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tonin la place fur la route de Londinium à Lindum, entre Vennonis & Verometum, à douze milles de la premiere de ces places, & à treize milles de la feconde. Ptolomée, 1. 2, c. 3, nomme cette ville RHAGE; & Cambden croit que c'eft aujourd'hui Ratby. D'autres la marquent aux environs du Rufland, ou près de Ratiford.

RATEAS, lieu du Péloponnefe, dans l'Arcadie. Paufanias, l. 8, c. 28, dit qu'il étoit au confluent de l'Alphée & du Gortynius. Quelques exemplaires portent RHAETAE.

RATENAU, ville d'Allemagne, dans la moyenne Marche de Brandebourg, fur la riviere de Havel, entre les villes de Brandebourg & de Havelberg. Elle fut bâtie en 430, & fouffrit beaucoup de la part des Moraviens, étant, pour ainfi dire, la porte pour entrer dans l'évêché de Magdebourg. Elle fouffrit aufli beaucoup dans les guerres du fiécle paffé. Elle fut prife & reptile par les Suédois & par les Impériaux; & les Brandebourgeois la pillerent en 1641.* Zeyler, Topogr. Brandenburg. & Pomeran. p. 87.

RATENBURG, ville du comté de Tyrol, que les cartes du pays nomment quelquefois RADIENBERG, RADENBERG & ROTENBURG. Elle eft fituée fur le fleuve Inn, entre Kufstein & Schwaz, & elle a un château, lequel, conjointement avec la ville & fes dépendances, fut engagé par Louis, duc de Baviere, à Chainhart, duc de Carinthie & comte de Tyrol. Ses fils, Louis, Otton & Henri, ne voulant pas reftituer ces domaines à Rudolphe, duc de Baviere, quoiqu'il offroit de leur payer les fommes prêtées. L'empereur Adolfe ordonna au duc de Baviere, de s'en emparer par les armes. Cette dispute ne fut pourtant terminée que l'an 1366, par l'empereur Charles IV, qui moyennant un accommodement entre les maisons d'Autriche & de Baviere, fit rendre cette ville & ce qui en dépend, à la Baviere, qui la garda jusqu'à l'année 1504, que l'empereur Maximilien I, ayant une guerre contre les Bavarois, reprit cette ville, & la rejoignit au comté de Tyrol.* Zeyler, Topogr. Tyrol, p. 146.

RATENELLE, paroiffe de France, dans la Bourgogne, prieuré de l'ordre de faint Benoît, au bailliage de Châlon. Elle eft fituée au bord de la riviere de Seille, en pays de plaine.

RATHAUSEN, abbaye de filles, ordre de câteaux, dans la Suiffe, au canton de Lucerne, fur la Rufs.

RATHDOCEN, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinter. C'eft une des fix qui compofent le comté de Wicklow. Etat préfent de la grande Bretagne,

tome 1.

RATHDOWNE, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'eft une des fix baronnies, qui compofent le comté de Dublin. Etat préfent de l'Irlande page 37.

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RATHLIN, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinfter. C'eft une des fix qui compofent le comté de Longford. Etat préfent de l'Irlande, p. 43.

RATIARIA. Voyez RAETIARIA. RATIARNA, ville de la Moefie, felon l'histoire Miscellanée, citée par Ortelius, qui croit que ce pourroit être la même que Ratiaria. Voyez RAETIARIA.

RATIASTUM. Voyez LIMOGES. RATIBOR, ville d'Allemagne, la capitale du duché du même nom, fitué dans la haute Siléfie. Il s'étend jusques dans les montagnes de Bohême, aux confins de la Moravie, & contient les villes d'Oderberg, Sora, Ribenick, Pilzoviz & Miefoviz. Valentin, dernier prince de Ratibor, mourut l'an 1516, & après la mort, ce duché fut incorporé au royaume de Bohême, co jointement avec la principauté d'Oppelen. La ville étoit déja bâtie, avant l'an 1164: elle eft fituée très agréablement à fix milles de la ville d'Oppelen, dans un terrein trèsfertile en toute forte de bleds & de fruits. La riviere d'Oder l'arrofe. Il y a des églifes & des couvens de divers ordres, & un château fur le bord de l'Oder. Les armes de la ville font, partie de la moitié d'un aigle d'argent, & de la moitié d'une roue de même. En 1627, l'armée du roi de Danemarck affiégea cette place inutilement ; mais en 1633 & en 1642, elle fut prife par les Suédois.* Zeyler, Top. Bohemiæ, p. 173.

RATINGEN, petite ville du duché de Berg, près de Dulleldorp.

RATISBONNE, en allemand Regensburg, ville impériale & libre, fur le Danube, dans le cercle de Baviere. Les auteurs font de différente opinion fur l'origine de cette ville, qui eft très-ancienne,& fur la dérivation de fon nom. Quelques-uns difent, que Tibére bâtit cette ville quatorze ans ayant la naiffance du Sauveur, & la nomma COLONIA AUGUSTA TIBERII: Onuphre, felon Ortelius, dit avoir trouvé dans une inscription une ville ainfi nommée ; & Goltzius rapporte une médaille, fur laquelle on lit: CoL. AUG. TIB. Aventin ne doute pas que cette ville ne foit Regensburg, c'eft-à-dire, Ratisbonne, Cette opinion eft d'ailleurs établie fur deux anciennes inscriptions, qui fe trouvent dans cette ville, l'une eft fur la derniere tour du pont de pierre, & l'autre fur la tour de la porte de S. Pierre.

On ajoute que Tibére bâtit cette ville pour y loger la quatriénie légion italienne; & que les foldats romains l'habiterent cinq cents vingt-un ans de fuite. Simler fou tient que Regensburg eft le Regium d'Antonin, & le Caftra Regia de la notice de l'Empire. Voyez REGIUM & CASTRA REGIA. Comme il n'eft point parlé dans Tacite ni dans aucun hiftorien de cette colonie, fondée par Tibére; quelques auteurs veulent qu'Ingram ou Hermann, roi des Allemands, ait bâti cette ville, & l'ait nommée Germansheim ou Ingransheim.

