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déchut du tems des Saxons, & fut entierement ruinée par les Danois; après qu'elle fut rétablie, elle eut le malheur d'être brûlée fons le roi Jean. On la releva de fes cendres; mais fous le regne de Marie, l'entrée de fon havre fut fi bouchée par un gros navire qui y fut coulé à fond, qu'on n'a pu y remédier. * Etat présent de la Gr. Bret.t. 1,

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SANEGÆ. Voyez SANICHE.

SANEMGHIRIAN, ville de la Perfe proprement dite; elle eft agréable & curieufe par une riviere qui prend sa fource au milieu, & par le pont. Il y a fur ce pont un ïaïla, c. à. d. un terrein élevé où l'on va paffer les chaleurs de l'été. Des noyers, des platanes & d'autres arbres fem blables qui ne creiffent que dans les pays froids, embellif fent ce terrein, & y forment un ombrage agréable. Il croît au deffous du pont des limonadiers & des orangers. Le pays eft chaud. Le vin que l'on y cueille eft fi fort, qu'on ne peut le boire qu'en y mettant les trois quarts d'eau. Manuscrits de la bibliothéque du roi.

SANENSIS CIVITAS, ville de l'Afie mineure, dans la Phrygie; elle eft nommée dans le concile de Nicée. Ortelius doute fi ce n'eft pas le même lieu que SANAOS.

SANFLIT. Voyez SANTVLIET.

SANGADA, contrée des Indes, vers le bas du cours du fleuve Indus, felon Arrien, 1. 8.

SANGALA, ifle de l'Inde, vers le haut du fleuve Indus, felon le même, 1. 7. Elle eft nommée SAGALA par Ptolomée, 1. 7, c. 1, & Salgala par Polyen, l. 4, de

Alex.

SANGALIEN-OULA; les Tartares nomment ainfi une riviere de la Tartarie orientale. Les Chinois la nomment HELON KIAN, c'est-à-dire, la riviere du Dragon Noir. C'est un grand fleuve qui traverse la Tartarie, & fe jette dans la mer orientale au nord du Japon. Les Ruffiens fe font étendus jusques-là à la fin du fiécle paffé. Lettres édif.

t. 7, p. 177.

*

SANGAMARTA, ville de l'Inde, en-deça du Gange, felon Prolomée, l. 7, c. I.

1. SANGAMI,place du Japon, dans l'ifle de Niphon, au pays de Quanto, vers fa partie méridionale, dans le royaume de Sangami, dont elle eft la principale, à quelques lieues feulement de la ville de Iedo, au couchant, felon Cardin.* Baud. éd. 1705.

2. SANGAMI, (le royaume de ) pays du Japon, dans la partie méridionale du pays de Quanto, entre les royau mes d'Idzu au midi, Suruga au couchant, & Simoofa au le

vant.

ΣΑΓΡΑΙΣ,

SANGAR, Sangari, Sacari, ou Zacari, ou Zagari, riviere de la Turquie, en Afie, dans la partie feptentrionale de la Natolie. Elle vient de la province de Germian, & paffant dans celle de Begfangil, elle s'y rend dans la mer Noire. Cette riviere eft nommée Sangar, fleuve par Quinaut dans fon opera d'Atys où il l'a perfonnifié, lui donnant pour fille Sangaride amante d'Atys. Baudrand & Corneille écrivent Sangari. Le nom latin eft Sangarius, felon Ptolomée, l. 5, c. 1, & Arrien, l. 1, de Alex. Hesyche dit Sagarius, & l'attribue à la Lydie & à la Phrygie. Elle eft nommée Sagaris ZARPAIZ, dans une médaille de Julia Pia Augufta. Stuckius remarque que le fcholiafte d'Apollonius l'appelle SANGA Zayya, & Solin Sangaris. Plutarque le géographe dit: Sagaris, fleuve de Phyrgie; il ajoute qu'il étoit auparavant nommé XERABATES, par la raifon que dans les grandes chaleurs de l'été, il est la plupart du tems à fec. Il donne la raifon pour laquelle on l'appella Sagaris. Sagaris, dit cet auteur, fils de Myndon & d'Alexirhoe, ayant fouvent méprifé les mystères de Cybéle, injuria les prêtres de cette déeffe, qui pour fe venger lui envoya une manie dans les accès de laquelle il fe jetta dans le fleuve Xerabate, qui changea alors de nom pour prendre celui de cet homme. De Tournefort, lettre XVII, t. 2, p. 84, nomme cette riviere AyA ou AYALA. Il eft fur prenant, dit-il, que les Turcs ayent retenu l'ancien nom

de la riviere d'Ava, car ils l'appellent SAGARI ou SACARI, & ce nom vient fans doute de SANGARIOS, fleuve affez célébre dans les anciens auteurs, lequel fervoit de limites à la Bithynie. Strabon affure qu'on l'avoit rendu navigable, que les fources venoient d'un village appellé SANGIAS, auprès de Peffinunte, ville de Phrygie, connue par le temple de la mere des dieux. Lucullus étoit campé fur fes bords, lorsqu'il apprit la perte de la bataille de Chalcédoine.

&

SANGATII, ancien peuple d'Afie, felon Herodote, 1. 3, c. 139. Il faifoit partie des peuples Meci.

SANGIA ou SANGIAS, village de l'Afie mineure, dans la Phrygie, auprès de Peflinunte. C'eft où le Sagari prend fa fource. Nicéphore cité par Ortelius, dit que ce village s'appelle Pazos, ce qui reffemble beaucoup au Pachios d'Appien.

SANGLO, ville de la Chine, felon le voyage des Hollandois à Pekin, dans le recueil de Thevenor, t. 3, p. 17. Elle eft à droite de la riviere de Kiam. Elle a de grands fauxbourgs, qui s'étendent jusques fur les bords de cette riviere, & font par-tout peuplés. Il ne s'y rencontre pas de Chinois fort riches: du côté de l'eft on paffe trois portes, qui conduisent à une haute muraille, fur laquelle on monte par un dégré, & delà on entre dans la ville. Elle a été fort ruinée par les Tattares. Le peuple de ce canton eft fort fauvage, fort brutal, & il eft fort ordinaire d'y voir des gens qui s'entretuent pour le moindre fujet..

