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tant FEKETE-KERES, & remarque que ce mot fignifie la même chose. Quoi qu'il en foit, cette riviere à laquelle on a donné le nom de Noir-Keres, pour la diftinguer d'une autre branche du Keres, eft appellée FEIR-KERES.

2. SEBES-KERES, riviere de la baffe-Hongrie, & non de la haute, comme le dit Corneille. Elle a fa fource dans la Tranfilvanie, au comté de Colosvar ou Claufenbourg, au nord oriental du château de Sebes, qui fans doute a occafionné fon nom. Corneille dit que SEBES-KEREZ fignifie le Noir Kerez ; j'aurois de la peine à l'en croire fur fa parole. Le Noir-Keres eft, felon de l'Ifle, une des trois branches qui forment le Keres, favoir celle du milieu, & qu'on nomme FEKETE-KERES; c'est-à-dire, le Noir- Keres: l'autre branche eft appellée FEIR-KERES, ou le KeresBlanc. Ces deux dernieres s'affemblent un peu au-deffous de Giula, & la troifiéme ou Sebes-Keres, qui eft la plus feptentrionale fe joint aux deux autres, après avoir arrofé le grand Varadin.

SEBESTE, SEBEN, OU HERMANSTAD, ville de la Tranfilvanie, au comté de même nom, dont elle est le chef-lieu. C'eft la premiere ville où la nation des Saxons fe foit établie dans ces quartiers: auffi fon ancienneté la releve-t-elle davantage que fes bâtimens, qui ont fort peu d'apparence. Elle est fans défense, & fes murailles tombent en ruine. Voyez HERMANSTAD. Corn. rectifié. SEBETHIS. Voyez SEBETUS.

*

SEBETUS ou SEBETHIS, fleuve d'Italie, dans la Campanie, & qui arrofoit la ville de Naples & l'ancienne Parthenope. Vibius Sequefter parle de ce fleuve en ces termes: Sebethos Neapolis in Campania. Columelle dit, 1. 10, v. 134:

Doctaque Parthenope Sebethide roscida lympha.

Et Stace, l. 1, Silv. Carm. 2, v. 263:

pulchra tumeat Sebethos alumna.

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SEBRIUS VICUS. Paufanias, l. 5, c. 15, nomme ainfi une rue hors de la ville de Sparte, & dans le voisinage du Plataniste. Scebrus, l'un des fils d'Hippocoon, avoit don né le nom à cette rue. Le monument de ce héros étoit dans cet endroit, un peu au-deffus de celui de fon frere Dorcée; & à la droite du monument de Scebrus, on remarquoit le tombeau d'Aleman, poëte lyrique.

SEBTAH, nom d'une ville de la Mauritanie Tingitane, & connue aujourd'hui fous le nom de Ceuta. Elle eft fituée fur le détroit de Gibraltar, que les Arabes appellent Khalig Al Sebthah ou Al Sebthi, & les Turcs Septah Bogazi. * D'Herbelot, Biblioth. orient.

Les géographes arabes mettent les villes de Sebtah & de Tangiah, qui font Ceuta & Tanger, dans la partie d'Afrique qu'ils appellent Nagreb alakfa, c'eft-à-dire, dans le dernier occident, ou à l'extrémité de l'Afrique.

Josef Ben Taffefin fe rendit maître de cette ville avant que de paffer en Espagne pour y établir la dynastie des Marabouths ou Al-Moravides.

SEBZVAR, nom d'une ville de la province de Khorasfan, qui a été le fiége des princes de la dynastie des Serbedariens. Haffan Al Giouri, qu'Ahmed Arabschah appelle Rafadhi, y commandoit presqu'en fouverain, lorsque Tamerlan paffa en Perfe. Le leb Tarikh dit que c'étoit A'ziz, disciple de Haffan Al-Giouri, que Tamerlan honora de fes préfens. Voyez CEUTA.

SEBUNTA, ville de l'Arabie Pétrée. Elle eft mife dans les terres par Ptolomée, l. 5, c. 17. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Esbuta. C'eft la même qu'Efebon, Chesbon & Esbus.

SEBURRI. Voyez SEURI.

SEBUS, ville de la Palestine, felon les exemplaires la

Virgile, Æneid. 7, v. 734, a feint qu'une nymphe, de tins de Ptolomée, l. 5, c. 16. Le texte grec porte EsBUS. même nomi, préfidoit à ce fleuve :

.....

fertur

.....quem generaffe Telon Sebethide nympha.

On appelle aujourd'hui cette tiviere Sebeto ou Fiume de la Maddalena.

SEBINUS LACUS, lac d'Italie, aux confins de la Gaule Transpadane. Les Cenomani habitoient depuis ce lac jusqu'au Pô. Pline, 1. 3, c. 19, dit que l'Ollius fortoit de ce lac: il auroit pû dire qu'il n'en fortoit qu'après y être entré; car il n'y prenoit pas la fource. Dans un autre endroit, I. 2, c. 103, le même auteur nomme ce lac SEVINUS. Ces deux ortographes peuvent le foutenir; car il avoit pris fon nom de la ville Sebum où Sevum, fituée fur fes bords. Le nom moderne eft Lago-di-Seo, que le peuple a corrompu en Lago d'Ifeo.

SEBOIM, une des quatre villes de la Pentapole qui furent confumées par le feu du ciel. Eufébe & faint Jérôme, (Eufeb. & Hieron. in locis Sodoma & Adama ) parlent de Seboim, comme d'ané ville qui fubfiftoit de leur tems, fur le bord occidental de la mer Morte. Il faut que depuis le tems de Lot & d'Abraham cette ville ait été rétablie vers le même lieu où elle étoit auparavant. Il eft parlé de la vallée de Seboim 1 Reg. XIII, 18, & de la ville de mê me nom, dans la tribu de Benjamin. 2 Esdr. 11, 34. * Genef. XIX, 24.

