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y trouve auffi divers temples magnifiques, & des couvens de facrificateurs, qui reçoivent leurs ftatuts de ceux du mont Tientai, dans la province de Chekien, & qui s'adonnent inceffament à la contemplation.* Amb.des Holl. à la Chine, c. 52.

Il y a fept villes fous la métropole de Siangyang; favoir,

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SIANGYN, ville de la Chine, dans la province de Huquang, au département de Changxa, huitième métropole de la province. Elle eft de sds plus occidentale que Pekin, fous les 29o 13' de latitude feptentrionale.* Atlas Sinenf.

SIANTICUM, ville du Norique, felon Ptolomée, 1.2,c. 14. C'eft apparemment la ville Santicum de l'itiné raire d'Antonin.

SIAO, cité de la Chine, dans la province de Kiangnan, au département de Siucheu, quatrième grande cité de la province. Elle eft de od 13 plus occidentale que Peking, fous les 34d 51' de latitude fepentrionale. Atlas Sinenf.

SIAO CHE, bourgade de la Chine. C'eft une groffe bourgade, à fix lieues de Kien-Tchang, fur la route de Sing-Tchin - Hien. Les habitans font de bonnes gens, francs, finceres, & vivans dans une grande innocence. Comme Siao-Che eft fur le bord de la riviere, les hommes y font presque tous pêcheurs. On eft furpris en entrant dans la bourgade de ne rencontrer perfonne, & de ne voir que des enfans aux portes. C'eft que les femmes font renfermées dans les maifons, où elles travaillent, tandis que les maris font occupés à la pêche, ou à cultiver leurs chanips, qu'ils labourent deux ou trois fois l'année. Il y a une maison qu'ils appellent la fale des ancêtres; c'est la plus belle de toute la bourgade: elle eft commune à tous les habitans, parce que s'étant fait depuis long-tems une coutume de ne point s'allier hors de leurs pays, ils font tous parens aujourd'hui, & ont les mêmes ayeux. *Lettres édif. t. 5, p. 226.

SIAOCHING, fortereffe de la Chine, dans la province de Channton, au département de Ningc'ing, premiere forterelle de la province. Elle eft de 14 54 plus orientale que Peking, fous les 37o 35' de latitude feptentrionale. *Atlas Sinenf.

SIAOCHINGFAN, fortereffe de la Chine, dans la province de Queicheu, au département de Queiyang, premiere métropole de la province. Elle eft de 11d 2 plus occidentale que Pekin, fous les 25d 32′ de latitude feptentrionale.

SIAOCU eft un mot qui fait partie de la Chine, voisine de la ville de Hoeichu, compofée de trente-deux monts fort élevés. Celui de Siaocu a deux fommets fort élevés, près la ville de Sofung. On prétend que fur ce mont on révere une Chinoife, qui avoit nourri pendant long-tems une haine implacable au fexe féminin, & qui pour cela avoit été changée en homme. * Amb. des Holl. p.161.

SIAOLUNGFAN, fortereffe de la Chine, dans la province de Queicheu, au département de Queiyang, premiere métropole de la province. Elle eft de 11d15 plus occidentale que Peking, fous les 25d 30' de latitude feptentrionale. Atlas Sinenf.

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SIAOPINGSA, fortereffe de la Chine, dans la province de Queicheu, au département de Sintien, feconde ville militaire de la province. Elle eft de 1od 59' plus occidentale que Pekin, fous les 264 29' de latitude feptentrio

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route de Sebaftopolis à Céfarée, entre Veriffa & Sebaftia, à douze milles de la premiere de ces places,& à trente-fix milles de la feconde. Tous les manuscrits s'accordent à lire en cet endroit Siara, fi ce n'eft celui de Naples, qui porte Siriara. Cependant, dans une autre route du même itinéraire, on lit Phiarafi ou Fiarafi; de forte qu'on ne fauroit décider quelle eft la véritable ortographe. Il fe pourroit faire néanmoins que ce feroit la ville Phiara de Pto lomée, laquelle il place dans la Sargarausène, préfecture de la Cappadoce, mais qui fut dans la fuite ajoutée à l'Arménie.

2. SIARA, capitainerie de l'Amérique méridionale, au Bréfil, fur la côte feptentrionale, entre la capitainerie de Maragnan & celle de Rio-Grande. Les Portugais y ont deux fortereffes, l'une au nord joignant la petite ville de Siara. Elle eft bâtie fur une petite montagne, au côté droit du port, qui n'efl propre que pour de petits navires. Au bas de la montagne fur laquelle eft fituée cette forterelle, paffse une petite riviere nommée SIARA. A l'orient de cette premiere fortereffe eft le fort de Saint-Luc, fitué fur la côte, à l'embouchure d'une petite riviere, entre Rio-Buranduba & Porto das Oncas. La partie orientale de cette capitainerie n'appartient pas aux Portugais : ce font les pays de Dele & Petaguei. Du côté du midi, les Portugais s'étendent jusqu'à la nation des Tapuyes. Il arrive tous les ans dans les ports de la capitainerie de Siara, quelques petits bâtimens qui emportent du coton, du cryftal, d'autres fortes de pierres, du bois auffi de diverfes fortes & du fucre. Les Sauvages de cette côte font grands & laids de vifage. Its ont les cheveux longs, les oreilles percées & pendantes. presque jusques fur les épaules. Leur peau eft teinte en noir, excepté depuis les yeux jusqu'à la bouche.* De l'Ifle, Atlas. De Laet, Desc. des Indes occidentales, l. 16, c. 7.

