgord. Elle donne le nom à une maifon illuftre, qui depuis le douzième fiécle a toujours fourni de grands hommes à l'état. Cette mailon eft la même que celle de Fenelon. Ce dernier nom eft celui d'un marquifat, & eft devenu immortel par l'archevêque de Cambray, dont les ouvrages dureront auffi long-tems que la langue françoile.

SALII, nom latin du SALLAND. Voyez ce mot.
SALIM. Voyez SALEM, no 5..

SALINE. Voyez au mot AD, l'article AD SALINAS. 1. SALINAS, (LAS) c'eft-à-dire les Salines, ancien bourg d'Espagne, dans la Cantabrie,dans la province de Guipuscoa, fur la riviere de Deva, vers le mont de SaintAdrien, à trois lieues de Victoria au feptentrion, & à neuf de Bilbao, en paffant vers Calahorra. * Baudrand, édit. 1705.

2. SALINAS, (le cap de ) cap au midi de l'ifle de Majorque. Il y a auprès, le port de Calafigure. Ce cap a pris fon nom des marais de fel qu'il y a.

3. SALINAS DE MENGRAVILLA, (las) Salines d'Espagne, dans le village de Mengravilla, auprès d'Avila. Ce font des mines fort fingulieres. On y descend plus de deux cents degrés fous terre, & l'on entre dans une vafte caverne, foutenue par un pillier de fel cryftalin d'une groffeur & d'une beauté merveilleufe.

4. SALINAS (las) pays dans l'Amérique méridionale, dans le Pérou, dans fa partie orientale, vers les Quixos. On y trouve S. Juan de Las Salinas, qui en eft le principal lieu.

SALINCE, peuple de la Mauritanie Tingitane felon Ptolomée, . 4, c. I.

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1.SALINE, (la) petite ifle de la mer Méditerranée, entre celles de Lipari, dans la mer de Sicile. Elle n'a point d'habitans, mais feulement une chapelle de Notre-Dame, nommée del Terzito, avec quelques vignes. Elle a douze

milles de tour, & eft à huit milles de Lipari, au levant d'Eté. Ce fut proche de cette ifle que la flote hollandoife fut défaite par les François en :676.

Fazel croit que c'eft l'ancienne Didyme. Voyez ce mot no 1.

2. SALINE, (la) petit havre, dans l'Amérique, à vingt lieues ou environ de Campêche. Il eft fort commode pour les barques; mais il n'y a que fix ou fept pieds d'eau. Tout près de la mer eft un grand étang falé, qui appartient à la ville de Campêche, & qui rapporte quantite de fel Dans le tems que le fel fe grene, c'elt à dire, au mois de mai & de juin, les Espagnols envoient les Indiers le ramaffer fur le bord, & en faire un gros monceau en forme de pyramide, large par le bas, & pointu vers le fominet comme le faîte d'une maifon; enfuite ils le couvrent avec des rofeaux & de l'herbe feche, après quoi ils y niettent le feu. Par ce moyen toute la fuperficie du fel eft brulée, & il fe forme une croute noire, qui eft fi dure, qu'elle garantit le fel des pluyes qui commencent en ce tems, & tient le monceau fort fec dans la faifon la plus humide. Les Indiens qui ramallent ce fel dorment à découvert en plate campagne, quelques-uns couchés à terre, & d'autres dans de méchans branles attachés à des arbres ou à des pieux, qu'ils plantent eux-mêmes. Pendant qu'ils demeurent en ce lieu, ils ne mangent que des tartilles & du pofole. Les tartilles font une espéce de petits gâteaux, faits avec de la farine du bled des Indes, & le pofole eft auffi du bled indien bouilh, dont ils font leur breuvage. Quand la faifon du fel eft pallée, ils s'en retournent à leurs habitations ordinaires; mais les Espagnols de Campêche, qui font les propriétaires de ces falines, y envoyent fouvent leurs barques pour prendre du fel, afin d'en charger les vailleaux qui font dans la rade de Campêche, & le transportent dans tous les ports de la baye de Mexique, & particulierement à Alvarado & à Tomprek, deux villes où il fe fait un grand commerce de poillon. Ce havre de la Saline étoit fouvent vifité par les Anglois coupeurs de bois, lorsqu'ils patfoient de la Jamaïque à Trift. S'ils y trouvoient quelque barque, foit vuide ou chargée, ils ne faifoient nul fcrupule de s'en failir & de la vendre, avec les Indiens qui la montoient, difant que c'étoit par droit de représailles, pour de mauvais traitemens reçûs autrefois des Espagnols. Depuis les falines jusqu'à Campêche la côte s'étend au fud quart à l'oueft. Durant les quatre premieres lieues, tout le long de cette côte, le pays eft fubmergé, & couvert de inangles: mais à deux milles ou environ au fud de la faline, & à deux cents verges de la mer, il y a une fource d'eau douce, que les Indiens qui palfent par là, foit en barque, foit en canot, vifitent toujours, parce qu'il n'y a point d'autre fontaine dans le voifinage. On trouve un petit fentier rempli de boue, qui conduit à cette fource au travers des mangles. Après qu'on les a pallés, la côte s'éleve de plus en plus, & on y voit quantité de bayes fablonneufes, où les chaloupes peuvent aborder commodément; mais on ne trouve plus d'eau fraîche jusqu'à ce qu'on foit venu à une riviere qui eft auprès de la ville de Campêche. Le pays qui eft au-delà, toujours le long de la côte, eft en partie couvert de mangles; mais le terroir, en général, y eft fec & peu fertile. Il ne produit qu'un fort petit nombre de méchans buiffons: il ne croft point de bois de teinture appellé logwol fur toute cette côte; mais depuis le cap Catoch jusqu'à la ville de Campêche. Dampier, Supplément, 2 part. c. 2.

