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Pife y entretenoient & commandoient la garnifon. C'étoit auffi là qu'étoit anciennement la citadelle de Sion; mais elle avoit bien plus d'étendue, & le palais qu'y avoit David n'a pas été moins renommé par la perte funefte qu'il fit de fon innocence. Ce fut du haut de la terraffe, où il fe promenoit, qu'il laiffa échapper ce regard inconfidéré fur Bethfabée, femine d'Urie. Ce fut là même que le prophéte Nathan l'ayant repris, de la part de Dieu, de l'adultere qu'il avoit commis, il reconnut fa faute. Les étrangers n'entrent point dans ce château ; ils n'ofent même le regarder avec quelque forte d'attention, fans s'expofer à de mauvais traitemens, à caufe du foupçon qu'ils donneroient de vouloir le reconnoître à mauvais deffein. Les Mahométans font fi paffionnés à Jerufalem contre les chrétiens, & principalement contre les Francs, que pour les moindres fujets ils leur font infulte. On pafle promptement ce lieu, & fortant de la ville par la porte de David, qui eft celle du mont Sion, on va vifiter la maifon de Caiphe qui en eft proche. Elle eft à préfent changée en une églife que les Arméniens deffervent. On entre d'abord dans une cour par une porte, & on descend enfuite par quatre ou cinq dégrés. On montre là un oranger qu'on dit être planté au lieu où le chauffoit faint Pierre avec les valets, devant lesquels il eut honte de paroître disciple de fon maître. On voit l'image d'un coq gravé fur une pierre plate, qu'on a placée dans une petite niche, pratiquée dans la muraille qui fait la face de l'églife qui eft bâtie fur les ruines de celle que fainte Hélène fit faire autrefois.

On y tint le confeil appellé fanedrin, compofé des chefs des vingt quatre familles facerdotales, & des principaux feigneurs de la nation. On fit comparoître dans ce même endroit Notre Seigneur Jefus Chrift pour y être jugé. On voit encore près de l'autel, & du côté de l'épitre, le monument & l'endroit du cachot, où, après plufieurs tourmens, Notre Seigneur fut mis. C'eft une petite chambre carrée, où il y a un autel dreffé. On y entre par une porte fort baffe & étroite. On n'y peut être que deux ou trois perfonnes à la fois. Il n'y a rien de remarquable en cette églife que le devant de l'autel, où les Arméniens ont enfermé la groffe pierre qui fermoit le fépulcre du Sauveur, & fur laquelle l'ange s'allit après l'avoir renverfée le jour de la réfurrection. On dit qu'elle eft là toute entiere. On n'en voit pourtant que deux morceaux à chaque côté de l'autel qu'on n'a point couvert de plâtre où de chaux, comme tout le refte. Les religieux de Jerufalem difent que les Arméniens la leur ont enlevée comme plufieurs autres chofes, lorsqu'au tems de la guerre que le Turc fit aux chrétiens à la prife de Cypre, ils furent tous mis en prifon. Car alors les Arméniens furent les dépofitaires de leur fanctuaire, & le faifirent de plufieurs chofes qu'on n'a jamais pû retirer. Un peu plus loin que la maifon de Caiphe, avançant quelques pas vers le midi, on trouve ce lieu augufte qu'on nomme le Cénacle. C'est un sanctuaire mémorable de l'ancien & du nouveau teftament;car ce fut là que David plaça fon fépulcre il eft probable que ce fut près de ce lieu que le même roi fit faire le tabernacle, où il plaça l'arche d'alliance, lorsqu'ayant appris les bénédictions qu'elle avoit répandues fur le lévite Obed-Edom, & fur toute fa maison, pendant trois mois qu'il eut le bonheur de la pofféder; il défira y avoir part, l'ayant dans fa ville & dans fon palais. Comme l'endroit où l'arche avoit été mife étoit le plus faint du palais, David voulut que celui de fa fépulture en fût le plus proche qu'il feroit poffible. On ne fait fi ce fanctuaire étoit dans la maifon de ce disciple fortuné, qui prêta fa fale au Sauveur du monde, pour y manger l'agneau paschal la veille de fa paffion. Il étoit du moins tout joignant; & peut-être que ces paroles de faint Pierre, fepulcrum ejus eft apud nos usque in hodiernam diem, fe doivent prendre à la rigueur de la lettre, & ne veulent pas feulement dire que le fépulcre de David étoit alors encore en Jerufalem, où il fe trouvoit, mais dans l'endroit même de la ville où il logeoit avec fes freres les apôtres. Quoi qu'il en foit, c'étoit une grande maifon, & la maifon d'un homme riche, comme il paroît par la grandeur & l'ameublement de la fale haute, où Notre Seigneur fit la Pâque avec les diciples, Conaculum grande ftratum.

Ce fut dans cette maifon que J. C. mit fin à toutes les figures de la loi ancienne, dans la cérémonie de l'agneau paschal qu'il y mangea avec les apôtres;& il y exerça fon miniftere de prêtre felon l'ordre de Melchifedec, offrant à Dieu le facrifice de fon corps & de fon fang adorable, fous

