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toit les crimes horribles de fes entaus, & il y reçut alors l'esprit de prophétie, & c'eft peut-être plutôt pour cela que pour fon fepulcre que cette montagne a fon nom. L'arche fut enlevée delà lorsque les Philiftéens s'en rendirent maîtres, ayant défait les Israëlites, & tué Ophni & Phinées, enfans de Heli, qui la portoient. Le tabernacle y demeura pourtant toujours, jusqu'au tems de David, qu'il fut transporté à Nobé, & depuis à Gabaon, & enfin dans le temple de Salomon.* Le P. Nau, Voyage de la Terre-Sainte, 1. 4, chap. 21.

16. SEPULCRE DE SARA. Abraham acheta des enfans de Heth, qui habitoient à Hébron, un fépulcre qu'il y avoit dans le champ d'Ephrom, fils de Sehor, & y enterra Sara. La vulgate appelle le lieu de ce fépulcre une caverne double, Speluncam duplicem, foit à caufe qu'elle comprenoit deux chambres creufées dans le roc, ou par ce qu'il y avoit deux tombeaux dans la même caverne. Le texte hébreu la nomme caverne de Macphela. * GeneSe 23.

17. SEPULCRE ou TOMBEAU DE NOTRE-SEIGNEUR JESUS CHRIST, fur le mont Calvaire, au nord & au couchant de Jerufalem. Ce facré monument eft fous un grand dôme, fait en figure de couronne, qui rétrecit par en haut. Il eft formé de cent trente- une folives de cedre, longues de foixante palmes, fort droites, dispofées en rond, qui s'approchant par le bout le plus élevé, font là un grand cercle de trente palmes de diamètre. C'est par là que l'églife a presque tout fon jour. Rien ne le couvre; on l'a feulement garni de fil d'archal. On ne fait fi ce dôme eft le même dont parle le patriarche d'Alexandrie Eutichius, que les Arabes nomment Said Ebn Batrik. Il dit dans fon histoire que du tems du calife Mamoua, appellé autrement Abd Allah, il fut réparé par Thomas, patriarche de Jérufalem. Une extrême famine ayant obligé les Mahometans de fortir de la fainte ville, il crut qu'il devoit fervir de ce tems favorable à fon deffein, alla lui-même, en l'ifle de Cypre, choisir cinquante beaux arbres, tant cedres que pins; & un riche Egyptien, nommé Behan, lui fournit tout l'argent dont il eut befoin. Il fit mettre peu à peu, & avec le moins d'éclat qu'il put, jusqu'à quarante foliveaux ; il fit couvrir ce dôme de plomb; mais il fut enfin accufé devant le calife, qui le fit battre & emprifonner. Ses adverfaires l'accufoient d'avoir agrandi l'églife; & il n'échappa de leurs mains que par le moyen que lui en fournit un doc. teur mahométan, ;mais moyennant mille écus d'or qu'il demanda, & qu'il reçut de ce prélat, avec une promefle que fes descendans auroient de l'églife la même diftribution que les prêtres & les diacres. Pour revenir au dôme, il eft pofé fur une muraille ronde, qui étoit autrefois enrichie des images des prophétes, des apôtres, & d autres femblables, faites de petites pierres de couleurs différentes, rapportées & arrangées à la mofaïque, dont on voit encore des reftes. Cette muraille eft foutenue de belles arcades appuyées fur vingt colonnes de marbre & pilaftres incruftés, qui forment une grande place ronde, d'environ vingt-fix pieds de diamètre, qui eft toute pavée de marbre, & au milieu de laquelle est le faint Sépulcre. Elles font jointes les unes aux autres en arcades, & elles foutiennent la voute d'une gallerie qui regne autour de cette place. Cette gallerie baffe en a une autre au-deflus d'elle. L'une & l'autre eft partagée aux diverfes nations chrétiennes, qui font l'office divin dans cette églife. Celle d'en haut eft presque toute aux chrétiens du rite romain. Les Arméniens en ont quelques arcades du côté du midi. Dans celle d'en-bas, de ce même côté du midi, étoient les Abiffins ; & on voit dans leur appartement le lieu d'où fainte Marie-Magdelaine, & Marie mere de Jofeph & de faint Jacques le Mineur, obfervoient l'endroit de la fépulture de Notre-Seigneur, lorsqu'on l'y portoit. Cette nation dans la fuite fe trouvant trop pauvre pour fournir aux contributions que le Turc exige, l'a abandonné, & les Grecs s'en font emparés en payant pour eux. Ces Abiffins étoient autrefois les feuls chrétiens, qui avoient droit d'entrer dans le faint fépulcre le famedi faint: ils en apportoient ce feu prétendu miraculeux, que les Grecs & les autres orientaux venoient recevoir de leurs mains.

Autrefois, ils entretenoient jour & nuit devant le fépulcre une lampe, où au lieu d'huile, ils ne mettoient que du baume. Les Suriens ont leur petite demeure enfuite; mais à caufe de leur pauvreté, ils n'entretiennent pas des prêtres