On trouve dans Althamerque, qu'outre ces deux noms, cette ville en a porté plufieurs autres, comme Reginoburgum, Rhatobona, Rhatopolis, Hyaspolis, Imbripolis, Regnipolis, Tetrapolis & Quadrata. Quoi qu'il en foit des différentes opinions fur l'origine de cette ville, fon nom allemand lui vient de la riviere de Regen, qui se jette auprès dans le Danube. Pour le nom latin RATISBONA; fi ce n'eft pas une altération de Rhatabona, il peut s'être fait de Ratis bona, qu'il faudroit entendre, un endroit propre à l'abord des bateaux.

Au refte, il eft certain que les Romains ont poffédé cette ville jusqu'à l'an 508, que les anciens rois & princes de Baviere en firent leur réfidence, & la capitale de leur pays. Ils l'ont gardée jusqu'au regne de l'empereur Frédéric I. Les trois rivieres la Nab, le Regen & le Danube, se joignent près de la ville de Ratisbonne, & lui font d'une grande utilité pour la navigation & le commerce. Le pont de pierre qui étoit fur la riviere de Regen, & dont on voit encore quelques reftes, fut ruiné par une inondation, en 1573. Celui qui eft fur le Danube, eft le plus folidement bâti de tous ceux qui foient fur ce fleuve & fur le Rhin. Sa largeur eft de vingt-trois pieds, & fa longueur de onze cents. Il eft porté fur quatre arcades très-hautes, & larges de vingt-trois pieds, foutenues par des piliers en triangles, pour rompre la rapidité de l'eau & la force des glaces. Henri X, duc de Baviere, & les bourgeois de Ratifbonne, le commencerent en 1135. Il fut achevé en 1146. Les environs de la ville font très-fertiles; mais les jardins qu'on y voyoit autrefois, le lazareth, l'églife dédiée à S. Lazare, avec fon cimetiere, & grande quantité d'épitaphes mémorables, & tout le fauxbourg fur le D.nube, où logeoient autrefois les fayanciers, les bateliers & les faifeurs de briques, furent entierement ruinés pendant le fiége que cette ville foutint dans le fiécle paffé. On trouve encore de ce côté beaucoup de monumens des Juifs, dont, après leur banniffement, on détruifit près de quatre mille deux cents maifons, les pierres furent la conftruction. de la nouvelle paroiffe. Les fauxbourgs de cette ville s'étendoient ci-devant des deux côtés, à un bon demi-mille vers l'orient, jusqu'au village de Weinding, & vers l'occident, jusqu'à une abbaye de prémontrés, nommée Prufling. Il y a encore à préfent deux ifles dans le Danube,• appellées l'Ober Werth & l'Under-Werth, de la longueur d'un bon quart de mille, dans lesquelles on descend par grand pont de pierre. Elles font habitées par des meuniers, des bateliers & des pêcheurs, & il y a de fort belles promenades. De l'autre côté de la ville, il y a une très-belle chartreufe nommée Bruel. C'étoit jusqu'en 1484 un couvent de bénédictins. Albert, duc de Baviere, le donna aux chartreux. Dans la ville même, qui eft ceinte d'une double muraille, & défendue par des battions & des foffes, avec quarante quatre tours attachées à la muraille, il y a de très-beaux édifices & de belles églifes. La plus remarquable de ces dernieres eft la cathédrale dédiée à S. Pierre, églife très ancienne, ruinée fouvent

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le

par les flammes, & mife en l'état où on la voit à préfent par Jean I, furnommé Mofburger, & par Henri IV, tous deux évêques de Ratisbonne, en 1400 & 1482. Il y a dans cette églife beaucoup de reliques, des drapeaux, des armes & autres piéces curieufes. A côté on voit l'églife de S. Jean, par laquelle on va à la réfidence de l'évêque, où logeoient les empereurs, quand ils fe trouvoient à la diette. L'églife de S. Caffien fut feule confervée en 891, le 10 d'Août, quand toutes les autres furent confumées par le feu tombé du ciel. Le collége des jéfuites a une belle églife dédiée à S. Paul,ainfi que l'abbaye de S. Emmeram, ou Haimeram. En 640 ce Saint vint de Poitiers prêcher l'évangile en Baviere. Il fut tué par les idolâtres à Helffendorf, près de Munich. Son corps fut enfuite porté à Ratisbonne, & déposé dans l'églife de S. George, hors de la ville, où l'on bâtit enfuite une abbaye de bénédictins, avec une nouvelle églife dédiée à S. Pierre & à S. Emmeran, dont le corps y repofe. L'abbé eft prince de l'empire. L'empereur Otton le Grand, donna à cette abbaye le village d'Helffendorf. Précédemment l'empereur Arnoul ayant agrandi la ville, y renferma cette abbaye, dans l'églife de laquelle il est enterré avec fon fils Louis V, roi de Germanie. On montre dans cette églife un prétendu tombeau de S. Denis: & l'on raconte à ce fajet une fable ridicule. On y voit encore la tête de S. Wolfgang, évêque de Ratisbonne, mort l'an 994, & quantité d'autres reliques & antiquités. Il y a dans cette ville deux chapitres de dames, qui font preuve de feize quartiers de noblefle pour y entrer. Les abbelfes de ces chapitres font princelles de l'Empire, & font des vœux ; mais les autres dames peuvent fe marier. L'un s'appelle Nider-Munfter, & fut fondé par Judith, épouse de Henri, frere de l'empereur Otton I, & fille d'Arnoul, duc de Baviere, laquelle y eft enterrée. L'autre eft nommé Ober- Munfter, & fut fondé par Emma époufe de Louis I, roi de Baviere, elle y eft enterrée. Il y a encore différentes maifons religieufes, comme de dominicains, de carmes déchauffés, de capucins, de recolets, & d'autres moines, & deux belles maifons appartenantes à l'ordre teutonique, dans l'une desquelles réfide un commandeur de cet ordre. Les luthériens ont auffi dans cette ville de belles églifes, des écoles très-bien réglées pour la jeuneffe, & des bibliotheques très-célébres.

