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Toute l'ifle, fur la montagne de Saint Etienne, qu'une mechante for saine, qui put à peine nous désalterer : il est vrai qu'on y trouve des citernes par-tout, creusées dans la pierreponce, & bien endintes de cintent. La plupart des mai1ons font des cavernes creusées dans la pierre, semblables aux-tanieres des tellons, ou à ces fortes de fourneaux de chymic, qu'on appelle des athanors: on les voute avec des pierres fort légeres, rougeâtres, qui ne paroissent que demi pierre ponce. La côte du port est la plus affreuse de toutes; on n'y voir pas un seul brim d'herbe, & les roches en font de couleur de machefer.

1. SAN ESTEVAN DE GORMAS, ville d'Espagne, dans la vreille Castille, où elle est capitale d'un peut comté de même nom, qui appartient aux ducs d'Escalona; elle est sur une hauteur, au bord du Duero, en remontant vers la source, au-dessus d'Aranda, & au dessous d'Osma.

2. SAN ESTEVAN DE LITERA, petite place d'Espagne, en Aragon, au petit pays de Ribagorça, à son extrémité méridionale, entre Monçon & les frontieres de Catalegne.

3. SAN ESTEVAN DE PUERTO, petite ville d'Espagne, dans l'Andalousie, à quatre lieues d'Ubeda. C'est, dit-on, l'llugo des anciens.

SAN FANGON, ville d'Espagne, au royaume de Léon, selon Maty & Corneille, en latin fancti Facundi FANOM. Le nom eft SAHAGUN. Voyez cet article.

SAN FELICE, bourg d'Italie, dans l'Etat de l'Eglife, & dans la Campagne de Rome, à dix milles de Terracine, & à treize de Ponza, au pied du mont Circello, près des marais pontins. Ce lieu s'est formé des débris de l'ancienne CIRCET.

SAN FELIPE DE AUSTRIA, ville de l'Amérique méridionale, dans la rouvelle Andaloufie. Elle est moderne, & c'est une colonie d'Espagnols.

SAN FELIU DE QUIXOLO, petite ville d'Espagne, en Catalogne, sur la côte de la Méditerranée, où elle a un port entre Palamos & Tofa, à sept lieues de Girone, vers le midi; elle a un château affez commode. Le fort S. Elme est situé sur une montagne au-dessus de cette ville.

SAN FERIU DE LOBREGAT, bourg d'Espagne en Catalogne, dans la viguerie de Barcelone.

SAN FILADELFO, bourg de Sicile, dans la vallée de Demona, environ à deux lieues de Rosmarino. Les François disent SAINT PHILADELPHE. Voyez HALUN

TIUM.

SAN FILIPPO D'ARGIRONNE, ville de Sicile, dans la vallée de Demona, sur une haute montagne, près de la riviere de la Jaretta. Elle est assez petite, & située à douze milles d'Enna. Voyez AGURIUM & AGYRIUM, qui est l'an*cien nom.

1. SAN FIORENZO, petite ville de l'isle de Corse, dans sa partie septentrionale, près d'un golfe de même nom, avec un bon port. Cette place avoit été munie par les Génois depuis la ruine de Nebbio, ville qui n'en étoit qu'à quatre milles. Les François, dit Corneille, l'avoient autrefois fortifiée, mais les Génois en ont démoli les meilleurs ouvrages. Elle est mal peuplée à cause de son mauvais air, & cependant c'est là que réside l'évêque de Nebbio. Elle est à fix milles de la Bastie, au couchant, & à dix-huit milles du cap de Corfe.

2. SAN FIORENZO, riviere de l'isle de Corse. Elle se décharge dans le fond du golfe de Nebbio. On la prend pour le Volerius Fluvius de Ptolomée.

1. SAN FRANCISCO, isle de la mer du sud, vers la terre australe; c'est une des isles de Salomon, découverte par les Espagnols.

les Lombards, & dont le siége archiepiscopal a été transféré à Sallari. L'église subsiste encore.

SAN GEMINIANO, bourg d'Italie en Toscane, dans le Florentin, au nord oriental de Volterre, & au couchant de Sienne. Il est situé sur une montagne où il y a une mine de vitriol. Il est dans un pays de vignoble qui produit de bon muscat, & fut bâti par Didier, roi des Lombards, comme on le voit écrit en caractères lombards sur une table d'albâtre qui est à Viterbe. On y voit de belles églises & de beaux palais. Corneille en fait une ville sur l'autorité de E. D. R. en son nouveau voyage d'Italie au second tome.

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1. SAN GERMAN, petite ville de l'Amérique, dans l'isfle du Porto Ricco, sur un cap qui porte le même nom, & qui joint la côte occidentale avec celle du feptentrion.

2. SAN GERMAN, isle de la mer du sud, entre celles de Salomon.

1. SAN GERMANO, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la province de Labour, au pied du mont Caffin, en allant vers Aquino, & à cinq milles de Gariglan. L'abbé du mont Caffin en est seigneur spirituel & temporel, ainsi que d'une vingtaine de villages qui entourent son abbaye.

2. SAN GERMANO, petite riviere du royaume de Naples, dans la province de Labour. Elle a sa source auprès de Val Rotondo, passe entre le mont Caffin & San Germano, & va tomber delà dans le Gariglan, en coulant vers le midi.

3. SAN GERMANO, ville d'Italie, en Piémont, dans le Verceillois, à douze milles de Verceil, en paflantà Turin. Elle a été autrefois bien fortifiée, mais depuis ce tems-là on en a ruiné les fortifications.

SAN GIACOMO, bourgade de Suisse, au pays des Gri fons, dans le comté de Chiavenne, à une lieue & demio de Chiavenne. Quelques-uns la prennent pour la TARVESEDE de Rhetie.