3. SIARA ou SIARE, eft une espéce de temple dédié au dieu des vents. Il y en a dans toutes les ifles Maldives : ils font fitués dans des endroits fort écartés. Lorsque les habitans de ces ifles encourent quelque danger fur mer, ils adreffent des vœux au dieu ou roi des vents (car ils lui donnent indifféremment l'un ou l'autre titre) & fitôt qu'ils font à bord, ils vont les remplir au Siare, où ils portent beaucoup de parfums, de fleurs, &c. Ils reconnoiffent auffi un dieu de la mer qu'ils appellent pareillement roi, & ont autant de vénération pour lui que pour celui des vents. Il a auffi des temples. Ils honorent en outre les dieux des autres élémers. * François Pyrard de Laval, Voyage aux Indes, &c. p. 199, 1 part.

SIARUM, ancien municipe d'Espagne, dans la Bétique, felon Ambroife Moralès, qui fe fonde fur une inscription antique. Il ajoute que le lieu fe nomme préfentement Sarracotim, & qu'on le voit entre Seville & Utrera.

SIASUR. Voyez ZITURON.

SIATUTANDA, ville de la Germanie; Ptolomée, 1. 2, c. II, la marque dans le climat le plus feptentrional. Il y en a qui veulent que ce foit préfentement Scaltwoldt ou Si deburen, dans la province de Groningue.

SLAVANA, ville de la grande Arménie, felon Prolomée, l. 5, c. 13.

SIAZUR, nom d'un lieu que Cédrène met au voisinage de la Perfe. Il en parle dans la relation de la guerre d'Heraclius, contre Costoès. * Ortél. Thefaur.

1. SIBA, riviere de la grande Tartarie, & qui s'appelloit autrefois Altaï. Elle a fa fource vers les frontieres des Callmoucks, dans les montagnes de la branche du Caucafe, à quarante-trois dégrés de latitude, au fud des fources de la riviere de Jeniféa, & courant de-là à l'eft-nordeft, elle vient fe perdre vers le nord des déferts de Goby, au fud-fud eft de la fource de la riviere d'Orchon. Les bords de la riviere de Siba font préfentement habités par les Moungales de l'Oweft; il y a même un peit kan de cette nation, qui fait ordinairement fon féjour aux environs de cette riviere, & qui eft maintenant fous la protection de la Chine.* Hift. gen. des Tartares, p. 198.

2. SIBA, province de l'empire du Mogol. Elle a celle de Nagraent au nord, le royaume du grand Tibet à l'orient, les provinces de Gor & de Jamba au midi, & celle de Pengab à l'occident. Dans la partie feptentrionale de cette province, on voit un grand lac d'où fort le Gange; & dans la partie méridionale on trouve la ville & le petit royaume de Sirinagar.* DelIfle, Atlas.

SIBACENA, contrée de la grande Arménie: Ptolomée, l. 5, c. 13, dit qu'elle étoit voifine du mont Paryades. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Syracene, au lieu de Sibacena.

SIBÆ, peuples de l'Inde, felon Strabon, l. 25, p. 688, Arrien, in Indic. & Etienne le géographe, l. 17. Ce font ies Iba de Diodore de Sicile, v. 1141, & les Saba de Denis le Périégéte.

SIBAPOLIS. Siméon le Métaphrafte parle d'une ville de ce nom dans la vie de fainte Fébronie. Cette ville étoit aux confins de l'Affyrie.

SIBARÆ, peuples de l'Inde, felon Pline, l. 6, c. 20. SIBARI. Voyez SYBARIS.

1. SIBARIS. Voyez SARABRIS. 2. SIBARIS. Voyez SYBARIS. SIBDA, ville de la Carie. C'étoit, felon Pline, 1. 5, . 29, une des fix villes qu'Alexandre le Grand mit dans la dépendance de la ville d'Halicarnaffe. Etienne le géographe parle auffi de la ville de Sibda.

SIBEN, bourg d'Allemagne, dans le Tirol, à trois heues de Brixen, fur la riviere d'Eyfock. Ce n'est aujour d'hui qu'un méchant bourg, qu'on dit avoir été évêché autrefois. On prétend que fon fiége épiscopal fut transféré à Brixen, dans le fixiéme ou dans le feptiéme fiécle.* Commainville, Table des évêchés, au mot Brixen..

SIBENE, riviere de Suifle, dans le pays de Sibenthal, au canton de Berne. Elle coule du midi au nord, paffe à Wimmis, où elle fe joint au Kandel.

SIBENTHAL, petite contrée au canton de Berne, & au couchant du lac de Thoun. On le divise en haut & bas Sibenthal. Wimmis en eft le chef-lieu.

SIBERENA, ville d'Italie. Etienne le géographe la donne aux Oenottiens. On a des médailles anciennes avec ce mot, Zi, felon Ortelius, qui croit que c'eft la ville Espin de Cedréne. Gabriel Barri dit que le vulgaire ignorant la nomme préfentenient S. Severina. Cependant elle s'appelloit déja de la forte dès le temps de Conftantin Porphyrogénete, où on lit, . 2. Them. 10, patio Tus arias Ecumpers ng Kpéry, Oppidulum S. Severina & Croton. Le même Barri dit que les vins qui croifloient dans le territoire de Siberena, font appellés Severiniana vina, par Pline, l. 14, c. 6; mais il eft, je penfe, le feul qui trouve une faute dans cet endroit de Pline. Cluvier n'a pas été beaucoup plus heureux, quand il a propofé une corcction à peu près pareille dans ce paffage de Tite Live, 1. 26, c. 39. Velis tum forte Romanus veniebat : fed circà Crotonem Sibarimque fupplever at remigio naves. Il veut qu'on life urca Crotonem Siberinamque. Aucun éditeur n'a encore profité de fon avis.