pour y faire l'office divin; ils fe contentent d'y venir lorsqu'on ouvre l'églife à tous les chrétiens, & d'y faire leurs prieres felon leur rite. Les Coptes ont auffi là leur demeure, & ils y ont encore un prêtre qui prie feul, allume les lampes, & va faire en fon tems les enfencemens ordinaires dans le fanctuaire de ce faint temple ; il fubfifte plus par la charité des peres de la Terre-Sainte, que par les aumônes de fa nation, qui eft fort pauvre. L'évêque, quand il y en a un, & les autres prêtres, viennent fe joindre à lui les jours qu'on donne entrée à tout le monde dans l'églife, & ils célébrent l'office divin à leur mode. Les peres de l'obfervance de faint François y célébrent l'office divin nuit & jour. Ils ont un appartement affez grand, & le plus commode de tous. Ils y ont un réfectoire pour eux & pour les pélerins, de petits magasins, des chambres en affez bon nombre & la meilleure partie de la gallerie d'en-haut, dont il a déja été parlé. Les Grecs, qui ont la plupart de ces facrés lieux, y font auffi logés fort au large & commodément, à l'entour du chœur de l'églife, qui leur appartient; c'eft un chœur fort vafte, il a fa grande porte vers le faint Sépulcre. Il eft tout entouré de chaires de menuiferie pour les religieux & les prêtres. Le fiége patriarchal eft au haut, du côté de l'épitre. Il y en a un autre beaucoup moindre du côté oppofé, & c'eft, fans doute, la place de l'archevêque ou du vicaire général, qui préfide dans l'abfence du patriarche. L'autel eft féparé & caché à la maniere des Grecs, par une grande cloifon, dorée & ornée de diverfes peintures. On voit là comme un fecond chœur, qui eft parfaitement orné. Sur la muraille, des deux côtés de l'autel, font les images de faint Pierre & de faint Paul: celle de faint Pierre eft du côté de l'évangile, & celle de faint Paul du côté de l'épitre, avec cette inscription en lettres latines : Gratia Dei fum id quod fum, & gratiâ ejus in me vacua non fuit. Saint Pierre en avoit aufli une, mais elle est tombée ou on l'a enlevée. Il y a cinq places principales dans ce fecond chœur, qu'on dit être les fiéges des cinq patriarches, à favoir; celui de Rome, de Conftantinople, d'Alexandrie, d'Antioche & de Jerufalem.

Celui de Rome eft plus élevé, & femble dominer les autres. C'est un trône tout-à-fait beau, d'un bois éclatant enrichi de nacres de perle, depuis le haut jusqu'en bas. Il eft couronné d'un petit dôme, qui fert de tabernacle au faint facrement. Il y a au milieu du premier chœur un chandelier de cuivre, en forme de couronne, d'une grandeur extraordinaire, fous lequel eft un trou creufé dans une pierre, que les Grecs révérent fort. Ils difent que c'est le milieu du monde, & ils lui appliquent ce paffage des pleaumes, Operatus eft falutem in medio terra. Dieu a opéré le salut au milieu de la terre.

&

Les Grecs, outre le beau & vafte chœur, fe font encore faifis d'un autel qui eft dreffé près de fa principale porte, vis-à-vis le faint Sépulcre. Ils ont permiffion d'y célébrer la meffe tous les famedis. Cet autel a été la caufe de grandes & furieufes querelles. Le faint Sépulcre, comme l'écriture nous l'apprend, eft (a) creusé dans le roc vif; c'eft une espéce de petite chambre carrée par dedans, haute de huit pieds un pouce, longue de fix un pouce, & large de quinze dix pouces. Sa porte qui regarde l'orient n'a que quatre pieds de haut, fur deux & quatre pouces de large. Cette porte fe fermoit par une pierre de même roc que celui du tombeau, & c'eft fur cette pierre que les princes des prêtres appliquerent leur fceau, & que les faintes femmes craignoient de ne pouvoir renuer. (b) Quis revolvet lapidem ab oftio monumenti? Enfin c'eft fur cette pierre que l'ange s'aflit après que Jefus Chrift fut forti du tombeau. Le lieu, fur lequel on mit le corps de Notre-Seigneur, occupe tout un côté de cette grotte. C'eft une pierre élevée de terre de deux pieds quatre pouces, longue de cinq onze pouces, & large de deux huit pouces, polée en long, d'orient en occident. Elle fubfifte aujourd'hui, mais toute incrustée d'un marbre blanc. Pour donner plus de grace à ce Sépulcre, Jofeph d'Arimatie lui avoit fait faire une entrée, & comme une antichambre, dans la roche même, toute ouverte par le dedans. De forte que de dehors, on voyoit la porte étroite du fépulcre, & la groffe pierre qui la bouchoit, & qui fut renversée par l'ange le jour de la réfurrection. A présent tout cela paroît un peu autrement à caufe des divers ornemens dont on l'a enrichi. On a taillé & arondi le bas de la roche où eft le faint Sépulcre. Ce fanctuaire paroît de dehors comme une chapelle, & ce dehors eft orné de neuf

