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de fexes, du dîner, & de nones. L'hiver le travail eft précédé de la meffe conventuelle, & on dit nones avant le dîner. Pendant l'été ils difent vêpres à deux heures & demie avant le travail, & en hiver ils les difent à quatre après le travail. Les dimanches & les fêtes elles fe difent à quatre heures en quelque tems que ce foit. En été ils difent vêpres à fix heures & demie, & en hiver à cinq trois quarts. Tous les famedis au foir, immédiatement avant la lecture des Complies, on lave les pieds à tous les religieux, & pendant cette cérémonie qui fe fait l'été dans le cloître," & l'hiver dans le chapitre, on chante quelques répons. Avant complies, on fait tout haut une lecture fpirituelle qui dure un quart d'heure ; & après complies, il y a un autre quart-d'heure de méditation. Il fe fait auffi la nuit une demi-heure d'oraifon entre les laudes de l'office de la Vierge & les matines du jour, de forte que l'on peut dire que toute la vie de ces folitaires n'eft qu'une oraifon continuelle. D'ailleurs entre les intervalles qui fe rencontrent entre les divers exercices de la journée, ils vont à l'églife adorer le faint Sacrement, & continuer leur méditation. Le pain qu'on leur donne eft de farine dont on n'a ôté que le gros fon, & où il entre beaucoup plus de feigle que de froment. Ils ont pour tout le jour dix onces de vin, partagées en deux portions égales. C'eft la véritable hemine de fant Benoit fi diverfement interprétée dans fon ordre. On leur donne à dîner un potage d'herbes où il n'entre que du fel pour tout affaifonnement, un plat de légumes & un autre de racines. Depuis Pâques jufqu'à la fête de l'exaltation de la Croix, on leur fert quelquefois une tranche de beure qui tient la place de cette feconde portion. Le fel, un peu d'huile de noix ou de navette, fait le feul affaifonnement de ces mets fimples, & tels que la terre de leurs jardins les fournit. Les jours qu'ils foupent, ils ont un morceau de fromage & une falade pour leurs deux portions, ou un plat de racines & un autre de lait crud. La collation des jours de jeûne de la regle, eft de quatre onces de pain & un peu de fruit; celles des jeunes de l'église est feulement de deux onces de pain fans fruit. En tout tems ils ont à deffert des fruits cruds, cuits, ou fecs.

Chaque religieux a fa cellule, & il n'y entre qu'aux heures deftinées au fommeil. Elle eft meublée d'un lit compofé de deux planches mifes fur deux treteaux, d'une paillaffe piquée, d'une traver fin de paille longue, & de deux couvertures. Il y a auffi une chaife de bois, une table, quelques images, & un benitier. Le dortoir entier n'eft éclairé que par une feule lampe. L'abbé, & en fon abfence, un des fupérieurs fubalternes, tient le chapitre des coulpes trois fois la femaine. On s'y accufe des fautes qu'on a commifes contre la regle, & l'on accufe avec un efprit de charité les autres qui y font tombés, & qui ne fongent pas à s'en accufer. Le fupérieur ordonne des peines proportionnées aux fautes, comme de baifer les pieds des freres, de manger à terre ou à genoux, de demeurer profterné fur le feuil de l'églife ou du réfectoire, dans le tems que les religieux y entrent. Le travail eft de trois heures par jour, une heure & demie le matin, & autant l'après-dinée. Tant qu'il fait beau, on s'occupe au jardin à bêcher, farcler, émonder, tailler les arbres, planter, femer, cueillir les légumes & les fruits. Si le mauvais tems ne leur permet pas de travailler à la terre & à découvert, ils demeurent dans leurs chauffoirs, ou ils s'appliquent à tailler du chanvre, à éplucher des légumes, à piquer des couvertures pour les lits, finon ils tirent le fumier des étables, fcient du bois ou font des fagots. On fait des conférences fpirituelles trois fois la femaine. Les religieux y parlent chacun à fon tour, & n'y difent précisément que ce qu'ils ont lû dans les livres de piété qu'ils reçoivent des mains de l'abbé. Ils le diffent fimplement, fans citer les pallages autrement qu'en François, & fans y mêler leurs propres penfées. On a un fort grand foin des malades, & ils reçoivent tous les foulagemens qu'on peut leur donner, fans bleffer la pauvreté & la mortification. On leur accorde l'ufage du poiffon & des œufs, & même de la viande, quand la maladie eft confidérable. Les convers qui ont chacun leur emploi, font l'oraifon le matin, & entendent la meffe, affiftent à une partie des complies & finiffent la journée par l'oraifon. Les dimanches & les fêtes ils fe trouvent à tout l'office, à l'exception des matines, dans un chœur féparé de celui des religieux.

1. SEPT-FONTAINES, abbaye de France, en Cham

pagne, au diocèfe de Langres. Elle eft fituée à quatre lieues de Chaumont en Baffigny, vers le nord, fur la riviere de Rognon, auprès de Monteclair. Elle eft de l'ordre de prémontré & de la réforme. Elle eft poflédée par un religieux, qui en a huit autres fous lui. Ils ont tous enfemble environ quatre mille livres de rente. Ils ont rétabli l'egite & les lieux réguliers depuis la réforme. Saint Bernard fait mention de cette abbaye dans fa lettre 253. * Baugier, Mém. Hift. de Champ. t. 2, p. 88.

2. SEPT-FONTAINES, abbaye de France, de l'ordre de prémontré en Champagne, au diocèfe de Rheims. Elle eft fituée dans la Thierache. Elle a été fondée par Hélie, feigneur de Mézieres, & Ode fon épouse, en l'année 1129. Elle vaut fix à fept mille livres de revenu, tant à l'ab bé qu'aux religieux.

1. SEPT-IŠLES, ifles de France, à deux lieues de la côte feptentrionale de la Bretagne, & à cinq de la ville de Treguier. Elles font au nombre de fept ; & c'eft delà qu'elles ont pris leur nom, qu'elles ont pris leur nom, en latin Septem Infula. Ce font celles que les anciens appelloient Siada & Hyadera.

