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royaume d'Hoval, & il lui donne quarante-fix lieues d'étendue de l'est à l'oueft. Il ajoute : Sa largeur ou hauteur, au nord de la riviere, n'est pas confidérable : les Maures quoiqu'ils ne foient rien moins que fédentaires, le preffent & viennent allez fouvent camper fur les terres que le Brac prétend avoir été anciennement du domaine de fon royaume. Ce royaume eft beaucoup plus étendu au fud de la riviere. Les maisons des habitans du Senega même du roi font de paille. Elles ont environ quatre pas de diamètre: une efpèce de dôme, dont le deffus eft de paille, & le deffous de palmiers en fait la couverture qui eft affez bien travaillée. Ce dôme eft foutenu par cinq ou fix fourchettes ; & la muraille eft auffi de paille ou de palmier, le tout affez induftrieufement entrelaffé. Ils n'ont ni portes, ni fenêtres à leurs maifons, hormis un trou femblable à l'ouverture d'un four de village; de forte qu'il faut aller à quatre pates pour y entrer. Quoique la chaleur doive être exceffive daus un tel lieu, ils y font encore du feu qui eft toujours accompagné de beaucoup de fumée. Cette incommodité eft pour eux un agrément ; car ils veulent de la fumée. Le bas de la maison eft un plancher de fable, où l'on enfonce à mi jambe. L'ouverture de ces maifons eft quelque fois fi petite, qu'on eft étonné qu'ils y puiffent paffer. Leurs lits font formés de quantité de bâtons deux fois gros comme le pouce, mis à deux doigts de diftance l'un de l'autre, joints enfemble par une corde à peu près com. me une claye. De gros bâtons tortus, comme eft tout leur bois rempliffent les entre-deux, & femblent unique ment placés pour rompre les côtes. Ces lits ainfi que leurs toits ont pour appui des fourchetes. Ils couchent làdeflus fans autre façon, excepté que ceux qui font au-deffus du commun, ont une natte qui leur fre de matelats; de forte que fi ce pays là ne permet pas aux habitans d'être heureux à caufe de fa ftérilité, ils contribuent encore eux-mêmes à leur mifere par leur peu d'industrie.

SENEGAGLIA, ou SINIGAGLIA. Voyez SINIGAGLIA. SENEGAS, & TREVISY, bourg de France, dans le Languedoc, recette de Caftres.

SENEJAC, bourg de France, dans le Rouergue, élection de Ville-franche.

SENELLES, (les) banc de rochers, fur la côte de la Sicile, au nord-eft de la pointe de l'oueft de Trapano, environ à deux milles. Ce petit banc eft dangereux. Il a des rochers hors de l'eau, & fous l'eau. Il ne faut pas l'approcher de plus d'un mille. * Michelot, Port. de la Médit. p. 133:

SENEMSÁLIS, (A) fiége épiscopal d'Afrique, dans la province Proconfulaire. Fortunatianus eft qualifié dans la conférence de Carthage, N° 202, episcopus à Senemfalis. Dans le concile de Carthage, tenu en 525, fous Boniface, Patronianus Senemfalis eft compris parmi les évêques de la province Proconfulaire ; & dans la lettre Synodique des évêques de cette même province, fous le pape Martin, on trouve cette foufcription: Julianus episcopus Sancts ecclefia duarum. Senepfalitinarum, ou Senemfalitinarum. Cela a donné lieu à Baluze de remarquer que dans la notice de la province Proconfulaire, au lieu de Duaffe Demfaï, il falloit lire Duarum Senemfalium.

SENENNIORUM, [ Plebs ] fiége épiscopal de l'Afie mineure, dans la Pamphylie. Le concile d'Ephèse fait mention d'un certain Nectaire évêque de cette ville. Ce fiége dont on parle ici eft le même que Sena. Voyez

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que

SENEZ, ou SENÉs, Urbs Sanitienfium, Sanitium, Sanitio, ou Sanefio, ville de France, dans la Provence, viguerie & recette de Caftellane, avec évêché. Cette ville fituée dans un terrein froid, rude, & ftérile, entre des montagnes, à quatre lieues de Digne, & à autant de Caftellane, n'eft proprement qu'une méchante bourgade, où il d'habitans. C'est cela pour y a peu les évêques ont fait leurs efforts, depuis cent cinquante ans, pour transférer leur fiége dans la ville de Caftellane; mais inutilement n'ayant pû obtenir le confentement des intéreffés. Ce lieu s'appelle en latin Sanitium. Ptolomée a marqué un Sani tium, qu'il place près de Nice avec Cemelenum, c'est-àdire Cimier; mais cette fituation ne convient pas avec celle de Senez. Les notices, qu'on a accoutumé de citer,

ne font point de la premiere antiquité. Nous ne trouvons donc rien de bien certain de la ville, & de légife de Senez, avant le commencement du txieme fiécie. Ce fut pour lors que Marcel évêque de Se cz, Sanetti, comparut, & figna au concile d'Agde Lan 506. Ses fuccefieurs ont aflifté à divers conciles de France. Cette ville a toujours été des Alpes maritimes, & fes évêques ont toujours reconnu ceux d'Ambrun pour métropolitains, après que les archevêques d'Arles out été dépouillés du droit qu'ils avoient fur les Alpes maritimes, comme fur la feconde Narbonnoife. Longuerue, Delcr. de la France, part. *

I, p. 270.

L'églite cathédrale eft dédiée à Notre-Dame. La ville eft à préfent en très-mauvais état. Elle appartient, partie à l'évêque, partie au chapitre, & partie au comte de Carcès. Son évêché ett fuffragant d'Ambrun, dont Senez eft éloigné de quatorze heues; il vaut environ douze mille livres de rente. L'on a parlé de l'unir à celui de Vence, mais cela n'a point eu d'effet. Le chapitre de la Cathédrale eft coinpofé d'un prévôt, de deux autres dignités, & de deux chanoines, outre un curé & trois autres ecclesiastiques. Ce chapitre a en tout trois mille quatre cents livres de rente. Son diocèle comprend quarante-deux paroiffes.

