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miers; mais encore on en voit en quantité dans les campagnes & dans la plaine, qui eft entre la ville & la mer. Ils envoyent en Provence & en Languedoc de leurs fruits pour en tirer des grains; que la terre ne produit point chez eux. L'églife paroiffiale eft au lieu le plus élevé & fait la pointe & l'angle d'un triangle, dont le côté oppofé eft fur le bord de la mer. Les rues font étroites & presque toutes paralleles à la mer. Il y a d'affez jolies maifons bourgeoifes, & quelques palais couverts en terraffe & peints en dehors. Les jefuites y ont un collége.

SAN ROCH, grand banc de fable, dans la mer du Brefil, près de la Capitainie de Rio grande.

SAN ROMAN, cap de l'Amérique, dans la terre ferme, au gouvernement de Venezuela, dans la presqu'ifle de Paragoana à fon extrémité. Après ce cap, lá côte tourne vers le fud fud-eft, fept ou huit lieues du côté de Coro, principale ville de Venezuela.

SAN SALONI, bourg d'Espagne, en Catalogne, fur la Tordera, fur la route de Barcelone à Oftalvic, dont elle eft à deux lieues, & à fept de Barcelone & de Gi

rone.

1. SAN SALVADOR, ville d'Afrique, fur la côte orientale de l'Ethiopie au Congo, dont elle eft la capitale & la réfidence de fes rois; elle eft fituée fur une montagne élevée, escarpée de tous côtés, dont le fommet eft uni, plein & vafte, & aflez grand pour loger près de quatrevingts mille perfonnes. Au midi & au pied de cette montagne, coule la riviere de Lelunda, dont l'embouchure eft au midi, & affez voifine de celle du fleuve Zaïre. La ville s'appelloit Gongo avant que les Portugais lui euffent donné le nom du Sauveur du monde. Ses rues font longues, larges & accompagnées de plans de palmiers, dispofés en un très-bel ordre. Les maifons font baffes & enduites dehors & dedans d'une chaux très-blanche, qui, jointe à la verdure continuelle des arbres, fait un effet très-agréable. Les premiers Portugais qui entrerent dans le pays y bâtirent des églifes d'une grande magnificence, & une fortereffe fur la partie la plus élevée de la montagne, dans laquelle ils établirent leurs maifons particulieres. Depuis les changemens qui font arrivés dans le royaume, les églifes ont été ruinées, les Négres ont fait de la fortereffe le palais du roi. Les Européens fe font établis ailleurs. Les édifices qu'ils élevent tous les jours font à la maniere d'Europe & tous bien bâtis. On compte plus de quatre mille Européens établis à San Salvador, où ils ont introduit tous les arts & métiers dont on peut avoir befoin. On n'y voit presque point de mouches, de moucherons, de puces, ni de punaises; mais les fourmis y font fort incommodes. Le palais du roi a près d'une lieue de tour. C'étoit autrefois la feule maifon qui eût un plancher; mais les Portugais ont donné aux principaux l'envie d'enrichir & de meubler leurs maifons. L'églife cathédrale eft bâtie de pierres de même que celles de Notre-Dame, de S. Pierre & de S. Antoine de Padoue, où font les tombeaux des rois. Celle des jéfuites, fous l'invocation de S. Ignace, n'eft pas la moins belle. Notre-Dame de la Victoire eft de terre, mais blanchie par dehors. Elle fut donnée aux capucins par le roi Alphonfe III. Ce que cette ville a d'incommode, c'eft qu'elle eft fujette à une infinité de boulever femens qui fuivent ordinairement les guerres civiles, qui ne manquent pas d'arriver presque à toutes les mutations de rois. Dans ces tems malheureux, les maisons font brûlées, le peuple en fuite; mais comme ces malheurs durent peu, les habitans reviennent auffi vite qu'ils fe font retirés; ils ont bien-tôt rétabli leurs demeures, & on la revoit dans le même état, & auffi peuplée qu'elle étoit auparavant. Quoique la cour du roi n'approche pas de celle des rois d'Europe, elle ne laiffe pas d'avoir de la grandeur, du fafte & de la magnificence; on en peut voir des détails dans l'Ethiopie occidentale du P. Labat, t. 2, p. 335.

2. La province, où cette ville eft fituée, eft nommée par Baudrand Banza. Il ajoute qu'on appelle fouvent cette ville Banza dans le pays. Cela n'eft point exact. Les peres miffionnaires en ce pays-là, & dont les écrits font inférés dans le recueil du P. Labat, nous ont appris que ce mot Banza ne fignifie que ville, & que les capitales des provinces s'appellent Banza, c'est-à-dire, ville par excellence; & pour les diftinguer l'une de l'autre, on y ajoute le nom du royaume ou de la province: ainfi Banza Congo, Banza Sogno, Banza Batta, ne veulent dire que la capi

tale du royaume de Congo, la capitale du duché de Sogno, la capitale du duché de Batta, & ainfi des autres villes capitales. Cette province où eft la ville de San Salvador eft auffi nommée PROVINCE DE SAN SALVADOR. Quelques-uns la nomment la PROVINCE DE CONGO, proprement dite.

3. SAN SALVADOR DE LEYRE, belle & grande abbaye d'Espagne, au royaume de Navarre, dans la Mérindade de Sanguefa, aux confins de l'Aragon. Elle est fort ancienne, & les évêques de Pampelune s'y retirerent pendant quelque tems, lorsque les Maures eurent envahi le le royaume.

4. SAN SALVADOR. Chriftophle Colomb donna ce nom à la premiere ifle qu'il vit, & où il aborda dans le nouveau monde en 1492, le 12 d'octobre. Cette ifle, qui eft une des ifles des Lucayes, n'a pas confervé ce nom, que la piété de Colomb lui avoit impofé. On lui a rendu celui de GUANAHANI, que les habitans lui donnoient alors. Ces habitans fe nommoient LUCAYES, & ce nom leur étoit commun avec les habitans de quelques autres ifles voisines. Delà vient qu'en étendant ce nom peut-être plus loin qu'il ne falloit, on a appellé ainsi en général toute cette fuite d'ifles, qui occupe l'Océan à l'orient de la Floride. Il eft bon de remarquer ici que les Lucayes n'eft pas le nom de ces ifles, mais du peuple qui les habitoit alors. Ainfi on ne doit pas dire les ISLES LUCAYES, mais les ISLES DES LUCAYES.

