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Ravensberg,
Bilefeld,

Sparenberg,
Herford,

Engern.

3. RAVENSBERG, abbaye de filles, ordre de cîteaux dans la Flandre françoife au diocèfe de faint Omer dans la châtellenie de Caffel.

RAVENSBURG, ville d'Allemagne, dans l'Algow en Suabe fur la rive droite du Schuff; elle avoit autrefois le nom de Gavenburg, du bourg de Gravenaw, dont on fit une ville; elle ne fut ceinte de murailles que l'an 1100. Hors de la ville il y a fur une colline un château, qui appartient à la maifon d'Autriche. Cette ville a quatre portes & beaucoup de couvens & autres beaux bâtimens; c'est dans fon voifinage qu'eft fituée la fameufe & riche abbaye de Weingarten. Ravensburg étoit l'ancien domaine des comtes de ce nom, descendus des Guelphes. Les empereurs de la maifon de Suabe la firent libre. Le gouvernement y eft partagé entre les catholiques & les proteftans. * Zeyler, Topogr. Sueviæ.

numens le prouvent fuftifamment. Il y a entr'autres, près tion du roi de Prufle, Hubner, Géogr. Ses principaux lieux des murailles qui font du côté de la mer, divers gros anneaux de fer, qui fervoient autrefois pour attacher les vaiffeaux, & l'on voit encore un refte du phare. Cette ville fi célébre autrefois, eft aujourd'hui, généralement parlant, allez pauvrement bâtie & fort dépeuplée; on y voit néanmoins encore plufieurs chofes remarquables. Hors des murs de la ville près de l'ancien port, il y a un maufolée qu'Amalazonte avoit érigé pour fon pere Théodoric, roi des Oftrogoths, qui avoit fait fon féjour à Ravenne. On a fait de ce bâtiment une petite églife, à la quelle on a donné le titre de Rotonde. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'eft la pierre qui couvre cette églife & qui eft taillée en coupe renverfée. Cette pierre, n'eft pas percée par le milieu, comme quelques-uns l'ont écrit. On dit à Ravenne qu'elle pefe plus de deux cents mille livres; ce qui eft ailé à croire. Millon qui l'a mefurée, a trouvé qu'elle avoit trente- huit pieds de diamètre, & quinze d'épaiffeur. Le tombeau de Théodoric étoit fur le haut, & au milieu de ce petit dôme, entre les ftatues des douze apôtres qu'on avoit pofées fur le bord tout à l'entour. Ces ftatues furent brifées pendant les dernieres guerres de Louis XII, roi de France, & le tombeau, qui eft de porphyre, fut aufli renverfé. On l'a enchâflé dans le mur d'un ancien palais qui eft dans la ville & où on le voit. Ses os n'ont pas été vagabons, puisqu'ils font toujours demeurés à Ravenne. La ftatue de ce roi étoit fuspendue en l'air au milieu des douze apôtres. Un pape, je ne fais lequel, le fit abattre, avec le tombeau qui renfermoit les cendres de ce prince. La cathédrale paroît une ancienne églife, dont la nef eft foutenue de cinquante-fix colonnes de marbre de l'Archipel, & qui font un double rang de chaque côté. Le cœur eft vouté de belle mofaïque, & l'on y conferve avec grande vénération une des pierres dont faint Etienne fut lapidé. Il y a une chofe qui eft regardée comme curieufe: c'eft la grande porte qui eft faite de planches de vignes, quelques-unes desquelles font de douze pieds & larges de quatorze à quinze pouces. Le terroir eft fi bon pour la vigne, dans l'endroit même que la mer couvroit autrefois, que les feps y groffiffent d'une maniere prodigieufe. On montre dans l'églife des théatins une petite fenêtre au'deffus du grand autel, au milieu de laquelle on a mis la figure d'un pigéon blanc, en mémoire, dit-on, de ce qu'après la mort de faint Apollinaire, premier évêque de Ravenne, les prêtres étant affemblés pour procéder à l'élection de fon fucceffeur, le faint Esprit entra par cette fenêtre en forme de colombe, & fe vint repofer fur celui qui devoit être élu. On ajoute, que la même chofe arriva encore plufieurs fois de fuite. Il y a de fort belles piéces de marbre & de porphyre dans les églifes de faint Vital, de faint Apollinaire, de faint Romuald & de faint André. Tout cela vient de Grece, & eft apparemment du tems de l'exarcat. Le tombeau de Galla Placidia, fille de Théodofe le grand, & fœur des empereurs Arcadius & Honorius, eft dans l'églife de faint Ĉelfe, entre ceux de Valentinien & d'Honorius. Le tombeau du poëte Dante Florentin, mort dans fon exil à Ravenne en 1321, eft dans le cloître des franciscains conventuels. Miffon, Voyage d'Italic.

Il y a dans la grande place une fort belle ftatue en bronze du pape Alexandre VII. On voit à l'autre bout de la même place deux colomnes, fur lesquelles étoient l'ancien patron & les armes de Venife, lorsque Ravenne appartenoit à cet état. Mais les papes ont mis fur ces mêmes colomnes la ftatue de faint Victor, & celle de faint Apollinaire, qui font les patrons de Ravenne.

1. RAVENSBERG, château d'Allemagne, dans la Weftphalie, fur une montagne affez haute, près de la riviere Heffel. Ce château eft peu confidérable, fi ce n'eft qu'il donne le nom à un comté. * Zeyler, Topogr. Weftphal.

