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On appelloit déja cette riviere Sauconna du tems d'Ammien Marcellin, l. 15, qui dit Ararim quem Sauconnam appellant; & c'est de ce mot Sauconna qu'eft venu le nom françois. L'a ne s'y prononce point, ou du moins il ne fe fait point fentir; en récompenfe l'o eft très-long.

2. SAONE, (La) en latin Savo, riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans la province de Labour. Elle a fa fource vers Tiano, &, courant au midi, puis au couchant, elle fe rend dans la mer de Naples, entre la roche de Montdragon & la bouche de Voltorno.* Baudrand, édit.

1705.

SAOUC-BOULAC, bourg de Perfe, entre Tauris &
Sultanie.* Hift. de Timur-Bec, l. 3, c. 63.

SAOUR, ville de Perfe, dans le Courdistan.
SAPÆ, ou

1. SAPÆI, ancien peuple de la Thrace, felon Etienne le géographe. Appien, Civil. I. 5, en fait auffi mention. Leur pays eft nommé Sapaica Prefectura par Ptolomée, 3,6. 11. Leurs villes étoit Enos, Cypfela, Bifanthe, &c. felon le P. Hardouin, in Plin. l. 4, c. 11.

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2. SAPÆI, ancien peuple de l'Ethiopie, fous l'Egypte, felon Ptolomée, 4. 4, c. 8. Il les met au midi du peuple Memnones, qui étoient entre le Nil & l'Aftapus, près de

Méroé.

SAPANDJÉ, bourg de la Turquie afiatique, dans la Natolie, & dans une plaine fur le bord occidental d'un lac de quinze milles de circonférence, à une demi journée du golfe d'Izmid. Le terroir y eft très-bon pour les bleds. Voyage en Turquie de Otter. t. 1.

SAPARAGES. Ptolomée, l. 7, c. 1, appelle ainfi une des bouches de l'Inde. C'eft la cinquième, en commençant par l'occidentale.

SAPARNUS. Voyez PTARENUS.

SAPAUDIA : nous disons préfentement Sabaudia, nom latin de la Savoye, dans le moyen âge : il fe trouve dans la Notice de l'empire, fect. 65. Ortelius dit l'avoir trouvé auffi écrit par un p dans un manuscrit de la chronique de Prosper.

SÁPAYES, (Les) peuple de l'Amérique méridionale, dans la Guiane, vers la riviere de Cauvo. Ils font fort pauvres, & ne favent fouvent de quoi fubfifter. Comme le nombre en eft fort petit, on les faiffe en paix, & ils n'ont point d'ennemi que nous connoiffions. C'eft ce qu'en dit la Barre, dans fa description de la Guiane, ou France équinoxiale, p. 35; mais il infinue qu'on ne connoiffoit pas en

core alors toute cette nation.

SAPÉ : Pline, l. 6, c. 30, parlant d'ESAR, ville d'Egyptiens en Ethiopie, ajoute que ce qu'Ariftocréon appelle Efar, Bion le nomme SAPE, & dit que ce mot fignifie des étrangers.

SAPEI, ancien peuple de la Samartie, en Afie, felon Pline, 1. 6, c. 7. Le fleuve Ocharius traversoit, dit-il, leur

pays.

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1. SAPHA, lieu où Plutarque dit, in Lucullo, que l'orateur Amphicrate fut enterré. Ortelius croit qu'il étoit près de Séleucie, parce que Plutarque dit que cet athénien étant banni de fon pays, fe retira à Séleucie, fur le Tigre; mais l'hiftorien grec ajoute que de-là il fe retira auprès de la reine Cléopatre fille de Mithridate, & femme de Tigrane: qu'étant devenu fuspect à cette cour, on lui interdifit tout commerce avec les Grecs; qu'il s'en chagrina, & fe fit mourir en ne mangeant point. Cléopatre, ajoute Plutarque, le fit auffi enterrer magnifiquement, & fon tombeau eft près d'un lieu appellé SAPHA. Comment, & pourquoi un homme de lettres mort à la cour de Tigrane auroit-il été transporté fur le Tigre, pour être enterré auprès de Sapha? cela n'eft pas aifé à deviner. Il peut y avoir eu un lieu nommé SAPHA en Arménie, & par conféquent différent

SAN

de la ville de SAPHÉ. Dacier croit néanmoins, comme Ortelius, que le lieu nommé Sapha par Plutarque, eft le même que Saphé, ville de la Méfopotamie, fur le Tigre.

2. SAPHA, lieu de la Palestine, auprès de Jerufalem Jofeph, parlant de l'entrée d'Alexandre le Grand à Jerufalem, dit, 1. 11, c. 8, lorsqu'on fut qu'il étoit proche, le grand facrificateur, accompagné des autres facrificateurs & de tout le peuple, alla au devant de lui dans cette pompe fi fainte, & fi différente de celle des autres nations, jusqu'au tieu nommé SAPHA, qui fignifie en grec guerite, parce que l'on peut voir de là la ville de Jerufalem & letemple.

3. SAPHA. Voyez SAPHE.

SAPHAR, ou SAPPHAR, par un double PP, ville de l'Arabie heureuse, dans les terres, felon Pline, l. 6, c. 23. Il fe contente de l'appeller ville royale. Il a raifon de la mettre dans les terres, car Save, autre ville dont il parle auffi, étoit à trois journées de chemin du port de Musa ; & de Save à Saphar, il y avoit neuf journées de chemin. Arrien, Peripl. Maris Erythrai, p. 13, edit. Oxon. qui nous apprend ces diftances, nomme cette ville Saphat; mais comme le mot pas qui précéde celui de Saphar dans cet auteur, eft terminé par la même lettre qui commence le mot fuivant, cela a donné occafion aux copistes d'oublier une des deux SS, & d'écrire Aphar, au lieu de Saphar, comme en avertit très-bien le pere Hardouin, qui cite le paffage d'Arrien. Ortelius avoit fait cette remarque avant lui. Prolomée, l. 6, c. 7, nomme cette ville SAPHARA, &1.8, Tab. 9, Afia, il la nomme SAPHAR. L'édition de Bertius a le double p en tous les deux paffages. Arrien, auffi bien que Ptolomée, nomme cette ville métropole, & dit que c'étoit de fon tems la demeure de Charibaël, roi légitime des Homérites & des Sabaïtes, leurs voifins, qu'il étoit ami des généraux Romains, à qui il envoyoit fouvent des députés & des préfens. Quelques uns y ont cherché OPHIR. Voyez l'article OPHIR. Le pere Hardouin dit que le nom moderne est SAADA.

