dre dans le fleuve Indus. Hérodote, 1.3,1.93, nomme aussi ce peuple, & en fait une dépendance de la Perse, qui a autrefois pû étendre sa domination jusques-là. 1. SARANGE, riviere. Voyez l'article précédent. 2. SARANGE, autre riviere qu'Orphée place vers le Bosphore Cimmérien, selon Ortelius. SARANI, ancien peuple. Procope, Perfic. l. 1, dit qu'il habitoit un canton de la Phœnicie. Ortelius ajoute : Peut-être étoit-ce aux environs de Tyr, qui a été appellée Sarra. SARANTACOPA, perit golfe du canal de Constantinople, vers la Romanie, environ à deux lieues de Constantinople, vers le nord. * Baudrand, édit. 1705. SARAPANA, forteresse de la Colchide, sur le Phase, qui est navigable jusques-là, selon Strabon, 1. 11, p. 498. Il ajoute que de là on continuoit le voyage par des chariots jusqu'au Cyrus. Il juge ce fort affez grand pour y établir une ville. C'étoit un des passages pour aller de la Colchide dans l'Iberie, par des défilés qui en sont proche. 1. SARAPARE, ancien peuple, voisin de l'Arménie. Il paroît qu'ils étoient originaires de Thrace. Strabon dit, 1. 11, p. 531: On dit que certains Thraces, surnommés Sarapara, c'est-à-dire, coupeurs de têtes, demeurent plus haut que l'Arménie, auprès des Guranii & des Médes, peuples féroces & intraitables, qui habitent dans les montagnes, & qui ont coutume de couper les jambes & les têtes aux hommes qui tombent entre leurs mains, car c'est ce que signifie le nom de Sarapara. 2. SARAPARE, peuple ancien, que Pline, 1.6, c. 16, donne pour voisin aux Badri. Peut-être étoit-ce un surnom donné à ceux-ci, par la même raison qui l'avoit fait donner à ceux de Strabon. Peut-être aussi faut-il lire, felon la conjecture du P. Hardouin, Salapare, comme Ptolomée, 1.6, 6.11, qui place un peuple nommé ainsi au nord de la Bactriane, auprès de l'Oxus. SARAPIA. Voyez SAREPTA. SARAPIDIS INSULA, ifle sur la côte de l'Arabie heureuse, dans le golfe Sachalite, selon Ptolomée, l. 6, 6. 7. Elle étoit remarquable par un temple, & voisine des sept ifles de Zenobe, qui étoient aussi dans ce même golfe. Artien, Peripl. p. 19, édit. Oxon. dans son Périple de la mer Erythrée, met environ deux mille stades entre elle & le continent: il lui donnne environ deux cents stades de largeur. Il y a, dit-il, trois villages, dont les habitans sont les prêtres des Ichtyophages. Ils parlent arabe, & couvrent avec des feuilles ce que la pudeur ne permet pas de montrer. Cette isle a quantité d'excellentes tortues. Les habitans de Cané ont coutume d'y aller avec des chaloupes & des barques. Ramusio croit que c'est aujourd'hui l'isle nommée Mazira. SARAPIONIS. Voyez SERAPIONIS. SARAPUL, ville de l'empire Russien. Voyez SERAPOULÉ. SARAQUINO, petite isle de la Gréce, dans l'Archipel. Elle n'a que vingt mille pas de tour, & est presque déferte. On y voit quelques ruines d'un château. Elle est vers la côte de Macédoine, près des isles de Pelagnifi & Li Dromi, à vingt-cinq mille pas de la bouche du golfe Salonique, au Levant. 1. SARASA, ville des Parthes, que l'on nommoit anciennement les Carduques, felon Strabon, 1. 16, p. 746. Il leur donne trois villes, savoir Sarafa, Sitalca & Pinaca, & ajoute que cette derniere étoit très-forte, & qu'elle avoit trois citadelles, chacune entourée de son mur particulier; de forte qu'elle étoit une véritable Tripolis, mot qui veut dire trois villes. 2. SARASA. C'est ainsi que Joseph, Antiq. l. 5, c. 10, appelle la ville de Saraa, où Samson fut enterré. Elle est nommée Saraa au livre des Juges, c. 15, V. 31. SARAT-ASAR, ville de la Palestine, dans la tribu de Ruben, au-delà du Jourdain. * Josué, c. 13, V. 19. SARATHI. Ce nom se trouve dans les Paralipomenes, 1. 1, 6.4, v. 2. D. Calmet croit que ce sont les Saraita, habitans de Saraa, ville de la tribu de Dan, dont il est parlé au même livre des Paralipomenes, l. 1, 1.2, 1.530 SARATOF ou SARATOW. Quelques-uns écrivent Soratof, ville de l'empire Russien, dans le royaume d'Astracan, sur un des bras du Volga, au sud-est de la Ruffie, & au nord-est du Volga, sur le penchant d'une montagne, avec un fauxbourg, qui s'étend le long de la riviere. Elle est sans murailles sur la hauteur, avec des tours de bois, à quelque distance les unes des autres. Elle a une porte à un quart de lieue de la riviere, une autre à gauche, séparée de la ville, & une troisième du côté de Moscow, avec quelques palissades entre deux. Lorsqu'on en approche du côté qui est à la droite de la riviere, on trouve une descente avec des jardins, & l'on voit au delà de cette derniere porte un pays ouvert, & un chemin battu, par lequel les marchands qui viennent d'Astracan par terre se rendent à Moscow. Il y a à Saratow plusieurs églises de bois, & c'est ce qu'il y a de plus remarquable. Les habitans sont Ruffiens, & presque tous soldars, commandés par un gouverneur. Vers l'an 1695, elle fut réduite en cendre, mais elle étoit entierement rebâtie en 1703. Les Tartares y font des courses continuelles, & s'étendent jusqu'à la mer Caspienne, & à la riviere de Jaïck. On compte qu'elle est à trois cents cinquante werftes de Samara, à la hauteur de 52d 12. On ne voit de la riviere que les tours, & le haut des églises, le fauxbourg étant entre deux. * Voyage de le Brun, t. 3, p. 265, édit. de Rouen 1725. 