SEBOURG, dans le Hainaut, au diocèfe de Cambray. Il y a une abbaye de filles, du titre de fainte Elizabeth. Ce font des chanoineffes régulieres, fondées auffi-tôt après la canonifation de fainte Elizabeth de Hongrie, presqu'en même tems qu'on leur bâtiffoit à Cambray une églife, qui eft maintenant paroiffe. Les premieres religieufes y furent emmenées de faint Jean de Premy, près Cambray, & mifes, comme à Premy, fous la conduite de l'abbé de faint Victor. Elles en gardent encore les conftitutions, & elles en ont dit le breviaire jusqu'en l'an 1650, qu'elles prirent le romain.

SEBRIAPA, ville la Sarmatie Afiatique : Ptolomée, 15, c. 9, la marque fur le bord du Vardanus. Ses interprétes au lieu de Sebriapa, lifent Ebriapa.

Voyez ESBUS.

SEBUSIANI. Voyez SEGUSIANI.

SEBY, ville de Danemarck, dans le Nord-Jutland, au diocèfe d'Alborg, fur la côte orientale. * Hermanides, Descript. Dania.

SEBZ, bourg de la Tranfoxiane. Il eft fitué, dit Petit de la Croix, (Hift. de Timur-Bec, t. I, préface) hors des murs de la délicieufe ville de Kech; & ce bourg est fameux, pour avoir donné la naiffance à Timur-Bec, connu fous le nom du Grand Tamerlan.

SEBZEVOAR, ville de Perfe : Tavernier la dit fituée à 81ds' de longitude, fous les 36d 15' de latitude. Ce n'est qu'une petite ville, qu'on nommoit anciennement BIHAC, & où l'on recueille quantité de manne.

SEBZUAR, ville de Perfe, dans la Coraffane. Elle a été le fiége des princes de la dynastie des Serbedariens, & Haffan-Al-Giouri y commandoit presqu'en fouverain, lorsque Tamerlan paffa en Perse. Petit de la Croix, Hift. de Timur-Bec, l. 3, c. 24, place cette ville à 91d de longitude, & à 31 de latitude.* D'Herbelot, Biblioth. orient.

SECANDE, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte : Pline, 1. 6, c. 30, la met au bord du Nil. Quelques exemplaires portent SCANDE pour SECANDE.

SECANI. Voyez SEQUANI.

SECCHIA, riviere d'Italie, au duché de Modéne. Elle prend fa fource dans l'Apennin, vers la Carfagnana, coule aux confins des duchés de Modéne & de Reggio & baigne Saffuolo & Carpi, après quoi elle va le jetter dans le Pô, vis-à-vis de l'embouchure du Menzo.* Magin, Atlas.

Cette riviere eft la Gabellus de Pline.

SECELA, ville de la Palestine, felon Etienne le géogra phe, qui cite Jofeph, Antiq. l. 6, c. 14; mais ce dernier lit SECELLA, & non SECEL A. Voyez SICCELICH.

SECERRÆ, ville de l'Espagne Tarragonnoife : l'itinéraire d'Antonin la marque fur la route des Pyrénées à Caftulo, entre Aqua Vocona ou Voconia, & Pratorium, à quinze milles du premier de ces lieux, & à égale distance du fecond. C'est aujourd'hui, à ce qu'on croit, San-Caloni ou

Celloni.

1. SE'CHE. On donne ce nom à des fables que la mer

couvre, quand elle eft haute, & qu'elle laiffe à fec quand elle eft baffe. C'eft ce que les Hollandois nomment DROOGTE. On donne auffi quelquefois le nom de Séche à des banes de roches ou d'écueils, près des côtes, & que la mer découvre, ou en tout, ou en partie.

2. SÉCHE DU CAP DE GATE. Séche dans la mer Méditerranée, près de la partie orientale du royaume de Grenade, environ à un petit mille, au fud-oueft quart de fud, deffus des taches blanches, qui donnent la connoisfance du cap de Gate. La Séche du cap de Gate eft un banc de roches où il y a fort peu d'eau ; mais on peut paffer entre la terre & ce banc, rangeant la pointe de ce cap à discrétion, comme à deux ou trois longueurs de cable; ou bien on peut paffer à quatre milles au large, parce que quelques-uns difent qu'il y a un autre danger, à une lieue au large, par le fud oueft quart de fud. Il y a auffi, près de la côte du cap de Gate, un écueil presqu'à fleur d'eau, qu'il ne faut pas approcher. Environ dix à douze milles à l'eft du cap de Gate, on trouve une autre grofle pointe qui eft la pointe de l'eft du cap de Gate, & il femble y avoir une petite ifle fort proche, ce qu'on connoît par une noirceur de terrein. Quatre milles ou environ à l'eft de la pointe du cap de Gate, il y a une petite calangue en forme de croiffant, dans laquelle on pourroit mouiller, principalement avec deux, trois à quatre galéres, pour les vents de fud-oueft, qucft & jusqu'à l'eft; mais des vents de fud & de fud-ouest, la mer y eft extrêmement groffe. Près de la pointe de l'oueft de cette calangue, il y a quelques écueils à fleur d'eau, à l'entrée d'une autre calangue. On peut auffi mouiller vers le nord eft de la pointe de l'eft du cap de Gate, dans une anfe de fable, où l'on eft à couvert des vents de fud-oueft, oueft & nord-ouest. * Michelot, Portul. de la Méditerranée, p. 15.