SENF, ifle de la Chine. Elle eft à dix journées de navigation de celle de Sendafoulat en tirant vers le midi, felon d'Herbelot, Biblioth. or.

SENGGUEI, fortereffe de la Chine, dans la province de Xenfi, au département d'lungchang, premiere fortereffe de la province. Elle eft de 10 o' plus occidentale Pekin, fous les 384 56′ de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenf

que

SÉNGKI, ville de la Chine, dans la Province de Queicheu, au département de Tunggin, fixième métropole de la province. Elle eft de 9d 15' plus occidentale que Pekin, fous les 28d 22' de latitude feptentrionale. * Ailas Sinenf.

l.

SENHEIM, OU SERNEY. Voyez SEBNEY.

SENIA, ville de la Liburnie, dans l'Illyrie: Ptolomée, . 2, c. 16, la marque fur la côte, entre Velcena & Lopfica. Cette ville eft auffi connue de Pline, l. 3, c. 21, & de l'itinéraire d'Antonin, qui la met fur la route d'Aquileia à Sifcia, entre Ad Turres, & Avendone, à vingt milles du premier de ces lieux & à dix-huit milles du fecond. On a une ancienne infcription, où on lit ces mots : Senia, & PLEB. SENIENSIUM. C'est aujourd'hui la ville de Segna.

SENIENSES. Voyez SENIA, & SENA-GALLICA. SENILLE', bourg de France, dans le Poitou, élection de Châtellerault.

SENIS. Voyez CANYS.

SENKAN, petite ville de Perfe, à fix lieues de Sultanie. Quoiqu'elle ne foit point clofe, elle ne laille pas d'avoir d'alfez agréables maisons. Elle étoit fort grande & fort marchande avant que Tamerlan l'eût ruinée; mais le Turc l'ayant prife & pillée plufieurs fois, l'a réduite en l'état où elle est préfentement. On ne voit aux environs de cette ville que des landes & des fables, où il ne croît que des ronces de la grandeur de la main. A une demi-lieue de là paroît une branche du mont Taurus, appellée par ceux du pays Keider Peijamber. Elle s'étend du nord au fud vers le Kurdeftan. On y trouve, Kurdeftan. On y trouve, à ce qu'ils difent, le fépulcre d'un de leurs plus anciens prophétes qui a donné le nom à cette montagne, au pied de laquelle il y a une très-belle vallée, parfemée d'un grand nombre de villages. * Olearius, Voyage de Perfe

SENLIS, ville de l'ifle de France, & le chef-lieu d'une élection, avec évêché, bailliage, prévôté, qui en reffortit, préfidial, maîtrise des eaux & forêts, grenier à fel, maréchauffée & capitainerie royale des chaffes. Cette ville fituée fur la petite riviere de Nonnete, eft à dix lieues de Paris & à deux de Chantilly. Elle étoit autrefois de la feconde Belgique, & elle eft encore aujourd'hui de la province eccléfiaftique de Rheims. Le nom latin eft Sylvanectes. Plufieurs croyent que cette ville a été ainfi appellée, parce que Sylvis nectitur; ce que Valois n'approuve point, les noms des peuples étant gaulois & non latins. Mais cette raifon eft foible; car Senlis, & fon prétendu peuple, ont été inconnus à Jules-Céfar, & perfonne n'a fait mention de ce nom Sylvanectes avant la conquête & l'établissement des Romains dans ce pays-là. Ainfi lorsqu'ils ont bâti la ville Auguftomagus

Auguftomagus aujourd'hui SENLIS, ils lui ont attribué un territoire, & lui ont donné un nom romain. * Longuerue, Defcr. de la France, part. 1, p. 21.

Senlis a eu des comtes de la maifon de Vermandois, fur la fin du neuviéme fiécle, & dans le dixième. Mais lorfque Hugues Capet fut élu roi, il étoit déja propriétaire de cette ville, où il ne reftoit plus que des chevaliers qu'on nommoit Bouteilliers de Senlis, parce qu'ils avoient poffédé cet office de bouteilliers fous les comtes ; & depuis Hugues Caper, plufieurs feigneurs de cette maison ont été bouteilliers des rois. Il y a tant dans la ville que dans les fauxbourgs fix paroiffes, Notre-Dame, faint Rieul, faint Pierre, fainte Geneviève, faint Martin & faint Etienne. Il y avoit ci-devant celle de faint Hilaire qui a été unie à celle de faint Pierre. Il n'y a guère de marchands à Senlis, parce qu'il s'y fait peu de commerce.* Piganiol, Descr. de la France, t. 3, p. 59.

L'évêché de Senlis eft fuffragant de Rheims, & a été établi vers le milieu du troifiéme fiécle. Regulus ou Rieul, qui vint dans les Gaules avec S. Denis, fut le premier évêque de Senlis. On n'a pas de mémoires allez fürs pour déterminer le nombre des fucceffeurs de cet évêque, parmi lesquels trois fe font rendus recommandables par leurs dignités. Urfus ou Urfion, qui fut chancelier de France en 1090, fous le regne de Philippe I. Guerin natif de Pont Sainte Maixence, & chevalier de l'ordre de S. Jean de Jerufalem, fut auffi chancelier de France, fous le regne de Philippe-Augufte. Les hiftoires de fon fiécle lui donnent la principale gloire de la journée de Bouvines, où il rangea l'armée du roi en bataille, en qualité de lieutenant général; mais étant alors nommé à l'évêché de Senlis, il fe retira dans l'oratoire du roi, où il fut en prieres pendant tout le tems du combat. Il fut revêtu de la dignité de chancelier jusqu'au regne de S. Louis. Enfin le troifiéme des évêques de Senlis, qui a fait honneur à fon églife, & à la France, eft le cardinal de la Rochefoucaut, grand aumônier de France, & chef des confeils du roi Louis XIII. L'évêché de Senlis n'a que cent foixante-dix-fept paroisfes, quarante-quatre chapelles, trois abbayes, neuf prieu1és & dix maladreries. Il vaut vingt-cinq mille livres.