petites arcades, qui n'ont pas beaucoup de faillie hors d'oeuvre, & qui font foutenues par dix colonnes de même matiere, proportionnées à la petitelle du lieu. Les Coptes, pendant le banniffement des peres de faint François, trouverent le moyen de bâtir une chapelle, qui fubfifte encore: elle y eft attachée. Ils y célébrent la meffe, & y font aux grandes fêtes l'office divin felon leur rite. Le haut du Sépulcre eft ouvert de trois ou quatre trous, pour donner à la fumée des lampes lieu de s'exhaler, & fur ces trous on a élevé un petit dome extrêmement bien travaillé, porté par douze petites colonnes, jointes deux à deux, d'où font formées fix arcades. On prétend qu'elles ont été taillées du mont Sinaï, & donnée par les Grecs. Les mêmes Grecs allument, dans l'intervalle de ces arcades, plufieurs lampes ; & comme ce dôme eft entre leurs mains, ils prétendent que toute la terralle de ce facré monument leur appartient, & qu'ils ont feuls le droit de l'orner. Cette entrée, ou antichambre du faint Sépulcre, dont on a parlé, est maintenant fermée d'une muraille, & d'une belle porte de menuiferie: elle eft beaucoup plus grande que le faint Sépulcre, & tient près de vingt perfonnes à genoux, qui delà voyent l'ouverture qui y donne entrée; & felon même la fituation où l'on eft, l'on découvre cet adorable fanctuaire ou en tout ou en partie. Tout ce lieu, auffi-bien que le faint Sépulcre, eft rempli de lampes, que diverfes nations chrétiennes y allument, felon le privilége qu'elles en ont eu de la PORTE. Après que Jofeph d'Arimathie & Nicodéme eurent descendu de la croix le corps du Sauveur, & qu'ils l'eurent lavé & embaumé, felon la coutume, ils le porterent en ce fépulcre, qui n'eft éloigné que de dix à douze pas de l'endroit où Notre-Seigneur apparut à fainte Marie-Magde laine. On l'a marqué fur le pavé d'une table de marbre blanc, de figure ronde, ornée à l'entour à la mofaïque d'un ouvrage agréable, fait de petites piéces de différentes couleurs. Il y a deux lampes d'argent fuspendues au-deffus. L'une eft entretenue par les religieux latins, à qui ce fanctuaire appartient, & l'autre par les Arméniens. De ce lieu on va à la chapelle où les peres de l'observance de faint François célébrent l'office divin; avant que d'y entrer, on en laiffe une autre petite à main droite, qui eft confacrée à la mémoire de cette apparition. La chapelle des peres eft belle & grande: on croit qu'elle eft bâtie à l'endroit où étoit la maifon du jardinier, qui cultivoit le jardin dans lequel faint Jofeph d'Arimathie avoit fait creufer le fépulcre, où il mit le corps du Sauveur. Il y a trois autels, celui du milieu eft le plus enfoncé. Au milieu du pavé de cette chapelle, on montre une table ronde de marbre gris, qui eft à préfent brifée en petites pièces, où l'on tient que fainte Héléne fit apporter les trois croix qu'elle trouva dans la fondriere du calvaire. Ce faint Sépulcre eft dans une églife de niême nom, qui fait partie d'une plus grande, qui contient encore celle de l'invention de la Croix, & celle du Calvaire. Celle du faint Sépulcre eft plus grande & plus étendue que ces deux dernieres. Elle eft de la figure d'un long ovale dans fon enceinte, & formée en croix au dedans, dont on voit la forme dans le long & le travers de la voute. Sa porte eft hante, carrée, & a deux battans. Elle est toujours fermée, & un officier du grand feigneur, qu'on appelle le metoualli ou l'intendant,a charge de l'ouvrir & de la garder. Il en a les clefs, & les donne à une perfonne de condition, qui a le droit d'être à l'ouverture; c'eft un droit héréditaire que le calife Omar accorda à cette famille lorsqu'il conquit Jerufalem. Cette ancienne & illuftre maifon s'appelle Beyt Elafoûad, la maison du Noir; elle a part à l'argent que les pèlerins font obligés de donner pour avoir la permis fion d'entrer dans l'églife. Ceux qui ne font pas de Jerufalem donnent chacun par tête cinq ou fix écus;mais les Francs en payent feize. Quand on a payé une fois en cette maniere, on entre après, fans rien donner, toutes les fois qu'on ouvre la porte. Cette porte a dans fes deux battans deux ou trois trous garnis de fer, par où l'on parle aux chrétiens des diverfes nations qui font enfermés dans l'églife pour y célébrer l'office divin, chacun dans leur district, & felon leur rite ; c'est par là auffi qu'on leur apporte leurs vivies, & leurs autres néceffités. Elle eft ornée de cinq colonnes de marbre assez belles, qui entourent un pilier qui la fépare d'une autre porte de même forme, qui eft à préfent murée. La corniche qui regne fur l'une & fur l'autre, repréfente, en petit relief, quelques myfteres de la vie de Notre-Seigneur. La premiere chofe qui le préfente en entrant dans l'églife,

eft la pierre de l'onction. Ce nom lui a été donné,parce que ce fut en cet endroit que Jofeph d'Arimathie apporta le corps de Notre-Seigneur. Ce lieu de l'onction eft couvert d'une pierre de marbre blanc, de la grandeur d'un homme de haute taille. Elle eft entourée d'un baluftre de fer, élevé de terre d'environ un pied. Il y a huit ou neuf lampes d'argent qui pendent, & font allumées au-deflus de ce fanctuaire, & une entr'autres que la couronne de France a donnée. Il y a apparence que c'étoit là autrefois l'entrée du jardin de Jofeph d'Arimathie, & qu'ayant descendu de la croix le corps de Notre-Seigneur, il l'apporta, avec Nicodéme & faint Jean, pour l'y embaumer. L'on voit, au-dessus de l'églife du faint Sépulcre, une petite mosquée de Mahométans fur la terraffe, derriere le dôme qui couvre le facré tombeau de Notre-Seigneur. Le fanton ou le religieux mahométan qui l'entretient, y a auffi fa demeure, & il a vue dans l'églife par de petites fenêtres, d'où il peut voir la plûpart des cérémonies qu'y pratiquent les nations chrétiennes, chacune felon leur rite.*(a) Joan. 19, 41. (b) Marc. 16, 3.

18. SEPULCRE DE LA SAINTE VIERGE. Il est dans une églife que l'on rencontre au-delà du pont du torrent de Cédron, au pied de la montagne des Olives. On fe rend d'abord dans un grand carré enfoncé, pavé de belles pierres, & qui lui fert de murailles. Le portail n'a rien d'augufte; mais on trouve à l'entrée de l'églife un escalier magnifique, fort large, & fort droit, couvert d'une belle voute, & qui eft d'environ cinquante dégrés, par où l'on descend à ce fanctuaire. Etant arrivé au bas de l'escalier on détourne à main gauche vers l'orient. Comme ce faint lieu ne reçoit de lumiere que par la porte qui eft au haut, & par un petit foupirail qui eft derriere le faint Sépulcre, on fe trouve d'abord dans une obscurité; mais l'œil s'y accoutume bien-tôt, & découvre le tombeau facré. Il eft entouré de quatre épaiffes murailles, qui foutiennent une petite voute, dont il eft couvert, & qui forment une chapelle qui ne peut tenir que trois ou quatre perfonnes à la fois. On y dit la meffe fur le même lieu,où a repofé le corps de la fainte Vierge. Il est tout revêtu de marbre, & on allume dessus quantité de lampes. On n'y met rien pourtant de précieux, parce que cette églife eft entre les mains des Mahometans, qui y ont auffi leur lieu de prieres, & qui en gardent les clefs. Il n'y a guères de nations chrétiennes qui n'ayent leur autel en ce temple facré, pour y honorer, felon leur rit, le fépulcre de celle dont tous les peuples du monde doivent admirer les grandeurs, & publier le bonheur. Beatam me dicent omnes generationes. Les Grecs ont le leur au bout de l'églife, derriere cet augufte tombeau. Les Suriens ont le leur vis-à-vis une des deux portes du fépulcre, qui est ouverte du côté du feptentrion. L'autre porte eft à l'occident, & auprès il y a un autel qui fervoit autrefois aux Armé niens; mais ils ont obtenu, à force d'argent, de l'empereur des Turcs, le privilége de dire la meffe dans le fépulcre tous les mercredis. L'autel des Géorgiens eft au bas d'un grand escalier, par où l'on descend dans l'églife; celui des Abiffins eft au feptentrion à l'oppofite: celui des Coptes eft dans la nef même, & a en face le faint Sépulcre, & an devant, il y a un puits d'où l'on tire d'excellente eau qu'on boit par dévotion. Les catholiques latins font les mieux partagés ; car ils ont le tombeau mème de la vierge pour leur autel, & ce font eux qui y entretiennent jour & nuit les lampes qui y font allumées. Le lieu de la priere des Mahométans eft au-deffus, vis-à-vis ce dévot fanctuaire. Ils ont fait là une niche dans la muraille, vers laquelle ils fe tournent quand ils y prient. Du côté de l'autel des Abiffins, au bout de l'églife, qui répond à l'escalier, on voit une grande ouverture dans la muraille, semblable à celle que les religieufes en Europe ont à leur choeur, pour avoir vae dans l'églife. L'empereur Théodofe, au rapport de Said Ebn. Batrik eft le premier fondateur de cette églife; mais Kofroes l'ayant ruinée, elle demeura long-tems dans fes ruines, qui, fans doute, n'ont été relevées que par la piéré des princes croifés: au moins cet hiftorien, qui les a précédés seulement d'un fiècle, témoigne qu'elles ne l'étoient pas encore de fon tems.* Le P. Nau, Hift. de la TerreSainte, 1. 3, c. 2.

