tractent cette falure, plus ou moins forte à proportion du sel qu'elles en détachent par leur écoulement. Pour connoître les différens dégrés de chacune de ces sources, on remplit de leur eau un petit vase de bois appellé l'experiment. C'est une espece de cylindre profond de huit pouces, & large de quinze lignes de diametre. L'on plonge dans ce vaisseau une petite baguette, au bout de laquelle est renfermé un peu de mercure, qui fait qu'elle s'y tient en équilibre, & qu'elle s'y enfonce plus ou moins à proportion de la qualité de l'eau qui la soutient. Plus l'eau est salée, moins la baguette enfonce, sans doute parce que plus elle est chargée de fel, plus elle est épaille, & par conféquent plus en état de foutenir cette baguette. Ainsi cette petite baguette étant marquée par dégrés, comme une échelle mathématique, elle fait connoître les dégrés de salure de l'eau dans la quelle on la plonge, & par confequent la quantité de sel, que cent livres de cette eau, par exemple, peuvent don ner. L'expérience a fait connoître, que si un cent pesant de ces eaux ne produisoit pas au moins dix huit ou vingt livres de sel, la dépense de la cuite en excéderoit le profit. On a soin de faire dans le grand réservoir, appellé tripet, un mélange des eaux qui font les moins fa.. lées, avec celles qui le font le plus, afin de les faire parvenir au dégré de salure, qui puisse donner quelque profit. Ce dégré est de faire vingt livres de sel au moins de cent livres d'eau. Les plus falées de ces sources ne peuvent jamais rendre plus de vingt-sept ou vingt huit livres de sel, pour cent livres d'eau pesant. Deux fois par semaine les officiers commis à la garde des sources, en font l'épreuve avec l'experiment, afin que sur leurs verbaux ceux qui ont le soin de mêler les eaux, en séparent celles qui pourroient diminuer le dégré de salure, requis à la cuite, ou y en melent de moins falées, si leur salure se trouvoit avoir augmenté. Le surplus du sel, qui est dans la chaudiere, est tiré indifféremment, & porté dans des endroits appellés ouvroirs, où avec certaines écuelles ou moules de bois, on en forme de petits pains pesant trois ou quatre livres, & qu'on range sur de longs & larges brasiers de charbons allumés pour les faire fecher. On met ensuite ces petits pains de douze en douze dans de petites machines de bois, entrelacées d'écorces d'arbres qu'on nomme benates, & on les enferme dans de grands magasins appelles estuailles, jusqu'à ce qu'on les débite, ou qu'on les envoye dans les lieux pour lesquels ils font destinés. La forme différente, qu'on leur donne, dénote les différens endroits pour lesquels ils sont destinés. Les uns font pour l'ordinaire de chaque ville, communauté, , ou paroiffe de la province auxquelles les fermiers font obligés d'en fournir tous les mois une certaine quantité, dont le prix est réglé par le prince. Les autres sont pour payer, tant le franc falé des officiers du prince, que pour acquitter certaines redevances, dont les salines font chargées envers plusieurs particuliers. D'autres enfin, qu'on appelle fel rofiere, ou extraordinaire, sont pour subvenir par toute la province au besoin de ceux qui n'en ont pas assez de leur ordinaire! Ces salines ne fournissent pas tous les ans la même quantité de sel. Le débit du sel & la facilité ou la difficulté d'avoir le bois, décident de la quantité de sel qu'on forme. Dans les moindres années on en fait cent vingt mille charges, & dans les plus fortes, cent & cinquante mille. La charge contient quatre benates, la benate douze pains, ou Salignons, & le pain pese trois ou quatre livres. La grande quantité de bois que l'on confume pour la cuite des muires, & la quantité de craffe, ou équille, qui se forme dans le fond des chaudieres comme un sel pétrifié & fidur, que l'on est obligé pour l'en détacher, de le rompre à grands coups de haches & de marteaux, ont souvent occupé les plus habiles ingénieurs, à chercher une nouvelle construction de fourneaux & de chaudieres, pour éviter ces deux inconvéniens; mais jusqu'à présent leurs méditations là-dessus n'ont point réussi. Le premier des officiers, employés à la régie des salines, est le directeur, autrefois appellé le pardessus. Il a l'inspection générale sur tout les employés & ouvriers de la faline, à la réserve des officiers de justice. On fait la cuite de ces eaux dans de grandes chaudieres de fer, rondes de vingt-huit pieds de diametre, de quinze pouces de profondeur, lesquelles contiennnent quarante-cinq ou cinquante muids d'eau Ces chaudieres sont soutenues chacune fur leur fourneau, par le moyen de plusieurs gros crochets de fer attachés par un de leurs bouts au fond de la chaudiere, & par l'autre à de grosses poutres entrelacées en forme de grille. Les fourneaux sont de pierre, & enforicés dans la terre, comme les four-ge neaux à chaux. Au milieu de chaque fourneau s'éleve à la la hauteur de quatre pieds, une grille de grosses pieces de fonte, foutenue par quantité de gros poteaux de même matiere ; & c'est sur cette grille que l'on jette le bois pour y faire & y