Le chapitre de la cathédrale ell compofé d'un doyen, d'un chantre, d'un archidiacre, de vingt quatre canonicats, de fix demi-prébendes & de deux grands chapelains. Ce chapitre a le privilége de garde gardienne, & de committimus, par lettres-patentes du mois de janvier de l'an 1550, regiftrées au parlement le 20 de mai de l'an 1560. Le clocher de la cathédrale eft un des plus hauts de France, & furpaffe les plus hautes montagnes du pays: on le voit de fept à huit lieues de loin. Le portail, qui eft à l'île droite de cette églife, eft eftimé des curieux, à caufe d'un grand nombre de figures dont il eft orné depuis le haut jusqu'en bas, qui font un affez bel aspect dans la place. La cité, c'eft-à-dire, l'enceinte de l'ancienne ville, eft un morceau des Romains. On en voit encore des reftes, qui marquent une folidité admirable. Il y a d'espace en espace un lit de fort groffes briques, fur lequel ont été jettées quantité de pierres brutes, liées avec un ciment très-dur & d'une bonne confiftance. Le château eft un bâtiment du tems de S. Louis, & dans lequel ont été élevés quelques enfans de France, à caufe de la falubrité de l'air, c'est aujourd'hui où le préfidial & les autres jurisdictions de la ville tiennent leurs féances. Senlis eft d'une figure ovale, fituée fur le penchant d'une côte, au pied de laquelle coule la Nonnette. Elle eft entourée de murailles & d'un foffé fec affez profond. Les baftions & demi-lunes font en partie revêtus de pierres. Trois fauxbourgs en ferment les déhors.

Le chapitre de S. Rieul eft auffi dans la ville de Senlis. Il est compofé d'un doyen & d'un chantre, qui font dignités, & de quinze chanoines, qui ont trois cents livres de revenu. Celui de S. Frambouft eft encore dans Senlis. Il a un doyen, un chantre & dix chanoines, qui ont auffi environ trois cents livres de revenu.

Dans le château de Creil, il y a un petit chapitre de fix chanoines, dont les canonicats valent deux cents livres chacun. La juftice eft rendue dans cette ville par les officiers du préfidial & de la prévôté, à la réferve des quartiers, qui font dans le reffort des chapitres de Notre Dane, de S. Rieul & dé S. Frambouft, qui ont leurs justices particulieres, & à la réserve encore de trois mai

fons de la ville, qui dépendent de Chantilly, à caufe du fief de Tournebœuf. Les officiers du préfidial de Senlis rendent la juftice fur une coutume particuliere appellée la coutume du bailliage de Senlis, qui fut rédigée en l'an 1539.

Le bailli de Senlis a un lieutenant particulier à Compiégne, qui juge les différends conformément à la coutume de Senlis.

A Senlis on lave & on prépare les laines pour la manufacture de Beauvais. On y fabriquoit autrefois des draps, qui étoient d'un affez bon débit; mais depuis environ foixante ans cette manufacture eft tombée, parce qu'on en a diminué le fil, & qu'on les a rendus par là de mauvaise qualité.

Senlis eft un gouvernement particulier de l'isle de France. Le terroir de fon élection eft plus froid que celui de Paris: les meilleurs terres de labour ne valent que neuf à dix livres l'arpent. La récolte des vins monte jusqu'à quinze mille muids, dont le prix n'excéde guères vingt-cinq à trente livres, n'étant pas de bonne qualité.

SENLIS-HEDAUVILLE, bourg de France, dans la Picardie, élection de Doulens.

SENLISSE, village de France, dans le Hurepoix, près de Chevreufe. Il eft remarquable par une fontaine publique, dont l'eau fait tomber les dents fans Auxions, fans douleurs, & fans que l'on faigne.* Mémoire de l'académie, 1712.

1. SENNA OU SENA. Voyez SENA.

2. SENNA ou ZENNA, ville au midi de la terre promife, no. 34, 4, peut-être la même que Senaa, 1 Esdr. 2, 35, Jofué, 15, 3. Eufébe met un lieu nommé MigdalSenna, ou la tour de Senna, à huit milles de Jéricho, vers le feptentrion. Ce ne peut être Senna, marquée dans les Nombres, & dans Jofué; mais feroit-ce celle d'Esdras ?

SENNAAR, contrée de la Babylonie, où les hommes entreprirent de conftruire la tour de Babel. (a) Calonné étoit bâtie dans le même pays. (b) Amraphel, roi de Sennaar, étoit puiffant dès le tems d'Abraham. (c) Daniel dit que Nabuchodonofor transporta les vafes du temple de Jerufalem, & les mit dans le temple de fon Dieu dans la terre de Sennaar. (d) Il y a affez d'apparence que les monts Singares où Zagras, de même que la ville, & le fleuve de Singare, tirent leur nom de Sinnar ou Singar. (a) Genef. 6, 2. (b) Genef. 10, 10. (c) Genef. 14, 1. (d) Dan. 1, 2.

*

SENNABRIS, lieu entre Scythopolis & Tibériade, à trente ftades de cette derniere: on l'écrit auffi Enabris & Gennabris; les Talmudiftes l'appellent Zinabri. * Jofeph, de bel. l. 3, c. 16, p. 757. Ligifoot, Centur. chorogr. in Matt. c. 70.

SENNAR, royaume d'Afrique. Il a l'Egypte au nord, la mer Rouge à l'orient, l'Ethiopie ou l'Abyflinie au midi, & le pays de Kovar avec le royaume de Gaoga ou de Kaugha, au couchant. La partie feptentrionale de ce royaume, où font les Mahaffes & les Kenns, espéces de Barabra ou Barbarins, dépend du Turc. Voici comment Charles-Jacques Poncet, médecin François, parle du royaume & de la ville de Sennar, relation abrégée du voyage qu'il fit en Ethiopie en 1698, 1699 & 1706. Le royaume de Sudan eft à l'oueft de celui de Sennar. * De l'Isle, Atlas.

