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dans l'Armenie, près du Tigre. Strabon, l. 2, p. 80, & 1. II, p. 529, en parle. C'étoit fans doute un ouvrage de la reine Semiramis, qui lui avoit donné fon nom. SEMIRAMOS. Voyez THYATIRE.

SEMIRON, ville de Perfe, & fituée à 714 30' de longitude, fous les 34d 40′ de latitude. Cette ville eft petite, mais fort agréable. On y trouve quantité de belles eaux, & on y recueille de beaux fruits.* Tavernier, Voyage

de Perfe.

SEMIRUS, fleuve d'Italie : Pline, l. 3, c. 10, qui le place dans le pays des Locres, le compte au nombre des Heuves navigables.

Cette riviere eft appellée aujourd'hui Simari. Voyez

ce mot.

SEMIZUS, ville de la petite Arménie, felon Prolomée, 1.5, c. 7: elle étoit dans la Mélitene.

SEMNANE, ville de la province de Coumes, frontiere de Coraffane & de Mazandran, felon Petit de la Croix, Hift. de Timur-Bec, l. 3, c. 4, qui la met à 88d de longitude, & à 36 de latitude.

SEMNE, ville de l'Inde, en deçà du Gange : Ptolomée, 1.7, c. 1, la place dans la Limyrique.

SEMNEON, ville épiscopale de la Pamphylie, felon Leon le fage. Dans le cinquième concile tenu l'an 553, on trouve la fouscription. Conon Semneon.* Harduin, Collect. conc. t. 3, p. 206.

1. SEMNI. Voyez EмNI. 2. SEMNI, race de philofophes, dans l'Inde, felon Ortélius, qui cite faint Clement d'Alexandrie, III. Strom. SEMNONES, peupes de la Germanie, entre l'Elbe & l'Oder. Tacite, Germ. c. 39, dit qu'ils fe vantoient d'être les plus nobles d'entre les Sueves. Ces peuples étoient nombreux, & ils avoient jufqu'à cent bourgades. L'Elbe & l'Oder ne leur fervirent pas toujours de bornes ; ils s'étendirent dans la Mifnie & dans la Pologne. Velleïus Paterculus, l. 2, c. 106, avoit parlé de ces peuples avant Tacite. Il avoit dit que l'Elbe couloit aux confins des terres des Semnones: Albis Semnonum Hermundurorumque fines praterfluit. Ils ont auffi été connus de Strabon & de Prolomée, dont le premier écrit Zuvva, Semnona, & le second Σ'εμνονες.

SEMO!, (la) riviere des Pays-Bas, dans le Luxembourg. Elle commence près d'Arlon, coule à Vraineck g. à Vance, d. à Silek, d. à Etalle, g. à Tintegny, g. à Moin, d. à Chiny, g. à Yfel, g. à fainte Cecile, g. à Herbemont, d. à Cugnon, d. à Ham, d. à Bouillon, g. à Mortefontaine, d. à Monfeau, g. à Sour, g. à Chier, d. à Vrefle, d. à Orchimont, d. à Falène, g. à Linchamp, d. à Chlei, d. à Tourneau, d. à l'abbaye de la Vau-Dieu, où elle fe perd dans la Meuse. * Dict. géogr. des Pays-Bas.

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SEMPACH, ville de Suifle, au canton de Lucerne fur la rive orientale du lac de Surfée. Elle eft fameufe par la bataille qui y fut livrée en 1396, le 9 de juillet, entre. Léopold, duc d'Autriche, & les cantons Suiffes, & où le premier fut tué & vaincu avec un très-grand nombre de feigneurs & de gentilshommes. On voit leurs noms & leurs armes dans une églife qui a été bâtie au-deflus de la ville, fur le champ de bataille, & à l'endroit même où l'archiduc fut trouvé mort. Tous les ans le 9 juillet, on fait dans cet endroit des proceffions & des réjouillances en mémoire de cet évenement, qui affura la liberté des Suiffes. La ville de Sempach a de beaux priviléges. Elle a fon chef qu'elle appelle Avoyer, fa police & fon confeil. Elle reçoit à la vérité un bailli, mais il n'a point de jurisdiction fur la ville : il n'étend fon autorité que fur le lac. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 2, p. 401.

SEMPHE, ville de l'Arabie. Etienne le géographe la met près de l'Euphrate.

SEMPHORIS, ville que Jofeph, Antiq. l. 14, 6. 24, met aux environs de la Galilée. C'eft apparemment la même que Sephoris. Voyez SEPHORIS.

SEMPIL, château d'Ecoffe, dans la province de Cuningham, au bailliage de Rainfrew, fur le bord du dernier des deux lacs d'où fort la riviere de Black Carth. Les feigneurs de Sempil portent le titre de barons; & autrefois ils étoient vicomtes héréditaires de la province; mais ils ont perdu cette dignité; & le bailli eft nommé tous les ans par le confeil du roi. Il est vrai qu'on le prend ordinairement parmi les nobles du pays.

SEMPRONIUM. Cuspinien & Lazius appellent ainfi une ville de l'Autriche, connue aujourd'hui fous le nom d'Oedenburg: ils ajoutent qu'elle avoit reçu fon ancien nom de Sempronius Secundinus. * Ortelius, Thefaur.

SEMPRONIUS, ou comme d'autres difent, SCIPIONISMONS. Les Latins, dit Jofias Simler, donnent ce nom à la montagne qui eft appellée Briga, par Marlian d'un village voifin, Simpler, par les Vallaifans, & Sempronio, par les Italiens.

SEMPSII, peuples de la Sarmatie Afiatique. Ils habi toient, felon Ptolomée, l. 5, c. 9, entre les Palus Méotides & les monts Hippiques, après les Siraceni. Le manuscrit de la bibliotheque palatine écrit Pfeffii, au lieu de Sempfii; & ce font les Pfefii de Pline.