Le Neptune François ne fait Mention que de fix, fçavoir, l'ifle de Riouzie, l'ifle melhan, l'ifle Bonne, l'ifle du Moine, l'ifle Plate, l'ifle du Cerf.

2. SEPT-ISLES, pofte de l'Amérique feptentrionale, vers l'embouchure du fleuve de Saint-Laurent, à la bande du nord. Ce pofte eft confidérable.

SEPT-MONCEL, bourgade de France, dans la Franche-Comté, che-Comté, bailliage & recette de Saint-Claude. Ce bourg eft bien peuple.

SEPT-VANS, bourg de France, dans la Normandie, élection de Bayeux.

SEPT-VOYES, ou SAINT-GEORGE DES SEPT-VOYES, bourg de France, dans l'Anjou, élection de Saumur. SEPTA. Voyez SEPTEM-FRATRES.

SEPTAQUINCI, ville de la baffe Pannonie, felon une ancienne infcription rapportée dans le tréfor de Goltzius. Ortélius foupçonne qu'on devroit divifer ce mot & écrire Sept-Aquincum.

́SEPTE, ville de l'Afie mineure, dans la Phrygie. On la trouve feulement dans les exemplaires latins de Ptolomée, l. 5, c. 2.

1. SEPTEM. Il y avoit autrefois, dit Procope, proche de Cadix, & près d'une des colonnes d'Hercule, un fort nommé SEPTEM: comme il avoit été négligé par les Vandales, & ruiné par le tems, Juftinien en répara les ruines & y établit une bonne garnifon. Il éleva au même endroit une églife magnifique en l'honneur de lå mere de Dieu; & en confacrant de la forte l'entrée de l'Empire, il le rendit imprenable. Liv. 6, des édif. c. 7, de la traduct. de M. Confin.

*

2. SEPTEM-AQUE. Voyez HEPTA-UDATA,

3. SEPTEM-ARÆ, lieu d'Espagne. L'itinéraire d'Antonin le place fur la route de Lisbonne à Emerita, entre Matufarum & Budua, à huit milles du premier de ces lieux, & à douze milles du fecond.

On croit que c'eft aujourd'hui Azumar, bourgade de Portugal, dans l'Alentejo. Voyez ce mot.

4. SEPTEM-FRATRES, montagne de l'Afrique, dans la Mauritanie Tingitane. Ptolomée, l. 4, c. 1, qui la nomme Heptadelphus Mons, la place fur la côte feptentrionale, entre Exilissa & Abyla. On lui donna le nom de fept Freres, à caufe qu'elle s'éleve en fept fommets ou pointes de même figure. Pline, l. 5, c. 2, remarque que cette montagne eft jointe à celle d'Abyla, & qu'elles dominent toutes fur le détroit de Gibraltar. Il y avoit, felon Procope, Vandal. l. 1, c. 1, dans cet endroit un fort que ceux du pays avoient appellé SEPTEM, à caufe de ces fept montagnes ou collines, & que SEPTEM fignifie Sept. L'itinéraire d'Antonin dit qu'en navigeant le long du rivage depuis Tingis jusqu'aux ports divins, on trouve à foixante milles au-deffous de Tingis le lieu nommé Ad Septem Fratres, & Abila à quatorze milles plus loin que ad Septem Fratres.* Mela, lib. 1, c. 5.

5. SEPTEM-MARIA. Le Pô fe divifoit anciennement en fept bras, qui, après avoir traverfé divers marais, alloient fe jetter dans la mer Adriatique par fept embouchures ; & ce font ces marais, felon Hérodien, 1. 8, c. 7, qu'on appelloit les Sept Mers, SEPTEM MARIA. Pline, l. 3, c. 16, parle auffi de ces fept Mers; mais on ne fauroit dire fi par Septem Maria, il entend les embouchures du Pô ou les

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marais appellés ATRIANORUM PALUDES; voici le paffage: Omnia ea flumina foffasque, primi à Sagi fecere Thusci, egefto amnis impetu per transverfum in Atrianorum Paludes, que Septem Maria appellantur.

6. SEPTEM-PAGI. Denys d'Halicarnaffe, 1. 2 & 5, appelle de la forte un champ d'Italie, dans le pays des Veïens, fur le bord du Tibre.

7. SEPTEM - PAGANI ou HEPTACOMETA. Voyez НЕРТАСОМЕТӔ.

8. SEPTEM-PEDA, ville d'Italie, dans le Picenum, felon Strabon, l. 5, p. 241, & Ptolomée, l. 3, c. 1, qui la place dans le Picenum. Frontin qui en fait une colonie romaine, ne lui donne que le titre d'Oppidum. L'itinéraire d'Antonin en marque la fituation en cet ordre, dans la route de Rome à Ancone:

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On voit par une ancienne inscription recueillie par Gruter, p. 308, no. ;, que Septempeda étoit un municipe: FLAM. PERON. MUNICIP. I. SEPTEMP. Et dans une inscription rapportée à la p. 284, no. 4, on lit: Ordo SEPTEMPEDANORUM. On veut que ce foit aujourd'hui SanSeverino.

SEPTEMTRIO. Voyez NORD. SEPTENA, ville de l'Afie mineure, dans la Lydie: le concile de Chalcédoine en fait mention.

SEPTICOLLIS, nom que l'on donna anciennement à la ville de Rome. Romulus, qui d'abord n'avoit environné de murs & de foffés que le feul mont Palatin, y ajouta le mont Tarpejus, lorsque Titus-Tatius, & les Sabins de fa fuite, eurent pris le parti de fe faire citoyens de Rome. Numa étendit encore la ville, & y joignit le mont Quirinal, où l'on avoit dreffé un temple à Romulus, fous le nom de Quirinus. Tullus Hoftilius, quand il eut transporté à Rome les Albains, après avoir détruit Albe, enferma le mont Calius dans l'enceinte de Rome. Sous Ancus Marcius, le mont Janicule, fitué au-delà du Tybre, fut joint à la ville par un pont de bois. A la vérité, le premier Tarquin s'étoit contenté de conftruire de belles pierres, au moins en partie, les murs de Rome, fans faire d'augmentation à fon enceinte. Pour Servius Tullius, non content d'achever l'ouvrage que fon prédéceffeur avoit commencé, il fit enclore le mont Esquilin & le mont Viminal, dans les nouveaux murs qu'il érigea. Ainfi Rome com mença pour lors à porter le nom fameux de Septicollis, qui veut dire une ville compofée de fept collines.

