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à deux ou trois journées de Caravane de Sultanie. Şaxava, felon Paul Lucas, Voyage au Levant en 1699, t. 2, p. 39, eft une grande ville, qui a près de deux milles de tour, dont les maifons font incomparablement plus propres que celles de Sangala, & qui n'eft cependant guère peuplée. Les murailles de fon enceinte font fort délabrées, & tombent en beaucoup d'endroits. On voit des reftes de plufieurs grands édifices qui font connoître qu'autrefois elle étoit belle. Il y palfe une petite riviere prefque toute falée, ce qui fait que pour avoir de l'eau douce dans la ville., on l'y conduit par divers

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La Saxe renfermoit vers le tems de la décadence de l'Empire cette vafte étendue de pays qui eft entre l'Oder, la Sala, l'Iffel & la mer Germanique. Les peuples qui l'habitoient étoient partagés en trois nations principales qui étoient les Saxons Oftphaliens, les Saxons Weftphaliens & les Saxons Angrivariens; & ces trois nations fe divifoient en plufieurs autres, qui avoient chacune leurs princes; mais on obfervoit par-tout les mêmes loix & les mêmes coutumes. Comme les Saxons naiffoient, pour ainsi dire, guerriers, ils avoient prefque toujours les armes à la main; &, comme ils étoient jaloux de leur liberté, ils ne pouvoient fouffrir de domination étrangere. C'eft pour cela qu'ils firent fi long-tems la guerre, & qu'ils furent fi opiniâtres à fe défendre contre Charlemagne. Hatteric eft le plus ancien roi de Saxe, dont il foit fait mention dans l'histoire. Il défit Borbifta, roi des Goths, qui avoit fait une irruption dans fes états. Il eut pour fucceffeur Anferic II, fon fils, qui regna vers le tems de la nailfance de JESUS-CHRIST. On compte parmi fes defcendans Wilskin, Sverting II, & Sivard. Quelques-uns prirent le titre de roi, d'autres fe contenterent de celui de duc. De-là vient qu'on trouve en même tems des rois & des ducs de Saxe. L'hiftoire de ce pays eft fort embrouillée, quelques peines que fe foient donnés, pour l'éclaircir, Crantzius, Spangenberg, Fabricius, Kranfius, &c. Luder, frere de Bodon ou de Vode, raverfa les Gaules & porta fes armes dans l'Efpagne Tarragonnoife. Wirgifele ravagea les Gaules & une partie de l'Efpagne: il fut frere de Wette ou Vittich, de qui vint Witgille, pere de Hengeft, qui palla dans la grande-Bretagne au fecours des infulaires l'an 428, ou felon d'autres l'an 448, & qui, après avoir vaincu les Pictes & les Ecoffois, qui leur fai foient la guerre, s'empara de la plus grande partie de cette ifle; & de lui defcendirent les rois de Kent, de Suffex. d'Eaft-Angles, d'Effex, de Mercie, de Northumberland & de Wellez, dont la poftérité finit à faint Edouard, l'an 1066, après y avoit régné près de fix cents ans : voyez ci-après l'article SAXONIA TRANSMARINA. Hengeft eut deux freres, Diether qui mourut en 460, & Edelbrecht, qui fut pere de Sigebrech, duquel vinrent les princes de Frife. Ebufe, fils aîné d'Hengeft, fut roi de Bretagne, & Andachaire, qui étoit le puîné dans la Germanie. On compte parmi fes defcendans, qui furent rois ou ducs de Saxe, Hadvigate, Hilderich, Bodic Berthold & Sighard, qui eurent de puillans ennemis à combattre, & entr'autres les rois de France, qui avoient réduit une partie de la Germanie fous leur domination. Thierry 1, fils aîné de Clovis, envoya une armée fous la conduite d'Odilon, comte d'Anvers, contre les Saxons, qui étoient defcendus dans la Gaule Belgique, & qui fu rent obligés d'abandonner le butin qu'ils avoient fait, & de remonter en diligence fur leurs vaiffeaux : enfuite il fit la paix avec eux, & s'en fervit contre Hermanfroy, Roi de Thuringe, qu'il chaffa de fes états, dont il leur donna une partie. Théobert I leur fit la guerre, & en foumit quelques-uns fous fon obéiflance. Clotaire I défit près du Wefer ceux qui s'étoient revoltés; mais peu de tems après ils le défirent. Clotaire II marcha contre eux, les attaqua fur les bords du Wefer, où il en fit un grand carnage, & tua de fa main leur duc nommé Berthold. Sigebert s'avança dans leur pays, pour réprimer l'audace

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de Sigbard, qui s'érigeoit en fouverain. Charles-Martel les combattit durant vingt ans, & remporta en 722 une fanglante victoire fur Dieteric, qui, s'étant de nouveau révolté fous Carloman, fut encore battu & contraint de pofer les armes. Pepin leur fit la guerre trois fois en dix ans, & leur impofa un tribut de trois cents chevaux qu'ils devoient lui préfenter dans l'aflemblée générale des états, outre celui de cinq cents vaches qu'ils payoient déja. Charlemagne vainquit en diverfes batailles Albion, Herman, fils d'Edelard & Witekind, fils de Wernekind: il renverfa leurs temples & leurs idoles, & fit punir féverement ceux qui avoient furpris & malfacré Gilon & Adalgife, deux de fes généraux. Enfin, après une guerre de trente-deux ans, il les fubjugua entierement, leur fit embraffer le chriftianisme, & fonda dans leur pays les archevêchés de Magdebourg & de Brême, & les évêchés de Paderborn, de Munster, d'Osnabrug, de Hilsdesheim, de Ferden, de Minden & d'Halberstadt ; & il donna le duché d'Angie à Wittekind, qui laiffa deux fils, Wigbert & Witekind le jeune. De Wigbert fortirent Walpert & Brunon; le premier eut en partage le duché d'Angrie & le comté de Ringelheim. Il époufa Altburge, comteffe de Lesmoine, dont il eut Thierry de Ringelheim, qui fut