entretenir le feu. Tandis que des réservoirs, entourent toute la berne, (on appelle ainsi les endroits où sont les chaudieres, lesquelles font au nombre de sept dans la grande saline, & de trois dans la petite) on fait couler la muire dans la chaudiere, on allume le feu dessous, & à mesure qu'elle se remplit on l'augmente. Ce remplislage, qui dure près de deux heures, étant achevé, on augmente le feu de teile forte, que la flamme sortant par la gorge, & les soupiraux des fourneaux, semble aller réduire en cendres tous ceux qui s'en approchent. Pour lors la muire, comme une mer agitée dans ces vastes chaudieres, écume de toute parts, & pouffe des bouillons semblables aux flors irrités. On y jette de tems en tems de certains batlins de fer, afin que l'écume & la crafle du sel, que la violence des ondes agitées poulle au dessus, puisse se précipiter au fond de la chaudiere. Les eaux venant ensuite à se condenter peu à peu, on diminue le feu à proportion, jusqu'à ce que la cuite en soit parfaite, & que le sel qui y reste, soit presque entierement defléché.. Il faut douze heures pour rendre une cuite parfaite, après quoi avec des espèces de rateaux, on enleve légerement toute la superficie du sel, lequel pour sa blancheur, fon éclat & fa force, eft appellé fel trié. On envoye ce sel aux Suisses dans des tonneaux faits exprès, & à un prix fort médiocre, outre celui qu'on leur envoye en pains. Lorsque Louis le Grand fit la conquête de la Franche-Comté, il s'obligea de donner à cette république la même quantité de sel, & au même prix que les rois catholiques le lui donnoient. L'intendant est le second, & a soin de veiller au mélandes eaux, à la cuite des muires, à la distribution du fel, à la fourniture, & coupe des bois nécessaires, & commande en l'absence du directeur. Le troisiéme est le receveur, dont l'emploi est d'autant plus avantageux que sa caisse est toujours considérable. Les deux délivreurs paraphent les billets de ceux qui viennent chercher du sel, afin que les officiers qui ont le soin des magasins, leur en délivrent la quantité portée par les billets. Il y a un controlleur de tous les billets & de tous les comptes de la saline; quatre taxeurs de bois, autant de buralistes, servant tous alternativement dans la grande & la petite saline. Les uns font employés à compter le bois qu'on porte à la faline, les autres à le controller & enrégistrer, & les autres à donner des billets aux voituriers pour être payés du prix du bois & de leurs voitures. Il y a de plus fix moutiers, dont l'emploi est de nuit. Il y a aussi des commis ambulans, tant pour les bois destinés à la saline, que pour conduire en Suisse le sel qu'on y envoye, & empêcher le renversement dans la province. Outre ces emplois qui ne sont aujourd'ui que des commissions, il y en a quantité d'autres en titre d'offices héréditaires, plusieurs autres dont l'institution appartient au juge ou au chef de la justice des salines. Les premiers font un trésorier du roi, pour payer toutes les fermes, rentes, redevances, charges, pensions affectées sur les falines, suivant qu'elles font couchées sur l'état du roi. Cette charge de trésorier rapporte quatre mille livres par an. Un maître des œuvres, autrement intendant des bâtimens ; quatre clercs, ou gardiens des sources. I es seconds font quatre févres, & plusieurs autres ouvriers destinés à faire sortir le sel de la faline, & à le charger sur les charriots des voituriers, &c. Il y a quantité d'autres employés & d'ouvriers à gages & pensionnés par les fermiers, comme ceux qui ont la Tome V. Qq garde des portes, &c. Il n'y a point de service dans aucune berne, qui n'ait son ouvrier & fon nom particulier. On voit par le bail des falines, qu'elles rapportent au roi cinq cents cinquante mille livres. La ville de Satins s'appelle en latin VILLA SALINA- Atque Salinenses angusta in valle sedentes, Les médailles d'or & de bronze, quantité de tombeaux à la romaine, & une infinité d'instrumens dont se servoient les auciens dans leurs facrifices, & qu'on a trouvés à Salins, & aux environs, ont fait croire à quelques-uns que cette ville cxistoit du tems des Romains; mais comine aucun de leurs historiens ne parle d'elle, ces monumens ne font pas une preuve affez forte pour déterminer que cete ville foit d'une antiquité romaine. Comme ce sont sans doute les salines qui ont donné lieu à la fondation de cette ville, tâchons d'en découvrir à peu près le tems par les monumens où il est parlé de ces salines. Ammien Marcellin, 1. 