SEMUNCLA, lieu d'Italie; il fe trouve dans l'itinéraire d'Antonin, fur la route de Milan à la Colonne, en paffant par le Picenum & par la Campanie. Il étoit entre Grumentum & Nerulum, à vingt fept milles du premier de ces lieux, & à feize milles du fecond. Quelques manuscrits lifent Semunda ou Semunclo, au lieu de Semuncla.

SEMUEN, fortereffe de la Chine, dans la province de Xenfi, au département d'lungchang, premiere fortereffe de la province. Elle eft de 64 36 plus occidentale que Peking, fous les 401 o' de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.

1. SEMUR, Semurum, Sinemurum, ville de France, en Bourgogne, fur la riviere d'Armançon, à quinze lieues au nord d'Autun, & à treize au couchant de Dijon. Elle est fituée au milieu de l'Auxois, dont elle eft capitale & entourée par-tout de montagnes, fi ce n'eft du côté de l'orient. Cette ville a dans fon enceinte trois différentes clôtures de murailles, qui font voir qu'elle a été bâtie à trois diverfes reprifes, ce qui la fépare en trois parties, mais fi bien jointes, qu'on les prend pour une ville. La premiere, qui porte le nom de bourg, eft la plus habitée & la plus grande. Elle eft remarquable par une magnifique églife dédiée à la Vierge, dont quelques-uns attribuent la fondation à Gerard de Rouffillon, & d'autres à Robert de France, duc de Bourgogne. C'eft un prieuré de l'ordre de S. Benoît, qui fert de paroiffe aux habitans de la ville, érigé en collégiale en 1731. Le docte Genebrard, archevêque d'Aix, qui en avoit été prieur, & qui mourut le 14 mars 1997, y fut inhumé au pied du grand autel. Cette églife eft bâtie fi artiftement, que les murs, quoique trèshauts, ne font que de la largeur d'une feule pierre, à l'exception des pilliers qui foutiennent les voutes de l'édifice. Il y a auffi un couvent de carmes. La feconde partie eft le donjon, place très-forte, qui fert de citadelle, & qui commande au bourg & au château, ayant une iffue pour un pont-levis, avec des tours très-hautes & très épailles, & des murailles hautes par dehors & remparées par dedans. Ce fort, dont le corps eft affis fur un roc presque inacceffible, & environné de la riviere d'Armançon, peut avoir cent vingt pas de long & quatre-vingts de large; avec deux puits qui ne tariffent jamais. Il y a une chapelle dédiée à fainte Marguerite, deffervie par des religieux de S. Jean de Rhodes. Il y a auffi deux places, l'une en forme d'un fort, appellée Monftille, en latin Monfilli, & l'autre Valefing, Valleris fignum. Le château, qui eft la troifiéme partie, eft clos de murailles, avec des tours de quinze en quinze pas bien fortifiées, des avenues difficiles, & quantité de puits d'eau vive. Quoique le lieu foit très-haut, les plus creux n'excedent pas la hauteur de trente pieds. On y voit plufieurs maifons très-bien bâties,& un prieuré de religieux dédié à S. Maurice. Outre les lieux faints, dont on a parlé, on trouve encore dans Semur une abbaye du titre de faint Jean, qui appartient aux chanoines réguliers de S. Augus tin, de la congrégation de France. On y trouve auffi un couvent de minimes, un de capucins, un de religieufes urfulines, un de filles de la Vifitation, dites de fainte Marie, un de jacobines, qui poffedent une image miraculeufe de la fainte Vierge. C'est un lieu de dévotion, qui attire un grand nombre de pelerins. La ville a un majeur, fix échevins & un procureur, que l'on élit tous les ans. Il y a une prévôté royale, un bailliage, érigé en préfidial au mois de janvier 1696, un grenier à fel, un hôtel de ville, une maréchauffée, &c. On paffe à Senur la riviere d'Armançon fur deux beaux ponts. On tient en ce lieu plufieurs foires dans l'année, & marché trois fois la femaine. Son territoire eft bon, & abonde en bleds, dont on fait un

commerce affez confidérable, ainfi que de beftiaux. On y recueille du vin, & il y a des prairies & des bois. La petite forêt de Semur en Auxois ne contient que quatre-vingtonze arpens. Corneille, Diction. André du Chêne, Antiquités des villes de France. Davity. Bourgogne. Mémoires dreffés fur les lieux en 1707.

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Après la mort du dernier duc de Bourgogne, la ville de Semur fut affiégée, & prife par Charles d'Amboise, lieutenant en Bourgogne pour le roi Louis XI. Elle a été affujettie depuis ce tems-là à la couronne de France. Il y auroit de l'injuftice à ne pas dire que Semur fut la feule ville de Bourgogne, qui demeura fidéle pendant la ligue; & ce fut pour la récompenfer de fa fidélité que le roi Henri IV y fit convoquer les états généraux de la province en 1590, & transférer en 1592 le parlement de Dijon, qui y tint fes féances jusqu'à la paix.

Le bailliage de Semur a dix lieues de longueur & neuf dans fa plus grande largeur : il eft limité au levant par le bailliage de la Montagne : au midi par ceux d'Arnay-leDuc & Saulieu : au couchant par le bailliage d'Avalon ; & au nord par le Tonnerois. Il y a à Semur une bonne manufacture de draps.

2. SEMUR, bourg de France, dans le Maine, élection de Château du Loir.

3. SEMUR, en Briennois, ville de France, dans la Bourgogne & le chef-lieu d'une recette. Cette petite ville eft fituée à demi-lieue de la Loire, & à trois lieues au

deffous de Roane. C'eft un gouvernement particulier de l'Autunois, avec un bailliage, grenier à fel, mairie & grurie. C'eft la vingt-troifiéme ville qui députe aux états. Elle a eu des barons dès l'onziéme fiécle. Sa recette comprend la partie du bailliage de Mâcon, qui eft du diocèle d'Autun. Son territoire eft affez abondant; ce qui lui procure un commerce en bleds, en vins & en beftiaux. Ses vins font bons quand ils font gardés.

le livre des colonies,

ager.