pere

d'Immod, de Wittekind, de Thierry II & de Regimbert, de qui quelques généalogiftes Allemands font descendre les ducs de Savoye & de Montferrat, les anciens margraves de Brandebourg & les comtes d'Oldembourg. Bru non, fils puîné de Wigbert, fit la branche des empereurs; Othon, fils de Ludolph, qui pofféda le premier le duché de Saxe héréditairement, fut pere de Henri l'Oifeleur, qui fut élu roi de Germanie à Fritzlar, en 920, & qui laissa deux fils, Othon 1, qui fut empereur, & Henri le Querelleur, duc de Baviere. Lutholp, fils aîné d'Othon, fut duc de Suabe, après la mort d'Herman fon beau-pere, & fit une branche des marquis de Saxe, entre lesquels fut Echard, qui s'oppofa à l'élection de l'empereur Henri II. Blondel fait descendre de ce prince l'empereur Conrad le Salique, qui fortoit incontestablement de la maifon de Franconie. Othon I eut de fon fecond mariage avec Adélaïde, fille de Rodolphe, roi de Bourgogne, & veuve de Lothaire, roi de Lombardie, l'empereur Othon II, dont la poftérité finit à Othon III, fon fils, qui mourut à Paterne en 1002, à l'âge de vingt-huit ans. Henri le Querelleur, frere de l'empereur Othon I, eut d'Adélaïde, fille d'Arnoul le Mauvais, duc de Baviere, Henri le Bref, qui fut pere de l'empereur Henri II, mort fans enfans, & de quelques autres qui firent la btanche des marquis de Saxe & de Thuringe, & des comtes de Northeim & de Brunswig; Rixe, fille unique de Henri le Gros, comte de Northeim, époula Lothaire de Supplenbourg, qui fut élu empereur après la mort de Henri V, De ce mariage vinrent deux filles, Gertrude & Hedwige; la premiere fut mariée en 1137, avec Henri le Superbe, duc de Baviere, & lui porta en dot le duché de Saxe. Elle en eut Henri le Lion, dépouillé de fes états en 1180, par l'empereur Frédéric Ĩ, qui donna le duché de Saxe à Bernard l'Ours, comte d'Ascanie, & celui de Baviere à Othon de Witelspach. Henri le Lion fe retira auprès du roi d'Angleterre fon beau-pere, & trois ans après, il obtint, par fon interceflion, les pays de Brunswig & de Lunebourg, que l'empereur Frédéric II érigea en duché l'an 1235, en faveur d'Othon de Brunswig, après qu'il eut cédé tous fes droits & fes prétentions, & même le titre de duc de Saxe à Albert II, fils de Bernard l'Ours.* D'Audifret, Géogt. anc. & mod. t. 3, p. 352, édition 1695.

Pour remonter à Wittekind le jeune, fils puîné de Wittekind, qui eut pour fon partage les feigneuries de Wittenberg & de Wettin, avec le burgraviat de Sorabes ou Sorbeck, il laiffa de Julienne de Rochlian, qui lui porta en dot la feigneurie de Boudfen, Dietgreme, qui fut chaffé de fes états par Othon, duc de Saxe fen coufin: celui-ci fut pere de Diethmar & de Frédéric; ce dernier fut tué l'an 876, dans un combat contre les Normands, & de lui font descendus les anciens marquis de Brandebourg & de Misnie, & les comtes de Merfbourg. Diethmar époufa Wille, comteffe de Seveningen & de Notringen, dont il eut Christian, chef de la branche des marquis de Luface, & Thierry qui fe maria avec Judith, fille unique & héritiere de Bion, dernier de la branche Merfbourg; & à qui l'empereur

Othon II donna l'inveftiture du comté de Merbourg. Il eut de cette princefle Dedon, qui laiffa de Thiburge de Brandebourg, Frédéric I & Thierry II. Le premier fit, fe1on Spenner, la branche des comtes palatins de Saxe, qui finit en Frédéric V, dont la fille unique nommée Sophie, fit paffer le palatinat de Saxe à Herman, landgrave de Thuringe. Thierry II acquit le marquifat de Landfberg, par fon mariage avec Matilde, fille d'Ecard, marquis de Saxe & de Misnie, & l'empereur Henri II lui donna en 1234, les comtés d'Eulenbourg & de Seufelic, à la follicitation de l'impératrice Cunegonde. Il fut pere de Dedon, qui hérita du marquifat de Luface, par la mort d'Othon fon coufin, de Géron, comte de Brefle, dont la poftérité ne dura guères, & de Thimon, qui fut défigné marquis de Misnie en 1975, par l'empereur Henri IV. Mais les Bohemes s'étant emparés de la Misnie, & Lothaire duc de Saxe, dont il foutenoit les intérêts, ayant été défait par l'empereur Henri V, dans la bataille qu'il lui donna près de la forêt de Guelphe l'an 1115, il fut contraint de renoncer à ce marquifat, qui lui appartenoit par les droits de fa mere. Conrad le Pieux, fon fils, qu'il avoit eu d'Itte, fille d'Othon, duc de Saxe, en fut invefti en 1126, par l'empereur Lothaire II, qui lui donna aufli l'inveftiture du marquifat de Luface en 1136, après la mort de Wipert son coufin, qui ne laiffa point d'enfans.

Cette généalogie prouve que la Saxe renfermoit autrefois les marquifats de Brandebourg, de Luface & de Misnie; les évêchés de Merfbourg & Naumbourg, la principauté d'Anhalt, les duchés de Saxe Lawenbourg, de Brunswig, de Lunebourg, de Magdebourg & de Brême; les principautés d'Halberstadt, de Minden & de Ferden; les évêchés de Hildesheim, d'Osnabrug & de Munfter; les comtés d'Offembourg, de Delmenhorst, d'Hoye, de Diepholt, de Ravenfberg, de Lemgow, de Lippe, de Bentheim, de Steinfurt, de Tecklenbourg & de Lingen; la principauté d'Ooftfrife & les pays de Frife, de Groningue & d'Over-Iffel. La plupart furent long-tems poffédés par des princes Saxons, &, à mesure qu'ils changerent de maîtres, ils changerent de nom. Il n'y eut que les duchés de Saxe & de Lawenbourg qui conferverent le leur. Les descendans de Bernard l'Ours, donnerent à ce dernier celui de Saxe, pour marquer leur droit fur l'électorat de Saxe. L'empereur Maximilien I, ayant divifé l'Allemagne en dix cercles, pour en rendre le gouvernement moins confus, renouvella l'ancien nom, & comprit presque tous les états qui dépendoient autrefois de la Saxe, avec plufieurs autres dans deux cercles; qu'il fit nommer cercles de la hante & de la baffe Saxe.