3. SÉCHE D'ANTIBES, Séche fur la côte de France, dans la Provence : Michelot, Portul. de la Méditer. p. 83, dit que vers le nord-nord-eft de la pointe du grand baftion, qui eft au milieu du mole de la ville d'Antibes, environ à cent dix toifes, il y a un banc de roches de peu d'étendue, mais dangereux, fur lequel il ne refte quelquefois que neuf pieds d'eau, quoiqu'il y en ait tout auprès feize, dix-huit & vingt quatre. On pourroit pafler à terre de ce banc, entre la demi-lune, où il y a vingt à vingt-cinq pieds d'eau ; mais il faut ranger à discrétion un peu plus la demi-lune que la Séche. Le meilleur néanmoins cft de paffer à la droite de la roche, en rangeant à discrétion la pointe du bonnet carré, & la roche est au fud-eft du milieu de ce fort. Enfuite il faut s'approcher de la tête du mole, puis aller mouiller dans le fond du port. Le vent d'eft-nord-eft donne droit à plein de l'entrée ; mais on en eft à couvert dès qu'on a doublé la pointe du mole. Il n'y a que le nord oueft qui incommode, quoiqu'il vienne par deffus le terrein, & il faut fe précautionner contre ce vent. Il feroit difficile d'entrer avec un gros vent d'eft fud eft; car la mer y eft fort grolle & y cave beaucoup. On fait l'eau au haut de la ville, dans un pré où il y a une fource. Tout proche de la tête du mole, il y a vingt-cinq à vingt-fix pieds d'eau, & le long du mole, depuis quinze jusqu'à dix-huit pieds près de la porte. La latitude eft à 43d 33, & la variation de 64 nord-oueft.

SÉCHES DE BARBARIE, ou les BASSES DE BARBARIE: ce font des écueils formidables, qui fe trouvent fur la côte de Barbaric, dans le golfe de Sidra, entre les royaumes de Tunis & de Tripoli. On appelle quelquefois tout le golfe de Sidra les Séches de Barbarie.

SECHRONA ou SCHICRONA, ville la tribu de Juda, qu'on croit avoir été cédée, avec plufieurs autres, à la tribu de Siméon.* Jofué, xv, II.

SECKAW, ou SECOU, Secovium, bourg d'Allemagne, dans la haute Stirie, fur une petite riviere, nommée par quelques-uns Gar, & par d'autres Gayl, à trois lines au nord de Judenburg. Ce bourg étoit autrefois une prévôté qu'Eberhard, archevêque de Saltzbourg, érigea en évêché fous le pontificat d'Honoré III, l'an 1219. Auffi l'archevêque de Saltzbourg a-t-il le droit de préfentation & d'inveftiture; ce qui eft caufe en même-tems que l'évêque de Seckau ne peut prendre la qualité de prince de l'Empire, ni entrer dans les diétes. * Jaillot, Atlas. Commainville, Table des évêchés.

SECKENHEIM, bourg d'Allemagne, dans le bas pala. tinat du Rhin, fur le Necker, à une licue de Manheim, &

à égale diftance du Rhin, en tirant vers Heidelberg. Ce lieu n'eft remarquable que par la victoire que Frédéricl, électeur palatin, y remporta en 1472, fur le duc de Wirtemberg & fur le marquis de Bade, qui furent faits pri fonniers dans le combat.

SECKINGEN, ville d'Allemagne, dans la Suabe, & l'une des quatre villes foreftieres. Cette ville eft fituée dans une ifle que forme le Rhin, à une demi-lieue de Rheinfelden, à trois milles de Bâle, & à fix de Schaffoufe. Les archiducs la tenoient en fief de l'abbefle de Seckingen. Elle fur prife en 1683 par le duc de Saxe Weymar, & rendue en 1684. Un grand incendie lui caufa beaucoup de mal en 1678. Il n'y a de remarquable aujourd'hui qu'une place environnée de quelques maisons affez bien bâties. SECLIN, bourg de France, dans la Flandre Valone, au diocèfe de Tournay, en latin Sacilium.

Ce bourg eft le lieu principal du Melantois. Il eft ancien, puisque faint Ouen nous affure que de fon tems on y honoroit fort les reliques de faint Piat, qui y avoit été martyrifé. Il y a un ancien chapitre dédié à ce faint, que l'on croit fondé dès le cinquième fiècle. Ce chapitre eft composé d'un prévôt, de quatre autres dignités & de douze canonicats de mille livres chacun. Le prévôt en a trois mille livres. Il y a un de ces canonicats affecté à l'évêché de Tournay; le pape nomme aux autres pendant huit mois, & le prévôt pendant quatre. Il y a auffi à Seclin un bailli & fept échevins, outre la juftice du chapitre de faint Piat; les appels en font portés à la gouvernance de Lille.

1. SECOANUS, lieu fortifié, dans la Syrie. Strabon, l. 16, p. 752, le met dans le territoire de la ville d'Apamée; mais quelques manuscrits portent CossIANUS au lieu de SECO ANUS. Ce lieu étoit la patrie de Triphon furnommé Théodore, qui entreprit de le faire roi de Syrie.

2. SECOANUS. Voyez SEQUANA.

SECONDIGNE, bourg de France, dans le Poitou, en Gatine, élection de Niort : il eft bien peuplé.

SECONTIA. Voyez SEGONTIA.

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SECOR, port de la Gaule Aquitanique : Prolomée le place entre le promontoire Pictonium & l'embouchure de la Loire.

SECORBIACUM, lieu de la Gaule; Fortunat en parle dans la vie de faint Germain. Ortel Thes.

SECOURVIEILLE, bourg de France, dans le comté de Comminges. Il y a dans ce bourg une justice royale.

SECSIVA, montague d'Afrique, au royaume de Maroc. C'eft une montagne très-haute & très froide, au fep tentrion de celle de Chauchava. Il fort plufieurs fontaines des vallons, & la riviere d'Ecifelinel en tire fa fource. La cime eft toujours couverte de neige, & il y a par tout de grands rochers escarpés, avec des cavernes, où l'on renferme les troupeaux l'hiver, de peur de froid, & on les nourrit de foin & de branches d'arbres. Les habitans ne recueillent m froment, ni orge, ni autre grain, à cause que la terre eft trop froide. Ils en font venir d'ailleurs. En récompenfe, ils ont quantité de lait, de beurre & de fromage, tout le printems & l'été, & ne manquent point de viande toute l'année. Ils vivent comme des fauvages, & dans une grande fanté, de forte qu'à cent & cent dix ans ils ne paroiffent pas encore vieux. Ils ne font autre chofe, toute leur vie, que d'aller après leurs troupeaux. C'eft une merveille de voir comme ils font peu vêtus dans un fi grand froid; car ils n'ont qu'une mante qui les enveloppe, des botines de cuir crud, & des haillons autour des pieds. Malgré cela, ils font fi glorieux, qu'ils ont toujours guerre avec leurs voisins, & s'entretuent pour des occafions fort légeres. Ils ne fréquentent parmi eux ni juge, ni alfaqui ni bourgeois de ville, parce qu'ils ne font pas fur le grand chemin: auffi n'ont ils ni loi ni regle, & ils vivent comme des bêtes parmi ces rochers.* Marmol, Royaume de Maroc, l. 3, c. 46.