Ce nom eft défiguré, & cette même place eft nommée CANG, dans l'Atlas Chinois du pere Martini. Elle eft dans le Pekeli, fur la rive droite de la riviere, fur un ruiffeau qui tombe près delà dans la riviere de Guei, entre Tungquang & Tiencin, comme la met auffi la route des Hollandois. Cette ville doit être confidérable, puisqu'elle donne fon nom de Cang au golfe dans lequel la riviere de Guei va fe perdre.

SANGO, ville de la Chine, dans la province de Suchuen, au département de Tangchuen, premiere grande cité de la province. Elle eft plus occidentale que Pekin de 114 45' par les 30d 30' de latitude.* Atlas Sinenfis.

SANGONA; quelques-uns ont ainfi nonimé en latin la Saone, riviere, au lieu d'Arar.

SANGRO (le) riviere d'Italie, au royaume de Naples: elle tire fa fource de l'Apennin, aux confins de la province de Labour, à la montagne de Gioia, près d'Aufidena, d'où coulant dans l'Abruzze citérieure, elle reçoit le Rafino, paffe à Caftel de Sangro, & à d'autres lieux de peu de conféquence, & fe rend enfuite dans le golfe de Venife, fix milles au deffous de Lanciano. Son nom latin est SAGRUS & SARUS.

SANGUEHAR ou SANQUEHAR, ville de l'Ecoffe méridionale, dans la province de Nithsdale, près de la fource de la Nith. Elle donne le titre de lord à la famille de Queenfburi, qui eft une branche de la maison de Douglas.

SANGUENARES ; (les) ce font deux petites ifles adjacentes à la Sardaigne, fur la côte orientale du cap, ou de la province de Cagliari, à trois milles feulement du cap de Pietra, & à ving-deux milles de Cagliari vers l'orient. On les nommoit autrefois Cunicularia Infula; on les nomme pour les diftinguer, l'une BIZZA, l'autre SPERA

GIA.

SANGUESA, ville d'Espagne, dans la Navarre, aux frontieres de l'Aragon, fur la riviere d'Aragon, à onze lieues de Calahora, & à huit de Pampelune. C'est le cheflieu d'une merindade, à laquelle elle donne fon nom, & qui comprend Sanguefa capitale, douze bourgs & cent foixante-huit villages. Sanguefa connue par les anciens fous le nom de Sueftafium eft une cité; à une lieue delà eft un bourg nommé Xavier, fameux pour avoir donné la naisfance au grand & faint Apôtre des Indes.

SANGUI-CIJA, riviere d'Afie, dans la Perfe. Elle fort d'un lac appellé Gigaguni, environ à vingt-cinq lieues d'Erivan, du côté du nord. Elle eft fort rapide, fort profonde & pleine de rochers en plufreurs endroits, ce qui fait que l'eau en paroît noire. On y prend une grande quantité de poiffon de plufieurs fortes, & principalement de belles truites. Elle a un beau pont de pierres, fur lequel on la traverse à Erivan, d'où elle va fe décharger dans l'Araxe qui paffe à trois lieues de cette ville, vers le midi.* Tavernier, Voyage de Perfe, l. 1, c. 3.

SANGUIN, ville & royaume des Indes orientales, dans l'ifle des Célébes, ou de Macallar.

SANGUINARA, (la) en latin Alefus, torrent d'Itadie, dans l'état de l'églife, dans la province du Patrimoine. Il a fa fource près du lac de Bracciano, d'où courant au midi il fe tend dans la mer de Toscane,, à deux milles de Palo, à l'occident, & à vingt milles de Rome en allant vers Civita Vecchia.

SANGUINARE. (le) Voyez SANGUENARES. SANGUINARIUS PONS, pont d'Italie, aux environs d'Otricoli, de Narni & de Spolette, entre ces villes & celle de Rome. Aurelius Victor, Epitom. c. 45, dit qu'il fut ainfi nommé le pont fanguinaire, après qu'Emilien y eut été asfaffiné, avant à peine régné quatre mois.

SANGUTA, ville de la grande Armenie, felon Ptolomée, 1. 3, c. 13. Quelques éditions latines portent SANTUTA.

SANHO, ville de la Chine, dans le Pekeli, au département de Pekin, premiere métropole de la province. Elle eft plus orientale que Pekin de 19, par les 39° 46′ de latitude. Atlas Sinenfis.

SANJALLY, petit royaume d'Afrique, à l'eit de celui de Badelu, au nord de la riviere de Gambra, le long de laquelle il s'étend l'espace de onze lieues. Malgré fon peu d'étendue, c'eft un pays indépendant, & fon roi eft Mandingo. Il y a une riviere de même nom, que la Gambra reçoit vis-à-vis celle d'Indea. * Voyage de Moore. Carte de la Gambra par Jean Leach, 1732.

SANIA, ville de l'Inde, felon Etienne le géographe. SANIANA, ville de Thrace, felon Cédrene & Curopalate, cités par Ortelius. Porphyrogenete en parle aufli; mais il ajoute que la nation des Galates s'étend jusques-là, ainfi il pourroit bien mettre dans l'Afie mineure, la Sa niana, dont il parle, & par conféquent elle feroit diffé rente de celle de Thrace.

SANICHÆ, Zányai, ancien peuple fur le Pont-Euxin, felon Arrien, dans le Periple qu'il à fait de cette mer. Ils font plus occidentaux qu'un autre peuple qu'il nomme SANIGE, Zánya. Etienne écrit le nom de ces derniers par une double NN. Pline, 1.6, c. 4, met un peuple SANNIGA dans la Colchide, & ce même peuple eft appellé SANEGA par Memnon.

SANICIENSIUM CIVITAS; le livre des provinces met une ville de ce nom dans les Alpes maritimes. C'eft la SANITIUM de Ptolomée.