Il y a dequoi s'étonner, que les anciens auteurs, qui ont écrit à deffein, & avec exactitude, des divers lieux de la Terre-Sainte, ne parlent point du fépulcre de la Vierge; mais il faut confidérer qu'en leur tems ce facré monument

étoit caché fous terre, par les ruines de la ville de Jerufalem, qui furent jettées là, & qui comblerent cet endroit de la vallée de Jofaphat; & que, comme ils n'ont traité que des lieux qu'on voyoit, & vifitoit de leur tems, ils n'ont rien dit de celui-ci. Quoi qu'il en foit, on ne peut raifonnablement douter de la vérité de ce fanctuaire, dont tant de faint peres & d'anciens docteurs de l'églife font mention, comme Damascène, André de Créte, Siméon le Métaphrafte, & autres, que toutes les nations du monde reconnoiffent, felon la tradition qu'ils ont reçue de leurs ancêtres. En remontant le grand escalier du fépulcre de la fainte Vierge, on trouve d'abord à main droite une affez grand chambre fans aucune lumiere. On ne fait ce que

c'étoit.

De ce même côté, après avoir remonté environ vingtdeux dégrés, on rencontre la chapelle de faint Jofeph, qui eft, à ce qu'on dit, le lieu de fa fépulture. Le vénérable Bede en fait mention. Il n'eft pourtant pas fi proche de celui de la Vierge que quelques auteurs l'ont écrit, quoiqu'il foit dans la même églife.

18. SEPULCRES DE SAINT JOACHIM & de SAINTE ANNE: ils font de l'autre côté de l'escalier, dans une chapelle plus haute de trois ou quatre dégrés, & plus ouverte que celle de faint Jofeph. On dit la meffe fur ces tombeaux; celui de faint Joachim regarde l'orient, & celui de fainte Anne le feptentrion.

Il y a deux traditions fur la fépulture de la fainte Vierge, comme il y en a deux fur le lieu de fa mort. Ceux qui tiennent qu'elle fuivie faint Jean l'évangélifte à Ephèfe, & qu'elle y mourut, prétendent qu'on voyoit encore fon tombeau en 431, lors du concile d'Ephèfe, & ce fentiment eft bien marqué dans ce concile, t. 3, p. 561, 574. L'autre fentiment, qui la fait mourir à Jerufalem, & qui fait voir fon tombeau, n'eft pas moins fuivi. Juvénal, évêque de Jerufalem, & qui ne pouvoit ignorer ce qui s'étoit pallé au concile d'Ephefe, puisqu'il y affiftoit, écrivit à l'impératrice Pulcherie, & à l'empereur Marcien, qui lui demandoient des reliques de la fainte Vierge, que l'on montroit fon tombeau à Gethfémani, près de Jerufalem, mais qu'il étoit vuide. On ajoute que l'empereur, ayant appris cela, fit apporter ce tombeau à Conftantinople, avec un fuaire que l'on avoit mis dedans, & qu'il le fit pofer, vers l'an 455, dans la nouvelle églife de Notre-Dame des Blaquernes.* Nicephor. Hift. I. 2, c. 32, & l. 15, c. 14.

On ne laiffe pas, depuis ce tems-là, de foutenir, tantôt qu'il eft à Jerufalem, tantôt dans la vallée de Jofaphat, & chacun en donne une description différente. * Adamnan, de locis fanctis. Beda, 1, 3, L. de locis fanctis, c. 3. Brocare, de locis fanctis. Adrichom & Pietro della Valle ex. 13, &c.

19. SEPULCRE DE ZACHARIE: il fe voit à vingt pas du torrent de Cédron, près du fépulcre d'Abfalon, à la gauche, au pied du mont des Olives. C'eft le fépulcre de Zacharie, fils de Barachie, qui fut tué par les Juifs, entre le temple & l'autel. Il eft de figure carrée, & à chaque face il y a quatre colonnes qui foutiennent un chapiteau pyramidal, le tout travaillé dans le roc vif. * Le P. F. B. des Champs, Voyage de la Terre Sainte, p. 432.

SÉPULTURE, mot françois, qui fignifie le lieu où on enterre les morts, & il répond en quelque forte à celui de fépulcre. Voyez SEPULCRE.