5. SAN SALVADOR, ville de l'Amérique, au gouvernement de Guatimala, dans une contrée à laquelle elle donne fon nom. Cette contrée commence à la bourgade d'Atiquizaya, en laquelle la riviere de Guacapa prend fon origine. Cette riviere devient navigable à fept lieues ou environ de fa fource, & à treize elle fe mêle dans la mer du fud; de forte qu'il n'y a point de riviere dans l'Amérique qui en fi peu d'espace amaffe & jette tant d'eau. Au pied d'une montagne qui vomit du feu, près de Coatan, il fe forme un lac très profond & rempli de crocodiles. Au milieu de ce lac eft une petite ifle, où les Sauvages, appellés Pipeles, croyoient que l'on ne pouvoit aller fans mourir presque auffi-tôt. Les Espagnols, pour les détromper, y firent paffer des Négres, qui traverferent le lac avec des radeaux, & trouverent dans l'ifle une idole en forme de femme, avec des autels dreffés pour facrifier. Vers la bourgade de Guaymoco croiffent plufieurs arbres qui rendent du baume. Toute la côte appellée Tonala en nourrit d'un bois fort ferme & fort pefant, dont on trouve des colonnes de cinquante pieds de haut dans un certain temple. Il y a un petit fentier qui va de ce lieu à la ville de SAN SALVADOR, & il faut paffer à gué la riviere plus de foixante fois, jusqu'au pied du volcan de San Salvador, qui ne jette plus de flamme. L'embouchure a de circuit une demilieue. En descendant de cette montagne, on voit comme deux fournaifes, du fond desquelles fort encore une fumée épaiffe d'une fi mauvaise odeur, que l'on tombe évanoui quand on s'en approche de trop près. Du pied jusqu'au fommet, elle eft couverte de grands cedres & de pins, & on y voit en plufieurs endroits de la matiere brulée. Au pied de cette montagne, on trouve aujourd'hui une caverne ronde, qui a été autrefois une ouverture des Alammes qu'elle vomiffoit, comme le marquent les pierres brulées & la terre feche & ftérile qui eft à l'entour. De cette caverne fort une fontaine fort claire, où les habitans de la bourgade de Cuzcatlan, qui eft auprès, vont puifer leur eau. Proche delà eft la ville de San Salvador. Elle eft à 13d & quelques minutes de latitude feptentrionale, à quarante lieues vers le fud-eft de la ville de Sant Iago de Guatimala, & à fept de la mer du fud & du port Acaxutla. Les Sauvages l'appelloient anciennement Cuzcatlan ou Cuzcatan. Tout fon territoire eft fertile en fruits & d'un air sain & tempéré. Il y a un monastère de dominicains. Proche de la ville, on voit un lac de quatre ou cinq lieues de tour où les Sauvages racontent qu'il y avoit autrefois des ferpens d'une grandeur incroyable. La bourgade que les Espagnols appellent la TRINIDAD, & les Sauvages SONSONATE, est à quatre lieues du port d'Acaxutla, vers le fud-oueft. Elle eft fituée en un terroir fertile & très-abondant en Cacao. C'eft le feul lieu de trafic de toute cette contrée, & où toutes les marchandifes qui viennent de la nouvelle Espagne & du Pérou, font transportées. Les dominicains y ont auffi un couvent; mais les Sauvages, qui habitent les campagnes, font du diocèse de Guatimala.