Quant aux autres bâtimens, il y en a quantité de trèsbeaux. Les évêques de Saltzbourg, de Paffau, de Freyling, de Brixen, d'Augsbourg, d'Eichstett, de Seccaw & de Bamberg, y ont leurs palais; & d'autres feigneurs & nobles ont des maifons fort commodes. Cette ville eft remplie de nobleffe; de forte qu'en 1320, le magiftrat n'étoit compofé que de gentilshommes, dont il refte encore plufieurs familles, comme celles d'Auer, de Premberg, de Krazer, de Balduin, de Berbing & autres. On voit encore, vis-à-vis le grand arfenal, près de la cour de faint Jacques, une réfidence impériale, avec une vieille tour appellée la tour des empereurs, & près de la chapelle de faint Benoît, un palais royal, nommé la Cour des rois. La maison de ville & la grande falle où s'affemble la diette de l'empire, font très-dignes d'être vues; cette derniere eft ornée de belles peintures. Les magasins & autres édifices publics font bien entretenus. Vis-à-vis de la maifon de ville, on voit fur une grande maifon de pierre un bas-relief repréfentant le combat de Jean Dollinger, gentilhomme d'ancienne extraction, & confeiller de Ratifbonne, contre un capitaine Hun, nommé Craco, haut, dit-on, de dix pieds. Ce combat fe fit en 930, en présence de Henri l'Oifeleur, roi de Germanie. Craco fut tué; & Dollinger fut créé chevalier par le roi Henri, qui lui accorda de grands priviléges pour lui & pour fa famille. Le dernier des Dollinger, nommé Frédéric, vivoit encore en 1541.

La ville eft gouvernée par le magiftrat, qui eft divifé en divers tribunaux. Quoiqu'elle ait été autrefois la réfidence des princes de Baviere, ils n'y ont point de jurisdiction, depuis que de leur confentement elle a été déclarée ville libre de l'empire, ils ont néanmoins une douane, & la place où l'on exécute les criminels, que le magiftrat tient en fief de la maifon de Baviere. L'an 1483, les bourgeois de Ratisbonne s'étant révoltés, le magiftrat fe foumit avec la ville à Albert, duc de Baviere; mais l'empereur Frédéric IV, ayant déclaré la guerre à ce prince, il rendit cette ville après l'avoir poffédée fix ans, & Frédéric margrave de Bran

debourg, accompagné du comte de Zorn, en prit poffes
fion au nom de l'empereur, en 1492, fit prêter le fer-
ment de fidélité aux bourgeois & créa un nouveau ma-
giftrat. L'an 891, Ratisbonne fut presque réduite en cen-
dres, excepté les églifes de faint Callien & de faint
Emmeram. En 916, l'empereur Conrad I, y tint une
diete générale de l'empire. Sous le régne de l'empereur
Otton I, on amena en cette ville un roi des Huns, avec
quatre de leurs chefs, que Henri, duc de Baviere, y fit
pendre. L'an 1172, & diverfes fois depuis, cette ville a
été entierement ruinée par les flammes. L'empereur Frédé-
ric II, tint en 1215, à Ratisbonne, une diete générale
& accorda beaucoup de priviléges à cette ville. On y
tint une conférence en 1546, fur les matiere de la reli-
gion : & on accepta l'interim de la confeffion d'Augs-
bourg, qui dura jusqu'à l'année 1551, qu'on introduifit
entierement l'exercice de la religion luthérienne. A cet
effet, on appella, pour être curé de la nouvelle paroiffe,
Nicolas Gallus de Magdebourg. Cette religion s'y eft tou-
jour's confervée depuis. En 1555, on y érigea un confis-
toire luthérien. Le 28 d'avril de l'année 1624, un coup de
tonnerre tomba fur un grand magafin à poudre, qui creva
avec une telle violence, que la plus grande partie des mu-
railles, des baftions & des bâtimens, autour de faint Em-
meram, en fut renversée, & les pierres du magafin jet-
tées jusqu'au milieu de la ville, où elles firent beaucoup de
dommage. Bernard, duc de Saxe-Weimar, prit Ratis-
bonne par accord en 1633, & y étant entré avec fes
troupes, il fit prononcer le premier fermon luthérien
dans la cathédrale, après que les catholiques eurent fini leur
office; mais cette ville fut reprife l'année fuivante par les
Impériaux.* Voyez Keyler, Topog. Bavar. & Brunner,
1. 13, Annal. p. 523.

RATOLFZELL. Voyez RATOLFZELL.
RATOMAGUM. Voyez ROUEN.

RATONNEAU; on donne ce nom à l'une des ifles de Marseille, dans la mer Méditerranée, fur la côte de Provence. Cette ille eft voisine du château d'If, du coté du nordoueft, & elle n'en eft éloignée que d'environ trois cents toifes. Il y a fur la pointe du nord-eft de cette ifle, une batterie de canon, & fur le haut quelques fortifications avec une tour carrée au milieu. Cette ifle peut avoir environ une demi-lieue de longueur. A l'oueft elle a un gros écueil, qu'on appelle le tiboullen, entre lequel & l'ifle on peut paffer, y ayant vingt braffes d'eau. Mais tout auprès de la pointe de Ratonneau il y a une féche où la mer brise quelquefois. Il y a auffi quelques écueils qui font hors de l'eau.* Michelot, Port. de la Méditer. p. 64.

On peut mouiller en plufieurs endroits aux environs de l'ifle de Ratonneau; mais principalement vers la pointe de l'ifle de Saint-Jean, où eft la tour, & aux environs d'un écueil qui eft vis-à-vis une petite plage, au-deffous de la fortereffe: on y eft par trois, quatre & cinq braffes d'eau, fond d'herbe vafeux. Il faut avoir une bonne ancre vers le fud-eft, qui en eft le traverfier & une amarre fur l'ifle de Ratonneau ou fur les écueils, fuivant l'endroit où l'on eft. Il y a quelques galeres qui portent une amarre fur l'ifle de Saint-Jean, & un fer au nord-ouest Il faut bien s'amarrer du côté de l'ifle de Ratonneau, à caufe des rafales du nord-oueft, qui viennent avec violence par deffus l'ifle. On peut facilement paffer entre les deux ifles avec des vaiffeaux & des galeres. Il y a fix à fept braffes de profondeur au plus étroit paffage.