SAN GIAM, forteresse d'Espagne, en Portugal, à l'em. bouchure du Tage, trois lieues au-dessous de Lifbonne, au couchant, en allant vers le cap de la roche, dont elle n'est pas plus éloignée. Ce mot veut dire en françois Saint-Julien.

1. SAN GIORGIO, village d'Italie, dans la Calabre ultérieure, à trois lieues d'Oppido, vers le nord. C'étoit, diton, la Morgetia ou Morgentia des Brutiens.

2. SAN GIORGIO, village de la Morée, au duché de Clarance, fur la riviere de Pyro, environ à trois lieues de Chaminitza; on y cherche l'ancienne PHARE.

1. SAN GIOVANNI, village d'Italie, au pays des anciens Carni, au Frioul, à deux lieues d'Aquilée.

2. SAN GIOVANNI IN FORFIAMMA, bourgade d'Italie. C'étoit anciennement une ville épiscopale dans l'ombrie. Les Lombards la ruinerent en 740. L'ancien nom étoit Forum Flaminii; ce n'est plus qu'un village dans le duché de Spolete, à une lieue de Foligno, vers No

cera.

3. SAN GIOVANNI ROTONDO, lieu d'Italie, au royaume de Naples, dans la Capitanate. Il est remarquable par une assemblée qui s'y tient. Les peuples voisins s'y rendent en une belle plaine le jour de fainte Honofrie: &, considérant la bonne ou petite moillon, ils mettent, du confentement de tous, un certain prix au bled, & il n'est pas permis de le passer de toute l'année. * Davity, t. 3, p. 540.

SAN GIULIANO, montagne fort haute, au milieu de l'isle d'Ischia, dans la mer de Toscane, entre le golfe de Naples, & celui de Gaete.

1. SAN IAGO, riviere de l'Amérique, dans le Pérou,

2. SAN FRANCISCO, riviere de l'Amérique, au Bre-environ à 2d nord de la ligne équinoxiale. Elle est large & fil. Voyez SAINT FRANCOIS, No 6.

3. SAN FRANCISCO DE CAMPECHE, petite ville de l'Amérique feptentrionale, au pays d'lucatan, avec un port sur la mer du nord. Elle a été bâtie par les Espagnols, au quartier de Campêche, & est à trente-trois lieues de Merida. Elle fut faccagée par les Anglois en 1596.

4. SAN FRANCISCO. Les Espagnols ont autli donné ce nom à la ville de Quito, au Pérou. Voyez Qurro.

SAN GAVINO, forteresse de l'ifle de Sardaigne, à l'embouchure de la riviere de Torres, dans le golfe de PortoTorre. C'est le reste de Turris Libissonis, ville ruinée par

navigable durant quelques lieues en montant, & à sept lieues de la mer: elle se partage en deux branches fort profondes qui font quatre grandes ifles: l'embouchure de la plus droite est si peu profonde, que les petits canots même n'y peuvent monter quand la mer est basle. Au-dessus des isles, cette riviere a une licue de large, & les courans y sont affez droits & fort rapides. On croit qu'elle fort de quelques-unes des riches montagnes voifines de la ville de Quito. Le terroir qu'elle traverse est très-bon, sur-tout à dix ou douze licues de la mer. La terre, tant de l'un que de l'autre côté de la riviere, est noire, profonde, & produit des arbres d'une groffeur extraordinaire. Il s'y trouve beaucoup de cotonniers, & d'arbres à chou. Les cotonniers y font de deux fortes, les uns blancs & les autres rouges. Les premiers viennent comme le chêne, & font plus grands & plus gros. Le corps est droit & fans nœuds jusqu'à la tête où il jette plusieurs groffes branches. L'écorce eit unie & grife. Ses feuilles épaitses & larges comme celles du prunier, font denzelées par les bords, ovales, unies & d'un verd enfoncé. Quelques-uns de ces arbres sont plus gros au milieu qu'aux deux bouts. Ils portent du coton fort fin appellé du coton de sole. Ce coton tombe vers le mois de novembre ou décembre, & alors la terre est toute couverte de blanc. Il ressemble au duvet des chardons, n'est nilong, ni fort, comme celui qui croît sur les petits cotonniers dans les plantations. Le cotonnier rouge est semblable à l'autre, quoiqu'il ne foit pas tout-à-fait fi gros. Il ne porte point de fruits; mais son bois est un peu plus dur. Ces arbres, qui font tout deux doux & spongieux, ne sont propres qu'à taire des canots, à cause qu'ils font hauts & droits; mais les canots de ces bois pourrillent bien-tôt, à moins qu'on ne les tire sur le fec, & qu'on les ne goudronne souvent. Comme le cotonnier est le plus gros arbre des Indes occidentales, l'arbre à chou en est le plus haut. Il est fort droit, & il y en a qui ont plus de cent vingt pieds de long. Le tronc n'en est pas fort gros, & il n'a des branches qu'à la tête. Ces branches sont plattes & pointues, & longues de douze à quatorze pieds. A deux pieds du tronc, elles pouffent de peutes feuilles longues & larges d'environ un pouce, qui croiffent des deux côtés avec tant de régularité, qu'il semble que le tout ne foit qu'une grande feuille fare de plusieurs petites. Le fruit poulle au milieu de ces branches depuis le sommer de l'arbre. Ce fruit est enveloppé dans plusieurs jeunes feuilles ou branches qui s'étendent à mesure que les vieilles tombent. Quand on le tire de ces feuilles, il est de la grosseur du bas de la jambe, & d'un pied de long. il a la blancheur du lait, & est doux comme une noix, s'il est mangé crud. Il est délicieux & fort sain quand il est cuit. Outre ce fruit, il croît entre l'arbre & les grandes branches des petits tuyaux, comme ceux d'un arbrifleau à peu près de deux pieds de long. Au bout de ces petits tuyaux qui pouffent, près à près pend une petite graine, dure, ronde, & auffi grosse qu'une cerife. Ces graines font fort bonnes pour les cochons, ce qui a obligé les Espagnols à faire payer une amende à ceux qui coupent de ces arbres dans leurs bois. Ils paroissent fort agréables dans tous ceux où ils se trouvent, à cause de leurs branches vertes qui s'étendent beaucoup par dessus toutes les autres. On ne monte point dessus pour couper le fruit, que l'on fait tomber en le coupant. Si on le cueilloit, l'arbre mourroit aussi-tôt qu'il auroit perdu sa tête. Il n'y a point d'Indiens en ce pays, principalement du côté de la riviere de San lago, qui ne demeurent à fix lieues de la mer, & toute cette contrée est pleine de bois, tellement impraticables, que pour aborder leurs mines & leurs montagnes, il n'y a point d'autre chemin que de monter la riviere; mais ceux qui oseroient l'entreprendre, se trouveroient exposés aux fleches de ces barbares, qui se mettroient dans les bois en embuscade. Ils ont des petites huttes couvertes de feuilles de palmero, & des petites plantations de mahis, avec des bons jardins à plantain. Le plantain est leur principale nourriture. Ils ont aussi quelques volailles & quelques cochons.