173R SARAVA, ville de Perse, sur le Tigre. C'est le siége d'un évêché, & peut-être est-ce la Savara de Prolomée, par une transposition de lettres, selon la conjecture de Davity. * Corn. Dict. SARAVALLE, bourg d'Italie, au Trevisan, dans l'état de Venise. Il est à deux lieues de Ceneda, selon Maty & Corneille. Voyez SERRAVALLE. SARAVI, province d'Afrique, en Ethiopie, dans l'Abyssinie. C'est où se trouvent les plus beaux chevaux d'Ethiopie, & on en tire ceux des écuries de l'empereur. Ces chevaux, qui sont pleins de feu, & qui font aussi gros que les chevaux arabes, ont toujours la tête haute : ils n'ont point de fers, parce qu'on ne fait en Ethiopie ce que c'est que ferrer les chevaux, ni les autres bêtes de charge. * Lettres édifiantes, t. 4, p. 143. SARAVUS, riviere de la Belgique, où elle se jette dans la Moselle. Aufone, dans son poëme sur la Moselle, dit, v. 367, Naviger undisona dudum me mole Saravus Il parle ici de la ville de Trèves. C'est un peu au-dessus de cette ville que cette riviere se jette dans la Moselle. Il remarque qu'elle porte des bateaux. La table de Peutinger met sur une route Ponte Saravi; c'est le même lieu qui dans l'itinéraire d'Antonin est appellé Ponte Sarnis ou Sarnix, par une faute de copiste. Ce pont au reste est placé ainsi dans cette table : Venance Fortunat, 1. 7, Carm. 4, ad Grigonem, écrit fim plement Sara dans ce vers: Isara, Sara, Chares, Schaldis, Saba, Sumina, Sura. Voyez le cours de cette riviere au mot SARE. 1 SARAZINS, peuple qui a fait beaucoup de bruit, sur tout dans le moyen âge. Voyez au mot SARACENI. SARBACUM, ville de la Sarmatie, en Europe, selon Ptolomée, 1.3, 6. 5. Elle étoit auprès d'un coude que fait le Borysténe. SARBANA. Voyez SARDANA. SARBANISSA, ou, felon d'autres exemplaires, BARBANISSA, ville de la Cappadoce. Ptolomée la donne au pont Polemoniaque. SARBATHA, ville de l'Arabie heureuse, selon Prolo.1.8. SARBEDICUS, montagne d'Afie: elle a fait partie du mont Taurus, entre la Syrie & l'Arménie, selon Curopalate. SARBENA, ville de l'Affyrie, felon Ptolomée, 1.6, 6. 1. Il la nomme entre Gaugamele & Arbele. SARBO, ifle d'Afrique, sur la côte occidentale de la mer Rouge, à quatre lieues de la côte des Abissins, & à vingt-quatre au midi de Massua. Latitude 154 7'. Cette ifle a une lieue & demie de largeur. De toutes celles qui forment un archipel, au long de cette côte, Sarbo est la plus méridionale. Il y en a plusieurs qui s'élevent à peine au-dessus de la surface de l'eau ; & d'autres sont si élevées, qu'elles paroiffent toucher aux nues. Elles ont tant de bayes, de ports & de rades, que le vent n'y est jamais à craindre. Mais elles manquent généralement d'eau. L'ifle de Sarbo est basse. Les arbres même y ont peu de hauteur, & ne produisent rien, quoiqu'ils foient en fort grand nombre. La campagne y est couverte d'herbes. De l'Isle appelle cette ifle Sorbo. Journal de Castro Portugais. SARBOURG. Voyez SARBRUCK, n°. 1, 2 & 3. Il y a trois villes que l'on nomme également Sarbourg & Sarbruck. Quelques François, trompés par la prononciation des Saxons, qui ne fauroient prononcer notre u françois, & le changent eni, écrivent sur cette prononciation Sarbrick. Baudrand l'écrit de même ; mais il avertit que l'on écrit souvent Sarbourg & Sarbruck, quoique l'on prononce Sarbrick. Cette derniere prononciation est aussi vicieuse que l'ortographe. L'abbé de Longuerne écrit Sarbrouc, faute de savoir que Brucke, en allemand, ne s'écrit point par un u simple, qui fait ou dans la prononciation, mais par un u adouci ü, qui se doit prononcer comme notre u. C'est cet u que les Saxons ne fauroient prononcer sans difficulté dans les mots de notre langue; c'est pourquoi ils le changent en i. De ces trois villes, il y en a une qui devroit s'appeller Sarbourg; c'est le Sarre Caftra de l'inscription ; & une autre Sarbruck; c'est le Saravi Pons des anciens itinéraires. Sarbourg est de l'Allemagne, & Sarbruck est de la Lorraine. Il ne faut point les confondre. Il y a outre cela une autre ville de Sarbruck, de laquelle les itinéraires ne parlent point : diftinguons ces trois places par leurs articles particuliers. 