SANIGE. Voyez SANICHE.

SANINA, Zavin, ville fur la mer Rouge. Voyez SANNINA.

SANIGERA, ville de la petite Baleare, c'est-à-dire, de l'ifle de Minorque. C'eft Pline qui la fournit; le P. Hardouin écrit SANISERA.

SANIM, lieu de la Palestine, felon Eusebe, in locis, in voce Zavare, qui le met dans l'Acrabatène, au territoire de Samarie.

SANIS, ville de la grande Phrygie, dans l'Afie mineure, felon Ptolomée, 1. 5, c. 2. C'eft la SANAOS de Strabon.

SANITIUM, ancienne ville des Alpes maritimes, fedon Ptolomée, l. 3, c. 1, qui étend fon Italie jusques là. qui étend fon Italie jusques là. C'est à préfent la ville de Senez; les habitans de ce can. ton font nommés par Pline SANAGENSES, & la ville même eft appellée Sanicienfium civitas, dans la notice des pro

vinces.

SANITURNUS, riviere d'Italie. Frontin, dans fes ftratagêmes, l. 3, c. 4, dit qu'elle traverfe la ville de Modène. C'est le bras de la Séchia, qui va groffir le Pa

naro.

SANIVIN, petite ville de la Chine, dans la province de Canton, fur la riviere de Ta. Les Hollandois, dans leur voyage à Pekin, difent qu'elle eft à peu près comme Amersfort, & qu'elle a été autrefois d'un grand commerce, à cause de fon affiette fort commode; mais qu'elle eft maintenant tout-à-fait détruite, en forte qu'on n'y voit pas cinquante maifons entieres. Les Tartares qui l'ont ruinée, n'ont point touché aux murailles ni aux portes de la ville, qui étoient encore en bon état en 1653, quand les Hollandois firent le voyage dont Thevenot donne la description & la route dans fon recueil.

SANKIU, ville de la Chine, dans la province de Suchuen, au département de Chungking, cinquième métro

pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pekin de 11d30', par les 304 35' de latitude. Atlas Sinenfis. SANNABA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, felon Ptolomée, l. 7, c. 1.

SANNE, (La) ou LA SENNE, petite riviere de France, en Normandie, au pays de Caux. Elle a fa fource à Varvanes, paroiffe fituée à fix lieues de Rouen, & à pareille distance de Dieppe. Elle fait tourner le moulin de Bourdinville, & arrofe enfuite les paroilles de Fontelaye, d'Anglesqueville, d'Imbleville, de Tiedeville, d'Aulouville-la-Gripiere, de Bourg de Sanne, de Saint-Juft, de Bivile, de Saint-Ouen fur Brachi, de Brachi, de Gourel, de Genfe, de Ribœuf, de Saint-Denys, d'Ouville la riviere & de Longueil, après quoi elle entre dans la mer, à une grande lieue de Dieppe, & à fix du lieu où elle a pris fon origine.* Corn. Dict. Mém. dreffés fur les lieux.

1. SANNI, ancien peuple de l'Afie, affez près de la petite Arménie. Strabon dit, au deffus de Trebifonde & de Pharmacie, font les Tibaréniens, les Chaldéens & les Sanni, qu'on appelloit autrefois Macrones, & la petite Arménie, 1. 12.

2. SANNI HENIOCHI, autre peuple différent, dans la Colchide. Pline, l. 6, c. 4 & 5, en fait mention, & le diftingue des HENIOCHI, proprement dits. SANNIGE. Voyez SANICHE.

SANNII PROVINCIA & SANNITA, dans Caffiodore, ne fignifient que le SAMNIUM & les SAMNITES. Va

riar.

3.

SANNINA, ville de la Médie, fur la mer d'Hyrcanie, felon Ptolomée.

SANNITÆ. Voyez SANNII.

SANNOIS, village de France, au nord oriental d'Argenteuil, & au couchant méridional de Montmorenci, entre Saint-Denys & Pontoise, à deux lieues de cette derniere. Suger, abbé de faint Denys, dans les mémoires de ce qui eft arrivé, c. 5, pendant fa régence, écrit apud CENTINO DIUM, c'est-à-dire, CENNOIS; mais ce lieu eft mieux appellé ailleurs ad Centum Nuces, au jugement de Valois, Valefiana, p. 77, à caufe de quelque avenue de ce lieu plantée de cent noyers. On l'a auffi appellée de Centum Nucibus, Cent Noix, & enfuite Cennois. On appelle aujourd'hui ce village Centum Nuces, en françois Sannois. Jaillot écrit Sannois, & de l'lfle Sanoy.

SANNON, riviere d'Afrique, dans la Nigritie. Elle prend fa fource dans les montagnes du pays de Bambuk, entre Tambaaura & Netteko, prend fon cours en ferpentant vers le nord-oueft, & fe rend dans la riviere de Falemé, au-deflous du fort de Saint-Pierre. On appelle encore cette riviere, riviere de l'or, à caufe des riches mines qu'elle laifle fur fa route, & dont elle entraîne des parties avec fes eaux. * Cours des rivieres de Falemé & du Sénégal, dreffe fur les lieux par M. Compagnon.

SANNUTIO, village de l'ifle de Corfe, vers le milieu de l'ifle; on y cherche l'ancienne Sermitium de Ptolomée. Voyez ce mot.

SANOCK, petite ville de Pologne, au palatinat de Ruffie, fur la riviere de San, au-deffus & au midi de Dinaw. Baudrand lui donne un affez bon château vers les montagnes, & compte fix milles polonois de cette ville à Premifle, c'est-à-dire, Przemislie.

SANOQUI, royaume du Japon, dans l'ifle de Xicoco, & un des quatre qui compofent cette ifle. Il en occupe la partie feptentrionale à l'orient de celui d'Ixo.

SANONE, petite ifle d'Italie, dans l'état de l'Eglife. Elle dépend de la campagne de Rome, & eft au nord-eft de l'ifle de Ponza, dans la Méditerranée, aux confins de l'état de l'églife & du royaume de Naples, à dix-huit milles du cap monte Circello. Cette isle est déserte & inculte.

