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Au nord, il vainquit les peuples nommés Tanclim, dans la Sibérie ; à l'orient le pays de Fouyu; à l'occident celui des Oufiun, ce qui formoit un empue de quatorze mille lis d'étendue. Il commença à faire des courses dans la Chine vers l'an 156 de Jesus Chrift. Peu à peu la puissance des Sienpi diminua: ils furent obligés de payer tribut aux Chinois: les chefs des hordes abutant de la foiblesse du prince, ufurperent la souveraineté, chacun dans son canton; & l'empire des Sienpi fut éteint vers l'an 232, n'ayant pas plus de cinquante ans. * Histoire générale des Huns par M. de Guignes, t. 1, p. 189.

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SIER, (le) riviere des états de Savoye, dans le Genevois, où elle prend sa source dans la partie méridionale d'où courant vers le nord, & pus vers le couchant, elle va se rendre dans le Rhône, près de Seytfel.

SIERQUE OU SCIRCK, ville de France, dansla Lorraine, au bailliage allemand. Cette ville, avec trente villages, appartient à la France en vertu du traité de Vincennes de l'an 1661, qui a été confirmé par tous ceux qui l'ont suivi: on a même applani les difficultés qu'il y avoit, & terminé les différends entre les habitans des deux dominations par le nouveau traité de 1718. Le duc Charles de Lorraine ayant été dépouillé de ses états par Louis XIII, conferv long-tems cette place, où il avoit établi le siége de sa cour louveraine de Lorraine, c'est-à-dire, pour quelques lieux qui le reconnoissoient encore. Ce ne fut que quelques années après que Sierque fut pris par les François: ils devoient le rendre, comme le reste de la Lorraine; mais le duc Charles céda cette place à la France par le traité de l'an 1661. Quinze ans après, Louis XIV voyant que cette place étoit foible, & qu'elle n'étoit pas en état de résister à l'armée de ses ennemis, la fit démanteler. * Longuerue, Descr. de la France. p. 153, 2 part.

Meurisse, dans l'histoire des évêques de Merz, rapporte que Thierri ou Theodoric de Lorraine ayant été élu évêque de Metz l'an 1173, Mathieu, duc de Lorraine, donna, le jour même de l'élection de son fils, le château de Sierque à perpétuité à l'église de Metz. Les évêques remirent la propriété de cette place au duc de Lorraine; mais ils s'en réserverent la seigneurie directe; car on voit dans les archives de l'évêché de Metz, que le château de Sierque étoit tenu en fief de cet évêché par les ducs de Lorraine, comme le duc Mathieu II le reconnut l'an 1247, du tems de l'évêque Jacques de Lorraine, frere du duc Mathieu. Cent ans après, ce droit fut encore reconnu par la duchesse Marie de Blois, tutrice de son fils le duc Jean I. Depuis ce tems là les ducs de Lorraine n'ont plus relevé de l'église de Metz pour le château de Sierque; & le roi de France, qui est aux droits de ces princes, jouit de la même place en toute souveraineté & propriété.

1. SIERRA, mot que les Espagnols employent pour signifier un pays montagneux, dont les cimes des montagnes sont semblables aux dents d'une scie. Il y a de ces Sierras dans plusieurs endroits de l'Espagne; mais la Caftille nouvelle est entre autres partagée en plusieurs Sierras, ou pays montagneux, dont chacun a son surnom particulier. Voici une liste des principales Sierras de l'Espagne.

2. SIERRA, petite province d'Espagne, dans la Castille nouvelle. Elle est à l'orient, & a été ainsi nommée parce qu'elle est un pays de montagnes, ce qui fait qu'elle n'est pas si peuplée que les autres. Dans la partie septentrionale de cette province, on voit Molina, située à trois lieues des frontieres d'Aragon, dans un pays de pâturages, où l'on nourrit de grands troupeaux, & particulierement des brebis, qui portent une laine fort précieuse. C'étoit autrefois une seigneurie possédée par des personnes du sang royal; mais dans la suite, elle a été à la couronne, & Philippe IV a ordonné qu'à l'avenir elle feroit inaliénable. Près de Molina, tirant au sud-ouest, on rencontre Caracosa ou Caracena, capitale d'un marquisat situé dans une campagne ferule. * Délices d'Espagne, P.355.

3. SIERRA-D'ALCARAZ. Voyez dans cette liste l'article SIERRA-MOLINA.

4. SIERRA DE GUARA, montagne d'Espagne : c'est une branche des Pyrénées, vers les confins du Rousfillon & de la Catalogue.

5. SIERRA DE JASQUIVEL, montagne d'Espagne, dans le Guipuscoa : c'est une branche des Pyrénées, qui en vironne, du côté de terre, la ville de Fontarabie. Ces montagnes de Jasquivel font très hautes.

6. SIERRA-LIONE ou SIERRA LIONA. Ce ces vrais noms du pays auquel les François ont donné par corruption le nom de Serre-Lionne. Les Portugais l'appellerent Sierra, à cause des hautes montagnes qu'on y voit; & ils le surnommerent Lione ou Liona, parce que ces mon, tagnes sont habitées par un grand nombre de lions. Voyez SERRE-LIONNE.

7. SIERRA-LIONA. (cap de) Voyez TAGRIN.

8. SIERRA-MOLINA, montagnes d'Espagne, au dessous de Moncayo (Mons Caunus;) cette montagne forme une autre branche, qu'on appelle le mont Orospeda. Il s'éleve insensiblement, & prend le nom de Sierra Mor lina, près de laquelle le Tage prend sa source; & s'étendant au midi, on l'appelle Sierra-d'Alcaraz, d'où le Guadalquivir fort; puis tournant au sud-ouest, il traverse le royaume de Grenade, & va jusqu'au détroit de Gibraltar : c'est sur ce détroit qu'est le fameux mont Calpé, à l'opposite du mont Abila, qui est en Afrique.