*

SALINELLO, (Le) riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans l'Abruze ultérieure. Elle a fa fource aux montagnes près d'Ascoli & des confins de l'état de l'églife, d'où, coulant par Civitella au levant, elle fe jette dans le golfe de Venife, près de Giulia nova, entre les embouchures du Vibrato & du Tordino. * Baudrand, édition

1705.

ne,

1.SALINES, (Les) lieux d'où l'on tire le fel, ou bien où on le prépare. En quelques endroits la mer eft conduite dans des marais, où fon cau, aidée par l'induftrie humaife change en fel affez abondamment pour en fournir, toute la province, même plufieurs autres. Tels font les marais falans de la Saintonge, de l'Aunis, du Poitou; les falines de Brouage & quantité d'autres. Il y a des endroits où la nature fournit des fources d'une eau falée, qui, étant cuite, produit affez de fel pour les befoins des habitans, & même pour en faire commerce. Salies,

Hall en Autriche, Salins, & une infinité d'autres lieux, font de ce genre. Dans les pays chauds la chaleur du foleil fuffit pour cuire ces eaux fans aucune préparation: il s'y forme une croute de fel que les gens du pays ramaffent.

2. SALINES, (les) ville ruinée de l'ifle de Cypre, fur la côte méridionale, avec un ancien château, un bon port, & des falines dont lui vient fon nom, presqu'au milieu, entre le cap Grec à l'orient, & Limisso à l'occident.

3. SALINES, (les) bourg d'Afrique, en Barbarie, au pays de Barca, fur un petit golfe, entre le cap de Roxatin & le port du Patriarche, dans les environs de Derne, ville qui donne préfentement le nom à tout ce pays, & qui fait partie de la république de Tripoli; car le royaume de Barca ne fubfifte plus depuis long-tems.

4. SALINES, (la vallée des) vallée de la Paleftine. (a) Les interprétes la mettent communément au midi de la mer Morte, du côté de l'Idumée, parce qu'il eft dit dans l'écriture (b) qu'Abifaï y fit mourir dix-huit mille Iduméens, que Joab () y en tua douze mille, qu'Amafias, roi de Juda, (d) plufieurs années après, y en fit auffi mourir dix mille. Galien (e) nous apprend que l'on fe fervoit du fel du lac Asphaltite pour allaifonner les viandes, & qu'il étoit plus cauftique, & digéroit beaucoup plus que les autres fels, parce, dit-il, qu'il eft plus cuit. On voit auffi par les Maccabées, (f) que les rois de Syrie avoient des falines dans la Judée. Ezechiel, cap. 47, v. 11, dit que les bords & les marais que forme la mer Morte, feront destinés à y faire des falines. Halifax, dans fa relation de Palmyre, parle d'une grande plaine toute remplie de fel, d'où l'on en tire pour tout le pays. Cette plaine eft environ à une lieue de Palmyre, & elle s'étend vers l'Idumée orientale, dont la capitale étoit Bozta. David