2. SAXE, (le cercle de la haute) contient les évêchés de Meiffen, de Merfbourg, de Naumbourg & de Camin; les abbayes de Quedlinbourg, de Gerenrode & de Walckenried; les électorats de Saxe & de Brandebourg; les duchés de Saxe-Altenbourg, de Saxe-Weimar, de SaxeGotha & de Saxe-Cobourg; les duchés de la Pomeranie citérieure & ultérieure; la principauté d'Anhalt, les comtés de Schwartzenbourg, de Manfeld, de Stolberg, de Hohenftein, de Beuchlingen, de Barby & de Mulingen; les baronnies de Reuffen-Plauen, de Reuffen-Graits, de Leiffuick, de Wildenfels, de Schonbourg & de Tautenberg: l'électeur de Saxe en eft le directeur, & fon contingent eft de deux cents foixante-dix-fept cavaliers, & d'onze cents foixante-fept fantaffins, ou de fept mille neuf cents quatre-vingt-douze florins par mois.

3. SAXE, (le cercle de la baffe) eft compofé de l'évêché de Hildesheim; des duchés de Magdebourg & de Brême; de la principauté d'Halberstadt; des évêchés de Lubeck, Schwerin & de Ratzebourg des duchés de Brunswig-Zell, Wolffenbuttel, Grubenhagen & Calenberg; de Hoftein Gluckstad & Gottorp; de Mecklenbourg & de Saxe-Lawenbourg; des comtés de Reinftein & de Blanckenbourg; & des villes de Lubeck, de Brême, de Goflar, de Mulhaufen & de Northaufen. Les ducs de Magdebourg, de Brême & de Brunswig-Lunebourg, font directeurs de ce cercle, dont le contingent eft de trois cents trente cavaliers, & de douze cents septante-fept fantaffins, ou de huit mille neuf cents quatre-vingt-douze florins par mois. On comprend ordinairement fous le nom de DUCHÉ DE SAXE tous les états qui compofent l'électorat de ce nom. Ils font fitués au milieu de l'Allemagne. L'étendue en eft

confidérable, & il n'y confidérable, & il n'y en a point où il y ait une auffi grande quantité de noblefle, & un aufli grand nombre de bonnes villes. Le pays eft très-peuplé. Il eft arrofé de groffes rivicres, qui y entretiennent un grand commerce, dont le principal eft celui des mines : il abonde en toutes les choles nécellaires à la vie. La juftice y eft micux adminiftrée qu'en aucun autre pays d'Allemagne : elle s'adminiftre felon le droit faxon, qu'on y fuit depuis plufieurs fiècles. Il s'étoit établi dans la Pologne, la Livonie, la Samogitie & la Prufle. On appelloit au tribunal de Magdebourg des jugemens qui fe rendoient en Pologne ; mais, comme ces appellations ne pouvoient fe faire fans de grands frais, le roi Cafimir les défendit en 1368, & créa un tribunal fouverain dans le château de Cracovie. Quand il arrive néanmoins de certains cas qui ne font pas expliqués par le droit polonois, on a recours au faxon. Henri le Jeune, duc de Brunswig, abolit auffi ce droit dans le duché de Brunswig, afin de n'être pas foumis au vicariat de Saxe, qui, par la bulle d'or, doit s'étendre dans le pays où le droit faxon eft obfervé. Le duc Chriftian en fit de même dans le duché de Lunebourg, & publia une ordonnance, qui eft comme une espéce de code, qu'il ordonna de fuivre à l'avenir.

La divifion de ces états a changé deux fois. Les électeursde Saxe de la branche Erneftine, les partagerent en quatre cercles: ceux de Saxe, de Thuringe, de Misnie & de Franconie. Celui de Thuringe étoit fous-divifé en quatre contrées: Orlamund, Sala ou Salgrand, Weimar & Werra ou Gotha. Le cercle de Misnie étoit encore fous-divifé en deux, qui étoient Torgaw & Voigtland. Cette divifion fubfifta jusqu'au tems que la dignité électorale paffa dans la branche Albertine, par la conceffion que l'empereur Charles V en fit à Maurice en 1547, après qu'il en eut dépouillé Jean. Frédéric, pour avoir pris les armes contre lui. Augufte fuccéda à Maurice fon frere, qui mourut fans enfans, dans l'année 1553 : & comme, par la tranfaction qu'il fit en 1554 avec Jean-Frédéric, il lui laufa la plus grande partie des états fitués dans fa Thuringe, à condition qu'il renonceroit à la Misnie, aux mines & au burgraviat de Magdebourg: il partagea fes états en cercles; celui de Saxe, qui comprenoit le duché de ce nom; celui de Thuringe, où il mit tous les bailliages qui lui appartenoient ; celui de Misnie, qui renferma la partie orientale de ce marquifat; celui de Leipfick, qui en contient la partie feptentrionale; celui des montagnes, où font les mines, & celui de Voigt-Land. Il acheta, en 1566, les villes de Voigtfberg, d'Oelsnick, de Plauen & de Plau fen, de Henri le Jeune, burgrave de Misnie & comte de Harteinftein: il acquit une portion du comté de Henneberg en 1583, à la mort de George-Erneft, dernier comte de Henneberg. Jean-George I réunit le marquifat de Luface à fon domaine en 1620, & partagea fes états entre fes quatre fils. Jean-George II, qui étoit l'aîné, eut la dignité électorale, avec le duché de Saxe, le burgraviat de Magdebourg, avec les cercles de Misnie, de Leipfick & des mines; la haute Luface, le droit fur l'abbaye de Quedlinbourg & le féqueftre du comté de Mansfeld. Augufte, qui étoit le fecond, eut les quatre bailliages démembrés de l'archevêché de Magdebourg, & les bourgs & châteaux de Sachfenberg, Eckersberg, Weiffenfée, Freiburg, Sangerhaufen, Langen-Saltza, Nebra, Sattichenbach, Heldrungen, Wendelftein & Weiffenfeld, avec la fupériorité territoriale. Chriftian, qui étoit le troifiéme, eut l'évêché de Merfbourg, la baffe Luface, & les bourgs & châteaux de Dobrilung, Finfterwald, Bitterfeld, Delich & Zorbich, avec la même fupériorité territoriale. Maurice, qui étoit le quatrième, cut l'évêché de Naumbourg, la portion électorale du comté de Henneberg, les feigneuries de Tantenberg, Fravenprifing, Nieder-Werben, Voigtsberg, Plauen, Plaufen, Tribiz, Arnshay, Weida & Ziégenruck, pour en jouir avec les mêines droits que fes freres. L'électeur Jean-George III, & fon fils Jean-George IV, forcerent ces princes à les reconnoître pour fouverains, à leur prêter ferment de fidélité; enfin les réduifirent à la qualité d'apanages; les forcerent de fe trouver aux états provinciaux, & à payer leur contingent des charges publiques.