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2. SAN IAGO, ville de l'Amérique méridionale, au gouvernement de Chili, dont elle est la capitale. Elle eft située à trente-quatre degrés de la ligne, vers le sud. Il y a, si l'on en croit Lopès Vas, huit cents maisons de bourgeois, une église cathédrale, quelques couvens de dominicains & de cordeliers, & un fiége judicial qui y fut transféré en 1574 de la ville de la Conception, où il avoit été établi l'an 1567. Le territoire de la ville est abondant en froment, en vin, & en autres fruits, riche en veines d'or, & fort peuplé des naturels du pays, répartis en vingt-fix tribus, qui fervent pour rien les Espagnols. Il y a tant de chevaux, qu'on en trouve plusieurs errans dans les bois sans maîtres. La riviere de Topocalma coupe la ville, & descend ensuite dans son port, appellé vulgairement Valparayso, le plus renommé & le meilleur de toute la côte. On y décharge toutes les marchandises qui viennent par mer de Lima, & des autres ports du Pérou. On y charge aussi tous les trésors qui s'amallent dans les provinces voifines. La ville de San lage est bâtie dans une vallée voi

fine de la province des peuples nommés Parmacanes ou Parumanoas, par laquelle on va aux bourgades de Gueler & de Tata, & plus avant à Quilacuta.

C'est ainsi qu'en parlent de Laet & Corneille, qui le suit. Fresier en donne une relation plus conforme à l'état préfent. La ville de San lago, dit-il, est située par les 33d 40' de latitude auftrale, au pied occidental de la Cordillera de Los Andès. Elle est dans une belle plaine de plus de vingt-cinq lieues de surface, fermée à l'est par la naissance de la Cordillera, à l'ouest par les montagnes de Prado & de Poanque, au nord par la riviere de Colina, & au fud par celle de Maypo. Elle fut fondée par Pierre de Valdivia, en 1541. Ce conquérant du Chili, ayant trouvé dans la vallée de Mapocho, un grand nombre d'habitations d'Indiens, jugea par là de la fertilité du terroir, & la situation du lieu lui ayant paru propre à y bâtir une ville, il en fit tracer le plan par Islots Carrés comme un jeu d'échets, de cent cinquante vares, ou soixante-quatre toises de côté, d'où est venue cette mesure de Quadra, dont on se sert dans le pays pour arpenter les terres labourées. Chaque quartier ou ifle de maison fut partagée en quatre parties, qu'on appelle Solar, pour donner aux particuliers de quoi se loger commodément. Effectivement, quoique par la succession des tems, cet espace ait été partagé en plusieurs parties, les habitans sont encore logés si atr large, qu'il n'y a presque pas une maison dans la ville, qui n'ait sa cour au-devant & un jardin derriere. * Relat. d'un voyage de la mer du fud, p. 171 & suiv.

Cette ville est arrosée du côté de l'est, par la petite riviere de MAPOCHO, que la fonte des neiges de la Cordillere grossit en été & les pluyes en hiver; néanmoins elle est presque toujours guéable. Comme elle est fort rapide, ses eaux font toujours un peu troubles; mais les habirans, qui n'en ont pas d'autres, ont soin de la faire filtrer par des pierres. Ils pourroient cependant, sans beaucoup de peine, en faire venir des fontaines voisines, qui ne font éloignées de la ville que d'environ une demi-lieue.

Pour empêcher que la riviere, en cas de débordement, n'y cause des inondations, on a fait une muraille & une digue, par le moyen de laquelle on ménage en tout tems des ruilleaux pour en arrofer les jardins, & rafraîchir quand on veut toutes les rues. Outre ces ruisseaux, on en tire de gros canaux pour faire moudre des moulins dispersés en différens endroits de la ville, pour la commodité de chaque quartier. Les rues font disposées suivant les quatre points cardinaux de l'horifon N. S. E. O. Elles font larges de cinq toises très-bien alignées, & proprement pavées. Celles qui courent d'orient en occident, prennent l'eau par les premiers canaux de la riviere, & celles qui croisent du nord au fud, par ceux qui coulent dans le milieu des isles des maisons, au travers des jardins & des rues, fous des petits ponts, d'où on la fait dégorger. Sans ce secours, les jardins ne pourroient rien produire faute de pluye, pendant huit mois de l'année, au lieu qu'on trouve par ce moyen dans la ville tous les agrémens de la campagne, pour les fruits & les légumes: le jour la fraîcheur de l'ombrage, & la nuit les douces odeurs des orangers & des floripondios, qui embaument les maisons.