Ce royaume eft proche & à l'oueft de celui de Sennat. Les rois de ces deux royaumes font presque toujours en guerre. Machou, groffe bourgade, fur le bord oriental du Nil, eft du royaume de Sennar. Le Nil formé à l'endroit où Machou eft fitué, deux grandes ifles remplies de palmiers, de fené & de coloquinte. Machou eft le feul lieu habité depuis Helaoué : il eft dans la province de Fungi, & fait le commencement du pays de Barauras, que nous appellons Barbarins. Le royaume de Dongola dépend de celui de Sennar. Il y a là fur le Nil un pont fort large, & bâti de pierres de taille : on croit que c'eft le feul qui foit fur cette riviere. On y voit les reftes d'un ancien & magnifique amphithéatre, avec quelque maufolées des anciens Romains. Lettres édif. t. 4, P.4&15. p.

*

La fituation de la ville de Sennar eft agréable. Cette ville a près d'une lieue & demie de circuit. Elle eft fort peuplée, mais mal propre & mal policée. On y compte environ cent mille ames. Elle eft fituée à l'occident du Nil,

fur une hauteur, à 13d 4' de latitude feptentrionale, felon l'obfervation que le pere Brevedent fit à midi le 21 mars .1699 Les maifons n'ont qu'un étage, & font mal bâties; mais les terraffes, qui leur fervent de toit, font fort commodes. Dans les fauxbourgs on ne voit que des cabannes faites de cannes. Le palais du roi eft environné de hautes murailles de briques cuites au foleil, il n'a rien de régulier. On n'y voit qu'un amas confus de bâtimens, qui n'ont aucune beauté. Les appartemens font allez richement nieublés, avec de grands tapis à la maniere du Levant.

Les étrangers, qui font adinis à faluer le roi, font obligés de quitter leurs fouliers: on le falue à genoux en baifant trois fois la terre. Mais les fujets du prince ne paroisfent jamais devant lui que les pieds nuds. On le voit vêtu d'une longue robe de foie brodée d'or, & ceint d'une espéce d'écharpe de toile de coton très-fine. Il a fur la tête un turban blanc. Il ne paroît jamais en public que le vifage couvert d'une gaze de foie de plufieurs couleurs. Il va à la promenade régulierement le mercredi & le famedi. Les autres jours il tient fon confeil, & s'applique à rendre juftice à fes fujets, dont il ne laiffe aucun crime impuni. Aussitôt qu'un criminel eft arrêté, on le préfente au juge, qui l'interroge & le condamne à mort, s'il eft coupable. La fentence s'exécute fur le champ: on prend le criminel, on le renverfe par terre, & on le frappe fur la poitrine à grands coups de bâton, jusqu'à ce qu'il expire.

Tout eft à grand marché à Sennar. Un chameau ne coute que fept à huit livres, un bœuf cinquante fols, un mouton quinze & une poule un fol. Il en eft ainfi à proportion des autres denrées. Le pain de froment n'eft pas du gout de ces peuples: ils n'en font que pour les étrangers. Celui dont ils fe fervent eft d'un grain appellé Dora. Ce pain eft bon, quand il eft frais; mais après un jour il eft infipide, & on ne peut en manger. Les marchandifes de ce pays font les dents d'éléphant, le tamarin, la civette, le tabac, la poudre d'or, &c. On tient tous les jours des marchés où l'on vend les esclaves. On en a un des plus forts & des plus robuftes pour dix écus.

La monnoie la plus baffe de ce royaume vaut un double de France. Le fadda eft une monnoie d'argent fort mince, & moins grande qu'un denier : elle vient de Turquie, & vaut un fol marqué. Outre ces deux monnoies, on ne fe fert que de reaux & de piaftres d'Espagne, qui doivent être rondes. Les piaftres valent environ quatre francs en ce pays.

Les chaleurs de Sennar font fi infupportables, qu'on a peine à respirer pendant le jour. Elles commencent au mois de janvier, & finiffent à la fin d'avril. Elles font fuivies de pluyes abondantes, qui durent trois mois, qui infectent l'air & caufent une grande mortalité parmi les hommes & parmi les animaux.

Ces peuples font naturellement fourbes & trompeurs, fuperftitieux & fort attachés au mahométisme. Leur boisfon ordinaire eft une espéce de biere. Ils ont auffi l'ufage du café, quoiqu'on ne s'en ferve pas en Ethiopie. Les femmes de qualité font couvertes d'une vefte de foie ou de toile de coton fort fine avec de larges manches, qui pendent jusqu'à terre. Leurs cheveux font treffés & chargés d'anneaux d'argent, de cuivre, de laiton, d'yvoire, ou de verre de diverfes couleurs. Ces anneaux font attachés à leurs treffes, en forme de couronnes; leurs bras, leurs jambes, leurs oreilles, & leurs narrines même font chargées de ces mêmes anneaux. Elles ont aux doigts plufieurs bagues, dont les pierres ne font pas fines. Toute leur chausfure confifte en de fimples femeles, qu'elles attachent aux pieds avec des cordons. Les femmes & les filles du commun ne font couvertes que depuis la ceinture jusqu'aux genoux.

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Les marchandifes qu'on porte au royaume de Sennar, font des épiceries, du papier du laiton, du fer, du fil d'archal, du vermillon, du fublimé, de l'arfenic blanc & jaune, de la quincaillerie, du fpica de France, du mahaleb d'Egypte, qui eft une graine d'une odeur forte, des couteries de Venife, qui font des espéces de chapelets de verre de toutes couleurs, & enfin du noir à noircir, qu'ils appellent kool, & qui eft fort eftimé dans ce pays; parce qu'on s'en fert pour noircir les yeux & les fourcils.

Les marchands de Sennar font un gros commerce du côté de l'Orient. Au tenis de la mouçon, ils s'embarquent à Suaquen, fur la mer Rouge. Ils portent l'or, la civette &

les dents d'éléphant, & rapportent les épiceries & les autres marchandifes des Indes. Ils employent ordinairement deux ans à faire ce voyage.