1.

fait mention de Senogallienfis

4. SENA-JULIA, ville d'Italie, dans l'Etrurie, à l'orient d'été de Volaterra. Ce furnom de Julia, commun aux autres colonies qu'Augufte envoya dans l'Etrurie, fait voir que Sena-Julia fut aufli fondée, ou rétablie dans ce tems-là. On ne fait point ce que pouvoit être Sena avant Augufte; car nous n'avons aucun monument plus ancien qui en fafle mention. Depuis qu'elle fut devenue colonie, elle commença à être plus connue, mais feulement fous le titre de colonie; car le furnom de Julia ne lui eft donné que dans la table de Peutinger. Nous voyons dans Pline, 3, c. 5, Intus-Colonia.... Rufellana Senienfis, Sutrina, & dans Tacite, Hift. l. 4, c. 45, In colonia Sinienfis, & un peu plus bas: Factum S. C. quo Sinienfium plebs modeftia admoneretur. Il y en a qui croyent que ces paffages de Tacite regardent Senia, ville de Dalmatie, parce que s'il cût été queftion de Sena, en Etrurie, il auroit dû dire Senenfis & Senenfium. Mais d'un autre côté, qui nous affurera que Senia de Dalmatie ait été colonie romaine ? Pline, l. 5, c. 21, ne lui donne que le titre d'Oppidum. Ajoutez à cela que les manuscrits de Pline, en parlant de Sena d'Etrurie, écrivent Senienfis colonia; & qu'avant JufteLipfe, on lifoit dans Tacite, in colonia Senenfi, & Senenfium plebs. Voyez les remarques de Th. Ryckius & de l'Holsten, auffi-bien que celles du pere Hardouin, touchant les manuscrits de Pline. Sena-Julia eft aujourd'hui la ville de Siéne. Voyez SIENNE. * Cellarius, Geogr. ant. 1. 2,

cap. 9.

SENABRIA ou SANABRIA, lac d'Espagne, au royaume de Léon, au midi d'Aftorga. Il eft formé par la riviere de Tera, qui y entre & qui en fort. Sa longueur eft d'une lieue, & fa largeur à peu près d'une demi-lieue. Ce lac appartient aux moines de fainte Marie de Caftagnera. Il y a vers fon milieu une fort belle maifon fur un rocher: elle eft aux comtes de Benavente. * Caillot, Atlas. Davyti,

SEMURIUM. Voyez REMONIUS. SEMUSSAC EN DIDONNE, bourg de France, dans Léon. la Saintonge, élection de Saintes.

SEMYLLA. Voyez SIMYLLA.
SEMYSTA, lieu voifin de Conftantinople, felon Pierre
Gylles, cité par Ortélius.

1. SENA, isle de la mer Britannique, près de la côte des Ofismiens: Pomponius Mela, 1. 3, c. 6, dit que les Gaulois avoient dans cette isle un oracle célébre. L'itinéraire d'Antonin femble avoir connu cette isle; mais fon nom y eft corrompu; car on y trouve Uxantisma pour Uxantis Sina. On n'y voit aujourd'hui tien de remarquable. Elle eft à l'oppofite de la ville de Breft, & on la nomme l'ISLE DES SAINTS.

2. SENA, Heuve d'Italie, dans l'Umbrie, entre le Metaurus & le Mifus. Silius Italicus, 1. 8, v. 455, après avoir nommé quelques fleuves, dit :

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Cluvier dit que c'eft aujourd'hui le Cefano, qui coule quatre milles au-deffus de Sinigaglia, car le fleuve qui arrofe Sena Gallica ou Senogallia, et appellé Mifus dans la table de Peutinger, & à préfent Mifa, par quelques-uns, quoiqu'on le nomine affez communément Nigola.

3. SENA-GALLICA, ville d'Italie, dans l'Umbrie. Prolomée, 1. 3, c. 1, la donne aux peuples Senones, de qui elle tiroit fon nom. Elle étoit fur le fleuve Mifus, felon la table de Peutinger. Strabon, 1.5, Tite-Live, 1. 27, c. 46, l. & Eutrope, 1. 3, c. 10, écrivent SENOGALLIA, en un feul mot, pour SENA-GALLICA. Le nom national étoit SENENSIS. Ciceron, in Bruto, c. 18, & Tite- Live, 1. 27, c. 38, s'en font fervis. Comme ce dernier nomme Senogallia avec diverfes colonies maritimes, il n'y a pas de doute qu'elle avoit ce titre. D'ailleurs Frontin, dans

SENAILLY, lieu de France, dans la Bourgogne, recette de Semur. Ce lieu eft fitué entre deux montagnes, fur la riviere d'Armançon, qui y a un pont. Il y a peu de montagnes, le refte eft de plaines & de côteaux. Il y a fuffilamment de vignes, qui font de bon rapport. Il y a une chapelle dans l'étendue du finage de Senailly, dépendante de l'abbaye de faint Andoche d'Autun, & dédiée à faint Jacques. Elle vaut trente livres de revenu, & elle eft à la collation de l'abbelfe. Senailly eft de la paroiffe de Saint-Germain.

SENAN, bourg de France, dans la Champagne, au diocèfe de Sens, à une lieue de Joigny, vers le midi. Il y a un prieuré en ce lieu outre la cure. Il eft de l'ordre de faint Auguftin. Senan eft fur le rivage droit de la petite riviere de Toulon ; & Vougré, fon annexe, eft au rivage gauche. Près de Senan eft la montagne la plus élevée de ces quartiers-là.

SENANQUE, abbaye de France. Voyez SINANQUE. SENANTE, bourg de France, dans la Picardie, élection de Beauvais.