monoyes,

de faire

preuve

pour

6. SAN SALVADOR, ville de l'Amérique méridio nale, au Bréfil, dont elle eft la capitale, la réfidence du viceroi, & le fiége d'un archevêque. Elle eft grande, bien bâtie & fort peuplée, fituée fur la baye de tous les Saints; mais l'affiette n'en eft pas avantageuse, parce qu'elle eft haute & balle, & qu'il n'y a presque point de rues qui foient droites. Il y a un confeil fouverain, & une cour des faciliter le commerce, on fabrique des espéces qui n'ont cours que dans le pays. Elles portent d'un côté les armes de Portugal, & de l'autre une croix chargée d'une sphere, avec cette inscription, SUBQ. SIGN. STABO. La ville eft défendue par quelques forts & par plufieurs batteries de canon du côté de la mer, & flanquée vers la campagne de baftions de terre affez mal conftruits. Les Hollandois ont fait différens efforts pour s'en rendre maîtres, mais toujours fans fuccès. Le menu peuple y eft infolent ; mais les autres habitans font civils & honnêtes, ils font riches, aiment le commerce; & lorsqu'un bourgeois veut faire un de fes enfans eccléfiaftique, on l'oblige du christianisme de fes ancêtres, parce que la plupart des familles viennent de race juive. Les maifons y font hautes & presque toutes de pierres de taille & de brique. Les églifes font enrichies de dorures, d'argenteries & d'un fort grand nombre de beaux ornemens. On voit dans la cathédrale des croix, des lampes, des chandeliers d'argent fi hauts & fi maflifs, qu'à peine deux hommes les peuvent porter..Il y a un petit couvent de capucins François & Italiens, & d'autres de bénédictins, de carmes & de cordeliers, qui tous font fort riches; les jéfuites, qui font au nombre de près de deux cents, y font fort confidérés. Leur maifon eft d'un vaste étendue ́ & leur églife grande & bien ornée. Leur facriftie, qui eft longue de plus de vingt-cinq toifes, & large à proportion, eft d'une magnificence dont rien n'approche. Il y a trois autels, un au milieu de la face qui joint l'églife, & les deux autres aux deux extrémités. Sur celui du milieu. on voit tous les matins plus de vingt calices, les uns d'or, & les autres de vermeil & d'argent. Le terroir de tous les Saints eft plat, & arrofé de belles rivieres, & les Portugais y ont des habitations à plus de cinquante lieues dans les terres. Les Indiens qui fe retirent dans les bois, pour n'être point fujets à leur domination, leur enlevent fort fouvent des beftiaux. La terre produit des cannes de fucre du tabac, du coton, du ris, du mays & du manioc, & il s'y trouve des pâturages où l'on nourrit un fi grand nombre de beftiaux, que l'on y donne la viande à un fol la livre. On y voit une abondance incroyable de fourmis, aux. quelle on eft obligé de porter à manger fur les chemins pour qu'ils n'aillent pas dans les champs manger le bled. Ceux qui veulent entretenir des jardins, font réduits à faire de chaque carreau une espèce d'ifle, par le moyen de plufieurs petits canaux, où ces fourmis fe noyent en paffant. Laet, 1. 15, c. 23, rapporte de cette ville de San Salvador, dans fa description des Indes occidentales. Elle eft fituée fur une haute colline, au côté du nord de Baya de Todos os Sanctos: elle eft couverte d'épais arbriffeaux, où l'on a peine à pafler; de forte que l'on n'y monte que par quelques chemins étroits; Thomas de Soufa l'avoit fait bâtir d'abord en une autre place, qui garde encore le nom de vieille Ville, Villa Veya, auprès du château de Saint Antoine. Elle a deux portes, l'une vers le fud, & l'autre du côté du nord, avec les fauxbourgs, & plufieurs maisons au pied du coteau, fur le rivage même de la baye. On y a bâti quelques châteaux pour la fureté de la ville & de fon port. L'un commande l'embouchure de cette baye, & s'ap pelle le CHÂTEAU DE SAINT-ANTOINE ; & l'autre, qui eft fous la ville même, a le nom de SAINT-PHILIPPE : le troifiéme qui eft le plus grand & le plus fort, eft au-deffus de la ville, dans le retour d'un cap nommé TASESIPE. Le gouverneur de ce gouvernement pour le roi, l'évêque, l'auditeur général de tout le Brefil, & les autres officiers royaux demeurent en cette ville, qui eft ceinte de murailles, & ornée de temples & autres beaux édifices. Le monaftère de S. François y eft remarquable; les jéfuites le poffèdent, & ils y ont un college magnifique, avec fix régens, pour enfeigner & inftruire la jeuneffe. Ils font quatre-vingts, tant dans ce collége que dans les endroits voifins, & c'est à leur industrie & au pouvoir qu'ils fe font acquis fur les Indiens, que la confervation du gouvernement eft due. Le P. Jarric rapporte que quelques navires anglois s'étant efforcés en

1588, de descendre en cette baye, Chriftophle Govean, vifiteur des colléges & des maisons des jéfuites par tout le Brefil, voyant que les Portugais étoient trop foibles pour les repouffer, avertit de ce péril les peres qui habitoient les villages. Ils affemblerent auffi-tôt un grand nombre d'Indiens, qui armés d'arcs & de fleches, accoururent au rivage, & forcerent les Anglois de s'en retourner. L'an 1623, les Portugais craignant la venue des Hollandois, bâtirent un éperon triangulaire de pierres fur un rocher, environné de la mer, pour empêcher la descente & conferver les navires qui feroient ancrés en ce lieu.

port

Quoique ces mots, Baye de tous les Saints, BAHIA DE TODOS LOS SANTOS, foient le nom de la baye, & non pas celui de la ville, qui eft fituée fur cette baye, quelques-uns l'ont nommée ainfi : Dampier & Coréal font de ce nombre. Ce dernier dir que San Salvador, Bahia de todos los Santos, fait un grand commerce, de toiles, groffes & fines; de bayes, de ferges & de perpétuanes, de chapeaux, bas de foie & de fil; de biscuits, farines, froment, vins de à-port, &c, d'huile, beurre, fromage, bateries de cuifine, esclaves de Guinée, &c. Pour toutes ces chofes on y reçoit en retour de l'or, du sucre, du tabac, du bois de teinture de Brefil, & autres ; des peaux, des huiles, des fuifs, du beaume de copahu, de l'ypecacuana, &c. La ville eft forti fiée; mais mal gardée. Les habitans, felon Coréal, font voluptcux, vains, fuperbes, rodomons, lâches, ignorans & fort bigots. Ce n'eft pas qu'ils ne paroiffent honnêtes & polis dans leurs manieres; mais ils font fi délicats fur le point d'honneur, fi jaloux fur le chapitre des femmes & fi vains fur leur grandeur, qu'il eft très-difficile, pour ne pas dire impoffible, de s'en faire des amis. Les femmes font moins vifibles qu'au Méxique, à caufe de la grande jaloufie des maris; mais elles n'en font pas moins libertines, & elles mettent pour venir à bout de leur paffion toutes fortes de ftratagêmes en œuvre, quoiqu'aux dépens de leur vie : car, fi elles font furprifes dans le crime, leurs maris les poignardent, fans qu'il en foit autre chofe. Les filles font proftituées par leurs peres, leurs freres, même par leurs meres. Alors elles deviennent des courtifannes publiques, tant pour les blancs que pour les noirs. Avec des mœurs fi corompues, les habitans de San Salvador ne laiffent pas de conferver un extérieur allez religieux. Les églifes y font fréquentées; la confeffion y eft fort commune. On n'y marche point fans un rofaire à la main, un chapelet au cou, & un faint Antoine fur l'eftomac. On est exact à s'agenouiller au fon de l'Angelus au milieu des rues; mais en même tems on a la précaution de ne point fortir de chez foi fans un poignard dans le fein, un piftolet dans la poche, & une épée des plus longues au côté, afin de ne pas perdre l'occafion de fe venger d'un ennemi tout en difant fon chapelet. La molleffe des habitans de San Salvador & la pente des rues, qui eft fort roide, leur fait der l'ufage de marcher comme indigne d'eux. Ils fe font porter dans une espèce de lit de coton à refeau, fuspendu à une longue perche & épaiffe, que deux Négres portent fur leurs épaules. Ce lit eft couvert d'une impériale d'où pendent des rideaux verds, ou rouges, ou bleus. On y eft fort à fon aife, la tête fur un chevet & le corps fur un petit matelat fort proprement piqué. L'air de cette ville n'est pas fain, à cause de la chaleur violente du climat, qui cause aux habitans, & fur-tout aux nouveaux venus, des maladies ardentes. Les vivres n'y font pas bons, & les fruits font fi expofés aux ravages des infectes, qu'on a de la peine à y en cultiver de médiocres.Ce n'eft pas que les habitans ne puffent y remédier avec un peu d'induftrie; mais la pareffe les en empêche; & dans ce pays-là, on aime mieux dormir & faire l'amour, que s'occuper à la moindre chofe pénible.

regar

SAN SAVINO. ( Monte di) Voyez au mot MONTE. 1. SAN SEBASTIAN, ville & port de mer d'Espagne, dans le Guipuscoa. Voyez au mot SAINT, l'article SAINT SEBASTIEN.