1. SARBRUCK, ville d'Allenmagne, dans l'électorat de Trèves, à trois lieues de Trèves, au midi, fur la Sare, qu'on y pafle sur un pont, d'ou lui vient son nom, & au nord de Freudenberg, qui eft aux frontieres de la Lorraine, & à neuf licues de Sarloüis. Le voisinage de Trèves, attribué dans l'inscription au lieu qu'elle nomme Caftra Sarra, marque l'origine de ce lieu. Ce camp fit bâtir un pont en cet endroit, & le pont a donné lieu à la ville. J'ai remarqué qu'on devroit dire Sarbourg en parlant de cet endroit. en 2. SARBRUCK, ville de la Lorraine, dans le bailliage Allemand, au pays de Vauge, sur la Sare, au pied des montagnes, près des frontieres de la basse Alface, allant de Merz à Strasbourg, à fix lieues de Marfal, & à quatre de Phalzbourg. C'est le Pons Saravi des itinéraires, où la route de Metz à Strasbourg fait voir que c'est de ce Sarbruck que les itinéraires ont parlé, & non pas de celui dont je parle dans l'article qui suit. Cette ville qui doit être appellée Sarbruck, pour répondre à son ancien nom Pons Saravi, a été appellée aussi Sarebourg, & Kauffmans Sarbourg, c'est-à-dire, le Sarbourg du marchand. Ce lieu, comme le remarque de Longuerue, Desc. de la France, 2 part. p. 155, qui écrit Sarebourg & Sarbrouc, & Kauffmans Sarebourg, est chef d'un des archidiaconés de l'église de Metz, à laquelle cette ville & son territoire appartenoient pour le temporel & le spirituel. C'étoit même un des plus anciens domaines de cette église, Les évêques le donnerent aux comtes de Sambourg, & à leurs héritiers mâles. Le dernier comte mort vers l'an 1225, ne laissa qu'une fille, qui supplia Jean d'Apremont, évêque de Metz, de lui donner en fief Sarbruck, ce qui lui fut accordé, avec d'autres fiefs que son pere avoit tenus de l'évêché de Metz, à la charge que si cette fille mouroit sans enfans mâles, ces fiefs retourneroient à l'église, ce qui arriva. Après sa mort certains seigneurs s'emparerent de ces fiefs, dont l'évêque les chatia, & réunit le tout à son domaine. Kauffmans Sarebourg ou Sarbuck, demeura ensuite aux évêques de Metz, qui en jouirent paisiblement jusqu'après l'an 1350. Ce fut dans ce tems-là, que les habitans, qui avoient obtenu de grands priviléges, refuferent d'obéir à l'évêque Ademar de Monteil, & prirent des sauvegardes du seigneur de Feneftrange, ce qui excita des troubles dans le pays; mais ils furent appaises, & les différends terminés par un jugement impérial rendu à Metz par Charles IV, le 20 janvier 1357, par lequel il cassa les sauvegardes que les habitans de Sarbruck avoient pris des seigneurs de Fenestrange, & il déclara ces habitans immédiatement sujets à l'évêque, & à l'église de Metz. Nonobstant ce jugement les habitans se souleverent de tems en tems contre les évêques. Raoul de Couci fut contraint sur la fin du quatorziéme fiécle de demander secours à Charles duc de Lorraine, qui le fervit bien, & pour récompense, il lui assigna l'an 1396 la jouissance de la ville & de la seigneurie de Sarbruck, que l'évêque Raoul & ses successeurs pourroient retirer moyennant deux mille francs en or. Les habitans ne voulurent pas se soumettre au duc, qui leur fit la guerre, & les ayant foumis, il déclara l'an 1398, qu'il quittoit l'évêque des frais de cette guerre, où il devoit contribuer, étant obligé à la garantie. Cet engagement n'empêcha pas les évêques de Metz d'être reconnus les premiers & principaux seigneurs de Kaufmans Sarbourg, quoique leur pouvoir y fut fort diminué, & que le duc de Lorraine fut le maître absolu de cette place l'an 1471, comme il paroît par un traité fait entre George de Bade & Charles, duc de Bourgogne; néanmoins, les habitans de Sarbruck s'adressferent à Henri de Lorraine, évêque de Metz, qui leur donna des lettres l'an 1435, par lesquelles il confirma toutes les franchises accordées à ceux de Sarbruk par les évêques ses prédécesseurs, l'autorite temporelle des évéques de Metz étant presque anéantie à Kauffmans. François de Beauquere, évêque de Metz, céda ou vendit Sarbruck & d'autres villes à Charles, duc de Lorraine, par un contrat paflé à Nanci le 25 février 1661, du consentement du cardinal Charles de Lorraine, administrateur du temporel de l'évêché, moyennant vingt mille francs monnoye de Lorraine, qui furent touchés par le cardinal administrateur. Par ce contrat, le duc de Lorraine retint Sarbruck, & les autres lieux en toute souveraineté, & jurisdiction distincte & séparée du temporel de l'évêché. Après cela le bailli d'Allemagne, pour le duc, prit possession de Sarbruck l'an 1663. Le duc Charles de Lorraine jouitsoit paisiblement de Sarbruck lorsqu'il fut dépouillé de son état par Louis XIII, & il devoit être remis en possession de cette place, par la paix des Pyrénées, comme des autres qu'il possédoit dans l'évêché de Metz l'an 1633; mais par le traité de Vincennes de 1661, le duc céda à la France Sarbruck & Nieders Weiler, sans dépendance; car le roi ne devoit avoir que la souveraineté d'un chemin large d'une demi - lieue de Lorraine. Ces bornes ont été étendues par le traité de Paris, conclu l'an 1718 avec le duc Léopold; néanmoins le lieu de Sareck, & quelques villages que le duc n'a pas cédés lui sont demeurés. 