Le duché de Saxe eft borné au feptentrion par le margraviat de Brandebourg, à l'orient par la baffe Luface, au midi par la Misnie, à l'occident par la principauté d'An

J

halt. C'étoit le duché de la Saxe feptentrionale dont l'empereur Othon I inveftit Herman Bilingen, un de fes miniftres. La postérité d'Herman finit au duc Magnus, qui mourut dans la prifon, où l'empereur Henri V le tenoit. Il laiffa deux filles : Wulfilde, qui époufa Henri le Noir, duc de Baviere ; & Hélique, qui fut mariée avec Othon Balensted, comte d'Ascanie. L'empereur Henri V avoit donné le duché de Saxe, après la mort de Magnus, à Lothaire de Supplenbourg, qui, étant parvenu à l'Empire, inveftit du duché de Saxe, aux états d'Aufbourg, Henri le Superbe, en lui donnant en mariage Gertrude fa fille aînée. Les comtes d'Ascanie prétendirent qu'il n'en avoit pû dispofer fans leur participation, ce qui fit naître une grande querelle entr'eux & les ducs de Baviere. Henri le Lion, fils de Henri le Superbe, ayant été proscrit en 1180 aux états de Wurtzbourg, l'empereur Frédéric I donna le duché de Saxe à Bernard, fils puîné d'Albert l'Ours, dont les descendans en jouirent jusqu'à Albert IV, mort fans enfans en 1422. Eric V, duc de Saxe Lawenbourg, qui étoit iffu de jean I, frere de l'électeur Albert II, demanda l'inveftiture du duché de Saxe à l'empereur Sigismond, comme étant le plus proche parent d'Albert IV; mais Sigismond la lui refufa, & conféra ce duché, avec la dignité électorale, à Frédéric le Belliqueux, landgrave de Turin & marquis de Misnie, dont la postérité en jouit encore à préfent.

C'est une grande queftion parmi les hiftoriens, fila Saxe a porté autrefois le titre de palatinat. Les uns difent que ce titre étoit autrefois attaché à la Thuringe, & que ce ne fut que par l'union de cet état qu'il palla au duché de Saxe: les autres au contraire prétendent qu'il a été uni de tout tems à ce duché.

On donne au duché de Saxe environ treize lieues d'Allemagne de largeur, & quinze de longueur. L'Elbe le coupe en deux parties, dont celle qui eft à l'orient eft beaucoup plus grande que l'autre. Le pays confifte en de belles campagnes, où l'on recueille du bled en abondance. Il y a très peu de bois, ce qui oblige les gens du pays à brûler de la paille, ou à faire venir de la tourbe, & du bois de la Luface & des frontieres de Brandebourg. La plupart des gentilshommes, dont le nombre eft fort grand, font feudataires de l'électeur. C'est dans ce duché que la religion protestante a pris naillance.

& le duc de Neubourg fe mirent en poffeffion de la fuccesfion de Juliers, qui leur eft demeurée. Les ducs de Saxe cederent; mais ils ont toujours continué de prendre la qualité de ducs de Cleves, de Juliers & de Berg, & en ont mis les armes dans leur écu. Jean-Frédéric laiffa de Sibylie, Jean-Frédéric II, Jean-Guillaume, & Jean-Frédéric III, qui mourut fans poftérité en 1565. Les deux autres partagerent les états de leur pere. Jean-Frédéric eut les duchés de Gotha & de Cobourg; & Jean-Guillaume eut ceux d'Altenbourg & de Weimar. Le premier n'eut point d'enfans : Jean Guillaume laiffa de Dorothée-Sufanne foeur d'Elifabeth Frédéric Guillaume & Jean: celui-ci eut le duché de Weimar, & l'autre le duché d'Altenbourg, & qui hériterent, le premier du duché de Cobourg, & le fecond de celui de Gotha, par la mort des ducs de Saxe fes coufins. Frédéric-Guillaume fit la branche d'Altenbourg, qui finit en 1672, en Frédéric-Guillaume III fon petit-fils, dont la fucceffion, compofée des duchés d'Altenbourg & de Cobourg, paffa à Erneft, duc de Saxe Gotha, fon plus proche parent. Jean, duc de Saxe Weinar, & chef de cette branche, laiffa de Dorothée-Marie, fille de Joachim-Erneft, prince d'Anhalt, plufieurs enfans, desquels il n'y eut que Guillaume & Ernest qui continuerent la postérité. Ils partagerent entr'eux les états après la mort de leurs freres. Guillaume mourut en 1662, & lailla d'Eléonor-Dorothée, fille de Jean-George, prince d'Anhalt, Jean-Erneft, auquel il donna le duché de Weimar ; Adolphe-Guillaume, qui eut la plus grande partie de celui d'Eyfenach; Jean-George, qui n'eut d'abord que le bailliage & château de Marckful; mais qui fuccéda en 1668 au duché d'Eyfenach, par la mort de fon frere Adolphe ; & Bernard, qui eut en partage le bailliage de Jena.

Jean-Erneft mourut le 15 mai 1683: Guillaume-Erneft fon fils aîné lui fuccéda, & mourut en 1703 fans enfans. Son frere, Jean-Erneft, eut entr'autres enfans Erneft-Augufte, né en 1688, qui eut le prince Guillaume-Erneft, né le 4 juin 1717.