SIBERIE, contrée de l'empire Ruffien, & qui comprend la partie la plus feptentrionale de l'Afie. Elle eft bornée à l'orient par la mer du Japon, au midi par la grande Tartarie, à l'occident par la Ruffie, dont elle eft féparée par le commencement du mont Caucafe, & au feptentrion par la mer Glaciale: en forte que la Sibérie, dans l'état où elle eft, peut avoir huit cents lieues d'Allemagne, dans fa plus grande étendue d'occident en orient, & trois cents à peu près du midi au nord. Comme ce vafte pays eft entre les so, & 70d de latitude, il fait un froid extrême dans fa partie feptentrionale, parce qu'il n'y a rien qui couvre ces quartiers contre la violente bife du nord, qui y regne presque pendant les trois quarts de l'année, parce qu'à mesure que l'on avance vers les bords de la mer Glacialé, les montagnes de ce pays, d'ailleurs fort élevées, s'applaniffent infenfiblement; de maniere que ce ne font plus à la fin que de vastes plaines, couvertes de petits fapins & autres arbrifleaux, & entrecoupées de tems en tems de quelques côteaux de peu de hauteur, qui laisfent une entiere liberté à ce vent terrible de pénétrer jusques dans les cantons les plus reculés de la Sibérie.

Les descendans de Gengis-Kan avoient fondé dans la Sibérie un empire confidérable, dont on n'a aucune connoiffance: il paroît cependant que ce grand pays étoit de la dépendance des kans du Touran, puisqu'Aboulghazique Kutfium-Kan, dernier kan de Sibérie, descendoit de Bekkondi, fils de Mangou-Timour, un des kans de Touran; ce Kutfium-Kan a régné quarante ans, & a été chaffé par les Ruffes, comme il eft dit dans la fuite de cet article. Bernard Muller rapporte qu'il y avoit autrefois en Sybérie un kan, appellé On, qui étoit établi fur les

bords de l'Uchim, riviere qui fe décharge dans l'Irftich: Un de fes fujets, nommé Zindigi, fouleva le peuple, le détrona & s'empara de l'empire. Cet ufurpateur régna paifiblement il fit même venir auprès de lui Taibouga, fils de celui qu'il avoit détrôué, & (chofe rare dans l'histoire il lui accorda fa confiance, lui confia fes troupes, avec lesquelles il défit les ennemis, & lui laiffa l'empire à fa mort. Ce dernier eut pour fucceffeur fon fils Chod, auquel fuccéda Mar fon fils, qui fut battu par Upak Khan de Kafan, lequel s'empara de fes états; mais Mohammed, petit-fils de Mar, reconquit la Sibérie fur Upak, fit bâtir Ja ville de Sibir, que les Ruffes ont agrandie, & ont appellée Tobolsk. Il eut pour fucceffeur Agisch, fon neveu, auquel fuccéda Kufim, fils de Mohammed. Ce dernier eut deux fils, Gotiger & Bekbula, qui furent tués par Kuthiumkon, qui régnoit en Sibérie vers 1583. Dans ce tems les Cofaques qui habitoient le long du Tanaïs & du Volga, où ils pilloient continuellement les caravanes qui venoient de Perle & de la Bukharie, ayant été chaffés par le czar Ivan-Vafilovitz, fix cents d'entr'eux, conduits par leur atman ou chef, nommé Jermak-Timonphevitz, allerent par la Kama, dans les terres de Stroganw, qui les avoit appellés. Là ayant entendu parler de la Sibérie, ils remonterent avec Jermak la riviere de Serebrenoy, d'où ils transporterent par terre, dans la Tura, leurs vaiffeaux. Ils entrerent dans l'irtisch, & remontant ce fleuve jusqu'à la ville où regnoit Kutfium-Khan, qu'ils mirent en fuite, firent prifonniers fa femme & fes enfans, parmi lesquels il y en avoit un nommé Altanai, fultan. Après avoir foumis la capitale, ils poufferent plus loin leurs conquêtes. Pendant ce tems (c'étoit en 1584) Jermak envoya cinquante Cofaques à Moskou, pour y porter cette nouvelle, & obtenir fon pardon. Le czar Théodore en fut fi fatisfait, qu'il lui donna le titre de prince de Sibérie, & fit partir avec les Cofaques deux de fes généraux, Simeon Bolchowoskoi & Iran-Gluchow. Jermack, qui s'étoit mis en marche vers la riviere de Voschai, avec cent cinquante Cofaques, pour furprendre une caravane qui venoit de Bukharie, fe laiffa furprendre par Kutfium-Khan, qui tua tous les Cofaques. Un feul réchapa & alla porter cette nouvelle au général Ivan-Glouchow. Il fit descendre l'Oby à fa troupe & la conduifit à Moskou. Le czar envoya une armée en Sibérie fous les ordres de Bafile Barifovitz-Sukin, qui battit Tumen, & détacha Daniel Cziuscow, qui alla conftruire à l'embouchure du Tobol, dans l'Irtisch, le château de Tobolsk. En 1591 les généraux Ruffes firent de grandes conquêtes en Sibérie, & en 1598 ils battirent Kutlum Khan, prirent les femmes & trois fils qu'il avoit, & les envoyerent à Moskou: pour lui il fe réfugia chez les Mankats ou Carakalpaks, où il mourut. L'année fuivante les Ruffes. bâtirent dans ce pays la ville de Mangas, peut-être Mangajeia fur la Jenifea. Dans la fuite ils ont foumis tout ce vafte pays. Hift. générale des Huns, par M. de Guignes, t. 4, p. 446, 447 & 448.

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Dans les premiers tems que les Ruffes firent cette con quête, le nom de Sibérie étoit redoutable à tous les garnemens de l'empire Ruffien, parce qu'on les y envoyoit tous pour la peupler : aujourd'hui c'eft le lieu d'exil de tous les feigneurs qui font disgraciés.