SECTORIUM, ville de l'Afie mineure, dans la province de Lydie. Il eft fait mention de cette ville dans le concile de Chalcédoine.

SECUNDA JUSTINIANA. Voyez ULPIANUM,
SECUNDÆ. La notice des dignités de l'Empire.

SECUNDANI, peuples de la Gaule: Pline, l. ;, c. 4, qui les met dans les terres, leur donne la ville d'Araufio: ainfi par Secundani, il entend les habitans de la ville d'Orange: In Mediterraneo.... Araufio Secundanorum.

SECUNTUM. Voyez SAGUNTUM. SECURISCA; Procope, Edific. 1. 4, c. 8, nomme ainfi un fort que l'empereur Juftinien fit bâtir à neuf dans la Mafie. Ce fort, ajoute-t-il, eft le premier qui fe préfente à la vûe après celui de Lucerniarabourg, & il fut réparé des ruines de celui de Cintodéme. Un peu plus loin étoit la ville de Théodoropole. La notice des dignités de l'empire met SECURISGA dans la feconde Mafie. L'itineraire d'Antonin la marque fur la route de l'iminacium à Nicomédie, entre Utum & Dimum, à douze milles de chacun de ces lieux. Le nom de SECURISCA eft corrompu dans la table de Peutinger, qui lit SECURISPA.

SECUSIANI. Voyez SEGUSIANI.

SECUSSES, peuple des Alpes. Pline, l. 3, c. 20, dit qu'ils habitoient depuis la ville de Pola jufqu'à la contrée de Tergefte.

SECUSTERO. Voyez SEGESTERORUM.

SED, (cap de) fur la côte feptentrionale de l'ifle de Cuba, à dix-huit lieues à l'ouest de la Havane. Il eft fort élevé, & on le voit encore quand on eft vis-à-vis de la Havane, pourvu qu'on foit au large. * Voyage en Amérique par le P. de Charlevoix.

SEDALA. Voyez SIDALA. SEDALIA, ville de l'isle de Taprobane, felon Jornandès cité par Ortelius.

SEDAN, ville de France, dans la province & généralité de Champagne. Elle eft fituée fur la Meufe, aux frontieres de Luxembourg. C'eft une des clefs du royame. En 1641, les principautés de Sedan & de Raucourt furent échangées par Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, pour la terre d'Epernay, les duchés de Château-Thierry & d'Albret, le comté d'Evreux, &c. La ville de Sedan n'a que deux portes, l'une du côté de la Champagne, & l'autre du côté de Luxembourg. Ses anciennes fortifications confiftent en quatre baftions à main droite vers la prairie du côté de la France. Ces bastions nommés du Moulin, de Bourbon, de Turenne & de Naffau, font garnis d'une fort belle faufle-braye & d'un foffe rempli d'eau de fix toifes de longueur. Au devant du bastion de Naffau, il y a un autre follé taillé dans le roc, & un ouvrage à corne revêtu, dont le foffé eft auffi taillé dans le roc; les autres ouvrages qui ont été faits de l'autre côté de la place à la porte du rivage, par les foins du maréchal de Faber, premier gouverneur de Sedan, font auffi fort beaux ; celui de la corne de Floing a été fait aux dépens des habitans de cette ville, qui fe font volontairement impofé à eux-mêmes des droits d'entrée fur le vin, la biére & l'eau de vie, pour fournir aux frais de cet ouvrage. Le Roi y a fait faire quantité d'autres belles & grandes fortifications, qui ont coûté plus de quatorze cents mille livres; & en 1692, on a commencé un ouvrage à corne, au bout duquel il y a des éclufes pour inonder la prairie au befoin.* Baugier, Mém. de Champagne, t. 1, p. 380, t. 2, p. 257. & fuiv.

Il y a un fort bel arfenal dans le château, qui eft fortifié à quatre grands bastions, deux du côté de la ville & les autres du côté des Ardennes, dont les foffés creufés dans le roc ont plus de cent cinquante pieds de profondeur. Il y a un autre ouvrage nommé la Corne des Ecoffois, dont le foffé qui est très-grand est pratiqué dans le roc, ainfi que ceux des autres ouvrages dont nous allons parler. Le grand bastion du fer à cheval eft détaché du corps de la place, dont le foffé eft de plus de foixante pieds de profondeur. Au devant de cette fortification il y a un ravelin revêtu avec son foffé. Les nouveaux ouvrages qu'on y a conftruits depuis rendent cette place très-forte. C'eft dans le château de Sedan, qu'eft né feu M. de Turenne. La ville & le château de Sedan ont un gouverneur, un grand bailli, un lieutenant de roi de la Ville, un du château, & un maire.

Il y a un féminaire établi par le roi en 1681, fous la direction des peres de la miffion, au nombre de neuf, qui deffervent auffi la cure de la feule paroiffe qu'il y a en cette ville. Il y avoit un collége des jéfuites auffi établi & fondé par le roi en 1663. Un couvent de capucins établi en 1641 par Frédéric de la Tour d'Auvergne, dans le faubourg de la cafline, qui depuis a été transféré avec la permiffion du roi en l'année 1654, par le maréchal de Faber, alors gouverneur de Sedan, en un autre couvent, qu'il leur fit construire à fes dépens dans l'enceinte de l'ou

vrage à corne du bastion de Floing. On voit dans l'église de ce couvent un caveau où il y a un tombeau de marbre noir, fous lequel eft enterré ce maréchal, décedé le 17 mai 1662, & celui de fon époufe. Les tombeaux des ducs de Bouillon font au deffous du chœur de l'ancienne paroille.