28, c.5, assure que sous l'empereur Valentinien, qui favorisoit les Bourguignons, il y eut une sanglante guerre entre ceux-ci & les Allemands pour les falines, ce qui ne peut s'entendre que des salines de Salins, puisqu'il n'y en a pas d'autres entre la Bourgogne & P'Allemagne affez considérables pour être un sujet de guerre. Une médaille d'or trouvée l'an 1714, dessous un canal fouterrein, qui conduit les eaux douces des salines à la riviere, semble confirmer ce sentiment. Louis le Débonnaire confirma à l'abbaye de saint Claude la poslession de ce qui lui avoit été précédemment donné à Salins. Cette donation est de la troisieme année de son empire, ce qui revient à l'année 817. Otton surnommé Guillaume, comte de Bourgogne, depuis l'an 1000, donna au monastère de saint Benigne de Dijon, suivant la chronique de cette abbaye, le droit d'avoir une chaudiere à Salins, in Salinis Burgo, pour y faire autant de sel que les besoins de cette maison le demanderoient. On croit que ce bourg fut d'abord bâti dans le bas du vallon où Salins est située, auprès d'une petite église dédiée sous l'invocation de saint Pierre, qui étoit dans l'endroit où font aujourd'hui les capucins. Cependant comme la grande saulnerie étoit hors de l'enceinte de ce bourg, la commodité & l'utilité firent qu'on bâtit plusieurs maisons aux environs de la saulnerie, & qu'insensiblement il s'y forma un autre bourg appellé le BOURG-DESSus, pour le diftinguer de l'ancien qu'on nommoit le Bourg-dessous. L'émulation & la jalousie qu'il y avoit entre ces deux bourgs, détermina l'archiduc Philippe en 1497, de les unir & de rendre communs les intérêts & les honneurs publics. Depuis ce tems, Salins s'est tellement acru, que c'est aujourd'hui une ville affez considérable, où l'on compte cinq mille fix cents foixante-trois habitans. Les deux montagnes entre les quelles elle est située s'appellent POUPET & CRESILLE. Le CHÂTEAU POUPET étoit sur la premiere de ces montagnes, qui est la plus haute des environs; mais il ne subsiste plus, & on n'y voit aujourd'hui qu'un fort nommé le fort BELIN. Sur l'autre montagne étoit autrefois le château BRACON, où la tradition du pays veut que S. Claude, l'un des patrons de la Franche-Comté, soit venu au monde. Le tems a tellement détruit ce château, qu'il n'a pas épargné ses ruines; car la redoute qui porte le nom de fort Bracon, a été construite sous le regne de Louis XIV. Sur cette derniere montagne est le château appellé le FORT SAINT-ANDRE.* Piganiol, t. 7, p. 563. Gollut. Mém. hist. de la rep. feq. p. 79.. Une grande rue traverse la ville d'un bout à l'autre, & laisse d'un côté les salines au bord de la petite riviere appellée la FURIEUSE, que Baudrand nomme Forica. Elle a sa source dans la ville même. Les deux principales portes de Salins font celles de Malpertuis & de Houdin. On appelle aujourd'hui la derniere la porte haute, & l'autre la porte baffe. Cette dénomination moderne est d'autant plus extraordinaire que la porte basse est au dessus de la source de la riviere; ainsi la porte basse devroit être appellée la haute. Il y a à Salins trois chapitres, celui de S. Anatoile, fondé par Hugues de Salins, premier archevêque de Besançon, l'an 1050. Il est composé d'un prévôt & d'onze chanoines. Le pape confere la dignité de prévôt en vertu des regles de chancellerie reçues dans cette province. Il confére aussi les canonicats pendant huit mois de l'année, & le chapitre les confere pendant les quatre autres. Le second chapitre est celui de S. Michel, fondé avant la fin du douziéme siécle, composé d'un doyen & de huit chanoines. Le pape & le chapitre conferent les prébendes de la même maniere qu'à S. Anatoile. Le troisieme est celui de S. Maurice, fondé en 1204 par les doyen & chanoines de l'église métropolitaine de S. Jean de Besançon. Il est composé d'un prévôt, d'un trésorier, d'un chantre, de dix chanoines, tous à la collation du roi, par la ceffion qui en fut faite en 1172 à Charles, duc & comte de Bourgogne, qui obtint du pape Sixte IV, pour ce chapitre, l'exemption de la jurisdiction ordinaire de l'archevêque de Besançon. Il y a quatre paroiffes, un couvent de carmes déchauffés, un de capucins, un de cordeliers conventuels, un hospice de jésuites, un collége de prêtres de l'oratoire, un couvent de carmelites, un de cordelieres dites de sainte Claire, un de tiercelines, un de filles de sainte Marie ou de la visitation, un d'ursulines cloîtrées & un hôpital. Ce font les prêtres de l'oratoire qui ont le collége, & non les peres de la miffion, comme le dit Corneille dans son dictionnaire. Les églises entre lesquelles saint Anatoile est la principale, n'ont rien de remarquable dans leur architecture. Il n'en est pas de même de la grande saline. Elle est au milieu de la ville, & c'est une espéce de place forte. Une grande tour carrée élevée, & dont le couvert finit par un petit dôme octogone, dans lequel est un horloge, qui te fait entendre dans la plus grande partie de la ville, fert d'entrée à ce superbe édifice, sur la porte duquel restent encore les vestiges des armes de Bourgogne. Deux spacieux bâtimens acolés à droite & à gauche, servent l'un à y loger le directeur, & l'autre nouvellement rétabli est destiné aux fermiers généraux. Le bas de ces deux logemens forme deux affez grandes & belles galeries couvertes & foutenues par de belles arcades, sous lesquelles font les bureaux des officiers qui servent tant à la garde de la faline, qu'à la distribution du sel, à la recette & à la taxe des bois. Plus bas & joignant le logement des fermiers est un bel édifice destiné à rendre la justice sur ce qui regarde les falines. Sur la