Jean-George, chef de la branche d'Eyfenach, épousa en 1661 Jeanne, fille d'Erneft, comte de Sayn, veuve de Jean, landgrave de Helle-Darmstad, qui lui porta en dot le bailliage & château d'Altenkirchen, qui fait partie du comté de Sayn. Il mourut le 19 feptembre 1686, laiffant de Jeanne Jean-George II, qui lui fuccéda, & épousa le 4. SAXE-WEIMAR, (le duché de) eft entre le terri- 20 de septembre 1688, Charlote-Sophie, fille d'Everard, toire d'Erford, le bailliage d'Eckarfberg, la riviere de Sala duc de Wurtemberg, dont il n'eut point d'enfans. Jean& le comté de Schwartzbourg. C'étoit anciennement un Guillaume, qui hérita en 1666 de Jena & de fon terricomté, dont Herman fut dépouillé en 1342, par Frédéric toire, par le décès du jeune prince Jean-Guillaume, fils de le Grave, marquis de Misnie. Il confifte en plufieurs bons Bernard, hérita enfuite d'Eyfenach, à la mort de Jeanbailliages, dont les principaux font ceux de jena, d'Orla- George II fon aîné, en 1698. De cinq fils qu'il eut de fes mund, de Donfberg & de Tondorff. La ville de Weimar trois alliances, il ne lui refta que l'aîné Guillaume-Henri, en eft la capitale. né le 10 de novembre 1691, & qui époufa en 1713 une princelle de Nallau-Idftein. Bernard, duc de Jena, époufa le 18 juillet 1662, Marie de la Trimouille, fille de Henri, duc de la Trimouille, & de Marie de la Tour d'Auvergne: il mourut le 3 mai 1678, laiffant Charlotte-Marie, qui avoit époufé Guillaume-Erneft, duc de Saxe-Weimar, & Jean-Guillaume, mort de la petite verole à Jena le 4 novembre 1690.

5. SAXE-GOTHA, ( le duché de) confine avec le territiore d'Erford, le comté de Gleichen, le duché d'Eyfenach, & les bailliages de Langenfaltza & de Tennftadt. Gotha en eft la capitale.

6. SAXE-EYSENACH ( le duché de) s'étend d'un côté jusqu'à la riviere de Werra, qui le fépare de la Hefle, & il confine de l'autre côté avec le duché de Gotha. Eyfenach en eft la capitale.

La maifon de Saxe descend des marquis de Misnie, qui étoient iffus des anciens princes Saxons, comme on l'a vu ci-devant. Elle eft partagée en deux branches principales, Erneftine & Albertine, forties d'Erneft & d'Albert, fils de Frédéric le Débonnaire, électeur de Saxe, & de Marguerite d'Autriche, fœur de l'empereur Frédéric III. Erneft fuccéda à l'électorat de Saxe, & Albert, furnommé le Belliqueux, eut une partie de la Saxe, de la Misnie & de la Thuringe. Jean-Frédéric, iffu d'Erneft au troifiéme degré, époufa Sybille, fille de Jean III, duc de Cleves, & de Marie, ducheffe de Juliers: & le contrat de mariage portoit que fi Jean & Marguerite mouroient fans enfans mâles, ou que leur poftérité masculine s'éteignit, les descendans de Sybille hériteroient des duchés de Cleves & de Juliers; d'autant plus que l'empereur Frédéric III en avoit accordé l'expectative à Albert, duc de Saxe, par fes lettres du 26 de juin 1483, que l'empereur Maximilien I confirma le 1 feptembre 1486, & enfuite en 1495. Mais, quoique Jean-Guillaume, duc de Cleves, fût mort en 1609 fans poftérité, & que les ducs de Saxe en euffent obtenu l'inveftiture de Rodolphe II, l'électeur de Brandebourg

Erneft, huitiéme fils de Jean de Weimar, a fait la branche de Gotha. Il hérita des duchés d'Altenbourg & de Cobourg à la mort de Frédéric Guillaume III, dernier de la branche d'Altenbourg, parce qu'il étoit plus proche d'un dégré que les ducs de Weimar les neveux. Il leur céda néanmoins la quatrième partie de cette fucceffion par la tranfaction du 16 mai 1872, à la charge que les duchés d'Altenbourg & de Cobourg auroient toujours le fecond & le troifiéme vau dans le collége des princes, parmi ceux qui appartiennent à la branche Erneftine de Saxe. Il mourut le 26 mars 1675, laiffant d'Elifabeth Sophie, fille de JeanPhilippe, duc de Saxe Altenbourg, fa coufine, fept fils, (qui formerent autant de branches) favoir, Frédéric, duc de Gotha; Albert, duc de Cobourg; Bernard, duc de Meinungen; Henri de Romhild; Chriftian, duc d'Eyfenberg; Erneft, duc d'Hildebourghaufen ; & Jean-Erneft, duc de Saalfeld. Les branches de Cobourg, de Romhild & d'Eyfenberg ne fubfiftent plus. Albert n'eut qu'un fils, qui mourut dans fa premiere année; Henri n'en cut point, & Christian n'eut, de les deux alliances, qu'une princeffe, mariée au duc de Holftein Glucksbourg. Ainfi les fept branches fe rédaifent maintenant à quatre, qui font Saxe Gotha,

Saxe-Meinungen, Saxe-Hildebourghaufen & Saxe-Saalfeld. Frédéric, duc de Gotha, mort en 1691 âgé de quarante cinq ans, laifià deux fils, dont l'aîné s'appella aufli Frédéric; & le fecond Jean-Guillaume. Ce dernier fut tué au fiége de Toulon le 15 d'août 1707. Il avoit alors 30 ans. Son frere aîné, le duc de Gotha, cut fix princes, dont l'aîné s'appelloit Frédéric, comme fon pere & fon ayeul. La branche Albertine a eu pour chef Albert le Courageux, & on l'appelle aufli l'électorale, parce qu'elle posféde l'électorat, dont Charles V priva Jean-Frédéric, & qu'il donna à Maurice, petit-fils d'Albert. Ce prince étant mort fans enfans, Augufte fon frere lui fuccéda. Il eut d'Anne, fille de Chriftian I, roi de Danemarck, Chris tian I, pere des électeurs Chriftian II & Jean-George I, aufli bien que du duc Augufte. Jean-George I lailla de Madelaine-Sybille - Elifabeth, fille d'Albert - Frédéric de Brandebourg, duc de Prufle, qu'il époufa en fecondes nôces, Jean-George II, qui continua la branche des électeurs Augufte, qui a fait celle de Hall ou Weiffenfels; Chriftian, auteur de celle de Merfbourg, & Maurice, qui le fut de celle de Naumbourg. Jean-George II mourut en 1680. Il eut pour fucceffeur fon fils Jean George III, qui mourut en 1691. I laiffa deux fils, qui furent fucceflivement électeurs. Jean-George IV, l'aîné, ne jouit que trois ans & demi de cette dignité, qui paffa à Frédéric-Augufte en 1694. Ce dernier fut élu roi de Pologne, après la mort de Jean Sobieski, & fon fils, nommé aufli Frédéric-Au, gufte, lui fuccéda à l'électorat, & trouva le moyen de fe frayer le chemin au trône de Pologne. Ce prince époufa en 1719 l'archiducheffe Marie - Jofeph, fille de l'empereur Jofeph, née le 8 décembre 1699. Il mourut le 5 octobre 1763, & eut pour fuccelleur Frédéric-Chrétien-Léopold, fon fils, qui mourut le 17 décembre de la même année. Frédéric Augufte, aujourd'hui électeur de Saxe, eft fils du dernier. Il a commencé à régner à l'âge de treize ans. Voyez au mot ALLEMAGNE, dans la table géographique qui y eft jointe, la divifion des états de la maifon de SAXE.