SEPULVEDA, ville d'Espagne, dans la Caftille vieille, à quelques lieues de Ségovie, en tirant au fud-ouest. Cette petite ville, bien fortifiée par la nature, eft fituée fur une hauteur, au milieu de divers rochers escarpés; & la petite riviere de Duraton, qui mouille fes murailles, lui tient lieu de foffés. Elle étoit autrefois beaucoup plus confidérable, & plus grande qu'elle n'eft aujourd'hui. On l'appelloit anciennement Segobriga: dans la fuite on lui donna le nom de Sepulvega, dont on a fait Sepulveda. Au voisi de cette ville, & un peu au-deffous, eft un bourg fameux, nommé Pedraça de la Sierra. Il eft fitué au bord de la même riviere de Duraton. Il est défendu par un château, dans lequel François, dauphin de France, & Henri fon frere, fils du roi François I, furent détenus prifonniers l'espace de quatre ans. Ce château eft extrêmement fort, & d'un accès très-difficile. * Délices d'Espagne, p. 209. Quelques-uns croyent que c'eft la Segortia Lacta de Ptolo

nage

mée.

SEPUS. Voyez SEPOTUM.

SEPYRA, ville de Syrie, fur le mont Amanus. Cicérou fe rendit maître de cette ville, comme il le dit lui-même au quinziéme livre de fes épîtres, M. Catoni.

SEQUANA, nom latin de la riviere de Seine. Céfar & Prolomée difent Sequana; Strabon Sequanus & Etienne le géographe Secoanus. Cette riviere, felon Céfar, Bel. Gal. . 1, faifoit avec la Marne, la féparation entre les Gaulois & les Belges. Voyez SEINE.

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SEQUANI, peuples de l'ancienne Gaule. Du tems de Céfar ils faifoient partie de la Celtique; mais Augufte les mit fous la Belgique ; ce qui paroît par les descriptions de Ptolomée & de Pline. Céfar dit encore que le mont Jura les féparoit des Helvétiens: A lacu Lemano ad montem Juram, qui fines Sequanorum ab Helvetiis dividit.... D'un autre côté les bornes de leur pays s'étendoient jusqu'au Rhin, à ce que dit Strabon, 1. 4. "Elves Erzyavar VATTEN Pvps Gens Sequanorum attingit ab oriente Rhenum; & Strabon peut avoir pris cela, felon fa coutume de Céfar, Bel. Gal. l. 1, c. I, qui remarque que les Celtes attingunt à Sequanis, & Helvetiis flumen Rhenum, & que le Rhin, 1. 4, c. 8. per fines ... Sequanorum citatus fertur. A la vérité on pourroit dire que les Rauraci & les Tribocci, qui habitoient fur le Rhin, empêchoient les Séquaniens de s'étendre jusqu'à ce fleuve; mais on peut dire que le Rhin bornoit originairement leur pays, avant que les Germains les cuffent éloignés des bords de ce fleuve : car on voit qu'Arioviste leur enleva la troifiéme & la meilleure portion de leur pays, &, fans doute, celle qui étoit la plus voifine du Rhin. Ammien Marcellin, 4. 15, C. 27, étend auffi les Séquaniens jusqu'à ce fleuve; mais il fuivoit l'ufage de fon tems: il y avoit une province appellée Maxima Sequanorum, & dans laquelle on comprenoit, non-feulement les Sequani, mais encore les Helvetii & les Rauraci, Enfin les pays des Séquaniens, felon Tacite, étoit d'un autre côté limitrope de celui des Edui. Ptolomée, l. 2, c. 9, donne quatre villes aux Séquaniens; savoir,

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SER, ville de la tribu de Nephtali. * Jofué, 19, 25. 1. SERA, ville de la Sérique. Polomée, l. 6. c. 16, lai donne le titre de métropole. Le nom moderne eft Cambalech, felon Niger ; & Sindinfu, felon Mercator; & Orélius croit que cette ville Sera eft la même qu'Ammien marcellin appelle Phere.

2. SERA D'ALCOBA, montagnes du Portugal, dans la province de Beira. Toute la côte, qui s'étend entre Porto & Coimbre, n'a guères plus de trois lieues de large. Elle cft bornée à l'orient par une chaine de hautes montagnes, qui s'étendent de l'une de ces villes à l'autre, & plus avant au midi depuis Coimbre jufqu'à Tomar. Le chemin de Porto à Lisbonne eft dans une longue plaine bornée par ces montagnes. En le traverfant on voit une campagne charmante, bien cultivée & bien peuplée. Cette chaine de montagnes eft fort large, s'étend du diocèle de Coimbre dans celui de Vileu, & s'avance jufqu'à celui de Lamego, où elle fe joint au mont Muro. Les anciens lui avoient donné le nom d'Alcoba, & ce nom lui eft demeuré jufqu'à préfent, parmi les Portugais, qui l'appellent Sierra d'Alcoba. Ces montagnes font fécondes en fources abondantes, qui forment diverfes rivieres, dont les unes fe jettent dans le Duero, d'autres dans le Vouga, & quelques autres dans le Mondego. * Délices de Portugal, p, 724.

3. SERA D'ANÇAON, montagnes du Portugal, dans la province de Beira. La chaine de montagnes, appellée Sera d'Alcoba, près de Coimbre, femble fe divifer en deux branches, dont l'une s'étend droit au midi de Coim bre, jufqu'à Tomar, l'efpace de douze lieues, & l'autre tourne à l'orient, & s'étend, entre les deux rivieres de Mondego & de Zezere, jufques vers la fource de la derniere. La premiere chaine de montagnes étoit nommée anciennement Tapiaus Mons, & aujourd'hui Anfidianus, ou Sera d' Ançaon, du nom d'un bourg qui s'y trouve. On traverle des chemins fort rudes & fort pierreux dans ces montagnes ; & à quatre lieues de Coimbre on voit un bourg nommé Rabaçal, Rapaciale, au-deffus duquel est la partie la plus haute de ces montagnes, qui retient encore l'ancien nom, car on l'appelle Porto Tapiao. Quaire lieues plus avant on arrive à Alvia-Sera, la derniere place

de la province; & en faifant cette route on voit un rocher, d'où il fort une fontaine fi groffe, dès fa fource, qu'il n'y a point de ruilleau qui lui foit comparable. Le lieu le nomme Altabeque. Pour aller de Coimbre à Rabaçal on laiffe fur la droite Condeja à Velha, petite place, où l'on ne voit prefque autre chofe que des ruines & des mafures, triftes reftes de l'ancienne Conimbrica.