2. RAVENSBERG, comté d'Allemagne, dans la Weftphalie, & dont le château de Ravensberg, qui lui donne fon nom, eft le chef-lieu. Ce comté a au feptentrion les évêchés de Minden & d'Osnabrug; Lemgow du côté de l'orient; au midi Paderborn avec les comtés de Lippe & Rittberg au couchant; & à l'occident l'évêché de Munster. Ce comté appartenoit autrefois aux ducs de Juliers, de Cléves & de Berg; aujourd'hui il eft fous la domina

1. RAVESTEIN, château des Pays-Bas, dans le Masland, fur la rive gauche de la Meufe. Ses anciens feigneurs ont été long-tems libres & indépendans. Ils étoient de la maifon de Falkebourg. Waleran de Falkebourg, feigneur de Raveftein, fe défendit fi vaillamment en 1364, contre Vinceflas de Luxembourg, alors duc de Brabant, qu'il le contraignit à lever le fiége de Ravefteine; mais Renaud de Falkebourg, frere & héritier de Waleran, mort fans enfans en 1378, fit hommage de fa feigneurie de Ravestein au duc de Vinceflas, & fe rendit fon feudataire. Renaud étant mort fans enfans en 1396, inftitua pour héritiers les enfans de fa fœur Philippe de Falkebourg, qui étoient Simon & Jean comtes de Salms, fur les confins de la Lorraine & de l'Alface. Le comte Jean de Salms ayant été pris dans un combat par Adolphe de la Marck, comte de Cléves en 1397, fut contraint de céder pour fa rançon à ce comte la feigneurie de Raveftein. Ce comte de Cléves donna la feigneurie de Raveftein à un de fes cadets, & c'eft de lui que descendoit Adolphe de Cléves, feigneur de Raveftein, mort en 1492. Cette branche étant éteinte, la feigneurie de Raveftein revint aux ducs de Cléves & de Juliers; de forte qu'elle fait partie de la fucceffion de Cléves, & par le partage provifionnel qui en a été fait entre l'électeur de Brandebourg & le duc de Neubourg, la seigneurie de Raveftein eft demeurée au duc de Neubourg, & l'électeur Palatin fon fils en eft aujourd'hui en polleffion. Les Etats Généraux fe font confervé le droit d'entretenir une garnifon à Ravestein, & d'y avoir une églife réformée, dont le miniftre eft membre de la claffe de Boisle-Duc. Ils y ont auffi un commis collecteur pour la perception des droits fur la Meufe. Cette feigneurie contient quatorze bourgs ou villages. La ville de Raveftein eft peu confidérable. Le château eft très-ancien & affez fort. L'és lecteur Palatin prétend ne point relever des Etats Généraux pour cette feigneurie, quoique le roi d'Espagne leur ait cédé la fouveraineté de tout le Brabant Hollandois. Les armes de la ville & de la feigneurie de Ravestein font de gueules, au rais d'écarboucle fleurdelifé d'or. * Longuerue, Description de la France, 2. part. p. 57. Etat préfent des provinces-Unies..

2. RAVESTEIN ou RAVENSTEIN, petite ville d'Allemagne, dans la Poméranie, dans la prévôté de JacobsHage. Elle fut donnée autrefois à la famille de Damniz très-illuftre dans l'évêché de Camin.

RAUGNARICII. Ce nom fe trouve entre ceux de divers peuples barbares de la Scandinavie, rapportés par Jornandès, de reb. Get. c. 3, p. 10. ed. Vulcanii.

1. RAVI, riviere de l'Inde, dans les états du Mogol. Elle a fa fource dans les montagnes de Nagracut, & coule du nord oriental au midi occidental. Après avoir baigné Nagracut, Temeri & Lahor, & reçu les eaux de la riviere de Chantrow d, & celles de la riviere Van ou Via, g, elle va fe perdre dans la riviere d'Inde, g, vis-à-vis de Buckor. De l'lfle, Atlas.

2. RAVI, peuples de l'Arabie heureuse, felon Pline, 1.6, c. 28.

RAVIE'RES, petite ville de France, dans la Champagne, au diocèle de Langres, fur la riviere d'Armançon,

entre Ancy-le-Franc au nord, & Rougemont au midi, à peu près à égale distance. Elle eft bâtie fur le penchant d'une côte, & partie au pied de la même côte. L'églife paroiffiale porte le titre de faint Pantaleon. On tient marché dans Ravieres le mardi & le vendredi de chaque femaine, une foire principale le jour de faint Roch & plufieurs autres dans l'année. Le territoire produit des bleds & des vins, & il y a des prairies où l'on nourrit des bestiaux.* Corn. Diction. fur des mémoires dreffés fur les lieux en 1706.

RAVILLY, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des cinq qui compofent le comté de Caterlagh. * Etat préfent de l'Irlande, p. 36.

RAVITTA DU ZOFFA ou fimplemeat RAVITTA ou RABITTA, groffe montagne d'Espagne, au royaume de Valence, environ à dix-huit milles au nord-eft, quart de nord de Peniscola. Il y a entre Peniscola & cette montagne une grande plage bordée de fable, avec une grande plaine où l'on voit plufieurs villes & villages. On trouve entr'autres, presque au milieu de cette plage, fur le bord de la mer, une petite ville nommée Vineros, devant la quelle on peut mouiller avec les vents à terre, à la petite portée du canon. On y trouve fix, huit & neuf braffes d'eau, fond de fable vafeux, comme tout le long de la plage. On la reconnoît par une grande églife, & un haut clocher qui eft presque au milieu de la ville. A la pointe du fud-ouest de la Ravitta, il y a deux tours de garde, près desquelles il y a une petite ville nommée Alcanario, devant laquelle & entre les deux tours il y a une petite riviere. La Ravitta ou Rabitta, de quelque côté qu'on la voye, reffemble à une tente de galere, & le voit de fort loin, foir du côté du fud-oueft ou du nord-eft, & paroît isolée. * Michelot, Port. de la Méditer. p. 36.

RAUMARICÆ. Jornandes, de reb. Get. c. 3, p. 10, edit. Vulcanii, met un peuple de ce nom parmi divers peu ples barbares de la Scandinavie.

RAUMO, ville du royaume de Suede, dans la Finlande feptentrionale, fur la côte du golfe de Botnie, entre Biornbourg & Nykork, à l'embouchure d'une petite riviere. * De l'Ifle, Atlas.

RAUMO-SUND, détroit du golfe de Botnie. Il s'étend à peu près du nord au fud, entre la côte de Finlande à l'orient, & un grand nombre de petites ifles, fituées de file à l'occident. Ce détroit tire fon nom de la ville Raumo, qui eft bâtie fur la côte.