les espéces du pain & du vin. Après la mort, le jour de fa réfurrection,il apparut dans cet endroit à fes disciples; il leur y préfenta fon corps à toucher, & y mangea avec eux. Huit jours après,il y retourna pour guérir l'aveuglement de S.Thomas, en l'obligeant de porter fa main dans fes plaies. Ce fut là encore apparemment qu'il vint trouver les disciples le jour qu'il monta au ciel. Ce même lieu fut affigné par Notre Seigneur à fes disciples, pour y faire une retraite de dix jours, & pour le dispofer à recevoir le faint Esprit. S. Mathias fut élu dans le cénacle pour remplir la place du perfide Judas. C'étoit encore dans le cénacle que les disciples, au nombre d'environ cent vingt, étoient affemblés avec la Ste. Vierge & quelques femmes dévotes, lorsque le S. Esprit descendit en forme de langues de feu. Ce faint lieu devint la premiere églife chrétienne; S. Jacques le mineur y fut établi premier évêque de Jerufalem; les fept premiers diacres y furent ordonnés ; le premier concile y fut tenu.Enfin c'eft à la porte de ce cénacle que faint Pierre annonça l'évangile pour la premiere fois,& convertit trois mille perfonnes. Sainte Hélène orna l'églife de ce faint lieu, & y fit mettre la colonne teinte du fang de Notre Seigneur Jefus-Chrift. Cette colonne foutenoit le portique de l'églife, qui, au rapport de faint Cyrille, étoit à deux étages. Depuis ayant été ruinée par les infidéles, Sancia, reine de Sicile, la releva, & la mit à peu près dans l'état où on la voyoit du tems que les religieux Francs en étoient en poffeffion. Elle est encore à deux étages, & terminée dans fa longeur par un dôme couvert de plomb d'une grandeur médiocre. On marque aux pélerins, qui font aflez heureux pour y entrer, tous les divers lieux, où l'on croit que fe font paffés les myfteres, sans oublier même celui, où l'on fit rotir l'agneau paschal ; mais il y a apparence que ce font plutôt les divers lieux, qu'on a confacrés à la mémoire de ces merveilles, que les endroits véritables où elles fe font paflées. Car il eft vraisemblable que le cénacle, c'est-à-dire, la fale haute, où Notre Seigneur mangea l'agneau, fut le lieu même où il inftitua l'Eucharistie, & où faint Matthias fut élu ; mais l'endroit où l'on veut que foit descendu le faint Esprit eft trop petit, & il ne peut pas contenir la moitié de cent vingt perfonnes, & davantage, qui étoient allemblées là, & qui eurent part à cette grace. Les Mahométans n'y laiffent entrer que fort rarement les chrétiens, & encore le font-ils payer des fommes confidérables. Il y a environ un fiécle qu'un miférable fanton, c'eft-à-dire, un des faux dévots de Mahomet, ravit ce fanctuaire à nos religieux françois. Il alla préfenter requête à la Porte Ottomane, & remontrer que c'étoit une chofe indigne de voir le fépulcre du grand roi, & admirable prophéte David, entre les mains des chrétiens & des chrétiens francs, qui le poffédoient hors de la ville dans un endroit avantageux, où ils pour roient introduire de nuit tant d'ennemis qu'il leur plairoit, fans qu'on s'en apperçût, & les rendre maîtres de la ville & du château. Il obtint donc aifément un haut commandement pour chaffer les religieux, & y introduire les Mahométans. Le défir de tirer de l'argent des religieux le faifoit plutôt agir que l'amour de fa loi: il les fonda même fur cet article, mais ceux-ci qui jugeoient qu'il pourroit ailément faire venir un nouvel or. dre, & qu'ils perdroient leur argent, le renvoyerent avec

peu

de fatisfaction, & en vertu du commandement qu'il avoit, il les mit hors du faint Cénacle. Les religieux n'ont pu y entrer depuis ce tems, & ils n'y entreront jamais tant que les Turcs feront maîtres de Jerufalem. Ils en ont fait une mosquée, & ils ont changé le couvent en un hôpital, pour les pauvres filles orphelines, qui font fans fecours; par ce moyen ils ont rendu ce lieu inaliénable. Ils ne veulent pas même permettre qu'on approche de la porte, ni qu'on arrête la vûe fur les bâtimens. Dans ce cas on est expofé à leurs infultes, ou bien ils vont chez les religieux faire de grandes plaintes & des menaces; & fouvent on trouve qu'il vaut mieux les faire taire avec un peu d'argent, que d'avoir un procès avec eux. Cependant ils ne font pas toujours de fi mauvaise humeur. Quelquefois ils perniettent aux chrétiens de regarder ce lieu à leur aife. Dans la place qui eft au-devant du cénacie, on voit une citerne qui eft fort remarquable. On dit que ce fut là que les apôtres fe féparerent douze ans après la mort de Notre-Sauveur. A l'occident & comme vis-à-vis de cette maifon, dans l'éloignement de trente ou quarante pas, étoit la maifon de S. Jean l'Evangélifte, où la fainte Vierge demeuroit après l'ascenfion du Sauveur. On n'en voit plus aucune marque,

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& on n'en connoît le lieu que par tradition. La fainte Vierge vécut dans cette même maifon jusqu'à la foixantedouzième année de fon âge, près de vingt-trois ans après la mort de fon fils. L'heure de fa mort étant arrivée, tous les apôtres qui vivoient alors y furent miraculcufement transportés des diverfes parties du monde où ils travailloient. Sanut écrit qu'il y avoit près de-là une églife, où S. Jean le fils adoptif de la fainte Vierge, & fon heureux chapelain, avoit coutume de lui célébrer la meffe & de la communier. Il n'y a plus là ni églife ni maifon: on n'y voit que des fépulcres. Tout le champ, qui s'étend depuis cet endroit & au-deffus de la maifon de Caïphe, a été accordé aux chrétiens pour leur fépulture. Ils y font enterrés pêle-mêle de quelque fecte & de quelque nation qu'ils foient; ce qui ne fe pratique point dans les autres endroits de la TerreSainte, où les Francs, les Grecs, les Arméniens, les Syriens & les autres nations, ont leur quartier à part. En descendant on rencontre au-delfous du cénacle, à la portée d'un ou deux traits d'arbalète le lieu où fe fit ce miracle illuftre dont parlent S. Jean Damascène, Métaphrafte & Nicéphore. Un prêtre Juif, ayant appris qu'on portoit en terre la fainte Vierge, vint avec une indignation facrilége frapper contre le cercueil pour le renverfer. Mais, comme il y porta les mains, elles furent coupées par une vertu invifible, & elles demeurerent attachées à la fainte châffe. Sa peine lui fit connoître fa faute, & le mérite de la fainte Vierge. Comme il publioit l'un & l'autre & demandoit mi-, féricorde, S. Pierre lui ordonna de joindre fes bras à ses mains, & elles s'y remirent au même moment. Un peu plus bas, vers la porte des Mégarebes, que quelques uns veulent faire paffer contre la vérité, pour la porte Sterquilinaire, ou de la fiente, on voyoit, il y a quelques années, une espéce de grotte qu'on a murée, où l'on dit que faint Pierre alla pleurer fon péché, & qu'autrefois il y avoit une égiife qu'on nommoit du chant du coq Galli cantus. Il n'y a pourtant pas apparence que du tems de S. Pierre, cette grotte fut comme elle eft aujourd'hui. Elle étoit apparemment dans quelque maifon de connoiffance, où il s'alla cacher accablé de confufion & de douleur, ou bien c'étoit quelque lieu public où fe déchargeoient les ordures; car tout le mont Sion étant alors bâti & peuplé, il n'y a guè res d'apparence qu'on laiffât une grotte au milieu des

rues.