7. SAXE LAWEMBOURG, duché d'Allemagne, dans la balfe-Saxe. Il est borné au nord & à l'orient par le duché de Mecklenbourg; au midi, partie par le comté de Danneberg, partie par le duché de Lunebourg; au couchant par le duché de Holftein & par l'évêché de Lubeck. C'étoit une partie de l'ancien duché de Saxe, qui paffa, comme on l'a déja vû,d'Henri le Lion, duc de Saxe & de Baviere, à Bernard l'Ours, comte d'Ascanie, fils puîné d'Albert Tours, marquis de Brandebourg, par la donation que l'empereur Frédéric I lui en fit aux états de Wurtzbourg en 1180. Bernard mourut en 1212, & lailla de fon premier mariage avec Juthe, fille de Canut, roi de Danemarck, Albert I, qui fit la brauche des électeurs de Saxe, & Henri le Vieux, de qui les princes d'Anhalt font descendus. Albert, mort en 1160, eut entr'autres enfans Albert II, qui lui fuccéda; & Jean I, qui eut en partage le duché de Saxe-Lawembourg, ou de la baffe Saxe, & fit la branche des ducs de Saxe-Lawembourg. Il laiffa de fon mariage avec Ingenburge, fille d'Erric, roi de Suéde, Jean II, Albert II & Etric I. Jean mourut en 1315, fans enfans: Albert étoit mort l'année d'auparavant, & avoit laiffé Albert III, mort en 1344 fans avoir d'enfans; & Erric III, mort aufli fans enfans en 1401. Erric I continua la poftérité, & mourut en 1360. Illaiffa d'Elifabeth, fille de Bogiflas III, duc de Pomeranie, Erric II, qui eut de fon mariage avec Agnès, fille de Jean, comte de Hoftein, que d'autres nomment Nicolas, Erric IV, mort en 1411,& qui eut de Sophie, fille de Magnus Torquatus, duc de Brunswig, Erric V & Bernard II. Erric demanda l'électorat de Saxe après la mort d'Albert VI, fon coufin, qui ne laiffa point d'enfans; mais l'empereur Sigismond en inveftit Frédéric le Belliqueux, marquis de Misnie. Ce prince fe plaignit au concile de Bafle de l'injuftice de l'empereur. Il mourut en 1435 fans avoir enfans. Bernard II fit la guerre à Frédéric 1, électeur de Brandebourg, & ruina le pays de Pregnitz, dans la moyenne marche de Brandebourg. Il mourut de la pefte, en 1463, & laiffa d'Adélaïde, fille de Wratiflas IX, duc de Pomeranie, Jean IV, qui continua à prendre le titre d'électeur de Saxe & de grand maréchal de l'Empire. Il renouvella le procès pour cet électorat, & le perdit par le jugement de l'empereur Frédéric III. Il mourut le s d'août 1507, ayant eu de Dorothée, fille

de Frédéric II, électeur de Brandebourg, Erric VI, qui fut élu évêque d'Hildesheim en 1503, & de Munfter en 1508. Magnus II, qui continua la race; Bernard III, prévôt de l'églife de Cologne; Jean V, à qui fon frere rétigna l'évêché de Hildesheim en 1504; Rodolphe & huit filles, dont les quatre premieres furent mariées. * D'Audrifret, Géogr. t. 3, p. 516, éd. 1695.

Magnus II fuccéda à fon pere, & fut excommunié par le pape, & enfuite profcrit par l'empereur, pour avoir attaqué, conjointement avec le comte d'Oldenbourg, Jean Rode, archevêque de Brême, qui, pour être en etat de leur réfifter, fut obligé de choifir pour fon coadjuteur Chriftophle Duc de Brunfwig. Il s'abitint le premier du titre d'électeur de Saxe, & mourut en 1543, laillant de Catherine fille de Henri le Vieux, duc de Brunfwig, cinq filles & un fils, nommé François I, qui obtint de l'empereur Maximilien II une commiffion adreffée aux ducs Ulrich & Chriftophle de Mecklembourg, pour examiner fes droits fur l'electorat de Saxe, laquelle fut confirmée à ces princes par l'empereur Rodolphe II en 1557. Il eut la gloire de pacifier la révolte des Anabaptiftes de Munfter, & enfuite céda la régence à fon fils puîné. Il mourut le 19 mars 1587, ayant eu de Sibylle, fille de Henri le Pieux, duc de Saxe, Magnus III, François II, Henri, Maurice Frédéric, & trois filles. Magnus III époufa Sophie fille de Guftave Roi de Suède, paffa la plus grande partie de fa vie au fervice de fon beau-pere; mais Jean, qui fuccéda à Guftave, le chaffa de Suéde : il fe retira dans le pays de Saxe Lawembourg, dont fon frere étoit en poffeflion par l'abdication de fon pere. Il prétendit que cette ceilion n'avoit pû le faire à fon préjudice : il attaqua fon frere, & prit la ville de Ratzebourg qu'il ruina, après quoi, il fut contraint de s'enfuir en Suéde. Il en revint pourtant; mais il fut fait prifonnnier par fon frere, qui le fit enfermer dans le château de Ratzebourg, où il mourut en 1603, n'ayant eu de Sophie qu'un fils nommé Guftave, mort en Suéde le 11, novembre 1697. Henri fut élu archevêque de Brême en 1567, évêque d'Ofnabrug en 1574, & adminiftrateur de Paderborn en 1577. Il mourut le 23 avril 1585. Maurice fut au fervice du prince Jean Cafimir dans les Pays-Bas, & commanda fes troupes, lorfque ce prince paffa en Angleterre ; mais le mauvais état des Efpagnols l'obligea de fe retirer: il mourut en 1616. Frédéric fut prévôt du chapitre de Brême, & chanoine de Cologne. Il fe déclara contre Truchiles, dans l'efpérance d'avoir l'archevêché de Cologne; mais les efforts qu'il fit furent vains: il mourut le 8 décembre 1686.