3. SARBRUCK, ville d'Allemagne, dans le Westreich, près de la Sare, dans le comté de même nom, dont elle est la capitale. C'est, dit l'abbé de Longuerue, une des plus anciennes villes de la Lorraine allemande. C'est ausfi un des plus anciens fiefs de l'église de Metz. Elle est située sur la Sare, trois lieues au dessous de Sar-Gemine, & fix lieues au-dessus de Sarlouis. L'historien des évêques de Metz soutient qu'elle étoit déja bâtie avant le milieu du dixiéme siécle, & qu'Othon I érant à Rome l'an 951, donna ce lieu, qui étoit de son domaine royal, à Adalberon I, évêque de Metz, qui avoit accompagné Othon dans ce voyage; mais il est sûr que celui qui a inféré cette donation dans un registre, gardé dans la chancellerie de Vic, s'est abusé dans la date, puisqu'Othon n'alla point à Rome l'an 951, & que Flodoard, historien contemporain, assure qu'il envoya demander qu'on le reçût à Rome, qu'il ne put l'obtenir, & qu'il s'en retourna en Allemagne, où il mena la reine Alix, fa seconde femme l'an 952. Otho pro fusceptione san legatos Romam mittit, qua non obtenta regreditur. Les lettres de donation de Sarbruck à l'église de Metz par Henri III ou IV l'an 1065, , sont cerraines, & Frederic Barberousse a reconnu une donation de Sarbruch, faite par Othon I à cette église, & l'a confirmée aussi-bien que celle de Henri, par un acte daté du 6 septembre 1171. Après ce tems, les évêques de Metz donnerent Sarbruck & ses dépendances à des comtes, qui étoient leurs vassaux, comme on le voit par un acte de Simon, comte de Sarbruck l'an 1237, sous l'épiscopat de Jacques de Lorraine. Un autre Simon remit Sarbruck, & le reçut comme vassal de l'évêque Laurent. La maison de ces comtes fut éteinte dans le siécle suivant, parce que Jean, comte de Sarbruck, ne laissa qu'une fille nommée Jeanne, qui épousa Jean de Nassau-Weilbourg, & lui apporta pour dot son comté, qu'ils laisserent à leurs descendants, dont la branche masculine subsiste encore aujourd'hui. Ceux de cette maison ont toujours reconnu pour seigneur feodal l'évêque de Metz, jusqu'en l'an 1640. Ils étoient néanmoins censés état de l'Empire, ayant été compris au traité de Westphalie. Et depuis ce traité, lorsque l'on taxa tous les états & les membres de l'Empire, ils furent compris dans le rolle, & le comté de Sarbruck taxé à 1080 florins. Lorsque la chambre établie à Metz procédoit contre plusieurs princes ou seigneurs, & même contre les comtes de Nassau Sarbruck, leur mere & tutrice, Catherine de Holac offrit de rendre les mêmes devoirs que les prédécesseurs de ses mineurs; mais la chambre ayant rendu un arrêt le 8 juillet 1680, par lequel il étoit défendu à la comtesse de Nassau, & à ses sujets de Sarbruck, de reconnoître d'autre tribunal ou d'autres juges en dernier reflort que le parlement de Metz, cela augmenta les difficultés. Les guerres, qui s'allumerent quelque tems après, mirent ce pays dans le trouble, jusqu'à ce que la paix de Riswick remit toutes choses en l'état où elles étoient avant l'établissement de la chambre, dont les arrêts ont été callés, & les réunions révoquées par le quatrième article du traité. La ville même de Sarbruck est présentement un lieu ouvert & fans défense, ayant été ravagée pendant la guerre, & son château, qui étoit fort beau, ayant été brulé avec la chancellerie des comtes. Elle n'est séparée de la ville de Saint-Jean que par la Sare qu'on traverse sur un pont de pierre. D'Audrifret, qui écrivoit sa géographie peu après les ravages dont on a parlé, dit, Geogr. Hist. t. 3, p. 366: Elle étoit située sur les bords de la riviere de la Saar; mais cette ville ayant été ruinée pendant la derniere guerre d'Allemagne, les habitans le font retirés audelà de cette riviere, dans une petite ville qu'on nomme SAINT-JEAN, située dans une belle prairie, & défendue par de simples murailles. Il parle ainsi du comté. Il est, dit-il, entre la Lorraine, le duché des Deux-Ponts & le comté de Bites. La Saar le coupe en deux parties inégales. Celle qui est au-delà de cette riviere est beaucoup plus grande que celle qui est du côté de la Lorraine. C'est un ancien fief de l'évêché de Metz. Il en parcourt enfuite l'histoire, & admet la fausse date de la donation d'Othon l'an 951. 11. SARCA, château d'Allemagne, dans le Tirol, selon Baudrand. Jaillot en fait un bourg, & Zeyler en fait à peine un village dans sa carte. Il est dans l'évêché de Trente, sur la riviere de Sarca, au nord de la ville de Riva, qui est sur le lac de Garde. 