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cette province, & il y a dans ce lac une isle.* Dél, de la Gr. Bret. p. 1364.

SKAR ou SKARA, ville de Suéde, dans la Weftrogothie, (a) environ à deux lieues au midi du lac Waner, à la droite de la riviere Lida, avec évêché. On prétend qu'elle doit fa fondation & fon nom à Scárin, dix-neuvième roi des Goths, qui la fit bâtir dans un lieu naturellement fortifié par des marais & des lacs. Dans le tems qu'elle étoit la réfidence des rois Goths, elle fut célébre, (b) & on a des preuves de fon ancien luftre dans les ruines du palais royal, appellé Aaranes, dont la fituation, les murs & la ftructure font juger que c'étoit un des plus fuperbes palais, non-feulement du nord, mais même de l'Europe. Ce fut dans ce palais que faint Sigfrid, archevêque d'Yorck, baptifa le roi Olaus-Schorkonung en 955. Ce prélat avoit été envoyé en Suéde par Mildred ou Eldred, roi d'Angleterre, pour y precher l'évangile. Aujourd'hui la ville de Skara eft fort déchue de fon ancienne fplendeur du tems d'Adam de Brême, elle étoit encore la métropole de la Weftro Gothie. Auvoifinage du lac Wamer & de l'ancien palais, dont il vient d'être fait mention, on voit la montagne KINDAKULLE, qui eft fort élevée, & fur laquelle on trouve de toutes fortes d'herbes & de plantes, fi on en excepte la vigne. Tout y naît naturellement: les fruits y viennent en abondance; & cette montagne qui peut paffer pour une des plus fertiles du nord, eft aufli une des plus agréables par la douceur du ramage d'une infinité d'oifeaux qui s'y raffemblent. (a) De l'Ile, Atlas, (b) Zeyler, Descr. Sueciæ.

SKARE-FIELD ou SKARS-FIELL, montagnes de la Norwége, dans le gouvernement de Drontheim, aux confins de la Suéde. Leur étendue eft de plus de quarante lieues du feptentrion au midi. On les appelle autrement Daare-Field. Voyez DAARE-FIELD. De l'Ifle, Atlas.

SKEEN, bourgade de la Norwége, au gouvernement d'Agerhus, à la droite de la riviere de Lougen, environ à quatre lieues au nord occidental de Tonsberg. Skeen eft remarquable par fes mines de fer & de cuivre. On y en découvrit une d'argent fous le regne de Chriftian IV; mais il faut qu'elle foit peu confidérable, puisqu'on n'y travaille pas. De l'Ifle, Atlas. Corneille, Dictionnaire.

SKELBO, château d'Ecoffe, dans la province de Dornoch, près de l'embouchure de la riviere d'Uns ou d'Unes, qui le baigne.* Délices de la Gr. Br. p. 1386.

SKELMALIERE, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des huit qui compofent le comté de Wexford. * Etat préfent de la Grande Bretagne

T. 3.

SKELTON, château d'Angleterre, dans Yorckshire, au quartier appellé North-Riding, derriere & au fud-ouest de Skengrave. Skelton eft un ancien château, qui apparte noit autrefois à la noble maifon de Brus, d'où étoient descendus les derniers rois d'Ecoffe.* Délices de la Gr. Bret. P. 196.

SKENGRAVE ou SKINNIN-GRAVE, village d'Angleterre, dans Yorckshire, au quartier appellé North-Riding, à deux milles à l'orient de Gifburg. Ce petit village n'eft remarquable qu'à caufe d'une merveille de la nature qu'on y obferve de tems en tems. Quelquefois au milieu d'un grand calme, dans le tems que la mer eft unie comme une glace, & qu'on ne fent pas le moindre vent, on entend comme un grand bruiflement qui fe fait dans l'eau. Lorsque cela arrive, les pêcheurs n'ofent pas fe hazarder d'avancer en pleine mer. En 1533 on prit fur la côte un triton, ou, fi l'on veut, un homme marin, que l'on nourrit pendant quelque tems de poiffons cruds. Il s'échappa enfin & retourna à la mer fans qu'on l'ait revu depuis.* Délices de la Grande Bretagne, p. 196.

SKENINGE, SKENNINGE OU SCHENINGE. Voyez SCHENINGE.