SENARY, plage & village de France, fur la côte de Provence, dans le fond de la rade du Brusc, du côté du nord-ouest. C'est une grande plage de fable, où l'on voit le village de Senary, fitué fur le bord de la mer. Au devant de ce village, il y a un petit mole pour les barques, & autres petits bâtimens qui y vont charger du vin. On voit auffi dans le fond de la rade de Brusc la petite ville de Sifour, fituée fur une éminence fort relevée. Le vent qui incommode le plus dans cette rade, eft l'oueft-nordoueft, & le nord oueft, qui font les traversiers; mais comme le fond eft bon, on n'y fouffre pas. On fait de l'eau dans le fond de la plage, du côté de Sifour ou à Senary. *Michelot, Port. de la Médit. p. 71.

SENARPONT, REDRIC & LE MENIL, bourg de France, dans la Picardie, élection d'Abbeville.

SENNAS, terre de France, dans la Provence, viguerie & recette de Tarascon. Cette terre, qui étoit autrefois une baronnie, a été érigée en marquifat en 1643, pour Balthazard de Gérente, en confidération de fes fervices. Cette famille eft ancienne, on la trouve employée dans les affaires publiques du tems de la reine Jeanne premiere, & le roi René lui donna un fobriquet, qui lui eft demeuré, Subtilité de Gérente. Le marquis de Senas en eft le chef. Il y a la plaine de Senas, qui est au nord de la Crau, dans

la Provence. Elle eft fertile en bleds excellens.

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SENAULT, ou plutôt SENOTS, terre de France, dans le Vexin François, au diocèfe de Rouen, élection de Chaumont. Asculfe de Senots, ou du Fay, poflédoit la terre, quand il fonda, vers l'an 1158, l'abbaye de Marcheroux, de l'ordre de prémontré, & le prieuré Reffomb, érigé depuis auffi en l'abbaye du même ordre. L'abbé du Bec à qui appartient la meilleure partie des groffes dîmes a la nomination de la cure, comme auffi de la cha pelle de faint Aufbert, qui pafle pour un prieuré.

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SEND & SIND. Les Arabes divifent ordinairement le pays des Indes, que les Turcs & les Perfans appellent Hindoftan, en deux parties; à favoir, en celle qu'ils appellent Hend ou Hind, & en celle de Send ou Sind. * D'Herbelot, Biblioth. or.

Le mot de Sind fignifie proprement le fleuve que nous appellons Indus, & par extention tout le pays qui eft en deçà de l'occident, & au-delà à l'orient, comme contigu à ce fleuve, que les Perfans appellent auffi Sindab, & quel ques Arabes Sendab. C'eft de la même façon que les Arabes, qui appellent le fleuve du Jourdain Arden, donnent fouvent ce même nom à toute la Judée, la Galilée & la Palestine.

Les géographes orientaux écrivent que le pays de Send a à fon orient celui de Hend, qui eft proprement la partie des Indes, qui eft aux environs de deçà & de delà le Gange, depuis fa fource jusqu'à fon embouchure ; à l'occident les provinces de Kerman, de Macran & de Segeftan, comprifes aujourd'hui fous l'empire des Perfes.

Il a à fon feptentrion une partie du Hend, ou le Cabul, & le Touran ou Turqueftan, que quelques-uns appellent en cet endroit Turck-Hind, & nos géographes IndoScythia ; & enfin au midi de la mer de Perfe, qui le borne en forme d'arc, ce que les Arabes appellent Fifebiltacouis, ce que nous appellerions nous, en forme d'anfe, ou de golfe.

Plufieurs géographes comprennent la province de Multan, auffi-bien que celles de Zablestan, de Gaznah & de Gour, & même les villes de Deïbul & de Manfourah, qui font peut-être Din & Surate, dans le pays de Sind, & celle de Biroun, qui a donné la naiffance au fameux auteur de la géographie intitulée canoun Albirouni.

SENDAFOULAT, & SENDIFOULAT, nom d'une ifle de la mer de la Chine, ou de l'Océan Indique oriental, qui eft une des principales échelles, ou entrepôt du commerce des Indes, de la Chine & du Japon, felon le cherif Al Edriffi. Elle n'eft éloignée d'une autre ifle, qui porte le nom de Senf, que l'on place ordinairement plus vers le midi, que de dix jours de navigation, & d'une ville de la Chine, nommée Kankhou, feulement que de quatre.

Le même Edriffi dit, dans la dixième partie de fon premier climat, que cette ifle eft un des ports ou portes de la Chine, qu'il compte jusqu'au nombre de douze, & qu'il qualifie de ce nom, des ouvertures des montagnes, qui font autant d'embouchures de différentes rivieres qui fe déchargent dans la mer,& par où les vaiffeaux remontent bien avant dans le pays.

SENDAFOUR, & SENDAPOUR, que l'on trouve aussi fouvent nommée SENDAFOUL & Sendapoul. Ce font les noms d'une ville du pays que les Arabes appellent Balad Alfoulfoul, pays du poivre, & Belad Almibar, que nous appellons la côte de Malabar, fur laquelle la ville de Calecat, qui eft la capitale, eft bâtie.

Les géographes orientaux difent que c'eft dans le terroir de cette ville que les cannes, qui portent le thabaschir, croiffent abondamment.

SENDAN, ville maritime des Indes, que quelques-uns nomment Sendaboun. D'Herbelot di:, dans fa bibliotheque orientale, que le géographe persien la place au bord de la mer qu'il appelle Deria Akhdhar, c'est-à-dire, la mer Verte, qui eft proprement le golfe de Cambaya.

SEND BRARY, fontaine merveilleufe, dans le royaume de Cachemire, à trois petites journées de la ville capitale, & environ à une d'Achiavel, en tirant au nord-eft. Voici ce que Bernier (Voyage de Cachemire, tom. 1, lettre 9,) rapporte de cette fontaine, qu'il dit avoir examinée attentivement. Au mois de mai, tems auquel les neiges ne viennent que de fondre, cette fontaine flue & s'arrête reglément trois fois le jour; fur la pointe du jour, fur le midi, & fur la nuit. Son flux eft pour l'ordinaire de trois

quarts d'heure, quelquefois plus, quelquefois moins, & affez abondant pour remplir un réfervoir carré, qui a dix ou douze pieds de largeur, & autant de profondeur. Après les quinze premiers jours, fon cours commence à n'être plus fi réglé ni fi abondant, & enfin, après un mois ou environ, elle s'arrête tout-à-fait, & ne coule plus le reste de l'année, fi ce n'eft pendant quelques grandes & longues pluyes, qu'elle coule fans ceffe & fans regle comme les autres fontaines.