2. SARCA, riviere d'Allemagne, dans le Trentin. Elle a sa source dans les montagnes qui séparent le Bressan du Trentin, d'où coulant vers le midi par la vallée de Randena, elle arrose le long de son cours bon nombre de villages, puis après être arrivée entre Bastia & Verdesina, elle se replie vers le nord-eft, puis vers l'orient, & de nouveau vers le nord-est: elle se courbe vers le sud-est, passe au nord de Sarca, s'étant grossie de plusieurs ruisseaux & particulierement d'un qui vient de Toblino, elle prend son cours vers le midi, passe au travers du lac de Caveden, coule au levant, & se perd dans la partie septentrionale du lac de Garde, entre Riva & Torbole. Là, elle perd son nom, car quand elle fort de ce lac ce n'est plus elle; c'est le Mincio. SERCEDAS, ville de Portugal. Voyez ZERZEDAS, SARCELLE, felon Baudrand & Corneille: SERCELLES, selon Laugier de Tassi, ville d'Afrique, au bord de la Méditerranée, au royaume d'Alger, au gouvernement du Ponent. Laugier de Tassi dit: Hift. du R. d'Alger, p. 153, Sercelles est une petite ville ruinée, sur le bord de la mer, à huit lieues à l'ouest d'Alger. Il y a garnison & un port pour les petits bâtimens. SARCELUM, fort situé quelque part vers le Tanaïs, selon Curopalate, cité par Ortelius. SARCERIUS, pour SANGARI. SARCHAD, lac de Transilvanie, selon Corneille. On le trouve, dit-il, cinq milles au-dessus de la ville de Giula.' Il est petit & traversé par la riviere de Fekerkerez, qui le forme. De l'Ifle, dans sa carte générale de la Hongrie, publiée en 1703, ne connoît point de lac de ce nom. Mais la ville de Giula, elle-même, y est au nord d'un affez grand lac formé par cette même riviere ; & dans la partie la plus septentrionale de ce lac, on voitle lieu nommé Zarcad. Dans la carte de Hongrie, publiée par le même auteur en 1717, fur des mémoires plus furs: le lac de Giula n'est presque plus qu'un large fossé qui environne cette ville. Sarkad eft bien loin de ce lac, plus à l'orient, & n'est qu'un village sans aucun lac. SARCHAN, (le) province d'Asie, dans la Natolie, sur la côte de l'Archipel. Elle a le Becfangili au nord, & le Germian au midi. Elle répond en partie à l'lonie des anciens. Smyrne est sa ville capitale. Ephèse & Fokia font aussi de cette province. Il ne faut pas la confondre avec le Sacrum, comme fait Corneille. * Baudrand, édit. 1705. SARCHIO, ou MONTE SARCHIO, bourg d'Italie, au royaume de Naples, avec un château & titre de principauté, dans la Principauté ultérieure, à trois lieues de Benevent, du côté du couchant. SARCK, petite isle de France, dans la Manche, sur la côte de la basse Normandie. Près de cette isle, il y en a une autre plus petite que l'on nomme la petite Sarck, la grande est l'ARICA des anciens, felon Baudrand. ŠARCIGITUA. Siméon le Métaphraste nomme ce lieu comme ayant été la patrie de sainte Gurie: c'est dans la vie qu'il a écrite de cette fainte. Ortelius croit que ce lieu doit avoir été quelque part dans la Mésopotamie aux environs d'Edelle. SARCINIUM. Meyer, cité par Ortelius, croit que c'est l'ancien nom de la ville de Saint-Tron, & quelques-uns ont trouvé assez de rapport pour croire que SaintTron est la demeure des anciens Centrones ; comme si Saint-Tron venoit de Centrones, & non pas de SaintTron Sanctus Trudo. SARCITAMUS LIMES, ancien lieu d'Afrique, il étoit sous le département de l'officier qui gouvernoit la province Tripolitaine, selon la notice de l'Empire, fect. 45. SARCOA, ville de l'Arabie heureuse, au pays des Æléens ou Agéens, peuple voisin des Narites, selon Ptolomée, l. 6, c. 7. Elle étoit sur la côte méridionale du golfe Persique, selon les cartes dressées sur cet au teur. SARCOPHAGI, c'est-à-dire, les Mangeurs de viande: Suidas, in voce Herodotus, semble nommer ainsi un peuple au rapport d'Ortelius. SARCUM, province d'Afie, dans la Natolie, dans sa partie occidentale, sur la côte de l'Archipel. Elle commence aux Dardanelles, & s'étend jusqu'au golfe de Landrimiti. C'est la Troade des anciens. Il n'y a aucune place remarquable. * Baudrand, édit. 1705. SARDA, grand port de la Méditerranée, sur la côte de Mauritanie, entre Tritum & Céfarée, felon Strabon, 1. 17, p. 831. Cafaubon rétablit en cet endroit Salda, & en effet il n'y a guères lieu de douter que ce ne soit la SALDA de Ptolomée, 1.4, c. 4. SARDABALA. Voyez SERBETES. SARDÆUM, ancien lieu qu'Etienne le géographe ne désigne pas affez pour que l'on devine où il étoit. C'est, dit-il, une montagne près de l'Asopus. Mais il y avoit plus d'un Asopus. Ainsi on ne peut déterminer auprès duquel il faut chercher cette montagne. Heureusement la recherche importe pen, & ce font de ces chofes que l'on peut ignorer fans regret ni honte. SARDAIGNE, (La) grande isfle de la Méditerranée, au midi de l'ifle de Corse, dont elle est séparée par un bras de mer. Les Italiens disent Sardegna, les Espagnols Sardena, quelques-uns écrivent Cerdena: en latin Sardinia. Les Grecs ont dit également Σαρδὼ Sardo, genit. Σαρδές Sardus, & Σαρδών Sardon, genit. Σαρδονος Sardonis. Les habitans font ordinairement nommés par les Grecs Σαρδώοι Sardoi, & quelquefois Σαρδώνιοι & Σαρδόνιοι Sardonii. L'origine, que les anciens ont donnée de ce nom, a l'air fabuleux. Quoi qu'il en soit, la voici. Martianus Capella dit, 1.6, Sardinia à Sardo, filio Herculis, appellata. La Sardaigne, ainsi nommée de Sardus, fils d'Hercule. Et Solin dit, c. 10, aut. c. 4, edition Salmafian. p. 18, que tout le monde sait où est Gituée la Sardaigne, & de qui font venus ses habitans. Il n'est donc pas fort néceffaire, poursuit-il, de dire comment Sardus fils d'Hercule & Norax fils de Mercure étant partis l'un dela Lybie, l'autre de Tartessus ville d'Espagne, s'étant avancés jusques là, Sardus donna fon nom à toute l'ifle, & Norax le fien à la ville de Nore. Ifidore, origin. 