porte de ce bâtiment on voit encore en basrelief, la figure d'un lion armé d'un casque en tête, & d'une épée à la pate droite, ayant la gauche posée sur l'écu des armes de Philippe le Bon, duc & comte de Bourgogne. Cet écu ayant un Sauvage pour tenant, & pour devise AUTRE N'AURAI, qui étoit celle de ce prince. Il y a une belle falle d'audience, plusieurs chambres pour le confeil, pour le greffe, pour les prisons & pour les archives. En face de ces bâtimens & presque au milieu de la saline, s'éleve un grand pavillon carré, dont le dessous sert d'entrée aux fouterreins où sont les sources. Le dessus sert de logement au trésorier des salines. Au dessus de l'escalier qui y conduit, on a pratiqué une chapelle sous l'invocation de la sainte Vierge, où l'on dit tous les jours la messe pour la commodité des officiers & des ouvriers de la saline. Salins est le chef-lieu d'un bailliage & le siége d'un présidial. SALINUM, ville de la basse Pannonie, selon Ptolomée. Voyez VETUS SALINA. SALIOCLITA, ancien lieu de la Gaule. Le P. Monet croit que c'est le même qu'Estampes, ville de France, dans la Beauce. Voyez SOLIOCLITA. SALIS, ville de la basse Pannonie, selon Ptolomée, C'est apparemment le même lieu qu'Antonin appelle Salle, & qu'il met à trente-un mille pas de Sabarie, en allant à Carnuntum. Une ressemblance de mots a fait dire que c'est aujourd'hui Zalawar. SALISBURI, ou SALESBURI, OU SARISBURI, OU NEW SARUM, ville de la grande Bretagne, au royaume d'Angleterre, en Wiltshire, à soixante-dix milles de Londres. C'est le Sorviodunum des anciens, dit l'auteur de l'état présent de la grande Bretagne, t. 1, p. 123. Cette ville, une des plus belles de l'Angleterre, est arrosée principalement par l'Avon, outre plusieurs ruisseaux qui coulent 1 1 dans ses rues, qui font larges, la place du marché & la Outre ces villes, il y a des bourgs considérables, savoir: maison de ville font fort belles. Le plus grand ornement de cette ville est sa cathédrale dédiée à la fainte Vierge. On prétend qu u'elle a autant de portes qu'il y a de mois dans l'année, autant de fenêtres qu'il y a de jours, & autant de piliers & de pilaftres qu'il y a d'heures: fingularité qui prouve moins le bon goût ou l'habileté de l'architecte que Ta bizarerie. L'aiguille de son clocher est la plus haute du royaume. C'est le siége d'un évêché, qui étoit autrefois à Shirburn, en Dorsetshire. Il faut diftinguer deux villes de Salifburi, l'ancienne & la nouvelle. L'ancienne étoit la même que la SORVIODUNUM des anciens, & au même lieu: elle est nommée dans les chroniques tant bretones que saxones, SAERBYRIA, SEARESBYRIG, SARESBIRIA, SALESBIRIA, SALESBIRIG, SALESBIRI, SARESBIRIE, SEARESBIRI, SALUSBURI, SALUSBERI & SALISBERI. Cette ancienne ville avoit le malheur de manquer d'eau : les habitans l'abandonnerent, à cause de ce défavantage, sous le regne de Richard 1, & transporterent la ville où elle est aujourd'hui. L'ancien lieu conserve encore le nom d'OLD SALISBURI. L'ancienne & la nouvelle ville sont en Wiltshire. Ces dernieres remarques sont de Gibson. Cette ville a eu titre de comté depuis Guillaume le Conqué SALIVAL, Salvia vallis, abbaye réguliere de l'ordre des prémontrés, au diocèse de Mets, en Lorraine, a été fondée par une comtesse de SALME, au commencement du douziéme fiécie. On y voit les tombeaux des seigneurs de cette illustre maison. SALIVAS (les ) peuple de l'amérique méridionale, qui habite les bords de l'Orinoque. De tous les peuples qui font dans cette contrée, c'est le moins éloigné de la raison & du caractère le plus doux. Cette nation étoit autrefois très-nombreuse; aujourd'hui elle est réduite à cinq ou fix peuplades. Les Caribes la détruisent, & lorsqu'on exhorte les Salivas à repousser les attaques de leurs ennemis, ils répondent tranquillement nos ancêtres n'ont jamais aimé la guerre. Les Salivas enterrent leurs morts avec de grandes cérémonies. Dès qu'on approche du convoi funebre, on doit se joindre à la troupe des pleureurs & des pleureuses; fans quoi l'on courroit risque d'être maltraité par les parens & amis du défunt. Ils ne réservent rien de ce qui a appartenu au mort. Ils arrachent ce qu'il avoit semé, ils renversent sa cabane, & personne n'oferoit y demeurer. El orinoco illustrado de por el padre Gumilla, en Madrid. 1745. SALIUNCA, ville d'Espagne, au pays des Autrigons; dans les terres, felon Ptolomée. Σαλιόγκα, Salionca, selon l'édition de Bertius. SALL. Voyez SALA. SALLABENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Mauritanie Céfariense, selon Ortelius. Je n'en trouve qu'une épiscopale d'Afrique, où la premiere lettre n'est pas S, mais un F; on y lit Salo Fallabenfis. SALLÆCUS. Quelques exemplaires de Ptolomée lisent ainsi, au lieu d'ISALACUS. Voyez ce mot. SALLANCHE. Voyez SALANCHES. SALLAND, (le) petite contrée des Pays-Bas aux Provinces-Unies. Elle fait partie de la province d'Overiffel. Elle est située entre la Dwente, & la Trente, qui font deux autres parties de la même province. Eile renferme plusieurs villes dont les principales font: Le nom de Salland est composé