Les tremblemens de terre, qui y font fréquens, ont fort endommagé la ville, principalement en 1647 & en 1657. Le premier fut si violent, qu'il la renversa presque toute entiere, & répandit dans l'air de si mauvaises vapeurs, que beaucoup de monde en mourut. Depuis ce teams, il est survenu quelque petit changement à son plan, par l'agrandissement des monastères, dont quelques-uns se font étendus au-delà des alignemens: néanmoins elle est encore fi bien percée, & distribuée pour les commodités publiques & particulieres, que si les maisons avoient plus d'élévation que le rez-dechauffée, & étoient de plus belle architecture, ce seroit une fort agréable ville.

A peu près dans le milieu est la place royale, faite par la suppression d'un quartier de quatre mille quatre-vingtseize toises de surface, outre la largeur de quatre rues; de forte qu'on y entre par huit endroits. Le côté de l'occident comprend l'église cathédrale & l'évêché, celui du nord le palais neuf du président, l'audience royale, le cabildo & la prison. Celui du sud est une suire de porches en arcades uniformes, pour la commodité des marchands, avec une galerie au-dessus pour le spectacle des combats de taureaux. Celui de l'est n'a rien de partculier. Au milieu de

5. SAN IAGO DE CACEM, bourgade de Portugal, dans l'Alentejo, près de la côte, à treize lieues de Beja. On soupçonne qu'elle occupe la place de la MEROBRIGA des anciens. Voyez ce mot no. 3.

la plaine est une fontaine ornée d'un ballin de bronze. Les maisons n'ont qu'un rez de-chaussée bâti de briques crues, excepté qu'elles font plus propres à San lago qu'ailleurs. Les églises sont plus riches de dorures; mais toute l'architecture en est d'un mauvais gout, si j'en excepte celle des jé6. SAN IAGO DE LOS CAVALLEROS, ville de fuites, qui eft une croix latine voutée sur un ordre dorique. l'Amérique, dans l'isle Espagnole, dans les terres, au midi Elles ont toutes au-devant une petite place pour la commo- de Puerto di Plata, qui lui fert de port au couchant sepdité des caleches & des processions: la plupart sont bâties tentrional, & à dix lieues de la Conception de la Vega, de briques, il y en a de pierre de grain & de maçonnerie sur le bord oriental de la riviere d'Yague, qui va se perdre de moilon, qu'on tire d'un petit rocher qui est au bout de la dans la mer, à Puerto Real, auprès de Monte Chrifto. Le ville à l'eft, appellé la montagne de Sainte-Lucie, du haut terroir des environs est aslez bon, & l'air est si sain & fi de laquelle on découvre toute la ville & ses environs, qui agréable, qu'elle est comptée entre les principales de la forment un paysage très-riant. Le gouverneur du royaume partie espagnole de l'isle. Les maisons y font mal bâties; de Chili, fait la résidence ordinaire à San Iago; autrefois mais les églises sont fort belles. Les habitans y font fort ceux qui aimoient les intérêts du roi, demeuroient à la pauvres. Conception ou fur la frontiere d'Arauco, pour pouffer les 7. SAN IAGO DE CHILI. Voyez ci-devant SAN conquêtes sur les Indiens. Ils font même obligés d'y aller IAGO. tous les trois ans. Aujourd'hui ils s'en dispensent, à cause qu'ils ont la paix avec les Indiens, & que la paye du Réal Situado a manqué. Le gouverneur est président & capitaine général, & préside à l'audience royale, composée de quatre oidors ou audienciers, de deux fiscaux, dont il y en a un chargé de la protection des Indiens & des affaires de la croisade, enfuite d'un alguazil mayor de Corte, & des chanceliers, secrétaires, rapporteurs, &c. Il n'y a point d'appel d'une sentence de revista ou revue de cette royale délibération, qui ne connoît que des choses de conféquence ou déja décidées en justice, si ce n'est au conseil royal des Indes.

Les affaires ordinaires se décident au cabildo, qui est compofé comme celui de la Conception de deux alcaldes, d'un alferès réal, d'un alguazil mayor, d'un dépositaire général, & de fix régidores, dont la moitié font encomendadores en charge, d'autres habitans, moradores, & d'autres qu'on appelle propriétaires, pour avoir acheté la varre, c'est à dire, leur dignité, dont la marque est de porter en public une baguette longue de fix à sept pieds. Quoique le président de l'audience royale établie à San lago, releve du vice-roi du Pérou, l'éloignement diminue beaucoup de sa dépendance; en forte qu'on peut le regarder au Chili, comme vice-roi lui-même, pendant sept années que dure son gouvernement.

L'état ecclésiastique, comme le gouvernement féculier, releve de Lima métropole du Chili. Le pouvoir de l'évêque de San lago est fort limité. Les loix du pays ne lui laiffent la disposition d'aucune cure. Il a seulement le droit de présenter trois sujets, parmi lesquels le président en choisit un au nom du roi, en quelque mois que ce soit; de forte que le pape n'a pas même son tour comme en Europ. 2. Les moines prétendent encore empiéter, fur les fonctions curiales que les jésuites croyent avoir droit d'exercer par-tout, sans parler d'une infinité d'autres priviléges qu'ils ont dans les Indes. Tout cela contribue à rendre les églises désertes. Il y a trois paroisses outre la cathédrale, faint Paul, fainte Anne & faint Ifidore. Ces églisés font les plus petites & les plus négligées. Celles des religieux font incomparablement plus propres. Il y a huit couvents d'hommes, trois de cordeliers, deux maisons de jésuites, un de la Mercy, un des freres de saint Jean de Dieu, & un de dominicains, qui font les seuls ordres établis dans le Chili. Il y en a cinq de religieuses, un de carmélites, un d'augustines, un de beates, confrairie de sœurs sous la regle de saint Augustin, & deux de l'ordre de fainte Claire. Toutes les communautés font nombreuses, & il y en a telle où l'on compte plus de deux cents personnes.