Les Gentils ont fur le bord du réfervoir un petit deüra ou temple de l'idole Brare, qui eft un de leur deüras ou fauffes divinités; & c'eft pour cela qu'ils appellent cette fontaine Send-Brari, comme qui diroit caux de Brare. On vient de toutes parts en pélérinage pour fe baigner & fe fanctifier dans cette eau miraculcufe. On fait fur l'origine de cette eau plufieurs fables.

La montagne, au pied de laquelle eft la fontaine, s'étend du nord au midi, & fe trouve féparée des autres montagnes, qui néanmoins en font fort proches. Elle eft en forme de dos d'ane. Son fommet, qui eft très-long, n'a guères que cent pas dans l'endroit le plus large. Le côté du levant eft couvert d'herbes vertes, le foleil néanmoins n'y donne que fur les huit heures du matin, à caufe des autres montagnes oppofées ; enfin, l'autre côté qui eft oppofé au couchant, eft couvert d'arbres & de buiffons. Tout cela avec la dispofition intérieure de la montagne, pourroit bien être la caufe de ce prétendu miracle. Car il fe peur faire que le foleil du matin, venant à donner fortement fur le côté qui lui eft oppofé, l'échauffe & fait fondre une partie des eaux glacées, qui durant l'hiver que tout eft couvert de neige, s'infinue au dedans de la montagne : que ces eaux venant à pénétrer & à couler en bas peu à peu, jusqu'à certaines couches ou tables de roches vives, qui les retiennent & conduifent vers la fource de la fontaine, produisent le flux du midi: que le foleil s'élevant au midi, & quittant ce côté, qui fe refroidit, pour frapper fur le fommet qu'il échauffe, fait encore fondre de femblables eaux gelées, qui descendent de même peu à peu, mais par d'autres circuits, jusqu'à ces couches de rochers, & font le flux du foir; & qu'enfin le foleil échauffant le côté occidental, produit le même effet, & caufe le flux du matin, lequel eft plus lent que les deux autres, ou parce que ce côté occidental eft éloigné de l'oriental, où eft la fource, ou parce qu'étant couvert de bois, il ne s'échauffe pas fi vite, ou bien à caufe de la froideur de la nuit. Cette explication s'accorde parfaitement avec ce qu'on dit que dans les premiers jours l'eau vient en plus grande abondance que fur les derniers ; & qu'elle vient enfin à s'arrêter & à ne couler plus du tout; car il eft naturel que, comme dans le commencement, il y a dans la terre une plus grande quantité de ces eaux gelées que fur la fin, elle produisent une plus grande abondance d'eau. Cette explication convient encore à ce que l'on a remarqué, qu'il y a des jours dans le commencement même, qu'un flux fe trouve plus abondant que l'autre, & quelquefois au midi plus qu'au foir ou au matin, ou bien au matin plus qu'à midi : ce qui arrive, parce qu'il fe trouve des jours plus chauds les uns que les autres, ou qu'il s'élève des nuages qui interrompent cette égalité de chaleur, & rendent par conféquent les flux inégaux.

SENDE OU SINDE. C'est le nom du fleuve Indus, felon Petit de la Croix, dans l'hiftoire de Timur-Bec, l. 3, c. 2. Voyez SINDE.

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SENDICA, contrée de la Scythie, felon Pline, I. c. 12, qui la met au voifinage du pays des Tauro-Scythes. Ses habitans étoient appellés Sendi ou Sindi. Voyez SINDI.

1. SENDOMIR ou SANDOMIR, palatinat de la petite Pologne. Il eft d'une affez grande étendue, & a pour bornes au nord les palatinats de Lencicza, de Rava, & de Mazovic; à l'orient les palatinats de Lublin & de Ruffie ; au midi, une partie du palatinat de Cracovie ; & au couchant occidental, encore une partie du palatinat de Cracovie. Ce palatinat, qui prend le nom de fa capitale, est divifé en huit territoires, qui font ceux de

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Ce palatinat fournit neuf fénateurs du royaume, favoir; le palatin de Sendomir, & les caftellaus de Sendomir, de Wislicza, de Radom, de Zavichoft, de Zarnaw, de Malogoscz, de Polanecz & de Sechow. Il abonde en mines d'or, d'argent, de cuivre, de plomb, de fer & d'acier ; on y trouve des carrieres de diverfes fortes de marbre; & il produit quantité de fruits excellens, qui ne cédent point en bonté à ceux d'Italic. * De l'Ifle, Atlas. Andr. Cellar. Descr. Polon. p. 177.