SAPHE, ville de la Méfopotamie, près du Tigre, felon Prolomée, l. 5, c. 18. Quelques exemplaires portent Sapphé, par deux PP.

SAPHER, campement des Ifraélites, dans le défert. Voyez SEPHER.

SAPHET. Voyez SEPHET.

SAPHON, lieu de la Palestine, felon Jofué, c. 13, V. 27, il étoit de la tribu de Gad.

SAPHOURI. Voyez SEPHORIS.

SAPHTHA, bourg cu ville de l'Arabie heureuse, dans les terres, felon Ptolomée, 1. 6, c.7.

SAPIENZA. (la mer de) On appelle ainfi MARE DI SAPIENZA, ou ACQUE DI SAPIENZA, cette partie de la Méditerranée, qui bat les côtes de la Morée, entre la mer Ionienne, au couchant, & l'Archipel à l'orient. Les golfes de Coron & de Colochine en font partie.

SAPIENZE, (le) petites ifles de Grece, fur la côre occidentale de la Morée. Le pere Coronelli en parle ainfi, part. 1, p. 185, dans fon Ifolario : Peu loin de Prodano, ayant dépaffé le cap Acrita, on voit au midi de la Morée, du côté de la Barbarie, trois petites ifles nommées par Paufanias OENUS, & appellées aujourd'hui LE SAPIENZE. Ce nom appartient proprement à la premiere, nommée par quelques auteurs SPHAGIA ou SFRAGIA; elle eft pourvue d'un bon port&d'un château de médiocre grandeur presque détruit, qui n'eft qu'à quatre milles de Modon. On croit

que

le nom de Sapienza, en françois Sagesse, leur a été donné, parce qu'il en faut beaucoup aux pilotes en ces quartier-là, pour fe tirer des périls du courant impétueux qui fe trouve entre ces ifles & celle de Cerigo. La feconde eft nommée par Ptolomée TIGANUSA OU THEGANUSA, par Sophien CAURIA, & par les marins FUSCHELLA. La s'appelle troifiéme nommée anciennement BACCANTIA, aujourd'hui SAN VENATICO, & n'a point du tout d'habitans, quoiqu'au côté oriental elle ait un port très-fûr & fort grand. Sur le rivage feptentrional, on voit voler quantité d'oiseaux blancs comme des cygnes : les gens de mer les nomment Abbordo. Baudrand, fuivant le pere Briet pour guide, nomme ces deux ifles Coagulo & San Venetico, & affure que ce font les Oenuffe de Paufanias, les diftiguant des ifles de Sapienze. Entre le nord & le nord-eft, il y a cinq ou fix petits écueils qui fervent de retraite aux corfai

res

res de Barbarie, qui s'y mettent en embuscade pour furprendre les barques des paffagers.

SAPIRENE, ifle du golfe Arabique, felon Pline, 1. 6, c. 29. Ptolomée dit SAPPIRENE par deux pp, & la met du côté de l'Egypte. Etienne le géographe écrit ZenQuan, SAPPHIRINE, & dit que les Saphirs venoient de là.

SAPIRES, peuple du Pont, dans les terres, felon Etienne le géographe, qui ajoute que de fon tems on difoit Sabires par un b. Berkelius fon commentateur dit qu'Orphé nomme auffi ce peuple, & il renvoye aux notes qui font après le premier tome de l'hiftoire Byzantine. Ortelius dit que ce font les SABIRI d'Aga

chias.

SAPIS, riviere d'Italie, dans le Picenum, auprès de la ville d'Ifaurum. Son nom moderne eft le Savio; & comme cette riviere paffe à Cefena, on la nomme aufli Rio di Cefena.

SAPITO. Baudrand dit que Porama, ou Sapito, font les noms modernes de l'ancienne Cardamyle, ville du Péloponnéfe, dans la Laconie.

SAPOLUS, ville de l'Inde, en deça du Gange, felon Ptolomée, l. 7, c. 1.

SAPONARA, bourg & château d'Italie, au royaume de Naples, dans la Principauté ultérieure, fur la riviere d'Agri, au pied du mont Apennin, & aux confins de la Bafilicate, à dix milles au-deffous de Marfico Nuovo, vers le midi, felon Baudrand. C'eft le Grumentum des anciens.

SAPONARIA, fauxbourg de la ville de Toul. Il en eft parlé dans un concile tenu fous Charlemagne en ce lieu.

SAPORDA, lieu de la Pamphylie, felon Polybe, liv. s.

SAPOTHRENÆ, ancien peuple de Sarmatie, en Afie, felon Ptolomée, l. 5, c. 9.

SAPPA, ville de la Turquie, en Europe, dans l'Albanie. Elle étoit fur une montagne, au bas de laquelle eft le village de Ndenesciata, c'est-à-dire, felon Baudrand, fous la Sappa, près de la riviere de Ghiadri. Le pays en conferve encore le nom vers le Drinnoir. Quoique ruinée elle a un évêché fuffragant de l'archevêché d'Antivari. Cet évêque fait fa réfidence ordinaire à Ndenes

ciata.

: SAPPERINE, pour SAPIRENE.

SAPPHAR. Voyez SAPHAR. SAPPHO, village de la Palestine, dans le canton de Samarie, felon Jofeph, de Bello, l. 2, c. 3. Lat 7, Grac. & 7, d'Andilly, qui le met entre Arus, lieu voifin de Samarie & Ammaus. Le grec porte Sappho, Zanopo; d'Andilly met SEMPHO.

