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SICCHI. Voyez SINDI.

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SICCENNI, fiége épiscopal d'Afrique, dans la province proconfulaire; car la conférence de Carthage No 132, porte que ce fiége étoit voifin de Sinuar. Peutêtre, dit Dupin', eft-ce le même fiége que celui dont l'evêque eft appellé dans faint Auguftin, l. 2, de Civit. Dei, c. 8, Maximinus Sinitenfis ou Sinicenfis.

SICCENSIS, fiége épifcopal d'Afrique, dans la province proconfulaire, felon la conférence de Carthage N° 139, où Fortunatianus eft qualifié epifcopus Ecclefia Siccenfis. Le fiége de cet évêché étoit dans la ville de Sicca. Voyez SICCA-VENERIA.

SICCESITANUS, Siége épifcopal d'Afrique, dans la Mauritanie Céfarienfe, felon la notice des évêchés de cette province, N° 197. Martinus eft qualifié epifcopus Siccefitanus.

SÍCELEG, ville qu'Achis roi de Geth donna à David (a) pendant le tems de fa retraite dans les terres des Philiftins, & qui depuis ce tems demeura toujours en propre aux rois de Juda. Les Amalécites la prirent & la pillerent en l'abfence de David. Jofué l'attribua à la tribu de Siméon. (b) Eusébe dit qu'elle eft dans la partie méridionale du pays de Canaan. Les Hébreux la nomment Ziklag, ou Tryklag. Cette ville & toute la contrée voiline font aujourd'hui bien defertes. () Les lieux habités ne font que de chetifs hameaux, dans des montagnes couvertes de forets. Les payfans y recueillent beaucoup de fené, qu'ils vont vendre en Egypte, à Ramatha & ailleurs. (a) 1. Reg. 27, v. 5. An du monde 2947,avant J. C. 1053. avant l'ére vulgaire 1057. (b) Josué, c. 19, v. 5. (c) LeP. Roger, l. 1, c. 10.

1. SICELIA. Voyez SICILIA.

2. SICELIA-CÆSAREA, ville d'Afrique, dans la Mauritanie. Xiphilin nous apprend que c'étoit la patrie de l'empereur Macrin, in vita Macrini.

SICEMUS, ville de l'Arabie : c'eft Etienne le géographe qui en parle.

SICENDUS, lac de la Theffalie, felon Pline, l. 8, c. 58. Au lieu de Sicendus quelques manufcrits portent Sicandus, & d'autres Sigrandus.

SICENDUS. Voyez SICINUS.

SICEUM, ville de la Galatie, à douze milles d'Anaftafiopolis, felon Ortélius, qui cite Siméon le Métaphrafte dans la vie de faint Théodore archimandrite.

SICHELSTEIN, feigneurie d'Allemagne, dans la principauté de Calemberg. Elle confine au bas landgraviat de Heffe, & Henri le Lion l'obtint après que les biens de Bodon, qui en étoit feigneur, curent été confisqués. On condamna ce Bodon à mort pour avoir tué la femme, qui étoit de l'illuftre maifon de Ziegenberg. Herman, landgrave de Heffe, ayant voulu fe l'approprier, Othon le Mauvais, duc de Brunswig, l'obligea de renoncer aux droits qu'il prétendoit y avoir, & même d'en quitter les armes. D'Audifret, Géographie ancienne & moderne,

tom. 3.

*

SÍCHEM, SICHAR, NEAPOLIS, ou NAPLOUSE, comme on l'appelle aujourd'hui. C'est une ville de la Samarie. Les Hébreux lui donnoient par moquerie le nom de Sichar, qui en hébreu fignifioient l'yvrognerie ; & Ifaïe, c. 28, v. I appelle les Israëlites d'Ephraim Siccorim, yvrognes. Va corona fuperbia, ebriis Ephraim. Ce qui avoit donné lieu aux Juifs de changer le nom de Sichem en Sichar. Jofué (a) attribua cette ville à la tribu de Benjamin: elle étoit dans les montagnes de cette tribu. Jacob avoit acheté un champ au voilinage de cette ville, qu'il donna par préciput à Jofeph fon fils, qui y fut enterré. L'on voit, près de la même ville, la fontaine ou le puits de Jacob (b) auprès duquel Jesus-Chrift eut une converfation avec une femme famaritaine. Depuis la ruine de Samarie, par Salmanafar, Sichem fut la capitale des Samaritains, & elle l'étoit encore du tems du Grand Alexandre. (c) Elle étoit à quarante milles de Jerufalem, & à cinquante-deux milles de Jérico. Villibalde, qui écrivoit au huitiéme fiécle, parle encore d'une églife qui étoit bâtie fur le puits ou la fontaine de Jacob. Phocas, qui écrivoit au douzième fiécle, n'en dit pas un mot. *(a) Jofué, c. 17, v. 7, & c. 20, v. 7. (b) Jean, c. 15, v. 5. (c) Antiq. l. 11, chap. 8.

SICHEN, petite ville du Brabant, dans le quartier de Louvain, fur le Demer, à une lieue au-deffous de Dieft.