de deux mots; SAL est la même riviere que l'Iffel, & Land veut dire pays, ainsi Salland veut dire le pays de l'Issel, parce qu'en effet il est situé sur cette riviere. De Longuerue, Descr. de la France, 2. part. p. 33, observe que le mot Sal ne vient point des Saliens quoiqu'il avoue que ces anciens peuples ont habité en ce pays-là. Baudrand avoit dit: Quelques auteurs prétendent que les habitans du Salland sont les anciens Sa liens qui ont fondé la monarchie françoise, parce que la loi fondamentale des anciens François portoit le nom de loi Salique; mais, ajoute-t-il, cette preuve n'est pas solide; car outre qu'il y avoit parmi les Gaulois d'autres Saliens qui habitoient le long des côtes de la Provence, depuis Aix jusqu'à Nice, plusieurs prétendent que cette loi fut appellée Salique, parce qu'elle fut établie sur les bords de la Sala en Franconie; & d'autres enfin, sans avoir égard ni aux peuples, ni aux lieux, croyent que cette loi fut appellée SALICH, falutaire, pour marquer que cette loi seroit utile & avantageuse à l'état. Cette conjecture est forcée : le mot Salich ne veut pas dire falutaire, mais heu reux. SALLE OU SELLE, ancien lieu, dont parle Antonin qui le met sur la route de Patovione à Carnuntum, à trente-un mille pas de Sabarie. Quelques-uns doutent si ce n'est pas la SALA de Ptolomée. SALLENTIA. Voyez SALENTIA. SALLIAN (LE TERRITOIRE DE) est situé dans le Schirwan près du fleuve Kura, le long duquel il s'étend jusqu'à Dschewat. C'est un beau territoire qui consiste en beaucoup de villages bâtis des deux côtés du fleuve Kura; la plupart font cependant en-deça, en forte que le territoire est long, fans être large, car on ne trouve depuis ce fleuve, jusqu'à la mer, & vers Baku que des plaines arides & defertes, & l'autre côté du fleuve est habité par d'autres nations. Les habitans de ce territoire parlent un lan a beaucoup de Sunni gage compolé du turc & du tartare. Ils font, pour la plupart Schahis; cependant il y parmi eux. Ce territoire étoit ci-devant foumis à la Perfe. Il y avoit un sultan qui avoit un naib fous son commandement: le sultan dépendoit conditionellement du kan de Schamachie, avec lequel il partageoit le revenu de ce territoire, qui étoit fort riche Plusieurs Persans de diftinction à Schamachie y avoient des biens. La pêche qui se faifoit à Sallian dans le fleuve Kura, étoit affermée, lors de la domination de la Perse quinze mille roubles. Lorsque la Russie, après laprise de Baku, envoya des univerfaux de tous côtés pour porter les territoires situés le long de la mer à se mettre de bon gré sous sa protection, le sultan de Sallian, nommé Hassan-bec, fut le premier à le faire & à prêter hommage, & pria en même tems qu'on le protégeat contre le Dand-Beg & ses partisans. Pour cet effet on dépêcha un lieutenant colonel avec un corps de cinq cents hommes de pied qui allerent se porter dans une des ifles du fleuve Kuta. Le fultan lui fit toutes fortes de civilités, alla souvent le visiter, l'invita le lieutenant colonel, & plusieurs autres officiers à le venir voir, & les traita. Au bout de quatre mois il les invita encore, les fit tous massacrer, & embrassa le parti du Dand-beg, & l'on fut obligé de rappeller ce commandement à Baku. Sallian étant échu à la Ruflie en 1726 par le reglement des limites, ce traitre s'échappa & se retira parmi les Muganzi, où il est encore errant. Les Ruffes ont conftruit dans ce territoire une petite ville pour le mieux tenir dans le respect. Le naib qui y commande dépend entierement du commandant de Baku. Le territoire est bon pour le bled & pour le pâturage, & on y nourrit beaucoup de bestiaux, fur tout des chevaux qui passent pour être excellens. On y fabrique aussi beaucoup de foye. Tous les villages font situés les uns auprès des autres le long du fleuve Kura, comme il a déja été dit. Ce fleuve qui se répand dans la mer Caspienne par diverses embouchures, forme plusieurs petites isles, qui, comme une partie du pays, font fort baffes des deux côtés Tome V Qq ij enforte que le fleuve étant grossi par la fonte des neiges au mois de juillet, elles font toutes inondées. C'est de ces inondations que proviennent les bons pâturages qui attirent tous les hivers en ces lieux beaucoup de Muganzi & de Schaffuanzi, qui habitent l'été dans les campagnes de l'autre côté du fleuve Arax. Les peuples viennent avec des cabanes portatives, & leurs troupeaux qu'ils font paître en ces lieux, moyennant une somme qu'ils payent pour le - droit de pâturage. Une grande partie des Muganzi & des Schaffuanzi se sont mis sous la protection de la Perfe. Ceux qui veulent voyager le long de la mer pour aller en Perfe, font obligés de passer le fleuve Kura, & payent un droit qui eft affermé aussi-bien que la pêche. Les Sallians ont toujours conservé quelque chose de la rudesse des Tartares. Description des bords occidentaux de la mer Caspienne par M. Garber, officier au service de la Ruffie dans ces pays. SALLIS OU SALIS, village de l'Idumée; c'est où se sauverent les Juifs qui avoient été battus par les Romains dans les campagnes d'Ascalon. SALLUVII. Voyez l'article qui suit. SALLYES OU SALYES, SALYI, SALVII & SALLUVII, ancien peuple de la Provence, le long de la mer, entre le Rhône & le Var. Strabon un peu après le commence ment de fon quatriéme livre, dit: La côte est occupée par les Mafliliers & les Salies, jusqu'à la Ligurie & aux frontieres de l'Italie, & jusqu'au Var. Ils n'avoient pas seulement le rivage de la mer, car il dit ensuite: Le pays montagneux des Salyens avance du couchant au nord, & fe recule de la mer insensiblement. Tite Live, 1. 