SKIA, ifle de la mer d'Ecoffe, & l'une des Westernes. Elle s'étend du nord-oueft au fud-eft, à la hauteur du midi de la province de Rofs. On lui donne quarante-deux milles de longueur & douze milles dans fa plus grande largeur. Elle n'eft féparée du continent de l'Ecoffe que par un petit détroit, qui en quelques endroits n'a pas plus de cinq à fix cents pas de large. Le grand nombre de golfes & de promontoires, dont elle eft entrecoupée, qui reffemble à des aîles éployées, lui a fait donner le nom de Skianaka, qui, dans le langage des habitans du pays, fignifie aîlée, mais l'ufage a voulu qu'on l'appellât plus communément SKIA,

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ce qui veut dire une aile. Les quinze ou feize golfes qu'on y voit font tous abondans en harangs; & les cinq plus grandes rivieres dont cette ifle eft artofée, font riches en faumons, quoiqu'on en trouve auffi dans quelques-unes des petites rivieres. Outre les golfes, elle a un lac d'eau douce au milieu duquel eft une ille habitée. Le terroir de Skia est fertile en bled. Les pâturages y font fort bons, foit dans la plaine, foit dans les montagnes, qui font couvertes de forêts peuplées de bétail. Les vaches qui paiffent le long de la mer, fe nourriffent entr'autres d'algue; & pour l'aller manger, elles ont l'inftinct d'obferver le tems que la marée le retire. Cette ifle eft bien peuplée. On y remarque cinq châteaux. Du côté du nord elle eft bornée de quantité de petites ifles, dont les plus remarquables font Scalpa & Raarfa, qui ont tous deux des bois remplis de cerfs. * Délices de la Grande Bretagne, p. 1447.

SKIALFANDA, riviere de l'lflande. Elle a fon cours dans la vallée de Bardarval, qui eft la partie feptentrionale de l'ifle, & fe décharge dans l'Océan.

SKIDDOW, montagne d'Angleterre, dans la province de Cumberland, au nord du petit bourg de Keswik Elle fe partage en deux croupes à fon fommet, & paffe pour la plus haute de l'Angleterre, comme celle de Scruffel en Ecoffe, qui eft vis-à-vis, paile pour la plus haute de ce royaume là. Entre la montagne de Skiddow & le bourg de Keswick, le Darwent, au fortir du lac fur lequel le bourg eft fitué, reçoit une riviere, qui vient d'un autre lac, qui eft aux frontieres de Weftmorland. * Délices de la Gr. Bretagne, p. 297.

SKINOSA, ifle ou écueil de l'Archipel, à trois milles de Raclia, à huit milles de Cheiro, & à douze milles de Naxie. Cet écueil, qui a environ douze milles de tour & qu'on a abandonné, eft apparemment l'ifle Skinussa, que Pline, . 4, c. 12, marque près de Naxos & de Pholegandros. Les Grecs ne doutent pas que cette ifle n'ait pris fon nom des Lentisques, (Exives, Lentiscus) dont elle eft 'couverte, quoique cet arbre ne foit pas plus commun dans Skinofa que dans les ifles voifines. Il ne rette dans Skinofa que des mafures d'une ville ruinée, & parmi lesquelles on ne voit rien de remarquable. La ferule des anciens croît en abondance dans cette ifle.

SKIPTON, ville d'Angleterre, dans Yorcshire, fuc le chemin d'Yorck à Londres, près de la riviere d'Ar. C'est une jolie ville, avec un bon château. Elle eft comme cachée au milieu des précipices & des bois, dont elle eft environnée. Il fe trouve dans fon voisinage une fontaine falée & foufrée. Skipton a droit de marché.* Délices de la Grande Bretagne, p. 223.

SKIRES PORTRUSH, isles du royaume d'Irlande dans la province d'Ulfter, au comté de Londonderry. L'embouchure de lå Banne eft couverte de deux petites isles, dont l'une eft nommée Skires Portrusch. Cette ille n'est presque autre chofe qu'un rocher, au midi duquel les vaisfeaux rencontrent une bonne rade de fix ou fept braffes de profondeur, où ils peuvent mouiller l'ancre en fureté. *Délices de la Gr. Bret. p. 1580.

SKIRMONCKOGE, SKIERMONESKOEG OU SCHIERMOND, ifle des Pays-Bas, fur la côte feptentrionale, de la Frife, environ à quatre milles du continent, vis-à-vis du canton d Oftdonger-Adeel, dont elle eft féparée par le canal de Lauwers, en latin Monicoga. Cette ille, qui étoit autrefois plus près de la terre-ferme qu'elle n'eft préfentement, n'a qu'un feul village, avec une églife. Son rivage eft défendu par des montagnes de fable; & l'on prétend

que

la mer y jette bien fouvent des baleines d'une grandeur exceffive. On prend auffi force coquilles de mer dans le golfe, entre la terre-ferme & cette ifle. L'air y eft fi tempéré, qu'on y peut garder pendant une année entiere du poiffon, fans qu'il foit falé. Il eft feulement feché au vent & au foleil : la plupart des habitans vivent de leur pêche, & ont beaucoup de peine à fe garantir des corfaires en tems de guerre. On voit dans l'ifle des lapins en très-grand nombre.* Samfon, Atlas. Corneille, Dict. Davity, Isle de Skirmonckoge.

SKOFDE ou SKOD, bourgade de Suéde, dans la Westro-Gothie, fur la riviere de Tyda, à fept lieues du lac de Waner, & à pareille distance de la ville de Mariestad, vers le midi. De l' Ifle, Atlas. Baudrand, Dict.