SEPTIMANCA, ville d'Espagne : l'itinéraire d'Antonin la place fur la route d'Emerita à Saragoffe, entre Amallobrica & Nivaria, à vingt-quatre milles du premier de ces lieux, & à vingt-deux milles du fecond. Merula & d'autres croyent que c'eft préfentement Simancas.

SEPTIMANIA. Voyez SEPTUMANI, BEZIERS & LANGUEDOC.

SEPTIMIA AUG. METROPOLIS. On lit ces mots fur une médaille de Sévere, rapportée dans le tréfor de Goltzius. C'étoit une colonie romaine, & la même que Leptis, à ce que croit Ortélius.

SEPTIMIACA-LIBYA. Voyez au mot LIBYA l'article LIBYA-SEPTIMIÁCA.

SEPTIMINICIA, ville de l'Afrique propre : elle eft marquée dans l'itinéraire d'Antonin, fur la route d'Affure à Thena, entre Madassuma & Tablata, à vingt-cinq milles du premier de ces lieux, & à vingt milles du fecond. C'étoit un fiége épiscopal. Voyez SEPTIMUNICIENSIS.

SEPTIMONTIUM, nom d'un lieu, felon Ortélius, qui cite Feftus. Mais Ortélius fe trompe: Feftus par Septimontium, entend une fête des Romains, qui fe célébroit au mois de décembre, & qui fe nommoit Septimontium, parce qu'on faifoit ce jour-là des facrifices fur fept

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SEPTIMUNICIENCIS, fiége épiscopal d'Afrique dans la Bizacène, felon la notice des évêchés de cette province. Cette ville eft connue fous le nom de SEPTIMUNICIA dans l'itinéraire d'Antonin, dont quelques manuscrits portent SEPTIMINITIA, & d'autres SEPTIMUNCIA. Elle eft marquée fur la route d'Affuri, à Thena, & fur celle de Tuburbum à Tacapa, & dans ces deux routes elle fe trouve entre Madaffuma & Tablata, à vingt-cinq milles de la premiere de ces places, & à vingt milles de la feconde. La notice d'Afrique fait mention de Paschafius fon évêque.

SEPTORUM-CIVITAS, ville de l'Afie mineure, dans la Lydie. Il eft parlé de cette ville dans le fixième concile de Conftantinople.

SEPTUMANI, peuples de la Gaule Narbonnoife, felon Pline, l. 3, c. 4, comme il leur donne la ville Blitera ou Biltera, on voit que ce font les habitans du diocèse de Beziers. Pomponius Mela, 1. 2, c. 5, écrit auffi SEPtu. MANI. Le pays de ces peuples eft appellé SEPTIMANIA, par Sidonius Apollinaris, par Eginhart & par Aimoin; & ce nom lui avoit été donné à caufe que la feptiéme légion y avoit eu fes quartiers.

1. SÉPULCRE,mot françois qui fignifie un tombeau,un monument, un lieu particulier deftiné pour y mettre un corps mort. Il répond aux mots latins Sepulcrum, tumulus, monumentum. On ne le dit proprement dans l'ufage ordinaire qu'en parlant des tombeaux anciens.

La plupart des fépulcres des Hébreux, étoient creulés dans le roc: par exemple, celui qu'Abraham acheta pour y mettre Sara. Ceux des rois de Juda & d'Israël, & celui où notre Sauveur fut mis au mont Calvaire. Quelquefois auffi ils étoient en pleine terre & hors des villes, dans des cimetieres deftinés pour cela. Pour l'ordinaire on mettoit quelque pierre taillée ou autre chofe par deffus le tombeau, pour avertir qu'il y avoit là une lépulture, afin que les paffans n'en approchaffent pas. Ligtfoot montre que tous les ans au is de février, on avoit foin de reblanchir les fépulcres. * Genef. 23, 4, 6.

Les Païens ont auffi toujours regardé le foin des fépulcres comme un devoir de religion; & l'histoire en fournit quantité d'exemples. Les terres deftinées aux fépulcres, étoient regardées comme facrées. Les pyramides étoient bâties pour fervir de fépulcres, & ceux qui y fouilloient ont été odieux à toutes les nations, & on les puniffoit trèsféverement. C'étoit pour fe confoler de leur mortalité que les Egyptiens fe bâtiffoient des maisons éternelles, comme ils avoient accoutumé d'appeller leurs fépulcres, au lieu qu'ils n'honoroient leurs palais & leurs maisons, que du titre d'hôtelleries, pour le peu de tems que nous demeurons en cette vie, en comparaison du féjour que nous faifons dans le fépalcre.

Perpetuas fine luce domos mors incolit atra,
Eternosque levis poffidet umbra Lares.

Ce n'étoit pas affez que les plus fameux des Païens euffent témoigné par leur conduite que la vanité étoit le grand mobile de leurs actions, s'ils ne l'euflent encore fait revivre après leur mort. Les maufolées, les obélisques & les monumens fuperbes qu'ils fe faifoient dreffer en font des preuves éternelles. C'eft une belle chofe, difoit une reine, dans l'hiftoire d'Hérodote, d'être honorée après la mort d'un magnifique monument, qui foit un témoignage de notre gloire à la postérité. Varron parle d'un barbier nommé Licinus qui eut l'ambition d'avoir un tombeau de marbre.

Marmoreo Licinus Tumulo jacet ; & Cato, parvo:
Pompeius nullo; credimus effe Deos!