RATOTH, baronnie d'Irlande dans la province de Leinster. C'est une des onze, qui compofent le comté d'Eaftmeath. Etat préfent de l'Irlande, p. 38.

RATSCHACH, bourg de la baffe Carniole, fur le fleuve Sau, au-delà du bourg de Lichtenwald. * Zeyler, Topogr. Carniæ, p. 129.

RATSITCHCANDABAN ou SITCHCANDABAN, montagne d'Afie, dans la Tartarie, au Turqueftan, entre les fources de l'Irtich & de l'Oby. Petit de la Croix, 1.3, c. 6, dir, dans fon hiftoire de Timur-Bec, que cette montagne eft à 14d 53' de longitude, & à 53d 30' de latitude.

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RATTE, lieu de France, dans la Bourgogne, au bailliade Châlon. C'est une paroiffe qui a pour dépendances les Villerots, les Nuelles, Villejamay & Chezlonotte. Elle est fituée au milieu des bois ; & il y paffe un chemin qui va de Louans à Lons-le-Saunier,

RATTENBEY, bourgade du royaume de Danemarck, dans l'ifle de Bornholm, fur la côte occidentale, felon Corneille, Dict. qui dit que l'on nomme auffi RUNDNEBY. De P'Ifle, Atlas, écrit fimplement RUND.

RATTÓLFSZELL, ville d'Allemagne, dans la Suabe, *fur le Bodenfée. Elle doit fon nom à Rattolfe, évêque de Vérone, qui y bâtit le premier une cellule, & enfuite un monaftère où il eft enterré. Elle appartenoit autrefois à l'abbaye de Reichenaw, & paffa enfuite dans la maifon d'Autriche. Les ducs de Wirtemberg la prirent en 1632, & la garderent jusqu'après la bataille de Nordlingen, qu'ils l'abandonnerent d'eux-mêmes. La maifon d'Autriche l'a toujours poffédée depuis, & l'a fait fortifier. * Zeyler, Topogr. Sueviæ, p. 64.

RATZEBOURG ou RAZEBOURG, ville d'Allemagne, dans la baffe-Saxe, à fept milles de Hambourg, à égale distance de Lunebourg, & à trois ou quatre milles de Lubec. Cette ville qui eft très ancienne, eft fituée far une hauteur garnie de maifons, & entourée d'un lac, large d'un quart de mille, & même d'un demi-mille en quelques endroits.Ce lac eft bordé de collines affez hautes, couvertes de bois. Au nord de la ville il y a une ifle où font l'églife cathédrale & les demeures des chanoines. Du côté du midi eft le château du prince. Ce château eft fortifié & entouré d'eau. Il a un pont de trois cents pas qu'il faut paffer pour entrer dans la ville. Razebourg appartenoit autrefois à la famille des comtes de Badewide. Un d'entre eux, nommé Bernard, en fut dépouillé par Henri, duc de Saxe, furnommé le Lion, fous prétexte de trahison ; & cette ville fut donnée au duc de Saxe-Lawenbourg, à certaines conditions. Elle a été pillée plufieurs fois, particulierement en 1552. François, duc de Saxe-Lawenbourg, fâché de ce que les chanoines avoient refufé d'élire fon fils Magnus, pour évêque, fit piller leurs maifons, les emprifonna eux-mêmes, & contraignit le chapitre de lui payer quatre mille écus pour racheter le refte du pays du pillage & du feu. La ville de Razebourg a fa jurisdiction indépendante de l'évêque & du chapitre, & fa propre églife qui eft dédiée à S. Pierre. Zeyler, Topogr;

Saxon. infer. p. 137.

*

L'évêché de Ratzebourg fut fécularifé, & cédé au duc de Meckelbourg par la paix de Weftphalie, la confeffion d'Augfbourg y ayant été déja fuivie dès l'an 1566. Cet évêché appartient aujourd'hui avec le duché de Lawembourg à l'électeur d'Hanovre.

1. RAVA, palatinat de la grande Pologne. Il eft fitué entre les palatinats de Lencicza & de Mafovie, & fépaté par la riviere Piltza du palatinat de Sendomir. Il y a un palatin & trois caftellans, qui commandent aux trois caftellanies de ce palatinat, qui font celles de Rava, de Sohaczou & de Goftynen. Andr. Cellar. Descr. Poloniæ, p. 233.

2. RAVA, ville de la grande Pologne, dans le palatinat de même nom, dont elle eft le chef lieu. Elle eft fituée à onze milles de Ploczcow, & à quinze de Varfovie. Ses maifons ne font que de bois; mais elles font fort peuplées. Quoiqu'elle ne foit point fermée de murailles, elle ne laiffe pas d'être forte par la fituation: une petite riviere de même nom, qui l'arrofe, l'environne de toutes parts, & forme aux environs un marais tout couvert d'eani. Il y a un grand château bâti de pierres, flanqué de quatre tours avec de larges foffés à fond de cuve & remplis d'eau. On y entretient une garnifon de foldats, nommés Quarteniers, dont le nom vient du quart des revenus du roi qu'on employe pour leur folde. Ils font chargés de veiller fur la Podolie, & d'arrêter les courfes des barbares de ce côté-là. Ce château eft auffi deftiné à garder les prifonniers d'état, quand ils font d'un rang distingué. Sigismond-Augufte, roi de Pologne, y fit renfermer le duc de Meckelbourg l'an 1564, & fa prifon dura cinq ans. Il y a dans la ville un collége pour l'inftruation de la jeunelle : il appartient aux jéfuites.* Andr. Cellar. Descr. Pol. p. 233.