Le tribunal de l'inquisition du Chili y est aussi établi. Le commissaire général fait fa résidence à San lago, & fes officiers, comme familiers & commissaires, sont dispersés dans toutes les villes ou villages de sa dépendance. Il n'y a point d'université à San lago; mais les peres jésuites & les dominicains peuvent, en vertu d'un privilége des papes, donner les grades de licentié & de docteur, à ceux qui ont aflez étudié de théologie & de morale.

3. SAN IAGO DE ALHANIA, petite ville de l'Amérique, dans la terre-ferme, au gouvernement de Panama, près des rivieres de Cochea & de l'Arpa, vers la province de Guaymi, felon Baudrand. Il ajoute, on l'appelle autrement Chiriqui.

4. SAN IAGO DE ARMA, ville de l'Amérique au Popayan. Voyez ARMA.

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8. SAN IAGO DE COMPOSTELLLE. Voyez СомPOSTELLE.

9. SAN IAGO DE CUBA, ville de l'Amérique septentrionale, dans l'ifle de Cuba, avec un bon port, sur la côte méridionale de l'isle, au fond d'une baye que forme une riviere qui en reçoit plusieurs autres. La baye & la riviere portent le même nom que l'ifle. Elle fut bâtie en 1514 par les Espagnols, & fut fort long-tems la capitale & le fiége d'un évêque fuffragant de Saint-Domingue. Mais avec le tems la Havana a pris le deslus, les navires ont preféré ce port; & l'évêché & le principal commerce de l'isle y ont été transférés.

10. SAN IAGO DEL ESTERO, ville de l'Amérique méridionale, au Tucuman, dont elle est une des plus considérables. Il n'y a pourtant qu'environ trois cents maisons, fans fosse ni murailles. Elle est située en un pays plat, environné de forêts d'algarobe, sur une affez grande riviere qui peut porter bateau, & qui eft affez poiffonnense. L'air y eft fort chaud & fort étouffé, ce qui rend les habitans peu propres au travail; ils ont tous le teint fort jaune, & ne s'adonnent guères qu'aux divertissemens, & peu au commerce. Il n'y a pas plus de trois cents honimes en état de porter les armes, y compris les naturels du pays & les esclaves. La plupart des femmes y sont assez belles; mais elles ont presque toutes une espéce de goître à la gorge. On appelle cela Goto dans le pays. Les environs sont riches en gibier, en bêtes fauves, & fertiles en froment, en seigle, en orge & en fruits, comme figues, pavis, pommes, poires, prunes, guines, raisins & autres. Il s'y trouve auffi une grande quantité de tigres, qui font méchans & carnaciers, de lions, qui sont doux, & des guanacos, qui font grands comme des chevaux. Ils ont le cou fort long, la tête trèspetite, & la queue bien courte; dans leur estomac se trouve la pierre nommée Bezoard. Il y a dans cette ville quatre églises; savoir, la paroisse, l'église des jésuites, celle des récollets & encore une autre. L'inquifiteur de la province de Tucuman fait sa résidence à San lago del Estero. Il est prêtre séculier, & fes commissaires ou lieutenans sont établis par lui dans les autres lieux. On compte de cette ville à Potosi cent foixante & dix lieues.

11. SAN IAGO DE GUATIMALA. Vovez GUATI

MALA.

12. SAN IAGO DE GUAYAQUIL. Voyez GUAYAQUIL.

13. SAN IAGO DE LÉON, ville de l'Amérique méridionale, dans le gouvernement de Venezuela. Elle est à trois ou quatre lieues de Nuestra Senora de Carvalleda, vers le midi, & à cinq ou fix de la mer, d'où l'on y va par deux chemins différens, l'un court & aifé, mais qui peut être gardé facilement par les habitans, à cause qu'après qu'on en a fait la moitié, il se trouve fi fort ressferré des hautes montagnes & de bocages inaccessibles qui le bordent de côté & d'autre, qu'à peine a-t-il vingt-cinq pieds de large. L'autre est difficile & raboteux, , au travers des montagnes & des précipices. C'est celui dont les Sauvages ont accoutumé de se servir. Ces montagnes étant pallées, on descend dans une plaine où cette ville est bâtie. Le gouverneur de toute la province y fait quelquefois fa résidence. Les Anglois la prirent en 1595, après qu'ils se furent rendus maîtres du fort que les Espagnols appellent de Caracas, du nom des peuples de la contrée desquels il a été élevé.

14. SAN IAGO DE LAS MONTANAS, hameau

de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audiance de Quito, fur les confins du gouvernement de Maynas, à l'embouchure de la riviere de même nom, dans l'Amazone. Ce hameau est formé des débris d'une ville qui avoit donné le sien à la riviere. Voyage de M. de la Condamine dans l'Amérique.

15. SAN IAGO, riviere de l'Amérique méridionale au Pérou. Voyez ZAMORA, n°. 3.

16. SAN IAGO DE LAS VALLES, petite ville de l'Amérique septentrionale, dans l'audience du Méxique. Elle est située dans une plaine, sur la riviere de Panuco, trente lieues au-dessus de la ville de ce nom, & entourée d'un rempart de terre. Le roi d'Espagne accorda de grands priviléges aux premiers Espagnols qui l'habiterent, afin de les engager à tenir dans leur devoir les Sauvages de ces lieux, & à garder les limites du pays.

17. SAN IAGO DE LA VEGA, ville de l'Amérique, dans l'isle de la Jamaïque. Elle est à deux lieues ou environ de la mer, dans une plaine, sur le bord d'une riviere, & à quatre lieues de Port-Royal. Cette ville bâtie par les Espagnols, du tems qu'ils étoient les maîtres de l'ifle, étoit d'une affez grande étendue, & contenoit près de deux mille maisons. Il y avoit deux églises, deux chapelles & une abbaye; mais après que les Anglois en eurent chaffé les Espagnols, on réduisit San Iago à quatre ou cinq cents maisons, & le reste fut détruit. Cette ville s'est pourtant rétablie sous les Anglois ; c'est le lieu où le gouverneur fait fa résidence, & où se tiennent les principales cours de justice, ce qui la rend fort peuplée. On y voit grand nombre de belles maisons, & on y mene une vie très-agréable. Le Havana, promenade où les plus honnêtes gens se trouvent le foir en carolle ou à cheval, y tient lieu du cours de Paris ou du parc de Londres. Le passage est situé sur l'embouchure de la riviere, à deux lieues également de San lago & de Port-Royal.