4. SERA BRENKA, petite riviere de la Tartarie Ruffieune. Elle paffe près de la ville d'Argunskoi, & vient du nord-oueft fe jetter dans la riviere d'Argour. Il y a quelques années qu'on trouva des mines d'argent près de cette riviere; les Rulles y travaillent depuis dix ou douze ans. Mais jufqu'à préfent on en a tiré beaucoup de fer & peu d'argent. Hift. généalogique des Tatars, p. 231. SERABIS, ancien fleuve de l'Espagne Tarragonnoife, felon Mela. C'est aujourd'hui la Segura. Voyez SE

GURA. I.

*

SERACA. Voyez SARACA.
SERACENI. Voyez SIRACES.

SERACHUS. Voyez SATRACHUS. SERACS, ville de Coraffane. Petit de la Croix, dans fon hiftoire de Timur-Bec, 7. 2, c. 37. la met à 94o 30' de longitude, fous les 364 30' de latitude.

SERE. Voyez SERES.

1. SERAI. Petit de la Croix dit, l. 3, c. 60, ville capitale de Capchac, fur le Volga. C'eft où les rois Tartares de Decht Barca, qui eft le nom arabe de Capchac, fai foient leur réfidence. Elle eft fituée à 81d de longitude, fous les 52d de latitude.

2. SERAI-OURDAM, palais des rois de Géte, à AïmalGoujou, felon Petit de la Croix, l. 3, c. 5.

3. SERAI, fignifie une maifon; mais une maison grande, & ample, un palais. C'est le nom du palais du grandfeigneur qu'on appelle mal à-propos ferrail, car il s'écrit ferai en turc; mais l'ufage l'a emporté. Les palais des bachas, & des autres grands de la porte prennent auffi ce nom. C'eft auffi le nom qu'on donne à ces hôtelleries publiques, où vont loger les caravanes; car on les appelle caravanserai, ou carvan-ferai. Quelques-uns écrivent ce nom par un k; d'autres, comme Thévenot, dans fon voyage des Indes, écrivent QUER VAN-SERAï. Un ufage vicieux a prévalu, & décidé pour SERRAIL, lorfqu'il s'agit d'un palais des fouverains orientaux, & fur-tout de ceux où leurs femmes font enfermées. Voyez SERRAIL. * Bespier, Rem. fur Ricaut, t. 1, p. 62.

SERAIN, riviere de France. Voyez SERIN. SERAMBAYE, ou SURUBAY, ville des Indes, dans Fifle de la grande Java. Elle eft fituée fur un petit fleuve; & a fon roi particulier. Davity, Ile de Java.

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SERAN, (le) petite riviere de France, qui prend fa fource dans les montagnes de Michailles.

SERANDAH, nom d'une ifle de la mer d'Oman, qui eft du nombre de celles que les Arabes appellent Raneg'. Le scherif Al Edrifli dit dans la feptième partie de fon premier climat, que cette ifle regarde les côtes des Berbetah & de Zing', c'eft à dire du pays des Cafres, & de Zanguebar, & qu'elle a douze cents milles de tour; ce qui conviendroit affez à l'ifle de Madagascar. Ainfi l'ifle de Serandah ne feroit pas la même que celle de Serandib, quoique cet auteur dife qu'elle porte plufieurs efpèces de plantes aromatiques, & que l'on y fait la pêche des perles; ce qui convient mieux néanmoins à l'ifle de Serandib, qui eft Ceilan, qu'à celle de Madagascar. * D'Herbelot, Bibliot. or.

SERANDIB, nom de la plus fameufe ifle de la mer, que les Arabes appellent la mer d'Erkend, qui eft l'Océan indique, ou oriental. Le fchérif Al Edriffi lui donne 80 parafanges de longueur, & autant de largeur, & le géographe perlien la met entre l'Equateur & le premier climat, & fort proche de la côte des Indes, ce qui fait affez connoître que cette ifle eft la même que celle de Ceilan, óu Zeilan: en effet le nom de Dib, ou Div, fignifiant en langue indienne, une ifle, celui de Serandib, ne fignifie autre chofe que l'ifle de Seran, ou Selan.

Tous les géographes orientaux font d'acord, que l'on trouve dans cette ifie toute forte d'iavakit, c'eft-à dire de pierres précieufes de couleur ; & que dans une de fes vallées on trouve une espèce de diamant avec lequel on grave & l'on coupe toutes les pierres les plus dures. Les Arabes appellent cette efpèce de diamant, Sundabeg', ou Sunba

dag. C'eft le fmyris des Grecs, que nous appellons l'émerille. Le belour, ou berille, qui eft, felon les Orien taux, le plus parfait crystal de roche, fe forme aufli dans ces montagnes.

Il y a dans la même ifle deux efpèces d'animaux, que les Arabes appellent Dabat Almisk., & Dabat Alzobadat, c'est-à-dire, les animaux dont on tire le mufc & la civete; & les arbres nommés Al Arz, & Nargil, qui font le cedre & le cocos, y croiffent abondamment, avec celui que les Arabes nomment Al O'ud, qui eft le Xylaloé des Grecs, que nous appellons ordinairement le bois d'Aloés.

L'on remarque ici que les Orientaux ne font aucune mention de l'arbre de canelle, qui ne croît que dans cette ifle, foit qu'il ne s'y trouvât pas encore de leur tems, & qu'il y ait été tranfporté d'ailleurs, comme de la Chine, ce qui a fait donner à cet arbre le nom de Dar Tchin en Orient, mot qui fignifie bois de la Chine, ou qu'il faille entendre cet arbre fous le nom de Nargil.

Le fchérif Al Edriffi dit que les Chinois faifoient un très-grand trafic dans l'ifle de Serandib, ce qui favorise affez l'origine du mot Dar Tchin ; & il ajoute que le roi de cette ille avoit toujours dans fon confeil quatre Indiens, quatre Chrétiens, & quatre Mufulmans, & tenoit, en forme de fceptre, une idole dans fa main, couverte de pierreries d'un prix ineftimable.

Le même auteur écrit que la capitale de cette ifle, dans laquelle le roi fait fa réfidence,porte le nom d'Agna, & que le nombre des autres villes monte jufqu'à douze, defquels il rapporte les noms, qui font entierement inconnus à nos voyageurs, & aux géographes modernes.