2. SION, ville de la tribu d'Iffakar. Elle eft nommée Séon, dans la vulgate : Eufébe & S. Jérôme difent, qu'on voyoit de leur tems un lieu nommé Séon, près le mont Thabor. * Jofué, 19.

3.SION. C'est un des noms du mont Hermon. C'eft apparemment de cette montagne dont il eft parlé dans le Pl. 132, 3. Sicut ros Hermon, qui descendit in montem Sion: l'hébreu porte Zion. L'union & la bonne intelligence des prêtres & des lévites eft auffi agréable que la rofée qui tombe fur Hermon & fur Sion, deux montagnes contiguës, & qui ne font que la même chaîne des montagnes. Jefus, fils de Sirach, parle auffi du mont Hermon, fous le nom de Sion, Quafi cypreffus in monte Sion, le grec, in monte Hermon.* Deut. 4, 48. Ecclef. 34, 17.

SION ou SYON, en latin Sedunum, & en allemand Sitten, ville de Suiffe, dans le Vallais, la capitale du département de Sion & de tout le pays même, & comme dans le centre de l'un & de l'autre. Cette ville eft fort ancienne, fon nom latin lui vient des anciens Séduniens, habitans du pays, & fon nom allemand d'une petite riviere, qui la traverfe & qui fert à la tenir nette. Elle eft fituée fur la rive droite du Rhône, & à quelque distance de ce fleuve, dans une belle plaine, bordée d'un côté par deux monts ifolés, fur l'un desquels on voit un château fort, nommé Valeria, avec une églife dédiée à fainte Catherine, & plufieurs belles maifons, où demeurent les chanoines de l'église cathédrale de Sion. L'autre mont eft auffi occupé par un château fort, qu'on nomme Tourbillon, en allemand Turbelen, qui appartient à l'évêque. On descend de ce château par des dégrés fermés de murailles ou de rochers de deux côtés, & on arrive à un autre château, fitué fur une petite hauteur, nommé la Mayorie, où les évêques font ordinairement leur réfidence. Il appartenoit autrefois à des gentilshommes, qui portoient le titre de mayors de Sion; & un évêque l'acheta de l'un d'eux dans le quatorziéme fiécle. Cette fortereffe ayant été confumée par le feu, Adrien de Riedmatten, évêque de Sion, qui mourut en

1547, la rebâtit beaucoup plus belle qu'elle n'étoit auparavant. La ville qui eft au pied de ces hauteurs, eft unie, bien bâtie & affez propre. Les habitans, qui parlent allemand & romand, l'ont fort embellie depuis un fiécle. On y voit plufieurs églifes dont la plus remarquable eft celle de Notre-Dame, qui eft la cathédrale. Près de la grande porte, on remarque un marbre antique à demi rongé, avec ce fragment d'inscription romaine, à l'honneur de l'empereur Augufte:

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Dans le palais on voit l'inscription fuivante, qui, à ce que
prétend Scheuchzer, n'avoit été rapportée par aucun écri
DEVOTIONE VIGENS
AUGUSTUS PONTIUS EDIS A xw.
RESTITUIT PRÆTOR

LONGE PRÆSTANTIUS ILLIS
NOVAE PRISCAE STETERANT
TALIS RESPUBLICA QUERE
D. N. GRATIANO AUG. V. TNIR.
Cos.

Pontius Asci 100 Tus Vp. Pi..

* Etat & Délices de la Suiffe, t. 4, p. 192. La ville de Sion eft le fiége d'un évêché fort ancien, qui s'eft toujours étendu fur tout le Vallais. L'évêque porte le titre de prince du faint empire romain, évêque de Sion, comte & préfet du Vallais. Il fait ordinairement fa résidence dans le château de la mayorie; mais dans l'été ou dans des tems de contagion, il va dans celui de Tourbillon. Il préfide dans les états, avec une autorité à peu près femblable à celle du doge de Venife. La monnoye le bat à fon coin, fous fon nom & à les armes. Les actes & instrumens publics & particuliers fe font fous fon nom; mais l'autorité fouveraine eft entre les mains de l'aflemblée générale du pays, qui eft compofée d'un certain nombre de députés des fept départemens. Les évêques font élus par les fuffrages communs des chanoines de la cathédrale & des députés des départemens. Après l'évêque, celui qui tient le premier rang eft le bailli du pays, qu'ils appellent landshaubtman en allemand, c'eft-à-dire, capitaine du pays. Il eft le juge abfolu des caufes civiles, qui fe portent pardevant lui. Sa charge dure deux ans ; il est élu par l'évêque & par les députés des départemens, & enfuite confirmé publiquement par l'approbation de chaque département.

La ville de Sion n'a point eu d'évêque jusqu'à la fin du fixiéme fiécle, qu'Héliodore s'établit à Sion, (Seduni) & il figna, l'an 585, au fecond concile de Mâcon, en qualité d'évêque de Sion, ( episcopus Sedunenfis.)