1.14, c. 6, dit de même : Sardus fils d'Hercule parti de Libye avec une grande troupe, occupa l'ifle de Sardaigne, & la nomma de fon nom. Pline, 1.3, c. 7, remarque que Timée la nommoit Sandaliotis Σανδαλιώτις ; ce mot veut dire qu'elle reflemble dans sa figure à une sandale, forte de chaussure chez les anciens. C'étoit une semelle, qui s'attachoit sous le pied avec des cordons. Martianus Capella & Solin copient Pline qui ajoute que Myrsile l'apelloit Ichnusa ἴχνῶσα parce que, comme l'explique Etienne le géographe, elle ressemble à la trace que laisse un pied fur le fable, c'est-à-dire, un pied chauffé d'une sandale, du mot ίχνοσ, εος Veftigium, ou la plante du pied. C'est dans ce sens que Claudien, de bello Gildonico, dit de cette ifle: Humana speciem planta finuofa figurat Silius Italicus, 1. 12, dit aussi par rapport à cette reffem- : Infula fluctisono circumvallata profundo, Inde Ichnusa prius Grajis memorata Colonis. Le docte Bochart, Chanaan, 1.1, c. 31, conjecture que le nom latin des habitans, Sardi, vient de Saad, mot de la langue hébraïque qui signifie un vestige, la trace d'un pied,צעד : ce mot est employé dans le Livre des Proverbes c. s, v. 5, en ce sens, & dans les lamentations de Jérémie, c. 4, v. 18. Ce savant homme croit que les Phéniciens ont dit Saad צעד & Sarad צרעו pour dire un veftige. grations de peuples dans la Sardaigne, celle de Sardus, celle de Norax, & celle d'Aristée en quelque rang quơn la mette. La quatriéme est celle des étrangers, qui vinrent de Thespies & de l'Attique sous lolaus. Les premiers bâtirent Olbie & les Athéniens Ogrylle; c'est de cet Iolaus, que du tems même de Paufanias, qui fournit ce fait il y avoit dans l'ifle de Sardaigne des lieux nommés Iolaia où l'on honoroit Iolais. Tout cela est antérieur à la guerre de Troye; mais après le renversement de cette ville ajoute Paufanias, une troupe de Troyens, qui s'enfuyoient, aborda' en Sardaigne, & s'y mêla avec les Grecs qui y étoient établis. Bien des années après, il y vint des Africains avec une puissante flotte; ils attaquerent les grecs & les détruisirent presque entierement; mais les Troyens gagnerent les montagnes, où ils se retrancherent.entre les défilés & les précipices. Ils y gardent encore le nom d'Ilienses. Tite-Live, 1.40, 41, Mela & Pline mettent effectivement un peuple de ce nom dans la Sardaigne. Mais ces auteurs ne parlent ni d'lolais, ni du peuple Iolaenses; en échange, Diodore de Sicile & Strabon, qui font mention des Iolaenfes, ne disent rien des Ilienfes. Les Balares & les Corfes font aussi comptés entre les habitans de l'ancienne Sardaigne. Bochard croit que ces trois noms ne fignifient qu'un même peuple, qui fut nommé Ilienfes, à cause des montagnes qu'il habitoit, Corsi, à cause des forêts & Balari, à cause de ses mœurs fanvag s. Tous les anciens ont parlé de la fertilité de la Sardaigne, & en même tems du mauvais air qui y regne. Mela, 1.2, 6.7, dit: La Sardaigne est fertile, & la terre y est meilleure que le ciel ; mais autant que la terre y est féconde, awant l'air y est empesté. Polybe, 1. 1, 6. 79, dit: La Sardaigne est une ifle excellente par fa grandeur, la quantité de ses habitans & le produit de fon terroir. Silius Italicus, 1. 12, v. 375, dit aufli en parlant de cette même ifle : Qua videt Italiam, faxoso torrida dorso, Paufanias y est conforme; felon lui, in Phocic. la partie J'ai rapporté la premiere migration dans la Sardaigne, Silius avoit dit de même : attribuée à Sardus & à Norax par Solin, c. 4. Il ajoute qu'Ariftée leur fuccéda, & regna dans la ville de Caralis, Cagliari, qu'il avoit fondée, qu'il joignit ensemble ces deux peuples & n'en fit qu'un sous les mêmes loix, aufquelles ils se soumirent, quoiqu'ils n'y fussent pas acoutumés. Bochart fait voir que Caralis étoit une ville phœnicienne, nommée Caranin קרדין ou Carira קרירא , cause du rafraîchissement, qu'elle recevoit d'une colline voisine qui la défend des vents chauds du midi. Il prouve par l'autorité de Paufanias, in Phocic. c. 17, que les Grecs, qui vinrent en Sardaigne avec Aristée, ne bâtirent aucune ville. Il tient même pour fabuleuse cette migration d'Aristée. Selon le témoignage de Pindare, Ariftée passa de l'ifle de Cea en Arcadie ou il vécut, & les Arcadiens lui rendirent après sa mort les honneurs divins en le prenant pour Jupiter. Servius, sur le quatriéme livre des Georgiques, Apollonius & quantité d'autres