Les noms de ces villes font, Marnabas, Pariscouri, Abadi, Makhoulon, Humeri, Calmadhi, Sambedouna, Sandouri, Scri, Combeli, Bariffala & Marouba.

Il y a, prefqu'au milieu de cette ifle, une montagne fort élevée, que les mariniers voyent de fort loin fur mer. Les Arabes l'appellent Rahour. C'eft cette même montagne que les Portugais ont nommée El Pico de Adam, la montagne d'Adam, à cause d'une tradition communément reçue, dans les Indes, & dans tout l'Orient, qui porte qu'Adam y a été enterré.

Lefchérif Al Edriffi écrit, dans la huitième partie de fon premier climat, qu'il y a vis-à-vis de l'isle de Serandib, dans le continent des Indes, des lacs que les Arabes appellent Agbab, dans lefquels plufieurs grandes rivieres fe rendent, où les vailleaux entrent, & portent ainfi leurs marchandifes bien avant dans les terres ; & il remarque auffi que l'isle de Rami eft fort proche de celle de Se

randib.

Il y a quelques Orientaux qui donnent le nom de Serandil, à l'isle de Serandib; mais il paroît plûtôt qu'on la doive nommer Serandiul. En effet le mot de Diul fignific plûtot en indien, une isle, que celui de Dib, ce qui le peut prouver par le nom de la ville de Diu, que l'on appelle plus fouvent dans les Indes Diul & Deibul, felon les Arabes, à caufe qu'elle eft fituée dans une isle, ou pref qu'isle, fur le rivage de la mer où le fleuve Indus fe décharge.

SERAPIONIS PORTUS & PROMONTORIUM port & promontoire de l'Ethiopie, fous l'Egypte. Ptolomée, l. 4, c.7, les place entre Effina Emporium & Tonice Emporium. Le texte grec au lieu de Serapionis lit Sarapionis.

SERAPIU, lieu d'Egypte, au-delà du Nil. Il est marqué dans l'itinéraire d'Antonin, entre Hero & Clismo, à dixhuit milles de la premiere de ces places, & à cinquante milles de la feconde. Dans une route qui va de Serapiu à Pelufe, le même itinéraire écrit Serapio, au lieu de Serapiu ; & un manuscrit lit Seraphin. C'étoit peut-être un temple de Serapis.

SERAPOUTÉ. Ville de l'empire Ruffien, dans la province de Permski ou Permie, & la plus méridionale fur une petite riviere, qui, un peu au-deffous, fe joint au Kama. *De l'Isle, Atlas. Olearius, Voyage de Moscovie.

SERASPERE, ville de la petite Arménie. Prolomée, 1.5, c. 7, la compre au nombre des villes de la prefecture Rhanena, & l'éloigne de l'Euphrate. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Seractere pour Serafpere.

SERAVAL, ou SERRA-VALLE. Voyez SERRA-VALLE. SERBERIA, lieu d'Angleterre. Ortelius dit qu'il eft

parlé de ce lieu dans la vie de l'archevêque faint Anfelme.

SERBETES, ou SERBETIS, fleuve de la Mauritanie Céfarienfe: fon embouchure eft placée par Ptolomée, l. 4, c. 2, entre Modunga & Ciffe. Villeneuve croit que c'eft le Serdabala de Pomponius Mela & de Pline ; & le nom moderne eft Miron, felon Caftald, & Hued Icer, felon Marmol.

1. SERBI, peuples de la Sarmatie Afiatique: ils habitoient, felon Ptolomée, l. 5, c. 9, avec les Orinai & les Vali, entre les monts Cérauniens & le fleuve Rha. Pline, 1. 6, 6.7, les met au nombre des peuples qui habitoient aux environs des Palus Méotides.

2. SERBI, peuples que Cedrène met quelque part vers la Dalmatie: il ajoute qu'on leur donnoit aufli le nom de Scythes.

SERBINUM, ville de la baffe Pannonie. Elle étoit éloignée du Danube, felon Ptolomée, l. 2, t. 16. Voyez SERVITIUM.

SERBONIS. Voyez SIRBONIS. SERCHIO, riviere d'Italie. Elle prend fa fource dans la partie méridionale de l'état de Modéne, au mont Apennin, & coule du nord au fud, traverfant la vallée de Carfargnana, enfuite l'état de Luques, où elle arrofe la ville de ce nom, puis la partie occidentale du Pifan, où elle fe jette dans la mer de Toscane, environ à fix milles audeffus de l'Arno. Dans fon cours elle reçoit diverfes petites rivieres, entr'autres celle de Lima. Le Serchio eft l'Efaris, l'Anfer ou l'Aufer des anciens. * Magin, Cart. du territ. de Florence.

SERDICA. Voyez SARDICA.

1. SERE, lieu de l'Afrique propre, felon les anciennes éditions de l'itinéraire d'Antonin. Au lieu de SERE, les dernieres lifent BASE. Quoi qu'il en foit, ce lieu fe trouvoit fur la route de Carthage à Alexandrie, entre Berge & Thebunte, à vingt-cinq milles du premier de ces lieux, & à trente milles du fecond.

2. SERE, riviere de France, dans le Querci. Elle prend fa fource dans l'Auvergne, un peu au midi d'Aurillac, d'où elle entre en ferpentant dans le haut Querci, & va se joindre à la Dordogne, un peu au-dessus de l'embouchure de la

Bare.

SERECOURT, village de France, au duché de Bar, office de la Marche. L'églife paroiffiale eft fous le titre de S. Manfui. Il en dépend une églife ou hermitage dédié à fainte Petronille. Cette paroiffe a pour annexe le village de Morizecourt, où se trouvent le château & le prieuré de Deuilly.

SEREDDELITANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Mauritanie Céfarienfe, felon la notice d'Afrique, qui fait mention de Rogatus fon évêque. * Harduin. Col lect. conc. t. 2, p. 875.