Il faut remarquer que dans ce nom San Iago, l'Iest voyelle, & doit être prononcé comme s'il étoit écrit par

un Y.

SANTILLIFONSO DE LOS ZAPOTECAS, ville de la nouvelle Espagne, dans le diocèse de Guaxaca. Elle est à vingt lieues d'Antequera, vers le nord-ouest, & bâtie fur une montagne, au pays des sauvages, appellés Migas. Ce sont gens fort hauts & barbus, cruels, belliqueux, & pour qui la chair humaine est délicieuse. Ils alloient autrefois nuds, & ceints sur les reins d'une peau de cerf, & on ne put les dompter que par le moyen des chiens de chaffe ou des dogues, parce qu'ils se retranchoient dans les bois & dans les hautes montagnes, où les chasseurs ne pouvoient aller. Ainsi un fort petit nombre d'Espagnols ont habité cette ville jusqu'à ce que la crainte des chiens ait obligé ces peuples sauvages à recevoir des conditions de paix.

i. SAN JORGE, isle de la mer du Sud, l'une des isles de Salomon.

2. SAN-JORGE, petite ville de l'Amérique septentrionale, au gouvernement de Honduras, dans la vallée d'Olancho, qui est cause qu'on l'appelle San Jorge d'Olancho. Elle est tà quarante lieues de Valladolid, vers l'eft, & habi

tée d'un fort petit nombre d'Espagnols. Il y a dans son territoire seize mille Sauvages ou Indiens qui payent tribut. On y a autrefois trouvé quantité d'or, principalemenr dans la riviere de Guyape, qui passe à douze lieues de cette ville. La vallée d'Olancho est belle, & abonde en veines d'or; ce qui a été cause que le gouverneur de Honduras & celui de Nicaragua ont long-tems disputé entre eux le droit de la posseder, & ont même combattu en champ ouvert, jusqu'à ce que le roi d'Espagne ait jugé le diffé

rend.

1. SAN JOSEPH, ( prononcez SAN GOSEF ) ifsle de l'Océan oriental, entre les isles Mariannes; c'est la même que les cartes nommentZorpano ou Saypna.

2. SAN JOSEPH, petite ville de l'Amérique méridionale. Elle est dans l'isle de la Trinité, fut un rocher escarpe, près d'un torrent, à deux lieues de la côte de l'isle, vers la nouvelle Andaloufie. Les Espagnols la bâtirent en 1591. Baudrand n'en fait qu'un bourg, qu'il nomme San Joseph

de Oruna.

1. SAN JUAN, (prononcez San Ghouan) isle entre les Philippines. Voyez au mot ISLE, l'article SAINT JEAN, No. 1.

2. SAN JUAN DE ALFARACHE, bourgade d'Espagne, dans l'Andalousie, près de Triana; quelques-uns la prennent pour OSSET. Voyez ce mor.

3. SAN JUAN DE LA FRONTERA, colonie espagnole, dons l'Amérique, au Chili, au pied des montagnes des Andes, & dans la province de Chicuito, près du lac de Guanacacho, felon Baudrand, ou felon de Laet, dans la province de Chacas ou Chachapoyas, à cent vingt lieues de Lima. Elle fut d'abord placée en un lieu fort rude & fort raboteux, que les Indiens nommoient Llevanto, & depuis elle fut transférée duns la province des Chachas ou Chachapoyas, qui appartient à son diocèse, ainsi que celles des Huacrachucos, & de Caffaynca, dans lesquels il y a beaucoup de mines d'or, & une grande quantité de brebis qui fourniffent beaucoup de laine aux Indiens, qui en font de fort bons draps. Le territoire de cette ville est habité de plus de vingt mille Indiens tributaires, qui sont plus blancs que les autres Américains. Les femmes y sont si belles, qu'on les envoyoit autrefois au Pérou, pour être les concubines des Incas. Il croît dans cette contrée une forte d'amande, qui est un fruit très-délicat, & qui surpasse en bonté tous les fruits de l'Amérique. Elles font fort tendres, molles, pleines de fuc & fort douces. Ce fruit est couvert de piquants, comme les chataigniers, mais il est un peu plus gros, & s'ouvre fort aisément quand il est sec. * De Laet, Ind. occid. 1. 10, c. 27.

4. SAN JUAN DE LA MAGUANA, ville bâtie dans l'ifle Espagnole, par les Castillans, & qui ne subsiste plus. Elle étoit située sur le bord de la riviere Neyba, dans une prairie, que les François appellent aujourd'hui la Savano de San Ovan, & au même lieu, où le roi de la Maguana, un des cinq royaumes qui partageoient l'ifle, faisoit sa réfidence. Ce fut le grand commandeur D. Nicolas Ovando, qui fonda cette ville en 1504. Elle fut quelque tems trèsflorissante: on y faisoit beaucoup de sucre, & ce sucre étoit estimé le meilleur de l'isle. Le pays est d'ailleurs très-fertile, & il y a beaucoup de mines aux environs. Le Cacique Henri s'étant cantonné dans les montagnes de Baoruco, qui n'en sont pas éloignées, obligea les Espagnols à abandonner cette ville. * Le P. de Charlevoix, Hift. de SaintDomingue, 1. 2.

5. SAN JUAN DE ORO, bourg de l'Amérique méridionale, dans le Pérou, entre les montagnes, dans les provinces de Camata, à trente-cinq lieues du lac de Titicaca, vers l'orient.