RAURACI ou RAURICI, anciens peuples de la Gaule Belgique. Céfar & les Itinéraires fuivent la premiere ortographe ; & Pline, Ptolomée & une ancienne inscription fuivent la feconde. Comme ils étoient voifins des Helvétiens, auffi étoient-ils leurs alliés dans la guerre contre les Romains. Perfuadent, dit Céfar, l. 1, c. 5, Rauracis & Tulingis & Latobrigis finitimis, uti eodem ufi confilio unà cum ipfis proficiscantur; & plus bas il ajoute, c. 29: Summá erat capitum Rauracorum millia XXII. Ces peuples avoient entr'autres une ville très - confidérable que Pline, l. 4, C. 12, appelle Rauricum Gallia oppidum ; & quand il parle de la fource du Danube, il dit que ce fleuve prenoit fa fource in Germania Jugis montis Abnoba, ex adverfo Raurici Gallia oppidi. L. Munatius Plancus conduifit une colonie romaine dans cette ville du tems d'Auguíte, comme on le voit par l'inscription suivante, recueillie par Gruter; P. 439, n. 8.

L. MUNATIUS L. F. L N. PRON.
PLANCUS COS. 'CENS. IMP. ITER. VII. VIR.
EPUL. TRIUMPH. EX RÆTEIS ADEM SATURNI
FECIT, DE MANUBIIS AGROS DIVISIT IN ITALIA
BENEVENTI IN GALLIA COLONIAS DEDUXIT,

LUGDUNUM ET RAURICAM.

Pline, l. 4, c. 17, dans un autre endroit appelle cette ville Colonia Rauriaca: Ptolomée la nomme Augufta Rauricorum. La table de Peutinger écrit Augufta Rauracum, par fyncope, fans doute, pour Rauracorum. L'itinéraire d'Antonin, qui écrit aufli Augusta Rauracum, marque cette ville fur la route de Milan à Mayence, en paffant par les alpes Pennines, en cet ordre :

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Le village d'Augft retient encore aujourd'hui l'ancien nom d'Augufta, que portoit cette Ville. Voyez AUGST. Ptolomée, l. 2, c. 9, ne donne que deux villes aux peu ples Raurici, favoir:

Augufta Rauricorum & Argentuaria.

RAURACUM. Voyez RAURACI.
URAC

RAURANUM, ville de la Gaule Aquitanique. L'itinéraire d'Antonin la met fur la route de Bourdeaux à Autun; entre Aunedonnacum & Limonum, à vingt milles de la pre miere de ces places, & à vingt-un milles de la feconde. RAURICI. Voyez RAURACI.

RAUSIDO, lieu de la Ganle, felon Ortelius; Thefaur: qui cite Fortunat dans la vie de faint Germain.

RAUSCHENBERG, ville d'Allemagne, dans le land graviat de Heffe, au comté de Zigenhaim, entre Gemund & Schonftett. Cette ville paffe pour être ancienne. Dans le voifinage on trouve un beau château & un bois, qui eft trèsagréable. Godefroi, comte de Zingenhain accorda à cette ville plufieurs beaux priviléges en 1266. Elle fut ruinée par les flammes en 1 266, en 1515, & en 1529.* Zeyler, Top. Haffiæ, p. 66.

le

RAUVI, RAVEI ou RowEY. Voyez RAVI n° 2. RAX, ifle de l'Afie mineure, dans la Lycie, felon Etienne géographe, in voce p’ara.

RAYA, village d'Espagne, au royaume de Murcie, à demi-lieue de la capitale. Il y a une paroiffe. Ce village fut bâti par D. Rodrigue de Puz-Marin & Soto, & par fa femme Catherine de Guzman Catherine de Guzman, en 1545. Son terroir abonde en fruits, en bled, en vin & en foie. * Silva, Pob. lac. de Espana, fol. 235.

RAYN, petite ville d'Allemagne, dans la baffe Styrie ; fur la Save, qui fépare la Styrie, de la Carniole. Elle appartient à la chambre du prince. On y voit un beau château, qui fut vendu avec toutes fes dépendances, fans y comprendre pourtant la ville, par l'archiduc Charles d'Autrice, à François Gallen de Gallenftein, qui mourut fans postérité. Ce château fut vendu dans la fuite à Frangepan, comte de Teifiz. En 1640, il fouftrit beaucoup, auffi-bien que la ville, d'un tremblement de terre. * Zeyler, Topog. Styriæ, p. 77.

RAYTHU. Voyez RAÏTHI.

RAZA, village d'Espague, dans la vieille Caftille, a deux lieues du grand chemin qui va à Bourgos, & à douze lieues de Ségovie. Il y a une paroiffe. Son terroir produit affez de bled. On trouve dans la riviere qui le baigne, beaucoup de truites, & dans la vallée il croît différens fruits. Don Gonçalo Fernandez, fils du comte FerdinandGonçalez, le peupla en 950, & lui donna le nom de la riviere Haza. On difoit d'abord Rro-HASA : par corruption, on eft venu à dire RHAZA. * Silva, Pobł. de Espana, fol.

60.

RAZES. Voyez RASEZ.