SANPAO, ville de la Chine, dans la province d'Iunnan, au département de Iunnan, premiere métropole de la province. Elle eft plus occidentale que Pekin de 144 40', par les 24d 25' de latitude. * Atlas Sinenfis.

SANPING, cité de la Chine, dans la province de Huquang, au département de Xi, premiere cité militaire de la province. Elle est plus occidentale que Pekin de 8o 27', par les 29d 43' de latitude. * Atlas Sinenfis.

SANT AGOSTIN. Voyez SAINT AUGUSTIN. No. 1, 2, 3. SANT

SAN ALESSIO, bourgade de la Sicile, fur la côte orientale de la vallée de Demone, à deux licues de Taormina, vers le nord, avec un cap de même nom, & que les anciens ont connu fous celui d'Argennum Promontorium. SAN ANANIA, bourgade de la Natolie, fur l'Archipel, vis-à-vis de l'ifle de Metelin. On la prend pour la PROSELENE de Ptolomée.

tient

SAN ANDER, victoria Juliobrigentium portus. Quelques-uns écrivent SANT ANDERO, ville maritime d'Espagne. Elle étoit autrefois comptée entre les villes de Biscaye; mais elle eft depuis long-tems cenfée de l'Afturie, dans laquelle elle eft enclavée. Elle eft fituée fur le rivage de la mer, au pied d'une colline. Elle a un bon port, fort large, capable de tenir une nombreuse flotte, & défendu par deux châteaux affez fortifiés, avec un mole avancé, pour le mettre plus à couvert de la furie des vents, au bout duquel on a élevé une grue, pour charger & décharger plus commodément les vaiffeaux. A l'entrée du port il y a un écueil appellé la PENNA DE MOGRON; mais comme on le voit hors de l'eau, il n'est pas dangereux. Du côté que la ville aboutit au port, & vis-à-vis du mole, on a dressé une terrafle pour le rendre plus commode, & on y quelques piéces de canon pour en défendre l'entrée aux ennemis il paffe un ruiffeau à côté, au bord duquel on voit un vieux bâtiment vouté, foutenu par de hautes & d'épaiffes arcades, qui fert de halle & d'arcenal; les habitans l'appellent ATTALASSANA. La ville eft petite, mais affez forte. Elle a du côté de terre un large folfé fec, qui en rend l'accès difficile : l'air y eft très-pur, & elle a fix fontaines dont l'eau eft d'une bonté extraordinaire. Elle a un fauxbourg qui n'eft presque rempli que de pêcheurs, à caufe que la pêche y eft fort abondante, & c'eft le meilleur & le plus riche trafic qui s'y faffe. Elle a fept portes, d'affez beaux bâtimens, deux couvens, l'un de franciscains, l'autre de religieufes de fainte Claire. La grande églife eft renommée à caufe des corps faints qui y repofent, & dont elle porte le nom. Il y a un chapitre de chanoines, qu'on dit être d'une grande piété & d'un profond favoir. La terre de ce territoire eft fertile en excellens fruits de toutes fortes; & on voit les collines voifines toutes couvertes de vignes & de vergers, qui font un aspect fort agréable, & rapportent beaucoup de profit à leurs maîtres. Les habitans font braves & courageux, comme le sont tous ceux qui habitent ces montagnes. Ils ont divers priviléges, entr'autres celui-ci, que, ni le roi, ni aucun feigneur ne peut les vendre, ni les engager pour quelque caufe & fous quelque prétexte que ce foit. Leur ville eft fi ancienne, qu'on n'en fait ni l'origine ni le tems de fa fondation. Ils prétendent que c'est le patriarche Noé qui l'a bâtie; paffe encore pour quelqu'un de fes petits neveux : que ce foit quelqu'un de fa poftérité, la chofe eft incontestable.* Délices d'Espagne, p. 111.

1. SAN ANGELO, petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Pouille, & au mont Gargan. On l'appelle communément le Mont Saint-Ange.

2. SAN ANGELO, bourg d'Italie, au duché de Milan, dans le Lodesan, à fix milles de Lodi, en paffant vers Paule, dont il eft à vingt milles. Le pays d'alentour eft trèsfertile.

3. SAN ANGELO, château d'Italie, dans l'Etat de l'Eglife, & dans la Marche d'Ancone, au pied du mont Apennin, près de Cingoli, & fur une montagne. C'eft la patrie de S. Nicolas de Tolentin.

4. SAN ANGELO DE LOMBARDI, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Principauté ultérieure, fur une colline au pied de l'Apennin. Elle eft fort petite, & a un évêché fuffragant de l'archevêché de Conza, auquel eft uni à perpétuité celui de Bifaccia, depuis l'année 1540. Elle eft peu peuplée, & distance d'environ fept milles de Conza, & de vingt de Bénévent.

5. SAN ANGELO IN VADO, ville d'Italie, dans l'Etat de l'Eglife, au duché d'Urbin, fur le Metro, au pied du mont Apennin, dans le petit pays de Maffa-Trabaria, vers les confins de l'état du grand duc de Toscane, avec un évêché fuffragant de l'archevêché d'Urbin, érigé le 18 février 1635, par le pape Urbain VIII, & uni à perpétuité avec celui d'Urbania, ville dont Sant Angelo in Vado n'eft éloignée que de cinq milles. Cette derniere eft à douze milles d'Urbin, & à même distance de Borgo Lan Sepolcro.

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SAN ANTIOCO, ifle de la mer Méditerranée, fur la côte de Sardaigne, dont elle eft une annexe, auffi-bien que l'ifle de San Pietro, au levant de laquelle elle est fituée. Son circuit eft d'environ douze lieues. C'eft l'Enofis de Pline.

1. SAN ANTONIO, port de mer d'Espagne, dans la Biscaye. On le nomme Sant Antonio Laredo. Cette ville a été bâtie par les Goths, & eft dans un lieu élevé, environné de rochers de toutes parts. Le port eft au pied de la ville. Il s'y fait un grand commerce de poiffon falé, qu'on envoye en divers lieux de l'Espagne.