SAPPHIRINÉ, SAPPHEIRINÉ, ou SAMPHEIRINÉ. Voyez SAPIRENE.

SAPPINIA TRIBUS, peuple d'Italie, dans l'Ombrie. Tite-Live en fait mention, l. 31, c. 2. Il prenoit fon nom du Sapis, le Savio, riviere auprès de laquelle il habitoit. Ce mot fe doit écrire par un feul p. Sapinia Tribus.

SAPPIRII, ET, Ortelius dit que Manuel empereur, dans fa députation aux évêques d'Arménie, fait mention d'un évêque dont le peuple eft ainfi nommé. Je doute qu'il foit différent des Sapires.

1. SAPRA PALUS, lac dans l'isthme de la Cherfonnéfe Taurique, felon Strabon, 1.7, p. 308. Ce mot Zampa féminin de Zampos, veut dire pourri, corrompu. Le lac que Cafaubon croit être le même que BYCE, eft au nord de la Cherfonnéfe, à l'orient de l'ifthme, qui la joint à la terre ferme, & qui, comme dit Strabon, le fépare de la mer, c'eft-à-dire, du Pont-Euxin, ou ce qui revient au même, du golfe Carcinite. Il étoit plus enfermé qu'il n'eft préfentement par une langue de terre qui s'avance vers le nord, au couchant de ce lac, & qui ne l'empêchoit pas de communiquer avec le Palus Méotide. Cette langue de terre, qui peut bien avoir été anciennement un ifthme entier, eft encore préfentement allez confidérable, pour marquer l'ancienne étendue du lac Sapra.

2. SAPRA PLUS, lac de l'Afie mineure, vers la Troade, auprès d'Aftyra; il fe décharge dans la mer, en un endroit où le rivage eft bordé de roches. SAPRIA, fiége épiscopal très-ancien. On n'en dit point

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d'autre circonftance, finon que faint Dorothée dit que Nicolas, l'un des foixante-douze disciples de Notre Seigneur Jefus Chrift, & l'un des fept premiers diacres choifis par les apôtres, fut fait évêque de Sapria. Nicolaus unus ex feptem fuit. Hic cum effet Sapria episcopus factus in alienam doctrinam lapfus, una cum Simone à fide defecit.* Biblioth. Patr. Edit. Margarit. de la Bigne, t. 3, p. 149.

SAPRISARA, village de la baffe Mafie, au territoire de Nicopolis, felon Ortelius, qui cite Aldi, ortographia, fol. 527.

SAPSAS, lieu vers le Jourdain, dans la Paleftine. Sophronius croit que faint Jean-Baptifte y demeuroit, Ortelius a cru qu'Etienne le géographe a fongé à ce lieu en faifant fon article de Lampfos Aas, où il dit Lampfius uti Sapfius, Cipfius, c'eft-à-dire, de Lampfos le nom national eit Lampfius, comme Sapfius & Cipfius. Berkelius avoue que les imprimés & les manuscrits portent Zapos Sapfius: mais, dit-il, c'eft un mot qui ne figni fie rien; il change ce mot de Sapfius en Thapfins, Oacios Ce qu'il y a de fûr, c'est qu'il ne change rien au mot Cypfius, quoiqu'il ne fache point ce qu'il fignifie par la : même raifon il pouvoit laiffer Sapfius. Eft-il dit que nous devions ôter des ouvrages des anciens tout ce que le tems

a rendu obscur ?

SAPURI ou TAPURI MONTES, montagnes de la Scythie, en deçà de l'lmaüs, felon Ptolomée, 1. 6,

C. 14.

SAQUES, (les) ancien peuple que les historiens latins noinment SACÆ. voyez ce mot.

1. SARA, ville marchande de la Cherfonnéfe d'Or. 2. SARA on ZARA, ancien lieu d'Afie, dans la petite Arménie, fur la route d'Arabiffus à Satala, entre Eumeis & Dogalaffon, à dix-huit mille pas de la premiere, & à vingt mille pas de la feconde.

1. SARAA, ville de la Palestine, dans la tribu de Juda. Elle fut bâtie ou fortifiée par Roboam. * Dom Calinet Dict. Paralip. 1. 2, c. 11, v. 10.

2. SARAA ou TSORA, ville de la Palestine, dans la tribu de Dan. C'étoit le lieu de la naiffance de Samfon. Elle étoit fur la frontiere de cette province & de celle de Juda. Et fuit terminus poffeffionis ejus Saraa Eftaol & Hirfemes, dit le livre de Jotué. Eufebe, in Sara & in Sorec, la met à dix milles d'Eleutheropolis, en tirant vers Nicopolis, & affez près de Caphar-Sorec. D. Calmet croit que les Saraites du premier livre des Paralipomenes, c. 2, v. 53, & Sarathi du même livre, font les habitans de Saraa, c. 4, F. 2. * Judic. c. 13, v. 2.

SARABACUS ou SABARACUS, felon les divers exemplaires de Ptolomée, l. 7, c. 2, ville de l'Inde, au-delà du Gange.

SARABAT, (le) riviere d'Afie, dans la Natolie. C'est l'Hermus des anciens. Voyez HERMUS, No. 1. Il a fon embouchure dans le golfe de Smyrne, auprès de Smyrne, après avoir palle à Allachars.* De l'Ifle, Atlas.

SARABATHA ou SABARATHA. S. Epiphane, De vita & more prophet. nomme ainfi la patrie du prophéte de Sophonie.

SARABOY, petite ville des Indes, dans l'ifle de Java, fur la côte feptentrionale, à vingt lieues de la ville de Mataran, vers le nord.

Baudrand, de qui eft cet article, l'a dreffé fur une carte de Samfon: Reland, qui en a donné une meilleure, nomme cette ville Sieribon. Elle n'eft pas petite. Samfon la met entre Dermayo, au couchant, & Taragalle au levant. Schouten, t. 1, p. 279, dans fon voyage aux Indes orientales, les nomme toutes les trois Taggel, Charabaon & Dermaya. Reland, dans fa carte, les appelle Teggal, Sjeribon & Dermayaon. Cette ville de Sjeribon eft nommée Tsieribon, capitale d'un royaume & d'une province particuliere de même nom dans l'article de JAVA.