RÉ ou l'ifle de Ré, ifle de l'océan, fur la côte occidentale de la France, au gouvernement du pays d'Aunis, à une lieue de la terre ferme, & à trois de la Rochelle. Elle a trois à quatre lieues de longueur, fur une ou deux de largeur. On l'appelle en latin Radis, Ratis, ou Infula Ratenfis, de Radis, Rade, à caufe fans doute des bonnes rades qu'on trouve fur la côte. Ceux qui n'ont aucune connoiffance de l'antiquité, dit de Valois, Notit. Gal. p. 463, appellent cette ille Infula Reorum, Reacus ou Infula Rea, & jugent qu'elle a été ainfi appellée à caufe des criminels, qu'ils conjecturent qu'on y exiloit. Cependant il n'eft fait aucune mention de cette ifle avant le huitiéme fiécle, & tous les monumens qui en parlent, s'accordent à la nommer Radis, Ratis, ou Infula Ratenfis. Il y avoit alors en cette ifle un monaftere fort célébre, dont l'origine nous eft inconnue. On fait feulement que Hunaud, duc d'Aquitaine, fils du duc Eudes, s'y retira, & s'y fit moine l'an 744. Ce monastère fut ruiné de fond en comble dans le fiécle fuivant par les pirates Nor mands: l'ifle fut occupée dans l'onziéme fiécle par les feigneurs de Mauléon en Poitou, qui étoient auffi feigneurs de la Rochelle. Les moines de cîteaux s'établirent au douziéme fiécle dans la même ifle, & ils bâtirent un monastère dédié à Notre-Dame, fous la filiation de l'abbaye de Pontigny, & qui a fubfifté jusqu'aux guerres de la religion durant lesquelles l'abbaye de Ré ayant été détruite entierement, Louis XIII en unit tous les biens à la maifon de l'e

ratoire de Paris, de la rue Saint-Honoré. Les biens de la maison de Mauléon pafferent par un mariage, dans le treiziéme fiécle, fous le regne de faint Louis, au vicomte de Thouars. Ils font enfuite venus par mariage encore dans celle d'Amboife, & ont paffé dans celle de la Trimouille. Enfuite François de la Trimouille, vicomte de Thouars, qui étoit auffi feigneur de l'ifle de Ré, mariant fa fille avec Louis de Beuil, comte de Sancerre, lui donna en dot l'ifle de Ré. Charles VII, par fes lettres-patentes de l'an 1457, exempta de taille les habitans de cette ifle, en faveur du vicomte de Thouars leur feigneur : il leur donna de grands droits & de beaux priviléges, à la charge de contribuer aux armemens de mer. Après le tems de Charles VII, les Rochelois, qui prétendoient avoir droit d'amirauté, avec le gouvernement du pays d'Aunis & des ifles voisines, fe rendirent maîtres de l'ifle de Ré, dont les habitans fe firent pour la plupart calviniftes. Mais Louis XIII, ayant vaincu les Rochelois dans un combat naval l'an 1625, fe rendit maître de l'ifle de Ré, & y fit faire deux forts, l'un à SaintMartin, & l'autre à la Prée. Les Anglois, fous la conduite du duc de Buckinguan, leur amiral, étant venus au fecours de la Rochelle, bloquée par l'armée royale, firent descente dans l'ifle de Ré, & affiegerent le fort de Saint-Martin, qui fut vaillamment défendu par Toiras, depuis maréchal de France. Cette place fut fecourue par les troupes françoises, qui pafferent pendant la nuit, de la terre ferme dans l'ifle, & qui étoient commandées par le maréchal de Schomberg. Après la prife de la Rochelle, Louis XIII fit démolir le fort de Saint-Martin; mais fous le regne de Louis XIV, ce fort, & quelques autres, ont été rétablis. * Longuerue, Desc. de la France, p. 157.

Cette ifle produit abondamment du vin & du fel. Le vin eft médiocre; mais on en fait de l'eau de-vie & de la fenouillette excellente. Il n'y croît ni bled ni foin, & il n'y a presque point d'arbres. Elle est très-commode pour le commerce, & très-peuplée, & comprend fix paroiffes, avec plufieurs villages, & quatre forts allez confidérables. Ces quatre fort font:

La ville & la citadelle de Le fort de Samblanceaux.
Saint-Martin,
Le fort du Martray.

Le fort de la Prée,

L'Ile de Ré ne paye point de taille, parce qu'elle eft réputée terre étrangere. Il y a cependant un bureau, établi pour recevoir les droits fur le fel. * Piganiol, Desc. de la France, t. 5, p. 64, & fuiv.

La place de Saint-Martin étoit peu de chofe en ellemême; mais Louis XIV la fit agrandir, & fortifier d'une nouvelle enceinte, felon la méthode du maréchal de Vauban. Son enceinte eft compofée de fix grands baftions, & de cinq demi-lunes. Le foffé eft bon & fec, & le chemin couvert eft revêtu. Les flancs des bastions font doubles, ayant au-devant une espece de flanc élevé audeffus du fond du folfé. La citadelle commande le port, la ville & la campagne. C'est un carré très-régulier, défendu par quatre bastions, trois demi-lunes & une demi-contrescarpe, le tout revêtu & entouré, excepté du côté de la mer, d'un foffé fec, & d'un chemin couvert revêtu comme le refte. Dans le foffé de cette fortereffe on remarqe un ouvrage fingulier; c'est une cunette ou petit foffe plein d'eau, bien entretenue & bien réguliere. Le devant de trois des courtines de la citadelle est occupé par une espece de fauffe braye, ouvrage fingulier en ce gente, & qui ne fe trouve qu'en cette citadelle. Le quatriéme côté regarde la mer, & eft occupé par un petit port par un grand Quai, qui regne le long des faces des bastions. Il est petit, & fon entrée eft couverte par un éperon en forme de demi-lune.

&

Le fort de LA PRÉE eft pour défendre l'entrée du Pertuis Breton, & eft un carré parfait, fort régulier, compofé de quatre baftions, dont les courtines qui les joignent font tournées en arc du côté de la place. Les trois fronts qui font du côté de la terre, font couverts d'autant de demi-lunes, dont l'une couvre la porte. Le baftion qui eft du côté de la terre, eft couvert d'une grande contrescarpe. Tous ces ouvrages font revêtus d'une bonne muraille, entourée d'un bon fosfé, de fon chemin-couvert & de fon glacis. Le front du côté du port eft enfermé d'un petit foffé, au-delà duquel eft une petite demi-lune, qui a un fimple parapet de maçonnerie. Elle fert à défendre le port, & à couvrir une petite éclufe,

qui denne, quand on veut, de l'eau au foffé, & fur laquelle eft un pont.