Cet évêché a toujours, pour la jurisdiction ecclésiastique, reconnu la métropole de Tarentaife, depuis que l'évêque de cette ville a été reconnu métropolitain de la province des Alpes Graïennes & Pennines; car, auparavant, cette province dépendoit de l'archevêque de Vienne, en quoi il a été quelquefois troublé par celui de Milan. Les évêques de Sion furent reconnus comtes de Vallais, & avoient un droir ancien fur le gouvernement de ce pays, dont la préfecture avoit été donnée à faint Théodule, évêque de Sion, & à fes fucceffeurs par Charlemagne. Ceux du pays aimoient fort la liberté, que leur situation leur donnoit le moyen de conferver; de forte que s'étant oppofés aux entreprises de quelques-uns de leurs évêques, ils les réduifirent à l'état de fimples gouverneurs ou magiftrats. Ils prennent encore le titre de princes de l'Empire, quoiqu'ils n'ayent aucune féance aux diétes, & qu'ils ne doi vent aucune obéiflance à l'empereur & aux états de l'Empire, ni aux chambres impériales, jouiffans de la franchise accordée au corps helvétique, & autorisée par le traité de Weftphalie.

L'abbé de faint Maurice, qui prenoit la qualité de prince de l'Empire, fut obligé de fe foumettre à l'évêque de Sion, & de le reconnoîtte au fpirituel & au temporel,

peu

comme comte & gouverneur du Vallais ; & par un traité fait à Salion, on établit les loix & les priviléges du ple & des eccléfiaftiques du bas Vallais. L'abbé a encore de bons revenus, & une jurisdiction temporelle & fpirituelle ; mais il eft obligé de reconnoître l'évêque pour fon fupérieur.

Au deffus de Sion, en tirant vers les Alpes, on trouve les villages de Grimfel & de Saint-Germain, & le mont Sanetsch, par où l'on va dans le bailliage de Rougemont, au canton de Berne. De cette montagne fort une riviere nommée Morse. Au-deffus de cette riviere, entre la montagne & la ville de Sion, on voit fur des roches élevées, & presque inacceffibles, les mafures de deux fortereffes, P'une appellée SEON, & l'autre MONTARSE OU MONTORGE. La premiere fervit autrefois au baron Antoine de la Tour à exercer la cruauté contre l'évêque Guiscard de Tavel, qu'il précipita du haut en bas de ces rochers en 1375. De l'autre côté du Rhône, vis-à-vis de Sion, eft un village nommé Bremis, où l'on voit un couvent tout entier, avec cave, cuisine, réfectoire, églife, cellules, & autres appartemens, le tout taillé dans le roc. Les moines, qui l'ont habité au commencement du feiziéme fiécle, y moururent tous dans peu de tems, fans doute à cause de l'humidité du lieu; de forte que ce couvent n'a point été habité depuis.

Le DÉPARTEMENT DE SION eft le feptiéme des hauts Vallaifans. Il a huit mille pas de longueur du haut en bas, & un peu plus de largeur, la vallée s'élargiflant de plus en plus, depuis Leuck, & s'avançant entre les Alpes par plufieurs vallons, qui forment autant de branches. Dans le Vallais, chaque département a fon gouvernement ou fa jurisdiction à part: fon chef & fon confeil, qui juge toutes fortes de caufes. Dans les départemeus de Goms, de Raren & de Leuck, ce chef a le titre de mayor, & dans les autres celui de châtelain. Les appels de tous les départemens font portés pardevant l'affemblée générale, appellée le confeil du pays, landts-rath. Cette affemblée fe tient ordinairement à Sion, dans le château de la mayorie, deux fois par an, dans les mois de mai & de décembre. Chaque village y envoye deux & quelquefois trois députés. L'évê que de Sion fe trouve dans l'affemblée, & le bailli recueille les fuffrages. C'eft là qu'on traite des affaires d'état, qu'on élit les baillis du bas-Vallais, & autres gens d'office, & qu'on vuide les caufes d'appel en dernier

reffort.

5- SION ou SCION, Semita, paroiffe de France, au duché de Bar, dans le bailliage de Vaudemont. Son églife paroifliale eft fous le titre de la Nativité de Notre-Dame. Les lieux de Sexon & de Praye dépendent de cette paroille; & il y a un couvent de picpus, fondé en 1627 par Charles VI, duc de Lorraine.

SIONA, ville du Pont, felon Etienne le géographe. 1. SIOR, ville de la tribu de Juda. Jofué 15, 54. 2. SIOR, ville capitale du royaume de Corée, grande presqu'ile de la Chine. Elle eft dans la province de Sengado, à une lieue d'une riviere fort large; & le roi y tient fa cour. Il y a, comme dans beaucoup d'autres villes du même royaume, plufieurs monaftères de moines, qui pour tout culte offrent deux fois le jour des parfums devant une idole. Il y a auffi dans Sior deux cloîtres de religieufes, l'un rempli de perfonnes nobles & de qualité, & l'autre de filles du commun; elles font toutes ralées, obfervent les mêmes regles, & font le même fervice que les hommes. Le roi & les grands fourniffent à ce qu'il faut pour leur entretien, & on leur a donné depuis cinquante ou foixante ans la liberté de fe marier.*Corneille, Dict. Relation du voyage d'un yaiffeau hollandois en 1670.

SIOSTA, ville de la Dace Ripenfe. Il en eft parlé dans la notice des dignités de l'Empire.

SIOULE, riviere de France, dans l'Auvergne. Elle prend fon nom d'un village nommé SOULE, dans la généralité de Riom, au-deffus de Pont-Gibault, qu'elle baigne, ainfi que Pont-de-Bouchy, Ebreuil & Saint - Pourçain, après quoi elle va fe perdre dans l'Allier, à quatre lieues au deffus de Moulins. * Jaillot, Atlas.

SIOUNE, ville d'Afrique, dans la Barbarie, au royau me de Tripoli, dans les montagnes de Derne. C'eft une ville affez grande, habitée par les Arabes du pays & par les Négres, & qui eft entourée d'eaux & de marécages. Sioune eft une petite république, où les habitans ont pour tous

biens des forêts de palmiers, qui, avec un peu de laitage & quelque peu d'orge, leur donnent à vivre. Ils ne payent aucun tribut. Tous les Arabes, qui habitent à quatre-vingts lieues delà, y viennent tous les ans faire leurs provisions de dates.* Lucas, Voyage d'Afrique, t. 2, p. 96.