SICHII, CARII, MURICI, peuples qu'Ortélius, qu cite Procope (Gothor. I. 1,) place aux environs du Nori que & de la Pannonie. Coulin a lu dans Procope, c. 15' Sisci pour Sichii; Carni pour Carii, & Norici pour Murici. Voici de quelle maniere il traduit cet endroit de fon auteur : les premiers peuples qui fe rencontrerent au-delà du golfe Adriatique, font les Grecs, furnommés Epirotes, qui s'étendent jusqu'à Epidname, qui eft une ville maritime. On entre delâ dans une contrée, qu'on appelle Prébale. Enfuite eft la Dalmatie, la Liburnie, l'Iftrie, & les terres des Vénitiens, qui ne finiffent qu'à Ravenne. Tous ces peuples habitent proche de la mer. Plus loin font les ScISCIENS, les Suéves, non pas ceux qui relevent des François, mais d'autres, qui occupent les terre les plus éloignées du pays. Par-delà font les CARNIENS & les NORIQUES, qui ont à leur droite les habitans de la Dace & de la Pannonie, lesquels fe répandent jusques fur le bord de l'Iftres, & comptent au nombre de leurs villes celles de Singidone & de Sirmium. Au commencement de la guerre, tous ces peuples, qui font hors du golfe Ionique, rele voient des Goths.

SICHINO, ifle de la mer Ægée, entre celle de Milo, à l'occident, & Amorgo, proche de Policandro; en latin Sicinus ou Sicenus. Elle n'a pas plus de cinq à fix lieues de tour. Ce n'eft proprement qu'une montagne, mais qui ne laiffe pas de produire le meilleur froment de l'Archipel. Il n'y a que deux villages, qui font fur le haut de cette montagne, & peuplés feulement de laboureurs & de payfans, qui ne vivent que du rapport de leurs terres. Comme il n'y a aucun port confidérable dans la ville de Sichino, il n'y a auffi aucun trafic. * Hifloire des anciens ducs de l'Archipel, 1. 3. SICHRACENE, contrée de l'Hyrcanie. Prolomée, CEN 1. 6, c. 9, la marque au deffous du pays des Aftabenes. Les exemplaires latins lifent SYRACENE, au lieu de SI

CHRACENE.

SICIÆ-BALNEÆ. Gellius parle de ces bains, où il dit s'être promené avec Phavorin.

SIĊIGNANO, bourgade d'Italie, au royaume dè Naples, dans la Principauté citérieure, fur une montagne, qu'on prend pour l'Alburnus-Mons des anciens.

SICILA, village connu par la mort de l'empereur Alexandre Sévére, qui y fut allaffiné par quelques-uns de fes foldats. Il n'eft pas aifé de fixer la province où fe trouvoit ce village. Lampridius dit qu'Alexandre Sévére s'étant arrêté, avec peu de gens, dans la grande Bretagne, ou, sɛlon l'opinion de quelques-uns, dans la Gaule, en un village nommé SICILA, il y fut maffacré par des foldats : Eutrope dit auffi que ce prince fut affaffiné dans la Gaule, ce qui a donné à quelques-uns lieu de croire qu'il étoit alors dans l'Armorique ou petite Bretagne. Cependant Orole, Eufebe & Caffiodore foutiennent qu'il fut tué auprès de Mayence, dans un village appellé SICILIA. D'ailleurs, Dion Caffius fait mourir ce prince de maladie, & Hérodien lui fait finir fes jours par la main du bourreau.

,

SICILE, en latin Sicilia. Voyez ce mot la plus confidérable par fa grandeur & par fa fertilité des ifles de la mer Méditerranée. Elle eft fituée entre l'Italie & l'Afrique; mais elle eft feulement féparée de la premiere par le petit détroit ou fare de Meffine, qui n'a que trois milles d'Italie de large, c'eft-à-dire, entre le cap de Faro de cette ifle & le lieu de Sciglio, ou pointe du Cheval de Calabre; au lieu que le plus court trajet de l'Afrique eft de quatrevingts milles, c'eft-à-dire, entre le cap Boco ou Marsala de cette ifle, & celui de Tunis ou cap Bona en Afrique.

Elle peut avoir fix cents trente-trois milles de tour. Sa longueur, prife de l'eft à l'ouest du Fare au cap Boco, eft d'environ cent quatre-vingts, & fa largeur, du midi au nord, d'environ cent trente-trois milles, d'autant qu'elle commence au cap Paffaro, fous la hauteur de 35o 15',& finit à 37d 30' de latit.

Sa forme eft triangulaire, dont chaque angle fait une pointe ou un cap. Celui qui regarde l'Italie a été nommé par les anciens Pelorus, & aujourd'hui Capo del Faro. Celui qui regarde la Morée, Pachynum, aujourd'hui Capo Paflaro. Et celui qui regarde l'Afrique, Lylibaum, aujour d'hui Capo di Boéo.

Elle eft divifée en trois provinces, qu'on nomme vallées, dont l'une s'appelle Val di Demona, l'autre Val di Noto, & la troifiéme Val di Mazara,Celle de Demona commence

au cap de Faro, & embraffant une partie du nord & du levant, eft bornée au levant par la riviere de Jarreta, & au nord par celle de Termini ou Torto, ou Fiume grande. Cette province comprend les villes de Meffine, Milazzo, Cefalu, Taormina, qui font maritimes, & autres dans le pays, jusqu'au nombre de cent trente-quatre. Les habitans de cette province, fuivant le dénombrement, montent à trois cents mille deux cents quarante deux ames.