9. SIERRA-MORENA , montagne d'Espagne. Elle commence à l'extrémité de la Castille nouvelle, au fud eft, & s'étend douze lieues en largeur dans l'Estramadoure, & dans la Manche, d'un côté, & dans les royaumes d'Andalousie & de Grenade de l'autre, & sépare ces provinces les unes des autres. Le chemin y est fort rude & raboteux On n'y voit presque par-tout que des roches, où croissent quantité de romarins, & d'autres plantes odoriférentes. Au pied de cette montagne se trouve un bourg, nommé El convento de Calatrava, qui est le principal lieu de la dépendance des chevaliers de cet ordre. Il est situé dans une plaine abondante en vin, en gibier, en bled & en troupeaux. Il y a dans le voisinage un autre bourg, nommé Miguelturra, situé dans une plaine extrêmement fertile en bled, en vin & en huile, & où l'on nourrit une grande quantité de troupeaux. Plus bas, tirant vers le midi, on en trouve deux autres, l'un nommé Elviso, au sud-est, situé aussi au pied de la Sierra-Morena, où eft la grande route de Toléde à Grenade; l'autre au sud-ouest, nommé Almodavar del Campo. Il est aussi situé au pied de la Sierra-Morena, dans une vallée fort agréable, où l'on trouve des mines d'argent: il a un bon château, qui lui sert de défense. Comme ces deux derniers bourgs & celui qui s'appelle El Convento, font tous trois situés au pied de la Sierra-Morena, & que néanmoins ils sont plus avancés vers le nord l'un que l'autre, on peut voir par là, comme à l'œil, les diverses sinuosités de cette grande montagne. Il y a aufli une partie de cette montagne qui est dans le voisinage de la ville de Caslona, connue sous le nom de Caftulo ou Castalo, qui a tiré son nom de cette ville, en s'appellant Saltus Castulonenfis. Quand on veut passer de la ville de Serpa dans l'Andalousie, on trouve d'abord la Sierra-Morena, dans laquelle il faut grimper jusqu'à un village nommé Balmeguo, où la montagne commence à s'abaiffer, & d'où l'on entre dans cette grande province. Il est arrivé, il y a plus de cent ans, qu'il ne plut point sur cette montagne durant l'espace de quatorze ans entiers. Cela produifit une si grande secheresse, que toutes les sources d'eau y tarirent, & qu'on n'y auroit pas pû trouver le moindre puits, ni la moindre goute d'eau. La terre s'entrouvrit en divers endroits; le feu se mit aux forêts, qui étoient seches comme des allumettes, & l'embrasement devint fi furieux, qu'il fondit les mines d'or & d'argent, qui étoient cachées dans les entrailles de la terre. On voyoit encore les fentes & les crevasses de la terre long tems après ce prodigieux accident. * Dom Juan Alvarez de Colmenar, Délices d'Espagne & de Portugal, t. 2, p. 360.

10. SIERRA-NEVADA, montagne d'Espagne, au royaume de Grenade. On l'appelle ainsi, parce qu'elle a toujours ses sommets couverts de neiges. Elle est à onze milles de la ville de Grenade, entre laquelle & la mer elle est située. Son circuit est de quinze licues. C'est cette montagne qui sépare le royaume de Grenade d'avec celui de Murcie, & elle est une des plus hautes de l'Espagne. * Davity, Grenade.

11. SIERRA NEVADA, montagne de l'Amérique septentrionale, dans la Castille d'or. Son étendue est d'environ quarante lieues, & on lui en donne deux de hauteur. Son sommet est toujours couvert de neiges, même dans les plus grandes chaleurs de l'été, qui font excessives dans ce payslà, à cause qu'il est peu éloigné de la ligne équinoxiale Il y a des mémoires qui portent qu'une partie des côtes, &

Tome V.

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les plaines qu'on voit au pied de cette montagne, sont habitées par une espéce de Pygmées, qui ne sortent point des bornes de leur terroir, & qui n'ont aucun commerce avec ceux qui ne sont point de leur taille. Ils vont, dit-on, se cacher dans des cavernes, quand ils apperçoivent quelque autre homme, & vivent de pain de millet, se faifant une boiffon de cette forte de grain, ou avec la racine d'un arbrifleau appellé Magure.

12. SIERRA-D'OCCA. Voyez Occa, no. 2. 13. SIERRA-SEGURA, nom que l'on donne aujourd'hui au mont Orospeda, où le Guadalquivir prend sa fource, à l'extrémité orientale de l'Andaloufie.

1. SIERRAS DE COGOLLO, montagnes d'Espagne, dans la Castille vieille : on les trouve au fortir de Burgos, & elles font auffi hautes que celles qu'on passe quand on vient dans cette ville. Des précipices affreux les rendent fort dangereuses, outre qu'elles font très-hautes & trèsdroites.* Délices d'Espagne, p. 187.

2.

,au

SIERRAS DE RONDA, m ,montagnes d'Espagne, royaume de Grenade, le long des frontieres de l'Andaloufie. Ces montagnes sont extrêmement rudes & fort hautes; ce ne font presque par-tout que roches, qui s'étendent au long & au large jusqu'à la mer.

3. SIERRAS DE SAINT-ADRIEN, montagnes d'Espagne, dans le Guipuscoa. A quatre lieues de Saint-Sebastien, en tirant au midi, on trouve la ville de Tolosa ou Tolosetta. On y va par un chemin pavé, entre des montagnes fort hautes, & tout aufli hautes que le reste des Pyrénées. On les appelle Sierras de Saint-Adrien, & elles s'étendent depuis Saint-Sebastien jusqu'à l'extrémité de la petite province d'Alava, qu'elles séparent de la Castille vieille. On passe près de l'Oria, riviere, ou plutôt torrent large & impétueux, qui court parmi ces rochers avec un grand fracas, & fait tourner un très-grand nombre de moulins à forges: on y prend de fort bon poisson, & entre autres d'excellentes truites. De tems en tems, on la passe sur des ponts de pierre, & elle est bordée de jardins, de vergers & de figuiers. Les sommets des montagnes sont couverts de quelques hutes d'hermites, qui se sont retirés du monde, & les vallées sont pleines de brebis, qui ont de la laine comme les boucs.