La pyramide de Ceftius qui fubfifte encore à Rome, & qui avoit au-dedans une chambre peinte par un très-bon maître ancien, n'eft que le tombeau d'un particulier. Les gens de qualité avoient des voutes fépulcrales, où ils plaçoient les cendres de leurs ancêtres, & on en a trouvé autrefois à Nismes une femblable avec un riche pavé de marqueterie, qui avoit tout à l'entour des niches dans le mur, où étoient rangées dans chacune des urnes de verre doré, remplies de cendres. Il y avoir peu de tombeaux dans Rome, parce que les loix de la république, renouvellées par plufieurs empereurs, défendoient qu'on enterrât les morts

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dans la ville, & on bâtiffoit les fépulcres fur les grands chemins les plus fréquentés, comme fur le chemin qui conduifoit à Brundufe, dit Via Appia, ou fur le chemin d'Appius, fur le chemin de Flaminius, ou fur le chemin Latin, où étoient les fépulcres des Collatins, des Scipions, des Serviliens, & des Marcels, & cela pour faire fouvenir les pasfans qu'ils étoient mortels, & les porter à l'imitation des vertus des grands hommes, qui étoient repréfentées fur ces fuperbes tombeaux, ou dans les inscriptions qu'on y lifoit. Agène Urbique fait mention de quelques autres places dans les fauxbourgs qui fervoient à bâtir des fépulcres; une nommée Culina où étoient enterrés les pauvres & les esclaves, une autre dite Seftertium, où étoient les corps de ceux que les chars faifoient mourir. Il y avoit des fépulcres de famille, & d'autres héréditaires. Les fépulcres de famille étoient ceux qu'une perfonne faifoit faire pour foi, & pour tous ceux de fa famille. Les héréditaires étoient ceux que le testateur ordonnoit pour foi & pour les héritiers, ou qu'il avoit par droit d'héritages. Les perfonnes le pouvoient réserver un sépulcre particulier où nul autre n'eut été mis. Ils pouvoient auffi défendre par teftament d'enterrer dans leur fépulcre de famille aucun de leurs héritiers. Quand on vouloit montrer qu'il n'étoit pas permis à un héritier d'être enterré en un fépulcre, on y gravoit ces lettres, qui fe trouvent encore aujourd'hui en une infinité de lieux, H. M. H. N. S. id eft, hoc monumentum hæredes non fequitur, ou ces autres H. M. ad H. N. TRANS. id eft, hoc monumentum ad heredes non tranfit; le droit de ce monument ne fuit point l'héritier : ils avoient encore une autre forte de fépulcre qu'ils nommoient d'un mot grec Keverálov, qui figniΚενοτάφιον fie un fépulcre fait en l'honneur de quelqu'un, & où fon corps ne repofe point. L'ufage de ces fépulcres vuides fut trouvé par la fuperftitieufe opinion des anciens qui croyoient que les ames de ceux dont les corps n'étoient point enterrés erroient cent ans le long des fleuves de l'enfer fans les pouvoir pafler. On élevoit un tombeau de gazon, ce qui s'appelloit injectio gleba, après quoi on pratiquoit les mêmes cérémonies que fi le corps eût été préfent. Ainfi Virgile, dans le fixiéme livre de l'Eneïde, fait paffer à Caron l'ame de Déiphobus, quoiqu'Enée ne lui eut dreffé qu'un cénotaphe, ou vain tombeau honoraire, & on mettoit deffus ces mots ob honorem ou memoria; au lieu qu'aux autres, où repofoient les cendres, on y gravoit ces lettres. D. M. S. pour montrer qu'ils étoient dédiés aux dieux manes. Quand on ajoutoit tacito nomine, c'étoit pour dire que les perfonnes dont les cendres y étoient enfermées avoient été déclarées infâmes pour quelque crime, exclues des fépulcres de la famille, & enterrées à l'écart par la permiffion du prince ou du magiftrat.

2. SEPULCRE D'ABSALON, la MAISON D'ABSALON, ou le MONUMENT D'ABSALON. On le montre à l'orient de Jerusalem, dans la vallée de Jofaphat. C'est un ouvrage magnifique, & d'ordre dorique. Il y a fix colonnes à chaque face: elles foutiennent une voute fur laquelle on voit comme une double aiguille en forme, & couronnée d'un petit chapiteau femblable à un pot à fleurs. Tout cet ouvrage eft entouré de quelques monceaux de cailloux, qui augmentent tous les jours plutôt que de diminuer; car il n'y a ni Turc, ni Maure, ni chrétien, qui paflant par-là ne jette une pierre contre ce fépulcre, avec une imprécation contre ce prince, parce qu'il fe rebella contre fon pere. On appelle ce monument le fépulcre d'Abfalon; non qu'il y ait été enfeveli; car il fut jetté dans une foffe profonde & couwerte d'une grande quantité de pierres, au lieu même où Joab lui avoit donné la mort ; mais il eft ainfi appellé parce qu'Abfalon fit ériger ce monument de fon vivant par un motif d'orgueil, & pour éternifer fon nom, comme on le voit au fecond livre des Rois, c. 18. Dixit enim, non habeo filium, & hoc erit monimentum nominis mei. Il eft probable néanmoins que ce fépulcre ou monument n'eft pas celui qui y étoit anciennement, parce que Jofeph, dans fes antiquités, écrit que c'étoit une colonne qui foutenoit une ftatue; de forte que l'ouvrage, qu'on voit aujourd'hui, doit être poftérieur, & aura fans doute été élevé fur le même lieu.* Dom Calmet, Dict. Le P. F. B. des Champs, Voyage de la Terre-Sainte, p. 439.

3. SEPULCRE DE DAVID. Ce monument, fuivant la description qu'en donnent des voyageurs exacts, cft un édifice fuperbe qui eft à préfent hors des murs de Jerufalem, mais qui étoit fans doute, tenfermé dans l'enceinte de la