Celle de Noto commence à la riviere de Jarreta, puis s'étendant au dedans, & paffant la ville d'Enna ou de Castro-Giovanni, descend avec la riviere de Salfo, anciennement Gela, & finit à Leocata, comprenant les villes de Catania, Augufta, Saragoça, autrefois Syracufe, Noto, Lentin, Carlentin & autres, au nombre de cinquante, contenant avec le refte de la province deux cents quaranteneuf mille huit cents quatre-vingt-quinze hommes, felon le dénombrement.

Celle de Mazara contient tout le refte, comprenant les villes de Palerme, Trapano, Termini, Marfala, Mazara, Girgenti, Xaca, Licate, & autres, jusqu'au nombre de cent & deux, contenant avec la province trois cents vingt-trois mille fix cents fept ames.

Les principales rivieres font Cantara ou Cantaro, l'Alabus, ou Onobola des anciens : la Jarreta, anciennement Teria, ou Symathus, felon quelques uns, qui prennent la Teria pour la riviere de Saint-Léonard : le Judicel pris pour l'Amenanus: les rivieres de Patti & d'Oliviero, prifes pour Timethe & Helicon: Rosmarino, anciennement Chydas: Termini, prife pour l'Himéra, du côté du nord, comme Salfo eft pour cette autre Himéra, du côté du fud: Armiraglio, anciennement Eleutheros: Jato, pris pour le Bathis: la riviere de Saint-Barthelemy, autrefois Crinifus: (Cluvier cependant, auteur à citer fur la partie de Sicile, croit que Crinifus eft aujourd'hui Belice Deftro) le Drago anciennement Agragas: la riviere de Terra-Nova, prife par quelques uns pour le Gela: Abiffo, anciennement l'Elorus puis Belice, Pollina, Camarina & Porcari, prifes pour les rivieres de Hypfa, Monalus, Iporus & Panta

chus.

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La principale montagne eft celle de Mongibello, anciennement Etna, renommée pour fa hauteur, fes forêts, fa neige perpétuelle, & le feu qu'elle jette d'ordinaire avec force cendres. Le tour de cette montagne eft de feptante milles. Du levant au midi elle eft couverte de vignes, & du couchant au nord de bois, pleins de bêtes fauvages.

Le mont Saint-Julien, anciennement Eryx, & vulgairement mont de Trapani, est près de Palerme. Du côté du Ponent, on voit le mont Pelegrin, & vers le levant le mont Gerbin vers Termini du levant le mont Saint-Caloiro, & au-deffus de Cefalu, le mont de Madonia: puis près de Meffine, il y a du côté du midi deux hautes montagnes, favoir, Namari & Scuderi, pleines de cavernes ; & du côté du nord, celles de Rico & de Ciccia. Enfin dans l'ifle, il y a de villes éloignées de la mer, qui ne foient affifes fur des montagnes.

peu

Ces montagnes font abondantes en fources d'eau douce, & la plaine n'en eft pas dépourvue. Il s'y trouve force bains d'eau chaude, tiéde, foufrée, & d'autres fortes, propres à la guérifon de plufieurs maux.

Son terroir eft fertile. Les vallées de Noto & de Mazara produifent beaucoup de bled; mais peu de fruits & d'arbres: celle de Demona eft remplie de forêts & d'arbres fruitiers; mais elle rapporte peu de grains.

Les pâturages, près de Catania font fi gras, que la graiffe étouffe les bêtes qu'on y mene paître, fi l'on n'y prend garde. La quantité de grains que produifoit cette ifle, lui donnoit autrefois le nom de grenier du peuple romain ; & effectivement elle rend en certaines années cent pour un. Il y vient quantité de fruits excellens de toute forte, & presque de toutes les plantes & íimples, dont on fe fert pour la médecine ; quantité de vins, d'huiles, de fucres, & une telle quantité de meuriers blancs, pour nourrir les vers à foie, qu'on tire tous les ans du port de Meffine plus de fept cents groffes bales de foie. Il y a auffi abondance de fafran, qui furpaffe en bonté celui d'Italie ; quantité de fromage & de laine.

Quelques auteurs affurent qu'il y a des mines d'or, d'argent, de plomb & de fer. Il s'y trouve de l'alun, du vitriol, du foufre, & quantité de falpêtre. Il y a des montagues pleines de mines de fel, principalement près d'Enna

ou Caftro-Giovanni, de Camerate & de Nicofie, outre celui de l'eau de la mer, qui fe congêle dans des foffés faits exprès près de Martale, Trapani, Camerani, & d'autres lieux.

Il s'y engendre aufli du lapis lazuli, des agates, des émeraudes, & certaine pierre grife & luifante, tachée au milieu de blanc & de noir, qui a une particuliere vertu contre les piqûres des araignées & des fcorpions. On tire près de Gruterie quantité de berils, du jaspe rouge, marqueté de blanc & de verd, & du porphyre rouge mêlé de même taches blanches & vertes. La mer voifine de Meffine & de Trapani, fournit à fes habitans abondance de corail & de poiffon par-tout, particulierement de tons, qu'on pêche en abondance près de Trapani, de Palerme, de Melazzo, Cafeledi, Solante. Près de Meffine, il y a beau→ coup d'anguilles fort eftimées, & du poiffon épée que les habitans nomment pesche-fpada. Les anciens même faifoient grand cas de ce poiffon pour fa délicatesse, sous le nom de Xiphia. On doit encore remarquer que les abeilles de Sicile font quantité de miel & de cire; le miel hybléen de cette ifle ayant toujours été le plus eftimé.