Ce pays eft préfentement occupé par trois fortes d'habitans, favoir 1° par des peuples païens qui font les anciens habitans du pays. 2° par des Tartares mahomécans, qui font ceux fur lesquels les Ruffes l'ont conquis. 3° par les Ruffes qui en font à préfent les maîtres. Les peuples païens qui habitent dans la Sibérie font divifés en plufieurs nations dont les principales font les Wogulitzes, les Samoyedes qui habitent entre l'Oby & la Lepa vers la mer Glaciale, & qui font appellés Samoyedi Mantzela pour les diftinguer des autres Samoïedes qui habitent vers la côte feptentrionale de la Ruffie, depuis les bords occidentaux de la Guba Talfaukoya jusqu'aux environs de la ville d'Archangel, & la riviere Dwina. Voyez les Samoyedes à leur article dans ce Dictionnaire. Les Oftiakes habitent au fud des Samoyedes. Voyez auffi leur article. Les Toungoufes occupent une grande partie de la Sibérie orientale: ils font divifés en quatre branches. 1° Les Podkamena Toungoufi, qui habitent entre la riviere de Jenifea & celle de la Lena, au nord de la riviere d'Angara. 2° Les Sabatski Toungoufi, qui habitent entre la Lena & le fond du golfe de Kamtzchatka vers les foixante dégrés de latitude au nord de la riviere d'Aldan. 3° Les

Olenni Toungoufi, qui habitent vers les fources de la Lena & de la riviere d'Aldan au nord de la riviere d'Amur. 4° Les Conni Toungoufi, qui habitent entre le lac Baikal & la ville de Nerzinskoy, & le long de la riviere d'Amur. Les Jakuti qui habitent tout le long de la Lena. Les Jukagri qui habitent vers les bords de la mer Glaciale, à l'est de l'embouchure de la Lena. Les Tzuktzchi & Tzchalatzki. Les Kamtchadales. Ceux de cette nation font beaucoup plus civilifés & mieux faits que leurs voifins du nord. Les Buratti qui habitent au fud de la riviere d'Angara, entre la Jeniféa & la Selinga, & font une forte de Moungales. Les Barabinski, qui font une forte de Callmoucks, & habitent dans les plaines, entre la riviere d'Irtis & l'Oby. De ces nations il n'y a que les Wogulitzes, les Barabinski, les Buratti, les Kamtzchadales, & les Olutorski qui ayent des habitations fixes. Tous les autres peuples de ce pays vivent fous des hutes; ils demeurent pendant l'hiver dans les forêts, cherchant leur nourriture à la chaffe : & dans l'été ils vont chercher fur les bords des rivieres pour s'entretenir de la pêche; les peaux des poiffons font leur habillement d'été, & les peaux des élans & des rennes leur fervent au même ufage en hiver. L'arc & la fléche, un couteau, une hache, avec une marmite, font toutes leurs richeffes : & les raclures d'un certain bois leur tiennent lieu de lit de plume pour fe coucher ; les rennes & les chiens leur fervent de chevaux, & leur font même de meilleur ufage dans l'hiver que ne le pouroient être ces derniers, à caufe qu'ils peuvent marcher fur la neige, qui eft quelquefois d'une pique de hauteur, fans s'y enfoncer, comme le feroit un cheval; & en cette forte quatre chiens tirent fort bien un traîneau chargé de trois cents livres pefant pendant fix à huit lieues d'Allemagne. Ces traîneaux font extrêmement légers, ayant quatre à cinq aunes de longueur, & autant de largeur qu'il leur en faut pour qu'un homme y puiffe coucher: ce font principalement les Samoyedes & les Jukagri qui fe fervent de rennes devant leurs voitures, car le refte de ces peuples n'y employent ordinairement que des chiens. Par tout le nord de la Sibérie on n'a point d'autre commodité pour aller d'un endroit à l'autre en hiver que la pofte aux chiens qui a fes jams ou relais réglés de diftance en diftance, tout comme nos poftes les mieux réglées les fauroient avoir ; & à mefure que le voyageur eft preffé, on augmente le nombre des chiens de l'atelage de fon traîneau. C'est par la même voie que les commis du tréfor de la Sibérie, vont recevoir en hiver, dans les endroits marqués pour cela en chaque gouvernement, les contributions de ces peuples en pelleteries, felon la qualité des cantons qu'ils habitent; pour cet effet on a bâti en ces endroits des maifonnetes de bois, où les commis viennent fe rendre dans l'hiver, accompagnés de quel ques Cofaques, & alors tous les chefs de famille du rellort de chaque bureau y accourent en foule, pour leur apporter la quantité de pelleteries à laquelle chaque famille eft taxée, afin de n'être point fujets aux extorfions de ces commis en cas de quelque retardement. De tous ces peuples, & de diverfes autres nations moins confidérables, qui font ré pandues dans la Sibérie, il n'y a que les Tzchalatzki, les Tzucktzchi, les Olutorski, les Kurilski qui occupent la pointe du fud du pays de Kamtzchatka, & les Kilaki qui habitent au nord de l'embouchure de la riviere d'Amur, qui ne payent point de contribution jusqu'ici à la Ruffie; tous les autres peuples de ce vafte continent la payent fans exception, felon la nature des différens cantons qu'ils occupent. Leur religion confifte pour la plupart en quelque honneur qu'ils rendent au foleil, à la lune, & dans le culte de leurs idoles. Tous ces différens peuples ont ordinairement deux fortes d'idoles, favoir, les publiques qui font en vénération à tout un peuple, & les particulieres que chaque pere de famille fe fait lui-même pour leur adreffer fes dévotions. Les unes & les autres ne font communément que des buches arondies, à un bout desquelles on a pratiqué un rond pour marquer la tête avec un nez, une bouche & des yeux fort grotesquement façonnés : cependant quelques uns de ces peuples ont des idoles publiques d'une affez belle fonte, qui leur doivent être venues de la Chine. Les idoles particulieres font quelquefois fujettes à être étrangement maltraitées par ces gens, lorsqu'ils ont lieu de croire qu'elles ne prenDent pas affez foin de leur petite fortune, car on leur fait en ces occafions tous les affronts imaginables, jusqu'à les traîner par la boue la corde au col, & à les jetter dans le feu, ou dans la riviere; mais lorsque ces pauvres gens