ville. On entre, difent ces auteurs, premierement dans une grande cour d'environ cent vingt pieds en carré, taillée & applanie dans le rocher, qui eft de marbre : à main gauche eft une gallerie taillée de même dans le roc, aufli-bien que les colonnes qui la foutiennent: au bout de la gallerie il y a une petite ouverture par où l'on palle le ventre à terre, pour entrer dans une grand chambre d'environ vingt-quatre pieds en carré, autour de laquelle il y a d'autres chambres plus petites, qui vont de l'une dans l'autre, avec des portes de pierre qui y donnent entrée. Le toit, les portes comme le refte, leurs pivots, leurs montans, leurs montures, leur chambranle, font du même rocher, ce qu'on regarde comme une merveille; car les portes n'ont jamais été déplacées ni apportées d'ailleurs; elles ont été travaillées avant les chambres, & elles tiennent encore au rocher. Au côté des petites chambres il y a plufieurs niches dans lesquelles les corps des rois avoient été dépofés dans des cercueils de pierre. Cet ouvrage eft peut-être l'unique vrai refte de l'ancienne Jerufalem.* Thevenot, Voyages, part. 1, 1.2, c. 40. Maundrel, Voyage d'Alep à Jerusalem. SÉPULCRE D'ELISÉE. Ce fépulcre eft connu par une circonftance très-remarquable. L'année même de la mort & de la fépulture de ce prophéte, quelques coureurs Moabites étant venus faire des courfes fur les terres d'Israël, il arriva que des Ifraélites qui portoient en terre un homme, le jetterent précipitamment dans le tombeau du prophéte, pour s'enfuir; mais le cadavre n'eut pas plutôt touché le corps d'Elifée, qu'il reffuscita, & fe leva fur fes pieds. On n'eft pas d'accord fur le lieu où étoit ce tombeau. S. Jérôme, & plufieurs autres après lui, ont écrit qu'il étoit à Samarie, ou aux environs, & on préfume qu'il y fut auffi enterré. D'autres veulent qu'il ait été enterré à Abel-Meula fa patrie, d'autres au Mont Carmel. * 4 Reg. c. 13, V. 20, 21. Hieron. in Epitaph. Paula. Epiphan. seu alius, Vita Prophet. Ifidor. Doroth. Alii.

4.

5. SEPULCRE D'HELENE, (LE) reine des Adiabenes: il eft à l'occident de Jerufalem, en tirant vers le feptentrion, affez près de la porte de Damas. Plus haut que la grotte du prophéte Jérémie, & au-delà du grand chemin on voit dans un champ une cîterne, où l'on dit qu'étoit autrefois le fépulcre d'Hélene reine des Adiabènes, qui, dans cette famine épouvantable qui arriva fous l'empire de Claude, fit voir les effets de la foi chrétienne qu'elle avoit embraffée par les aumônes abondantes dont elle fecourut les Juifs. Cependant le tombeau d'une fi grande princelle n'a pu échapper à l'injure des tems: on ne fauroit pas même qu'il a été là, fi Eufebe & S. Jérôme, du vivant desquels il fubfiftoit encore, ne l'avoient marqué. Jofeph dit que de fon tems la ville de Jerufalem s'étendoit jusques-là, & jusqu'aux cavernes royales, que l'on nomme aujourd'hui les fepulcres des rois.* Le P. Nau, Voyage de la Terre-Sainte, l. 3, ch. 16.

6. SEPULCRE DE JONAS. (LE) De Cana il n'y a qu'une lieue & demie tout au plus jusqu'à Nazareth : l'on y va en montant, & en descendant toujours des montagnes. On en fait voir une à l'occident de Cana, où l'on dit que Jonas est enseveli, & l'on voit la chapelle que les Mahométans ont bâtie fur fon fépulcre. Quoique l'endroit de la fépulture de Jonas ne foit pas une chofe hors de doute, il eft pourtant allez probable qu'elle eft là. Cette opinion étant appuyée de la tradition des Hébreux fuivie par les SS. peres, & entr'autres par faint Epiphane, qui dans la vie de ce prophéte, dit en termes clairs, ejus fepulchrum in quodam urbium Geth Viculo demonftratur qui eft in fecundo milliario, Sephorim itinere quo pergitur Tiberiadem. Quelquesuns veulent qu'il foit à Mouffol, qui eft l'ancienne Ninive; & en effet les Turcs ont fait une mosquée d'une belle églife de chrétiens, où l'on voit un grand fepulcre dans lequel on dit que Jonas repofe; mais il eft plus vraisemblable que ce prophéte ayant exécuté fa commiffion retourna en ces quartiers, & quitta une ville qui n'avoit rien pour lui d'agréable. Quelques-uns, que S. Jérôme n'approuve point, écrivent qu'il eft né & enterré à Diospolis, autrement Lydde.

7.

SÉPULCRE D'ISAIE. Il est au pied de la montagne de Sion, à la gauche, en allant vers la fontaine de Siloé. C'eft un trou profond & carré qui a été fait avec le cifeau & le marteau. Il n'a maintenant aucun ornement, mais il n'en devoit pas manquer autrefois, étant le fépulcre du plus il

luftre & du plus qualifié des prophétes. * Le P. Nau. Voy. de la Terre-Sainte, l. 3, c. 13.

8.SEPULCRES DÉS JUGES : ils font à une petite lieue de Jerufalem. C'est un ouvrage digne d'être vu, & il approche de la beauté des fépulcres des rois. On dit qu'il eft fait avec moins de délicatelle, mais que le travail n'eft pas moindre : qu'on voit d'abord près du chemin la roche taillée en forme de portique : que delà on entre dans deux fales : que de celles-là on pénetre dans d'autres plus balles par des trous qui en font comme les portes: que cela forme comme trois étages de chambres & de fépulcres ; & que tout cela eft un même morceau de roche creufé avec le cifeau. On recherche de quels juges font ces fépulcres, & on voit probablement qu'ils font de ceux qui, ou du tems des Rois, ou après la captivité de Babylone, rendoient justice au peuple de Dieu. Car la plupart des anciens juges, qui eurent le gouvernement avant l'établiffement des rois, font mort loin de-là.

9. SEPULCRES DES JUIFS: ils font dans la vallée de Jofaphat, au deffous des fépulcres d'Abfalon & de Zacharie, depuis le pont qui eft proche des veftiges adorables de notre Seigneur, jusqu'au village de Siloan. Le droit qu'ils ont d'enfevelir là leurs morts leur coute bien cher. Ils payent une grande fomme pour fe le conferver, & ils en payeroient encore davantage s'il étoit néceffaire. Ils ont une fi grande paffion d'être enterrés à Jerufalem, que beaucoup y viennent mourir de tous les quartiers du monde, où ils font disperfés. On dit qu'au deffus de leur tombeau, vers le chemin qui conduit à Béthanie, eft l'endroit où Judas fe pendit. La montagne où Salomon avoit fon jardin royal s'éleve au-dellus de ces fépulcres.