Le pape Eugène III reconnut Roger & tous les fucces→ feurs pour roi de Sicile & de Jerufalem, & pour seigneur de la Calabre, de la Pouille & de Tarente. Il leur donna une jurisdiction abfolue & indépendante, eccléfiaftique & temporelle. Le roi fait donc un juge eccléfiaftique, avec un avocat & un procureur fiscal féculiers, qui composent le tribunal de la monarchie, qui s'appelle en effet de ce nom (tribunal de la monarchie.) Le juge exerce la même jurisdiction en Sicile, que le légat du pape exerce fur les eccléfiaftiques à Naples, indépendamment du faint fiége. Autrefois ce même juge étoit féculier : il eft eccléfiaftique à préfent; auffi ce juge étoit régnicole. Les Espagnols l'ont annexé à leur nation.

La domination des rois de Sicile s'étend fur le royaume. de Jerufalem, la principauté de Tarente, les comtés de la Pouille & de la Calabre, & fur toutes les illes de la Sicile même, à trente lieues à la ronde.

L'ifle de Malthe a été donnée par Charles. Quint, en qualité de roi de Sicile, à l'ordre de S. Jean de Jerufalem: l'évêque de cette ifle eft fuffragant d'un des archevêchés de Sicile.

Il y a en Sicile une abbaye de fainte Lucie, qui donne le titre de grand aumônier du roi à celui qui en eft pourvû.

La nomination à tous les bénéfices de fondation royale, tant évêchés qu'archevêchés, abbayes & autres, appartient au roi ; ceux d'Espagne avoient accoutumé de nommer alternativement à ces bénéfices, un Sicilien & un Espagnol.

Roger, roi de Jerufalem, premier monarque de Sicile, après avoir défait & chaffé les Sarrafins qui étoient dans le royaume, le divifa en trois parties. Il fe réserva la pre miere pour lui-même, afin que les revenus le foutinflent dans la dignité royale. Il donna la feconde au clergé, dont il fonda tous les archevêchés, évêchés, abbayes, plusieurs chapitres & dignités eccléfiaftiques. Toutes ces fondations fubfiftent encore, plufieurs étant en fiefs, & chargées de fournir & entretenir un certain nombre de troupes, ou infanterie, ou cavalerie. La troifiéme partie fut partagée à fes gens de guerre, chacun felon fon mérite, l'érigeant en fief.

Les Siciliens fe donnerent dans la fuite au roi Pierre d'Aragon, à condition de les maintenir dans leurs privi léges, honneurs & prérogatives; qu'il ne pourroit établir fur eux aucun impôt fans le confentement du parlement, non pas même lever aucunes troupes.

Tous ces priviléges font aujourd'hui emportés, à l'excep tion de ne pas lever des troupes.

Le parlement eft compofé de trois ordres du royaume, favoir de l'ordre militaire, qui comprend tous les barons : l'ordre eccléfiaftique, qui renferme tous les archevêques, évêques, abbés, prieurs, &c. chefs de couvens; & l'ordre domanial, qui comprend toutes les villes royales.

Quand le roi a befoin d'argent, il fait convoquer le parlement, dans une ville choisie, & lorsqu'il eft affemblé, on fait la demande de la part du roi, & le parlement accorde ordinairement la fomme de trois cents mille écus, qui font payés par le moyen des taxes fur tous les sujets du royaume. Lorsque l'on veut mettre des impôts, le parle

ment donne son confentement, pour les payer pendant un tems. Dans ces occafions, le parlement propofe au roi plufieurs loix qui regardent le bien public, il demande auffi quelque grace, ou privilége qu'il accorde ordinairement; & ce font les loix du royaume qu'on appelle Conftitutioni, & capitoli del regno.

La Sicile eft gouvernée felon le droit romain, les loix. du royaume, celles que les rois ont faites, & felon la cou, tume particuliere des villes. Toutes les fois que le parlement s'affemble, les trois ordres élifent plufieurs députés, qui durent jusqu'à une nouvelle convocation.

Le prince Buaterra, comme premier baron du royaume, ne quitte point fa députation. Les députés forment une espéce de fénat, qu'on appelle la députation du royau me, & qui a le foin de faire obferver tous les priviléges. & prérogatives, & de faire exécuter tout ce qui a été ordonné par le parlement, comme les dons gratuits & au

tres.

Chaque ville a fon patrimoine, qui confifte en certains impôts, gabelles & fonds de terre, fur lesquels on prend de quoi fournir aux frais du fénat, des élus, des officiers & autres dépenfes extraordinaires.

On faifoit autrefois régulierement tous les ans un dénombrement de tous les fujets du royaume, pour faciliter les taxes; mais depuis la guerre de Mefline de 1674, on ne le fait plus, parce que plufieurs familles qui demeuroient dans les villes maritimes, & à Mefline même, furent obligées de fe retirer dans le continent fur les terres des feigneurs. Ces terres fe trouverent par là confidérablement peuplées; mais quoique cette augmentation dût faire fupporter aux feigneurs des taxes proportionnées au nombre de leur vaffaux, puisqu'elle leur produifoit un profit extraordinaire par la confommation & la vente de leurs denrées, ils ont trouvé le moyen de retenir ces familles réfugiées, & d'en attirer d'autres, en les mettant à l'abri de toutes pourfuites, tant civiles que criminelles.