Le fort de SAMBLANCE AUX défend le paffage appellé le Pertuis d'Antioche. Il eft bâti fur un rocher presque à la pointe de l'ifle. C'eft un carré régulier & bien bâti, dont le parapet eft percé de plufieurs embrafures. La porte du côté de terre eft couverte d'une demi lune, d'un foffé, & d'un chemin-couvert; à l'extrémité de fon glacis eft un grand foffe taillé dans le roc, qui détache entierement le fort de l'ifle. Le front qui eft vis-à-vis de celui-ci eft couvert d'un foffé, d'un chemin couvert & d'un glacis. Les deux autres côtés font fur le bord du rocher. Pour joindre la pointe de l'ifle, on a avancé une redoute carrée de terre, entourée d'un petit foffé fec: elle eft défendue par une communication ou gros retranchement de terre, qui prend aux deux angles flanqués des bastions du fort. Ces retranchemens regnent le long du rocher, fur le bord de la mer.

Le fort du MARTRAY eft fur la côte. C'est un carré long affez régulier, dont chacun des longs côtés eft fortifié d'un angle faillant en forme d'une demi-lune. Ces demi-lunes font autant de batteries. Les deux petits côtés font fortifiés chacun de deux demi - bastions, & d'une courtine.

La porte eft couverte d'une affez grande demi-lune ces deux fronts font entourés d'un follé & d'un chemin couvert avec leurs glacis. Au-delà de ces glacis, fur le front du côté de la porte, eft un grand retranchement de terre, fortifié de deux redoutes pentagonales, revêtues de maçonnerie, & entourées d'un foffe fec. Au centre de ce fort eft une grande redoute carrée de maçonnerie, entourée d'un foffé ayant des communications fous terre pour aller au foffé de la place.

L'ifle de Ré, la ville & la citadelle de faint Martin, & le fort de la Prée, ont un gouverneur particulier, fous lequel il y a un double état major, un pour la ville de faint Martin, & l'autre pour la citadelle. * Piganiol, Desc. de la France, t. 5, P. SI.

READING, ville d'Angleterre, dans le Berkshire, dont elle eft la capitale. Cette ville, qu'on met à trentedeux milles de Londres, vers le couchant, eft fituée au confluent de la Tamife & du Kennet. Elle a trois paroifles, & elle eft affez bien peuplée. Il s'y fait beaucoup de draps, & un bon débit de grains germés pour la bierre. Elle députe au parlement, & a droit de marché public. * Etat préf. de la gr. Bret. t. 1, c. 41.

REAL ou le REAL, en latin fanta Maria Regalis ou Beata Maria de Regali, abbaye de France, dans le Poifur le Clain, à dix lieues de Poitiers, & à deux de Charroux. C'est une abbaye d'hommes de l'ordre de faint Auguftin, congrégation de France.

tou,

REALE (la) abbaye de France, dans le diocèfe de Perpignan. Son nom latin eft fancta Maria de Regali. C'est une abbaye d'hommes de l'ordre de faint Benoît, mais fécularifée.

REALEJO, bourgade de la nouvelle Espagne, dans l'audience de Guatimala, au gouvernement de Nicaragua fur la côte de la mer du fud. Cette bourgade, fituée à l'embouchure d'une petite riviere, & au couchant de là ville de Léon, a un bon port qui la rend confidérable. * De l'Ifle, Atlas.

REALES, nom d'une ville, felon Ortelius, Thefaur. qui cite faint Auguftin, in Grammat.

REALMONT, ville de France, dans le haut Languedoc, au diocèfe d'Albi. C'eft le chef-lieu d'une prévôté. Elle eft à deux lieues d'Albi fur la riviere de Dadou.

REALVILLE, petite ville de France, dans le Quercy, au diocèfe de Montauban, fur l'Aveirou, élection de Montauban, à deux lieues de cette ville, vers le nord.

REAME, ville de l'Arabie heureufe, dans la partie méridionale, & dans le royaume d'Hadramut, environ à une lieue d'Almacharana. Cette ville, dit Davity, Arabie, contient près de deux mille maifons, & dans fon voifinage il eft fort pur, ce qui eft caufe que plufieurs perfonnes ỷ y a une montagne avec un château très-fort. L'air vivent jusqu'à l'âge de fix vingts ans, & au-delà. Dans le territoire de Réame on voit des moutons fi gras, qu'à peine peuvent-ils marcher. Il y en a dont la plus de quarante livres. queue pefe

y

REATE ou REATE, ville d'Italie, dans l'Umbrie, chez les Sabins, au voifinage d'Interocrea, felon Strabon, l. 5, p. 228. Denis d'Halicarnaffe dit que fes habitans étoient Aborigènes ; & Silius Italicus, . 8, v. 417, nous apprend qu'elle étoit dédiée à la déeffe Cybéle:

-Hunc Forali, magnaque Reate dicatum,
Calicolum matri.

Reate étoit une préfecture, comme nous le voyons dans la troifiéme catilinaire de Cicéron, c. 2, & Suétone, c. 1, nous fait entendre que c'étoit un municipe, car il donne au grand-pere de Vespafien le titre de municeps Reatinus. Tite-Live fait mention de divers prodiges arrivés à Reate: il dit entr'autres, l. 25, c. 7, & l. 26, c. 23, qu'on publioit y avoir vu voler une groffe pierre, & qu'une mule, contre la ftérilité ordinaire de ces fortes d'animaux, y avoit produit un mulet. Cette ville retient quelque chofe de fon ancien nom; car on la nomme aujourd'hui RIETI. Voyez ce mot.

REATINA PALUS. Voyez VELINI LACUS. REATIUM, ville d'Italie, felon Etienne le géographe. On croit que c'eft aujourd'hui MESSURGA.

REAU ou LA REAUX, en latin Abbatia-Regalis, abbaye de France, dans le Poitou, au diocèle de Poitiers. LA REAULE, abbaye de France dans la Bearn, aù diocèfe de Lescar. C'eft une abbaye de l'ordre de faint Benoît, & l'abbé a son entrée aux états de la province.