Lorsque le roi de Sennar eft mort, le grand confeil s'affemble, & fait égorger tous les freres du prince qui doit monter fur le trône.

Tout le pays qu'on trouve depuis le Caire jusqu'à Dongola, & même jusqu'à celui de Sennar, est fort agréable; mais il n'a qu'environ une lieue de largeur; ce ne font audelà que des déferts affreux. Le Nil paffe au milieu de cette délicieufe plaine. Les bords en font hauts & élevés, ainfi ce n'eft point l'inondation de ce fleuve, qui caufe comme en Egypte, la fertilité de cette campagne, mais l'industrie & le travail des habitans, qui conduifent de l'eau dans des réservoirs, d'où ils les tire enfuite, quand ils en ont befoin pour arrofer leurs terres, qui feroient ftériles & incultes fans ce fecours.

On ne fe fert point d'argent en ce pays-là pour le commerce. Tout s'y fait par échange comme dans les premiers tems. Les habitans de Sennar font forts & robuftes.Les chevaux font très-beaux, & on y eft fort habile à les dreffer au manege. Les perfonnes de qualité ont la tête nue, & les cheveux treffes allez proprement. Tout leur habit confifte dans une espèce de vefte aflez mal-propre & fans manche, & leurs chauffures dans une fimple femelle, qu'ils attachent avec des courroyes. Les gens du commun s'enveloppent d'une pièce de toile, qu'ils mettent autour de leurs corps. Les enfans font presque nuds. Les hommes portent partout une lance; ceux qui ont des épées les portent pendues au bras gauche. Les juremens & les blasphemes font fort communs parmi ces peuples groffiers, qui d'ailleurs font fi débauchés, qu'ils n'ont ni pudeur, ni politeffe, ni religion; car quoiqu'ils faffent aujourd'hui profeffion du ma. hométisme, ils n'en favent que la profeffion de foi, qu'ils répétent à tous momens : ( Il n'y a qu'un feul Dieu & Mahomet eft fon prophéte :) fur-tout quand ils voyent des chrétiens. Il n'y a pas encore long-tems, que ce pays n'eft plus chrétien. On trouve encore quantité d'église & d'hermitages à demi-ruinés.

Les habitans du royaume de Sennar ou de la Nubie, ont le nez écrafé, les lévres groffes & le vifage fort noir. SENNATES, peuples de la Gaule Aquitanique, felon Pline, 1. 4, c. 19.

SENNĖ, Senna, riviere des Pays-Bas. Elle prend sa fource dans le Hainaut, entre le Roeulx & Soignies, près du village nommé l'hermitage : delà elle coule à Soignies, d. à Homes, d. à Steinkerque, g. à Kenaft, g. à Tubife, g. à Halle,g. à l'abbaye de Werft, d. à Bruxelles, à Haren, d. à Vilvorde,à Wert, g. paffe à demi-lieue de Malines, qu'elle laisfe à la droite, à Heffein ; & delà elle va fe perdre dans la Dyle, au-deflus du château de Battelbroeck, à une grande lieue au-deflus de Malines.

SENNEN OU SENNHEIN, connu des François fous le nom de Cerney, petite ville du Sungaw, fituée fur la Thur, au pied des montagnes de Vofge, à fept lieues de Betfort, & à trois de Mulhaufen. En allant de Betfort à Cerney, on paffe au travers d'une grande plaine fablonneufe, que les Allemands nomment Ochsenfeld, fameuse par la victoire que remporta en 1638 le duc de Saxe Weymar, fur le duc Charles de Lorraine, mais plus encore par la glorieufe retraite que fit ce dernier, que le grand Condé égaloit à la plus fignalée de ses victoires. Supplément au manuscrit de la bibliotheque de M. de Corberon, premier préfident au conseil fouverain d'Alface.

*

SENNO, felon Corneille, Dict. & SINO, felon Magin, Atlas, Ital. Corneille ne s'accorde guère mieux avec Magin, pour le cours de cette riviere que pour le nom. 11 dit: Senno, riviere d'Italie, qui a fon cours dans le royaume de Naples, en latin Siris ou Ciris. Il ajoute : elle a fa fource aux confins de la haute Calabre, d'où coulant dans la Pouille par la Bafilicate elle baigne Grumento, & fe rend dans le golfe de Tarente, près de la tour de Saint-Bafile, à huit milles de Turfi, du côté de l'Orient.

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Selon Magin, le Sino a fa fource dans la Bafilicate, & dans l'Apennin, aux confins de la Calabre, & prenant fon cours vers l'orient feptentrional, il baigne Latronico, Episcopia, Francavilla, Clarimonte, Colobraro ; après quoi, grofli de divers ruiffeaux, il va fe jetter dans le golfe de Tarente, près de la tour de Saint-Bafile.

SENNONES. Voyez SENONES. SENOESSANI. Voyez SINUESSA. SENOGALLIA. Voyez SENA-GALLICA. SENONCHES, Senones Celfi, bourg de France, dans le Perche, élection de Verneuil, avec titre de principauté. Ce bourg qui eft fort peuplé eft la feconde place de la partie du Perche, que l'on appelle terres démembrées ou pays de Thimerais. C'eft un bailliage qui reffortit au prédial de Chartres. La forêt de Senonches eft fituée entre le bourg de la Ferté-au-Vidame, celui de Senonches, & les grandes forges de fer de Maillebois, dans l'élection de Verneuil. Cette forêt peut avoir fix à fept lieues de

tour.

SENONGES, bourg du duché de Lorraine, au bailliage de Vosge, office de Darnay. Il y a deux églifes paroiliales: la principale qui fe trouve au milieu des champs, eft fous le titre de S. Vincent, & on l'appelle communé ment l'église des Abbeffes; l'autre a été bâtie dans le bourg, pour la commodité des habitans. Il y a une chapelle en titre fous l'invocation de S. Nicolas.