qui

2. SENDOMIR ou SANDOMIR, ville de Pologne, & la capitale du palatinat de même nom, dans l'endroit où le San fe joint à la Viftule. Elle eft fituée fur une colline, d'où elle a une belle vue fur la riviere. Sa fituation & les ouvrages qu'on y a élevés en font une place forte. Ses habitans paffent pour polis; auffi y voit-on toujours un grand nombre de nobleffe, parce que Sendomir eft le fiége du tribunal de la province. On y remarque une églife collégiale fort riche, une maifon de jéfuites, qui y enfeignent La jeunelfe, & quelques autres maifons religieufes. Près de la ville, on voit deux églises, l'une dédiée à faint Jacques, & l'autre à faint Paul: toutes les deux font tellement environnées d'arbres, qu'on les diroit fituées au milieu d'une forêt. Ce font des pélérinages très fréquentés. Le château, qui eft au midi de la ville, & bâti de pierres, fe trouve fur un rocher fi escarpé, qu'on a de la peine à y monter & à en descendre. Les Tartares s'emparerent de Sendomir en 1240, en 1241 & en 1260 : ils étoient affiftés des Ruffes, fe rendirent maîtres du château par ftratagême. Rien n'eft comparable aux cruautés qu'ils y exercerent. La plûpart des hommes furent paffés au fil de l'épée, & les femmes & les filles furent violées. Ces barbares, laffés de répandre du fang, s'aviferent de forcer le peuple à fe jetter en foule dans la Viftule. On dit qu'on égorgea tant de perfonnes dans le château, que leur fang coula jusques dans la riviere. On les regarda comme autant de martyrs, & en mémoire de cet événement, on célébre tous les ans une fête le 2 juin. Après cette cruelle boucherie, les Tartares mirent le feu au château & le réduifirent en cendres. Ils attaquerent cette ville en vain vers l'an 1287, & les Bohemes n'eurent pas plus de fuccès lorsqu'ils l'attaquerent; car ils furent contraints de fe retirer avec une perte affez confidérable. Boreccius. Annal. Bohem. fol 250,dit que les habitans de Sendomir ouvrirent volontairement leurs portes aux Bohemes. Quoi qu'il en foit, les Suédois prirent Sendomir en 1655, & les Polonois la reprirent l'année fuivante le 20 mars. Les Suédois avoient mis le feu au collège des jéfuites, qui fut confuné ainsi que la ville & le château. * Cromerus, 1. 9. Rer. Pol. fol. 232.

SENDROVIA. Voyez SPENDEROBIS, & SEMENDRIAH. SENE, ville de la Gaule Celtique: Etienne le géograthe qui fournit le nom de cette ville, pourroit bien entendre par là la ville de Sens.

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SENEA, ville épiscopale de l'Afie mineure, dans la Pamphylie. Elle étoit fituée entre Cotana & Carallia. Nec tarius, fon évêque, fouscrivit au concile d'Ephèse, tenu l'an 431. Harduin. Collect. conc, t. I, p. 1427.

SENE FONTAINE, baronnie de France, en Champagne, dans l'élection de Chaumont. Elle a été long-tems poffédée par des feigneurs du même nom : depuis elle a paflé dans la maifon de Belain, l'une des plus anciennes & des plus confidérables du Balligny : enfuite en celle d'Amboife, par le mariage de Jean d'Amboife avec Catherine d'Eft Belain; & enfin dans la maifon de Choifeuil. *Baugier, Mémoires hift, de Champ. t. 2, p. 347.

SENECEY, village de France, dans la Bourgogne, recette de Châlons. Ce lieu, qui eft bien peuplé, fe trouve dans une fituation affez belle, & dans la paroiffe de faint Julien. C'est le grand chemin de Châlons à Lyon. Il y a quelques vignes aux environs. Senecey eft une terre ancienne, érigée en marquifat en 1615, en faveur de la maifon de Baufremont: en 1720, il a paffé dans celle d'Ailly. On y compte trois fiefs, favoir; la Tour de Varet, les Jardins & le Meixcrochet, outre les métairies des Maifon-Dieu & le moulin de Vaniere. Il y a un petit chapitre dans le château de Senecey.

SENEF ou SENEFFE, village des Pays-Bas, dans le Brabant, à deux petites lieues de Nivelle, vers le midi. Ce lieu eft devenu célébre par la victoire que le prince de Condé y remporta le i d'août 1674 fur les Hollan

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prince

dois, commandés par Guillaume de Naflau d'Orange, & depuis roi d'Angleterre. 1. SENEGA, cu SENEGAL, nom que les Européens donnent au fleuve Niger. Voyez NIGER.

2. SENEGA, SENEGAL, OU L'ISLE SAINT-LOUIS, ifle d'Afrique, à l'embouchure de la riviere de Senega, à deux lieues au-delfous de la grande ifle de Bifeche, & environ à mois quarts de lieue au-deffus de l'iflet aux Anglois. On la nomme l'ifle de Saint-Louis, à caufe du fort de ce nom, qui y eft fitué. C'eft le principal comptoir de la compagnie, & la réfidence du directeur & commandant général. L'ifle de Senegal, dit le pere Labat, eft à 16d de latitude feptentrionale, au milieu de la riviere de Niger ou de Senegal, à trois ou quatre lieues de la Barre, felon que la riviere s'ouvre un paffage dans la langue de fable, qu'on appelle la pointe de Barbarie, & qui forme d'un côté l'embouchure de la riviere. Cette ifle n'eft pas grande. Bien des gens, qui y ont été, lui donnent une lieue ou environ de circonférence. Le fieur Froger, ingénieur, qui la mefura en 1705, dit qu'elle a onze cents cinquante toises de longueur du nord au fud. Comme fa largeur eft fort inégale, il ne l'a pas déterminée. Un autre ingénieur, qui la mefura en 1714, ne donna à la pointe, qui eft plus voifine de la Barre, que quatre-vingt-dix toifes de largeur, & à celle qui lui eft oppofée cent quatre-vingt-douze, & à l'endroit où le fort eft conftruit cent trente toile. Le bras de la riviere, qu'elle a du côté de l'eft, a trois cents quatrevingts toifes de largeur, & celui de l'oueft deux cents dix. Le terrein en eft plat, maigre & fablonneux. L'extrémité qui regarde la barre étoit autrefois plus plate que tout le refte, & par conféquent inondée dans les grandes eaux. Elle n'y eft plus fujette préfentement. La riviere & les vents du nord y ont apporté des fables, qui ont fait des dunes, qui élevent le terrein, & qui font paroître le fort comme dans un enfoncement. Il refte pourtant à cette pointe une espèce de marais ou mare d'eau falée, qu'on appelle un Marigot, & qui eft environnée de plufieurs dunes de fable. La pointe du nord eft couverte de grands arbres, qui paroiffent comme une futaie, mais qui ne font que des mangles ou des peletuviers, dont le pied est toujours dans l'eau. On trouve dans la terre ferme, & aux ifles de l'Amérique plufieurs espéces de ces arbres, comme on peut le voir en plufieurs endroits de ce livre. L'espéce, que l'on trouve plus communément au Senegal, eft celle des mangles noirs. ils font un feu vif & ardent; & fi on les employe à des ouvrages dans l'eau, comme pilotis & autres, ils durent long-tems. On fe fert encore de l'écorce des peletuviers pour taner les cuirs. Il y a un marais ou marigot confidérable dans le terrein occupé par ces arbres, & un autre plus petit, environ au milieu, de la longueur de l'ifle, avec un bouquet d'arbres de différentes espèces, qui en eft fort voifin, & fert de retraite aux moutons & cabris qu'on nourrit fur l'ifle, dont le fol, quoique fablonneux, ne laisse pas de produire une herbe courte, déliée, touffue & un peu falée, que ces animaux aiment extrêmement, qui les engraille, & donne à leur chair un goût excellent. Ces marigots fervent encore à retirer les cochons de l'habitation de la compagnie. Ils y trouvent de quoi le vautrer, & paffer à couvert du Soleil une bonne partie de la journée. Mais les hommes ne peuvent y prendre le frais, parce que ces endroits fervent de retraite pendant le jour à des millions de mouftiques, & de coufins ou maringoins, qui fe tiennent à couvert de la chaleur. C'eft le premier délagrément que l'on éprouve fur cette petite ille. Le fecond eft qu'elle manque abfolument d'eau douce plus de la moitié de l'année. Il n'y a aucune fource ni fontaine ; & pour être au milieu d'une grande riviere, on n'en eft pas plus avancé, parce qu'elle eft falée depuis le mois de décembre jufqu'à celui de juillet. Pendant les autres mois la crûe des eaux, & la rapidité de leur cours, empêchent les marées de monter affez haut pour gâter l'eau de la riviere. On s'en fert alors: elle eft très bonne à boire, & fort saine ; mais dans les autres tems il faut avoir recours aux puits, que l'on creufe dans le fable, où l'on trouve une eau faumâtre, c'est-à-dire un peu moins que demi-falée, & dont il faut uler, faute d'autre. Pour la rendre plus pure & plus potable, on la fait paller au travers d'une pierre un peu poreufe qu'on apporte des Canaries, & qui eft creulée en cône. L'eau, en filtant par les pores, s'y décharge de tou