battit les Iduméens dans la vallée des Salines, en revenant de la Syrie de Soba. Il est affez vraisemblable que cette plaine de fel eft la vallée des Salines dont parle l'écriture. * (a) D. Calmet, Dict. (b) 2 Reg. c. 8, v. 13. 1. Par. c. 18, v. 12. (c) Pfalm. 59, v. 2. (d) 4 Reg. 14, v. 7. 2 Par. 25, V. 11. (c) Galen. de fimplic. medicamen. facult. l. 4, c. 19. (f) 1 Macc. c. 11, V. 35, &

C. IO, V. 29.

5. SALINES, (Ances des) ances de l'Amérique, dans les Antilles, fur la côte méridionale de la Martinique. Elles font petites, & prennent leur nom des falines qui font tout auprès. Ces ances font léparées l'une de l'autre par une pointe qu'on appelle la pointe des Salines.

6. SALINES, (La pointe des) cap de l'Amérique. C'est le plus méridional de l'ifle de la Martinique, à l'extrémité d'une espéce de presqu'ifle, au milieu de laquelle eft une grande faline qui donne le nom à toute cette partie de l'ifle.

7. SALINES DE CORIDON, falines de l'ifle de Saint-Domingue, dans fa côte occidentale, au quartier du nord, près du port à Piment, & de la riviere de la

Pierre.

8. SALINES, (La riviere des) riviere de l'Amérique feptentrionale, dans la Louifiane. Elle eft petite & fe jette dans le lac des Panis, près des cabanes des Oetotata.

SALINS, ville de France, dans la Franche-Comté, au bailliage d'Aval, fur le ruiffeau de Forica, dans une vallée, entre deux montagnes, à fix lieues de Befançon, au midi, & à autant de Dole, au levant. Elle prend fon nom du fel qu'on y fait avec le feu, & dont on fournit la province & une partie de la Suiffe. Ce font ces falines qui ont fait donner aux Francomtois le furnom de Bourguignons falés. La ville eft affez peuplée, mais commandée, & ne peut être fortifiée. Son unique défenfe eft le fort de Saint-André qui la commande. C'eft une bonne place où les François perdirent beaucoup de monde en la prenant l'an 1674. Salins a eu long-tems fes feigneurs particuliers. Elle étoit poffédée l'an 1075, par Guillaume Tête hardie, comte de Bourgogne, qui la laifla à fon fils Renaud II. Guillaume comte de Mâcon, fils de Renaud II, cut en partage la feigneurie de Salins, qu'il laifla à fon fils Gé. rard, comte de Mâcon, à qui fon plus jeune fils, Gaucher, fuccéda en la feigneurie de Salins. Marguerite, fille de ce dernier, & femme de Joceran de Briançon, qui vivoit fous faint Louis, vendit à Hugues IV, duc de Bourgogne, la feigneurie de Salins que le même duc céda à Eftevenon, fils d'Etienne, comte d'Auffone, & comte