6. SAN JUAN D'ORTEGA, ville d'Espagne, dans la vieille Castille, selon Davity.

7. SAN JUAN DE LA PENA, monastère d'Espagne, dans l'Aragon: en descendant de Jacca la riviere d'Aragon, on voit sur la gauche ce monastère. Il est magnifique, & on y voit les tombeaux des anciens souverains de Sobrarve. La ville de Jacca en est à trois lieues; celle de Berdun ou Verdun en est à deux.

8. SAN JUAN DE PUERTO-RICCO ou PORTORicco. Les François disent simplement Porto-Ric, ifle de l'Amérique septentrionale, entre les Antilles. Son ancien nom est l'ifle de Boriquen. Elle est située par les 17 & 184 de latitude nord; & n'a pas vingt lieues de sa plus grande largeur, qui se prend du nord au sud; mais la longueur de l'est à l'ouest est de quarante. Elle a peu de plaines, beaucoup de collines, de montagnes très-hautes, de vallées extrêmement fertiles, & d'assez belles rivieres. Christophle Colomb la découvrit en 1493, au mois d'octobre, la nomma l'isle de Saint-Jean-Baptiste, & s'y arrêta quelque tems dans une baye, où il trouva des maisons mieux bâties qu'il n'en avoit vû dans l'Espagnole. Il paroît que les habitans de ces deux isles, qui ne sont séparées que par un détroit, avoient une même origine: ils avoient la même douceur: mais comme ceux de Portoric étoient toujours aux prises avec les Caraïbes des petites Antilles, ils étoient moins policés. Dans les guerres que les Espagnols eurent pour soumettre le Higuey, province de l'Espagnole, à l'orient, Ponce de Léon, qui y avoit conduit des milices, y apprit qu'il y avoit beaucoup d'or dans l'isle de Boriquen ou de Saint-Jean. Il en donna avis à d'Ovando, commandant général de l'Espagnole, & obtint la permission d'y pafler. Il s'y rendit, & en commenca la conquête par des voyes de douceur & d'amitié, & fut fait gouverneur de l'ifle. D'un autre côté le roi, instruit de la découverte, y nomma un autre gouverneur, qui l'abandonna enfuite. D. Diégue Colomb, fils aîné de Christophle & Amiral, ayant relevé Ovando dans son en:ploi de commandant général, nomma un troisiéme gouverneur, qui prit en effet poffeflion; mais Ovando retourné à la cour, fit valoir le droit de Ponce de Léon, qui rentra dans l'isle, s'y rendit maître, & envoya l'autre gouverneur prifonnier en Espagne. Ponce de Léon s'y étoit introduit amiablement: les autres y vinrent comme dans un pays de conquête, & traiterent les infulaires comme des esclaves, les partageant entr'eux. Ces peuples ne purent souffrir un tel joug, & il se commença une guerre qui couta bien du sang; mais enfin ils se soumirent. De Laet parlant de cette ifle, dit qu'elle est à quinze ou seize lieues de l'Espagnole, & explique ces lieues de dix-fept & demie au degré. Il la met à cent trentefix de ces mêmes lieues de la terre ferme qui est au midi & du cap Paria. L'air y est d'une température fort agréable, excepté en décembre & janvier, n'étant ni trop brulée par les ardeurs du soleil, ni trop abreuvée par les pluyes, si ce n'est depuis la fin de mai jusqu'en septembre. Elle est pareillement tourmentée d'ouragans aux mois d'août & de septembre, & quelquefois les semences y font brulées par un vent de nord-est. Sa terre est riche & abondante en pâ turages; mais il y a un arbre fort incommode, nommé guaiabe: il porte un fruit comme une pomme, d'une écorce brune, ayant la chair rougeâtre, & rempli de pepins, qui, tombant en terre, s'élevent d'abord par la graifle & la fertilité du terroir, & prennent insensiblement un accroissement si grand, qu'ils couvrent toute la plaine d'une forêt épaisse, qui empêche, par fon ombre, que P'herbe n'y croiffe. Les vaches & autres animaux domestiques, s'y effarouchent aifément, jusqu'à un point qu'il n'est presque plus possible de les apprivoiser. Les montagnes, que les Espagnols appellent la Sierra DEL LOQUILLO, commencent au cap, à l'est de l'ifle, dix lieues au-dessus de la principale ville, vers le sud-eft; & traversant l'ifle sans interruption, elles s'étendent jusqu'à la partie occidentale de l'ifle, près de San Germain. L'ifle a assez de rivieres, les principales sont le Cairabon, le Bayamon, dont Pembouchure est auprès du fort qui commande le port de la capitale; la Luisa & la Toa, qui viennent d'une même source, au pied du mont Gayamo, & se séparent au mont Cauvas. Il y a outre cela la Gujane, l'Arezibo & le Gabiabo, outre plusieurs torrens qui portent de l'or: les plus riches font le Manatuabon & le Cebuco. Il y a eu dans l'isle de riches mines d'or, qui sont ou épuisées ou négligées, fautes d'ouvriers.

Les arbres de l'ifle les plus finguliers sont les tabernaculo ou taborucu, duquel il coule un bitume blanc, propre pour gaudronner les vaisseaux : les peintres s'en fervent auffi, & il a de grandes vertus pour guérir les playes & les douleurs causées dans les membres par le froid; le maga, dont le bois eft fort dur, nullement sujet à la vermoulure: on s'en fert pour la charpente; le bois faint, peu différent du gayac, (Oviédo le diftingue ) & ayant les mêmes usages contre les maladies vénériennes, en se servant de sa décoction, faite selon l'art.