2.

SAN ANTONIO, hermitage d'Espagne, près de Madrid, joignant le Buenretiro. C'est une agréable folitude qu'on peut regarder comme une maifon de plaifance, où le roi va quelquefois prendre le plaifir de la promenade. La maifon eft bâtie affez fimplement, & fort peu élevée; de forte qu'il n'y a rien de fort extraordinaire, ni dans le deffein, ni dans l'architecture, auffi eft-ce un lieu de retraite, pour lequel les ornemens fuperbes n'ont pas été faits, mais elle eft dans une fort belle expofition au milieu d'une grande plaine toute découverte. Pour y aller, on paffe fur une maniere de pont,un canal découpé en façon de feuillage, qui fait le tour de la maison. On traverse une belle esplanade, & on trouve un nouveau canal qui lave les murs de l'édifice, & lui fert de foffés. On le paffe fur un beau pont fort large, de trois ou quatre arcades: du refte on n'y voit ni jardin ni fontaine ; il ne s'y trouve que peu d'arbres aflez éloignés de la maison.

SAN ARPINO, bourg d'Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Labour, entre Naples & Capoue, près d'Averfa; c'étoit autrefois une ville épiscopale, dont le fiége a été transféré à Averfa. * Wheler, Voyage, t. 2, lib. 3.

port

SAN BASILIO, port de Gréce, dans l'ancienne Bootie, à demi-lieue de la baye de Liva-Doftro. Le promontoire Olmea s'étend delà oueft-fud-oueft, avec quatre islets, qui en font peu éloignés, appellés Calanifia, ou les belles ifles. Il y a dans une de ces ifles une petite église & un puits, que ceux du pays difent être rempli de ferpens, qui font fans venin, & qui ne font point de mal. Le port de San Bafilio appartenoit vraisemblablement à l'ancienne ville de Tipha, & il étoit renommé pour avoir les meilleurs pilotes de toute la Bootie. Les rochers de ce pays font couverts de pins. Le bourg de San Bafilio, d'où ce doit avoir tiré fon nom, en eft environ à une lieue. Il a été ruiné par les corfaires le fiécle paffé. Outre les mafures modernes, on y voit encore quelques reftes des ruines anciennes, favoir une vieille églife, avec un dôme porté fur des colonnes corinthiennes d'un marbre blanc admirable, & d'un ouvrage excellent. Il y a un puits d'eau claire tout proche, fort profond, & rempli jusqu'au haut. Audeffus de ce puits eft le bourg de San Bafilio, fur un petit côteau, qui eft plus élevé que le reste, & plein de ruines. Entre le bourg & la montagne oppofée au nord, on voit couler dans un enfoncement profond une riviere confidérable. Elle fait une belle cascade à la vûe du bourg, qui pourroit bien être l'ancienne Tipha. Ces belles colonnes de l'églife ruinée dont on a parlé, pouvoient avoir fervi au temple d'Hercule de cette ancienne ville.

SAN BENITO, riviere d'Afrique, au royaume de Benin, au midi de l'ifle de Camarones, felon de la Croix, Relation d'Afrique, t. 3.

SAN BIAGIO, bourgade d'Italie , au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, près du golfe de SainteEuphémie, & des confins de la Calabre citérieure. Les géographes y cherchent l'ancienne ad Turres.

SAN BORONDON, ifle qu'on dit être à cent lieues ou environ des Canaries. On ne convient pas fort de fon existence. Linschot, c. 96, dit que le hazard y a fait aborder quelques vaiffeaux, & que ceux qui l'ont vue, outre les merveilles qu'ils publient de fa beauté, & de fa fertilité, difent quelle eft habitée par des chrétiens, fans qu'on nous dife quelle langue ils parlent, ni comment cette ifle s'eft peuplée. Il ajoute que les Espagnols des Canaries fe font fouvent mis en mer pour la chercher, mais fans avoir pû la découvrir. Les uns prétendent qu'elle eft continuellement couverte de nuages, qui empêchent qu'on ne la trouve quand on la cherche, & que le courant de l'eau en cet endroit eft fifort, qu'il éloigne les vaifleaux, ausquels il fait prendre une autre route. D'autres veulent qu'il y ait

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quelque chofe de miraculeux, en ce que le hazard la fait fouvent rencontrer à ceux qui ne fongent point à la chercher, au lieu qu'elle femble disparoître pour ceux qui vou droient y aborder. De l'Ile la traite de fabuleuse.

1. SAN CANTIANO, village d'Italie, dans l'état de Venife, au Frioul, fur le golfe de Triefte, près de l'embouchure du Lifonzo. Voyez au mot AD l'article AD AQUAS GRADATAS.

2. SAN CANTIANO, village d'Italie, en Toscane, dans le Florentin, aux confins de l'Orviétan, à deux ou trois lieues d'Aquapendente. On y voit des bains, que l'on croit être les Clufini fontes des anciens, ou Ad Cafas Cafa

rianas.

SAN CATALDO, bourg d'Italie, au royaume de Naples, dans la terre d'Otrante, entre la ville de Brindes & celle d'Otrante. Cluvier croit que c'eft l'ancienne Lupia.

1. SAN CHRISTOVAL, château d'Espagne, auprès de Badajoz, de l'autre côté de la riviere.

2 SAN CHRISTOVAL. Voyez au mot SAINT l'article SAINT CHRISTOPHLE, no. 1.

3. SAN CHRISTOVAL, ifle de la mer du Sud, l'une des ifles de Salomon, au midi de la pointe orientale de l'ifle Ifabelle, qui eft la plus grande de toutes.

4. SAN CHRISTOVAL DE LA NUEVA ECIJA, bourgade & colonie des Espagnols, en Amérique, dans la nouvelle Andaloufie. Il y a un peu plus d'un fiècle qu'elle eft bâtie.