RAUCIORUM, nom d'un peuple dont Goltzius fait mention d'après une médaille rapportée dans fon Tréfor. Ortelius, Thefaur. croit qu'il eft queftion des habitans de la ville Rhaucus; car c'eft le nom natial qu'Etienne le géographe donne à ce peuple.

RAUCOURT, fouveraineté de France, dans la Cham. pagne, aux frontieres de cette province, recette de Sedan. Elle eft d'une très-petite étendue, & le chef-lieu qui lui donne fon nom, n'a que cinq cents habitans. Cette fouve

raineté eft unie à la principauté de Sedan. Ses principaux lieux font:

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RAUCUS. Voyez DIANE TEMPLUM, N° 1.

1. RAUDA, ville de l'Espagne Tarragonoife. Ptolomnée, 1. 2, c. 6, qui la donne aux Vaccéens, la marque entre Abbocela, & Segifama-Julia. Elle étoit, felon l'itinéraire d'Antonin, fur la route d'Afturica à Saragoce, entre Pintiá & Clunia. Quelques manuscrits de cet itinéraire nomment cette ville Raudarlunia; mais tous les bons géographes conviennent que Rauda & Clunia font deux villes différentes: & que Rauda eft appellée aujourd'hui Aranda de duero.

2. RAUDA, nom d'un village, aux environs de la Petfide, felon Ortelius, Thefaur. qui cite Polyaenus.

3. RAUDA, abbaye d'hommes ordre de cîteaux dans la haute Silefie, en la principauté d'Oppelen. Ladiflas duc d'Oppelen la fonda en 1253.

RAUDEN, petite ville d'Allemagne, dans la Siléfié, au bord d'une petite riviere, au voifinage de Glogaw. C'eft la derniere ville de la principauté de Wolaw, du côté du nord. *Zeyler, Topogr. Silefiæ.

RAUDII-CAMPI, lieu d'Italie, au-delà du Pô. Velleius Paterculus, l. 2, c. 12, eft le premier qui ait parlé de ce lieu; Aurelius Victor, in C. Mario, en fait mention après lui. Tous deux difent qu'on donnoit ce nom à la plaine où C. Marius défit les Cimbres. Quelques exemplaires de Florus, l. 3, c. 3, en parlant de cette plaine, la nomment Caudius-Campus, & d'autres Claudius-Campus. On s'accorde encore moins fur la fituation de cette plaine. Les uns la mettent près de Vérone, & les autres veulent que ce foit la plaine de Verceil.

*RAUDNITS, ville du royaume de Bohême dans le cer-cle de Sclani, fur la gauche de l'Elbe : il y a un château où le prince de Lobkowits fait fa réfidence.

la

principauté citérieure. Elle eft dans les terres, environ à RAVELLO, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans quatre milles au nord d'Amalfi. Ravello n'eft pas une ville ancienne. Elle fat bâtie en 1086. L'année fuivante, Victor III l'érigea en évêché, à qui en 1603 fut uni celui de Scala. Il y a dans cette ville de belles maifons, & des palais magnifiques.* Magin, Carte de la Principauté citérieure. Commainville, Table des évêchés.

RAVENDES, ville au voifinage de l'Euphrate & dé la Syrie, felon Ortelius, Thefaur. qui cite Guillaume de

yr.

RAVENGLAS, bourg d'Angleterre, dans le Cumberland, fur le bord de la mer, dans la partie méridionale de cette province; fur une pointe de terre formée par la riviere d'Esk & par un petit ruiffeau qui fe jettent dans la mer en cet endroit. Ravenglas a droit de marché public. * Blaeu; Atlas.

RAVENNE, ville d'Italie, dans la Romagné, & la capitale de ce qu'on nommoit autrefois l'Exarcat, à 35d de longit. & à 44d 30' de latit. On a hafardé tant d'opinions incertaines fur l'origine de cette ville, que le plus für eft de dire qu'elle eft des plus anciennnes. Mémoires dreffés fur les lieux.

La fituation & la figure de Ravenne ont fouvent varié. Autrefois, comme Strabon l'affure, elle étoit fituée dans des marais: fes bâtimens étoient de bois; on paffoit les eaux fur des ponts, ou on les traverfoit avec des bateaux. Dans la fuite lorsqu'on eut deffeché & fertilifé les vallées de Padufe (Voyez PADUSA) elle fut bâtie de marbre & de pierre, & entourée de murailles'; de forte qu'elle fe trouve préfentement à trois milles de la mer. Son terrein produit beaucoup. L'air que l'on y respire eft extrêmement temperé; auffi voit-on fouvent dans cette ville des hommes de cent ans & au-delà. On y a des fruits & du gibier en fi grande abondance qu'on en fournit les villes voifines. Le pays eft entrecoupé de bois, de prairies & de rivieres. Les forêts de pins qui font toujours verds, font renommées. Elles s'étendent depuis la riviere d'Amone jusqu'au Savio, vers le rivage de la Mer Adriatique, entre deux rivieres, qui font le Montone à l'occident & au feptentrion, & le Ronco qui coule à l'orient, & fe jette dans le Montone, un peu au-deffous de la ville de Ravenne.

Plufieurs veulent que les Pelasgiens ou Theffaliens ayent

été les premiers fondateurs de Ravenne, & qu'ils l'avent habitée pendant plus de deux cents ans. Aux Pelasgiens fuccéderent les Umbres, qui après fept cents ans en furent chaffés par les Gaulois, lorsque ceux-ci firent irruption en Italie, du tems de Tarquin le vieux. Ces derniers s'y maintinrent plus de trois cents cinquante ans, jusqu'à ce que les confuls romains M. Marcellus & M. Scipion, ayant vaincu les Gaulois qu'on appelloit alors Boiens, fe rendirent maîtres de leur état, & fubjuguerent la ville de Ravenne. Cet événement arriva en l'année 520 de la fondation de

Rome.