Outre cela il y croît deux arbrisseaux, l'un nommé higillo pintado, dont les feuilles ont un suc admirable pour consolider les playes; l'autre est l'arbrisseau de Sainte Marie, & ne lui cede en rien pour sa qualité médicinale. Il y a d'un autre côté des plantes nuisibles & dangereuses, favoir le quibei, qui a les feuilles piquantes, la fleur tirant fur la violette, mais un peu plus longue; les bêtes sauvages qui en mangent meurent auffi-tôt. Il croît aussi près du rivage plusieurs petits arbres, dont le fruit est un poison pour les poissons, lorsqu'il tombe dans l'eau; son ombre même est préjudiciable aux hommes qui s'y endorment. On les nomme mancanillo. Il se trouve aussi dans l'isle un autre arbre nommé guao par les Infulaires, & thetlatian par les Mexicains, à qui il est fort connu. Il a les feuilles rouges & velues: elles ne tombent jamais: elles font épaisses, avec plusieurs petites veines de couleur de feu: son fruit eft verd, & ressemble, pour la figure & la grosseur, à celui de l'arboisier. Le suc de cet arbre est fort caustique : il fait tomber le poil aux animaux qui s'y frotent: il fait le même effet aux hommes qui s'endorment sous lui. On ne laisse pas d'en porter du bois en Europe, à cause de sa couleur peu commune, qui imite le verd du vitriol : on l'employe à faire des quenouilles de lit, parce qu'il tue Les punaises; mais il cause aux ouvriers qui le travaillent

une enflure aux mains & au visage, qui dure plusieurs jours.

Les principales richesses de l'isle consistent en sucre, en caffe, & en une grande quantité de bœufs. De Laet, qui écrivoit vers le milieu du siécle passé, & dont je tire la plus grande partie de cet article, dit que les bœufs & les vaches se sont tellement multipliés dans l'isle, qu'on les y tue seulement pour les cuirs, & qu'on en abandonne la chair aux chiens & aux oiseaux.

Ponce de Léon, qui la découvrit, & y fit le premier établissement, mit d'abord sa colonie au côté du nord, à une lieue de la mer & du principal port, que l'on a ensuite nommé Puerto-Ricco. Il la nomma Cappara: mais à cause de sa situation incommode, & de fon accès difficile, on l'abandonna au bout de dix à douze ans, & les habitans furent transportés à Ganica, près du lieu où la ville de san German est aujourd'hui. On quitta encore ce lieu pour bâtir Sotomayor, près d'Aguada, & enfin cette colonie se fixa à fan German. En 1514, après qu'on eut joint la petite isle qui est à l'embouchure du principal port, en faisant dela une chauslée jusqu'à la grande, au travers du havre, on donna commencement à la principale ville, qui est aujourd'hui Puerto-Ricco on Portoric.

Cette ville est sur la côte septentrionale de l'isle: elle n'a ni murailles, ni remparts; du reste elle est assez bien bâtie : ses rues font larges, & fes maisons ont peu de fenêtres, à la maniere d'Espagne, mais de larges portes, par lesquelles le vent y entre dès les huit heures du matin, jusques sur les quatre heures après midi: on s'en sert pour tempérer la chaleur, leur, qui y est extrême jusqu'après minuit. L'église cathédrale est assez belle, à double rang de colonnes, avec de petites fenêtres, qui, pour la rareté du verre, sont garnies d'un fin canevas. Il y a deux petites chapelles, & tout près de la ville est un couvent de dominicains. Son port est spacieux, à l'abri des vents, & à couvert de l'insulte des ennemis : l'entrée est étroite, & commandée par un fort château, augmenté considérablement en 1590, & bien pourvû d'artillerie. Près de celui-là, un peu plus avant, vers le sud-oueft de la ville, il y a la Fortaleza, forteresse où l'on garde le trésor royal, & les munitions de guerre. Le reste de cette petite isle est impénétrable, à cause d'un bois épais qui la couvre, excepté une place, & les sentiers qui vont à la chauffée, & ce lieu est gardé par deux petits forts, pour couper le passage à l'ennemi, s'il vouloit paffer par-là pour arriver à la ville.

Le chevalier François Drac attaqua cette ville en 1595, mais il ne put la prendre. Deux ans après, le comte de Cumberland ayant fait une descente dans l'ifle, & ayant conduit fon monde par un chemin très-difficile jusqu'à la chauffée, prit du premier assaut les forts qui défendent le passage, entrant avec peu de danger dans la ville qu'il trouva presque vuide, & après huit jours de fiége il prit par composition la forteresse, qui commande à l'embouchure du havre. Il avoit résolu de s'y arrêter, & d'y mener une colonie d'Anglois; mais comme il avoit perdu quatre cents de ses gens qui furent emportés par les maladies, il changea de résolution, & partit, laissant la ville presque entiere, & fe contenta d'emporter un riche butin, & les plus grosses piéces de canon. En 1615, Baudouin Henri, Bourguemestre d'Edam, général de la Flote, que la compagnie hollandoise des Indes occidentales envoyoit au secours des Hollandois, affiégés dans le Bresil, vint à l'isle de SaintJean de Portoric, franchit l'entrée étroite du port, au travers des canonades du château, jetta les ancres dans lo port, descendit avec deux cents cinquante soldats, & quatre cents matelots, & prit la ville: il attaqua la principale forteresse: mais n'ayant ni affez de monde, ni affez de tems pour en venir à bout, il brûla sept navires espagnols qu'il trouva à l'ancre, prit le canon de la ville qu'il détruisit en partie & fe retira.

La seconde ville de l'isle est San German, en françois Saint-Germain, anciennement la nouvelle Salamanque, NOVA SALAMANCA: elle est petite, peu fortifiée, ce qui a donné aux François la facilité de la piller plusieurs fois. Il n'y a qu'une rade, fort incommode, & de mauvais abri à l'embouchure du Guarabo. La troisiéme ville s'appelle Arizibo, & est à trente lieues de la capitale, vers le couchant.

Il y a outre cela quelques bourgades dans l'ifle, & des métairies ou fermes, que les Espagnols nomment Estancias;

mais

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