SIOUTH ou SIUTH, en grec Lycopolis, ville de la haute Egypte, à demi-lieue du Nil, du côté du couchant, & à foixante & dix du Caire. C'eft une des plus belles villes, des plus grandes, des plus peuplées & des mieux bâties de la haute Egypte. On la trouve au pied d'une montagne ftérile, qui eft à fon couchant. On y compte dix mosquées & minarets. Les chrétiens Coptes, qui y font en trèsgrand nombre, peuvent monter à cinq cents caraches ou chefs, qui payent tribut. Ils y ont un évêque & une petite églife dédiée à l'abbé Der, qui eft réputé faint. Son eft au village d'Emsciul, avec celui de fa fœur Erazi, qui eft auffi révérée comme une fainte. C'est dans Siuth que l'on fabrique les meilleures toiles de toute l'Egypte. C'est la principale ville de la province : elle eft la réfidence d'un cascief. Les églifes & monaftères des chrétiens Coptes, qui font dans cette province, font ceux qui fuivent, felon le pere Vanfleb. Relation de l'Egypte, p. 363.

corps

L'églife de Doronke, dédiée aux trois enfans de la fournaife. Le monaftère de la fainte Vierge, fitué fur la montagne qui eft derriere le village. L'églife de Rife, dédiée à Mari Colte. Le monaftère de la fainte Vierge, derriere ce village, fitué fur la même montagne. Celui de Sauvi, dédié à faint Athanafe. L'église de Doveine, dédiée à faint Jean-Baptifte; mais il n'y refte aujourd'hui que l'autel, expofé à l'air. Celle de Bagur, dédiée à saint Claude. Celle de Cateia, dédiée à faint Philotée. Celle de Sciotbe, dédiée à faint Moncure; mais qui eft à préfent ruinée.

Sur la haute montagne, qui eft auprès de Siuth, au couchant, parmi un très-grand nombre de grottes, taillées dans le roc, il y en a une que le peuple nomme il Stabl, ou l'écurie : elle eft fi vafte, que mille cavaliers s'y peuvent ranger en bataille commodément. Je ne l'ai pas vue, perfonne ne fe voulant hazarder de m'y mener, crainte d'être maltraité du cascief, qui appréhende qu'on n'enleve les trefors, qu'on dit y être cachés. Cette même montagne eft toute remplie de grottes, fi belles & fi vaftes, qu'il a fallu un tems infini pour les tailler. J'entrai, continue Lucas, Voyage d'Egypte, dans une où il demeure une douzaine de familles de chrétiens Coptes, qui y ont une églife taillée dans le roc, avec trois prêtres & quelques laïques pour la deffervir. Cette petite république subsiste là depuis longtems, & y jouit des priviléges que les empereurs Ottomans, qui conquirent l'Egypte, lui accorderent en les délivrant de toutes fortes de tributs & d'impofitions, à condition feulement qu'ils exerceroient l'hospitalité à l'égard des Turcs qui pafferoient par cette montagne. La grotte, où demeurent ces bonnes gens, préfente d'abord un affez beau portique, par où l'on entre dans une cour, où l'on a taillé le roc avec tant de propreté, qu'il reffemble à des murailles qu'on auroit élevées exprès. L'on a ménagé, dans le même roc, plufieurs chambres & quelques allées, qui communiquent les unes aux autres. Voila fans doute un établiffement unique dans fon espéce, & je ne crois pas qu'on pût en trouver un femblable dans tout l'univers.

Dès que nous fumes arrivés dans cette grotte, on nous fervit du pain, du fromage & du lait; & après ce petit repas, le prêtre me propofa d'aller faire ma priere dans la chapelle qui eft dédiée à la fainte Vierge. J'y fus avec lui, & j'eus le plaifir de voir plufieurs fouterreins très-vastes, où ils mettent toutes leurs provifions, & s'y cachent euxmêmes quand les Arabes des lieux voifins entreprennent de les inquiéter. Au fortir de là, je me fis conduire à la grotte, où l'on entend du bruit, elle n'eft qu'à demi-quart de lieue de celle où demeurent les Coptes. Cette grotte peut avoir trois cents pas de profondeur; mais il n'eft pas poflible de mefurer fa largeur, à cause de l'irrégularité des appartemens qu'on y a ménagés, & qui avancent ou reculent, fans aucune fymmétrie. On me fit d'abord aller vers le lieu où l'on entend ce bruit extraordinaire, qu'on croit dans le pays être l'effet de quelque talisman, & que je jugeai, fans beaucoup de peine, être caufé, ou par le vent qui s'engage par quelques ouvertures dans ces vaftes rochers, ou plutôt par une chute d'eau qui tombe & fe perd dans ces gouffres.

Après avoir vifité encore quelques autres grottes, Lucas descendit la montagne & retourna à la ville en traverfant une plaine fablonneule, qui étoit, à ce qu'on affure, inondée par le Nil; mais fes caux ayant pris un autre cours, elle eft préfentement ftérile.

Lorsqu'on fort de cette ville pour aller gagner le Nil, on trouve un étang, ou une birque, comme on l'appelle dans le pays, qui n'eft jamais à fec, à caufe des fources d'eau vive qui l'entretiennent. Les habitans du pays attribuent à cette eau une vertu fort finguliere, & c'eft un ufage reçu à Siouth, que les filles qui en ont bu, & qui viennent à fe marier dans la fuite, ne font pas obligées à donner les matques équivoques, qu'on fait que les maris exigent en Egypte avec tant de rigueur.

Les Egyptiens avoient pratiqué autrefois près de cet étang un canal pour répandre les eaux dans la campagne voifine; on paffe encore aujourd'hui ce canal fur un pont de pierre.

SIOUX, peuple de l'Amérique feptentrionale. Voyez

SCIOUX.