croyent avoir à fe louer de la protection de leurs idoles, il n'y a point d'honneur dont ils ne les comblent à leur maniere, en les couvrant de peaux de renards noirs & de zibelines, & en les plaçant en l'endroit le plus honorable defeurs cabanes ; ils leur frottent alors la bouche avec de la graille de poiffon, & leur préfentent du fang tout chaud de quelque bête fraichement tuée, comme pour leur fervir de boiffon. Ce qu'on a répandu dans le monde, du commerce que quelques-uns de ces peuples difent avoir avec le diable n'eft qu'une pure fiction, qui doit fon origine à la grande ftupidité de ces pauvres gens, & plus encore à l'ignorance de la plupart de ceux qui les fréquentent; cependant il eft certain qu'il y a beaucoup de gens parmi eux qui prennent le nom de forciers; mais ce ne font que des fourbes qui abufent de la fimplicité de ces peuples pour en attraper quelques préfens. Au refte tous ces peuples vivent entierement dans l'état de la nature fans autres loix que celles que les peres prescrivent à leur famille. Ils prennent tous autant de femmes qu'ils en peuvent nourrir, & ne fe mettent guères en peine du jour du lendemain; ils acquittent fort foigneufement les dettes qu'ils peuvent contracter, & ne font jamais de mal à perfonne, à moins que l'on ne commence par leur en faire; ils ont une grande attention à rendre les derniers honneurs à leurs morts, felon la coutume de chaque peuple, & font d'une grande réfignation fur les différens accidens de la vie. Comme la nourriture qu'ils font accoutumés de prendre eft fort mal faine, & pour la plupart crue, ils font furieufement tourmentés par des maladies fcorbutiques, qui mangent les parties attaquées comme une espèce de gangrene, & infectent une partie après l'autre jusqu'à ce que la mort s'enfuive; les Samoïedes fur-tout, & les Oftiakes, font fort fujets à ces maladies; mais la plûparť d'entr'eux n'y cherchent aucun remede, & fe voyent pourrir fort tranquillement le corps vivant, parce qu'ils difent n'avoir aucune connoiffance de la médecine. Les Tartares mahométans font la feconde partie des habitans préfens de la Sibérie: ils font de la postérité de ceux de cette nation, qui étoient en poffeffion de ce pays, lorsque les Ruffes vinrent en faire la conquête, dont la plus grande partie' aima mieux fe foumettre à ces nouveaux maîtres, que de fuivre la fortune défespérée de leur kan. Ces Tartares habitent pour la plupart aux environs de Tobolskoy, & du côté de la ville de Tuméen, & vivent de l'agriculture & du commerce qu'ils font avec les Bouchares & les Callmoucks. Ils occupent un grand nombre de bourgades & de villages le long de l'Irtis & de la Tobol, & ils ont le libre exercice de la religion mahométane par toute la Sibérie; enfin ils jouiffent de la protection de la Ruffie, de même que les fujets naturels de cet empire. Les Tartares mahométans de la Sibérie ne font pas à beaucoup près fi laids que les autres Tartares mahométans; & ont des femmes fort jolies; leurs habits font fort peu différens de ceux des Ruffes, & ils témoignent en toutes occafions beaucoup d'attachement au gouvernement préfent de Sibérie; ils ont quelques murfes parmi eux qui font comme leurs chefs. Le plus puiffant d'entre ces petits princes, s'appelle Schabanoff, & fait fon féjour dans un bourg d'environ sept cents maifons, à quatre werfts de Tobolskoy; il a plus de vingt mille familles tartares, fous fon obéissance, & l'on prétend qu'il y a en tout plus de cent mille familles de Tartares mahométans établies dans la Sibérie. Les Rusfes, qui font la troifiéme partie des habitans préfens de la Sibérie, font venus s'y établir depuis que ce pays eft fous l'obéiffance de la Ruffie, & le nombre s'en eft tellement accrû en fi peu de tems, qu'ils y ont bâti plus de trente villes depuis leur arrivée en ce pays, outre plus de deux mille bourgades & villages qu'ils occupent préfentement en différens cantons de ce vafte continent. Ce nombre feroit encore bien plus grand, fi les mêmes Woywodes inhumains, dont les mauvais traitemens les obligent de quitter leur patrie, ne les attendoient auffi dans la Sibérie, où ils croyent même avoir un droit acquis de fouler le peuple comme bon leur femble, à caufe qu'ils font hors des yeux de la cour, & dans un pays de conquête. Toutes les villes & villages de la Sibérie font bâties de bois, à la maniere ordinaire de la Ruffie, & les fortifications, que la plupart de ces villes ont, font pareillement faites de bois, ce qui a été affez bon jusqu'ici contre des peuples qui n'avoient aucune connoiffance des armes à feu; mais depuis que la poudre à canon commence à être connue aux Callmoucks, &