titulaire de Bourgogne, en échange de Châlons fur Sône. Eftevenon, mort fans enfans, eut pour héritier fon frere Jean, duquel descendoit en ligne directe Hugues, qui épousa Alix de Méranie, héritiere du comté de Bourgogne, & c'eft par ce mariage que la feigneurie de Salins a été unie au comté de Bourgogne, dont tous les princes, même les rois d'Espagne, ont pris le titre de feigneurs de Salins. * Longuerue, Descr. de la France, part. 1, p. 313. On prétend que ces falines furent découvertes par des troupeaux qui paiffoient dans le vallon où la ville de Salins eft fituée. Les bergers, voyant leurs troupeaux aller toujours paître au même endroit, y chercherent ce qui pouvoit les y attirer, & trouverent ces fources falées. D'autres allurent que ce fut en fouillant dans les mines d'or & d'argent. Leur fentiment eft fondé fur ce qu'on appelle la montagne d'où elles fortent: Mons aureus, mons Craft, aujourd'hui le mont Crefille; mais on ne trouve nulle part qu'il y ait eu des mines d'or à Salins ; d'ailleurs fon nom de Mons aureus lui vient peut-être du profit confidérable que les montagnes rapportent. Nous ne ferions point dans cette incertitude, fi quelques feigneurs du pays ne s'étoient foulevés en 1336 contre leur fouverain, &, après avoir comblé les falines, n'avoient brûlé la ville de Salins & tous les titres & mémoires qui pouvoient nous inftruire fur l'ancienneté des falines de la ville. Ces falines appartinrent au fouverain jusqu'à la mort d'Henri III, roi de Bourgogne & empereur cinquième du nom, dont les biens furent partagés entre plufieurs feigneurs. Ce qu'on appelle aujourd'hui la grande faline, échut à celui qui eut la fouveraineté; mais le puits à Muire, ou la petite faline, fut partagée entre le fouverain, les feigneurs de la maifon de Vienne, ceux de la maifon de Châlons, & les feigneurs particuliers de la maifon de Salins, qui, tous jaloux de leur droit, y établirent autant de juftices particulieres ; & c'eft de là que font venues les différentes manieres de former les pains de fel, parce qu'on n'en pouvoit diftribuer dans les terres d'aucun de ces feigneurs, qu'il ne fût à fa marque. C'est là auffi l'origine de toutes les rentes, tant laïques qu'eccléfiastiques, que l'on y paye encore aujourd'hui, & qui font comme autant de témoignages authentiques de la piété & de la libéralité de ces princes. Au commencement du treiziéme fiécle toutes ces portions différentes fe trouverent réunies à celle du fouverain, celles des maifons de Vienne & de Châlons, par le mariage d'Hugues, fils de Jean, comte de Bourgogne, avec Alix palatine du même comté, & celles des feigneurs de Salins, par l'acquifition qu'en fic le même comte Jean, qui les retira des ducs de Bourgogne, auxquels Marguerite, fille de Gaucher de Salins, les avoit aliénées. Quoique le fouverain eût acquis la propriété de toute la petite faline, il ne jouiffoit point de tout le revenu: les donations dont j'ai parlé emportoient près du tiers du produit de la petite faline. Quelques feigneurs particuliers, plufieurs abbayes, prieurés, chapitres, tant du pays que des provinces voifines, ménageoient eux-mêmes, par des officiers qu'ils établiffoient, l'ufage des portions qui leur avoient été données ou aliénées par ces princes. L'an 1590 Philippe II, roi d'Espagne, en qualité de comte de Bourgogne, commença de réunir toutes ces portions, tant laïques qu'eccléfiaftiques. Le clergé s'y oppofa, &, fur ses raifons, l'on convint qu'il renonceroit à la propriété des falines, & que Philippe II s'obligeroit, tant pour pour les fucceffeurs, de lui fournir certaine quantité de fel. Le clergé revint quelque tems après contre ce traité, prétendant qu'il y avoit léfion d'outre moitié, fur quoi les parties convinrent de s'en rapporter au pape Clément VIII, mais la mort de Philippe & celle du pape, empêcherent l'effet de cet arbitrage jusqu'au tems de l'archiduc Albert d'Autriche, comte de Bourgogne, que le pape nomma pour commiffaire l'évêque de Bâle & celui de Genève, qui étoit pour lors faint François de Sales. Ces deux prélats réduifirent la quantité de fel que le clergé prétendoit, à une fomme d'argent que le domaine du prince feroit obligé de lui payer, & la propriété des falines demeura acquife à perpétuité aux comtes de Bourgogne. L'on diftingue à Salins la grande faline d'avec la petite. * Piganiol, Ďescr. de la France, t. 7, p. 482.

lui que

La GRANDE eft comme une petite place forte, fituée dans le milieu de la ville, ayant cent quarante toifes de long fur quarante-fix de large, & étant entourée de bonnes & épaiffes murailles flanquées de tours d'espace en

espace, & couronnées d'un petit parapet. Ce bâtiment fert de logement à un grand nombre d'officiers & d'ouvriers employés aux falines. Lettre de l'Abbé Vernier, recteur de l'hôpital de Salins.

*

Tout autour & joignant les murailles qui font l'enceinte de la faline, font des bâtimens contigus les uns aux autres, dont quelques-uns renferment les machines, qui fervent à élever les eaux, tant douces que falées, de leurs fouterreins; celles-ci pour être conduites par différens canaux dans leurs réfervoirs, & celles-là à la riviere. Les autres contiennent les fourneaux & les chaudieres où l'on fait la cuite des muires. D'autres que l'on nomme ouvroirs fervent à former & fécher le fel. Ceux-ci de magafins à retirer le fel quand il eft fait, ceux-là à la fabrique & garde des futailles que l'on y fait en grande quantité, tant pour l'ufage de la faline, que pour envoyer le fel dans les provinces étrangeres. D'un autre côté font les magafins de tous les fers neufs, fapeaux, fontes, que l'on employe à la fabrique des chaudieres & à la conftruction des fourneaux de la vieille feraille qu'on en tire, & du charbon.