SIEVE, (la) riviere d'Italie, dans le Florentin, où elle prend sa source dans l'Appennin, d'où elle coule à Barberino, g. puis courant vers l'orient, elle se recourbe vers le midi, & va se joindre à l'Arno, au dessous de p. à Sieve. * Magin. Robert, Atlas.

SIEUGIN, ville de la Chine, dans la province de Quangli, au département de Pinglo, quatrième métropole de la province. Elle est de 7d o' plus occidentale que Pekin, sous les 25d 26' de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis. SIEUKEU, ville de la Chine, dans la province de Channsi, au département de Taiyuen, premiere métropole de la province. Elle est plus occidentale que Pekin desd, par les 38d 17' de latitude. * Atlas Sinenfis.

SIEUUU, ville de la Chine, dans la province de Honan, au département de Hoaiking, cinquiéme métropole de la province. Elle est plus occidentale que Pekin, de 4d 6', par les 36d 16' de latitude. Atlas Sinenfis.

SIFALBAHR, nom d'une contrée la plus méridionale de la province de Fars, ou Perse proprement dite. Elle comprend plusieurs bourgades & de fort grands pâturages, quoique l'air y soit extrêmement chaud, felon le géographe Perfien. * D'Herbelot, Bibl. orient.

SIFANTO, ifle de l'Archipel. Les anciens, tant Grecs que Latins, l'ont connue fous le nom de Siphnos ou Siphanos, & elle est encore nommée par corruption Sifanto, Sifanno ou Siphano. Les Italiens l'appellent Sifana, & les cartes marines la désignent ordinairement sous le nom de Sifanto. Anciennement elle s'appelloit Merope, ou Meropia & Acis; mais elle reçut ensuite de Siphnos, fils de Sunius, le nom de Siphnos, qu'elle porta depuis. Strabon la place près de l'ifle de Cimole ; & Etienne le géographe la met aux environs de l'isle de Créte. Dans les cartes marines on la trouve située à deux lieues au nord-est de l'isle de Cimole, à trois au fud-eft de celle de Sériphe, & à quatre à l'occident de Paros. Pline lui donne vingt-huit mille pas de circuit, qui ne font que sept lieues d'Allemagne ; mais les géographes modernes veulent qu'elle en ait quarante milles d'Italie, ou dix lieues d'Allemagne. * Dapper. Desc. de l'Archipel, p. 357.

Il y a dans l'ifle de Sifanto neuf ou dix villages. Son terroir produit quantité d'excellens fruits. On y voit de très-belles femmes, & il y a un grand monastére, où presque toutes les filles des ifles de l'Archipel viennent faire leurs vœux quand elles prennent le parti de la religion, Porcachi y place une ville sur le côté oriental, avec un golfe, appellé par les Italiens Golpho Schinosi. Il met aussi un port au côté meridional, & dit qu'autrefois il y avoit une ville auprès. Le port de Sifanto se trouve à l'orient du cap méridional, entre ce cap & une petite ifle. Les vaifseaux y peuvent mouiller fur douze, treize, quatorze & quinze braffes, & on peut avec une corde les amarrer au rivage de la petite ifle. Ce port est bon & commode, soit qu'on y entre du côté de l'occident, soit du côté de l'orient. Il y a un ruisseau & une belle fontaine. On y trouve des pierres d'aimant, & une forte de pierre qu'on peut tourner & creuser aisément ; on en fait des pots & de la vaisselle pour cuire les alimens & les servir sur la table. Elle devient dure & noire en la frotant avec de l'huile chaude, quoiqu'elle soit naturellement fort tendre & fort molle. Le dieu Pan étoit autrefois révére dans cette ifle, comme on le peut juger par les débris du temple qui lui étoit consacré.

Les anciens habitans pafloient pour fort industrieux, furtout en l'art de faire des gobelets: on ne parloit que des gobelets de Siphnos.

Jamais l'état de ces insulaires ne fut fi florislant que du tems de Cambyses, fils de Cyrus, roi de Perse. Siphnos passoit alors pour la plus riche des isles de l'Archipel. On y avoit découvert des mines d'or & d'argent si considérables, que de la dixme qu'on en tira & qu'on porta au temple d'Apollon à Delphes, on en forma un des plus riches tréfors qu'on ait peut être jamais vu. Le reste fut partagé entre les habitans, qui par ce moyen devinrent fort riches.

Après qu'ils eurent ramaflé tous ces trésors, ils consulterent l'oracle, pour savoir s'ils en demeureroient long-tems les maîtres. L'oracle leur répondit, qu'ils euffent à fe garder de la troupe de bois & du héros rouge, lorsque le prytanée & le marché de Siphnos feroient blancs.

Dans ce tems leur prytanée & leur marché étoient bâtis de marbre blanc de Paros. Cependant ils ne purent comprendre le sens de l'oracle, ni même lorsque les Samiens, qui étoient en guerre avec Polycrate, furent venus avec une flotte leur demander du secours.

Ils n'y furent pas plutôt arrivés, qu'ils leur envoyerent des hérauts sur un de leurs vaisseaux. C'étoit alors la coutume de les peindre en rouge, & il paroiffoit visiblement que c'étoit ce que leur avoit prédit l'oracle, lorsqu'il leur avoit recommandé de se garder de la troupe de bois & du héraut rouge. Lorsque ces hérauts y furent arrivés, ils leur demanderent dix talens à prêter au nom de leurs maîtres; mais les principaux d'entre eux l'ayant refufé, les Samiens se mirent à ravager leur ifle. Ce que ces infulaires ayant appris, ils fe mirent en campagne, & leur allerent livrer combat; mais ayant été vaincus & plusieurs des leurs ayant été pris, ils furent contraints de les racheter pour la somme de cent talens.

1. SIGA, Aeuve de la Mauritanie Césariense : Ptolomée, l. 4, c. 2, marque son embouchure entre la ville Siga & l'embouchure du fleuve Asarath. Ce fleuve est appellé Tenne par Castel, Rio de Aresgot par Ambroise Morales, & Teftene par Marmol, qui ajoute qu'on le nomme aussi Rio d' Aresgol, c'est-à-dire, de la riviere d'Aresgol.