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que les Chinois n'entrent plus en campagne fans un bon train d'artillerie, on fera obligé de forufier les villes frontieres à la manere européenne. La partie feptentrionale de la Sibérie ne produit aucune forte de grains ni de fruits, eh forte que tout ce qui eft au nord de 60d de latitude feptentrionale est tout à fait inculte. Et les Rutles, qui font établis dans le peu de villes qui fe trouvent de ce côté, font obligés de tirer les grains dont ils peuvent avoir befoin pour leur fubfiftance, des autres quartiers plus fitués vers le midi, qui font extrêmement fertiles, quoique le froid foit affez vif. Les cantons les plus cultivés dans la Sibérie, font jusqu'à préfent, les environs de la riviere de Tobol, de la Nevia, de l'lfeet, de l'Ischim & de la Tebenda, à l'oueft de l'Irtis, de même que les rives de ce fleuve depuis Tobolskoy jusqu'au fud de la ville de Tara, tous ces quartiers étant couverts de villages & de bourgades, à caufe de la grande fertilité du pays. Les environs de la ville de Tomskoy, à l'eft de l'Oby, de même que les rives de la Jenifea, depuis la ville d'Abakan jusqu'à la ville de Jenifeiskoy, font pareillement bien cultivés, comme tous les chvirons du lac Baikal, depuis la ville d'Ilimskoy, laquelle eft au nord de la riviere d'Angara jusqu'à la ville de Nerzinskoy, fur la riviere de Schilka, & depuis la ville de Selinginskoy jusqu'au nord de celle de Kirenskoi, près de la Lena; enfin toute la partie méridionale de la Sibérie eft d'une fertilité merveilleufe, & n'a befoin que d'être cultivée pour produire abondamment tout ce qui peut être néceffaire à l'entretien de la vie. Les pâturages y font excellens, & les rivieres fourmillent de toute forte de poiffons. Les mines n'y manquent pas non plus, il y en a d'argent auprès de la ville d'Argoun, de cuivre auprès de Nerzinskoy, & les mines de fer d'Uktus & de Congour, vers les frontieres du royaume de Cafan, auxquelles on travaille anuellement. Toute la Sibérie eft plaine de bêtes, dont les peaux font bonnes pour être employées à des fourrures, de même que de toutes fortes de gibier, & il eft notable que vers les bords de la mer Glaciale toutes les bêtes deviennent blanches comme de la neige dans l'hiver, & presque tous les oifeaux. C'eft uniquement dans la Sibérie & les provinces qui en dépendent, qu'on trouve les renards noirs & les zibelines, de même que les gloutons; & les plus belles peaux d'hermines & de loups cerviers en viennent pareillement : on y trouve auffi des caftors en abondance, & ceux de Kamtzchatka, entre autres font d'une grandeur toute extraordinaire. Comme toutes ces pelleteries font fort précieufes & rares, il n'eft permis à qui que ce foit d'en faire négoce; mais les habitans du pays, qui en ont, font obligés de les porter aux commis du tréfor, qui les doivent payer à un certain prix réglé ; mais cela donne occafion à toute forte d'avanies; cepen-. dant il ne laiffe pas de fortir par an une quantité prodigieufe de ces fortes de pelleteries de la Sibérie, par la connivence de ceux qui font payés pour en empêcher la fortie; car on vifite en plufieurs endroits ceux qui fortent de la Sibérie, pour entrer en Ruffie, afin d'empêcher qu'ils n'emportent point de pelleteries de prix avec eux qui foient neuves ; mais une petite gratification accommode tout cela: avec les autres moindres pelleteries, il eft permis aux habitans de négocier comme bon leur femble. Toute la Sibérie eft à préfent fous l'obéillance de la Ruflie, depuis environ cent trente ans. Elle est partagée en autant de gouvernemens qu'il y a de villes en ce pays, chaque ville ayant fon Woywode, qui commande en chef dans toute l'étendue du reffort de cette ville, fous les ordres du gouverneur général, qui fait fa résidence à Tobolskoy; ce dernier pofte est une des plus de toute honorables & des plus profitables en même tems, la Ruffie, & la cour y nomme ordinairement des perfonnes de la premiere diftinction; mais depuis que le dernier gouverneur général de ce pays, Knees Czerkaski, a demandé fon rappel en 1722, on a trouvé à propos d'y envoyer feulement un vice-gouverneur. Comme l'argent eft fort rare dans la Sibérie, tous les vivres & les autres marchandises du cru du pays, y font à grand marché, & tout le négoce qu'on y fait eft conclu par maniere de troc, en recevant marchandifes pour marchandifes, felon l'évakiation dont les parties peuvent convenir. La monnoie de Ruffie eft la feule qui a cours dans ce continent; l'or & l'argent qui y viennent de la Chine, l'or & l'argent & l'or en poudre que les Bouchares y apportent, n'y font reçus que comme des marchandises. Le gouvernement fpirituel, dans

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la Sibérie, eft confié à un métropolitain du culte qu'il eft reçû en Ruffie: il fait la réfidence à Tobolskoy. L'on prétend auffi qu'il y a en Sibérie un certain peuple appellé par les Rulles Peftraya Orda, c'est à-dire, la Tribu Pie, parce que ces gens ont naturellement de grandes taches noires fur tout le corps & dans le vifage, comme nos chevaux & autres bêtes pies: mais beaucoup traitent cela de fables. Hift. des Tatars, p. 485.

*

SIBERIS, Heuve de la Galatie, felon Ortélius, qui cite Siméon le métaphraste.

SIBI. Voyez IBI.

SIBINI, peuples de Germanie. Strabon, l. 7, p. 290, les compte au nombre de ceux que fubjugua Maraboduus.

SIBILIORUM-CIVITAS, ville de l'Afie mineure, dans la Lycaonie. Il eft fait mention de cette ville dans le fixième concile de Conftantinople.

SIBLII, fiége épiscopal dans la Phrygie Pacatienne, felon des nouces grecques. Dans le concile de Chalcédoine de l'an 451, on trouve la fouscription d'Eulalius Siblii. Hardouin, Collect. conc. t. 2, p. 374. SIBMA. Voyez SABAMA.

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SIBONITE, ou SILBONITA, SIMONITE, région de delà le Jourdain. On n'en fait pas bien la fituation. Peutêtre étoit-ce un canton dont la capitale étoit Silbon; mais Jofeph, de Bello, lib. 3, Silbon n'eft pas connue. cap. 2.

*

SIBORA, ville de la Cappadoce. L'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Tavia à Sebaftia, entre Pardofena & Agriane, à vingt-cinq milles de la premiere de ces places, & à vingt milles de la feconde. SİBRITÆ. Voyez TENESIS.

SIBRIUM, ville de l'Inde, en-deçà du Gange. Prolomée la donne aux Drilophylites.