10. SEPULCRE DE LAZARE. A quelque diftance, au midi de Béthanie, on voit les anciennes murailles du château de Lazare, & elles font voir par leur épaiffeur que le bâtiment étoit confidérable. C'eft près delà que Jesus-Chrift reffuscita Lazare quatre jours après fon trépas. Sainte Héléne avoit fait bâtir une riche églife fur ce fepulcre; mais elle eft aujourd'hui à demi-ruinée ; & telle qu'elle eft, les Turcs en ont fait une mosquée. Ils s'étoient obftinés pendant long-tems à n'y vouloir laiffer entrer aucun chrétien; mais dans le dernier fiécle, ils permirent aux peres recollets du couvent de Jerufalem, d'y faire une autre entrée; de forte qu'on descend aujourd'hui dans le fépulcre par un escalier de vingt-quatre dégrés, taillés dans le roc, au couchant de la mosquée. Quand on a descendu cet escalier, on entre dans une petite cellule de dix pieds en carré; & c'est le même lieu où Jefus pleura. Il y a un autel couvert de la pierre qui fermoit l'embouchure du fépulcre. Il n'eft permis qu'aux peres recollets d'y dire la melle. Vers la partie mé ridionale de cette cellule, on descend dans une allée étroite, taillée dans le roc, large de deux pieds, & longue de fix. Au bout de cette allée, on entre par un trou comme dans une petite cave, qui a huit pieds & demi en carré, & autant de hauteur. C'eft où étoit le corps de Lazare, lorsque le Sauveur l'appella, & lui ordonna de fortir de fon tombeau. Le P.F. B. des Champs, Voyage de la TerreSainte, p. 428.

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11. SEPULCRE DE MOISE. Le texte du Deuteronome, 6, dit précisément que nul homme n'a connu le lieu de la fépulture de ce fameux légiflateur.

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12. SEPULCRES DES PROPHETES, fur la montagne des Olives. En prenant fon chemin à main droite, audeffus du jardin des Olives, & retournant un peu vers la gauche, on monte au lieu où l'on dit que font les fépulcres des prophétes. Mais de quels prophétes ? Celui d'Ifaïe eft ailleurs, au-deffus du mont de Sion. Jérémie a cu le fien à Taphni, en Egypte, où les Juifs le mirent d'abord, & depuis en Alexandrie, où Alexandre le Grand le fit transporter. Son fecrétaire Baruch alla depuis en Babylone, pour confoler fes compatriotes dans leur captivité, & mourir avec eux. Ezechiel de même, après y avoir été cruellement martyrifé par les Juifs, qui lui briferent la tête fur des pierres, où ils le traînerent, ou qui l'attacherent, comme difent d'autres, à des chevaux, qui le démembrerent, fut enterré dans le tombeau de Sem, & d'Arphaxad. Daniel finit auffi fes jours en Babylone, ou d'une mort naturelle, felon la commune opinion, ou par le martyre, un certain Attalus l'ayant fait décapiter avec fes trois compagnons, comme le rapporte un vieux manuscrit de l'empereur Bafile. Ofée a eu fon fépulcre à Béhemot, dans la tribu d'Ifachar,

Joel à Bethor, Amos à Thecué; & Abdias & Elizée à Sebafte; Jonas à Geth; Michée près d'Eleutheropolis, avec Habacuc; Nahum à Begabar: la plupart des prophétes ont donc leurs fépulcres ailleurs. Mais Sophonie, Aggée, Malachie, & tant d'autres envoyés de Dieu, dont l'écriture fait mention, & qui n'ont rien laiffé par écrit, comme Gad, Nathan, Ahias le Silonite, & plufieurs autres, ont été enterrés dans cet endroit, qui porte, à cause de cela, le nom de fépulcres des prophétes. Il confifte en deux ou trois caves profondes & longues, en forme de rues, creufées dans la pierre avec le pic, le cifeau & le marteau. Il y a d'espace en espace de grand trous carrés, où l'on peut enfoncer une grande biere. Ils ne font pas tous égaux, les uns ayant plus de capacité que les autres; mais tous n'ont rien de majeftueux, ni de beau. On entre dans ces conduits fouterreins avec des flambeaux, parce qu'il n'y a point de lumiere.* Le pere Nau, Hift. de la Terre Sainte, l. 3, chap. 4.

13. SEPULCRE DE RACHEL: il fe voit fur la route. de Jerufalem à Bethleem, à cinq cents pas des ruines de la tour de Jacob, à droite du chemin. On prétend que ce fut Jacob qui fit dreffer ce monument fur le tombeau de fa femme. Quoi qu'il en foit, ce monument eft tout de pierre & de figure carrée, & orné de quatre piliers carrés, aufli de pierre, qui font autant d'arcades, qui foutiennent un petit dôme rond & bien vouté. Entre ces piliers & ces arcades eft la tombe de Rachel, haute de huit pieds, longue de fept, & large de quatre. Tout cet ouvrage eft ceint d'une clôture, qui a vingt-fept pieds de longueur, & vingtcinq & demi de largeur. Les Turcs ont un fi grand respect pour ce fepulcre, qu'ils le regardent comme une de leurs mosquées; & lorsqu'ils y paffent, ils ne manquent pas d'y faire leurs prieres. Le P. F. B. des Champs, Voyage de la Terre-Sainte, p. 338.