anciens placent Aristée dans l'Arcadie, & non dans la Sardaigne. On a supposé qu'Aristée, à qui on attribue l'invention du miel, a paffé dans l'ifle de Sardaigne. Il auroit été plus naturel de le faire venir dans l'ifle de Corse qui en a en quantité; en supposant néanmoins que la migration d'Aristée a un fondement historique on ne fait comment la placer. Panfanias la met avant celle de Norax; Solin semble la placer après. Quoi qu'il en soit, voilà trois mi , 1. On ne fait trop où placer l'époque de l'invasion de la Sardaigne par les Carthaginiois. Bochart croit qu'elle doit être fort ancienne. Parce que le nom de cette isle est pris, selon lui, du langage punique, & qu'il étoit déja en usage du tems d'Homere, qui dans l'Odyssée parle du ris Sardonien. 2. Parce que selon Ezechiel, Y. V. 302, les Tyriens faifoient les bancs de leurs vaisseaux avec du buis apporté des ifles Cetim, (ce que Bochart explique de l'ifle de Corse voisine de la Sardaigne : mais ce passage d'Ezechiel est rendu bien différemment par les inter prétes. ) 3. Parce que les Phéniciens envoyerent des Colonies en Sardaigne dans le même tems qu'ils en firent firent passer en Afrique, en Sicile, & en Espagne. Bochart croit en voir la preuve dans ce passage de Diodore de Sicile, 1.5: les Phéniciens s'étant enrichis à ce commerce (d'Espagne) envoyerent bien des colonies tant en Sicile & dans les ifles voisines, qu'en Afrique, en Sardaigne & en Espagne. Les anciens conviennent que Calaris, Sulci & Charmis étoient trois villes phœniciennes ou carthaginoises; mais comme la possession qu'ils avoient de la partie méridionale de l'ifle est très-ancienne, il est apparent qu'ils étoient les fondateurs des autres anciennes villes de ce canton; les Barbares qu'ils en avoient chaflés n'étant pas gens à bâtir des villes. Nora elle-même, dont on fait honneur aux Espagnols, avoit pris fon nom du Phænicien. Il en est de même d'Olbia, d'Ogrille ou Gorylle; les Phœniciens y furent plusieurs fois vaincus. Vers le tems de Cyrus, après avoir fait heureusement leurs affaires en Sicile, le théatre de la guerre ayant été transporté dans la Sardaigne, ils y furent défaits au rapport de Justin, 1. 18, & d'Orose, 1. 4, c. 6. La premiere année c. 7, de la quatre-vingt-dix-feptième Olympiade, une peste ayant affoibli les Carthaginois, les Sardes & les Africains profitant de l'occasion se souleverent contre eux : mais ils furent subjugués de nouveau, & châtiés de leur révolte; ainsi les Carthaginois en demeurerent maîtres jusqu'à la premiere guerre punique qui les en chassa. Les Romains s'y établirent l'an de Rome 521, sous la conduite de M. Pomponius; & comme la Corse fut conquise l'année suivante, ces deux ifles furent soumises à un même préreur. La Sardaigne voulut secouer le joug des Romains pendant la seconde guerre punique, mais elle fut bien-tôt réduite. Cependant ni les Carthaginois ni les Romains ne purent soumettre les anciens habitans de l'ifle refugiés dans leurs montagnes. Sous les derniers empereurs d'Occident, la Sardaigne & la Corse eurent chacune un président particulier. Lorsque les Vandales eurent pénétré en Afrique, Justinien conféra au préteur d'Afrique le gouvernement de la Sardaigne, qu'il annexa à l'Afrique, comme il paroît par le code, l. 1, §. Deo itaque C. de Offic. PP. Africa; de là vient que pour les affaires ecclesiastiques la Sardaigne & les Baleares dont Cagliari étoit la Métropole dépendoient des supérieurs de l'Afrique du tems de S. Grégoire le grand. La Sardaigne fut quelque tems unie à l'Espagne; cependant on ne voit point que ses évêques ayent souscrit aux conciles tenus en espagne. * Carol. à S. Paulo geogr. facr. p. 46. Les Sarazins saccagerent cette ifle à diverses reprises dans les fiécles sept & huit. Les Génois & les Pisans les en chasserent, & l'ifle goûta quelque repos sous des juges dont l'autorité passoit du pere au fils, & qui relevoient du S. fiége. La liberté de l'isle fut le prix de quatre victoires; c'est pourquoi ce royaume a pour armes une croix de gueules accompagnée de quatre têtes de Maures. Il souffrit beaucoup pendant les guerres entre les Génois & les Pilans, & durant les troubles qui survinrent entre les papes & les empereurs. Boniface VIII le donna enfin à Jacques I, roi d'Aragon en 1297. Ferdinand le Catholique, ayant épousé Isabelle de Castille, leurs états se réunirent dans la personne de Jeanne leur fille, surnommée la folle, mere de Charles V. Depuis ce tems, la Sardaigne étoit un royaume annexé à l'Elpagne jusqu'à l'an 1708, que les alliés de l'archiduc Charles d'Autriche s'emparerent de la Sardaigne, en faveur de ce prince, durant la guerre d'Espagne. Aux négociations pour la paix d'Utrecht, on parla de donner ce royaume à l'électeur de Baviere; mais cela n'eut aucune fuite : l'empereur garda la Sardaigne qui lui fut confirmée par le traité de Bade en 1714. S. M. I. prétendit