Sedan a eu autrefois des feigneurs particuliers peu puiffans fans, qui relevoient des archevêques de Rheinis, Seigneurs de Mouzon, d'où elle a paflé aux maifons de Jaulle en Brabant & de Barbançon, feigneurs de Bollu; c'est de cette maifon que celle de Braquemont l'a acquife, par le mariage de Marie de Braquemont, qui l'a portée dans la maifon de la Marck de Lumay. Henri de la Tour, vicomte de Turenne, ayant époufé héritiere de cette derniere I maifon, garda Sedan: depuis fon fils fut obligé de remettre cette place à Louis XIII qui le tenoit prifonnier.

L'étendue du présidial de Sedan a été réduite à dix-fept paroiffes, depuis que, pour l'érection du parlement de Tournay, le roi en a démembré les villes d'Avefnes Philippeville, Mariembourg, Landrecy & le Quefnoy. Il n'y a que fix officiers titulaires dans ce fiége, & un bailli d'épée.

La maîtrife des eaux & forêts de Sedan contient des bois mouvans de la principauté de Sedan & Raucourt, dix mille fix cents foixante dix-neuf arpens, foixante-dix perches: cent foixante arpens de ceux de Serival & Villers: deux mille arpens de ceux du grand & petit Denilet: cing cents quatre-vingt-dix-huit arpens de ceux de Marville: mille cinq cents cinq arpens de ceux de Dampvillers en cinq buillons, & dix mille huit cents foixante-dix arpens de bois de la gruerie de Château- Renaud. L'on fabrique à Sedan beaucoup de draps, qui font aufli eftimés que ceux de Hollande: on en fait un grand commerce. L'on y fabrique aufli des ferges, & l'on y fait encore des dentelles, mais pas tant qu'autrefois.

SEDANDA. Corneille dit pays d'Afrique qui a titre de royaume : il eft vers le Zanguebar, & s'étend du côté du cap des Courants. D'Anville, dans fa carte de l'Ethiopie occidentale, remarque que Sedanda n'elt pas un pays, mais que c'est le roi de Sabia qui fe nomme Sedandi. Ce royaume de Sabia a celui de Sofala au nord, l'entrée du canal de Mozambique à l'orient, le royaume d'Inhabane au midi, & celui de Manica au couchant. La riviere de Sabia traverse tout le royaume d'occident en

orient.

SEDDIAGIOUG' UMAOIOUG' la levée, le rempart, ou le mur de Gog ou de Magog. C'eft cet ouvrage, tant vanté dans les hiftoires de l'Orient, dont la conftruction eft attribuée à Eskander ou Alexandre: non pas à Alexandre, fils de Philippe, que nous appellons le Grand, mais à un autre, que les Orientaux furnomment Dhoul Carnim, qui eft beaucoup plus ancien que le Macédonien, & que les Perfans croyent avoir été le même que Giamfchid, quatrième roi de leur premiere dynaftie.

Ce mur de Gog & de Magog fut bâti par ce prince, que les mêmes Perfans croyent avoir été monarque de toute la terre habitable, pour refferrer les nations Hyperboréennes au delà du Caucafe, entre le Pont Euxin & la mer Cafpienne, & pour les empêcher de faire des incurfions dans le milieu de l'Afie.

L'on dit auffi que Noufchirvan fit continuer ou réparer ce grand ouvrage.

Quelques hiftoriens de l'Orient reculent cette muraille de Cog & de Magog, au delà de la mer Cafpienne, en tirant vers l'orient; de forte que l'on pourroit croire que c'est la même qui sépare la Chine d'avec les Mogols & les Tartares.

SEDELENSIS, fiége épifcopal d'Afrique, dans la province Proconfulaire, felon la conférence de Carthage qui fournit Feliciffimus Sedelenfis epifcopus. * Harduin, Collect. conc. t. 2, p. 1082.

SEDETANI & SEDETANIA. Voyez HEDETANI. SEDIBONIATES, peuples de la Gaule Aquitanique, felon Pline, . 4, c. 19.

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SEDIS SCAPI-FONTI, SEDISSA-SIPONTI OU SEDISSA FIPONTI. On trouve ce nom fous ces différentes ortographes dans l'itinéraire d'Antonin, qui en fait un lieu qu'il marque fur la route de Trapezunte à Satala, entre Dia & Domana, à dix-fept milles de la premiere de ces isles, & à vingt-quatre milles de la feconde. Ce lieu devoit être

dans la petite Arménie. On ne le connoît point d'ailleurs, & il pourroit fe faire même qu'aucune des trois ortographes ne fût pas la véritable.

SEDLITS, lieu du royaume de Boheme, dans le cercle de Leutomerits. On y a trouvé des eaux minérales en

1724.

SEDOCHESORI, peuples du Pont, au voisinage du fleuve Cohibus. Tacite, Hift. l. 3, fait mention d'un roi des Sedochefores. Jufte-Lipfe dit qu'il y a des manuscrits qui portent Sedochefori, & d'autres Sedothefori.

SEDOTH ou ASEDOTH. Voyez ASEDOTH. SEDOUM & SEDOUMAH. C'eft ainfi que les Arabes appellent la ville de Sodôme en Judée, dont le peuple eft ordinairement nommé par les Mufulmans Caoum Louth, le peuple de Lot, à caufe que ce prophéte, comme ils difent, leur fut envoyé de la part de Dieu pour les convertir à la foi & les détourner du crime que les mêmes Mufulmans appellent fâalcabih, la vilaine action.* D'Herbelot, Bibl. orient.

Cette ville, & les quatre autres, qui font dans fon voifinage, font appellées par les Mufulmans Al Motofecat, les villes renversées, à caufe que l'Ange Gabriel, envoyé expreffément de Dieu, pour punir leur crime, les renverfa, avec tous leurs habitans, fans deffus deffous, & les fit ainfi périr tous.

SEDRAC, contrée de la Palestine : ce font les Septante qui écrivent Sedrac; l'hébreu porte Adrach & la vulgate Hadrach. Il y a dans Zacharie, c. 6, v. 1, une prophétie contre le pays d'Hadrach & contre la ville de Damas, dans laquelle ce pays mettoit toute fa confiance..