1. SEREGIPPE, gouvernement de l'Amérique méridionale, au Bréfil, fur la côte orientale, entre la capitainerie de Fernambuc & celle de la baye de Tous les-Saints. Il eft affez peuplé & fertile, & s'étend entre la riviere de SaintFrançois, au nord, & Rio-real au midi, ayant à l'orient la mer du Nord, & à l'occident des peuples inconnus, fi ce n'eft les Obacatiares, peuples qui habitent dans les ifles & aux environs de la riviere de Saint François. Les naturels du pays nomment cette contrée Ciriciji ou Ciriji. Le nom fous lequel nous la connoiffons, lui vient de la ville de Seregippe del Rey, qui en eft la capitale, ou de la riviere de Seregippe, qui l'arrofe. * De l'Ifle, Atlas.

2. SEREGIPPE, riviere de l'Amérique méridionale, au Bréfil. Elle prend fa fource au gouvernement de Seregippe, qu'elle arrofe d'occident en orient. Elle mouille dans fa courfe la bourgade de Saint-Antoine, & va fe jetter dans la mer du Nord, entre les embouchures des petites rivieres de Guaratiba & de Vazabaris.

3. SEREGIPPE, SEREGIPPE DEL REY OU SAINTCHRISTOPHE, ville de l'Amérique méridionale, au Brefil, & la capitale du gouvernement auquel elle donne fon nom. Cette ville fituée fur la rive feptentrionale de la riviere de Vazabaris, eft fept lieues dans les terres au-deffus de fon embouchure, & à onze lieues de Rio real. Quelques-uns ont écrit qu'il fe trouve quelques veines d'argent dans le territoire de Seregippe. * De Laet, Descr. des In

des occidentales.

SEREN, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte, felon Pline, l. 6, c. 29.

SERENA, (la) ville de l'Amérique méridionale au Chili, dans l'évêché de Sant Jago. Cette ville qui eft la premiere du gouvernement du Chili, & la plus proche du Pérou fut bâtie par le gouverneur Valdivia l'an 1554, dans la vallée de Coquimbo; c'eft ce qui fait que les Espagnols l'appellent auffi fouvent COQUIMBO, du nom de la vallée Elle eft affez près de la mer du Sud, & à trente degrés de la ligne du côté du midi, felon Herrera, qui a remarqué que le folftice d'été y tombe. l'onzième de décembre: que fon plus long jour eft de 14 heures, & que le folftice d'hiver y arrive l'onzième de juin. Du côté du nord, elle eft à foixante lieues de la ville de Saint-Jacques. Elle a un port fort grand & fort commode; il eft dans une baye qui a beaucoup d'étendue, & fitué environ à deux lieues de la ville. C'eft là où l'on décharge les navires. Il y a une affez grande riviere qui arrofe fes campagnes & rend fertile fon territoire, qui rapporte toutes fortes de fruits & de grains. Cette même riviere paffe auffi dans la ville, ce qui fait que l'on y trouve abondamment tout ce qui eft néceffaire à la vie, y ayant beaucoup de vin, de bled, de viande, de poiffon. Il n'y pleut pas quatre fois par an; ce qui n'empêche pas que les récoltes ne foient fort abondantes.

On trouve dans le pays plufieurs mines d'or, & entr'autres à fept lieues de la ville, il y a une montagne d'où les Espagnols ont déja tiré beaucoup de ce précieux métal. On dit auffi qu'il y a une autre montagne où il fe trouve des mines de cuivre. Lopez-Vas rapporte que la ville a plus de deux cents maifons: en effet, il y a apparence qu'elle eft affez peuplée, par ce que nous apprend l'hiftoire de la fameufe expédition navale de François Drac nous y lifons que les Anglois étant entrés dans le port de Coquimbo, & y ayant jetté l'ancre pour faire de l'eau, plus de trois cents cavaliers & deux cents hommes de pied fortirent de la ville, & obligerent les Anglois de fe retirer dans leurs navires. Ce pays étoit autrefois fort peuplé par les naturels du pays; mais maintenant il est presque défert, car les Espagnols, foit dans le tems de leur conquête, foit depuis par les travaux des mines, ont presque détruit tous les habitans; de forte que les mines d'or & de cuivre font abandonnées, n'y ayant pas du monde pour y travailler.

SERENEGAR ou SIRINAGAR, ville d'Afie, dans les états du grand Mogol, au royaume de Siba, dont elle eft la capitale. Il y en a qui la prennent pour l'ancienne Canagora. De l'Ifle, Atlas.

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SERENILLES, petites ifles de l'Amérique, à trente lieues au fud-ouest de la Jamaïque. Ce ne font guères que des écueils fort dangereux, & qu'il faut bien connoître pour naviguer avec fureté dans cette mer.

SERENT, bourg de France, dans la Bretagne, recette de Vannes. Ce bourg eft très-peuplé.

SERES, peuples d'Ethiopie: Héliodore, lib. 9, les compte entre les Blemyes; & Lucain, l. 1, v. 20, & 1.6, v. 292, les place vers les fources du Nil. Ou ces peuples étoient différens des habitans de la Sérique, ou il faut dire qu'Héliodore & Lucain fe font trompés dans la description de leurs pays, & on pourroit auffi faire à peu près le même reproche à Paufanias, qui en parle de cette maniere, 1. 6, c. 26, traduct. de l'abbé Gedoyn. La foie, qui fe file dans le pays des Séres, ne vient pas d'une plante commune en Elide. Ils ont une espéce de ver que les Grecs nomment un Sére, & les Séres eux-mêmes nomment tout autreque ment. Cet infecte eft deux fois plus gros que le plus gros fcarabée : du refte, il reffemble à ces araignées qui font leur toile fous des arbres, & il a huit pieds comme elles. Les Séres élevent de ces vers à foie dans des lieux où le froid & le chaud ne fe font pas fentir. L'ouvrage de ces petits animaux confifte en des filets de foie fort déliés, qu'ils roulent autour de leurs pieds. On les nourrit de nis durant quatre ans, la cinquième année, (car ils ne vivent pas plus long-tems) on leur donne à manger du rofeau verd dont ils font fort friands, ils s'en engraiffent & crevent après. Quand ils font morts, on tire de leurs entrailles une grande quantité de filets de foie. Il paffe pour conftant que l'ifle SERIA eft dans la partie la plus reculée de la mer Rouge. Cependant j'ai oui dire à quelques gens que c'étoit, non la mer Rouge, mais le fleuve Sérès, qui

pa

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