1. SENONES, peuple de la Gaule Celtique ou Lyon. noife, vers l'embouchure de l'Yonne. Strabon écrit Eevares & Prolomée Zivores. Cette derniere ortographe eft apparemment la meilleure; car les poëtes Latins font dans Senones la feconde fillabe breve. Silius Italicus, lib. 8, V. 454, dit:

Et Clanis & Rubico & Senonum de nomine Sena.

Et dans Sidonius Apollinaris, Panegyr. Majoriani, v. 82,

On trouve

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Sed reppulit unus

Tum quoque totam aciem, Senones dum garrulus Anfer
Nuntiat, & vigilat veftrum fine milite fatum.

Prolomée, 1. 2, c. 8, nomme leur capitale Agendicum. Voyez ce mot.

2. SENONES, peuples d'Italie, dans la Gaule Cispadane, fur le bord de la mer Adriatique. Ces peuples Gaulois d'origine ne s'étoient point avifés de paffer les Alpes, aux quatre premieres migrations des Gaulois fous Bellovèfe. Ils n'y penferent qu'environ deux cents ans après, à la follicitation d'Aruns, qui voit fe venger de Lucumon. Celui-ci parmi tous les peuples de la Gaule Celtique, choi fit les Sénonois, peut-être parce que leur pays étoit moins épuité d'hommes, puisque les Sénonois n'avoient point fuivi Bellovèfe. Il leur vanta l'abondance dont ils jouiroient en Italie, & leur fit goûter du vin qu'il en avoit apporté. Les Sénonois le déterminerent à le fuivre, & leur armée fut très-nombreuse. Après avoir paffé les Alpes, ils allerent fe jetter fur l'Umbrie, qui n'avoit encore été que peu entamée. Ils s'y établirent, felon Polybe & Tite-Live, depuis l'Utens jusqu'à l'Æfis, & depuis la mer Adriatique jusques vers l'Apennin. Ils mirent environ fix ans à cet établillement. Au bout de ce tems, & dans l'année de Rome 362, Aruns les conduifit devant Clufium, pour affiéger cette place où fa femme & fon raviffeur s'étoient enfermés. Les Romains inquiets du voifinage de ces peuples, offrirent de terminer le différend à l'amiable par leur médiation. Cette médiation fut rejettée. Les amballadeurs Romains, de pacificateurs étant devenu ennemis, les Sénonois qui s'en apperçurent en envoyerent demander juftice à la république; & comme elle refufa de leur donner la fatisfaction qu'ils exigeoient, ils marcherent droit à Rome. Ils défirent l'armée romaine, & entrerent quelques jours après dans Rome, qu'ils pillerent & réduifirent en cendres, à l'excep. tion du capitole, qu'ils tenterent inutilement d'emporter, & dont la réfiftance facilita aux Romains le moyen de chasfer à la fin leurs ennemis. Environ cent ans après cette gran de expédition, les Sénonois furent, felon Strabon, I. 5, exterminés par les Romains ; mais Polibe, 1. 2, plus exact dans cet endroit que Strabon, dit qu'ils furent chaffés du pays qu'ils occupoient par M. Curius Dentatus, conful avec P. Cornelius Rufinus, l'an de Rome 463. Ce ne fut que fept ans après, à ce que nous apprennent Polybe, Denys d'Halicarnaffe, & Florus, que les Sénonois furent exterminés par le conful Dolabella. Dès le confultat de M. Curius Dentatus ils avoient perdu la plus grande partie de leurs

pays, depuis l'Elis jusqu'au Rubicon, & les Romains avoient envoyé une colonie à Sena-Gallica, aujourd'hui Sinigaglia. Ils occupoient le refte du pays depuis le Rubicon jusqu'à l'Utens, lorsque P. Cornelius Dolabella les défit fur les bords du lac de Vadimon en Etrurie.* Plut. in Camillo. Tite Live, 1. S.

3. SENONES, bourgade du duché de Lorraine, au diocèle de Toul, dans la principauté de Salmes. Elle doit fon origine & fon nom à l'abbaye de Senones, autour de laquelle elle s'eft formée depuis la fondation de cette abbaye dont elle dépend. Il y a deux cures : l'une qui garde le nom du lieu, & l'autre qui eft fous le titre de SaintJean.

4. SENONES, abbaye du duché de Lorraine, au diocèle de Toul, dans la principauté de Salmes. C'est une abbaye d'hommes, de l'ordre de faint Benoît, congrégation de faint Vanne & de faint Hydulphe. Elle reconnoît pour fon fondateur faint Gondelberd, évêque de Sens, qui fe retira dans ce pays dans le huitiéme fiècle. Il jetta dans ce défert les fondemens de cette abbaye, fous le regne de Childeric I, roi d'Auftrafie. Ce prince lui donna le terrein, avec les droits de haute, moyenne & baffe justice. La haute juftice vint au pouvoir des comtes de Salmes en 1573 ? avec la plus grande partie des rentes & des revenus, qui font à préfent partagés entre le duc de Lorraine & le prince de Salmes. Le refte de l'abbaye fut féparé en 1602, en deux manfe: l'abbatiale, qui eft de fix mille cinq cents livres, & la conventuelle qui va à trois mille cinq cents.

SENONNE, bourg de France, dans l'Anjou, élection d'Angers.

SENONOIS, pays de France, le long de la riviere d'Yonne, faifant partie du grand gouvernement de Champagne. Ce fut en partie la demeure des anciens Senones peuples puiffans de la Gaule Celtique, dont Céfar, Com.