2. SIGA, ville de la Mauritanie Céfariense: Ptolomée, qui la place entre le port Gypfaria & l'embouchure du fleuve Siga, lui donne le titre de colonie. Strabon, L. 17, p. 830, nous apprend que cette ville fut détruite par les Romains, & que le palais de Syphax y étoit. Pline, qui dit la même chose, ajoute que cette ville se trouvoit à l'opposite de celle de Malaca. Ce n'étoit qu'une petite ville du tems de Pomponius Mela, l. 1, c.s, qui l'appelle Parva Urbs. L'itinéraire d'Antonin lui donne le titre de municipe, & la marque entre Portu Cacili & Portu Sigensi, à quinze milles du premier de ces lieux, & à trois milles du second. Le nom moderne est Humain, selon Castel, la Guardia, selon Olivier, & Aresgol, selon Marmol. Voyez ARESGOL.

SIGALA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange. Ptolomée, 1.7, c. 1, la donne aux Mandrales, & la marque dans les

terres.

SIGAN, ville de la Chine, Voyez SIGNANFOU.

SIGANA, ville de l'Arachofie, felon Ptolomée, 1. 6, c. 20. Le manuscrit de la bibliotheque palatine, lit Sigara pour Sigana.

SIGANIA, fleuve de la Themiscyrhène. C'est Pline, 1. 6, c. 4, qui en parle. Il y a apparence que c'est le même fleuve qu'Arrien appelle Singames, & qu'il met dans la

Colchide.

SIGARA. Voyez SIGANA.

SIGARAN MONS. Voyez SIGORUM.

étoient fur le bord du Danube, & marqué dans l'itinéraire d'Antonin, fur la route de Rimini à Bizance, entre Tauranum & le Mont d'or, à quatre milles du premier de ces lieux, & à vingt-quatre milles du second. Ce même itinéraire, comme les autres auteurs Latins, savoir l'itinéraire de Bourdeaux, la table de Peutinger, la notice des dignités de l'Empire, & Jornandes, de Reb. Get. c. 55. ed. Lindebrogii, écrivent SINGIDUNUM. Cependant dans le Jornandès de l'édition de Grotius, on lit SINGIDONUM, & dans

SIGATHA, ville de la Libye, selon Etienne le géogra- Aurelius Victor, Incola agri Singidonenfis provincia PannoSIGNANFOU, ville de la Chine, dans la province de Xensi, où elle a le rang de premiere métropole. Elle est de 8d 18' plus occidentale que Pekin, sous les 35d so' de latitude septentrionale. Elle fut long-tems la capitale d'un petit empire, & passa sous la domination de différens princes qui l'envahissoient les uns sur les autres. Enfin l'empereur Thoam-Tçong lui fit changer son nom en celui de Kim-Tiao-Fou, lui donna le titre de capitale d'occident, & transporta sa cour à Lo-Yam, dans la province de HoNam. * Voyez l'Hift. générale des Huns, t. 3, p. 71.

phe, qui cite le dix-septiéme livre de Strabon.

SIGDELES. Voyez SYLINA.

1. SIGE, ville de la Troade: Etienne le géographe la diftingue de Sigeum.

2. SIGE OU SIEGE, riviere d'Allemagne. Elle prend sa source dans les énts de la maison de Nassau, où elle arrose Siegen; elle traverse ensuite une partie des pays de Cologne, & de Berg, passe à Sigenberg, & groffie des eaux de l'Agger qu'elle reçoit, elle se décharge dans le Rhin, à une lieue au-dessus de Bonne. On croit que c'est le Segus des anciens.

SIGEAN, petite ville de France, dans le Languedoc, au diocèse de Narbonne, dans le pays de Corbieres. Elle donne son nom à un étang voisin qu'on appelle aussi l'étang de Bages, à cause d'un village de ce nom.

SIĞELLO OU SIGILLO, château d'Italie, dans la Marche d'Ancone, à huit ou neuf milles à l'orient d'Eugubio. Il y en a qui le prennent pour l'Helvillum des anciens. * Magin, Atlas, Ital.

SIGEN. Voyez SIEGEN.

SIGENBERG. Voyez SIEGBOURG.

SIGENSIS-PORTUS, port de la mer Méditerranée, fur la côte de la Mauritanie Césariense. L'itinéraire d'Antonin le marque entre Siga & Camarata, à trois milles de la premiere de ces places, & à douze milles de la seconde. C'est ce que Ptolomée appelle l'embouchure du Aeuve Siga.

SIGERTIDIS. Voyez TESARIOSTI. SIGES, bourgade d'Espagne, dans la Catalogne, sur la côte, entre Tarragone & Barcelone. Villeneuve veut que ce soit l'ancienne Subur. Je ne trouve point Siges dans la carte de la Catalogne, par Jaillot.

SIGESTERICA-CIVITAS, ville de la Gaule. Il en est fait mention dans le second concile de Mâcon. C'est sans doute la même que SEGESTERORUM CIVITAS, aujourd'hui Sisteron.

SIGETH OU ZIGETH, comté de la basse Hongrie, entre la Drave & le Danube. Il a pour bornes le comté de Tolna au levant, Kanischa au couchant, Albe Royale au nord, & l'Esclavonie au midi. * Atlas, de l'isse.