Ravenne ne fut pas une colonie romaine, mais une ville municipale, à laquelle les Romains accorderent le droit de fe gouverner felon les loix, le privilége d'avoir les même charges & les mêmes dignités que le peuple romain, & l'exemption de toutes fortes de contributions. Ils en uferent fi généreusement avec cette ville, parce que les habitans de Ravenne avoient été alliés du peuple romain, du tems que les Umbres étoient maîtres du pays. On mit donc à Ravenne le fiége du prêteur; les affemblées de la province s'y tinrent, & on entretenoit dans le port une flotte toujours prête à

mettre en mer.

Les empereurs romains affectionnerent cette ville, qui de fon côté leur fut toujours fidéle. Cela n'eft pas bien für. Honorius, par exemple, & Valentinien III, y fixerent leur Téjour : y bâtirent des palais.Théodoric roi des Oftrogoths, fit de Ravenne le fiége de fon empire, qui dura foixante ans & au-delà, jusqu'à ce que Bélifaire & Narsès, deux lieutenans de l'empereur Juftinien, ayant paffé de Grece en Italie, y détruifirent l'empire des Goths. Peu de tems après, Juftin fucceffeur de Juftinien fonda l'exarcat de Ravenne, & confera cette dignité au patrice Longin, qui établit fa réfidence à Ravenne. Voyez EXARCAT. Aftolphe, roi des Lombards, ayant pris Kavenne, en ruina l'exarcat, & fit de la ville la capitale de les états. Il n'en jouit pourtant pas long-tems. Pepin roi de France ayant été invité par le pape Etienne II, à porter fes armes en Italie, paffa les monts, battit les Lombards, reprit Ravenne, & la donna au SaintSiége vers l'an 750. Le pape laiffa le gouvernement de T'exarcat à l'archevêque & au fénat de la ville, qui choifisfoit pour cet effet tous les ans des fénateurs, lesquels prenoient le titre de tribuns. Mais les Lombards ayant fait des nouvelles courfes fur les terres du pape, Charlemagne, fils & fuccefleur de Pepin, leur déclara la guerre, dont la fin fut la deftruction entiere du royaume de Lombardie, qu'il conquit. Ce prince reftitua alors l'exarcat au pape. Son fils Pepin étant refté dans le pays pour la défense du pape, prit Je titre de roi d'Italie, &, du confentement du fouverain pontife, établit fa cour à Ravenne,

Ce prince étant mort, & les Sarrafins ayant fait irruption en Italie, quelques villes, principalement celles de la domination du pape, profiterent de ces circonftances & de la divifion qui régnoit entre les princes chrétiens, & s'arrogerent une espece de liberté. La ville de Ravenne entr'autres prit la forme d'une république, fe choifit des confuls, des prêteurs & des fénateurs, dont le pouvoir ne finiffoit qu'avec la vie. Cette forme de gouvernement dura jusqu'à ce qu'un citoyen de cette ville, nommé Pierre Traverfari, homme très-riche, s'empara de la fouveraineté vers l'an 1218. Son fils Paul lui fuccéda, & régna jusqu'à l'an 1240: alors les habitans de Ravenne, ayant chaffé les troupes de l'empereur Frédéric qui s'étoient emparées de leur ville, firent alliance avec ceux de Boulogne, & commencerent à être gouvernés par des comtes & par des gouverneurs que pape nommoit. L'autorité de ces gouverneurs diminua peu à peu, ce qui donna occafion à la famille de Polentiani d'ufurper la fouveraineté vers l'an 1300 ne fe qualifiant néanmoins que du titre de vicaires de l'églife romaine. La ville, laffe de ce gouvernement, fe donna en 1441, à la république de Venile, & obéit aux gouverneurs & baillis qui lui furent envoyés, jusqu'en 1509, qu'elle retourna fous l'obéiffance du pape, qui la fait gouverner quelquefois des préfidens, & le plus fouvent par des cardinaux, légats du faint fiége, qui y font leur réfidence. Elle eft capitale de nenf autres villes, & de plus de cent bourgs & villa

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venne comme le premier après le pape dans tout l'occident. Il avoit le titre de primat d'Italie, & portoit les mêmes marques d'honneur, & les mêmes titres que le pape; il avoit fous lui un grand nombre de prélats, & il étoit feigneur temporel de plufieurs villes, bourgs & villages, en Italie, en Iftrie, en Sicile, & en toute l'étendue de l'exarcat. Il avoit des troupes nombreuses, tant infanterie que cavalerie, & capables de faire tête aux plus fortes armées. Qoique fa puiffance ne foit plus la même aujourd'hui, il poffède encore une fi grande étendue de terre, & de li grands revenus, qu'il lui eft aifé de foutenir l'éclat de la dignité de prince, qu'il prend. Sa jurisdiction eccléfiaftique s'étend fur fon diocèfe qui eft très-grand, & fur les évêques d'onze villes célébres, auffi-bien que fur trois abbayes confiftoriales.

Le titre de l'églife de Ravenne eft Agias Anaftafias, titre qui n'a été donné qu'aux trois plus célébres églifes du monde, favoir Saint-Jean de Latran, Jerufalem & Ravenne. Ses droits & fes priviléges fe peuvent à peine nombrer. Les uns lui ont été accordés par les papes, les autres par les empereurs; de forte qu'elle jouit des mêmes immunités que l'églife romaine, & de la prescription de cent ans comme celle-ci.

Le chapitre de cette métropole étoit autrefois diftingué en trois ordres, appellés Cardinales, Cantores & Vallenfes. Les premiers avoient droit de fe fervir des habits pontificaux, & de porter un habit (Mappula,) particulier aux cardinaux; mais préfentement ils ne font plus qu'un feul ordre. Ils portent des cappes violettes & des rochets. Ils font au nombre de vingt-un, dont l'archidiacre & le prévôt, peuvent paroître par-tout en habit de prélat. Ils font fervis à l'églife par dix-huit Manfionnaires, appellés Numéraires, & par quatre autres ausquels on donne le nom de Surnuméraires. Il y a dans la ville vingt-un curés qui ont droit de porter l'étole. On compte outre cela plus de quarante paroiffes dans le refte du diocèfe, & plus de cent bénéfices imples.