Par cette raifon les villes maritimes en font beaucoup moins peuplées; d'ailleurs elles fe trouvent beaucoup plus chargées, parce que les impôts fe payant toujours tels qu'elles les payoient avant la guerre de 1674, que la taxe en avoit été faite, il y a moins de perfonnes pour les payer.

Les fouverains de Sicile ont un revenu d'environ cent mille écus, que produifent les permiffions de manger du laitage & des œufs en carême.

Tout le clergé, tant le féculier que le monaftique, jouit du droit de franchife pour l'entrée de toutes fortes de marchandifes & de denrées de leurs biens & de leurs terres; de-là chaque famille a quelque eccléfiaftique pour fils ou pour proche parent; & ne paye rien : un eccléfiaftique même qui n'eft attaché par le fang à aucune famille, vend fon droit de franchife à ceux des féculiers qui n'ont point d'eccléfiaftique.

La ville de Palerme eft la feule du royaume où l'on bat monnoye encore y fabrique-t-on rarement des espèces d'or ou d'argent faute de matiere; ce qui en a caufé une grande difette dans le pays, & a obligé d'y recevoir les monnoyes étrangeres.

Les finances de Sicile font adminiftrées par un nombre infini de perfonnes, foit à Palerme, foit aux autres endroits du royaume.

Le tribunal du patrimoine a l'administration générale de tous les domaines du roi. Il eft compofé d'un préfident, de fix juges, trois de robe, & trois d'épée, que l on appelle maîtres des comptes, d'un avocat, d'un procureur fifcal & d'un confervateur, tous élus par le roi & perpétuels: ils ont beaucoup d'officiers fous eux pour les affifter & les foulager.

Chaque maître a fon département dans les finances. L'un eft intendant des galéres pour tout ce qui les regarde; l'autre de la réparation des ponts & des tours qui fervent à la fureté des côtes : celui-là pour les gages des régens & officiers du confeil; celui ci pour les douanes, fermes, &c. Et quoique chacun ait fon département, il ne peut rien décider, ni ordonner, fans être approuvé de fes confreres, qui compofent le tribunal du patrimoine. Ce tribunal juge de toutes les caufes qui regardent les domaines

du roi.

Il y a dans chaque ville du royaume un intendant, homme d'épée, qu'on appelle fecreto, qui adjuge les fermes

du domaine dans fa dépendance, & qui fait le recouvre.. ment des fommes qui en proviennent: il exige les douanes, & tout ce qui vient des confiscations aufli dans fon reffort, & rend compte du tout au tribunal du patrimoine.

Ces places de fecreto font des charges, que le tribunal vend au profit du roi. Il y a un maître fecreto du royaume, qui a l'intendance fur les autres fecretos. Ceux-ci lui rendent compte, & s'ils commettent quelque malversation, le maître fecreto doit veiller à la punition.

Il y a dans chacune des trois provinces du royaume, trois receveurs généraux qu'on appelle précepteurs. Ils font chacun dans leur département le recouvrement du produit des bulles, ou de la conceffion au fujet des indulgences & permiflions de manger des œufs & du laitage en

carême.

Les habitans de Meffline jouiffoient de plufieurs privilé ges, & de certains biens patrimoniaux, que les rois ont trouvé à propos de leur ôter; & depuis qu'ils n'en jouiflent, plus, on y a établi un confeil qu'on nomme la Jointe, compofé d'un préfident appellé capo della Giunta, d'un avocat, d'un procureur fiscal & d'un confervateur. La jointe a la même jurisdiction dans Meffine, que le tribunal du patrimoine à Palerme ; d'ailleurs les charges qui la compolent font toutes de robes, & dommées gratis par le roi.

Il y a en Sicile une charge que le roi vend, & qui ordi. nairement eft remplie par un homme d'épée. On l'appelle portolan général de toute la Sicile. Il choifit un nombre d'officiers, que l'on nomme vice-portolans, qui fervent fous fes ordres dans toutes les villes maritimes du royaume. Ses fonctions font de veiller fur tous les bleds, tant de transport d'une ville à une autre, que de ceux qui for tent du royaume; il en donne toutes les permiflions, fuivant l'ordre qu'il en reçoit du tribunal du patrimoine.

Il y a dans chaque ville un préfidial, que l'on appelle magiftrat dans les places de guerre. Il elt compofe d'un gouverneur, de trois juges, d'un quatrième pour les appellations, & d'un fiscal. Dans les autres villes il eft compolé d'un capitaine, de trois ou deux, juges, d'un pour les appellations, & d'un fiscal dans les caufes crimi nelles. Les capitaines & gouverneurs n'y ont point de part. Les parties peuvent appeller aux juges des appellations, & enfuite aux cours fouveraines.

Les gouverneurs des villes ou places d'armes, font élûs par le roi, & font perpétuels; les capitaines & les juges font propofés par le protonotaire du royaume, qui eft la même chose que chancelier, & font annuels.

Il y a un tribunal, qu'on appelle la grande cour, qui eft compofée d'un préfident & de trois juges pour le civil. A l'égard du criminel, il eft compofé du même préfident, de trois autres juges, d'un avocat & de quatre procureurs fiscaux, qui font perpétuels. On change les juges tous les deux ans.