SIPAO, fortereffe de la Chine, dans la province de Queicheu, au département de Ganxun, quatriéme grande cité de la province. Elle eft de 12d 24' plus occidentale que Pekin, fous les 25d 37' de latitude feptentrionale,* Atlas Sinenfis.

l.

SIPARUNTUM, ville de la Dalmatie : Ptolomée, 1.2, c. 17, la marque dans les terres.

SIPEIA, felon Hérodote, l. 6, no. 76, étoit un lieu fitué entre Nauplia & Tirynthe, plus près de Tirynthe que de Nauplia.

SIPHÆ, ville de la Bootie. Elle étoit vers les confins de la Phocide, felon Ptolomée, . 3 .c. 15, & Thucydide, 1.4, p. 303, la met fur le bord de la mer, dans le golfe Cirfaus. Dans la dialecte Dorique, au lieu de Siphe, on difoit Tipa ou Tiqa; & c'eft ainfi que Paufanias, l. 9, c. 32, écrit. Si, dit-il, après être parti de Creufis par mer, & après avoir pallé Thisbé, vous reprenez la route le long de la côte, vous verrez fur le bord de la mer une autre petite ville nommée Tipha. Hercule y a un temple, & fa fête s'y célébre tous les ans comme à Thifbé. Les Tiphéens, ajoutet-il, fe vantent d'être de tous les peuples de la Bootie, ceux qui ont toujours entendu la marine. Ils difent que Tiphys, à qui l'on confia la conduite du navire d'Argos, étoit de Tipha, & ils montrent hors de la ville un endroit où ils prétendent que ce navire aborda en revenant de Colchos.

SIPHANTO. Voyez SIFANO & SIPHNUS. SIPHARE, ville de l'Arie, felon Ptolomée, l. 6, c. 17. SIPHNUS, ifle que Strabon compte au nombre des Cyclades. Pomponius Mela, Pline, & l'itinéraire d'Antonin, écrivent SIPHNOS. Ptolomée, I. 3, c. 15, place dans cette ifle une ville à laquelle il femble donner le nom ZiQYOU MOTORIS. Cette ville s'appelloit Apollonia, felon Etienne le géographe, in verbo A'zona, qui dit dans un autre endroit in verbo ziovos, que l'ifle de Siphnos eft au voifinage de l'ifle de Créte; mais il fe trompe: car tous les auteurs s'accordent à la compter au nombre des Cyclades: Ptolomée la marque presque au milieu des ifles de ce nom; & je crois qu'Etienne eft le feul géographe qui la place dans la mer de Créte. On l'appelloit anciennement Meropia, felon Pline, & Merope, felon Etienne le géographe. Les habitans de cette ville font nommés SIPHNII dans Hérodote, l. 8, c. 46.* Itiner, maritim.

Les Siphniens avoient leur tréfor dans un endroit du temple de Delphes, & Paufanias, l. 10, c. 11, en donne cette railon. Apollon leur ayant demandé la dixme du produit des mines qu'ils avoient dans leur ifle, ils firent bâtir un tréfor dans le temple de Delphes, & y dépoferent ce que le dieu leur demandoit : mais ayant ceffé de payer ce tribut, la mer les engloutit. Cette ville, qu'on nomme aujourd'hui SIFANO ou SIPHANTO, eft fous un beau ciel. On le trouve encore plus charmant quand on arrive de Milo, où l'air eft infecté de vapeurs fulfureuses. On voit à Siphanto des vieillards de cent vingt ans : l'air, les eaux, le fruit, le gibier, la volaille, tout y eft excellent; les raifins y font merveilleux; mais la terre qui les produit eft trop forte, & les vins n'y font pas délicats; ainfi l'on y boit ceux de Milo & de Santorin. Quoique l'ifle de Siphanto foit couverte de marbre & de granit, elle eft pourtant des plus fertiles & des mieux cultivées de l'Archi

pel; elle fournit affez de grains pour les habitans du pays, qui font aujourd'hui de très bonnes gens. Les mœurs de leurs ancêtres étoient fort décriées. Quand on reprochoit à quelqu'un qu'il vivoit à la fiphantine, qu'il étoit homme de parole comme un Siphantin, c'étoit une infulte, fi l'on en croit Etienne le géographe, Hefychius & Suidas. * Tournefort, Voyage du Levant, t. 1, p. 66.

y

Les habitans de Siphanto s'appliquent à faire valoir leurs huiles & leurs capres. La foie de l'ifle eft très-belle, mais en petite quantité, & les toiles de coton font aflez recherchées; ces toiles font de deux fortes, la fcamite & la dimite. La fcamite eft toute unie : la dimite eft croifée, & beaucoup plus belle, plus forte & de plus grand débit. Ainifi l'on y confomme le coton du pays, & celui des ifles voifines. Le reste du négoce de Siphanto ne roule que fur les figues, les oignons, la cire, le miel & le fefanie : on fait des chapeaux de paille, qui fe vendent par tout l'Archipel, fous le nom de caftors de Siphanto. Cette ifle, où l'on compte plus de cinq cents mille ames, fut taxée en 1700 à quatre mille écus, pour la capitation & la taille réelle. Outre le château, fitué fur une roche, au bord de la mer, & peut-être bâti fur les ruines de l'ancienne Apollonia, il y a cinq villages, Artimone, Stavril, Catavati, Xambela, & Petali; quatre couvens de caloyers, Brici, ou la fontaine, Stomongoul, faint Chryfoftôme & faint Hélie; deux couvens de religieufes, dans un quartier appellé Camarea. Pour ce qui eft des chapelles, il y en a cinq cents, & foixante papas, qui ne difent la mefle qu'une fois l'année, le jour de la dédicace de leurs chapelles.

Les ports de l'ifle, font Faro, Vati, Kitriani, Kironiffo, & celui du château. Faro a fans doute retenu le nom d'un ancien phare, qui fervoit à guider les vaiffeaux. On voit dans Goltzius une médaille, où d'un côté eft repréfentée une tour, avec un homme placé tout au haut. De l'autre côté eft la tête de Jupiter, felon Nonius; pour moi dit de Tournefort, je crois plutôt que c'eft ceile de Neptune. M. Foucault, confeiller d'état, a une médaille de cette ifle: le type eft une tête de Gordien Pie, & le revers une Pallas en casque, qui lance un javelot. Les ports de Siphanto étoient affez fréquentés il y a environ cinquante ans: Bafili, riche marchand de l'ifle, enterré dans le monaftère de Brici, y attiroit par fon industrie des vaisseaux de France & de Venife.