SEDRATYRA. Voyez SosXETRA.

SEDUNI, peuples de la Gaule Narbonnoife. Ils étoient voifins des Nantuates & des Veragri, avec lesquels ils occupoient le pays depuis les confins des Allobroges, le lac Leman & le Rhône, jusqu'aux hautes Alpes: Galbam in Nantuates, Veragros, Sedunosque mifit, qui à finibus Allobrogum & Lacu Lemano & Rhodano ad fummas Alpes pertinent.Pline,dans le trophée des Alpes, parle auffi des Nantuates, des Seduni, des Veragri & des Salaffi, comme de quatre peuples voifins. Cellarius, geog. ant. l. 2, c. 3, croit qu'on doit mettre les trois premiers de ces peuples dans la Gaule Narbonnoife ou province romaine premierement, parce que Célar, au commencement du troifiéme livre de la guerre des Gaules, les joint avec les Allobroges: A finibus Allobrogum..... ad fummas Alpes pertinent en fecond lieu, parce que Ptolomée attribue tous ces peuples à l'ltalie, quoiqu'ils habitaffent au-delà des grandes Alpes. Ainfi s'ils étoient entre les confins des Allobroges & les hautes Alpes, de maniere qu'on pouvoit, en quelque forte, les attribuer à l'Italie, on ne peut point les comprendre au nombre des Helvétiens, ni les renfermer avec ces derniers dans la Gaule Belgique, mais dans la Gaule Narbonnoife, qui, du côté de l'Helvétie, s'étendoit entre l'Italie & la Gaule Belgique.

Aucun ancien, que je fache, ajoute Cellarius, n'a donné une ville aux Seduni. L'inscription Civitas Sedunorum, qui a été corrigée & fuppléée par Cafaubon, ad Suetonii Aug. c. 58, eft à la vérité ancienne; mais du tems d'Augufte, ce mot Civitas fignifioit moins une ville qu'un peuple ou une communauté. Dans le moyen âge ces peuples avoient une ville, Oppidum, à laquelle on joignoit le nom national; & dans la fuite on dit fimplement Sedunum. On lit en effet dans le martyrologe romain, au cinquiéme des calendes d'octobre: Seduni in Gallia [ Natalis fancti Florentini martyris. C'est aujourd'hui la ville de Sion. Voyez SION.

SEDUNUM. Voyez SEDUNI.

SEDUSII, peuples de la Germanie. Céfar, de Bel. Gal. 1. 1, les met au nombre des peuples qui combattoient fous Ariovifte, ce qui engage Spener, Not. Germ. ant. l. 4, c. 2, à fixer leur demeure entre le Meyn & le Necker. Il ajoute qu'ils étoient originairement compris fous le nom général d'Iftevons, & qu'après leur retour des Gaules, ils fe confondirent avec les Marcomans.

1. SEE, riviere de France, dans la baffe Normandie, au diocèse d'Avranches. Elle a fa fource auprès de la butte de Brimbal. Elle passe à Charancé, à Cuve, à Brecey, à Saint-Brice, au Pont Gilbert, fous Avranches, & fe rend dans la mer, entre le mont Saint-Michel & le mont Tombelaine, après un cours de dix lieues.

2. SÉE, cap d'Afrique, dans la haute Guinée, fur la côte de Grain, à fept lieues au delà de Rio Seftos. Les Portugais l'appellent Cabo Baixos, à caufe des bancs de fable qui font autour de ce côteau. A l'orient de ce cap on découvre un écueil, dont le fommet eft blanc, & qui paroît de loin aux vaiffeaux qui viennent du fud, comme un navire qui fait route avec l'artimon & la voile de Mifaine. Dapper, Afrique, p. 274.

*

SEELAND. Voyez SELANDE.

SEEWIES, en latin Lacupratum, paroiffe du pays des Grifons, dans la communauté de Schiers & dans les montagnes. Il y a dans cette paroifle un lieu nommé Cany, & où il fe trouve un bain d'eau médicinale, propre pour la guérifon de divers maux. Il vient de deux fources, qui font imprégnées d'or, de foufre de vitriol, &c. Sur la rive gauche du Lanquart, on voit les villages de Tenas & de Vallein, Vallis Sana. C'est là que la régence de la communauté réfide. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 4,

P. 79.

SÉEZ, SÉES, SEZ OU SAIS, Saïum, Sagium, Salarium, Saxia, Sagiorum, ou Saxonum civitas, ville de France, dans la Normandie, fur l'Orne, à cinq lieues d'Alençon au nord, & à huit de l'Aigle, au fud-oueft de l'intendance & de l'élection d'Alençon. Dans la notice des provinces des Gaules, qu'on croit faite du tems de l'empereur Honorius, elle a le quatrième rang entre les fix anciennes cités qui dépendoient de la métropole de Rouen; mais ce n'eft que fur des conjectures très incertaines que d'habiles géographes modernes ont fuppofé qu'elle étoit la ville des peuples Effui, Seffui, Seffuvii, Hefui ou Haffi, dont parlent Céfar, Pline & autres, ou bien celle des peuples Aruvii, appellée Vagoritum, par Prolomée. On ignore en quel tems le fiége épiscopal a été établi à Séez. A fuivre l'ordre de fes premiers évêques, qui font faint Sigibolde, faint Lain ou Latuin, faint Landry, Hillus, Hubertus & Paffivus, qui assista en 533, au fecond concile d'Orléans, il fembleroit qu'il ne feroit que du cinquième fiécle; mais cet ordre n'eft appuyé que fur de fimples catalogues dreffés depuis le milieu du douzième fiécle, & qui font fi remplis de transpofitions, qu'ils ne peuvent fonder aucune époque fûre. On ne fauroit, pour cela, fe régler que fur l'églife de Rouen, qui est indubitablement de la fin du troifiéme fiécle; & il y a toute apparence que ces fix fuftragantes font du fiécle fuivant, fi même quelques-unes ne font pas aussi anciennes qu'elle.