res!

s les impuretés qu'elle avoit, & même d'une partie de fon fel. Pour la rafraîchir on la met dans des vafes de terre, qui ne doivent point être verniffés, & qu'on place dans un lieu expofé au vent du nord, qui eft toujours frais. Ce qu'il y a de défagréable dans les punts que l'on creufe, c'eft qu'ils ne durent pas long-tems: leur eau devient enfin tout-à-fait falée, & il en faut creufer d'autres. Il eft vrai que la peine n'eft pas grande, parce qu'il y a peu à creupour trouver l'eau douce, & qu'on trouveroit infailliblement la falée, fi l'on fe donnoit la peine de creufer davantage. Ce qu'il y a encore d'extraordinaire, c'eft que l'eau de ces puits devient falée à mesure que celle de la riviere devient douce, & qu'elle redevient douce en même tems que celle de la riviere fe gâte en fe falant. Labat, Relation de l'Afrique occidentale, t. 2, * P. 220.

fer

On ne fait précisément le temps où les directeurs de la compagnie tranfporterent leur établiffement de l'ifle de Bocos, où il étoit au commencement, à celle du Senegal. Ces établillemens ont changé plufieurs fois de figure, felon la néceffité ou le caprice des directeurs qui ont commandé fur les lieux. Il ne rette de ce premier établiffement dans Tifle de Senega que quatre tours rondes, d'environ vingt pieds de diamétre, qui font un atigle obtus : qui font un atigle obtus: les deux tours du milieu ne font éloignées l'une de l'autre que de quatre toiles & demie, & celles des deux bouts font éloignées l'une de l'autre de onze. Il y a apparence qu'elles ne devoient pas être feules, & que leur nombre devoit être plus grand, & renfermer un efpace plus confidérable, en formant un château comme on les faifoit autrefois. Elles font de bonne maçonnnerie, & couvertes en pointe avec des tuiles. On juge par leur conftruction & par leur fituation qu'elles font très-anciennes, & du premier tems que la compagnie s'établit dans le pays. Les directeurs, qui ont gouverné les affaires de la compagnie, ont uni ces tours par des murs, & les ont renfermées dans une enceinte de bois terraffée, fous une partie de laquelle il y a des magafins, avec de mauvais bastions mal tracés, encore plus mal bâtis. De plus ce fort eft trop petit pour loger les employés de la compagnie, qui font obligés d'avoir des cafes de paille hors de l'enceinte, où ils font expofés à tout ce que les Négres voudroient entreprendre fans fe pouvoir fecourir les uns les autres, même le fort, s'il prenoit envie aux Négres de l'infulter. Ce fort eft pourtant muni de trente canons, montés fur plufieurs batteries, avec une affez bonne quantité de menues armes, & l'on y fait la garde exactement; car quoique les François foient bien avec les Négres, les marchandifes, que ceux-ci favent être dans les magafins, font pour eux une tentation bien preffante. La compagnie entretient pour l'ordinaire environ deux cents hommes, qui, font difperfés dans les fix établiffemens qu'elle a fur la côte, & au dedans du pays. C'eft le directeur & commandant gé neral qui fait cette répartition, qui, fous le bon plaifir de la compagnie, pourvoit à tous les emplois qui viennent à vaquer, retient à fon fervice ceux qu'il croit lui convenir, renvoye en France ceux qu'il ne juge pas à propos de garder. Son autorité eft grande, & le fait refpecter des employés de la compagnie, & des rois, princes & feigneurs

contre eux,

du pays.