ensuite que les royaumes de Naples & de Sicile étoient inféparables. Elle chercha à s'accommoder de la Sardaigne pour la Sicile qui avoit été cédée au duc de Savoye Victor Amedée, à condition que l'Espagne s'en réservoit la réversion, au cas que la maison de Savoye vint à s'éteindre. L'Espagne qui perdoit à cet échange la reversion de la Sicile que l'empereur vouloit abroger, s'y opposa, reprit la Sardaigne sur l'empereur, & fit fur la Sicile la fameuse entreprise qui échoua par l'avantage que la flotte angloise eut fur celle d'Espagne. Le traité de Londres changea le traité d'Utrecht, en ce que le duc de Savoye, roi de Sicile, laissa son royaume à l'empereur, & devint roi de Sardaigne; sa couronne a pallé à son fils qui regne aujourd'hui. J'ai déja dit que la Sardaigne a toujours été vantée à cause de sa fertilité. Les anciens parlent de l'abondance de ses grains. Il y a des bois de citroniers & d'orangers qui ont deux lieues de longueur. Les cérises, les prunes, les poires, les châtaignes, les olives, la viande de boucherie, la volaille, le gibier & le poiffon s'y trouvent en abondance. On y fait un gros commerce de fromage, de laines, de peaux, de lin & de corail, que la mer fournit en quantité. La chasse des bufles des cerfs & des autres animaux est encore d'un revenu considérable pour les habitans. * Divers mémoires. J'ai remarqué en même tems que l'air qu'on respire dans cette isle ne repond pas à la bonté du terroir; tous les auteurs anciens & modernes s'accordent à la décrier à cet égard. Cicéron, ad Q. Fratr. 1. 2, ep. 3, prie fon frere de se ménager, & de penser, que malgré la saison de l'hiver, le lieu ou il se trouvoit alors étoit la Sardaigne. Et ailleurs parlant de Tigellius, il se félicite de n'avoir pas à souffrir un Sarde plus empefté que sa patrie. Suétone, in Tiber. c. 36, dit que sous Tibere on fit une espece d'enrolement de jeunes Juifs, & qu'on les envoya dans les provinces où l'air étoit le plus mauvais. Si l'on joint ce passage à un autre de Joseph, l. 18, c.5, on trouvera que la Sardaigne eut sa part de ces exilés. Car cet historien de illust. Grammat. c. 5, dit qu'on y en envoya quatre mille. Les historiens tant ecclésiastiques que civils parlent de cette isle comme d'un lieu où l'on envoyoit ceux dont on vouloit se défaire. On remarque que l'air y est très-mal sain, l'été même, dans les contrées les plus fertiles. Cependant Silius Italicus, 1. 12, a dit qu'il n'y avoit point de ferpens : Serpentum Tellus pura, ac viduata venenis. Mais au lieu de ferpens, Solin parle d'une araignée qu'il appelle Solifuga, parce qu'elle fuit la lumière du soleil. Il ajoute qu'elle se trouvoit dans les mines d'argent de cette isle. Paufanias y admet des serpens, & dit qu'ils ne font point de mal aux hommes. A l'égard des poifons, il faut excepter une herbe qui ressemble à du perfil, & qui fait retirer les nerfs & les muscles de ceux qui en mangent, de maniere qu'ils semblent rire en mourant, d'ou est venu le proverbe, un ris Sardonien. Les anciens appelloient cette herbe Sardonia, les modernes la nomment Ranuncula. Les géographes ont placé diversement cette ifle. Selon Prolomée, elle est depuis 29 so' de longitude jusqu'à 32d 25', & depuis 35d 52' de latitude jusqu'à 394 30.: Sanson ne s'en écarte pas beaucoup dans ses cartes. Le P. Coronelli dans son solario, lui donne depuis le 31 d 10' de longitude jusqu'au 32d 19' 30", & depuis le 37 14 de latitude jusqu'au 40t so'. Robe, dans sa méthode, lui affigne depuis le 31d 10' jusqu'au 33d 15' de longitude & depuis le 37d jusqu'au 40 de latitude. De l'ifle, qui a eu des observations plus fûres, met la Sardaigne entre les 25d 40' & les 27d 20' de longitude, & entre les 38d 42' 30", & le 41d 11' de latitude. L'auteur de la description géographique du royaume de Sardaigne, publiée en 1725 chez van Duren à la Haye, in-8°, n'a pas laissé de dire qu'il est situé entre les 37d 10' & les 39d so' de latitude, & entre le 31d 10' de latitude, & 334 15. II Ce dernier auteur dit, que du midi au nord, l'ifle a cent soixante-quinze milles d'Italie de longueur, & de l'occident au levant cent milles de largeur, & dans toute sa circonférence elle a environ sept cents milles de tour. Comme il ne dit point quels milles d'Italie il entend, on doit supposer qu'il ne connoissoit que ceux de foixante au degré, quoiqu'il y ait en Italie bien des fortes de milles, ainsi que je l'ai noté au mot mesures itinéraires; d'ailleurs il ne dit point si les sept cents milles de tour se prennent en comptant les ances & les golfes, ou si on n'y a point d'égard. Ces fortes de calculs font toujours défectueux. Cluvier lui donne quarante-cinq milles d'Allemagne de longueur depuis Cagliari jusqu'au bras de mer qui la fépare de la Corse, & vingt-fix de largeur depuis le cap Montefalcone, jusqu'au cap de Sarda. On peut voir dans A aa Tome V : |