SARABRIS, ancienne ville de l'Espagne Tarragonnoife, felon Ptolomée. Ses interprétes difent que c'eft ZAMORA. Florien d'Ocampo dit que c'eft TORO, fur le Duero, & fon fentiment eft favorifé par Gomez Vafæus, felon Ortelius.

SARABUS, riviere de l'Inde, en deçà du Gange, felon Ptolomée, 1.7, c. 1. C'eft une de celles qui tombent dans le Gange.

SARA,SERACA ou SARECA, ville de la Sarmatie Afiatique, felon Ptolomée, l. 5, c. 9. Elle étoit auprès du fleuve Vardanus, fuivant cet auteur. SARACA ville méditerranée de la Médie, felon Prolomée, l. 6, c. 2.

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SARACE, ville de la Colchide, dans les terres, felon Prolomée, l. 5, c. 10.

SARACENE, (la) contrée de l'Arabie Pétrée, felon Ptolomée, 1.5, c. 17. Elle étoit au couchant des montagnes noires, en tirant vers l'Egypte. Dans les actes du concile de Chalcedoine, il eft fait plufieurs fois mention de SARACENORUM CIVITAS, la ville des Sarazins : Ortelius croit qu'il faut la chercher dans la Saracéne de Ptolomée.

SARACENI ou SARRACENI, Sarazins, font les ARABES. Voyez ce mot.

La véritable étymologie du mot Sarazin fe tire du verbe arabe Scharaca, qui fignifie fe lever en parlant du foleil. Et en difant les Sarazins, c'est comme fi on difoit les Orientaux: mais les Arabes ne fe nomment jamais ainfi. Ce nom n'eft en ufage que chez les Grecs, d'où les Latins l'ont tiré.* Hift. des Sarazins traduit de l'anglois de Simon Ockloy, t. I, p. xxxix & 415.

SARACINA, bourg d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, fur la petite riviere de Garga, environ à trois lieues de Caffano, vers le couchant. Ortelius écrit ce nom SERACENA. Voyez SESTIUM que Barri croit être l'ancien nom de ce bourg.

SARACORI, ancien peuple dont Alien rapporte cette particularité dans fon hiftoire des animaux, l. 12, c. 34. Les Saracores, dit-il, ne fe fervent point d'anes pour porter des fardeaux, ni pour tourner les meules; mais pour la guerre, & de même que les Grecs montent à cheval pour faire la guerre, les Saracores montent fur des anes en pareille occafion. Alien ne dit point en quel lieu étoit ce peuple. Ortelius conjecture que ce pourroit bien être le même que les SARAGURES, peuple d'Afie, felon Suidas

Σαραγόροι,

SARAGA, ville du pays des Sines, felon Ptolomée, 1.7, c. 3. Quelques exemplaires portent SAGARA.

SARAGINA, village de la Marmarique, dans les terres, felon le même.

SARAGOSSE ou SARAGOCE. Les Espagnols écrivent Zaragoça, en latin Cafarea Augusta, Cefar Augufta, & Cafar-Augufta, ville d'Espagne, au royaume d'Aragon, dont elle ett capitale. Cette ville eft fituée sur l'Ebre, à l'endroit où le Gallego & la Guerva viennent fe perdre dans ce fleuve. Le Xalon y tombe auffi; mais plus haut dans le territoire de Saragofle. Elle eft à onze lieues communes d'Espagne, & à l'orient feptentrional de Calataiud, à douze de Tarraçone, à seize de Lerida, qui eft à l'orient méridional de cette ville, à quarante de Barcelone, & à vingt-un de Pampelune, qui eft au nord occidental. Pline, l. 3, c. 3, dit que fon ancien nom étoit Sal duba. Elle fut bâtie par les Phoeniciens, chez qui Baal étoit le Dieu, que les Grecs & les Romains appellerent Zeus & Jupiter. Ce nom entroit dans la compofition des noms de plufieurs villes de leur fondation, & comme Bochart le remarque très-bien (Chanaan, l. 1, c. 34, p 667, édit. Cadom. ) CALDUBA peut avoir été en phonicien Caltobaal, c'est à dire, Baal eft fon refuge, SALDUBA, Saltobaal, qui peut fignifier fon domaine eft à Baal, ou bien Baal eft fon bouclier; SONOBA, Saanobaal, c'eft à-dire, Baal eft fon foutien : MANOBA, Meniobaal, c'est-à-dire, fon commandant eft Baal; ONOBA, Onobaal, c'eft-à-dire, Baal eft fa force; CORDUBA, Chardobaal, c'est-à-dire, fa crainte eft Baal, &c. Les Grecs retranchoient fouvent l'L finale, comme dans les noms d'Annibal, d'Asdrubal, &c. qu'ils écrivoient A'wife & A'odyß«. Elle conferva ce nom fous les Romains, jusqu'à ce qu'ayant été repeuplée par une colonie roniaine, fous Célar Augufte, elle prit le nom de cet empereur, d'où s'eft formé le nom moderne. On y a trouvé une médaille d'Augufte en bronze, où l'on voyoit d'un côté un étendard foutenu d'une pique, qui étoit le fymbole d'une colonie, avec cette légende autour de la tête d'Augufte: AUGUSTUS D. F. & fur le revers, CESAR AUGUSTA M. POR. CN. FAB. II. VIR. Le pere Hardouin en fournit quelques autres que voici. L'une repréfente un laboureur qui mene des bœufs attachés à une charrue; fymbole d'une colo