21, c. 26, parlant de P. Cornelius, dit qu'étant parti de la ville avec foixante barques longues, & cotoyant l'Etrurie, la Ligurie, & ensuite les montagnes des Salyens, il arriva à Marseille. Comme ils étoient contigus à la Ligurie, ils ont été appellés GALLO-LIGURES, mot qui semble marquer qu'ils étoient Liguriens d'origine, quoiqu'établis dans les Gaules. Nous avons dit à l'article de la Provence que ce peuple fut attaqué par les Romains alliés des Marseillois qu'il incommodoit. En voici la preuve tirée de Florus, 1. 3, c. 2. Prima trans Alpes arma nostra sensere Salyii, cum de incurfionibus eorum fidissima atque amicissima civitas Maffilia quereretur. Ce fut la premiere guerre que les Ro. mains firent au-delà des Alpes, en prenant ce mot au-delà par rapport à Rome. Pline, 1.3,0.17, les nomme Sallyi en un endroit; il parle de la ville de Verceil poslědée par les Libici, fondée par les Sallyes : Vercella Libicorum ex Sallyis orta. Mais le même auteur, 1.3, 6.4, les nomme SALLUVII, en parlant d'Aix leur capitale, Aqua Sextie Salluviorum. Il les nomme, cap. 5, les plus célébres des Liguriens au-delà des Alpes: Ligurum celeberrimi ultra Alpes Salluvii. L'abbé de Longuerue, Descr. de la France, part. 1, p. 366, croit que les Salyes étoient subdivisés en plusieurs peuples: les plus proches d'Antibes étoient les DECEATES, qui avoient pour voisins les VEDIANTIENS, les NERUSIENS, les SUELTERIENS OU SELTERIENS, dont il est impossible à présent de donner les limites. Les Deciates ou Deceates étoient aux environs d'Antibes, les OXYBIENS aux environs de Frejus; les Vediantiens avoient pour ville, selon Ptolomée, Cemenelium, aujourd'hui CIMIEZ, près de Nice. Les Nerusiens étoient autour de Vence, selon le même ancien géographe : les Sulteriens autour de Brignolles & Dragnignan. On pourroit y ajouter les AVATICI & les ANATILII. Les derniers étoient dans le territoire d'Arles, & les premiers plus près de la mer. 1. SALM, (la) petite riviere d'Allemagne, dans l'Eiffel, & dans l'électorat de Tréves, en latin SALMONA. Elle a sa source au-dessus de Walleborne, d'où passant au midi, elle se rend dans la Moselle, près de Numague, deux lieues d'Allemagne au-dessous de Tréves. 2. SALM, château d'Allemagne, dans l'Eiffel, sur la riviere de Salın, peu loin de sa source. Hubner dit que c'est de ce château que prennent leur titre les comtes de Salm & de Reifferscheid. Il avertit de ne pas confondre ce lieu avec Salm, principauté dans la Vétéravie. 3. SALM, ville des Pays-Bas, au duché de Luxembourg. Cette ville quoique petite, a titre de comté, & est située à trois lieues de Roche en Famine. Il y a au midi de cette ville un château de même nom. L'un & l'autre sont situés sur la riviere d'Albe au midi de Stablo ou Stavelo. Baudrand remarque que cette ville a titre de comté, & fait partie du comté de Chini depuis l'an 1680. 4. SALM, principauté d'Allemagne, dans la Vétéravie. Voyez SOLMS. 5. SALM, petite ville de Lorraine. Voyez SALMES. 1. SALMA, ville de l'Arabie déserte, felon Prolomée, 1.5, c. 19. Elle étoit à l'orient d'Idicara, ville située sur le golfe Perfique. 2. SALMA, ville de l'Arabie heureuse, selon le même auteur. Il y en met deux de ce nom qu'il diftingue ainsi ; 1. SALMACIS, ancienne ville d'Afie, dans la Carie. Arrien, 1. 1, dans les guerres d'Alexandre, n'en fait qu'une citadelle. Etienne le géographe en fait une ville. 2. SALMACIS, fontaine d'Alie, dans la Carie. Elle ne devoit pas être loin de la ville de même nom, & peutêtre le lui donnoit-elle. Cette fontaine avoit la réputation de rendre mous & efféminés ceux qui buvoient de ses eaux. Strabon, l. 14, ne croit pas qu'elle eut cette propriété; mais felon lui, ce défaut de ceux qui en buvoient venoit de leurs richesses & de leur intempérance. Vitruve, l. 2, c. 8, en donne une autre raifon. Il y a, dit-il, tout auprès de la fontaine de Salmacis un temple de Venus & de Mercure. On croit fauffement qu'elle donne la maladie de l'amour à ceux qui en boivent, mais il n'y aura point de mal à rapporter ce qui a donné lieu à ces faux bruits. Les Grecs qui s'établirent en cet endroit, charmés de la bonté de cette eau, y éleverent des cabanes, & attirerent des montagees les barbares, les engagerent à adoucir la férocité de leurs mœurs, & à se policer en se soumettant aux loix, & s'accoutumant à une vie plus humaine & moins lauvage. Festus en donne une raison bien différente, il avoue qu'elle étoit très-funeste à la pudicité, & que ceux qui en alloient boire s'exposoient à la perdre, non que l'eau eut par ellemême aucune qualité; mais parce que pour y aller, il falloit passer entre des murs qui resserroient le chemin, & donnoient par-là occafion aux jeunes débauchés de furprendre les jeunes filles qu'ils déshonoroient fans qu'elles pussent leur échapper. Ovide, que l'opinion du peuple accommodoit mieux, ne l'a pas manquée; il dit, Métamorph. 