2. SAN SEBASTIAN, au Brefil. Voyez auffi SAINT SEBASTIEN.

3. SAN SEBASTIAN, place de Portugal, dans l'Eftremadure, près de la ville de Leyria. C'est un refte de l'ancienne ville de Colippo, ville épiscopale de Lufitanie, dont le fiége a été transféré à Leyria.

4. SAN SEBASTIAN DE LOS REYES, petite ville de

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l'Amérique, dans la terre-ferme, proprement dite, & dans la province de Venezuela, à vingt-quatre lieues de Sant Iago de Léon, au midi.

5. SAN SEBASTIAN DE BUENA VISTA. Voyez cet article au mot SAINT.

6. SAN SEBASTIAN DE LA PLATA, ville de l'Amérique méridionale, au Popayan, à trente-cinq lieues de la capitale de cette province, & à trente de Santa Fe de Bogota. Elle eft bâtie dans une large campagne, fur la riviere de Galli, qui va groffir la riviere de la Magdelaine: elle eft fujerte aux tremblemens de terre. Il y a plufieurs mines d'argent dans fon territoire, & c'eft ce qui lui a fait donner le furnom de la Plata, c'est à-dire, d'argent. Cette ville eft à trois lieues d'Onda, ville qui a un port fur la riviere de la Magdelaine, & où fe déchargent les canots qui viennent de Carthagéne & du gouvernement de Sainte Marthe.

SAN SERGIO. Voyez BARZALA & SERGIOPOLIS. 1. SAN SEVERINO, ville d'Italie, dans la marche d'Ancone, fur la riviere de Potenza, entre des collines; à fix milles de Tolentin, à feize de Macerata, & à douze de Camerino, en paffant par Ofimo. Elle eft petite, & cependant c'eft le fiége d'un évêché fuffragant de l'archevêché de Fermo. Il fut érigé par le pape Sixte V, en 1586. Cette ville fut bâtie en 1198, auprès des ruines de l'ancienne Septempeda, que les Goths avoient détruites en

543.

2. SAN SEVERINO, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Principauté citérieure, au nord de la ville de Salerne, près de la riviere du Sarno, qui coule enfuite à Nocera. Elle a appartenu à la maison de San Severino, à laquelle elle donne encore le nom; mais elle a été ensuite acquife par le prince d'Avellino, de la maifon de Caraccioli: beaucoup de villages en dépendent.

SAN SEVERO, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Pouille, dans la Capitanate, au midi occidental de Lefina, au couchant feptentrional, à vingt-quatre milles de Manfredonia, & à onze milles du golfe de Venife. Elle eft dans une plaine, & eft le fiége d'un évêché qui étoit autrefois fuffragant de l'archevêque de Manfredonia; mais il ne dépend plus que du faint fiége. On lui a uni l'évêché qui étoit à Civitare, & auparavant à Teanum.

SAN SILVESTRO, montagne d'Italie, dans la province du patrimoine près du Tibre, à fix milles d'Otricoli, & à vingt-quatre milles de Rome. Comme la petite ville de San Orefte y eft bâtie, quelques-uns ont donné à la montagne le nom de la ville. Voyez SORACTES.

SAN SOSPIR, fortereffe d'Italie, en Piémont, au comté de Nice, fur la côte de la Méditerranée, & près du port de Villefranche. Elle fut bâtie par Victor Amédée, duc de Savoye, & fut prife par les François en 1691.

1.SAN STEFANO, port d'Italie,en Toscane, dans l'état de Gli Prefidii, poffédé ci-devant par l'Espagne, & cedé à l'infant D. Carlos, roi des deux Siciles, ci-devant duc de Parme & de Plaifance. Ce port a pour défense une bonne fortereffe bâtie fur la pointe d'une petite presqu'ifle. Ce port eft au pied du mont Argentaro, entre Orbitello & Porto Telamone, à fept milles l'une de l'autre.

2. SAN STEFANO, bourg d'Italie, dans l'état de Genes, avec titre de marquifat, fur la riviere du Levant. C'est un fief de l'Empire.

SAN SYDRO DEL CAMPO, village d'Espagne, dans l'Andaloufie, auprès de Sevilla la Vieja, dont il n'eft qu'à une portée de mousquet. Il eft remarquable par un couvent de jéronimites, qui y attire les curieux pour y voir un faint Jérôme de poterie, qui eft le plus rare ouvrage de ce genre que l'on puiffe voir. Il a été fait par un Génois : toutes les veines, les tendons, les muscles, tout y eft bien marqué: la posture en eft fi naturelle, que de quelque côté qu'on le regarde, par devant ou par derriere, on eft obligé d'avouer que c'eft un ouvrage parfait. Il y a dans ce couvent quatre ou cinq cloîtres fort beaux, avec des fontaines.

1. SAN THEODORO, bourg de la Turquie, en Afie, dans la Natolie, fur la côte du golfe de Satalie, entre Antiochetta & Teresla, avec un port vis-à-vis de l'isle de Chypre; quelques-uns y cherchent l'ancienne APHRODISIAS

de Cilicie.