nie. Varon, l. 4, de lingua latina, dit, que l'on commençoit une colonie en attelant un boeuf avec une vache, de maniere que la vache étoit du côté de la colonie, & le bœuf du côté de la campagne. La charrue, felon cette dispofition, traçoit le tour des murailles, & on portoit la charrue au lieu où l'on vouloit avoir la porte de la ville. Pline dit, l. 3, c. 3, que Saragofle étoit une colonie franche, arrolée par l'Ebre, & qu'auparavant il y avoit au même lieu un bourg nommé Salduba. Cafar Augufta colonia immunis, amne Ibero affufa, ubi oppidum anteà vocabatur Salduba. Il y a dans le tréfor de Goltius, p. 238, cette ancienne inscription: COL. CASAREA AUG. SALDUBA. Une autre médaille représente la tête d'Augufte, couronnée de lauriers, avec ces mots, CÆSAR AUGUSTA CN. DOм. AMP. C. VET. LANG. II. VIR. c'est-à-dire, Cn. Domitio Ampliato: Cajo Veturio Languido, Duumviris. Une autre porte ces mots, L. CASSIO. C. VALER. FEN. II. VIR. c'est-à-dire, L. Cassio, Caïo Valerio Feneftella Duumviris. On lit fur une autre, C. C. A. PIETATIS AUGUSTA. On y voit la tête de la piété pour repréfenter la piété de Julie fille d'Augufte. Sur le revers eft un temple & les noms des Duumvirs. Juniano Lupo PR. C. CAS. C. POMPONIO PARR. II. VIR. c'est-à-dire, Juniano Lupo Prafecto Cohortis Cafariana, Cajo Pomponio Parra Duumviris. Sur une autre on voit entre deux étendards de cohortes & une aigle légionnaire ces trois lettres C. C. A. qui fignifient Colonia Cafar Augufta. Le plus grand nombre des médailles portent ces trois lettres C. C. A. Plufieurs ont CESAR. AUGUSTA, avec un point après le mot CASAR, quelques-unes Cas. AuGUSTA dans toutes ces médailles il faut lire Cafarea Augufta. Cellarius foupçonne que le mot de Cafaraugufta pourroit bien être venu de ce qu'en lifant le point a été négligé il remarque cependant que Prudence, dans fon hynine pour les martyrs de Saragoffe, dit, Perifteph. Hymn. 4.

Tu decem fanctos revehes & octo,
Cafaraugufta ftudiofa Chrifti,
Verticem flavis oleis revinca,
Pacis honore.

Entre les inscriptions de Gruter, p. 324, n. 12, il s'en trouve une qui, fi elle eft exactement copiée, favorise ceux qui difent Casaraugusta d'un feul mot, la voici: POSTHUMIA MARCELLINE EX CASARAUG. KARENSI, que de Marca explique ainsi, Pofthumia Origine Carenfi ex conventu Cafarauguftano. En effet, Pline met le peuple CARENSES, dans le département de Saragolfe. CARES, pour le dire ici en paffant, eft une petite ville, nommée aujourd'hui Puente de la Reina, à quatre lieues de Pampelune.

Cette ville eft très grande, très belle & très-bien bâtie. Les rues y font longues, larges, bien pavées & fort propres. Les maifons y font généralement plus belles qu'à Madrid: la plûpart font conftruites de brique, & les autres de belle pierre. On y compte dix fept grandes églises, & quatorze beaux monastères, fans parler de plufieurs autres moins confidérables. Elle eft le fiége d'un archevêché. Le premier évêque de Saragoffe, que l'hiftoire fourniffe, eft faint Felix, qui vivoit en 255. Saint Cyprien martyr, écrivant aux évêques affemblés à Mérida, l'appelle le propagateur de la foi, & le défenfeur de la vérité. Felix de Cafaraugufta fidei cultor ac defenfor veritatis. On croit que faint Laurent fut fon archidiacre. Depuis faint Felix jusqu'à l'invafion des Maures, on compte quinze évêques, dont le dernier s'appelloit Bencius; depuis lui jusqu'à l'an 820, on ne trouve aucune trace d'évêques, que d'un nommé Senior, qui faifoit fa résidence à Saragoffe, avec la permiffion des Maures, durant l'oppreffion desquels cette ville n'eut que fix évêques. Alphonfe I ayant repris Saragoffe en 1118 fur les infidéles, fit nétoyer leur mosquée, dont il fit faire la cathédrale, & nomma à cet évêché Pierre de Libran Bearnois, lequel y établis des chanoines féculiers, & enfuite des réguliers. En 1317 le pape Jean XXII étant à Avignon, érigea ce fiége en archevêché, à la priere de Jaime II, & lui donna pour fuffragans les évêques d'Huesca, de Taraçona, de Pampelune, de Calahorra, de Segorbe & d'Albarazin; mais depuis Pampelune & Calahorra en ont été détachés pour être mis fous la juris

diction de la métropole de Burgos, & Segorbe fous celle de Valence, & on lui a rendu deux autres fuffragans, Teruel & Jaca, lorsqu'ils ont été érigés en évêchés. L'églife cathédrale appellée la Ceu, eft un très-beau & très-vaste édifice, bâti à l'antique, d'une maniere qui paroît bizarre à ceux qui n'ont vû que des églifes élevées par des chrétiens: c'étoit une mosquée. Elle ne laiffe pas d'avoir quelque chofe de grand & de fomptueux dans fon irrégularité. Le chœur eft enrichi de beau marbre blanc, & mis en œuvre par de très-habiles architectes & fculpteurs. On voit un fuperbe tombeau, où font les cendres du premier inquifiteur, & au-deffus duquel font fix Mautes fuspendus à des colonnes. * Vairac, rectifié fur des mémoires envoyés de Saragolle.

y

Le palais archiepiscopal, qui eft tout proche de l'églife, confifte en une grande cour entourée de beaucoup de bâtimens, qui n'ont aucune beauté remarquable.