SIGEUM, promontoire, ville & port de l'Asie mineure, dans la Troade, inmmédiatement après la ville de Rhoezeum. La ville de Sigeum étoit ruinée du tems de Strabon, 1.13, p.595, ce qui fait que peu d'auteurs parlent de cette ville: Pline, 1.5, c. 30, dit: In promontorio quondam Sigeum oppidum. Ptolomée, 1.5, c. 2, marque le promontoire Sigeum entre l'embouchure du Scamander, & Alexandria Troas. On comptoit soixante stades de ce promontoire à celui de Rhoeteum, en prenant le long du rivage. C'est aujourd'hui le cap Janitzari. On y trouve un village que les Grecs appellent Troias. Il contient trois cents feux ou environ. Tous les habitans sont Grecs, & vivent de la vente de leurs denrées, qui sont des bleds & des vins, des safrans, des melons & d'autres fruits. Tout y est à si grand marché, qu'on y a quinze poules pour une piastre, qui vaut un écu de notre monnoie. La douzaine d'œufs n'y coute qu'un fol. Ce fut à Sigée, si l'on en croit Cicéron & quelques autres anciens, qu'Alexandre, en voyant le tombeau d'Achille, s'écria: Trop heureux héros, qu' Homere ait chanté tes exploits! Cependant Pomponius Mela, Pline & Solin, placent ailleurs qu'à Sigée le tombeau d'Achille. La ville de Sigée a été autrefois épiscopale: elle est aujour d'hui ruinée. * Spon, Voyage de l'Archipel.

SIGIA. Voyez TROJA.

SIGILLO, bourg d'Italie, au royaume de Naples, dans l'Abruzze ultérieure, à vingt-deux milles d'Aquila. Ce bourg, ainsi que les environs, souffrit étrangement d'un tremblement de terre l'an 1703.

SIGINDUNUM, ville de la haute Mæsie. Elle est comptée par Prolomée, 1. 3, c. 9, parmi les villes qui

nia. Ce dernier place cette ville dans la Pannonie, ou à cause qu'elle en étoit très-voisine, ou parce que quelquesuns ont étendu la borne de la Pannonie au-delà de Singidunum. Les Grecs varient beaucoup pour l'ortographe de ce nom. Ptolomée, 1. 3, c. 9, écrit Σιγινδένον. Procope, Edif. 1. 4, 6.5, Σιγγηδον & πόλις Σιγγηδονιος. Theophylacte, l. 1, C. 4, Σιγγηδών. Philostorge, 14, c. 10, Σεγγηδών. Singedon, felon Procope, étoit la premiere & la plus ancienne ville bâtie dans ce quartier-là. Les Barbares, en étant devenus maîtres par la suite du tems, la raferent. Justinien la fit rebâtir, & la rendit plus forte & plus magnifique qu'elle n'avoit jamais été. On croit que c'est aujourd'hui Zenderin, dans la Servie.

SIGINNI, peuples d'Afie: Strabon, 1. 11, p. 520, dit qu'ils avoient les mêmes mœurs que les Perses. Quelques anciens exemplaires lisent Σίγγινοι pour Σίγγιννοι; mais cette derniere ortographe paroît la meilleure; car il y a apparence que ce font les mêmes peuples qu'Hérodote appelle, 5, c. 9. Sigyna, & dont il rapporte à peu près les mêmes chofes que Strabon attribue aux Siginni. Cependant Hérodote semble mettre les Sigyna fur le Danube, & par conféquent en Europe, quoique Strabon place les Siginni,

1.5,0.9.

en Afie.

SIGIPEDES, peuples dont parle Trebellius Pollion, in Aureliano. Peut-être font-ce les mêmes que les SICOBOTES de Capitolin.

SIGIPLOSII. Voyez GIPLONSII.

SIGISTAN, SIGESTAN, SAGESTAN, SITZISTAN & SISTON, province de Perse, au midi de celle de Sablustan. C'étoit autrefois la demeure des peuples appellés Drange. Cette province est ceinte de tous côtés d'une haute montagne. Elle a été la patrie du grand Rustan, si célébre dans les histoires du pays, & qui est presque le seul héros des romans perfans. Les principales villes de cette province font,

Sistan, Chaluk, & Ketz. * Olearius, Voyage de Perse, l. 4, p. 365.

SIGIUS-MONS, montagne de la Gaule Narbonnoise, sur la côte de la mer Méditerranée, selon Strabon, 1.4, p. 181. Au lieu de Sigias, Ptolomée, l. 2, c. 10, écrit SETIUS: & il y a apparence que cette ortographe doit l'emporter sur celle de Strabon; car, comme le remarque Paulmier, le nom subsiste encore présentement, cette montagne étant appellée Lou Cap de Sete dans le pays.

SIGIUS, ville d'Italie, sur la côte de l'Aufonie; Appien 5. Civil. dit que cette ville fut prise par les Aufoniens.

SIGLURIA. Voyez SYNCERIUM.
SIGMANUS. Voyez IGMANUS.

SIGMARINGEN, bourg d'Allemagne, dans la Suabe, à la droite du Danube, un peu au-dessus de Scheer, avec un petit territoire qui dépend des princes de HohenZollern. L'empereur Charles Vdonna Sigmaringen au comte Charles, arriere petit fils d'Eitel Frédéric I, prince de Hohen Zollern, qui laissa deux fils d'Anne, fille de Frédéric, marquis de Bade-Dourlac. Eitel Frédéric IV, qui étoit l'aîné, fit la branche de Hechingen, & Charles II son puîné, fit celle de Sigmaringen, dont Maximilien, fils de Mainrad, fut créé prince de l'Empire, par l'empereur Ferdinand II,en 1673. L'empereur Léopold nomma le prince Maximilien pour président de la chambre impériale. Tous les princes de la maison de Hohen-Zollern font catholiques & vi caires de l'électeur de Brandebourg, pour la charge de grand Chambellan de l'Empire. Charles I ordonna par fon restament que tous ses descendans en prendrojent la qualité; mais qu'il n'y auroit que le plus âgé qui pourroit faire les fonctions de cette charge au sacre de l'empereur & aux autres cérémonies. * De l'Isle, Atlas. D'Audiffret, Géogr. t. 3.

Tome V. Zzzij

>> En passant par Conchin, continue le pere Alvarez de >>> Semedo, je fus à Cranganor, qui est la résidence de l'ar>> chevêque, pour confulter le pere Antoine Fernandez sur >> l'interprétation de ces lettres, sachant combien il est versé >> dans la lecture des livres des premiers chrétiens de Saint>> Thomas : il m'assura que c'étoient des caractères syria>> ques, semblables à ceux dont ils se servent encore présen

>> tement.