Ön remarque, dans la ville de Ravenne, quatre abbayes régulieres, nobles & riches, dix maifons religieufes d'hommes, fept de filles, & cinq Confervatoires, où l'on éleve la jeuneffe de l'un & de l'autre fexe pour la préserver. Il y avoit autrefois plusieurs hôpitaux; mais les revenus ayant manqué, il ne s'en trouve plus qu'un. On y voit encore un collége ou féminaire de clercs. On y en entretient quarante, qui fervent à l'églife, & à qui l'on enfeigne les humanités & la philofophie.

On ne finiroit point fi on vouloit donner la lifte des hommes illuftres de cette ville, qui fe font diftingués par leur fainteté ou par leur doctrine, foit dans le gouvernement eccléfiaftique, foit dans le gouvernement civil. Il fuffira d'indiquer ceux qui fe font attirés une plus grande réputation. Il eft jufte de donner le premier rang au pape Calixte I, foit qu'il fût de la ville de Ravenne, foit qu'il fût du quartier que ceux de Ravenne habitoient dans la ville de Rome. On dit la même chofe du pape Jean X, qui fignala fon pontificat en délivrant l'Italie des armes des Sarrazins. On compte outre cela parmi les perfonnages illuftres qu'a produit cette ville, Arator, cardinal du tems du pape Vigile, & à qui la poëlie facrée doit tant: Pierre Damien, premierement moine du Mont-Caffin, puis évêque d'Oftie, créé cardinal par le pape Etienne IX, & célébre par les excellens livres qu'il a publiés, & par la congrégation qu'il a inftituée & qui porte fon nom, Damien neveu du précédent auffi moine du Mont-Caflin, abbé de Nonantuta, & fait cardinal par Grégoire VII; Céfar Rasponi, qui après avoir paffé par les premieres charges de Rome, & avoir été envoyé en France en qualité de nonce extraordinaire, fut revêtu de la pourpre par Alexandre VII, Pierre de Honeftis, qui par humilité prit le furnom de Pécheur, & qui conjointement avec André des Sept-Châteaux fut le fondateur de Ste Marie au port Adriatique. Pierre de Honeftis fe trouvant dans un naufrage, & prêt à périr, fit vœu de faire bâtir une église en l'honneur de la fainte Vierge, s'il échappoit du péril. Ce fut pour exécuter fon vœu qu'il fit jetter les fondemens de ce monastère, qui eft devenu dans la fuite le chef d'une congrégation de chanoines réguliers. Parmi les autres perfonnages illuftres, on compte faint Romuald, forti de l'illuftre famille des dues, moine du Mont-Caflin, fondateur de plufieurs monastères, & inftituteur de l'ordre

des

des camaldules, environ l'an 1000. Ambroife, de la noble famille des Traverfari, général de l'ordre des camaldules, célébre par fon humilité & par la pourpre qu'il refufa, & fi favant dans les langues grecque & latine, qu'on lui fut redevable de la réunion qui fe fit de l'églife grecque avec l'églife latine dans le concile de Florence; enfin Jérôme Malufelli, inftituteur & pere des clercs réguliers du bon Jesus. * Hift. du clergé fecul. & reg.t. 5, p. 230.

La ville de Ravenne étoit d'une fi grande étendue, qu'on la nomma Pentapole, parce qu'elle étoit proprement compofée de cinq villes jointes enfemble, lesquelles avoient chacune un nom différent, favoir Classe où la flotte, à cause du voisinage du lieu où fe tenoit la flotte, Cafarea, Palatiolo, Taurefio & Ravenne. Les habitans étoient partagés de façon qu'il ne pouvoit demeurer que des artifans dans Cafarea, des marchands à Claffe & des nobles à Ra. venne: Cæfarea, Claffe & Palatiolo ayant été ruinées par les guerres, il n'eft plus demeuré que Ravenne & Palatio lo, qui eft maintenant un fauxbourg d'une grandeur extraordinaire.

L'autorité du sénat de Ravenne étoit fi confidérable, que les fénateurs romains ont fouvent recherché fon amitié & fon alliance; & comme ceux de Ravenne avoient droit de fuffrage à Rome, on leur affigna un quartier dans cette ville, dont une des portes prit le nom de porte de Ravenne. Les fénateurs de Ravenne étoient féparés en deux ordres ou conseils, l'un appellé le Confeil fecret, & l'autre Grand-confeil. Le confeil fecret étoit compofé des meilleures têtes de la république ; & tous les autres avoient Leance dans le grand-confeil. C'est au conseil privé qu'aparent le pouvoir de publier les ordonnances, de juger d-s procès, & d'infliger les peines dans les affaires qui concernent les denrées. Autrefois ce confeil, qui étoit composé de vingt-quatre membres, avoit droit de vie & de mort, tant dans la ville, que dans fon territoire.

Il y a un autre tribunal appellé le Tribunal des pacifiques. Il eft compofé de nobles & de bourgeois. Il fut etabli dans le tems des troubles, pour calmer les esprits qui étoient échauffés, pour veiller à la fureté & à la tranquillité de la ville, & pour avoir la garde des

portes.

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Le fénat & les magiftrats ont pris un foin particulier de l'instruction de la jeuneffe. Dans l'ancien collége il y a un maître & deux fous-maîtres, qui enfeignent la langue latine & les belles lettres.Leurs gages font payés par la ville, ainfi que ceux du maître d'arithmétique. Le collége des nobles, fondé pareillement aux dépens du tréfor public, eft fous la conduite des peres jéfuites, qui ont foin de l'inftruction de la jeune nobleffe, foit de la ville, foit de la campagne, & qui ont foin d'avoir différens maîtres d'exercice. Dans le monaftère de Claffe, il y avoit une école publique de philofophie & de théologie, avec une riche bibliothéque. L'étude du droit a été fort cultivée à Ravenne depuis le regne de Théodoric, roi des Goths. Elle a produit Boece, Caffiodore, & divers autres favans hommes. Juftinien encouragea cette étude, & ce furent les profeffeurs de Ravenne, Jean-Patrice Tribonian, Théophile, Dorothée, qui compoferent le livre des loix appellé Digefte, ou qui firent ce recueil lorsque le livre de ces loix eut été perdu. Il y a auffi un college de médecine, dont les profeffeurs ont rendu cette faculté célébre par toute l'Italie, & ont illuftré leur nom & celui de leur patrie par leurs excellens livres.