5. SAN CHRISTOVAL DE LA HAVANA. Voyez HAVANA, n°. 2.

6. SAN CHRISTOVAL DE LA LAGUNA. Voyez LAGUNE.

7. SAN CHRISTOVAL DE LOS LANOS. C'est ainfi que l'on a autrefois appellé la ville de Chiapa, dans la nouvelle Espagne. Voyez CHIAPA.

SAN CIRIACO, cap d'Italie, dans la Marche d'Ancone, près de la ville de même nom, qui en eft fort proche.

1. SAN CLEMENTE, ville d'Espagne, dans la Manche. Elle est remarquable par fa fidélité envers le roi Philippe V. Dans le tems que le parti de l'archiduc avoit envahi les royaumes d'Aragon & de Valence, cette ville fut le quartier général de l'artillerie, des prifonniers de guerre, & l'hôpital des bleffés. Elle fournit des vivres, & tous les fecours poffibles, avec tout le zéle imaginable. Auffi ce monarque voulant la récompenfer, lui donna fur la fin de 1707 le titre de très-noble, de très-royale & de trèsfidéle; lui accorda un marché franc à perpétuité tous les jeudis, & une foire franche de trois jours, favoir le 14, le IS & le 16 de feptembre. Il confirma l'ancien privilége accordé à la même ville par les rois fes prédéceffeurs, de ne pouvoir jamais être aliénée du domaine. Corn. Dict. Mém. du tems.

2. SAN CLEMENTE, montagne de l'Amérique méri dionale, au Chili, dans les Andes, aux confins de la Terre Magellanique. C'est un volcan.

SAN CLODIO, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, de la congrégation de Caftille, en Espagne, dans la Galice, au diocèle d'Orenfe.

SAN DAMIANO, petite ville d'Italie, dans le Montferrat, à trois lieues d'Albe, & à un peu moins d'Afti. Elle étoit autrefois fi forte, qu'en 1553, le maréchal de Briffac, qui commandoit l'armée françoife au-delà des monts, la défendit trois mois contre l'armée de Charles V, conduite par Ferdinand de Gonzague, qu'il força de lever le fiége; mais elle fut démantelée, & on en rafa les fortifications en 1617.

SAN DIMAS, ifle de la mer du Sud, l'une des ifles de Salomon.

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du faint abbé Dominique, que l'on y révére. La mere de faint Dominique, inftituteur des dominicains, y fit fes dévotions, pour obtenir ce fruit de fon mariage, & nomma Dominique l'enfant qu'elle obtint de Dieu, du nom du faint abbé, qu'elle avoit pris pour fon interceffeur.

SAN DOMIÑO, petite ifle du golfe de Venise, au royaume de Naples, fur la côte de la Pouille, & de la province de la Capitanate. C'eft une des ifles de Tremiti, & la plus occidentale des trois. Elle eft fort escarpée, & située au nord de l'embouchure du Fortore.

I SAN DONATO, ancienne ville épiscopale de l'Epire. Baudrand dit que l'ancien nom étoit Euria ou Evoria.

2. SAN DONATO, bourgade d'Italic, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, près d'Alto Monte. On croit que c'eft l'ancienne Ninaa d'Oenotrie.

SAN ELPIDIO, petite ville de l'Etat de l'Eglife, en Italie, dans la Marche d'Ancone, fur une montagne, entre les rivieres de Chiento & de Jenna, à cinq milles de la côte du golfe de Venife à l'occident, & à pareille distance de Fermo, en allant vers Recanati & Lorete.

SAN ERINI, ifle de l'Archipel : ce nom ne veut dire que Sainte Irène; cependant nos voyageurs ont rendu ce mot masculin, & en ont fait Samorin ou même Santurin. Quoi qu'il en foit, les anciens ont connu cette ifle fous le nom de THERA. Voyez ce mot. Ceux qui la nommerent autrefois Callifte, c'est-à-dire, très-belle, ne la reconnoîtroient pas aujourd'hui. Ce n'eft qu'une carriere de pierre ponce. Les côtes de l'ifle font fi affreuses, qu'on ne fait de quel côté les aborder. Peut-être que ce font les tremblemens de terre qui les ont rendues inacceffibles. Nous avons marqué au mot THERA fon ancien état, & les changemens rapportés par les anciens auteurs. Il faut poursuivre ici, & arriver au moderne. * Tournefort, voyage du Levant, lett. 6, t. I, p. 100.

Lorsque Conftantinople fut prife par les François, & par les Venitiens, l'ifle de San Erini fut jointe au duché de Naxie. Jean Crispe, qui en fut le douziéme duc, la céda au prince Nicolas fon frere, que l'on appella le feigneur de Santorin. Elle fut réunie au duché après la mort de Guillaume Crispe, quinziéme duc, lequel, par fon teftament, nomma pour fon fucceffeur le feigneur de Santorin fon neveu. Elle fut enfuite engagée au feigneur de Nio par Jacques Crispe, dix-feptiéme duc de l'Archipel, qui fuc obligé d'emprunter des fommes exceffives pour foutenir la guerre contre Mahomet II, dans cette fameufe ligue, où il étoit avec les Venitiens & le roi de Perfe. Enfin Santerini fe rendit à Barberouffe fous Soliman II.

Il n'eft guère poffible de favoir en quel tems, l'ifle de Thera prit le nom de San Erini, o Nnoì rùs dλías ́Eipnvns, Infula fancta Irenes. Mais il y a beaucoup d'apparence que ce nom est venu de fainte Irène, patrone de l'ifle. Cette fainte étoit de Theffalonique, & y fut martyrifée le premier avril 304, fous le neuviéme confulat de Dioclétien, & le huitiéme de Maximien Hercule. L'églife latine en célébre la fête le même jour à Sant Erini, où il y a encore neuf ou dix chapelles fous l'invocation de fainte Irène.