D'un autre côté font trois grands réfervoirs de pierre nouvellement conftruits, bien cimentés, élevés de terre en forme de baflins couverts, & contenant les trois plus de vingt-cinq mille muids d'eau; enfin à l'autre extrémité de la faline eft un quatriéme baflin, appellé le Tripet, qui eft enfoncé dans la terre en forme de citerne, & contient lui feul plus de quinze muids d'eau.

Outre ces baffins, il y en a d'un côté & d'autre de différente grandeur; les uns de bois, les autres de pierre, enfoncés dans la terre, bien cimentés, d'où l'on tire l'eau pour la faire couler dans de plus petits de bois, appellés Naus, du latin Navis, qui entourent les lieux où font les chaudieres, & fervent à les remplir d'eau, lorsqu'on veut les faire bouillir.

Au milieu de tous ces bâtimens eft une grande cour ornée de deux belles fontaines. On y met le bois qui fert à faire bouillir les chaudieres. Ce qu'il y a ici de plus remarquable, ce font les fouterreins, qui ont dans toute leur étendue quatre-vingt-cinq toifes de long, fur huit à dix de large. L'entrée eft fous le grand pavillon du milieu de la cour. Là, par une rampe de pierre de quarante-une marches, & une de bois d'environ vingt marches, on descend fous une voute, où l'homme le plus intrépide, fans lumiere, feroit faifi de frayeur, par le bruit des eaux qui y coulent de toutes parts, & par le fracas des rouages qui les élevent. Au fond de ce fouterrein obscur, on voit à la faveur des lumieres fix fources falées & deux d'eau douce, bouillonner & couler de toutes parts. Elles fortent toutes d'un même rocher, dans l'espace de quatorze pieds, & on lear a tracé plufieurs petits fillons dans l'argile, pour éviter le mélange, & pour les faire couler par différentes routes dans des puits ou baflins différens. Cette voute a huit toifes de large fur cinq & deux pieds & demi de haut. L'on palle de là fous d'autres voutes foutenues dans le milieu par des piliers très-maflifs, fur lesquels repofent les doubles arcs qui les compofent. On entre enfuite, comme par deux espéces de portes fort larges, dans une belle & fpacicufe voute, qui a cinq toifes cinq pieds trois pouces de hauteur, & eft foutenue par quatre gros maflifs, pofés en échiquiers, au milieu desquels on voit, à la faveur d'un foupirail fait dans le haut, une grande cuve où l'on raffemble toutes les eaux des fources falées. Cette voute, continuant fur quatre piliers pofés fur la même ligne, & formant différens arcs, fur huit toifes de largeur & onze de longueur, finit par un espace de dix toifes & demie, fort irrégulier, & renfermé fous une feule voute, dans lequel on voit couler fept ou huit fources d'eau falée, parmi dix ou douze d'eau douce. Elles coulent dans leurs baffins qu'on leur a préparés en différens endroits de ces fouterreins, les douces, pour être élevées parune espéce de grue, & mifes au niveau du courant de la riviere, dans laquelle elles s'écoulent par un canal fouterrein qui les y porte au bas de la ville. L'eau falée est élevée par des feaux de bois attachés & enlacés les uns aux autres autour d'une grande roue, qu'un cheval fait tourner. Ces feaux fe rempliffent d'eau dans la cuve où elle eft raffemblée, & tandis que les uns en paffant puifent leur charge, les autres déja élevés au-dellus de la roue, verfent l'eau dont ils font remplis dans un baffin, duquel elle coule dans les réfervoirs dont on a parlé. Mais, comme ces puits ou cuves, venant à fe

remplir, les eaux tant douces que falées pourroient, en fe répandant, fe mêler, & rendre les fouterreins impraticables; pour éviter cet inconvénient, on a placé fur le bord de ces puits une petite roue de cuivre, foutenue fur an axe, & faite en forme de roue de moulin à baril, que la chute des eaux fait mouvoir. Le mouvement de cette roue fait fonner, par le moyen d'une corde, une petite cloche, qui eft placée à l'entrée du fouterrein, & qui, ceffant de fonner, lorsque les eaux, à la hauteur de la roue, la font plonger, & en empêchent les mouvemens, avertit que les eaux pourroient fe mêler, & pour lors on fe hâte de les élever encore.