dit: Civitas imprimis firma, & magna inter Gallos autoritatis. Il faut remarquer en paffant que civitas, dans Céfar, fe prend très fouvent, de l'aveu des favans, pour le peuple dépendant d'un pays. Ainfi les Senones, au jugement de Célar, avoient une valeur qui les accréditoit beaucoup parmi les Gaulois. Les Senonois étoient néanmoins in fide

duorum, ce qu'il faut entendre d'une espèce de ligue offenfive & défenfive qui étoit entre ces peuples. Mais comme l'ancienne étendue eft impénétrable, il faut fe contenter de celle de nos jours, qui ne va pas d'un côté jusqu'à Joigny, & de l'autre va beaucoup au delà. Ceux qui voudront s'en tenir à quelque chofe de vraisemblable fur l'étendue du pays Senonois, dans le tems qu'il a été poffédé par des feigneurs particuliers, pourront avoir égard à ce qui étoit de la dépendance des anciens comtes de Sens. Pour éviter le fabuleux, il eft bon de ne pas pouffer plus loin les bornes de ce pays. Les Sequaniens & les Senonois étoient deux peuples diftingués; & pour peu qu'on life Florus avec attention, on verra qu'il ne confond point ces deux peuples. Cet historien dit, d'une maniere fort claire, que les Sénonois étoient des peuples de la Gaule,qui étoient venus s'établir entre les Alpes & le Pô. Ainfi une colonie des Senonois, ou les Seronois domiciliers, doivent encore être diftingués. Voici comme s'explique Florus, l. 1, c. 13, Hi, id eft Senones Galli, quondam ab ultimis terrarum oris, & cingente omnia Oceano, ingenti agmine profecti, quum jam media vastassent pofitis inter Alpes & Padum fedibus, ne his quidem contenti, per Italiam vagabantur. Florus, dans un autre endroit, asfure que cette colonie fut entierement détruite par la valeur des Romains.

SENOUILLAC, bourg de France, dans le haut Languedoc, recette d'Alby. Il eft affez confidérable.

SENONUM.ORA. Pline en parle ; & les difficultés ont befoin d'être éclaircies par une petite differtation, que nous donnerons dans la fuite.

SENOS, ville d'Egypte, felon Etienne le géographe, qui cite Hecathée.

1. SENS, ville de France, dans la Champagne, au Senonois, à côté de la riviere d'Yonne, dans l'endroit où cette riviere reçoit la Vanne, à vingt-cinq ou vinge fix' lieues de Paris, & environ à quatorze d'Auxerre. Sens eft fituée fur le penchant d'un côteau, qui regarde l'occident en forme d'ovale, dont le grand diamétre eft de l'est á l'oueft. Elle a quatre grands fauxbourgs, dont un eft dans une ifle que fait l'Yonne à l'occident. Au couchant elle a une chaîne de côteaux fort élevés, qui rendent sa commu

nication difficile avec le Gatinois. Les vignes en font excellentes.

Après Beauvais, Sens eft la plus peuplée de la généralité de Paris. Il y a deux ponts fur l'Yonne qui menent au Gatinois. Elle étoit la capitale du peuple Senonois. Son ancien nom eft Agendicam. On trouve d'anciens monumens qui la nomment aufli Agetineum, Agredineum, ou Agenniacum, comme on peut le voir par un vieux fragment d'inscription.Peut-être que ce dernier eft le vrai nom,& que les autres en font des corruptions. Son nom d'Agendicum fe perdit peu à peu,& fit place infenfiblement à celui de Se nones. En forte qu'il eft arrivé à ce nom la même chofe qu'à ceux de presque toutes les villes feptentrionales des Gaules, qui ont perdu leur vrai nom pour prendre celui des peuples dont elles étoient les capitales. Le nom de Senones s'eft enfuite corrompu en celui de Sennis, d'où eft venu le nom de Sens. Cette ville étoit célébre dès le tems de Céfar. L'empereur Julien l'Apostat n'étant encore que Célar, foutint un fiége dans Sens contre les Allemands. L'enceinte de Sens n'eft pas à préfent la même qu'autrefois : elle n'eft formée que depuis que le paganisme en a été entierement banni. On y voit même des fragmens d'inscriptions de temples païens, ce qui donne lieu de penfer que Sens païen n'eft pas au même endroit que Sens chrétien. Vers l'an 940, elle étoit au pouvoir de Hugues le Grand, duc de France, qui en commit le gouvernement à un feigneur nommé Frotmond. Après la mort du duc Hugues, le comte Rainard fe rendit feigneur propriétaire de cette ville, qu'il laisfa à fon fils Frotmond, & celui ci à fon fils Rainard II, qui ayant commis plufieurs violences contre l'archevêque Leotheric, obligea le roi Robert en 1015, à confisquer fur lui ce comté, qu'il réunit à la couronne, après avoir pris la ville le 10 des kalendes de mai de cette année.

Saint Savinien ou Sabinien, & faint Potentien fon compagnon, font les apôtres de Sens. Saint Savinien en eft le premier évêque. L'auteur moderne de l'histoire, encore manuscrite des archevêques de Sens, place la prédication de faint Savinien & de faint Potentien avant le milieu du troifiéme fiécle, & leur martyre dans le tems de la perfécution de Valerien, vers l'an 253 ou 254. Le pere de Tournemine, après avoir examiné les raifons de cet auteur, les a fort approuvées. On ne fait point en quel tems la cathédrale de Sens fut érigée en métropole ; il eft certain qu'elle étoit décorée de ce titre dès l'an 472. De Marca en place l'origine du tems de l'empereur Gratien, vers l'an 380. Il eft certain que depuis ce tems ce fiége eft un des plus confidérables, & a presque toujours été rempli par des hommes illuftres, foit par leur fainteté, foit par leur naiffance, foit par les grands emplois, foit par le favoir ou le mérite perfonnel. Depuis faint Savien on compte plus de cent neuf prélats de Sens. En 769, dans le concile de La tran, qui a été donné au public depuis quelques années par l'abbé Cenni, Villicaire, archevêque de Sens, y eft qualifié d'archevêque des Gaules, & il eut le rang immédiatement après le député de l'archevêque de Ravenne, avant les archevêques & évêques d'Italie & des Gaules. Charles le Chauve obtint du pape Jean VIII, la primatie des Gaules & de Germanie en 876. Les évêques de France, affemblés à Pontyon, défapprouverent cette élévation de l'églife de Sens. Cependant les archevêques de cette églife ont joui de cette prérogative pendant deux cents ans. En 1079, le pape Grégoire VII confirma à l'archevêque de Lyon la primatie fur les quatre provinces Lyonnoifes, qui font Lyon, Rouen, Tours & Sens. Les archevêques de Sens ont effayé plufieurs fois de revenir contre cette conceffion. Mais Charles de Bourbon, cardinal & archevêque de Lyon, ayant porté la décifion de ce procès à l'affemblée provinciale, celui de Sens, pour lors de la maifon de Melun, s'y laiffa condamner par défaut, & depuis ce jugement, qui n'eft point définitif, la primatie des Gaules eft demeurée provifionellement à l'archevêque de Lyon, celui de Sens n'a confervé que le titre de primat des Gaules & de Germanie. Il avoit autrefois pour fuffragans les évêques de Paris, de Chartres, de Meaux, d'Auxerre, d'Orléans, de Troyes, de Nevers; mais depuis l'érection de l'évêché de Paris en archevêché, il ne refte à l'archevêque de Sens, pour fuffragans, que les évêques de Troyes, d'Auxerre & de Nevers; & pour l'indemnifer de ce démembrement, on a uni à fon archevêché l'abbaye du mont Saint-Martin en Picardie, qui vaut plus de douze mille livres de rente. Le brevet du roi, pour Tu