Siphanto étoit autrefois célébre & riche par fes mines d'or & d'argent; à peine fait-on aujourd'hui où elles fe trouvent. Pour nous faire voir la plus fameufe, con tinue de Tournefort, on nous mena fur le bord de la mer, près de San Softi, chapelle à demi-ruinée; mais nous ne vîmes que l'entrée de la mine, & l'on ne put nous conduire plus avant, à caufe des embarras & de l'obfcurité du lieu. Sa fituation nous fit fouvenir de ce que Paufanias en raconte. Hérodote parle d'un autre malheur que les mines avoient attiré à cette ifle. Voyez-le à l'article SIFANTO.

Outre les mines dont on vient de parler, le plomb y eft fort commun : les pluies en découvrent presque partout. La mine eft grifâtre, liffe, & rend du plomb qui approche de l'étain. Lorfque les payfans veulent chailer, ils vont la prendre dans les champs, & la fondent pour en faire de la grenaille. Ce plomb, qui eft comme une ce rufe naturelle, fe vitrifie facilement, & c'eft ce qui rend excellentes les marmites de l'lfle. Théophrafte, Pline, Ifidore, affurent qu'on tailloit à Siphnos au cifeau des pots à feu d'une certaine pierre molle, lesquels devenoient noirs & très-durs, après qu'on les avoit échaudés avec de l'huile bouillante; on eftimoit auffi les gobelets qui se fabriquoient dans cette ifle.

Il y a plus de cinquante ans qu'il vint des Juifs à Siphanto par ordre de la Porte, pour y examiner les mines de plomb; mais les bourgeois de cette ifle, craignant qu'on ne les contraignit d'y travailler, gagnerent le capitaine de la galiote qui avoit amené ces Juifs, & que l'on avoit chargée de même pour conduire à Theffalonique. Cet officier fit percer fon bâtiment & fe fauva dans fa chaloupe pendant qu'il couloit à fond. Quelques autres Juifs étant revenus à la charge n'en furent pas meilleurs marchands. Les Siphantins, pour s'en débarraffer, donnerent une fomme d'argent à un corfaire Provençal, qui étoit à Milo, & qui perça à coups de canons une feconde galiote chargée de Juifs & de mine, fi bien que les Turcs & les Juifs abandonnerent cette entreprife.

Les Turcs n'ofoient pas trop fe montrer dans les ifles avant la retraite des armateurs François, qui s'en alloient fouvent les prendre fur les fommets des mortagnes & les faire esclaves. Nos armateurs travailloient quelquefois à la confervation du chriftianisme, avec plus de fuccès que les miflionnaires les plus zelés : en voici un bel exemple. Il y a quelques années que dix ou douze familles de Naxie embrafferent la loi de Mahomet : les chrétiens du rite latin les firent enlever par des armateurs qui les emmenerent à Malthe. Perfonne depuis ne s'eft avilé de fe faire Mahométan à Naxic.

L'évêque de Milo eft évêque de Siphanto: il n'y tient qu'un vicaire, & fon églife eft fort pauvre. L'archevêque grec eft riche; car il eft feigneur fpirituel de ifles Nanfio, Policandro, Milo, Serpho, Mycone, Sikiho, Stampalia & Amorgos.

Les dames de Siphanto, pour conferver leur teint à la campagne, couvrent leur vifage avec des bandes de linge qu'etles roulent fi adroitement, qu'on ne voit que leur bouche, leur nez & le blanc de leurs yeux.

Pour ce qui eft des antiquités de l'ifle, elles y font fort maltraitées. En allant du port au château, près d'un puits à gauche du chemin fe voit un tombeau antique, qui fert d'auge pour faire boire les animaux. C'eft une pièce de marbre d'un grand goût, longue de fix pieds huit pouces, fur deux pieds huit pouces de large, & deux pieds quatre pouces de hauteur. Ce tombeau eft orné de feuilles d'achante, de pomme de pin & d'autres fruits. Tout auprès de ce monument eft une autre pièce de marbre enclavée dans le mur, & qui étoit le reste de quelqu'autre tombeau.

Au pied d'une colline à quelques pas de là, tout proche des ruines d'un ancien temple, qui pourroit avoir été celui du Dieu Pan, anciennement adoré dans cette ifle, on voit encore un tombeau de marbre de huit pieds de long fur trois pieds quatre pouces de haut, & deux pieds huit pouces de large, mais les ornemens en font mesquins & fentent le colifichet ce font des enfans qui tiennent des feftons, d'où pend une groffe grape de railin. Le devant d'un femblable tombeau eft encastré dans la façade d'une maison de la grande rue du bourg. Il y a une inscription fur ce dernier; mais tout en eft effacé, fi ce n'eft une partie du

mot ΒΑΣΙΛΕ.....