RÉAUMUR, bourg de France, dans le Poitou, élection de Fontenay. Le feigneur qui en porte le nom eft le célébre de Réaumur, directeur de l'académie royale des fciences, fi connu par fes découvertes phyfiques.

REAUX, bourg de France, dans la Saintonge, élection de Saintes.

REBAIS OU REBETZ, Resbacum, bourg de France, dans la Brie, élection de Colomiers, fur le bord du Morin, à deux lieues de Colomiers. Il y a dans ce bourg deux paroiffes, l'une dédiée à faint Jean, & l'autre à faint Nicolas. On y voit auffi une abbaye d'hommes de l'ordre de faint Benoît, fondée en 610, par faint Ouen, archevêque de Rouen. Cette abbaye vaut environ douze mille livres de rente à l'abbé, & cinq mille aux religieux. On tire l'ètymologie de fon nom du mot celtique Resbasque, qui fignifie torrent. En effet ce bourg eft bâti au bord d'un torrent qui porte le nom de Resbais, & pafle par les fosfés de l'abbaye. Saint Agile ou faint Ayl, moine de Luxeu, fur fait premier abbé de ce monaftere en 636, & eut pour fucceffeur faint Filbert l'an 650, avant que celui-ci quittât, pour aller bâtir Jumièges. On transporta autrefois d'Or léans, dans cette abbaye, la moitié des reliques de faint Evroul, abbé d'Ouche en Normandie, avec le corps de faint Ansbert.* Baillet, Top. des faints, p. 400. REBANE ou RHEBAN, bourgade d'Irlande. Voyez

RHAEBA.

1. REBEL. Voyez REVEL.

2. REBEL, bourgade d'Allemagne, au duché de Mecklenbourg, fur le bord méridional du lac de Muritzfée.

REBLAT, REBLATA Oú RIBLATA, ville de Syrie, dans le pays d'Emath. On n'en fait pas, dit dom Calmet, Dit. la fituation. Saint Jérôme, (in Ifat. 13, 1, & in Amos 6, 2. In locis, in Reblata, & in Ezech. 47,) l'a prife pour Antioche de Syrie, ou pour le pays des envifons d'Emath, ou d'Emmas, qui étoit encore de fon tems le premier gîte de ceux qui alloient de Syrie en Méfopotamie. On ignore quel étoit le nom ancien de la ville d'Antioche; mais on fait que celui qu'elle porta depuis le regne des Séleucides, & qu'elle porte encore aujourd'hui, eft nouveau. Saint Jérôme avoit apparemment fur cela quelque connoiffance particuliere, puisqu'il affure fi pofitivement, & en tant d'endroits que l'ancienne Reblata étoit Antioche. Cependant cette opinion fouffre beaucoup de difficulté. Antioche étoit affez éloignée d'Emère ou d'Emath, & elle n'étoit pas fur le chemin de Judée en Méfopotamie. Moyfe, en décrivant les limites orientales de la terre promife, dit, n. 31, 10, 11, 12, qu'elles s'étendoient depuis Hazer-Enan jusqu'à Sephama, de Sephama à Reblat, vis à-vis la fontaine de Daphné, d'où elles s'étendoient vers l'orient jusqu'à la mer de Cinereth où de Tibériade, & elles pafloient jusqu'au Jourdain, & enfin

fe terminoient à la mer falée, où à la mer morte. Le nom de Daphné ne fe lit pas dans l'hébreu, mais les paraphra ftes chaldéens, & faint Jérôme, expliquent la fontaine de Reblat de celle de Daphné, près d'Antioche. Ezechiel, c. 57, 17, met les bornes feptentrionales de la terre promife, du côté du feptentrion, depuis la mer Méditerranée jusqu'à Hazer-Enan, où Atrium-Enan. Il dit qu'Emath eft la ville qui borne la terre promife du côté du feptentrion, & que fes limites méridionales fe prennent par le milieu d'Auran, de Damas, & des montagnes de Galaad. Il ne parle point de Reblat, mais il marque Emath dans le territoire de laquelle étoit Reblat.

La demeure de Reblat étoit des plus agréables de la Syrie, d'où vient que les rois de Babylone y faifoient volontiers leur demeure. Pharaon Nechao, roi d'Egypte, s'y arrêta au retour de fon expédition de Carchemile, (4. Reg. 23, 33,) & y ayant fait venir Joachaz, roi de Juda, il le dépouilla de la royauté, & mit en fa place Joachim. Nabuchodonofor, roi de Babylone, demeura à Reblat, pendant que Nabuzardan, général de fon armée, affiégeoit Jerufalem, (4. Reg. 25, 6, 20, 21, ) & après la reddition de cette place, on amena le roi Sédécias, & les autres prifonniers à Reblat, où Nabuchodonofor fit crever les yeux à Sédécias, & tuer, en fa préfence, les fils de ce malheureux prince, & les principaux offi

ciers.

REBRECHIEN, bourg de France, dans l'Orléanois. Philippe Augufte donna ce lieu au chapitre de faint Martin de Tours, en échange de la moitié d'Aubigny en 1189.

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RECAENNESICI, peuples dont fait mention une ancienne médaille, où on lit le mot RECAENNESICORUM, felon Ortelius, Thefaur.

RECCANATI, ville d'Italie, dans l'état de l'Eglife, & dans la Marche d'Ancone, fur le Mufone, à trois milles au midi occidental de Lorette. Elle fut autrefois appellée Ricinetum, parce que les Goths ayant ruiné la ville d'Helvia Ricina ou Ælia Riccina, qui étoit dans la plaine, les habitans en bâtirent une nouvelle fur une montagne, & lui donnerent un nom compofé de celui de la premiere. Son évêché, qui ne releve que du faint fiége, fut érigé en 1240, par le pape Grégoire IX, & uni en 1591, à celui de Lorette. On la furnomme la longue. Comme elle eft bâtie fur une montagne, l'air en eft bon, & l'aspect fort agréable. On découvre le rivage de la mer, & quantité de bourgades dans les vallons, dont elle eft environnée. Il y a audeffus de la porte de la maifon de ville un tableau de bronze fort grand : il repréfente le transport de la chambre de la fainte Vierge de Galilée, en Dalmatie, & de-là dans la province de Reccanati. Le tombeau du pape Grégoire XII, eft dans l'églife cathédrale. Du côté qu'on fort pour aller à Lorette, on voit quelque refte d'un amphithéâtre, bâti de briques. La ville de Reccanati eft célébre par une foire que l'on y tient tous les ans, & qui dure quinze jours. Cette foire attire un grand nombre de marchands, mais étoit bien plus fréquentée autrefois.* Leandr. Albert. Desc. Ital. fol. 282.