Le chapitre eft compofé de quarante-deux canonicats dont treize font dignités, & tous les chanoines doivent être prêtres. Ce chapitre eft partagé en deux parties, dont une moitié réfide dans une des deux églifes métropolitaines de la ville, & l'autre dans l'autre églife. Ils changent de réfidence tous les ans, de forte que vingt-un chanoines réfident alternativement une année dans une des deux églifes, & l'année fuivante dans l'autre. Ces deux églifes font faint Sauveur & Notre-Dame du Pilier : dans chacune on chante tous les jours l'office & la meffe du chapitre, felon la folemnité dont l'églife fait mention chaque jour. Dans celle de faint Sauveur, outre les vingt-un dignitaires & chanoines, il y a à l'office cent quatre perfona dos, desquels trente un font prébendés, dix-neuf chapelains, quatre fou-chantres pour gouverner le chœur, un maître de chapelle, un facriftain major, vingt-quatre muficiens & vingt-trois enfans de chœur, qui tous portent l'habit de chœur ; les mêmes à très-peu de différence près deffervent l'églife de Notre-Dame du Pilier, dans laquelle outre cela réfident deux chapelains du roi en habit de chanoines. Quand il eft queftion de faire les fonctions pontificales & capitulaires, les deux réfidences s'uniffent & viennent enfemble dans une des deux églifes. Ces deux églifes font métropolitaines, collégiales & paroiffiales.

Celle de Notre-Dame du Pilier eft célébre par le concours de peuple qui y va en pélerinage de toutes les parties de l'Espagne, & même des royaumes étrangers. Cette églife n'a rien de fort beau dans fa ftructure, mais elle renferme de grandes richelles. La chapelle où eft l'image miraculeufe de la fainte Vierge, eft un fouterrein de trentefix pieds de long fur vingt-fix de large. La fainte Vierge y eft placée fur un pilier de marbre, tenant le petit Jefus entre fes bras, dans un lieu fi obscur, qu'on auroit peine à découvrir, fans la lueur de quantité de lampes. On ne peut rien concevoir de plus riche que fes ornemens : fa niche, fa robe & fa couronne font remplies de pierres précieuses; tout à l'entour paroiffent des anges d'argent maffif, qui tiennent des flambeaux à la main. Il y a cinquante lampes d'argent, fans compter plufieurs chandeliers d'un hauteur furprenante. La baluftrade eft auffi d'argent, toutes les murailles font tapiffées de figures de pieds, de mains, de bras, de jambes, d'yeux, de têtes, de cœurs, qu'on a offerts à la fainte Vierge, en reconnoiffance des miracles qu'elle a opérés. Enfin tout eft brillant d'or, d'argent & de pierreries dans cette fainte Bafilique, à l'entrée de laquelle on voit une chapelle, dont la voute eft peinte de rofes d'or; & le cantique magnificat est écrit sur les murailles en lettres

d'or.

Outre ces deux églifes, il y a encore à Sarragoffe les paroiffes fuivantes : faint Paul, érigée en collégiale par un bref, il y a foixante-dix bénéficiers, la Madelaine, S. Jacques le majeur, S. Philippe, S. Michel; hors des murs: fainte Croix, S. Laurent, S. Jean-Baptifte, S. Jean du Pont, fainte Engratie, qui eft de l'évêché d'Huesca; S. Gilles, S. Pierre, S. Martin, dans le palais nommé Alzaferia, qui fert préfentement de citadelle; S. André, S. Nicolas, qui eft en même tems un couvent de religieufes du Sépulchre ; & enfin Notre-Dame d'Altabas, qui eft auffi un couvent de franciscaines.

Il y a auffi plufieurs églifes qui ne font point paroiffiales. Les maifons religieufes & les couvens d'hommes font, faint Dominique, faint Ildefonse, & faint Vincent Ferrier, collége où font des dominicains; Notre-Dame de la Con

ya

ception, où les jéfuites enfeignent les humanités; il y a autfi une mailon où l'on inftruit les petites filles. Saint François, jéfus, le collége de faint Diégue, où font des cordeliers de l'obfervance, faint Pierre Nolasque, le collége de faint Lazare, où font des peres de la merci chausfés, faint Auguftin, faint Thomas, & le collège de Manteria, où font des auguftins chauffés. Notre-Dame des Remedes, & Notre-Dame du Pillier ont des colléges d'auguftins déchauffés ; Saint François de Paule, couvent de minimes, Notre-Dame du Carmel, où font des carmes déchauffés, fainte Ifabelle, reine de Portugal, où font des peres de la providence ou théatins, Notre-Dame de l'Asfomption, où font les peres des agonifans; la très-Sainte Trinité, collége des trinitaires chauffés; il y en a un autre de trinitaires déchauffés, & à un quart de lieué un autre couvent, fous le titre de faint Lambert, pour les trinitaires chauffés. A une lieu de là font deux chartreufes, l'une nommée Aula Dei, & l'autre la Conception & plus près eft Notre-Dame de Cogullada, où font des capucins, qui ont encore d'autres couvens hors de la ville. Joignant la paroiffe de fainte Engratie, il y a l'églife de faint Jérôme, qui ne fait avec elle qu'un même corps de bâtiment, & qui eft accompagnée d'un couvent de jeronimites. Le portail de l'églife eft d'albâtre, fort délicatement travaillé. Le grand cloître eft un des plus beaux qui se voyent, auffi-bien que la bibliothèque & le réfectoire. Audeffous du grand autel eft le panthéon où repofent les reliques d'un très-grand nombre de faints martyrs de Sarragoce. Neuf ou dix lampes qui brûlent perpétuellement dans ce fanctuaire, n'y font aucune fumée. Cela fe vérifie journellement au grand étonnement de ceux qui en avoient douté, & qui s'en éclairciffent par leur propre expérience. Il y a auffi l'églife de fainte Ubaldesca, qui étoit aux templiers, qui eft ouverte du haut en bas dans fa principale muraille; depuis le jour qu'ils furent exécutés ; & peu loin de là eft un collége nommé les Vierges. Les couvens de filles font Jerufalem, Notre-Dame de Altabas, fainte Catherine, où font des franciscaines de l'obfervance. Santa Fé fainte Agnès, ou font des dominicaines, fainte Luce, où font des bernardines, Notre-Dame du Carmel, où font des carmelites déchauffées, faint Jofeph & Las Feçetas, des carmelites déchauffées; sainte Monique, des auguftines déchauffées.