On débarque au port de San-Nicolo, au-deffous d'Aponoméria, qui eft fur la corne gauche en entrant dans le port: la côte qu'on monte pour arriver à la ville, est escarpée. Les autres villes de l'ifle font SCARO OU CASTRO, Karpov To Exάpy; PYRGOS; Пupyos TO Emporio, ou NEBRIO, propior; ACTOTIRI, axporps, fituée fur la corne droite du port, oppofée à celle d'Apanoméria.Ce port eft en croiffant; mais quelque beau qu'il paroiffe, les vaisfeaux ne fauroient s'y mettre à l'ancre, & on n'a jamais pû en trouver le fond par la fonde. Il y a deux entrées, l'une au fud-oueft, l'autre à l'eft-nord-ouest, à l'abri de la petite ifle de Thirafia, féparée de San Erini par le port de San Nicolo, petit détroit où fe tiennent les barques. Vis-à-vis l'autre entrée du pórt, il y a trois écueils moindre que Thirafia. L'ifle Blanche, A'opovno, eft hors du port. La petite Isle μimpornoi voi mopy Kauμivn eft la plus avancée dans le port, & l'ifle brûlée, Kauμivn, eft fituée au milieu des deux autres. Cette derniere reçut un accroiffement confidérable en 1427, le 25 novembre, comme le marquent quelques vers latins gravés à Scaro, fur un marbre, au pied de l'églife des jéfuites, & rapportés dans la relation de San Erini par le P. Richard.

SAN DIMITRI, bourg d'Afie, dans la Natolie, au pays de Sarcum, fur la côte de l'Archipel & du golfe de Landrimiti. Voyez ANTANDROS, no. 2.

1. SAN DOMINGO, ville de l'Amérique. Voyez au mot SAINT l'article SAINT DOMINGUE.

2 SAN DOMINGO DE LA CALCADE, ville d'Espagne, dans la vieille Castille, au pays de Rioxa. Voyez CALZADA.

3. SAN DOMINGO DE SILOS, bourg d'Espagne, dans la vieille Castille, à huit lieues de Burgos. Il y a une ancienne abbaye de l'ordre de faint Benoît, ainfi nomméc

On prétend que ces ifles font toutes forties du fond de la

mer. Il n'eft pas furprenant après cela que le port de SanErini n'ait point de fond. Le creux d'où cette ifle fortit dût être en même-tems occupé par un pareil volume d'eau. Quelles fecoulles n'excita pas dans les environs ce goufre qui fe remplit tout d'un coup? Apparemment que ce ne fur que long-tems après fon apparition que l'ifle fut nomniée très-belle; car en fortant des eaux, ce ne pouvoit être qu'une maffe de pierre couverte de limon. Ne fallut-il pas plufieurs années pour former de ces matieres une terre propre à produire ?

THERASIA, dit Pline, 1. 4, c. 12, en fut détachée dans la fuite. La reffemblance des noms fait que l'on prend ordinairement THIRASIA, méchant écueil féparé de SanErini, comme il a été dit, par le port de San-Nicolo, pour la nouvelle ifle de Pline. Pour moi je foupçonne que les anciens ont appellé Therafia, l'ifle aujourd'hui nommée l'ifle Blanche, & qu'ils ont donné le nom de Hiera à Thirefia. Si ma conjecture eft fauffe, continue de Tournefort, tous les auteurs qui ont parlé de ce qui s'eft pallé entre Thera & Therafia, fe font trompés, excepté Strabon, qui feul a appellé Therafia lifle Chriftiana; autrement cet auteur fe feroit mal expliqué, lorsqu'il a dit que Thera eft dans le voisinage d'Anaphé & de Therafia, puisqu'Anaphé en eft éloignée de dix-huit milles.

Ptolomée, 1.3, c. 15, a placé une ville fur Therafia; certainement, ce n'eft pas fur la Therafia d'aujourd'hui, où il n'y a pas affez d'étendue pour y bâtir un château. Cette obfervation peut juftifier Sénéque, qui rapporte, Quaft. nat. 1. 6, c. 21, à fon tems l'apparition de l'ifle Theratie, lui qui n'a vécu qu'après Strabon. Cela marque auffi que Pline n'a pas été contemporain de Strabon, ni par conféquent de Dioscoride,puisqu'outre qu'il parle de Therafia, commed'un morceau tout nouveau détaché de l'ifle de Thera, il avance aufli que l'écueil Automnate ou Hiera, fe manifesta quelque tems après entre Thera & Therafia, l. 2, c. 77. Comment expliquer cet endroit de Pline, fi l'on prend l'écucil Thirefia pour la Therafia de cet auteur? puisqu'il eft certain qu'entre Sant-Erini & Thirefia, il n'y a que le port de San-Nicolo, où il n'y auroit pas de place pour un rocher un peu confidérable. De nos jours, continue Pline, on a vû fortir de la mer un autre écueil appellé THIA, tout auprès d'Hiera. Eft-ce trop hafarder que de propofer que ces deux écueils font Thirelia & Cammeni, fuppofé qu'Aspronifi foit la véritable Therafia des anciens ?

On ne fauroit comprendre autrement la fituation de tous ces écueils: Justin, I. 30, c. 4, rapporte qu'il y eut un fi grand tremblement de terre entre les ifles de Thera & de Therafia, que l'on y vit naître avec admiration une ifle nouvelle parmi les eaux chaudes. Le pere Hardouin a trèsbien corrigé le texte de Pline, fur l'origine de Thera, l. 60. Dion Caffius parle fimplement de l'apparition d'une petite ifle qui fe montra auprès de Thera, fous l'empire de Claude. Aurelius Victor, in Claud. dit qu'elle étoit confi

dérable, & George le Syncelle, qui la rapporte à la qua

rante-fixiéme année de Jefus-Chrift, la place entre Thera & Therafia; enfin, Ptolomée place une ville fur Therafia. Cédrene, Compend. Hift. ann. Chrif. 713, affure qu'en la dixième année de Leon l'Ifaurien, il parut pendant quelques jours une obscurité fi confidérable entre les ifles de Thera & Therafia, qu'elle fembloit s'élever d'une fournaise ardente. Cette matiere obscure s'épaiffit, dit-il, & fe durcit au milieu des flammes, après quoi elle s'attacha à l'ifle Hiera, & en augmenta le volume: cependant il fortit une fi grande quantité de pierres ponces de cet endroit, que les côtes de Macédoine, & l'Afie mineure en furent couvertes jusqu'aux Dardanelles. Cédrene n'a fait que copier Théophane & Nicéphore; le premier rapporte ce fait à l'année 712, & l'autre à l'année 726.* In notis ad Emendat.ad lib. 2, Hift. nat. Plin.