1. 15, V. 319. Cui non audita eft obscene Salmacis unda? 3. SALMACIS. Ortelius trouve un fleuve de ce nom chez les Parthes, & cite Florus, mais avec précaution: Uti videtur ex 4. Flori. La précaution étoit judicieuse; car outre qu'il ne s'agit point dans cet auteur d'un fleuve, mais des fleuves au plurier, au lieu de Salmacidis Fluviis qu'on lisoit autrefois dans le passage de Florus, l. 4, c. 10, Saumaise a fait remarquer qu'il faut lire Salinacidis Fluviis, c'est-à-dire des rivieres dont les eaux sont saumaches, de inot à mot falines & acides. Rien n'est plus commun que ces fortes de rivieres dans l'orient, & les turcs les nomment Kara Sou, eau noire: de là vient, comme je le remarque ailleurs, que ce nom est commun à tant de rivieres. Le passage de Florus fait juger de la bonté de la correction de Saumaise; car il s'y agit des maux caufés par les mauvaises qualités des eaux que buvoient les trou LER. SALMANTICA, ancienne ville de la Lufitanie, chez les Vettons, felon Prolomée, 1.2, c. 5. Quelques savans ont cru que cette ville est nommée par Tite-Live, 1. 3, c. 14, Hermandica, & par Polybe Ermandica. On fait que Polybe est le guide de Tite-Live, & dans les passages dont il est question il s'agit d'un même fait, & ils parlent de la même ville, Polybe avoit mis fans doute Hermantica que Tite-Live a conservé. Ses copistes ont changé ce mot en Ελμαντική, Elinantice. Nicolas Perot, ancien traducteur latin 1 de Polybe, a trouvé dans son exemplaire Ermandica, & l'a mis fidélement dans sa version dans la belle édition de Polybe, in-8°, Amstelodami 1670, procurée par Jacques Gronovius. On a mal-à-propos changé ce nom en Salmantica: Elmantice ou Hermandica, dans les passages cités, n'ont rien de commun avec la Salmantica de Lufitanie. Salmantica étoit chez les Vettons; Ptolomée le dit formellement. Tite-Live dit au contraire que les villes Hermandica & Arbacala étoient chez les Vaccéens; Polybe dit la même chose. Or les Vaccéens étoient au nord du Duero dans l'Espagne Tarragonnoise; au lieu que les Vettons étoient au midi de cette riviere dans la Lufitanie. Hermandica est inconnue à Prolomée, & fans doute ne subsistoit plus de son tems. Mais fon Albocella des Vac. céens a l'air d'être l'Arbacala de Tite-Live, & l'Arbucala de Polybe. Il n'en est pas de même de la Salmatis, grande ville d'Espagne, dont parle Polyen. Cafaubon a remarqué à la vérité que Polyen ne fait que copier Plutarque, mais il ne dit point en quel endroit des œuvres de Plutarque cela se trouve. Ortelius parle de la vie d'Annibal attribuée à Plutarque, & rendue en latin par Donat Acciaiolo: mais elle n'est point reconnue pour être de lui; &, quand elle en feroit, l'édition de Vascosan ne porte rien de pareil au stratagême rapporté par Polyen. Ce n'est qu'une copie de ce que disent Polybe & Tite-Live, & en cet endroit l'auteur de cette vie nomme Hermandica & Arbocola villes très-riches. Après cette recherche, je suis enfin tombé fur le traité de Plutarque des vertus des femmes, où en effet on lit le stratagême tel qu'il est rapporté par Polyen, & la ville Salmatica qui est nommée Σαλματική πόλει μεγάλη, grande ville. L'épithète donnée aux femmes de cette ville fert de titre au chapitre Σαλματιδες. Il est à croire que dans ces deux auteurs il s'agit en effet de Salmantica, Sala manque. SALMASTRE, ville d'Afie, dans la Perse, dont elle étoit la premiere ville lorsque Tavernier écrivoit. C'est, dit-il, 1.3, c. 4, une jolie ville, fur les frontieres des Affyriens, & des Mèdes, & la premiere de ce côté-là des états du roi de Perse. La caravane d'Alep à Tauris n'y entre pas, parce qu'elle se détourneroit de plus d'une lieue; mais dès qu'elle a campé, le karavan-bachi, avec deux ou trois marchands des principaux de la troupe, va faluer le kan qui commande, & felon la coutume lui faire un présent. Ce kan est si aise de ce que la caravanne prend ce chemin-là, qu'il donne au karavan-bachi, & à chacun des marchands qui le vont voir, la calate, la toque & la ceinture, ce qui est le plus grand honneur que le roi & les gouverneurs de province faflent aux étrangers. Les dernieres guerres doivent avoir changé ces usages, comme elles ont changé les frontieres. Salmastre est à quatre journée de Tauris, & à vingt-huit d'Alep. SALMATICA & SALMATIS. Voyez SALMANTICA. SALMENICA, ville du Peloponèse, selon Calchondyle, 1. 