Quant à l'inscription, l'écriture va du haut en bas, sur le côté plat de la pierre, avec des lettres propres mises en ligne, à la façon des Chinois, & outre cela il y a trois lignes au pied de la croix, comme je l'ai déja remarqué, & chacune de ces lignes est de trois lettres qui signifient:

>> I. PROLOGUE fait par un prêtre du royaume de Jur dée, nommé Kim-lim.

Le reste de l'inscription, conçue en termes pompeux & magnifiques, porte ce qui fuit :

Le pere le Comte, Mémoires particuliers de l'état préSent de la Chine, t. 1, p. 143, dit: La ville de Signanfou a trois lieues de tour. Il a eu la curiosité lui-même de la mefurer, & il n'étoit pas difficile d'en venir à bout, parce que les quatre pans de murailles qui enferment la ville, ont été tirés au cordeau. Les foslés en partie secs & en partie pleins d'eau, en font très beaux : les murailles font fort larges & fort élévées, & les tours carrées qui les flanquent; les remparts sont extrêmement larges, & les portes, au moins quelques-unes, très-magnifiques, & semblables à celles de Pekin. La ville est partagée en deux par une muraille de terre, qui la coupe presque d'un bout à l'autre. D'un côté font les Tartares qui en font la principale garnison; car dans l'autre partie qu'habitent les Chinois, il ne laisle pas d'y avoir beaucoup de troupes. On y voit encore un vieux palais où habitoient les anciens rois de la province, puis-> sans par l'étendue du pays, & par la valeur de leurs sujets. De toutes les provinces de la Chine, il n'y en a aucune dont les habitans soient plus durs au travail, d'une taille plus avantageuse, plus robustes & plus déterminés. Les maisons font, selon la coutume de la Chine, fort bafles & affez mal bâties: les meubles y font moins propres que dans les provinces du midi; le vernis grossiers, la porcelaine plus rare, & les ouvriers moins adroits.

Cette ville est encore remarquable par une découverte heureuse qui y fut faire dans le dernier fiécle. En 1625, comme on creusoit les fondemens d'un édifice près de Signanfou, les ouvriers rencontrerent une table de pierre de la longueur de plus de neuf empans, de la largeur de quatre, & de l'épaiffeur d'un ou davantage. Une des extrémités de cette pierre aboutissoit en forme de pyramide, dont l'aiguille avoit deux empans de hauteur, & la base un autre. Sur la face de cette pyramide étoit une croix bien formée, les bouts de laquelle finifloient en fleur de lys, semblable à celle qu'on trouva gravée sur le tombeau de l'apôtre S. Thomas dans la ville de Meliapour, telle qu'on les figuroit autrefois en Europe, & comme on en voit encore à présent quelques-unes. Cette croix étoit couverte & entourée de certains nuages, avec trois lignes écrites au pied, tirées de travers, formées comme trois grandes lettres, de celles dont on se sert communément à la Chine, & fi nettement & si distinctement empreintes, qu'on les pouvoit facilement lire. Tout le dessus étoit auffi gravé de semblables lettres, quoique toutes ne fussent pas d'une même grandeur, & qu'il y en eût quelques-unes d'étrangeres, dont on n'eut pas si tôt la connoissance. * Le pere Alvarez de Semedo, Hift. de la Chine, de la trad. de L. Coulon.

A peine les Chinois eurent-ils découvert & nétoyé ce monument, qu'ils coururent à la maison du gouverneur pour lui en donner avis. Le gouverneur s'étant transporté sur le lieu, & ayant examiné cette croix, la fit élever sur un beau piédestal, & couvrir d'un toit appuyé sur des piliers par les côtés, afin de la garantir des injures du tems, & de la tenir exposée à la vue des peuples, qui ne pouvoient se laffer de regarder cet auguste monument de la religion de leurs ancêtres. Enfin l'empereur en ayant été informé, & s'étant fait donner une copie de l'inscription, ordonna que l'on confervât avec soin ce précieux dépôt dans une pagode, où elle est encore à présent, affez proche du lieu où il avoit été trouvé, à un quart de lieue de la ville de Signanfou.

Parmi les lettres chinoises, il y en a plusieurs qui représentent les noms des prêtres & des évêques qui florisfoient en ce tems dans le royaume. Il y en a d'autres qui n'ont pas été si-tôt connues, parce qu'elles font grecques & hébraïques, qui ne contiennent que les noms de ces mêmes personnages; ce qui sans doute fut fait à dessein, afin que fi par hafard quelqu'étranger n'avoit pas la connoissance des caractères du pays, il pût du moins comprendre les autres

» II. O combien véritable & profond est l'Eternel, & >> incompréhensible très fpirituel. A l'égard du passé il est >> fans commencement; pour le tems à venir il est sans fin, >> & poffede toujours la même perfection. Il prit le néant & >> en fit le tout. Il est le principe trin & un, fans aucun vrai principe. Le Seigneur Olooyu, il forma les quatre par>> ties du monde en figure de croix. Il inêla le chaos & en >> tira les deux principes. Il causa du changement dans >> l'abysme, & le ciel & la terre parurent. La nature étoit >> au commencement pure & exemte des paffions défor>> données, & le cœur net, sans déreglement des appe» tits.

>> III. L'homme vint après à tomber dans les tromperies >> du diable, qui cacha sous le voile de ses paroles le mal >> qu'il avoit projetté, & corrompit l'innocence du premier >> homme. De cette source sortirent trois cents foixante-cinq >> sectes, lesquelles, pour être en si grand nombre, se >> chassoient les unes les autres ; & de toutes il s'en fit un rets >> pour prendre le monde. Les unes choisirent les créatures, >> & les reconnurent pour des divinités. Les autres se préci>> piterent dans cette erreur que toutes choses ne font rien, & >> qu'elles doivent se réduire à rien. Quelques-uns firent des >> vœux & offrirent des facrifices à la fortune. Quelques au>> tres firent semblant de suivre la vertu pour tromper le >> monde. L'entendement, esclave des erreurs, & la vo. >> lonté des passions devinrent entierement obscurcis. Les >> hommes cheminoient sans parvenir à aucun terme : le >> monde se consommoit dans un misérable embrasement, >> l'homme multiplioit les ténébres, & les ténébres lui firent >> perdre le bon chemin, marchant long-tems à tâtons, lans >>> trouver la vérité.