Selon une tradition populaire, l'évêché de Séez étoit dabord à Hiesnes, chef-lieu d'une de fes archidiaconés. Le P. Sirmond, d'après elle, a mis au nombre des évêques de Sées, un Litharedus episcopus Oxomenfis, qui fe trouva au premier concile d'Orléans en 511, & il a été en cela fuivi des autres éditeurs des conciles; mais cet évêque n'appartient pas plus à cette église qu'à celle de Lifieux, à laquelle on l'a pareillement attribué, & il doit être rendu à l'ancienne églife des Offismiens ou Oxismiens, dont le pays comprenoit alors, felon le nouvel hiftorien de Bretagne, ceux dont on a depuis formé les diocèles de Léon & de Treguier, & une partie de celui de Quimper. La Martiniere a voulu décider une grande queftion parmi les favans; fi toute la bafle Bretagne a été foumise à Clovis : mais un volume ne fuffiroit pas pour fournir les raifons du parti oppofé. Je crois qu'il eft plus prudent de couper net fans entrer dans cette queftion.

Il falloit que Séez für une ville bien importante, fi le diocèle qu'elle a formé, & dans le centre duquel elle fe trouve, dépendoit alors d'elle; car il a vingt-quatre lieues de longueur du levant d'hiver au couchant d'été ; & ce n'eft que depuis le onzième fiécle que le pays d'entre Séez & l'abbaye de S. Evrou fait partie du diocèle de Lifieux, comme on l'apprend d'Orderic Vital,&de la vie de S. Evrou, où l'on voit qu'il reconnoifloit l'autorité de l'évêque de Séez. Ce diocèle comprend encore aujourd'hui quatre cents quatre-vingt-dix fept paroiffes, deffervies par cinq cents huit curés, & partagées en feize doyennés, dont trois font dans le Perche, fous le parlement de Paris. On y voit fix villes, plus de vings bourg, un chef-lieu d'apanage de fils de France, de généralité, de préfidial & de grand bailliage; & outre le chapitre de l'églife cathédrale, on trouve deux collégiales, deux féminaires, cent cinquante-trois chapelles, onze hôpitaux, quinze léproferies, une commanderie de Malthe, une de Saint-Lazare, fix abbayes &

trois prieurés conventuels d'hommes, trente-deux prieurés fimples, une chartreufe, une maison de trinitaires, une de jacobins, deux de cordeliers, quatre de capucins, quatre abbayes & un prieuré conventuel de filles, trois maifons de religieufes de fainte Claire, une de filles de Notre Dame, & une d'urfulines.

Ce qui fit tomber la ville de Séez, ce fut l'établiffement du comté d'Hiesmes, dans le gouvernement duquel elle fe trouva comprise. Il ne lui rella plus pour le civil qu'un petit pays appellé Sagifum, dans les capitulaires de Charles le Chauve, de 853. Cependant elle a encore bien diminué depuis; car elle n'a pas aujourd'hui le moindre reffort, & elle releve même de différentes jurisdictions affez éloignées, dont deux, celles d'Effey & de Meheudin, font dans de fimples bourgs. Elle a cinq paroiffes, & avec le chapitre de la cathédrale, un féminaire, un collége, un hôpital, une grande abbaye de bénédictins & un couvent de cordeliers. Elle a auffi un grenier à fel, des officiers royaux de police, une maifon de ville, & les élus d'Alençon font obligés d'y venir tenir toutes les femaines l'audience pour fa commodité. Elle a deux marchés la femaine, dont celui du famedi eft fort bon, & huit ou neuf foires par an, entre lesquelles celles du mercredi des cendres, du jeudi faint & de S. Martin, font affez célébres. D'ailleurs elle eft dans une fituation agréable, au milieu d'une grande & fertile campagne, coupée par une longue prairie qui borde la riviere, & avec de belles vûes. Enfin elle eft fort proche de la forêt d'Escouvres, & à portée d'avoir commodément toutes les chofes néceffaires à la vie & à fon commerce, ce qui fait que la plupart des officiers de la plus prochaine de ces jurisdictions, & les gentilshommes voifins la choififfent pour leur demeure ordinaire.

Ce malheur de n'avoir point de jurisdiction, & d'être foumise à d'autres, lui eft venu de la pluralité de fes feigneurs, & de ce que les rois, quand ils fe rendirent maîtres de la Normandie, n'eurent pas en cette ville la partie qui leur eft échue depuis, ce qui fut caufe qu'ils n'y mirent qu'un vicomte, dont il eft tait mention dans quelques actes: leurs baillifs néanmoins y tenoient fouvent les aflifes générales; mais ce ne fut que jusqu'à l'érection de l'apanage d'Alençon, que Saint Louis donna en 1268, à Pierre fon quatrième fils, & qui paffa après à d'autres princes du fang; car ce changement foumit Séez à différens juges, felon la différente mouvance de fon territoire. Ce qui appartenoit à l'évêque & au chapitre, reffortit au fiége d'Hiesmes, qui reftoit au roi, duquel feul les églifes cathédrales doivent dépendre ; & le furplus qui relevoit du comté d'Alençon, reconnut les officiers de ce comté, lesquels pour la commodité des vaffaux, venoient tenir leur plaids à Effey, où le comte avoit un grand château ; ce qui à la fin y a fait établir un fiége ordinaire. C'est ce qui eut encore lieu en 1370, quand le roi Charles V céda la châtellenie d'Hiesmes à Robert d'Alençon, comte du Perche : il démembra le temporel de l'église de Séez, & l'attacha à la châtellenie de Falaife, dont il a toujours relevé depuis.