10. SALMES OU SALME, petite ville ou bourg de Lorraine avec un château sur la frontiere de la balle Alface, au pays de Vosge, près de la riviere de Brusch, à la source de la Sare, au couchant & à huit lieues de Strasbourg, en allant vers Nancy, dont elle est à vingt-deux lieues, & à quatorze de Marfal, à l'orient d'hiver. C'est le chef d'un comté qui a titre de principauté dans l'Empire depuis 1622, felon Baudrand. L'abbé de Longuerue, Description de la France, part. 2, p. 214, parle ainsi de ce comté. Il est dans les montagnes de Vosge: la partie orientale qui est vers l'Alface, est du diocèse de Strasbourg, & la partie occidentale qui confine avec la Lorraine, est du diocèse de Toul. Richer, moine de Sennone, dit qu'un seigneur, nommé Henri, bâtit ce château in Brusca valle, dans la vallée de Brusch, qui est une riviere, laquelle prend sa source dans les montagnes de Vosge, se jette dans l'ill à Strasbourg. pays appartenoit autrefois, ou du moins une bonne temporel Ce irz partie, à l'abbaye de Sennone, laquelle pour le rele voit de l'évéché de Metz; & c'elt dans ce territoire de Sen none que fut bâti ce château dans la vallée de Brusch, Henri, fondateur de cette place, lui donna le nom de Salones, parce qu'il tiroit fon origine des comtes Brusca valle. de Sal mes en Ardenne; c'est ce que nous apprenons du moine Richer, qui avoit connu le petit-fils d'Henri, & qui a écrit une chronique de ce monastère, & comme ce seigneur & ses successeurs, ayant obtenu l'avouerie de ce monastère, se servirent de la garde & protection que l'on leur avoit donnée pour piller les religieux, ainsi qu'il se lit au chapitee 26 & fuivans du quatriéme livre. Henri de Salmes étoit fils d'un autre Henri, comte de Salmes, en Ardenne. Il fut comte de Blanmont en Lorraine, où une branche de cette maison s'établit; & prit le nom de Blanmont de albo Monte, que donne à ses seigneurs le moine Richer, avec celui de Deneuve de Danu. brio.) L'une & l'autre seigneurie étoient des fiefs de l'évêché de Metz. Henri de Salmes eut deux fils; Henri comte de Salmes en Ardenne, & Frédéric qui eut le nouveau Salmes, avec les seigneuries que fon pere avoit possédées en ce pays. Henri de Salmes, fils de Frédéric, & petit-fils d'Henri, comte de Salmes, tourmenta fort les moines de Sennone, & se mit peu en peine des censures de l'église. Il fit fi mal ses affaires, qu'il fut contraint de vendre à Jacques de Lorraine, évêque de Metz, le château de Salmes, & celui de Pierre-Percée, qui étoit un franc - alleu. Ce château de Pierre-Percée avoit été déja retiré des mains des ufurpateurs par Etienne de Bar, évêque de Metz, vers l'an 1140, mais il avoit été peu apres aliéné de nouveau. Il ne demeura guères aux évêques de Metz; car Henri & fes descendans furent seigneurs de Salmes & de Pierre-Percée, dont ils faifoient foi & hommage aux évêques de Metz. Les seigneurs de Salmes n'ont pas durant long tems refusé de s'acquitter du devoir de vassal. Henri de Salmes, qui avoit vendu ses terres à Jacques de Lorraine, évêque de Metz, les reprit de lui l'an 1258, comme vaffal; & Jean, comte de Salmes, rendit le même devoir à George de Bade, évêque de Metz, l'an 1460. Les descendans de Henri jouirent quelque tems de Salmes & de Pierre-Percée (appellée en allemand Langenitein); mais ces pays passerent par mariage dans d'autres familles, Ferdinand II créa les comtes de Salmes princes de l'Empire. Louis XIV ayant conquis la Lorraine, voulut forcer le prince de Salmes qui possédoit des biens en ce pays, à lui rendre hommage pour ces biens: mais le prince n'y voulut pas confentir. Les évêques de Metz étoient autrefois les seigneurs dominans de Salmes & de Langenstin ou de Pierre-Percée; de forte que le rhingrave Jean, au nom de la comteffe Jeanne sa femme, fit hommage à Henri de Lorraine, évêque de Metz, l'an 1488. Son fils Jean rendit les mêmes devoirs à Henri l'an 1495, & la comtesse Jeanne l'an 1499, mais dans la fuite ils furent compris au cercle du haut Rhin, & regardés comme immédiats jusqu'au tems où les François occuperent la Lorraine. Pendant qu'ils en étoient les maîtres, la chambre des réunions établie à Metz, rendit un arrêt qui condamnoit les seigneurs de Salmes & de Pierre-Percée à faire foi & hommage, & à faire aussi leurs reprises de l'église de Metz pour ces seigneuries. Les princes de Salmes n'ayant pas voulu obéir à cet arrêt, tout fut confisqué; mais ce prince a été rétabli en poffeffion par l'article IV du traité de Ryswyk, qui est général, & par lequel toutes les réunions faites hors de l'Alface ont été révoquées, & tous les jugemens de la chambre de Metz caffés; ce qui a été confirmé par le diziéme article du traité de Raftat, & par le troifiéme du traité de Bades; ainsi le comté de Salmes a recouvré sa liberté, & est un état immédiat à l'Empire, possédé par le duc de Lorraine & par le prince de Salmes. Par le traité de Paris de 1718, le duc de Lorraine s'est obligé seulement à rendre hommage aux évêques de Metz, de Toul & de Verdun, des terres ou fiefs, dont ces pré lats justifieront que le duc Charles fon grand oncle, ou le duc Henri, leur auront rendu hommage. SALMON. Voyez ALMON. dans la Mofelle. Aufonne en fait mention. SALMONA, nom latin de la Salm, riviere qui tombe SALMONE, ville ancienne du Péloponnése, dans la Pifatide, felon Strabon, 1. 8. Il dit qu'il y avoit une fource de même nom, d'où fort l'Enipe nommé ensuite Barnichius, qui se va perdre dans l'Alphée. Q q iij |