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14. SEPULCRÉS DES ROIS ou CAVERNES ROYALES. On les trouve du côté de l'occident de Jerusalem, prenant un peu vers le feptentrion, à un bon quart-de-lieue de cette ville. On les nomme Sépulcres des Rois, fans pouvoir dire quels rois les ont fait faire, & y ont été mis. Ce ne font pas les rois d'Ifraël, qui n'étoient pas, fans doute, enterrés dans une terre ennemie ce ne font pas ceux de Juda, qui avoient les leurs dans la ville, comme l'écriture le marque. Cela a fait juger à la plupart des favans que l'on ne donne le nom des Rois à ces fépulcres, que parce que ces princes n'en peuvent avoir de plus magnifiques, & qu'il femble que des rois feuls méritent un fi augufte monument. Mais qui empêche de dire que ce font en effet les rois de Juda qui les ont fait faire, non pas pour eux,mais peut-être pour leurs enfans? Ce font fans doute les fépulcrès des fils de David, dont l'écriture fait mention; peut-être aufli le roi Ezechias y a eu le fien, car l'écriture met fon fépulcre au-deffus de ceux-là, parce qu'ils étoient dans des chambres plus baffes & plus enfoncées; au lieu que celui du roi Ezechias étoit plus près de l'entrée de ces monumens. N'eft ce point là même qu'étoit le jardin d'Oza, & le champ où ce malheureux lévite fut frappé de Dieu, pour avoir voulu toucher l'arche ? Il étoit au moins de ce côté-là & auprès de la ville, comme eft la place où Dieu a exercé cette rigoureufe juftice. Si cela eft, on trouvera auffi parmi ces fepulcres celui de Manaffès, d'Amon fon fils, & vraifemblablement celui de fon petit-fils Jofias; & ces fépulcres feront alors les fépulcres des rois. L'écriture dit le jardin d'Oza étoit hors de Jerufalem, que Manaffés y avoit une mailon & fon fépulcre, que l'impie Amon fon fils y eut le fien, & que le plus vertueux des rois, Jofias, fut mis dans le maufolée de fes peres. La vue feule de cet ouvrage perfuade qu'il eft fait par des rois. On voit d'abord une grande place carrée, qui paroît avoir plus de trente pas de longueur, & environ autant de largeur. On l'a creusée dans une roche très-dure, à la hauteur de quinze ou vingt pieds & davantage, comme l'on peut juger de la porte par où l'on entre dans ces fépulcres, qui eft grande & presque toute bouchée de terre, & des pierres qui font tombées en ce lieu depuis tant de fiécles, & qui y tombent tous les jours. Cette place ne laiffe pas d'être encore fort basse, & en des endroits de la hauteur de plus de deux hommes: elle eft comme une vafte & profonde fale découverte au ciel, dont le pavé & les murailles ne font qu'une pierre creufée & taillée au cifeau. L'entrée de cette cour ou fale carrée eft à l'orient. C'eft une porte très-large & très haute,

que

&

où l'on descend par un chemin fort fpacieux, qui n'a pu grandes ruines de tous côtés. Au bout du village, à quarante être fait qu'en enlevant bien de la terre, & des mafles pro- ou cinquante pas de l'églife, eft une fontaine de bonne eau. digieufes de rocher. Au bout de ce chemin, & près de la Comme ce lieu eft le plus élevé de tout ceux qui font aux porte, on a fait auffi dans le même roc une cîterne d'une environs de Jerufalem, il préfente une belle vue. H eft grandeur extraordinaire; on ne fait à quel ufage. Etant comme le centre des trois tribus, d'Ephraïm, de Benjamin entré dans cette grande place, on voit au milieu de la mu- & de Juda ; mais ce qui fatisfait davantage les yeux, c'eft raille, qui eft zu midi, ce même roc coupé, taillé & creusé une grande campagne, qui s'étend au feptentrion & à l'oen forme de portique carré, avec fon architrave façonné, rient de ce village. C'est là qu'eft cette fameufe vallée felon les regles de l'architecture, & les bords des deux d'Aiolon, où Jofué vint livrer combat aux cinq rois qui côtés de ce portique, chargés auffi d'ornemens de cet art; affiégeoient Gabaon, & où il commanda au foleil & à la mais le tems en a beaucoup gâté & enlevé, & il a tant fait lune de s'arrêter. On croit communément que la montagne tomber de terre & de pierres en ce lieu, qu'on ne le voit de Samuel eft le pays natal de ce prophéte, & ce Ramaplus qu'à moitié : mais on en voit pourtant allez pour juger thaim-Sophim, dont il eft parlé au chapitre premier du du tout. Sa longueur paroît d'environ sept ou huit pas, fa premier livre des Rois. Cela femble bien fondé en l'écri profondeur de deux ou trois, & fa hauteur eft pour le moins ture, qui dit qu'il fut enterré à Ramatha, dans fa maison, de quinze pieds, à la prendre de deffous les ordures. La c'eft-à-dire, dans le pays de fa naiffance. La fignification du porte des fépulcres eft à main gauche dans ce portique, & mot favorife cette opinion. Car Ramatha ou Rama fignifie elle eft presque toute fermée de pierres & de la terre qui un lieu élevé, & Sophim une guérite de fentinelle. Ce qui font tombées; de forte qu'on ne la paffe qu'en rampant à convient parfaitement à cette montagne, d'où l'on découterre & avec peine. Elle donne d'abord entrée dans une vre un vafte pays. On lui donne le nom de Ramathain au grande chambre carrée. Le roc, dans lequel on l'a creufée Duel, parce que cette ville étoit divifée en deux parties, avec le marteau & le cifeau, eft coupé avec tant de jufteffe, dont la plus haute fe nommoit Sophim. Saint Jérôme n'est & les mesures en font fi bien prifes, qu'un ouvrage de pier- pourtant pas de cette opinion, & il met près de Lydde res de taille bien polies, dreffé avec le plomb & l'équerre, cette ville de Samuel. Voici comme il en parle : Arimatha ne feroit pas un plus bel effet. Le plancher d'en haut eft plat Sophim civitas Elcana & Samuelis in regione Tamnitica par-tout égal, & parfaitement parallèle au pavé le plus juxta Diospolim, unde fuit Joseph, qui in evangeliis ab uni & le plus droit. Le pavé de cette chambre l'eft fans dou- Arimathia effe fcribitur. Arimatha Sophim, dit ce pere, te; mais la terre empêche qu'on ne le voic. Les murailles qui eft la ville d'Elcana & de Samuël, d'où étoir Joseph, fout percées profondément en plufieurs endroits, & cha- que l'évangile témoigne être d'Arimathie, & près de Diosque couverture eft un trou carré où l'on enfonçoit le cer- polis, c'eft-à-dire, Lydde, dans la région Tamnitique, & cueil. De cette chambre l'on passe en d'autres, où les fépul- ailleurs il écrit en ces termes: Rama qua & Aarima, ubi fedit tres ne font pas égaux : il y en a de petits & de grands, Abimelech ficut in libro Judicum fcriptum eft, qua nunc appeltous faits avec un travail prodigieux, & d'une maniere fur. Latur Remphis; eft autem in Diospoleos, & a plerisque Arimaprenante. On en voit quatre ou cinq entr'autres qui font plus thaa nunc dicitur.Rama,qui s'appelle auffi Aarima,où Abimeenfoncés, & qui font comme de petits cabinets. Comme lech a demeuré comme il eft écrit dans le livre des juges, ils font parfaitement beaux, je crois qu'ils étoient pour les eft nommée à préfent Remphris; elle eft dans le diftrict de rois, & que les autres étoient pour leurs enfans, & pour les Diospolis, & la plupart aujourd'hui difent que c'eft Ariprinces & princeffes de leur fang. Le plus beau eft celui qui mathaa. L'autorité feule d'un faint fi favant, qui a visité eft dans la feconde chambre à main droite. On entre d'a- avec tant de foin la Terre Sainte, qui y a paffé une bonne bord comme dans une petite gallerie étroite & baffe, & partie de fa vie, qui s'eft informé, avec tant d'exactitude, de aflez longue, d'où l'on descend dans un cabinet d'une jufte la tradition, & qui avoit une intelligence fi parfaite de l'égrandeur, qui a des rebords à chaque côté, qui font com- criture, eft capable de l'emporter par-deflus toutes les raime trois lits en forme de niches. On mettoit là les cercueils. fons qu'on allègue; & je dirai que le fépulcre qu'on voit On en voit encore quelques uns en plufieurs endroits : il y fur cette montagne n'eft pas celui où Samuel fut mis après en a même d'entiers. Ils étoient d'une pierre dure, bien fa mort, ou que s'il y a été, il y fut transporté. C'eft peuttravaillée, & chargée au dehors de guirlandes & d'autres être parce que c'eft le mont de Silo, où Jofué fit placer ornemens en relief. Le deffus, qui le couvroit, étoit de l'arche & le tabernacle, & que ce prophéte l'ayant deflermême matiere concave au dedans, & convexe au dehors, vi fi long-tems, & y ayant même exercé l'office de juge, avec de femblables embelliflemens. Les portes qui fer- lorsqu'il avoit le gouvernement du peuple de Dieu, on a cru moient ces fépulcres font la même pierre du roc, auffi bien y devoir mettre fon tombeau. que les pivots fur lesquels elles roulent : elles font belles & percées de panneaux & moulures, comme fi elles étoient de menuiferie, & on les a placées avec tant d'adreffe, qu'elles ne femblent pas apportées d'ailleurs, mais taillées du roc dans le roc même. C'eft une chofe pourtant impoffible, car il auroit fallu auparavant creufer derriere; & pour le faire, ces fépulcres devroient avoir eu quelqu'autre entrée, & cependant on n'en voit aucune. Les Mahometans ont dans un champ voifin de ces fépulcres une mosquée, qu'ils vifitent avec dévotion, à l'honneur d'un barbier qu'ils prétendent avoir rafé la tête, & ajufté la barbe de leur faux prophéte. Le pere Nau, Hiftoire de la Terre-Sainte, 1. 3, chap. 16.