RECCOPOLIS, ville de la Celtiberie, Mariana, l. 5, c. 11, dit qu'elle fut fondée en 567, par Lewigild, &. qu'on croit communément qu'elle étoit dans le lieu de la nouvelle Castille, où est aujourd'hui le bourg d'Almonacid. Voyez ALMONACID.

1. RECEM, ville de la Palestine, dans la tribu de Benjamin. Il en eft parlé dans le livre de Jofué, 18, 27. 2. RECEM, ou REKEM, autrement PETRA. Voyez PETRA.

RECENTORIUS AGER, territoire dans l'ifle de Sicile. C'eft Cicéron qui en parle, Contra Rullum.

RECHABITES, peuples cinéens d'origine, & connus. dans l'écriture fainte. Rechab, fils de Jonadab, eft regardé par dom Calmet, Dict. comme l'inftituteur des Rechabites. On ne fait en quel tenis vivoit Rechab, ni quelle eft fon origine. Quelques-uns le font fortir de la tribu de Juda. (a) D'autres croyent qu'il étoit prêtre, ou au moins lévite, (b) parce qu'il eft dit dans Jérémie () qu'on verra toujours des descendans de Jonadab attachés au fervice du Seigneur. Quelques rabbins veulent que les Réchabites, ayant époufé des filles des prêtres ou des lévites, les enfans qui en étoient fortis furent employés au fervice du temple. D'autres croient qu'à la

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vérité ils fervoient au temple, mais fimplement en qualité de miniftres, de même que les Gabaonites & les Ña thinéens, qui étoient comme les ferviteurs des prêtres & des lévites. () On lit dans les paralipoménes, () que les Rechabites étoient cinéens d'origine, & qu'ils étoient chantres dans la maiton de Dieu. Canentes atque refonantes, atque in tabernaculis commorantes; hi funt Cinai qui venerunt de calore patris domûs Rechab. L'Hébreu porte: Les portiers & les obéiffans, qui logent fous des tentes; ce font eux, qu'on nomme Cinéens, qui font descendus de Chamath, chef de la maifon de Réchab. (f) Les Cinéens ne font pas de la race de Jacob, mais de celle de Madian, fils de Chus. Ils descendoient de Hobab ou de Jétro, pere de Sephora, & beau-pere de Moyfe Ils entrerent avec les Hébreux dans la terre promife, & demeurerent dans le lot de la tribu de Juda, aux environ de la mer Morte. Ils ne furent diftingués des Israëlites que par leur vie champêtre, & par le mé pris qu'ils faifoient des villes & des maifons. Quelques uns () ont cru que Hobab ou Jetro étoit lui-même le premier inftiruteur des Réchabites; que Réchab étoit un de fes noms, que Jonadab, connu du tems de Jehu, étoit un de les descendans : que Héber le Cinéen étoit de l'inftitut des Réchabites, descendus & inftitués par Jétro, des nouveaux inftitués par Jonadab fils de Réchab qui vivoit fous Jéhu roi d'Israël. * (a) Theodoret in 1. Paral. initio. (b) Hegefipp. apud Eufeb. 1. 2, c. 23. Hift. ecclef. (c) Jérém. 35, 19. (d) Sanit. & Cornel. in Jerem. 35. (c) Vide Jofue 9, 27. Par. 9, 2 Efdr. 2, 43, 55, 58, 70. 2 Esdr. 7, 57. (f) i Par. 2, $5. (8) Arias Montan. in Judic. I. Sanctius in Jerem. 35, n. 5, 6, 7. Minerval. c. 13, 14, 15.,

Sans chercher des étymologies forcées, l'écriture (a) nous apprend que Jonadab, fils de Réchab, qui vivoit du tems de Jéhu, roi d'Israël, ordonna à fes descendans de ne boire jamais de vin, de ne point bâtir de maifons, de ne femer aucun grain, de ne point planter de vignes, de ne pofféder aucun fonds, & de demeurer fous des tentes toute leur vie. Telle fut la régle des Réchabites, & des enfans de Réchab. Elle n'obligeoit point les autres Cinéens, ni les autres descendans de Jétro. Cette observance fubfifta pendant plus de trois cents ans. (b) La derniere année du régne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonofor étant venu affiéger Jerufalem, les Réchabites furent obligés de quitter la campagne, & de fe retirer dans la ville, fans toutefois abandonner leur coutume de loger fous des tentes. Jérémie durant le fiége reçut ordre du Seigneur d'aller chercher les disciples de Réchab, de les faire entrer dans le temple, & de leur préfenter du vin à boire. (c) Jérémie exécuta les ordres du Seigneur : mais les Réchabites répondirent: Nous ne boirons point de vin, parce que Jonadab, fils de Réchab notre pere, nous a défendu d'en boire, & nous lui avons obéi jusqu'aujourd'hui, nous & nos femmes, nos fils & nos filles. Et lorsque Nabuchodonofor eft venu dans le pays, nous avons dit : Entrons dans Jerufalem, devant l'armée des Chaldéens & des Syriens, & nous avons demeuré à Jerufalem. Alors le Seigneur dit à Jérémie : Dites au peuple de Juda, & aux habitans de Jerufalem : les paroles de Jonadab, fils de Réchab, ont eu affez de force fur l'efprit de fes enfans, pour les obliger à ne point boire de vin jusqu'à cette heure ; mais pour vous, vous n'avez point voulu m'écouter jusqu'aujourd'hui .. Enfuite adressant la parole aux Réchabites, il leur dit : Parce que vous avez obéi aux paroles de Jonadab votre pere, & que vous avez obfervé fes ordonnances, la race de Jonadab ne ceffera de produire des hommes, qui ferviront toujours en ma préfence. (a) Jer. 35, 6, 7. (b) Jéhu commença à régner l'an du monde 1320. Joakim, roi de Juda, fut mis à mort l'an du monde 3401, avant JesusChrist 595 > avant l'ére vulgaire 599. (©) Jérém. 35, 1, 2, 3. Les Réchabites furent apparemment menés captifs après la prise de Jerufalem par les Chaldéens, ( An du monde 3405, avant Jefus-Chrift 595, avant l'ére vulgaire 599.) puisqu'on lit dans le titre du pfeaume 70, 1, qu'il fut chanté par le fils de Jonadab, & par les premiers captifs, qui font Ezechiel & Mardochée, emmenés au-delà de l'Euphrate par les Chaldéens, après la prise de Jerufalem, fous le roi Joakim. Ils revinrent de captivité, & s'établirent