La PETITE SALINE a, de même que la grande, mais en plus petit nombre, fes fourneaux fes chaudieres, fes réfervoirs, fes fales, fes magafins, fes officiers &c.

A l'extrémité de tous ces différens bâtimens est un grand pavillon, où l'on voit la fale où fe tenoit autrefois le confeil des feigneurs rentiers, une petite chapelle, & plufieurs chambres occupées aujourd'hui par celui à qui eft confiée la garde de cette faline. Au deffous de ces appartemens font les rouages & les autres machines, qui fervent à élever les eaux des fouterreins. Un escalier de pierre à vis, & de foixante & dix-fept marches fort hautes, conduit dans le premier de ces lieux ténébreux, & là, arrêté fur un plancher qui eft en forme d'une large galerie, on entend le bruit confus de différentes fontaines d'eau douce, qui, dégoutant de la voute d'une concavité voifine, longue de vingt un pas fur quatre de large, forme dans le fond un ruiffeau, qui fe précipite avec grand bruit dans un abyfme, & produit une espéce de brouillard, qui obscurcit fi fort la lumiere des flambeaux qu'on eft obligé d'y porter, qu'à peine peut-on s'en fervir pour s'y conduire. Ainfi ce n'est que difficilement qu'on peut remarquer une autre voute longue & étroite, qui traverfe celle-là dans le haut, où s'écoulent encore quantité d'eaux douces par une espéce d'aqueduc ménagé dans un coin, pour les conduire à la riviere. De ce premier repos ou étage l'on descend par une rampe de bois de trente-une marches fur un fecond qui fert comme de galerie pour conduire à deux petites grottes, l'une longue & fort étroite, & l'autre en forme de triangle, arrondie dans le haut, & échiquetée tout à l'entour, comme fi c'étoient différens morceaux de pierre incruftés dans le roc. De la voute de ces petites grottes, il dégoute de l'eau médiocrement falée, qui eft conduite dans le puits ou baffin d'eau douce qui eft tout auprès. Au-deffous de ce fecond étage, qui eft foutenu par trois grandes arcades de pierre, il fort du rocher une fource d'eau douce, belle & abondante, laquelle par un canal de plomb, fe rend au même puits ou baffin dont je viens de parler. Enfin, à la gauche du fecond repos, on trouve une rampe de neuf marches, qui conduit à l'endroit où font les fources falées, où, à la faveur d'un flambeau, l'on voit quatre fources, dont l'une s'éleve avec abondance, & à gros bouillons, du fond du rocher. Les trois autres fortent par autant d'ouvertures, &, prenant leurs cours vers différens côtés, font réunies par un tuyau de plomb triangulaire, qui leur fait prendre la même route vers une espece de puits profond, qui eft appellé le puits à muire.

Outre ces quatre fources, on en voit encore une d'eau douce, appellée le Durillon, qui fort avec abondance du fond du rocher, & qui par fa proximité donneroit fouvent lieu d'en craindre le mélange avec les eaux falées, fi l'on n'avoit le foin d'élever continuellement ces eaux, tant douces que falées, par des rouages femblables à ceux de la grande faline. Comme les trois chaudieres, qui font dans cette faline, ne fuffifent point pour la cuite de toute la muire que fourniffent ces fources, autant abondantes elles quatre, que toutes celles de la grande faline, on en fait conduire dans les réfervoirs de la grande, par un canal de bois rangé à côté d'un chemin fouterrein, qui paffe fous une place, & fous une rue de la ville. Ce canal a trente-une toifes de long, & eft éclairé de distance en distance par des foupiraux fermés par des grilles de fer.

Les fources falées, tant de la grande que de la petite faline, ne font pas toujours de la même qualité. Les unes ont plus ou moins de falure, &, après de grandes pluies, on remarque qu'elles produifent plus de fel que dans la fécheresfe; ce qui prouve que ces eaux ne viennent point de la mer, mais qu'en pallant dans des mines de fel, elles con

tractent

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