Le préfident du tribunal de la grande cour doit nommer tous les trois ans plufieurs commiffaites, qu'on appelle findicateurs, gens de robe, & qu'il envoye par tout le royaume, pour examiner toutes les procédures des magistrats des fénats, & généralement de tous les officiers de justice, pour voir s'il n'y a point de malverfations, foit dans le civil, foit dans le criminel; & quand ils trouvent de mauvaifes procédures, ils les rapportent au tribunal de la grande cour criminelle, qui, après en avoir pris connoiffance, punit les coupables. Mais comme les vice-rois fe font emparés du droit de nommer ces findicateurs, on ne voit guères de malverfations punies.

Ce même président de la grande cour nomme un capitaine d'armes ordinaire, & piufieurs extraordinaires dans chaque partie du royaume : ces capitaines font chargés de purger leur département de touts les bandits & fcélérats, commandant pour cet effet des compagnies à cheval à la folde du roi. Mais comme ces cavaliers font pour la plûpart des fcélérats eux-mêmes, auxquels, pour la plûpart, on a accordé grace pour les employer ainfi, parce qu'ils connoiffent les voyes par lesquelles les brigandages & les affaffinats fe commettent, il arrive que le remede eft pire que le mal; car ils foutiennent les brigands, avec lesquels ils partagent les vols. Selon les loix du royaume, les offciers de juftice devroient payer de leur bourfe tous les vols qui fe font dans l'étendue de leur jurisdiction.

Toutes les églifes & les chapelles du royaume, qui font en très-grand nombre dans chaque ville, & même à la campagne, jouiffent des priviléges & des immunitées qui caufent encore un défordre affreux par l'abus que l'on en fait, parce que les méchans & les coupables y trouvent un refuge affuré contre la juftice, & fe multiplient à l'infini; d'autant mieux qu'ils vivent ainfi dans l'impunité commettant de nouveaux vols & affaffinats; en forte qu'au grand scandale de la religion, les lieux confacrés au fervice de Dieu, font devenus des cavernes de voleurs.

en

Il n'y a point d'appel, en matiere criminelle; mais on peut appeller des fentences civiles au tribunal du confis

toire.

Ce tribunal eft compofé d'un préfident perpétuel & de trois juges, qui ne fubfiftent que deux ans. On peut appeller auffi de leurs fentences, felon la nature du procès, aux causes des légats, c'eft-à-dire, à la grande cour criminelle, & s'il eft question des fiefs, on en appelle au confeil fouverain, qui eft celui du roi.

Il y a auffi un magiftrat qu'on appelle auditeur général, avec un avocat général & un procureur. fiscal. Sa juris diction eft féparée de toutes les autres. Il prend connoisfance de toutes les affaires civiles & criminelles, en ce qui concerne la maison, du vice-roi & tous les gens de guerre. Cette jurisdiction ne fouffre point d'appel, fi ce n'eft quelquefois pardevant le confulteur. Les jugemens de cette jurisdiction font fort fujets à caution, parce que tous ceux qui en dépendent font favorifés. Cela fait que chacun, jusqu'aux perfonnes de diftinction, achettent des lettrespatentes de ceux qui ont droit d'en donner, pour fe mettre à couvert des pourfuites civiles & criminelles. comme officiers ou foldats, quoiqu'ils ne foient ni l'un ni l'autre.

On trouve encore un autre magiftrat, qu'on appelle auditeur des galeres, établi par le général des galeres, avec un avocat & un procureur fiscal. Cette jurisdiction est auffi féparée des autres : toutes les affaires civiles & criminelles, de toutes les perfonnes généralement qui fervent fur les galeres, s'y traitent & s'y décident ; & il arrive d'un tel arrangement, que la juftice eft très-fort dérangée.

Il y a en outre une jurisdiction encore féparée des autres. C'est l'amirauté, compofée d'un magiftrat, nommé & pourvû par le grand amiral de Sicile, d'un avocat & d'un procureur fiscal. Ce font les caufes civiles & criminelles de tous ceux qui font dans la marine, que cette jurisdiction décide.

Il y a auffi une charge de confulteur, qui eft donnée gratuitement par le roi. Ce confulteur a droit d'entrer dans tous les tribunaux du royaume, & de prendre connoisfance généralement de toutes les affaires. Le pourvû de cette charge eft toujours homme de robe.

La charge de protonotaire fe donne par le roi, mais moyennant finance. Ce protonotaire expédie les lettrespatentes de toutes les charges du royaume, & il reçoit le ferment de fidélité.

Tous les archevêques & évêques ont chacun leur jurisdiction eccléfiaftique. Les eccléfiaftiques peuvent appeller de leurs procédures & fentences au tribunal de la monårchie.

Il y a en outre le tribunal de l'inquifition, compofé de deux inquifiteurs, d'avocats, de procureurs fiscaux, de plufieurs fecrétaires, & d'une infinité d'officiers fupérieurs & inférieurs. Ce tribunal a des commiffaires avec leurs cours & officiers, dans tous les endroits du royaume. Ceux qui rempliffent toutes les charges & offices de l'inquifition, jouiffent & leurs maifons aufli des priviléges qui y font at tachés, & font les gens les plus diftingués parmi la nobleffe, les bourgeois & les gens les plus riches du royaume. Ils ne reconnoiffent point d'autre tribunal; & la multitude en est si grande, qu'elle emporte une bonne partie de la monarchie.

Le roi donne toutes les charges de robe gratuitement. Celles qui font perpétuelles tirent des appointemens, & les autres n'en ont aucuns. Ils payent tous une certaine fomme au roi, qu'on appelle mezza annata, tant ceux qui ont des gages, que ceux qui n'en ont.point.