Cependant les évêques de Séez eurent beaucoup à combattre pour maintenir cette églife dans la mouvance royale, malgré toutes les entreprifes que les comtes d'Alençon faifoient pour exercer leur juftice fur fon temporel. Thomas d'Aunou efluya pour cela un long procès contre le comte Pierre, & en 1272, il obtint un arrêt célébre fur cette niatiere, qui fe trouve encore dans les régiftres du parlement de Paris. Jean de Bernieres, Philippe Boulanger & Guillaume Mauger eurent le même avantage contre les comtes Charles de Valois pere & fils. Mais Jean de Péruce, voyant que Jean duc d'Alençon avoit fait faifir fon temporel, lui rendit aveu en 1451, au lieu de recourir à l'autorité royale comme avoient fait fes prédécelleurs. La chofe néanmoins n'eut pas de fuite; Robert Cornegrue qui lui fuccéda trois ans après, s'étant auffi-tôt mis fous la protection du roi Charles VII, il en obtint des lettres pour différer quelque tems à rendre aveu à la chambre des comptes.

Au furplus, les princes du fang, pofleffeurs d'Alençon n'étoient pas les premiers qui avoient voulu avoir l'églife de Séez pour fujette; leurs prédéceffeurs des maifons de Bellesme & Montgommery avoient eu la même ambition, & elle s'étoit vue dans un véritable esclavage. Lorsque Richard I ou II, duc de Normandie, eut donné la ville à Guillaume I de Bellesme, il ne lui reftoit plus ni biens ni

que,

honneurs. Mais le même Guillaume touché enfin de l'état où elle étoit réduite, & des torts que lui & fes prédéceffeurs lui avoient fait, lui aumôna vers l'an 1020, les terres de Chailloué, de Boiville & de Giberville pour la fubfiftance des chanoines, & la ville même pour l'entretien de l'évêde laquelle il fe réfervoit feulement la jouilfance durant la vie. Cette églife retomba encore quatre-vingts ans après dans ce premier état, fous Robert de Beilesme, fils aîné de Roger de Montgommery, & de Mabile de Bellesme, alors le tyran du pays, à qui Robert II, duc de Normandie, en accorda la garde. Mais Serion d'Orgéres, qui rempliffoit en ce tems le fiége épiscopal, aima mieux fe retirer, après avoir excommunié fon oppreffeur, & jetté l'interdit fur toutes les terres, que de fe foumettre à un pareil joug. Il alla à Rome & à Londres en porter fes plaintes, & il ne revint dans fon église qu'après que le roi d'Angleterre fe fut rendu maître de la Normandie l'an 1106, en faifant le duc fon frere prifonnier, & que ce monarque eut privé Robert de Bellesme de la grace qu'il tenoit de ce dernier prince.

Quoique l'évêque de Séez dût avoir la ville après la mort de Guillaume de Bellesme, cependant les descendans de ce feigneur en garderent presque tous les environs, avec les principaux fauxbourgs : ils bâtirent de l'autre côté de la riviere un château, dont il reste encore une porte appellée Bretesche, c'est-à-dire, porte à crenaux, & ils formerent par-là comme une feconde ville. Elle eft nommée le BourgNeuf par Guillaume, comte de Ponthieu, fils de Robert de Bellesme, dans un titre de 1155, pour le prieuré de Gaft, & depuis on l'appella le Bourg-le-Comte, & l'ancienne ville le Bourg-l'Évêque, du nom de leurs différens feigneurs. Le roi Louis le Jeune, & le comte de Dreux fon frere, irrités contre le comte de Ponthieu & Jean son second fils, affiégerent celle-là en 1150, & la brûlerent mais elle fut fi bien & fi-tôt rétablie, que lorsque Henri le Jeune, roi d'Angleterre, qui s'étoit révolté contre Henri II fon pere, vint en 1174, accompagné de trois comtes, & de près de cinq cents hommes d'armes pour le faifir de la ville, il ne la put emporter, quoique les habitans n'euffent perfonne à leur tête, felon la remarque de Raoul de Dicet, dont les paroles méritent ici place: Rex filius Regis, C. Theobaldum, C. Perticenfem, C. de Sœnis, & cum eis milites ferè quingentos habens in comitatu, Sagienfem urbem invafit ; fed civibus etiam fine principe etiam fine duce viriliter refiftentibus, nihil profecit.

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Cette ville fut brûlée en 1353 par les Anglois qui en raferent auffi les murailles. Les bourgeois, pour avoir quel que retraite, bâtirent enfuite le fort de Saint-Gervais : mais à peine eurent-ils relevé leurs maifons, qu'elles furent encore pillées & brûlées par les gens de Charles d'Artois, comte de Longueville, qui s'étoient fortifiés dans l'abbaye, d'où ils exerçoient un cruel brigandage dans le comté d'Alençon. A cette occafion ils obtinrent du roi Jean des lettres du 8 janvier 1361, qui leur permettoient d'impofer fur eux-mêmes un fubfide pour rétablir les murs de la ville; & apparemment qu'ils furent obligés d'abandonner ce desfein, car les murailles d'aujourd'hui, qui font très-légeres, & déja ruinées en plufieurs endroits, ne furent bâties qu'au commencement du dernier fiécle.

Pendant que le fort de Saint-Gervais fubfifta, à l'exception du tems de la domination des Anglois, les évêques en eurent le gouvernement par conceffion des rois, & il ne fut détruit qu'à la fin du quinziéme fiècle. Ils y mettoient à leurs dépens des capitaines, & ils firent affujettir à fa garde tous leurs vaffaux, qui étoient auparavant obligés à la garde du château d'Hiesmes. Cet ufage perfuada à quelques-uns de ces prélats qu'ils étoient gouverneurs nés de la ville; de maniere que M. Camus de Pontcarré ofa encore en 1647, foutenir ces prétentions: mais Louis XIV déclara en 1679, que le gouvernement de Séez n'étoit point attaché au fiége épiscopal. Comme le malheur des dernieres guerres avoit fait ériger des gouvernemens pour les plus petits lieux, afin de les rendre venaux, M. Gohier du Chesnay, gentilhomme voifin, acheta celui-là ; mais ils furent presque auffi-tôt fupprimés, & la ville de Séez eft toujours fimplement gouvernée par un maire & des échevins, que les bourgeois élifent tous les trois ans.

En 1219 après l'extinction des comtes d'Alençon de la maifon de Montgommery, la châtellenie de Séez, qui étoit de ce comté, fut du partage de Robert Malet, fire ou

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