A une lieue de la ville eft l'abbaye royale de fainte Foi, où font des bernardins. L'églife de faint Antoine abbé dans la ville tient à un grand palais, que poffède le grand caftellan d'Ampofta, de l'ordre de Malthe ; c'eft où l'on tient le chapitre des chevaliers. C'est la premiere dignité de la langue d'Aragon. Elle a été occupée par dom Manuel de Sada, maréchal de camp des armées de fa majesté catholique. Elle répond à celle de grand prieur de Caftille, que poffédoit l'infant dom Philippe. Il ne faut pas oublier l'églife de Notre-Dame Del Portillo, d'où la Sainte Vierge défendit miraculeufement les murailles, contre une entreprise des Maures. C'eft dans la confiance que les habitans ont en la protection de la Mere de Dieu, que la ville eft aujourd'hui fans murailles, & n'a d'autre fortification que le palais de l'inquifition, dont on a fait une citadelle. Cette ville fans murailles n'a pas laiffé de fervir dans les guerres, de place d'armes, avec garnifon, gouverneur, lieutenant de roi, & fergent major, qui réfident dans un château, à une portée de mousquet de la ville nommé le Fort, & du tems des Maures Aljaferia. Il eft entouré d'un mur, d'un foffé avec un pont & de groffes tours à l'antique. Ce château a été la réfidence des rois d'Aragon. On le donna enfuite à l'inquifition pour y loger les ministres de ce tribunal & pour y exercer la juftice contre les criminels en matiere de foi. Les befoins de la guerre ont porté le roi, à en faire une citadelle, pour s'afsurer de la fidélité des habitans, & il y a une prifon où l'on garde les criminels d'état. Le tribunal de l'inquifition de la foi a été établi à Saragofle, dès le tems de fon érection. Il y a un résident, un fiscal qui a fa voix, un alguazil major, des fecretaires & le refte des officiers néceffaires. Il y a auffi à Saragoffe une univerfité fondée en 1474, où l'on enfeigne toutes les facultés. L'hôpital général eft un magnifique bâtiment, accompagné d'une grande églife & de fonts baptismaux, avec un tribunal nommé la Sitiada. Sur la porte de cet hôpital, on lit ces mots en grandes lettres d'or, URBIS ET ORBIS DOMUS INFIRMO

RUM; on y reçoit indiftinctement tous les malades, de quelque infirmite qu'on foit attaqué. Il y a outre cela d'autres hôpitaux, ceux où l'on met les convalescens, où on loge les étrangers, ceux des enfans de l'un & de l'autre fexe,

&c.

La ville a un vice-roi, un capitaine général du royaume, & une audience royale, compofée d'un préfident & de dix officiers pour toutes les affaires, tant civiles, que criminelles du royaume. Il étoit difficile de trouver une ville mieux policée & mieux gouvernée que Saragoffe: mais cette belle dispofition changea par l'abolition des priviléges de ce royaume en 1707, lorsque le roi en fit une province de celui de Caftille, dont on lui donna les loix, excepté en ce qui regarde dans le civil certaines plaidoiries, où l'on fuit toujours les us & la coutume d'Aragon. Tant à Sarragoce que dans les autres villes, l'autorité des jurés a paffé à des régidors. Il y en a vingt-quatre à Saragoffe, qui font tous à la nomination du roi. Ils ont pour préfident un intendant de tout le royaume, qui préfide toutes les fois qu'ils fe réuniffent & qu'ils demandent du fecours. Leur habit or dinaire à tous eft l'habit françois; les Espagnols l'appellent T'habit militaire. Il y a onze officiers de robe, qui forment un tribunal où fe jugent les caufes, tant pour le criminel que pour le civil, & un régent de cette espéce de parlement, que l'on nomme la chancellerie, depuis la fuppresfion des anciennes charges. Cinq de ces officiers font pour des affaires civiles, & les cinq autres pour les criminelles. Il y a auffi un commandant général qui préfide à l'audience. La plus grande partie de l'autorité eft dans la feule perfonne de l'intendant. La maison de ville eft un fomptueux édifice, qui attireroit davantage les yeux des curieux, si sa magnificence n'en étoit effacée par celle de la maifon de la députation où s'affemblent les états du royaume, & où le jufticia d'Aragon faifoit autrefois fi bien valoir fon autorité. On y trouve à l'entrée une belle cour carrée, avec un portique; de là on monte dans une falle petite, à la vérité, mais très-jolie, où l'on voit tous les rois d'Aragon repréfentés au naturel, chacun avec une inscription, qui comprend en peu de mots fon nom, & les plus belles actions de fa vie. On n'y voit aucune reine, à la réferve de Donna Petronilla, fille unique du roi D. Ramire, qui porta le royaume d'Aragon à Raimon de Berenger, comte de Barcelone, fon mari. A un coin de la falle eft un S. George, patron du royaume, fuperbement monté, tenant fous lui un dragon de marbre blanc. Il y a deux beaux ponts fur l'Ebre l'un eft de pierre & l'autre de bois. Cette riviere y eft belle & navigable; ce qui fait voir que les Carthaginois, les Grecs & les Romains la remontoient jusqu'à cette ville, autour de laquelle elle coule de maniere qu'elle en baigne le pied des édifices en quelques endroits : anciennement elle n'avoit pas précisément le même lit qu'elle a aujourd'hui. On s'apperçut des grands ravages qu'elle faifoit fur la route, lorsqu'elle vient à s'enfler, & on fongea à y apporter remede, en lui ouvrant un cours avec tant de précaution, que quelque débordement qui furvienne, elle s'étend paisiblement fur le rivage qui eft de l'autre côté de la ville, & quoique le courant foit fort, à caufe de Tous les ruilleaux qu'elle reçoit; elle ne fait aucun ravage, foit aux arbres, foit aux jardins dont fes bords font embellis. On entre dans la ville par quatre portes, qui répondent aux quatre parties du monde. L'Ebre arrofe le côté du nord, & fes bords y font ornés d'un fort beau quai, qui fert de promenade aux habitans. Il y a encore dans la ville d'autres promenades publiques. La plus confidérable eft une grande & belle rue nommée la Calle Santa, c'est-à-dire, la rue fainte, à caufe que ce fut là qu'elle fut fouvent arrofée du fang des martyrs durant les perfécutions que l'églife d'Espagne endura dès les premiers fiécles du chriftianisme. On l'appelle aufli la rue du cours. Elle est fi large, qu'on pourroit la prendre pour une place trèsfpacieufe, fi elle n'étoit pas presque auffi longue que la Tue de Saint Honoré à Paris. C'eft proprement le cours: on voit tous les foirs beaucoup de carolles remplis de dames & de meflicurs, qui s'y promenent lentement, felon l'ufage d'Espagne. Il n'y a dans la ville aucune fontaine; les habitans font obligés de prendre l'eau de l'Ebre. Elle eft fort peoplée, & on y voit quantité de nobleffe, de bons bourgeois, de riches marchands & de gros banquiers, qui y font fleurir le commerce.