15. SEPULCRE DE SAMUEL. On trouve fur le che min de Jerufalem à Emmaüs,une montagne appellée la montagne de Samuel. c'eft la plus haute de toutes celles qui font aux environs de Jerufalem: auffi la découvre-t-on de bien loin. Sur la croupe, l'on voit encore une églife affez entiere: mais elle eft profanée par les infideles, qui en font une étable. Il y a au bout un escalier par où l'on monte en diverfes chambres ou cellules. La porte, par où l'on entre au fépulcre de Samuël, eft auprès de cet escalier, du côté du midi: on y descend par cinq ou fix marches. Il eft défendu rigoureusement aux chrétiens d'y entrer ; néanmoins il s'en trouve toujours quelques-uns qui y entrent: il n'y a qu'un grand fépulcre couvert de bois attaché à la muraille, & orné de quelques colonnes. Le corps de Samuel repofoit là autrefois, & il y a refté jusqu'au tems de l'empereur Arcadius, qui l'en fit enlever & porter en Thrace. On voit quelques maifons,en petit nombre fur cette montagne; mais il y a de

Si c'étoit là Ramatha, l'écriture ne diroit pas qu'Elcana en partoit en certain tems réglés, & qu'il montoir à Silo pour y adorer & y facrifier : elle diroit qu'il y descendoit. Ca il n'y a point de lieu plus élevé en cette contrée, & en quelque part qu'on mette Silo, il fera plus bas. L'explication du nom eft une raison allez foible. Rama a pu avoir dans fa plaine une élévation d'édifices ou de dignités qui lui ait mérité ce nom. Il y a apparence que ce lieu eft Silo; il est dans une élévation telle que lui donne l'écriture, & que les auteurs lui attribuent. Jolué voulant bien placer l'arche, & le tabernacle, ne pouvoit pas choisir un endroit plus majestueux & plus commode. Il eft comme au milieu de la Terre-Sainte, & fur une agréable colline, qui domine fur de grandes plaines. Jofué n'en pouvoit pas même prendre de plus propre pour fon campement, après s'être retiré des campagnes de Galgala. Congregatique funt omnes filii Ifraël in Silo, ibique fixerunt tabernaculum teftimonii. Ce fut donc là que Dieu choifit fa maifon : on l'y venoit adorer ; & c'étoit là qu'on lui offroit les facrifices que la loi ordonnoit. C'étoit là où on venoit le confulter, & où il rendoit les oracles, tant que l'arche y demeura. Jofué y fit la diftribution du refte de la Terre-Sainte, à fix tribus qui n'avoient pas encore eu leur part, & il y reçut même la fienne. Il choifit là les villes qui devoient fervir de refuge, & il en donna quarante-huit aux lévites pour leur demeure. Ce fut là que Samuel fut élevé dès fon enfance, & confacré à Dicu par fes parens, qui l'avoient obtenu par leurs prieres dans ce même endroit. A l'âge de douze ans, il y cut la révélation de la deftruction de la maifon du grand prêtre Heli, en punition de l'indulgence avec laquelle il suppor

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