François II eut l'administration du duché de SaxeLawembourg du vivant de fon pere, qui s'en démit en fa faveur, & qui ne tarda pas à s'en repentir. Il avoit fervi auparavant les Efpagnols dans les Pays Bas, fous Alexandre Farnèfe. Il fe maria en premieres nôces l'an 1574, à Marguerite, fille de Philippe duc de Pomeranie, de laquelle il cut Augufte, Philippe, & plufieurs filles. Philippe mourut jeune. En feconde noces, il épousa en 1582, Marie, fille de Jules duc de Brunfwig, dont il eut François-Jules, Jules-Henri, Erneft Louis tué par les payfans d'Autriche à Offerdingen le 15 juin 1620; FrançoisCharles qui fe maria jufqu'à trois fois, & mourut fans enfans; Rhodolphe, mort fans enfans; François-Albert, mort fans enfans; Jean-George, mort fans enfans; François-Henri, & plufieurs filles.

Augufte fuccéda à fon pere en 1619. Il demanda juftice à l'empereur Ferdinand II fur fes prétentions à l'électorat de Saxe, & fit publier un manifefte, par lequel il prouvoit que fes ancêtres, ni les empereurs, n'avoient pû préjudicier à fes droits. Il mourut le 18 janvier 1656, ayant eu de fon premier mariage avec Elifabeth Sophie, fille de Jean-Adolphe, duc de Holstein Gottorp, FrançoisAugufte, né le 16 de juillet 1623, & mort le 17 d'avril 1624. Jean-Adolphe, né le 22 octobre 1626, & mort le' 23 avril 1646; & Philippe-Frédéric, né le 21 novembre 1627;& mort huit jours après, & plufieurs filles. Il n'eut point d'enfans du fecond avec Catherine, fille de Jean XVI, comte d'Oldenbourg; François - Jules, fon frere puîné, mourut à Vienne le 6 octobre 1634, fans laiffer aucun enfant d'Agnès, fille de Frédéric, duc de Wirtenberg. Son dernier frere François-Henri, faifoit la résidence à Franzhagen, & mourut le 26 de novembre 1658, laiffant plufieurs filles qui étoient mariées.

Jean

?

Jean-Henri fuccéda à son frere Augufte en 1656. Il fe fit catholique, & mourut le 11 de novembre 1665. Il lailla d'Elifabeth-Sophie, fille de Jean-George, électeur de Brandebourg, veuve de Janus, prince de Radzevil, fa feconde fenime, François-Ermand, mort fans enfans le 30 juillet 1666, & d'Anne-Madelaine Poppel de Lobkowitz, fa troifiéme femme, qui lui porta de grands biens, & qui étoit veuve du comte de Colouvrat, plufieurs filles, Jules-Henri mort en 1634, Jules-François, qui fuccéda à fon frere François-Ermand en 1666. Il renouvella fes prétentions fur l'électorat de Saxe en 1670, & s'en accommoda l'année d'après avec Jean-George II, électeur de Saxe, avec lequel il fit un concordat de fucceffion mutuelle. Il mourut au château de Schlakenwerd, en Boheme, le 29 feptembre 1689, ne laiffant d'Hedwige Augufte, fille de ChriftianAugufte, prince palatin de Sulzbach, que deux filles, qui prétendoient avoir la partie occidentale du Hadelland, dont leur pere avoit cru pouvoir disposer en leur faveur.

Dès que le duc de Zell eut appris la mort de ce prince, il envoya des troupes fe faifir des villes de Lawembourg, de Ratzebourg & de Mollen, pour empêcher, comme directeur du cercle de la baffe Saxe, que cette fucceffion n'y attirât une guerre. Peu de jours après, l'électeur de Saxe envoya prendre poffeffion des autres bailliages, & des biens fitués à l'embouchure de l'Elbe. Le prince d'Anhalt prétendit que cette fucceffion lui appartenoit en qualité de plus proche parent; & comme il étoit appuyé de l'électeur de Brandebourg, le fieur Kanotz, miniftre de cet électeur, protesta à Hambourg contre tout ce qui avoit été fait au nom de l'électeur de Saxe & du duc de Zell. L'empereur fit déclarer alors que le fequeftre lui en appartenoit jusqu'à ce que les prétendans fuffent convenus à l'amiable, & envoya ordre à fes miniftres, dans la baffe Saxe, d'aller fe mettre en poffeffion, l'un du pays de Lawembourg & l'autre du Hadelland. Il y avoit à craindre que cette divifion n'eut de fâcheuses fuites, entre des prétendans fi puiffans & fi jaloux de leurs droits. Le duc de Zell avoit pris les devants à la diéte, où il avoit fait déclarer aux états de l'Empire, qu'il n'avoit envoyé des troupes dans les principales places, que pour les défendre contre ceux qui auroient voulu s'en emparer; & qu'en attendant les chofes demeureroient en l'état où elles étoient, fans préjudice des droits des parties, quoique cette fucceffion dût lui appartenir, tant en vertu des tranfactions paffées entre lui & le feu duc de Saxe-Lawembourg, que parce qu'il étoit auffi proche parent de ce prince, qu'aucun des prétendans. Le miniftre de Brandebourg préfenta auffi un mémoire, pour recommander aux états les droits des princes d'Anhalt. Celui de Saxe fit la même chofe pour foutenir les intérêts de fon maître. Enfin toutes ces négociations n'aboutirent qu'à faire convenir les prétendans de s'oppofer tous unanimement au fequeftre propofé par l'empereur ; & à engager les états de l'Empire de prier l'empereur de procéder dans cette affaire, fuivant les conftitutions impériales, & d'écrire en même tems aux parties pour les dispofer à confentir que ce différend fût terminé à l'amiable.