nion de cette abbaye, eft du 13 mai 1664; elle a été faite à la charge que toutes les fois que le fiege archiepiscopal fera vacant, le chapitre aura une année du revenu de cette abbaye, pour l'indemnifer du profit qu'il tiroit des fuffragans qui ne font plus de cette métropole, foit par les chapes que les évêques devoient lors du ferment, foit pour le feau de l'officialité & du fecrétariat pendant les vacances du fiége. Sur cette annate l'archidiacre de Sens a droit de prendre mille livres pour le dédommager du droit d'un marc d'or que les mêmes évêques fuffragans lui devoient lorsqu'il alloit les mettre en poffeflion de leurs fiéges épiscopaux. C'eft aufli lui qui met l'archevêque lui même, & les abbés de fon archidiaconné, en poffeffion, & il a pour cela un marc d'or pour chacun des actes d'intronization, & deux marcs d'argent pour les chanoines qui lui fervent de témoins. Il a encore le droit d'avoir un official, & une jurisdiction permanente, & non pas tranfitoire, in curfu vifitationum, comme les autres archidiacres, ce qui eft fingulier, & en même tems très-ancien.

L'archevêché de Sens vaut environ foixante & dix mille livres de revenu. Ce diocèfe eft fort grand, & s'étend du côté du gouvernement de Champagne, & fort avant dans l'Orléanois, le Gatinois, la Brie, la vallée d'Aillant, en forte que les villes d'Etampes, de Lorriz, de Montargis, de Nemours, de Milly, de Châtillon fur-Loire, de Fontainebleau, de Melun, de Provins, de Bray-fur-Seine, de Joigni, de Saint-Florentin, de Crui-le-Châtel, & plufieurs antres en font : il s'étend fort près de Paris. Hyeble & Guines y font compris. Suivant le Pouillé, il y a sept cents foixante-fix cures, tant féculieres que régulieres; vingt-fix abbayes, tant d'hommes que de femmes, en ne comptant point celles dont les manfes conventuelles font fupprimées ou unies à d'autres; onze chapitres, fans compter celui de la métropole. Dans la feule ville de Sens il y a feize paroiffes, & des feize curés il y en avoit treize qui étoient qualifiés prêtres cardinaux, lesquels, vêtus facerdotalement, affistoient l'archevêque à la meffe, officiant pontificalement dans fa métropole. Sous M. de Gondrin cela s'obfervoit encore les grandes fêtes; mais à préfent ce n'eft plus que le jeudi faint, pour les faintes huiles, & à la fête-Dieu, pour porter le dais à la proceffion du matin. Le jeudi faint les douze doyens ruraux du diocèfe fe trouvoient à la métropole, mais ils n'y viennent plus.

Le chapitre de l'églife de Sens eft compofé de cinq dignités; l'archidiaconé de Se, la tréforerie, le doyenné, la préchanterie & la célérerie; de quatre perfonnats, qui font les archidiaconés de Gatinois, de Melun, de Provins & d'Etampes ; de trente & un canonicats, & quatorze femi-prébendes, &c. Les dignités d'archidiacre de Sens & de tréforier, les perfonnats, & tous les canonicats, font à la nomination de l'archevêque. Le doyen, le préchantre & le célérier font électifs par le chapitre, & confirmatifs par le pape. Les deux hautes vicairies dépendent du chapitre, qui a auffi la préfentation des quatorze femi-prébendes, à la réferve d'une, qui dépend du tréforier. Il y a quatre de ces femi-prébendes qui donnent l'entrée au choeur, & les droits des capitulans: on appelle les pofleffeurs de ces bénéfices chanoines de Sens à l'autel de Notre-Dame. Ces bénéfices ainfi que les neuf autres dépendants du chapitre, font des tinés pour les enfans de chœur, ou pour ceux qui ont fervi à la métropole en qualité d'habitués. Ils ne peuvent être réfignés.

L'églife métropolitaine de Sens a la garde gardienne, comme on l'appelle; ce droit eft très-ancien, & on en voit des traces dans un diplome de Louis le Débonnaire, donné en 827, on le trouve enfuite en ufage fous le roi Philippe le Bel, & enfuite il a été confirmé de regne en regne fans interruption. C'est le privilége par lequel le chapitre en corps, & tous les chanoines de Sens, peuvent attirer au bailliage leurs affaires, même les perfonnelles, qui font nées dans le diocèle de Sens, & au plus prochain bailliage royal les affaires nées au dehors de ce diocèfe. Ce qu'il y a en cela de fort fingulier, eft le droit qu'ont d'en ufer les chanoines pour leurs biens particuliers. Le fecond privilége eft celui de Committimus aux requêtes du palais ou de l'hôtel. Celui-ci n'eft que pour les affaires qui concernent la manfe du chapitre, & les biens capitulaires. Il eft du roi Henri II, accordé au mois de novembre 1548, & renouvellé de regne en regne fans interruption jusqu'aujourd'hui. Le troifiéme eft celui de la robe rouge, que portent aux

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