...

dans la ville de Jabès, au-delà du Jourdain, comme il paroît par les Paralipomènes : la race des fcribes qui demeuroient à Jabès, nommés portiers, obéiflans, & demeurans fous des tentes, font les Cinéens descendus de Chamath, pere de la maifon de Réchab. Il y a quelque difficulté fur ce paffage Quelques-uns ont cru que Jabès en cet endroit marquoit, non une ville, mais un homme que les Cinéens honoroient comme leur maître. Quoi qu'il en foit, il n'eft plus parlé des Cinéens dans les livres depuis la captivité de Babylone. Quelques uns ont prétendu que les Affidéens, dont il eft parlé dans les Maccabées, () étoient les fucceffeurs & les imitateurs des Rechabites. D'autres () confondent les Réchabites avec les Efféniens; comme il y a affez d'apparence, ces deux fentimens reviendront au même. La maniere de vivre de ces derniers étoit fort différente de celle des Réchabites, comme il paroît dans ce qu'en dit Jofeph, (c) qui nous apprend que les Efféniens avoient des champs qu'ils cultivoient en commun, qu'ils demeuroient dans des maifons, qu'ils n'avoient ni femmes, ni enfans, & ne faifoient point leurs cérémonies avec les autres Juifs dans le temple de Jerufalem. Or tout cela étoit contraire aux pratiques des Réchabites. Hegefippe, cité par Eufebe, 1. 2, C. 23, raconte que comme on conduifoit faint Jacques au fupplice, un des prêtres de la race des Réchabites, cria aux Juifs qui vouloient le lapider : Qu'allez-vous faire ? Le jufte prie pour vous. Il eft certain, comme nous l'avons déja dit, que les Réchabites n'étoient pas de la race des prêtres; mais comme ils fervoient dans le temple, cet auteur aura cru qu'ils étoient prêtres, ou il aura pris le nom de prêtre dans un fens générique pour un miniftre du Seigneur. *(a) I. Macc. II, 42. VII. 17, & II. Macc. XIV, 6, (b) ita ex Nilo & Suida Sercartrihares, 1.3, c. 9. (c) Jofeph, Antiq. 1. 18, 2, & de bello, 1. 2, 12, p. 785,786.

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Benjamin de Tudèle dit qu'il vit dans fes voyages un grand pays habité par les fils de Réchab. Voici fes paroles: « De Pundebite fur l'Euphrate, j'allai dans le pays » de Séba, nommé aujourd'hui Aliman, qui confine au » pays de Sennaar. Après vingt-un jours de marche par » les folitudes, j'arrivai dans le pays où demeurent les Juifs » nommés fils de Réchab, autrement peuples de Théima, qui font gouvernés par le prince Hanan. La ville de » Théima eft grande & bien peuplée. Le pays a vingt » journées de long entre les montagnes feptentrionales. » Il eft rempli de bonnes & fortes villes, qui n'obéiffent » à aucun prince étranger. Les peuples de ce pays font des courfes fur leurs voifins, & même fur les peuples éloignés. Ils cultivent des champs, & nourriffent des troupeaux, ayant un bon & vafte pays. Ils donnent la >> dixme de tout leur revenu pour l'entretien des disciples des fages, qui vaquent continuellement à la prédi"cation, & pour la nourriture des Pharifiens, qui dé» plorent le malheur de Sion, & la chute de Jerufalem » n'ufant jamais ni de vin, ni de chair, allant toujours » vêtus de noir, & n'ayant point d'autre demeure que des » cavernes, jeûnant tous les jours, à l'exception du jour » du fabbat, & toujours appliqués à la priere, pour ob» tenir de Dieu la liberté, & le retour de la captivité d'Israël. Benjamin, Itiner. p. 73, 74.

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» Les Juifs de Théima, qui font au nombre d'envi» ron cent mille, font les mêmes prieres au Seigneur. » Ils ont pour prince Salomon, frere de Hanan, tous deux » de la race de David, comme ils le prouvent par leurs » hiftoires généalogiques. Ils vont ordinairement avec des » habits de deuil & déchirés, & jeûnent quarante jours » pour tous les Juifs qui font en captivité. La province »comprend environ quarante villes, deux cents bourgs » & cent châteaux. La capitale du pays eft Thénaï, & le » nombre des Juifs qui habitent dans la province, eft » d'environ trois cents mille. La capitale dont on a parlé eft close de bonnes murailles, qui enferment dans leur » enceinte un grand terrein, où l'on féme du froment » en quantité, car elle a quinze milles de long & autant » de large, c'est-à-dire, cinq grandes lieues en carré, & » environ quinze de tour; on y voit le palais du prince » Salomon avec de très-beaux jardins. » Voilà quel eft le pays des Réchabites, felon ce voyageur qui vivoit au douzième fiécle. Mais tout ce récit a fi fort l'air fabuleux, qu'on n'y peut ajouter aucune créance.

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