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y a une charge de médecin de la Sicile, qu'on appelle protomedico del regno. Il eft obligé d'aller de tems en tenis vifiter tout le royaume, pour voir fi le public eft bien

fervi par tous les médecins, chirurgiens, apoticaires & droguiftes, à la réserve de la ville de Catane & de fes dépendances, où le premier profeffeur en médecine a droit de faire la vifite. Mais comme cette charge s'achette, c'eft ordinairement de riches ignorans qui la remplis fent.

Le royaume de Sicile eft un des plus forts qu'il y ait au monde, par fa fituation naturelle, qui le met à couvert de l'infulte de fes ennemis ; la mer le rendant presque inacceffible de toutes parts, foit par la hauteur de fes dunes, foit par les bancs de fable & les écueils qui l'environnent. Aufli ce royaume n'a t-il jamais été conquis que par le confentement de la plus grande partie de fes habitans. Les Carthaginois furent maîtres de la partie qui regarde l'Afrique; mais ils ne purent s'emparer de l'autre, quelques efforts qu'ils fiffent par mer & par terre, quoiqu'il y eût alors une guerre inteftine & continuelle parmi les tyrans qui la gouvernoient. Les Romains, dont la fage conduite doit fervir d'exemple, ne commencerent la conquête de l'univers qu'après avoir fubjugué la Sicile, qui leur donna le moyen de faire des armées navales, & de fe rendre maîtres des mers Adriatique & Méditerranée: de là ils porterent leurs armes en Afrique, & obligerent ainfi Annibal d'abandonner l'Italie ; & Jules Céfar, ayant pris la même route, défit les armées de Scipion & de Caton, qui foutenoient le parti de Pompée. Roger, roi de Jerufalem & premier monarque de Sicile, conquit, par le moyen de ce royaume, Tripoli & plufieurs provinces de l'Afrique, & mit en contribution le royaume de Tunis. Enfin ce n'eft que par la Sicile que Charles-Quint a pouflé les conquêtes en Afrique, dont les Espagnols confervent encore aujourd'hui quelque refte.

La Sicile eft très propre à la navigation. Les habitans entendent fort bien la marine, & ont du courage & de la vigueur. Sa fituation eft heureufe pour le commerce dans toute l'Europe.

On peut voir à l'article Sicilia par quels peuples cette ifle a été originairement habitée. Ces peuples fe maintenoient chacun fous leur gouvernement particulier ; & aucun prince ne les avoit eu tous fous fon obéiflance, avant la domination des Romains, qui furent appellés par les Mamertins ou Meffinois, contre Hiéron, roi de Syracufe, & les Carthaginois fes alliés. Après plufieurs combats, ceux-ci furent obligés de quitter la partie, & de fonger à la confervation de leur propre pays. Dans la décadence de l'empire romain, vers l'an 440, la Sicile devint la proye des Vandales. Ils en furent chaflés par Bélifaire, général de Juftinien, empereur d'Orient, en 535. Ses fucceffeurs la conferverent jusques vers l'an 828, que les Sarrafins d'Afrique s'en emparerent par la trahifon d'Euphemius, fous l'empire de Michel II, dit le Bégue. En 1074, Robert Guiscard les foumit, & prit le titre de comte de Sicile. Roger fon fils en fut déclaré roi par le pape Innocent III, le 24 juillet 1139. Conftance, fille de Roger III, porta le royaume de Naples & de Sicile dans la maifon de Suabe, par fon mariage avec l'empereur Henri VI, en 1186. Après la mort de Conrad leur petit-fils, en 1257, Mainfroy, fon frere bâtard, fut reconnu pour fon héritier; mais Charles de France, frere de S. Louis, comte d'Anjou, de Provence, &c. ayant été investi du royaume de Naples & de Sicile par le pape Clément IV, en 1265, défit & tua Mainfroy l'année fuivante, & fit couper la tête à Conradin, fils de Conrad, le 26 octobre 1269. Pierre III, roi d'Aragon, qui avoit époufé Conftance, fille de Mainfroy, fit égorger tous les François en 1282 le jour de Pâques, au premier coup de vêpres, d'où ce malfacre a été appellé les vêpres Siciliennes. Cette catastrophe commença les fameufes querelles des deux maifons d'Anjou & d'Aragon, dont l'hiftoire eft fi remplie. La derniere eut l'avantage, fe maintint en poffeffion, & chaffa les François, qui n'ont pû depuis remettre le pied dans ces deux royaumes, fi l'on en excepte la révolte des Napolitains, qui appellerent à leur fecours Henri de Lorraine, fecond du nom, duc de Guife, en 1647. Après la mort de Charles II, roi d'Espagne, Philippe V, fon fucceffeur, fut mis en poffesfion des deux couronnes de Naples & de Sicile; mais les affaires des François étant fur leur déclin en Italie, l'archiduc Charles, depuis empereur, fe rendit maître du royaume de Naples en 1706, fous le titre de roi d'Espagne, & le pofléda jusqu'à la paix d'Utrecht, que les alliés donne

rent la Sicile au duc de Savoye, qui porta le titre de roi de Sicile; mais l'Espagne ayant attaqué ce royaume, les Piémontois appellerent les Anglois à leur fecours. Le traité de Londres dispofa alors de ce royaume en faveur de l'empereur. La maifon d'Autriche l'a poffédée avec le royaume de Naples, jusqu'en 1756, que dom Carlos, infant d'Espagne, devint maître de l'un & de l'autre par le traité de Vienne. * La forêt de Bourgon, Géogr. t. 2, P. 574.