Le confeil de l'empereur apprit cette réfolution avec beaucoup d'étonnement. Elle étoit fondée fur ce que l'empereur ne pouvoit être juge d'une affaire dont il feroit partie; qu'il étoit en outre d'une dangereufe conféquence, pour les états de l'Empire, de confentir à un expédient qui pourroit toujours fervir à les fruftrer de leurs droits les moins contestables. On crut même, avec affez de fondement, que cette propofition avoit été inspirée par l'électeur Palacin, dans le deffein de chagriner l'électeur de Brandebourg, qui appuyoit les intérêts des princes d'Anhalt. Il est encore certain que l'électeur Palatin vouloit y établir un de fes fils, au cas que le confeil de Vienne eût voulut relâcher en faveur d'un autre, ce qu'il fouhaitoit fort de conferver pour lui-même. On auroit bien voulu à Vienne fe fervir de la dévolution du fief; mais les intéreffés firent connoître que cette voye ne pouvoit avoir lieu, parce qu'il eft porté expreffément dans les capitulations impériales, que l'empereur ne peut réunir que les fiefs qui feront entierement vacans; vacance qui ne peut arriver que par l'entiere extinction de la famille qui le posféde; ce qui ne pourroit pas fe dire de la maifon de SaxeLawembourg, puisqu'elle fubfifte encore dans celle d'Anhalt, comme on l'a déja vû.

L'électeur de Saxe fondoit fes prétentions fur la confraternité héréditaire, que Jean-George II fon ayeul, fit en 1671, avec le dernier duc de Saxe-Lawembourg; confraternité dont l'acte n'étoit pas valide, parce qu'il n'avoit pas été confirmé par l'empereur dans le tems requis; en fecond lieu, parce qu'il n'avoit pas été approuvé par les états de Saxe & de Lawembourg, & enfin parce que l'électeur de Saxe n'avoit pu prendre ce nouvel engagement, fans la participation de l'électeur de Brandebourg & des landgraves de Heffe, avec lesquels il avoit un concordat de fuccesfion mutuelle fort ancien. Toutes ces conditions étoient esfentielles, & même il falloit encore de la part du duc de Saxe de Lawembourg, qu'il l'eût fait approuver par les princes d'Anhalt, qui étoient les héritiers préfomptifs & néceffaires.

Le droit des ducs de Brunswig-Lunebourg n'étoit que de bienféance. Ils alléguerent, après s'être mis en poffesfion de la plus grande partie du duché de Saxe-Lawembourg, qu'aucun autre des prétendans n'étoit plus proche parent qu'eux, & qu'il y avoit un concordat de fucceffion mutuellement entr'eux & le duc de Lawembourg. Mais la parenté ne pouvoit venir que du côté des femmes, & le duché de Saxe-Lawembourg étoit un fief masculin ; autrement les filles du dernier duc auroient exclu tous les autres parents collatéraux. Le prétendu concordat de fucceffion n'avoit pas été confirmé par l'empereur, ni ratifié par les états du pays: ce qui le rendoit abfolument nul. Le droit des princes d'Anhalt, étoit Tans contredit le meilleur, & la fucceffion de Saxe-Lawembourg leur appartenoit légitimement, parce qu'ils descendent de Bernard l'Ours, de même que les ducs de Saxe-Lawembourg. Bernard fut invefti de l'électorat de Saxe, à la diéte de Wartzbourg, en 1180, par l'empereur Frédéric Barberouffe. L'inveftiture porte expreffément que cet électorat & les autres états feroient poffédés par les descendans mâles, en ligne directe, légitime & paternelle; & par conféquent les princes d'Anhalt devoient fuccéder aux ducs de SaxeLawembourg. Il eft vrai que des jurisconfultes ont objecté que le duché de Saxe- Lawembourg n'étoit point compris dans cette inveftiture, parce qu'il n'y eft fait mention que de l'électorat de Saxe, & qu'ainfi les prétentions des princes d'Anhalt ne peuvent être bien fondées qu'à l'égard de cet électorat, parce qu'effectivement ils descendent de celui à qui il a été donné ; ce qui ne fauroit s'enter.dre du duché de Saxe-Lawembourg, parce qu'il eft poftórieur à cette inveftiture, & que la branche des ducs de Saxe- Lawembourg n'eft venue qu'après celle des ducs d'Anhalt, ce qui fe juftifie par leur généalogie.

Cette objection paroît d'abord avoir quelque fondement; mais pour peu qu'on l'examine, on en reconnoît bien-tôt la foibleffe. Premierement, il eft certain, & c'est le fentiment de toutes les univerfités d'Allemagne, que le duché de Saxe-Lawembourg eft une portion de l'ancien duché de Saxe, qui paffa d'Henri le Lion, duc de Saxe & de Baviere, à Bernard l'Ours, par la conceflion de l'empereur Frédéric I. En fecond lieu, il eft encore plus certain, felon les conftitutions impériales, & principalement felon la bulle d'or, que toutes les terres qui dépendent d'un électorat en font inféparables, & fuivent toujours sa conftitution, foit à l'égard de la fucceffion, foit à l'égard des loix & des coutumes qui y font obfervées. Enfin, il eft conftant, que quoiqu'il n'étoit pas fait une mention expreffe du duché de Saxe-Lawembourg dans l'inveftiture donnée à Bernard par l'empereur Frédéric, il eft cenfé compris, fous le nom de duché de Saxe, & fous celui de fes apparte nances & dépendances. Or le duché de Saxe-Lawembourg faifant partie du duché de Saxe, il a été néceffairement compris dans l'inveftiture de ce duché. Il eft dit par la bulle d'or qu'il fera poffédé par tous les descendans en ligne directe, légitime & paternelle de l'acquéreur. Les princes d'Anhalt font iffus, de même que les ducs de Saxe-Lawembourg, de Bernard, qui eft l'acquéreur : il faut donc qu'ils fuccédent au duché de Saxe-Lawembourg, qui faifoit partie de l'électorat de Saxe. D'ailleurs il y a entre les ducs de Saxe-Lawembourg & les princes d'Anhalt une confraternité héréditaire, qu'on dit avoir été confirmée par l'empereur, qui régnoit alors. Vasquius affure, dans fon traité des controverfes illuftres, que ce fut fous Ferdinand II, que ces princes renouvellerent leurs prétentions fur l'électorat de Saxe : d'autres auteurs' remontent

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