SIBRUM, fleuve de l'Afie mineure, dans la Lycie, felon Panyafis, cité par Etienne le géographe.

SIBUTZATES, peuples de la Gaule Aquitanique. Céfar, Bell. Gall. L. 3, les met au nombre de ceux qui le foumirent à Craffus. On ne les connoît point d'ailleurs, à moins que ce ne foient les mêmes qui foient appellés Sibyllites par Pline, l. 4, c. 19. Du refte ces derniers font autli peu connus que les premiers.

SIBY, ville de l'Arabie heureufe. Pline, l. 6, c. 28, dit que les Grecs appellent cette ville Apate. Peut-être eft-ce la ville Appa de Ptolomée. Il y a des exemplaires de Pline qui lifent Sybi, au lieu de Siby.

SIBYLLA. Voyez POSSESSIO.
SIBYLLE. Voyez SIBYLLES.

SIBYLLE - ANTRUM, grotte ou caverne d'Italie, dans la Campanie, au pays des Cimmériens. Virgile, Procope & Agathias parlent de cette caverne, qui eft appellée aujourd'hui Caverna della Sibylla, ou Grotta della Sibyl la, felon Léander. Voyez CIMMERII, n°. 2.

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SIBYLLE-VALLIS, vallée de l'Asie propre, l'Eolie, felon Ortélius, qui cite le poëte Gratius. Comme ce dernier fait l'éloge du lin qui croiffoit dans cette vallée, & que Pline vante le lin de Cumes, Ortélius en conclut que la vallée de la Sibylle étoit au voifinage de Cuma, ville de l'Eolie. Pour que cette conféquence fût vrailemblable, il faudroit que Pline eût prétendu parler de la ville de Cuma en Afie, ou que du moins il n'eût pas décidé de quelle ville de ce nom il entendoit parler. Mais il paroît que Pline entend la ville de Cumes en Italie, dans la Campanie; ainfi la remarque d'Ortélius tombe d'elle-même. Voici le paflage de Pline, l. 19, c. 1. Eft fua gloria & Cumano [Lino] in Campania, ad Piscium & Alitum capturam.

SIBYLLATES. Voyez SIBUTZATES.

SIBYRTUS, ville de l'ifle de Créte, felon Etienne le géographe, qui cite le tréizieme livre de Polybe. Meurfius croit que c'eft la ville SUBRITA, que Ptolomée place dans les terres. Il ajoute que l'évêque de ce fiége eft nommé Cyrille dans le concile de Chalcédoine, & Théodore dans le fecond concile de Nicée.

SICADION. Voyez RHONDE.

SICAMBRI, peuples de la Germanie. Leur nom eft différemment écrit dans les anciens auteurs. Célar dit ordinairement SICAMBRI, quoique dans quelques manufcrits on life SIGAMBRI. Suétone, Florus, Horace, Martial', Sidonius Apollinaris, & Claudien, lifent affez généra

lement

lement SICAMBRI. Strabon, Plutarque & Tacite difent SUGAMBRI, & Appien SUCAMBRI. Il paroît que SIGAMBRI doit être préferé : on le trouve dans quelques manuscrits de Céfar, dans Ptolomée, Dion Caffius : les deux derniers écrivent SYGAMBRI. D'ailleurs on convient que ces peuples furent ainfi nommés du fleuve Sigus ou Segus. Ils avancerent delà vers le Rhin; car du tems de Céfar ils étoient voifins de ce fleuve: Sicambri, qui proximi funt Rheno. Ils étendirent enfuite leurs limites jufqu'au Wefer. Ce fut un peuple puiffant & nombreux, le plus confidérable des Iftevons, & qui paffoit pour le plus belliqueux de la Germanie: on fait la réponse fiere qu'ils firent à l'officier que Céfar leur avoit envoyé, pour leur demander qu'ils lui livraffent la cavalerie des Ufipétes, qui s'étoit retirée fur leurs terres. Ils lui dirent que l'empire romain finiffoit au Rhin, & qu'il n'avoit rien à voir dans la Germanie. Céfar outré de cette réponse, fit faire un pont fur ce fleuve. L'ouvrage fut achevé en dix jours. L'armée romaine marcha contre les Sicambres, qui fe retirerent dans les bois, réfolus de s'y défendre s'ils y étoient attaqués. Mais Célar fe contenta de ravager leurs terres, repafla le Rhin, & fit rompre le pont qu'il y avoit conftruit. Les Sicambres paroiffent avoir été partagés en trois nations; celle des Ufipétes, celle des Tenctéres & celle des Bructéres. Les Ufipétes, ayant été chaffés de leur pays par les Cattes, furent errans durant quelque tems: une partie paffa dans les Gaules, où elle fut défaite par Céfar; ceux qui échapperent après le combat, s'étant joints aux autres, vinrent s'établir dans cette contrée des Sicambres, qui forment préfentement le comté de la Marck & une partie de la Weftphalie. Ils furent fubjugués par Drufus, & ne voulurent pas fuivre les Sicambres dans la Gaule Belgique. Les Tenctéres ayant été auffi chaffés de leur pays par les Cattes, eurent la même deftinée, & s'arrêterent avec eux dans le pays des Sicambres, qui leur en affignerent une affez grande étendue entre les Ufipétes, les Bructéres & les Ubiens ; ce qui forme à préfent partie de la Westphalie & du duché de Berg, & quelque peu du comté de la Marck. Ils paffoient pour les meilleurs cavaliers de la Germanie. On remarque dans l'hiftoire qu'ils aimoient tellement les chevaux, que l'aîné des enfans avoit le privilége de choisir le cheval que fon pere avoit le plus aimé. Les Suéves les chaiferent de ce pays; ce qui les obligea de paffer le Rhin & de fe réfugier parmi les Ménapiens. Les Bructéres habiterent originairement entre les Angrivariens & les Chamaves. Ils étoient divifés en grands & petits. Ceux-la occupoient partie de l'Over-Iffel & les évêchés de Munster & de Paderborn: les petits demeuroient vers la fource de l'Ems, dans une partie de l'évêché de Paderborn & dans les comtés de Lippe & de Rietberg. Ce pays avoit été habité auparavant par les Juhons. Les Angrivariens & les Chamaves s'étant emparés des terres des Bructéres, ceux-ci vinrent occuper la contrée des Sicambres, qui s'étendoit le long de la riviere Segus, & qui renferme aujourd'hui partie du duché de Berg, de l'archevêché de Trèves & de la Weteravie. Segodunum, qu'on prétend être Siégen, étoit leur demeure la plus remarquable. Ces trois peuples aufquels d'autres fe joignirent, quitterent le nom de SICAMBRES vers la décadence de l'empire romain pour prendre celui de FRANCS. Ils occupoient alors tout ce qui étoit entre l'Océan & le Meyn; & comme le pays étoit extraordinairement peuplé, une partie pafla dans la Gaule Belgique, & y jetta les fondemens de la monarchie françoife;