>> IV. Alors le messie, une des trois personnes, cacha sa >> majesté, & se fit voir au monde se faisant homme. Un >> ange vint annoncer le mystère, & une Vierge enfanta le >> faint. Une étoile apparut pour donner avis de sa naissance; » & ceux du royaume de Pozu allerent lui offrir le tribut, >> conformément à ce qu'en avoient prophétisé les vingt>>> quatre faints. Il publia aux hommes la très-pure loi; il >>> purifia les coutumes; il redressa la foi; il nétoya le mon>> de; il perfectionna la vertu, & fonda les trois vertus sur >> cette perfection: il ouvrit le chemin de la vie, & ferma >> celui de la mort. Il fit naître la clarté du jour & diffipa >> l'obscurité de la nuit : il dént l'obscure principauté des té>>> nébres, abattant toutes les forces du diable, & fecourut >> miféricordieusement le monde dans le naufrage, afin que >> les hommes se rangeassent sous la domination de la clarté. >> Enfin après avoir ainsi achevé fes ouvrages, il monta aux >> cieux environ le midi. Il nous resta vingt-sept livres de l'é>> criture sainte. La porte fut ouverte à la converfion, par le >> moyen de l'eau qui lave & purifie: ses ministres se >> servoient de la croix : jamais ils ne séjournoient plus >> long-tems en un lieu qu'en l'autre, pour pouvoir >> éclairer tout le monde. L'ayant ainsi réduit à l'union, >> ils mirent les hommes dans le bon chemin par leurs >> exemples, & leur ouvrirent l'entrée de la vie & de la >> gloire.

>> V. Ses disciples laissoient croître leur barbe, & en cela >>> ils se montroient semblables aux autres hommes pour l'ex>> térieur ; mais ils se coupoient les cheveux jusques à la ra>> cine sur le sommet de la tête, pour témoigner qu'ils s'

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>> toient dépouillés des affections intérieures. Ils n'avoient >> point de valets, les grands & les petits étant parmi eux ➡ d'une égale condition; ils ne recevoient point de présens >> des hommes: au contraire ils diftribuoient leurs biens aux >> pauvres. Ils jeûnoient & veilloient pour assujettir la chair >> à l'esprit. Ils offroient sept fois le jour des facrifices de >> louange, pour le foulagement des vivans & des morts. Ils >> sacrifioient de sept en sept jours, & se purifioient à des>> sein de recevoir l'innocence sainte. Il n'y a point de nom >> qui convienne à la vraie loi, & qui puifle dignement ex>> pliquer fon excellence: néanmoins à fautes d'autres, nous >> la nommons la loi de charité. La loi ne peut pas être ap>> pellée grande si elle n'est sainte; & la fainteté est indigne >> de ce nom, si elle n'est entierement conforme à ce qu'en>>> seigne la loi, & ainsi la sainteté est conforme à la loi, & >>> la loi à la fainteté.

>> La loi ne s'étend qu'à la faveur des rois, & les rois ne >>> s'agrandiffent qu'en recevant la loi, quand les rois & la >> loi font d'accord, le monde est bien-tôt éclairé : ce fut à >> cette occasion qu'au tems du roi Taizum ven Hoam, qui >>> gouvernoit le royaume avec une prudence & sainteté non >> pareilles, un homme d'une éminente vertu, nommé Olo>> puen, vint ici des quartiers de la Judée, & fous la con>> duite des nuées, apporta la vraie doctrine, & arriva à la >> cour l'an de Chimquom Kiemfu; le roi commanda à fon >> colao Fauv Kizulim d'aller au-devant de lui jusques à l'oc>> cident, & de le traiter comme son hofte, avec tou>> tes fortes de caresses. Il fit venir la doctrine en fon >> palais; & connoissant la vraie loi, commanda puissam>> ment qu'elle fut prêchée par tout fon royaume, & ensuite >> fit publier un écrit de sa main royale, contenant ce qui >> fuit.

>> VI. La vraie loi n'a point de nom déterminé. Ses mi>> nistres courent de tous côtés pour l'enseigner au monde, >> & leur seule prétention ett de se rendre utiles aux sujets de >> ce royaume Tacin. Cet Olopuen, personnage d'une rare >> vertu, n'est venu de si loin dans notre royaume pour au>> tre dessein que pour apporter la doctrine & les images. >> Ayant foigneusement examiné ce qu'il a proposé, nous >> l'avons trouvé fort excellent & fans beaucoup de bruit, >> qui a son principal fondement depuis la création du mon>>> de. Sa doctrine est succinte, dont la vérité n'est point éta>> blie sur une vaine apparence, mais qui porte avec foi le >> falut & l'utilité des hommes; & partant il est convenable >> qu'elle foit publiée en notre royaume. Il commanda donc >> aux mandarins de cette cour de Ninfam de lui bâtir une >> grande église avec vingt-un ministres, affoiblissant la mo>> narchie de Cheu Olaofu, chef de la secte des Tauzu, qui >> se retira sur un charriot noir vers l'occident. Le grand » Tam & le Tao étant éclairés du flambeau de la foi, le >> saint évangile parvint à la Chine, & en peu de tenis le >> roi fit peindre son image sur les murailles du temple où >> il éclate, & fa mémoire éclatera éternellement dans le >> monde.

>> VII. Conformément aux mémoires des empires de >> Ham & de Guei, le royaume Tacin confine du côté du *>> midi à la mer Rouge, du nord aux montagnes des Perles, >> du couchant à la forêt des feuilles par les Saints ; & du le>> vant à ce lieu de Cham Fum & à l'eau Morte. La terre >> porte le beaume, les perles & les escarboucles: on n'y >> voit point de larrons; tous jouiffent d'une profonde paix. >> On ne reconnoit dans le royaume que l'évangile, & fes >> charges ne font données qu'aux vertueux. Les maisons >> sont spacieuses ; & tout est illuftre par le bon ordre & par >> les bonnes coutumes qui s'y observent.