2. SAN THEODORO, (l'ifle de ) petite ifle de la Méditerranée, fur la côte feptentrionale de Candie, dont

elle eft féparée par un détroit d'un mille ou de deux. Il y a un fort fur une montagne : les Turcs le prirent d'abord en 1645, lorsqu'ils commencerent la guerre de Candie. Baudrand dit que LAUCE eft l'ancien nom de cette ifle.

1. SAN THOMAS, petite ville de l'Amérique méridionale, dans l'ifle de la Trinité. Elle fut bâtie par les Espagnols en 1580. Elle est à foixante lieues de faint Jofeph de Orana.

2. SAN THOMAS, ville de l'Amérique méridionale, dans la Guiane, au bord de l'Orenoque, vis-à-vis de l'embouchure de la riviere Europa dans ce fleuve, qui près delà fe partage en diverfes branches, qui font autant de bouches par lesquelles il entre dans la mer. Elle tient aux Espagnols, & fut pillée l'an 1678 par les Flibuftiers.

appar

3. SAN THOMAS, port de l'ifle Espagnole. Les anciens poffeffeurs de l'ifle l'avoient nommé ainfi ; mais les François, qui poflédent cette partie l'ont appellé depuis la baye du Can de Louife, & il porte aujourd'hui plus communément le nom de L'ACUL. Ce mot eft plus honnête que le précédent, qui eft une obfcénité groffiere digne des matelots qui l'ont impofé. Celui de Saint-Thomas n'avoit été donné par Colomb qu'en y paffant à fon premier voyage, & il n'a subsisté que dans l'histoire de la découverte de l'ifle.

SAN THOMASO, cap de la Turquie, en Afie en Natolie, dans l'Amafie, près de la ville de Pormon, en tirant vers Chirifonda. On le prend pour le JASONIUM PROMONTORIUM de Cappadoce.

1. SAN THOME, ville d'Afrique, dans l'ifle de même nom, vers la côte de Guinée. Voyez l'article fuivant.

2. SAN THOMÉ, c'est-à-dire, Saint-Thomas, en latin infula fanti Thoma, ifle d'Afrique, dans le grand golfe de Guinée, en la mer d'Ethiopie, précisément fous la ligne équinoxiale, d'où l'on ne lui attribue aucune latitude. Elle eft presque d'une figure ronde, & peut avoir quarante lieues de circuit, douze de largeur, & environ autant de longueur. On l'a appellée l'ifle de Saint-Thomas, parce qu'elle fut découverte le jour de la fête de cet apôtre. Les Barbares lui donnent le nom de PONCA. Elle eft arrofée de plusieurs rivieres & ruiffeaux, qui rendent fon terroir très-fertile, & dont la plupart fe vont jetter dans la mer. Au milieu de l'ifle eft une montagne fort touffue, toujours couverte de neige, dont il fe forme des ruifleaux qui vont arrofer les cannes que l'on a plantées aux pieds. L'air y eft très chaud, intempéré & mal fain pour les étrangers, enforte que rarement les Européens y parviennent jusqu'à la cinquantiéme année, quoique les naturels, qui n'abondent pas fort en fang, y vivent fouvent jusqu'au delà de cent ans. L'on affure mêine que les jeunes gens qui font en état de croître encore, ne deviennent jamais plus grands qu'ils font en y arrivant. L'extrême chaleur y corrompt les cadavres en moins de vingt-quatre heures. Cette ifle eft quelquefois obfcurcie par des brouillards, & couverte de vapeurs malignes, & pour lors les Portugais s'y tiennent enfermés dans leurs maifons. Cette chaleur & cette humidité de l'air se ralentiffent un peu dans l'été, aux mois de juillet & d'août, à caufe des vents frais & fecs qui foufflent en ce tems, ce qui fait que ces deux mois font nommés ventueux. Ces vents, qui viennent des côtes de l'Ethiopie, & qui raffraîchiffent le pays, purifient l'air, & redonnent de la force aux étrangers, que la chaleur avoit rendus lâches ; au contraire les naturels en font très-incommodés. Ces Infulaires ont deux hyvers, ainfi que tous ceux qui font fous la ligne. Ce ne font pas néanmoins des hyvers à l'égard du froid, mais feulement à caufe des pluies: l'un au mois de mars & l'autre au mois de feptembre. On a le printems dans cette ifle en mai, juin, juillet & août, & l'été en décembre, jusqu'aux premiers jours de mars. Pendant tout ce tems l'air y

eft fi chaud & fi humide, que les étrangers font contraints d'habiter des lieux fouterreins. Lorsque la chaleur eft parvenue à fon plus haut point, elle abbat les habitans jusqu'à n'avoir pas la force de marcher, & la terre y eft fi brûlante, qu'ils fe trouvent obligés de porter des fouliers à double femelle, avec une pièce de liége par deffous, pour ne fe pas griller la plante des pieds. Cette intempérie de l'air eft caufe qu'il y regne différentes maladies, furtout des fiévres chaudes & malignes, qui emportent les étrangers en fort peu de jours. * Dela Croix, Rel. d'Afrique, t. 4.

Vers

Vers le milieu du feiziéme fiècle, les rois de Portugal, étant informés de la fertilité du terroir, y envoyerent quel ques gens pour le cultiver, &, tous étant morts par la malignité de l'air, ceux qui y furent envoyés enfuite, s'arrête rent premierement en Guinée. Delà ils allerent demeurer à Angola, & vinrent enfin s'établir à l'ifle de S. Thomé, afin de s'accoutumer peu à peu, & comme par dégrés, à la mauvaise température de l'air. L'on dit auffi que Jean, roi de Portugal, vendit pour esclaves tous les Juifs qui refuferent d'embraffer la religion chrétienne; & qu'ayant fait baptiser tous leurs enfans, il les fit transporter en ce payslà: c'est d'eux, à ce qu'on prétend, que font venus ceux qui habitent aujourd'hui cette ifle.