Les gens du pays, quoique fort ignorans, ne manquent pas d'avertir les étrangers que les tremblemens de terre ont caufé tous les petits écueils que l'on voit autour de leur ifle. Nous apprenons du pere Richard l'année de l'apparition de la petite ifle brûlée. Il y a, dit-il, un bon nombre de vieillards en cette ifle, qui difent avoir vû fe former par le feu une ifle voifine de la nôtre au milieu de la mer, en l'année 1573, & pour cela elle s'appelle Micri Cammeni, c'est-à-dire, la petite ifle brûlée. A propos de ce feu, Strabon affure que l'on vit bouillir la mer pendant quatre jours, entre Thera & Therafia: que les flammes en fortoient,

& qu'une ifle de cinq cents pas de circuit parut, comme fi elle eut été tirée hors de l'eau par des machines.* Relat. de S. Erini.

il

Thevenot, Relat. chap. 68, eft affez d'accord avec Théophane, Nicéphore & Cédrene : il dit qu'on vit fortir, y a cinquante trois ans, une quantité "prodigieufe de pierre ponces du port de Santorin, qu'elles monterent du fond de la mer avec tant de bruit & d'impétuofité, qu'on eut dit que c'étoit autant de coups de canon. On crut à plus de deux cents milles delà, que l'armée vénitienne combattoit contre celle des Turcs: ces pierres ponces fe répandirent fi fort fur les côtes de la mer du Levant, que les habitans des ifles ne doutent pas que celles qui font fur leurs fables, ne foient venues de San-Erini.

Rien n'eft plus fec & plus ftérile que le terroir de SanErini; néanmoins, fes habitans par leur travail & leur induftrie, ont fait un verger de la plus ingrate terre du monde; & quelque défagréables que foient fes côtes, Santorin eft un bijou en comparaifon des ifles voifines; au lieu que l'on ne voit dans Nanfio, qui n'en eft qu'à dix-huit milles, que des chardons & des épines, fur une terre excellente de fa nature. On recueille peu de froment à Santorin, beaucoup d'orge, beaucoup de coton, & du vin en grande abondance. Ce vin a la couleur de celui du Rhin, mais il eft violent & plein d'esprits; on le porte par tout l'Archipel & jusqu'à Conftantinople; cette liqueur & les toiles de coton, font le principal commerce de l'ifle : les femmes y cultivent la vigne, tandis que les hommes vont vendre leurs vins. Les plus belles vignes font dans une plaine au-delà de Pyrgos, au pied de la montagne de Saint-Etienne ; on les y cultive à peu près, comme en Provence, c'est-àdire, que les feps en font relevés en maniere de réchaut. Le coton y eft taillé de même, & vient, en arbriffeau comme nos grofelliers, parce qu'on ne l'arrache pas tous les. ans, comme dans les autres ifles: c'est pourtant la même espéce, que Jean Bauhin a nommée coton herbe, & qu'il a diftinguée du coton arbrisseau.

Les fruits font rares en cette ifle, excepté les figues: on y apporte l'huile de Candie, & le bois de Raclia : ce ne font que broffailles de lentisques & de kermes. Auffi la rareté du bois eft caufe que l'on ne mange guères de pain frais dans Santorin ordinairement on n'y fait du pain d'orge que trois ou quatre fois l'an: c'eft un méchant biscuit fort noir. On n'y tue des bœufs qu'une fois l'année; après les avoir dépecés, coupés, defolfés, on en trempe la chair dans du vinaigre, où l'on a fait fondre du fel: cette chair expofée au foleil pendant fept ou huit mois, s'y durcit comme du bois; quelques-uns la mangent toute feche comme on fait le poiffon fec en Hollande. Les autres la font bouillir.

On compte dans Santorin jusqu'à dix mille ames: outre les villes marquées ci-deffus, il y a cinq villages affez peu- · plés, Carterado, Mafferia, Votona, Gonia & Megalo Chorio. Tous les habitans de cette ille font Grecs. On n'y entend parler des Turcs que pour la capitation & la taille réelle. En 1700, on paya quatre mille écus pour le premier de ces droits, & fix mille pour le fecond. Il n'y a qu'un tiers des habitans qui foient du rit latin; la nobleffe eft à Scaro, petite ville bâtie au fond du port, fur un rocher presqu'ifolé, & tout hériffé de pointes. Le conful de France y réfide, de même que les PP. jéfuites, qui font affez bien logés: Sophiano, évêque de Santorin, les y établit en 1642, & leur donna la place de la chapelle ducale, pour y bâtir leur églife; le fupérieur de la maifon diftribue des remedes avec fuccès & avec beaucoup de charité. Les deux évêques de l'ifle, dont l'un eft Grec & l'autre Latin, faifoient leur réfidence à Scaro, lorsque nous y arrivâmes il y a dans la même ville un curé & cinq on fix chanoines de notre rit. Les religieufes Grecques, de l'ordre de faint Bafile, y font au nombre de vingt cinq. Les Latines ne font que quinze; & fuivent la regle de faint Dominique. Ces religieufes font les plus belles toiles de coton du pays: on eftime fur-tout celles qui font croifées; on les transporte en Candie, en Morée & par tout l'Archipel. *Relat. de San Erini.

Le cadi de Santorin eft quelquefois ambulant; lorsqu'il réfide dans l'ifle, c'eft ordinairement à Pyrgos, la plus jolie ville du pays, bâtie fur une tertre, d'où l'on découvre les deux mers, & les plus beaux vignobles: ce lieu feroit très-agréable s'il y avoit de l'eau ; mais il ne coule dans

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