On trouve à Ravenne deux académies qui cultivent les belles lettres & la poëfie; l'une s'appelle l'académie des Informi, & l'autre de Concordi. L'académie des Informi eft la plus ancienne. Il y a plus de cent cinquante ans qu'elle tient des affemblées publiques. Celle des Concordi n'a pas un fiécle. Elle s'affemble chez les religieux de Claffe.

Lorsque Léon l'Ifaurien exerçoit les cruautés contre les catholiques, les habitans de Ravenne furent les premiers à confeiller au pape Grégoire II, d'établir en Italie un empereur des Romains. Depuis, chaque ville d'Italie ayant formé autant de républiques, la milice de Ravenne foutint fa premiere réputation dans les guerres qu'elle eut avec les villes de l'exarcat, avec les Vénitiens & les habitans de la Marche d'Ancone, tantôt avec les habitans de Boulogne, de Modéne, de Mantoue, de Cremone & de Pavie, aux derniers desquels ils enleverent les portes de

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leur ville, qui étoient de cuivre; trophée qu'on voit en core aujourd'hui attaché fur la place publique de Ravenne. Les habitans de Ravenne n'avoient pas dégénéré de leut ancienne valeur, lorsque Louis XII, roi de France, affiéger leur ville quelque vives que fuffent les attaques, & quelque grand que fut le nombre des affiégeans, la défense des affiégés fut fi opiniâtre, que les premiers fe virent contraints de lever le fiége, & d'aller livrer bataille à l'armée d'Espagne; cette bataille où périrent environ vingt mille hommes, parmi lesquels fe trouverent de grands capitaines, & entr'autres Gafton de Foix, neveu du roi Louis, & général de l'armée françoife; cette bataille, dis-je, fe donna à deux lieues de la ville de Ravenne. Le mauvais fuccès qu'elle eut, força enfin la ville de Ravenne de fe rendre. Raffurée fur la foi de la capitulation, elle négligea de fe tenir fur fes gardes; mais elle fut pillée contre la foi du traité & contre les ordres de la Palice, qui fit pendre un capitaine nommé Jaquin, brave homme, mais qui avoit coutume de faire la guerre en bandit, & qui avoit excité les foldats au pillage. Marc Antoine Colonne, qui s'étoit retiré dans la citadelle, en fortit par capitulation au bout de quatre jours. Mais cette ville fouffrit encore davantage des factions qui s'y for merent peu de tems après, & dont les chefs étoient les Lunardi & les Rasponi, gens redoutables qui renouvellerent le nom des Guelphes & des Gibellins. Parmi les anciens capitaines qu'a produits la ville de Ravenne, les plus célebres font, Gallio, envoyé dans la grande Bretagne par l'empereur Valentinien, pour foumettre les peuples qui s'étoient foulevés: Jean è Ducibus, que Radevic appelle le plus grand de l'exarcat de Ravenne, & à qui l'empereur Frédéric Barberouffe donna le commandement des troupes de presque tous les peuples voifins : Pierre Traverfari, furnommé le Magnanime, beau-pere de trois rois, à qui il avoit marié les trois filles: (ces trois rois étoient celui d'Aragon, celui de la grande Bretagne, & celui de Hongrie,) enfin le comte Alméric', homme habile dans la fcience de la guerre, & qui commanda les troupes du pape Urbain VI.

Dans la politique ont excellé, Aspanius, philofophe & orateur, & fecrétaire de l'empereur Alexandre Sévére: Aurelius Caffiodore, fénateur de Ravenne, fur-intendant des finances & fecrétaire d'état de Théodoric, outre cela gouverneur de plufieurs provinces, conful à Rome, & enfin moine du mont Caffin: André Agnellus, hiftorien excellent, dont nous avons une hiftoire des archevêques de Ravenne jusque vers l'an 800. Guy & Bernardin Poli tiani qui fe font rendus célébres das les armes & dans les belles lettres, qui furent gouverneurs de plufieurs belles villes, & gagnerent la confiance & la faveur de divers rois & empereurs : Jean le Grammairien, à ce qu'on croit, de la famille des Ferreti, à qui il fut également glorieux d'avoir eu François Pétrarque pour précepteur, & Verger, Pogge, Guarini, Victorin, & autres grands hommes pour les disciples, & dont Aretin difoit qu'il avoit ramené l'éloquence romaine en Italie, après qu'elle en avoit été long-tems exilée: Didier Spretus, jurisconfulte habile qui nous a laiffé trois livres écrits avec autant de briéveté que de netteté fur la grandeur, la désolation & le retabliffement de la ville de Ravenne: Pierre Thomaïus jurisconfulte célebre, dont la mémoire paffoit pour un prodige, enfeigna le droit dans les univerfités d'Italie & d'Allemagne, reçut de grands honneurs & de grands préfens des empereurs Frideric III, & Maximilien, publia divers livres, & mourut à Wittenberg environ l'an 1500. Jerôme Rubeus profeffeur en médecine, médecin du pape Clément VIII, écrivain poli & de qui nous avons une hiftoire de Ravenne; Thomas Thomaïus fon contemporain a auffi écrit une hiftoire de fa patrie, Jérôme Faber, homme confommé dans l'hiftoire eccléfiaftique & politique, qui a publié divers ouvrages, entr'autres une hiftoire de Ravenne, & qui vivoit dans le dernier fiécle; Séraphin Pafolin, abbé du monastère du port Adriatique, qui a fait une compilation des faftes de Ravenne : Théfée François Corneus de qui nous avons un excellent ouvrage fur les différens fouverains de Ravenne.

La ville de Ravenne est maintenant moins grande d'environ une moitié que Ferrare; cependant elle paroît de loin, parce qu'elle eft dans un pays découvert. On ne fauroit douter que ce ne foit l'ancienne Ravenne; divers mo

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