Les Hollandois s'en étant rendus maîtres en 1 541, yeurent un fi grand nombre de morts & de malades, qu'à peine refta-t-il dix ou douze hommes fains de chaque compagnie. Jol, leur amiral, y mourut avec plufieurs chefs. La plupart périrent d'une douleur de tête très-violente, qui les jettoit dans une espéce de rage. Il y en cut beaucoup d'attaqués d'un mal de ventre qui les emportoit en quatre jours. Cette grande mortalité ayant obligé ceux qui restoient à faire prier le comte Maurice, qui étoit alors dans le Brefil, de leur envoyer des foldats, des vivres & du vin pour se renforcer, ce conte écrivit aux états des ProvincesUnies, & leur confeilla de faire ce que le roi d'Espagne avoit fait pendant qu'il étoit en poffeffion de cette ifle c'est-à-dire, d'y envoyer tous les bannis & tous ceux qui feroient condamnés aux galéres, ou à être pendus, pour l'habiter & pour la défendre, ce qu'ils ne pourroient faire que très-difficilement avec la foldatesque qu'ils avoient à

leur folde.

& ferme comme de la craye, ne fe réduifant pas facilement en pouffiere, à caufe de la grande quantité de rofée, qui tombant toutes les nuits, l'humecte, & le rend propre produire toutes fortes de fruits & de plantes. Sa bonté paroît, en ce qu'auffi-tôt qu'on laiffe quelque plaine en friche, il y croît des arbres qui deviennent fort hauts en peu de tems. Les Négres les abattent & les brûlent, pour planter les cannes de fucre dans les cendres qui en proviennent. Les cannes y croiffent de tous les côtés, & pouffent trop haut, à caufe de la grande fertilité du terroir. Après qu'el les ont été plantées dans les cendres, il leur faut cinq mois pour venir en maturité. On ne coupe qu'au mois de juin celles que l'on a plantées en janvier; on fait en juillet la récolte de celles qui ont été plantées en février. Ainfi tous les mois de l'année ils coupent des cannes de fucre, fans que les rayons du soleil, qui dardent à plomb fur cette ifle en mars & en septembre, empêchent leur accroiffement à caufe des pluyes de ces deux faifons qui font d'une utilité fort confidérable pour ces cannes. On ne nourrit les pourceaux que de ces cannes broyées, qui les engraiffe extrêmement, & rend leur chair fi favoureufe & fi faine, que l'on en fait manger aux malades. Il ne croiffoit ni canne de fucre, ni ginbembre dans l'ifle de Saint-Thomas avant les Portugais. Ils y en ont porté les premieres plantes, qu'ils ont cultivées avec grand foin. En 1645, on y avoit établi cinquante-quatre moulins à fucre, dont chacun avoit un mois marqué pour moudre. Il fort de cette ifle tous les ans environ cent mille arrobes de fucre noir, chaque arrobe de trente-deux livres, ce qu'on apporte en Europe enveloppé dans des feuilles. Ceux qui demeurent un peu avant dans le pays, le long des rivieres, le portent dans des canots à la ville, & ceux qui n'en font pas éloignés, s'y voiturent fur des chariots tirés par des bœufs. Leurs autres marchandifes font des étofes de coton, un fruit appellé cola, & chofes femblables. Ce fruit vient fur un grand arbre, il eft gros comme une noix, & enfermé dans une goufle d'un verd pâle de la groffeur du bras, & longue d'un pied & demi. Il n'eft compofé que de pepins rouges à quatre ou cinq angles, couverts d'une peau blanche, & placés tout près l'un de l'autre. Les Négres les mangent, & y trouvent le goût d'une chataigne crue, mais un peu amer. Cette amertume fe change en douceur en buvant un verre d'eau par deffus. L'on fait un grand trafic de ces fruits, & l'on en porte quantité à Lovando-San-Paulo, enfermés dans leur écorce, afin qu'ils fe puiffent garder long-tems.

Les habitans de cette ifle font de deux fortes : les uns font blancs comme les Portugais, qui en ont fait la premiere découverte, & qui la trouverent tout-à-fait inhabitée, & les autres font Négres que l'on y a menés d'Angola pour travailler. Les naturels du pays, qui font Portugais d'origine, y vont habillés comme en Portugal. Il y a même plufieurs Négres, tels que ceux qui font négoce, & leurs enfans qui s'habillent de la même forte; mais les esclaves, tant hommes que femmes, vont tout nuds, portant feulement un petit linge, ou un morceau de toile de palmier, fur ce qu'il ne faut pas laiffer découvert.

Pour ce qui regarde leur manger, le plus ordinaire eft du pain de patates, dont ils ont de quatre espéces. La premiere s'appelle benin, la feconde achorere, la troifiéme moniconge, & la quatrième fafranée. Ces racines prennent leur nom de différens lieux d'où on les apporte. Les premieres font les meilleures, l'une à caufe de fa douceur & l'autre parce qu'on la peut conferver long-tems. Leur boiffon eft du vin de palmier, de l'eau, ou du lait de chévre. Dans les chaleurs exceffives, cinq ou fix familles fe joignent pour prendre leur repas enfemble, avec leurs femmes & leurs enfans, dans un certain endroit fous terre, s'affeyant autour d'une longue table, où chacun met ce qu'il a préparé dans fa maison. Ils font tous de la religion catholique, excepté quelques esclaves, ou marchands qui n'y ont point de demeure fixe. Le gouvernement eccléfiaftique appartient à un évêque dont le fiége eft dans la ville capitale, nommée PAVOASAN. Il eft fuffragant de l'archevêque de Lisbonne.