Au monastère de Brici, tout près de la maison, & d'une belle fource qui palle par un puits, il y a un tombeau de marbre qui fert d'abreuvoir. Ce tombeau n'a que trois pieds huit pouces de longueur; mais quoique les ornemens en foient détruits, le tems a épargné trois enfans fur le devant, qui marquent bien que tout le reste étoit d'une excellente main; ces enfans foutiennent chacun le bout d'un fefton. Sur la porte de la ville par où l'on fort pour aller au port, font enclavés les tronçons de deux figures de marbre d'une médiocre beauté; l'une eft nue & l'autre drapée. A un coin d'une espèce de tour carrée, à gauche de la porte du château, fe voit un bas relief de marbre que l'on prend pour l'hiftoire de Tobie; mais de Tournefort croit que c'eft plutôt le débris de quelque tombeau. On a maçonné dans le même mur le refte d'un lion, qui ne montre que la tête & la poitrine. Le fond de la porte du château eft à deux arcades foutenues par un pilier de marbre octogone, fur lequel on lit en caractères gothiques MCCCLXV, MI SLCE. Yandoli de Coronia. Ce feigneur, à ce qu'on dit, étoit de Bologne en Italie, pere d'Otuli de Corogna, lequel donna fa fille unique en mariage à Angelo Gozadini, feigneur de Siphanto & de Thermie. Siphanto avoit été démembrée du duché de Naxie; car il eft certain que Marc Sanudo en fit la conquête, & la joignit à ce duché fous Henri II, empereur Latin de Conftantinople. On voit chez le vicaire de l'églife latine l'acte par lequel Oruly de Corogna établit en 1462 une rente en faveur de l'églife du château. La famille des Gozadini a poffedé Siphanto jusqu'au tems que Barberouffe s'en rendit le maître fous Soliman II. Cette famille fubfifte encore dans l'ifle. On aflure que la fontaine publique, qui eft au fond de la vallée qui conduit au port, eft un ouvrage des plus anciens, & vient d'un allée taillée dans le roc, à plus d'un mille de profondeur.

SIPHRIS, ville qu'Ortélius, Thef. qui cite Procope, 1. Perfic. met à cent cinquante ftades d'Amida. Il ajoute qu'il croit que cette ville étoit dans la Méfopotamie.

Cependant Coufin, dans fa traduction de Procope, 1. 1, c. 8, dit que le lieu nommé Siphrios n'étoit qu'à trente-fix ftades d'Amida. Syphris ou Siphrios eft le même lieu qui eft appellé Sifrea par Marcellinus Comes. 1. SIPIA, lieu du Péloponnèle, dans l'Argie: Hé. rodote, 1. 6, le met auprès de la ville de Tirynthe. Il y a des exemplaires qui lifent Sepia, au lieu de Sipia. 2. SIPIA, lieu de la Gaule Lionnoife, felon la table de Peutinger, citée par Ortélius, Thef.

SIPIBERIS, ville de l'Inde, au-delà du Gange, felon Ptolomée, l. 2, c. 7.

SIPII, peuples qu'Etienne le Géographe compte parmi les habitans de la Thrace.

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SIP'ING, ville de la Chine, dans la province de Honan, au département de Juning, huitième métropole de la province. Elle eft de 3d 29' plus occidentale que Pekin, fous les 34d 13' de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.

SIPING, ville de la Chine, dans la province de Quangfi, au département de Suming, neuvième métropole de la province. Elle eft de 12 o' plus occidentale que Pekin, fous les 22d 48′ de latitude feptentrionale.

SIPLUSIANUM, nom d'une maison de campagne, dont parle Sidonius Apollinaris, 2. Epiftol. ad Domitium. Au lieu de Siplufianum, Vinet lit Plufianum, & un manuscrit, confulté par Ortelius, porte Prufianum. Ce lieu, ajoute Ortelius, Thefaur. paroît avoir été aux environs de la ville de Nîmes.

SIPONTE. Voyez SIPONTUM.

SIPONTUM, ville d'Italie, dans la Pouille Daunienne, fur la côte de la mer Adriatique, à l'embouchure du fleuve Garganus. Tite-Live & Pline écrivent Sipontum, Pomponius Mela & l'itinéraire d'Antonin Sipuntum, les Grecs & après eux quelques Latins difent Sipus. Si puntum, dit Pomponius Mela, vel, ut Graii dixere, Sipus. Ptoloméè & Etienne le géographe lifent vs. Lucain, 1.5, v. 377, décrit la fituation de cette ville dans ces

vers:

Quas recipit Salapina Palus,& fubdita Sipus
Montibus; Aufoniam qua torquent frugifer Oram.
Dalmatico Borca, Calabroque obnoxius Auftro,
Appulus Hadriacas exit Garganus in undas.

Silius Italicus fait le nom de cette ville indéclinable :

..... & terram & Litora Sipus.

Sipunte fut, felon Tite-Live, l. 34, c. 45, & l. 39, c. 23, une colonie romaine, qui fe trouvant affoiblie, fut augmentée & renouvellée. Cette ville fubfifta jufqu'au tems de Manfrede, qui voyant que l'air y étoit mal fain, à caufe des marais voilins, & qu'elle n'avoit pas un bon port, affigna aux habitans une place où l'on bâtit la ville de Manfredonia. Le nom national eft is, felon Etienne le géographic, & Sipontinus, felon les Latins; car on lit dans Ciceron, Agrar. 2, c. 27, in Sipontina ficcitate collocari, & dans Frontin, de Coloniis, Ager Canufinus. Sipontinus. Ricordanus Malespina, Hift. Florent. c. 148.

...

Au bord de la mer, dit Leander, fur un rocher efcarpé, au pied du mont Gargan, on découvre les débris de l'ancienne ville de Siponte. Elle fut auffi appellée Sipa: Strabon dit que Dioméde la bâtit; elle étoit à cent cinquante ftades, ou à vingt milles de Salapia. On n'y voic jonrd'hui que des ruines d'édifices qui font cependant conjecturer que cette ville étoit grande & belle. La grande églife eft presque toute entiere. On y avoit commencé une chapelle de pierres de taille; mais elle n'a pas été achevée. Au bord de la mer, fous les ruines des édifices, il y a une fontaine dont les eaux font claires & abondantes: elles'vont fe perdre dans la mer. Tite Live, l. 8 & 35, dit que SpuTite-Live, rius Pofthumius rapporta au fénat, qu'ayant parcouru les rivages de la mer d'Italie, il avoit trouvé deux colonies défertes: Siponte au bord de la mer fupérieure, & Buffento fur les rivages de la mer inférieure. Le fénat en conféquence nomma L. Scribonius Libus, M. Titius, Cn. Benius Panfilus pour y conduire de nouveaux habitans. Cette ville fut affez heureufe jusqu'au tems que les Sarrasins se rendirent maîtres de toute la Pouille, où ils demeurerent

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