les autres demeurerent dans la Germanie & furent diftingués par le furnom de Francs orientaux; c'eft d'eux qu'est dérivé le nom de Franconie, qui étoit la France orientale, dont une partie a confervé le nom de Franconie. *Bell. Gall. 1. 6, c. 35.

SICAMBRIA. Du tems de Mathias, roi de Hongrie, en creufant à Bude la Vieille, ou Alt-Offen, les fondemens du palais de la reine Béatrix, on trouva l'infcription fuivante, qui fait mention d'une colonie de Sicambres établie par les romains dans cet endroit, & qui donna fon nom à la ville: Legio Sicambrorum hic prafidio collocata, civitatem adificaverunt, quam ex fuo nomine Sicambriam

vocaverunt.

SICAMINUM, autrement EPHA, OU KIPHA OU CAîou Kipha ou PHA, ville au pied du mont Carmel, du côté du midi, fur la Méditerranée, vis-à-vis Ptolomaïde, qui n'en eft éloignée que de la largeur de fon port.

SICANDIO. Voyez RHONDE. SICANDRUS. Voyez SICENDUS.

SICANE, ville de l'Espagne, felon Etienne le Géographe. les met

i. SICANI, peuples d'Italie : Pline, l. 3, c. 5, dans la premiere région. Virgile, Æneid. l. 8, les appelle Veteres Sicani: fur quoi Servius remarque que c'eft avec railon que ce poëte leur donne le titre d'anciens, puifqu'ils habitoient dans le pays où fut dans la fuite bâtie la ville de Rome, & d'où ils avoient été chassés par les Aborigènes.

2. SICANI, peuples d'Espagne. Denys d'Halicarnaffe nous apprend que ces peuples, après avoir été chassés par les Liguriens, pafferent dans la Sicile. Voyez SICANUS. 1. SICANIA. Voyez SICILIA.

2. SICANIA. Voyez SICANUS, N° 2.

1. SICANUS, Heuve d'Efpagne. Thucydide, l. 6 ; ineunte, dit que les Ibériens, challés des bords du fleuve Sicanus par les Liguriens, pafferent en Sicile, & appellerent cette ifle Sicania, du nom du fleuve qu'ils avoient été forcés d'abandonner. C'est de cet événement que parle Silius Italicus dans ces vers :

Poft dirum Antiphata fceptrum & Cyclopia regna,
Vomere verterunt primum nova rura Sicani.
Pyrere mifit populos, qui nomen ab amne

Abscitum patrio terra impofuere vacanti.

Thucide ajoute que les SICANI habitoient de fon tems dans la partie occidentale de la Sicile. On croit que le fleuve Sicanus d'Espagne eft le même que le Siceris. Voyez Sico

RIS.

2. SICANUS, fleuve de Sicile : Etienne le géographe, qui cite Apollodore, remarque que ce fleuve couloit près d'Agrigentum, & que la contrée voisine se nommoit SICANIA. Hefyche fait mention d'une ville de Sicile appellée Ennavn, & d'une contrée à laquelle il donne le nom de Edvin.

SICAPHA, ville de l'Afrique propre. Elle eft comptée par Prolomée, l. 4, c. 3, au nombre des villes qui étoient entre les deux Syrtes.

SICCA-VENERIA, ville de l'Afrique propre, felon quelques-uns, & de la Numidie, felon d'autres. L'itinéraire d'Antonin la marque fur la route d'Hippone royale à Carthage, dans cet ordre :

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Sallufte, Jugurt. c. 56, & Pline, l. 5, c. 3, écrivent auffi fimplement SICCA; mais Ptolomée, l. 4, c. 3, la table de Peutinger, & Procope, l. 2, c. 24, de Bell. Vand. y joignent le furnom de VENERIA. Ce dernier ajoute qu'elle étoit à trois journées de Carthage. Comme le nom de cette ville fe trouve dans divers auteurs, fans être accompagné de fon furnom, on pourroit demander fi on ne la nommoit point auffi quelquefois fimplement VENERIA. Il fembleroit prefque que Solin en auroit ufé de la forte; car on y lit Clypeam civitatem Siculi extruunt & Afpida primum nominant. Veneriam etiam, in quam Veneris Erycine religiones tranftulerunt. Cependant comme il joint cette VENERIA avec Clypea, on pourroit douter qu'il voulut parler de Sicca Veneria; & il y auroit plûtôt lieu de croire qu'il feroit queftion du temple Aphrodifium, qui étoit entre Clypea & Hadrumete. Sicca-Veneria étoit un fiége épifcopal. Voyez SICCENSIS.

:

SICCATHORIUM, ville de la Libye intérieure : Ptolomée, 1.4, c. 6, la place vers la fource du fleuve Bagrada.

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