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L'air eft fort pur & fort fain à Saragoffe: les dehors de

la ville font très beaux, plantés de jardins & de vergers, à trois lieues à la ronde, & occupés par des maifons de campagne affez jolies, chofe très-rare en Espagne. Il y a abondance de pain, de vin, de viande, de volaille, de gibier, & le tout à bon marché.

SARAGOUSSE. Voyez SIRAGUse.

SARAGURI, peuple d'Afie, felon Suidas. Ortelius doute fi ce n'eft pas le même peuple que les Sarocori d'Elien.,

1. SARAI. Voyez. ZARAI.

2. SARAI, pour SERAI. Voyez SERRAIL.

3. SARAI ou BACHA SERAI, ville de la petite Tartarie, dans la presqu'ifle de Crimée, au nord-oueft de Crim. C'eft moins une ville qu'un palais, où eft la réfidence du kan. Il eft dans une plaine. Corneille la met à deux journées & au nord de la mer Caspienne. Cette pofition eft fauffe.

4. SARAI ou BOSNA SERAI, ville de la Turquie, en Europe, dans la Bosnie, fur le ruilleau de Migliataska, qui tombe dans la Bosna. C'eft, dit Baudrand, une des plus peuplées du pays, & elle eft capitale de la basse Bosnie. Il ajoute, elle est à trente mille pas de la riviere de Save au midi, & presque au milieu entre Belgrade à l'orient, & Sebenico au couchant; mais ce n'eft pas en droite ligne, & Bosna Serai eft au nord d'une ligne, que l'on tireroit de Sebenico à Belgrade. Baudrand écrit Saraio & Seraio, D'Herbelot & Corneille, Bibl. orient. écrivent SARAI. Ils remarquent que le fultan affigne ordinairement les revenus de la fultane mere, fur cette ville & fon territoire. De l'Ile écrit Bosna Serai.

SARAIM, ancienne ville de la Palestine, dans la tribu de Juda, felon le livre de Jofué, c. 15, v. 36. Elle eft nom mée ailleurs Soraa, Zaraa & Saraa. Joseph, Antiq. 1.5, c. 10, la nomme Saraza, & y met la fépulture de Samfon. * 2 Paral. c. 11, V. 10.

SARALAPIS, ancien lieu de la Sardaigne, dans les terres, felon Ptolomée, 1. 3, c. 3. Il y a des exemplaires qui donnent Sarola pour le nom de cette ville, & qui font connoître que la fyllable pis eft abrégée de polis mós, qui veut dire ville. Peut-être n'eft-ce qu'une conjecture de quel que critique. Ortelius foupçonne que ce pourroit bien être la Sorabile d'Antonin. On croit que c'est aujourd'hui Villa Pozzi, bourgade de la même ifle.

SAR-ALBE, petite ville de Lorraine, en latin Sara Alba ou Alba ad Saravum. Son nom marque fa fituation fur la Sare, dans le pays de Vosge, vers le comté de Bitche, entre Sarwerde & Sarguemine, à environ trois lieues l'une de l'autre. * Baudrand, édit. 1705.

SARALUS, ancienne ville de la Galatie, felon Ptolomée, l. 5, c. 4. Elle appartenoit au peuple Trocmi.

SARAMANNE, ville d'Hyrcanie, vers le nord, felon Ptolomée, l. 6, c. 9. Ammien Marcellin dit que c'étoic une place forte, & qu'elle étoit fituée au bord de la mer. C'est apparemment la Samarianne que Strabon, I. 23, c. 6, met auffi en Hyrcanie. Ce peut être dans ce dernier une faute de copiste.

SARAMEL. Voyez ASSARAMEL.

SARAMENA, contrée de l'Afie mineure, vers l'Amifus, felon Strabon, l. 12, p. 546. Il dit : au-delà de l'Halys, eft la Gadelonitide, qui s'étend jusqu'à la Saraméne.

SARAMON, abbaye de France, en latin Cella Medulfi. Elle eft dans le bas Armagnac, dans une ville de même nom, où il y a un millier d'habitans, fur la riviere de Gimone, à quatre lieues d'Auch: elle est ancienne, & fut fondée vers l'an 904, fondée vers l'an 904, fous le titre des apôtres S. Pierre & S. Paul, dans un lieu nommé Blizentium. Elle est de l'ordre de S. Benoît.

SARANARA. Voyez SAZARANA.

SARANDIB, nom de l'ifle de CEILAN. Voyez ce mot. SARANGA, Σapayya, contrée de l'Inde, vers l'embouchure de l'Indus, felon Arrien, in Indicis, entre ce fleuve & l'Arbis, au bord de la mer.

SARANGE & SARANGAI, ancien peuple, au nord oriental de la Perfe. Pline, l. 6, c. 16, nomme comme peuples voifins les uns des autres Chorasmii, Candati Attafini Paricani, Saranga, Parrhafini, &c. Arrien, l. 6, c. 8, femble en indiquer la demeure en nommant la riviere Sarange, qui vient ex Meccis, tombe dans l'Hydraotes, riviere qui, groffiffant l'Acefine, alloit avec elle fe per,

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