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» VIII. Le grand empereur Caozum, fils de Taizum, >> continua glorieusement le dessein de son ayeul, augmen>> tant & ornant les ouvrages de son pere; & à ces fins il or>> donna qu'on bâtiroit dans toutes ses provinces des églises, » & qu'Olopuen auroit le titre d'évêque de la grande loi, >> par laquelle le royaume de la Chine fut gouverné en paix, » & les églises se remplirent entierement des prospérités de >> la prédication.

>> IX. Lauximelie, les bonzes de la secte des pagodes dé>> couvrirent leur violence, blasphémant contre cette nou>>> velle & fainte loi en ce lieu de Thumcheu, & l'année sien >> tien quelques particuliers de Singan s'en moquerent, avec >> des mépris & des rifées.

>> X. Alors un des chefs des prêtres nommé Jean, avec un >> autre de grande vertu, appellé Kielie, & d'autres prêtres

>> de réputation du même pays, détachés des choses de la >> terre, reprirent l'excellent rets & continuerent le filet qui >> s'étoit déja rompu. Le roi Hivenzum Chituo commanda à >> cinq petits rois de venir en personne à l'heureuse maison, » & d'ériger des autels. Alors en l'année de Tien Pao, la co>> lonne de la loi qui avoit été abattue pour quelque tems >> commença de s'élever. Le roi Taciam Kium commanda à >> Caolie Sié, de mettre dans les églises les portrais des cinq >> rois ses ayeuls, & de cent autres vivans, pour honorer >> cette folemnité. Les grandes barbes du dragon, bien >> qu'elles foient éloignées, peuvent toucher avec la main >> leurs arcs & leurs épées. La clarté qui rejaillit de ces por>> traits, fait paroître qu'ils font présens. En la troisiéme an>> née de Tien Pao, le prêtre Kieho fut aux Indes, qui vint >> à la Chine sous la conduite d'une étoile, & suivant le so>> leil vint trouver l'empereur. Celui-ci commanda que Jean » & Pol, avec d'autres prêtres, eufssent à s'assembler pour >> exercer les saintes œuvres à Kim Kim, qui est un lieu dans >> le palais. Alors les lettres royaux richement ornées de >>> rouge & d'azur, furent mises par ordre sur des tables >> dans les églises, & la plume du roi remplit les vœux, vola >> & rencontra le soleil. Ses graces & ses faveurs égalerent le >> faîte des montagnes du midi, & l'abondance de ses libé>> ralités fut comparable au fond de la mer de l'Orient. La >> raison n'est jamais à rejetter, ce n'est pas une chose que >> les faints ne pratiquent, & ce qu'ils font est digne de mé>> moire. Pour cela le roi Sozun ven Mim fit bâtir des égli>> ses à Limua & en cinq cités. Il étoit doué d'un excellent >>> naturel, qui ouvrit la porte à la prospérite commune du >> royaume, & qui firent ensorte que les affaires de l'état >> monterent à un haut point.

» XI. Le roi Taizum Venuu rappella le bon tems, faifant >> les choses sans travail. Il avoit coutume d'envoyer à toutes >> les fêtes de la nativité de Christ, un parfum céleste aux >> églises royales, pour honorer les ministres de cette fainte >> loi. Ce fut lors sans mentir que le ciel communiqua la >> beauté & le profit au monde, qui produisoit toutes choses >> abondamment. Ce roi imitoit le ciel, aussi savoit-il se>> courir ses sujets.

» XII. Le roi Kienchum Xim xin Venuu découvrit huit >> façons de gouverner pour la récompense des gens de >> bien, & pour le châtimens des mauvais, & neuf autres >> pour le rétablissement de l'évangile. Prions Dieu pour lui >> sans honte. C'étoit un personnage de beaucoup de vertu, >> humble, amateur de la paix, & foigneux de pardonner à >> son prochain, & d'assister tout le monde avec charité. Ce

font les marches & les dégrés de notre sainte loi, faire >> que les vents & les pluies cessent en leur tems, que le >> monde jouisse du repos, que les hommes foient bien gou>> vernés, les choses bien établies, les vivans marchent de >> bonne forte, & que les morts ayent leur contentement : >> tout cela naît de notre loi.

» XIII. Le roi donna plusieurs titres honorables en sa >> cour, au prêtre Ysu, grand prédicateur de la loi, & lui

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fit présent d'un habit rouge pour ce qu'il étoit paisible, & >> qu'il se plaisoit à faire du bien à tous. Il vint de loin à la >> Chine du lieu Vamxe Chi chim. Sa vertu furpassa nos trois >> familles, & amplifia parfaitement les autres sciences. II >> servit le roi dans son palais, & puis il fut couché sur le li>> vre royal. Le roitelet de Fuen Yam, qui se qualifioit Chum >>> xulium, & fe nommoit Cozuy, s'en servit au commence>> ment dans la guerre qu'il eut en ces contrées de Sofam. Le >> roi Sozum commanda à Ysu d'assister avantageusement >> Cozuy par dessus les autres, & néanmoins il ne changea >> rien pour cela de sa façon de faire. Il étoit les ongles & >> les dents de la république, les yeux & les oreilles de l'ar>> mée. Il savoit distribuer ses revenus, & n'épargnoit rien. >> Il fit présent d'un poli à l'église de Lintiguen, & de tapis >> d'or à celle de Cieki; il repara les anciennes églises, & >> rétablit la maison de la loi, parant les chambres & rendant >> les eurritoires resplendissans comme des flambeaux volans. >> Il s'affectionna de tout son pouvoir aux actions de charité, » & particulierement avoit-il coutume d'assembler tous les >> ans les prêtres des quatre églises & les servir de cœur, >> avec un honnête entretien durant cinquante jours. Il don>> noit à manger aux pauvres travaillés de la faim, il vêtis>> soit les nuds, il traitoit les malades & enfevelissoit les

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