Les marchandifes que les Portugais apportent à l'ifle de Saint-Thomas, confifte en des toiles de Hollande, de Rouen & autres, en fil de toutes fortes de couleurs, petites ferges, bas de foie, camelots de Leyde, ferges de Nîmes, ferges de Seigneur mêlées; en haches, ferpes, fer, fel, huile d'olives, cuivre rouge; en lames, chaudrons de cuivre, goudrons, poix, bray, cordages, moules à fucre, eau-de-vie, & toutes fortes de liqueurs distilées, vins de Canarie, olives, capres, fine fleur de farine, beurre & fromage. Le bled qu'on a femé dans cette ifle n'y a jamais réuffi; il pouffe feulement un long tuyau qui ne produit ni grain, ni épi, à caufe que la terre y eft trop graffe, & que l'excès de l'humidité empêche qu'il ne puisse avoir le degré de maturité dont il a befoin. Il y a beaucoup de vignes, qui, pendant toute l'année, portent des raifins blancs & noirs, murs, non murs & en fleur. On y trouve des oranges douces, aigres, des limons, des citrons, des noix de coco, des figues & des melons d'eau. Il y a auffi des pêchers, des oliviers & des amandiers, mais s'ils produifent quelquefois du fruit, il ne vient point à maturité, ayant befoin d'une fraîcheur defféchante & aftringente; au contraire l'excès d'humidité & de chaleur leur eft nuifible. Cette ifle produit auffi des bananes, des bacoves, des pommes de gascou, de deux ou trois fortes de petites feves, qu'ils appellent lofoas, & du maïs ou bled de turquie, qui leur tient lieu de froment. Il y croît encore un arbre nommé ceffigos, qui pouffe des fruits le long de la tige, comme fi c'étoient des bouteilles d'eau qui en fortiffent; il n'a des feuilles qu'au bout de ses branches. Ces fruits font un peu couverts de poil que l'on coupe avant que de les manger; ils font peu charnus, ont un noyau tendre, & font doux & rafraîchiffans. Les habitans tirent du vin des palmiers qui y viennent en grand nombre, & font de l'huile avec les noyaux. Leurs herbes potageres font des choux: il y a des arbres qui en produifent;

Pendant qu'on parloit d'un traité de tréve entre la couronne de Portugal & les états des Provinces- Unies, les raifons de la guerre étant encore dans leur force, cette isle fut prife par les Hollandois le 2 d'octobre 1541, fous l'amiral Jol. Ils l'avoient déja conquise sous le commandement de l'amiral Pierre Verdoes au mois de novembre 1610. Préfentement elle eft fous la domination de la couronne de Portugal, & gouvernée par un viceroi que le roi y tient, & qui fait la réfidence dans la capitale, avec un corregidor ou juge qui exerce la juftice fur tous les habitans. Les différends, tant de ceux qui résident dans la ville, que de ceux qui font leur féjour à la campagne, doivent être portés en premiere inftance devant ce gouverneur; mais l'on peut appeller de fa fentence à Lovando-San-Polo, où ils ont jugés en dernier reffort. Ces mêmes habitans font tenus de garantir d'embralement la maison du gouverneur, le château & le corps-de-garde, & d'entretenir tous les ports qui font fur la riviere, aux environs de la ville & à la campa. gne, pour faciliter le paffage des chevaux & des chariors. Le terroir de l'ifle eft gluant, argilleux, roux, groffier,

des navets, des taves, des raves, de la fauge, des laitues, de la poirée & du perfil.

Les animaux qu'on y voit fon particulierement des pourceaux, des vaches, des moutons, des boucs, des chevres, & quelques petits chevaux roux, avec des poules d'inde, des oyes, des canards, des tourterelles, des poules, des grives, des perdrix, des merles, des étourneaux, des petits perroquets, & plufieurs autres espéces. La mer, aux côtes de l'ifle, produit de groffes baleines & grand nombre de poiffons; les rivieres n'y font pas moins poiffonneufes. Il y a de tous côtés, foit dans les plaines, foit dans les montagnes, des écrevilles d'une couleur verte, qui vivent fous terre comme des taupes, rongent les plantes, & font grand dégât par tout le pays. On y voit beaucoup de moucherons, fur-tout dans les lieux environnés d'arbres. Ils font de beaucoup plus gros que les nôtres, & incommodent extraordinairement ceux qui vont dans les forêts abattre du bois. Il y a plusieurs années qu'il s'y engendra un grand nombre de fourmis qui brontoient tout ce qu'elles trouvoient, jusqu'aux cimes des cannes; mais elles mouTurent toutes, fi-tôt que le tems changea. Les rats font auffi de grands dégâts aux cannes de fucre.

Ajoutons à tous ces détails ceux qu'en fournit le P. Labat, fur les mémoires du chevalier des Marchais. Cette ifle eft fous l'équateur pour la partie méridionale. Elle occupe à peu près tout le 25 de longitude. Elle est éloignée du cap Sainte-Claire, dans le continent d'Afrique, d'environ cin quante lienes, & de trente-cinq ou environ de celui de Lopo Gonzalès. Elle eft presque ronde. On lui donne près de quarante lieues de circonférence. Elle fut découverte le jour de la fête de S. Thomas 21 de décembre, en 1495, par les Portugais, lorsqu'ils cherchoient le chemin des Indes. Sa ville capitale fe nomme SAINT-THOMÉ, & plus communément PANOASAN. Elle a un château environné de quatre baftions. Outre cette ville, il y a plufieurs villages répandus dans l'ifle, & environ fept cents familles de Portugais blancs ou mulâtres. Les mulâtres époulent fouvent des Négrelles, & produifent à la fin des enfans, qui, quoique noirs comme du charbon, ne laiffent pas de fe dire Portugais. Et en cette qualité ils font élevés aux charges eccléfiaftiques, politiques & militaires, & font regardés comme fidalgues, c'est-à-dire, nobles ou gentilshommes. Presque tout le clergé de la cathédrale étoit de cette couleur : l'évêque étoit presque le feul prêtre blanc qu'il y eût dans l'ifle, en 1725. * Labat, Voyage du chevalier des Marchais.

Il y a un très-grand nombre de Négres esclaves dans cette ifle : ils font baptifés, & portent tous un chapelet au col: c'eft la principale piéce de leur chriftianisme, car ils font d'une ignorance extrême fur les points de la religion, & d'ailleurs corrompus de toutes les manieres; cependant ils vivent très-long-tems. Un homme de cette couleur y eft encore jeune à foixante-dix ans : le terme ordinaire de leur vie eft de cent à cent vingt ans, pendant que les blancs, même les plus forts, ne vivent pour le plus que cinquante à foixante ans.