C'est dans l'ifle de Senega que les Négres apportent leurs marchandises, comme cuirs, yvoire, captifs, & quelque fois de l'ambre gris; car pour la gomme Arabique, c'eft des Maures qu'on la tire. On donne en échange à ces Négres de la toile, du coton, du cuivre, de l'étain, du fer, de l'eau de vie, & quelques bagatelles de verre. Le profit qu'on tire de ce commerce eft de huit pour cent. Les cuirs, l'yvoire, la gomme, fe portent en France; & on envoye les esclaves aux ifles françoifes de l'Amerique. On en a des meilleurs à dix francs pièce, & on les revend plus de cent écus. Souvent pour quatre ou cinq pots d'eau de vie on a un bon efclave; ainfi la dépenfe eft moins dans l'achat que dans le tranfport.* Voyage du Sieur le Maire, P. 72, & fuiv.

La riviere de Senega fépare les Azoaghes, Maures ou Bafanés, d'avec les Négres; de façon que d'un côté du fleuve ce font des Maures plus blancs que noirs, & de l'autre des hommes parfaitement noirs. Les premiers font errans, campent, & ne font de féjour en un lieu, qu'au

tant qu'ils y trouvent des pâturages; au lien que les Né gres font fédentaires, & habitent des villages. Ceux-là font libres; mais ceux-ci ont des rois, qui les tyrannilent, & les font efclaves. Les Maures font petits, maigres, & de mauvaise mine, ayant l'esprit fin & dele: les Négres au contraire font grands, gros & bienfaits, mais fimples & fans génie. Le pays habité par les Maures n'est qu'un fable ftérile, privé de toute verdure; & celui des Négres eft fécond en pâturages, en mil, & en arbres toujours verds, mais qui ne portent point de fruits bons à manger. C'eft de ces Maures que les François tirent la gomme Arabique. Ils la cueillent dans les déferts de la Libye intérieure. Elle croît aux arbres qui la portent, comme celle qui vient aux cerifiers, aux abricotiers & aux pruniers en France. Ils l'apportent vendre un mois ou fix femaines avant l'inondation du Niger. On leur donne en échange du drap bleu, de la toile de la même couleur, & quelque peu de fer. Ils viennent de cinq ou fix cents lieues dans les terres pour apporter, l'un un demi quintal de gomme, l'autre plus ou moins. Ils font tout nuds fur les chameaux, chevaux & bœufs, dont ils fe fervent auffi fouvent à porter leurs marchandifes. Les plus confidérables d'entre eux ont une espece de manteau fait de peau fourée, qui reffemble affez à la chape de nos chantres: les autres n'ont qu'une méchante piéce de cuir qui cache leur nudité. Ils ne fe nourriffent tous que de lait, & de gomme qu'ils font difloudre dedans. Les François les nourriffent en partie, lorfqu'ils viennent trafiquer. On achete leurs bœufs exprès pour les leur faire manger; mais ils les égorgent eux-mêmes, autrement ils n'en mangeroient pas. Quoiqu'ils ayent beaucoup de beftiaux, ils en mangent rarement, li ce n'est lorfqu'ils les voyent prêts à mourir de maladie ou de vieillelle. Comme le trafic le fait fur le bord de la riviere, ils ne trompent pas facilement, parce qu'on embarque la marchandile à mesure qu'on la reçoit d'eux. Le commerce fe fait, dans les mois de mai & de juin, à trente lieues audeffus de l'habitation. Lorfque tout elt fini, ils fe répandent en injures ; & s'ils attrapent quelques François, ou autre blanc, ils les tuent en repréfailles d'une querelle paffée il y aura vingt ans. Ils fe retirent dans les terres fi tôt que le Niger commence à fe déborder.

3. SENEGA, ou SENEGAL, royaume de l'Afrique occidentale, & le premier de la Nigritie, du côté de l'embouchure du Niger. Il étoit autrefois très confidérable. Aujourd'hui c'eft peu de chofe, parce que fon roi eft devenu tributaire d'un autre. Sa domination s'étend le long du rivage, l'efpace de quarante lieues, fans compter quelques petits feigneurs près de l'embouchure, qui lui font tributaires ; & il avance environ dix ou douze lieues dans les terres. Ce roi s'appelle Brac ; ce qui eft un nom de dignité, qui veut dire roi ou empereur des rois : il y joint auili, quand bon lui femble, le nom de fa famille. Sa majefté n'a pas fouvent même du mil à manger. Il aime tant les chevaux, que la plupart du tems il fe contente d'une pipe de tabac, & d'un peu d'eau de vie, afin de laiffer le mil à trois ou quatre chevaux qu'il a. Il s'en fert à faire des courfes fur le plus foible de fes voifins, fans le moindre prétexte ; & ainfi il leur enleve leurs bœufs, en quoi confiftent leurs richeffes, les fait quelquefois esclaves euxmêmes, & les vend pour de l'eau de vie. Quand il s'apperçoit que cette liqueur diminue chez lui, il enferme dans un coffre ce qui lui en refte, & en donne la clef à un de fes favoris, qu'il envoye à trente lieues de là dire quelques bagatelles à fes femmes, afin que, pendant le tems qu'il eft privé de la clef, il ne boive point, & épargne ainfi ce qui lui refte. Si fa tyrannie n'a pu s'exercer fur fes voifins, il la fait fentir à fes fujets, parcourant fon pays, demeurant deux jours dans un village, trois jours dans un autre, où il fe fait nourrir avec toute fa fuite, qui eft compofée de deux cents coquins des plus rafinés, par le commerce qu'ils ont avec les blancs, dont ils ne retiennent que les mauvaifes qualités. Lorfqu'ils ont ruiné les villages, ils y font fouvent des efclaves à la moindre ombre d'offenfe. Mais fi le prince eft perfide, fes fujets ne le font pas moins: le pere vend fon fils, le fils, fon pere & fa mere, quand le cas y échoit. Quand ils veulent vendre quelqu'un, ils le prient de les aider à porter quelque chofe à l'habitation, & quand il y eft,, ils le livrent à quiconque en veut, lorfqu'il n'entend pas la langue.

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