La mer, appellée communément mer de Sicile, eft la partie de la mer lonienne, qui eft au midi de la Calabre, & qui baigne la côte orientale du royaume de Sicile.

1. SICILIA, ifle de la mer Méditerranée, près de la côte d'Italie, dont elle n'eft féparée que par un détroit, anquel elle donnoit fon nom, & qu'on appelle aujourd'hui le Phare de Meffline. Elle eft fi voifine de l'Italie, que plufieurs des anciens ont crû qu'elle avoit été jointe au continent, & que quelque tremblement de terre ou l'effort des deux mers, l'en avoit féparée : Sicilia, dit Pomponius Mela, l. 2, c. 7, ut ferunt, aliquando continens & agro Bruttio adnexa. Virgile, Æneid. 3, v. 414, fe fert de la même expreffion ferunt :

Hec loca vi quondam, & vafta convulsa ruina,
Diffiluiffe ferunt, quum protinus utraque Tellus
Una foret Venit medio vi pontus & undis
Hesperium ficulo latus abscidit.

L'on voit que ces deux écrivains ne donnent cela que com-
me une opinion de leur tems, ainfi nous ne devons pas re-
garder ce fait comme inconteftable: plufieurs même l'ont.
regardé comme une fable. D'ailleurs les rochers & les pro-
montoires dont le rivage eft muni, femblent annoncer le
contraire. On diroit, cependant, que Silius Italicus, . 14,
1.
7. 11, a été témoin du changement qu'il décrit de la
forte :

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Pline, . 3, c. 8, parle auffi affirmativement que Silius Ita. licus: Sicilia, dit-il, quondam Bruttio agro cohærens, mox interfufo mari avulfa; & le Fèvre, L. 1, epift. 14, en a été tellement perfuadé, qu'il s'est glorifié d'avoir trouvé dans Euftathe, ad Perieg. v. 474, le temps où s'eft faite cette féparation. Il en met l'époque au tems qu'Acafte, fils d'Eo lus, régnoit en Sicile, & ajoute qu'Eole vivoit alors, & que ce fut lorsque les Ifraélites fortirent d'Egypte. C'eft dommage qu'Euftathe ne foit pas plus ancien, & que le Fèvre n'ait pas eu d'autres preuves.

Quoi qu'il en foit, la Sicile étoit fi voifine de l'Italie, que Florus lui donne le titre de fuburbana provincia. Cette proximité étoit même fi grande, qu'on entendoit des deux côtés (comme le remarque Silius Italicus, l. 14, v. 20,) le chant des coqs & les cris des chiens:

Sed fpatium, quod diffociat confortia terra,
Latratus fama eft (fic arcta intervenit unda)
Et matutinos volucrum transmittere cantus.

Pline donne quinze cents pas de largeur au détroit qui fépare l'Italie de la Sicile. Strabon, . 6, dit que du promontoire Cani à Pofidonium on comptoit quelque chofe de plus; mais Agathamére, l. 1, c. 5, dit que le trajet du promontoire Pelorum en Italie étoit d'onze itades, ce qui approche un peu plus du fentiment de Pline.

Cette ifle a été connue fous différens noms, qui lui ont été donnés, ou à raifon de fa fituation, ou à caufe des peuples qui l'ont habitée. Les noms les plus ufités font ceux de Trinacria, Triquetra, Sicania, Sicilia. Ce dernier a été employé par divers auteurs, entre autres par Pline, 4. 3, c. 8, qui lui donne la préférence fur toutes les autres ifles: Ante omnes (Infulas eft) claritate Sicilia. Elle eft appellée Sica

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....Quid? militibus promiffa Triquetrâ
Pradia Cafar an eft Itala Tellure daturus?

Silius Italicus, 1.5, v. 490, dit aussi :

Huc Etnea cohors, Triquetris quam miserat oris
Rex, Arethusa, tuus . . . .

Les Sicani, peuples d'Espagne, en paffant dans cette ifle, lui donnerent le nom de Sicania ; & les Siculi, peuples d'Italie, en fe retirant dans cette même isle, occafionnerent le nom de Sicilia; ce que Silius Italicus exprime dans les vers qui fuivent, l. 14, v. 33.

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Mox Ligurum pubes, Siculo ductore, novavit
Poffeffis bello mutata vocabula regnis.

On compte auffi, parmi les anciens habitans de l'ifle, les l. Leftrygons, peuples d'Italie, & dont Silius Italicus, . 14, 7. 127, fait mention dans ces vers :

Prima Leontinos vaftarunt pralia campos,
Regnatam duro quondam Leftrygone terram.

La Sicile a encore été peuplée en différens tems par diverfes colonies grecques venues de Naxos, de Chalcidie, de Corinthe, & de plufieurs autres endroits. Les Carthaginois même occuperent la plus grande partie de l'ifle. Ce mélange de peuples a été caufe qu'Apulée a donné aux Siciliens l'épithete de Trilingues, parce qu'il le parloit trois différentes langues chez eux; grec, carthaginois & latin. Voici la description de cette ifle, selon Ptolomée, l. 3., 6. 4.

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