On y eft fujet à une fiévre, qui n'eft pas dangereuse pour les naturels du pays; mais beaucoup pour les étrangers. Il vient en outre un ulcere au fondement, qui caufe des douleurs aiguës, avec fiévre & transport au cerveau. On nomme cette maladie, aux ifles françoifes, le mal de Siam, parce qu'elle y fut apportée par le vaiffeau du roi de France,nommé l'Oriflamme, qui revenant de Siam,après la déroute des François en ce pays, avoit été obligé de reJâcher au Brefil, où il fe chargea de cette mauvaife drogue qu'il apporta à la Martinique. On auroit plutôt dû appeller ce mal, mal de S. Thomé, puisqu'il en vient originairement. On ne peut imaginer les défordres qu'il a fait aux ifles, & fur les côtes de la terre-ferme de la nouvelle Es. pagne, & combien il a emporté de milliers de perfonnes. Mais enfin, l'on a trouvé un remede fpécifique & prompt pour la guérifon. Les maux vénériens & l'hydropifie font auffi des maladies très-communes à Saint-Thomé. Les terres y font fi pénétrées de l'ardeur du foleil, qu'elles femblent même pendant la nuit être des fournaifes ardentes pendant les mois de décembre, janvier & février. Les mois de juin, de juillet & d'Août font les meilleurs & les plus fains de l'année; les vents de fud-eft & de fud-oueft, qui viennent de la grande terre, rafraîchiffent l'air & le purifient. L'ille de Saint-Thomé, ainfi que tous les autres pays

qui font fitués fous la ligne, a deux hivers & deux étés. Les hivers confiftent en pluies qui tombent abondamment aux deux équinoxes. Elles durent depuis la fin de décembre, jusqu'à la fin de mars, & depuis la fin de juin jusques vers la fin de septembre.

On prétend qu'il y a au centre de l'ifle une haute mon tagne, comme le Pic de Teneriffe, toujours couverte de neige. C'eft de ce Pic que coulent les ruiffeaux qui arrofent l'ifle. Ils font en grand nombre, & il y en a de fi confidérables, que les Portugais ont donné à quelques-uns le nom de rivieres. On les a coupés en plufieurs branches, qui rendent aux terres la fertilité, que la chaleur exceffive leur ôteroit entierement.

La ville de Panoafan eft grande : on lui donne plus d'une demi-lieue de circuit, quoiqu'elle ne renferme qu'environ cinq cents maifons & trois ou quatre églifes. Elles font bâties de bois blanc, que l'on dit être auffi fort que le chêne d'Europe. Le devant, le derriere des maisons, les féparations des appartemens, & même les toits font compofés de planches de ce même bois. Il n'y a dans toute l'ifle que la maifon ou le palais du gouverneur, & trois ou quatre autres, qui foient bâties de pierre. La ville n'étoit fermée que d'un retranchement de paliffade, avec un foffé: elle étoit accompagnée d'un château à peu près de même force, lorsque les Hollandois s'en rendirent maîtres en 1599. Les Portugais, qui s'étoient fauvés dans les montagnes, revinrent après leur départ : ils environnerent leur ville d'un meilleur rempart, quoiqu'il ne fût compofé que de terre foutenue par des paliflades. Ils creuferent auffi, & élargirent beaucoup leurs foffés du côté de la terre. Ils firent du côté de la mer des fortifications de pierres, & bâtirent un fort, qu'ils environnerent de bonnes courtines de pierres, avec quatre baftions; le fort s'appelle SAINTSEBASTIEN : fes murs & fes remparts, qui font tout de pierre, ont vingt-cinq pieds d'épaiffeur. Ce feroit une place imprenable dans ce pays- là, fi elle étoit défendue par cent hommes. Elle réfifta effectivement en 1610, aux Hol landois qui y périrent tous. Il eft vrai qu'ils la prirent avec la ville en 1641, mais leur flotte & toutes leurs troupes y furent tellement défaites, qu'à peine avoient-ils des foldats pour mettre des fentinelles & des matelots pour fournir deux navires, ce qui les avoit obligés à abandonner ou à brûler les autres.

L'ifle de Saint-Thomé eft accompagnée de deux petites ifles qui ne font pas habitées, & dont la premiere, qui porte le nom d'ifle des Chévres, est à l'eft. Il n'y a que des chèvres que l'on y a mifes qui ont beaucoup peuplé, & qui font d'un goût excellent : la difficulté eft de les avoir; car elles font extrêmement fauvages, & fe retirent dans des lieux d'un accès très-difficile: il n'y a qu'elles & les Négres, qui y puiffent grimper. L'autre ifle s'appelle l'ifle Rolles: elle eft au fud, à un quart de lieue de Saint-Thomé : le paffage eft fain, & le mouillage y eft bon: on s'y peut retirer dans un befoin.

3. SAN THOMÉ, ville maritime de l'Indoustan, fur la côte de Coromandel, au royaume de Carnate. Voyez MELIAPOUR.

SAN VISILI ou SAINT-BASILE, bourgade de la Morée, fur la riviere de Teira, entre les villes d'Argos & de Corinthe, à cinq lieues de l'une & de l'autre. Quelquesuns la prennent pour l'ancienne CLEONA, d'autres en distinguent la pofition.

SAN VENETICO, petite ifle de la Grece, fur la côte méridionale de la Morée, près de l'ifle de Sapienza, entre Modon & le cap de Gallo, qui eft à l'entrée du golfe de Coron. C'eft plutôt un écueil qu'une isle,

1. SAN VICENTE, cap du Portugal, à l'extrémité de l'Algarve. Il a été connu auffi des anciens fous le nom de Promontoire facré. Voyez au mot CAP.

2. SAN VICENTE DE LA BARQUERA, petite ville maritime d'Espagne, dans la Biscaye, & la derniere des quatre villes de la côte, avec un port & deux ponts. Elle eft fituée dans une large plaine, entourée de bonnes murailles, & allez forte. Elle a la pêche en abondance. Il y a trois cents familles, une paroiffe où font quatorze bénéficiers & un couvent de franciscains. Le roi Alphonfe IX la peupla en 1173, & lui octroya de grands priviléges.

3. SAN VICENTE DE SONSIERRA, ville d'Espagne, en Caftille, au comté de Rioxa, à une lieue de

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