SKOTZUF, felon Corneille, Dict. & STOZKOW, felon Jaillot, Atlas, ville d'Allemagne, dans la Siléfie, & dans

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la dépendance de la principauté de Teschen. Cette petite ville, fituée fur la Wiftule, entre Uftronie & Rudzica, a fes feigneurs particuliers, qui le font auffi de Schwartzwaller, nommé autrement Strumen,

SKREENE, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des onze qui compofent le comté d'Eaftmeath. * Etat préfent de l'Irlande, p. 38.

SKUL ou SKULA, montagne de Suéde, dans l'Angermanie, près du golfe de Bothnie, entre les rivieres d'Hufa & d'Angerman. Elle eft extrêmement haute & droite, & elle inspire de la frayeur à ceux qui la confiderent, parce qu'elle femble menacer ruine. Au pied de cette montagne eft un bourg nommé WEDBYGGERA.

SKYROS, aujourd'hui Scio, ifle de l'Archipel, à l'orient de la partie feptentrionale de l'ifle d'Eubée. (a) Les Pélasgiens & les Cariens en furent les premiers habitans, & Achille, comme on fait, y fit l'amour. Cette ifle n'eft pourtant bien connue daus l'hiftoire, que depuis le regne de Lycomede, qui en étoit le maître, lorsque Théfée, roi d'Athènes, s'y retira pour y jouir des biers de fon pere, Thésée en demanda la reftitution, & follicita du fecours auprès du roi contre les Athéniens. Cependant Lycomede, foit qu'il appréhendât le génie de ce grand homme, foit qu'il ne voulut pas fe brouiller avec Mnefthée, qui l'avoit obligé de quitter Athénes, conduifit Théfée fur un rocher, fous prétexte de lui faire voir la fucceffion de fon pere, & l'hiftoire dir qu'il l'en fit précipiter; quelques-uns affurent que Théfée tomba de ce rocher en fe promenant après avoir foupé. Quoi qu'il en foit, fes enfans, qu'il avoit fait pafler en l'ifle d'Eubée, allerent à la guerre de Troyes, & régnerent à Athénes après la mort de Mnesthée. L'ifle de Skyros devint célébre, dit Strabon, I. 9, p. 436, par l'alliance qu'Achille y fit avec le roi Lycomede, en époufant Deidamie, fa fille, dont il eut un fils nommé Neoptoleme, que l'on appella Pyrrhus, à caufe de la couleur de fes cheveux. Il fut élevé dans l'isle ; il en tira de vaillans (b) foldats, qu'il mena à la guerre de Troye, pour venger la mort de fon pere. Les peuples de cette isle étoient fort aguerris. () Pallas étoit la protectrice du pays fon temple étoit fur le bord de la mer, dans la ville qui portoit le même nom que l'isle. On voit encore les reftes de ce temple, qui confiftent en quelques bouts de colonnes & de corniches de marbre blanc, qu'on trouve auprès d'une chapelle abandonnée, à gauche, en entrant dans le port de Saint-George. On n'y découvre aucune inscription, mais plufieurs vieux fondemens, joints à la beauté du port, font connoître que la ville étoit dans cet endroit. Si ces vieux marbres ne font pas des débris du temple de Pallas, ils doivent être au moins des reftes de celui de Neptune, qui étoit adoré dans cette isle. Goltzius a donné le type d'une médaille, qui d'un côté repréfentoit Neptune, avec fon trident, & de l'autre la proue d'un vailleau.*(*) Tournefort, Voyage du Levant, t. 1, p. 171. (h) Servius in 3 Æneid. (c) Palladi littorea celebrabat Skyros honorum forte diem.

Après la guerre de Troye, les Athéniens rendirent de grands honneurs à la mémoire de Théfée, & le reconnu rent pour un héros : il leur fut même ordonné par l'oracle, dit Plutarque, in Thef. de raffembler les os de ce grand homme, & de les conferver avec respect. Marcian d'Héraclée affure que les habitans de Chalcis, ville capitale d'Eubée, s'établirent à Skyros, attirés apparemment par la bonté & par la commodité du port. Les médailles, qu'on trouve affez fouvent dans cette isle, établiffent ce fentiment. Il y a quelques années, qu'en labourant un champ dans les ruines de la ville, on trouva une de ces médailles. Elle étoit frappée au coin des Chalcidiens, qui, quoiqu'habitans de Skyros, ne laiffoient pas de retenir le nom de leur pays, pour se diftinguer des Pélasgiens, des Dolopes, & autres peuples, qui étoient venus s'établir à Skyros. Cette médaille étoit chargée d'une belle tête, dont le nom, qui étoit à l'exergue, paroiffoit tout effacé; au revers, il y avoit une lyre. Comme cette piéce portoit le nom des Chacidiens, on n'auroit pas cru qu'elle eut été frappée à Skyros, fi on ne l'y avoit déterrée. Plutarque remarque que les Dolopes étoient d'infignes pirates, dont quelques-uns ayant été condamnés à reftituer ce qu'ils avoient pris à des marchands de Theffalie, pour s'en dispenfer, ils firent favoir à Cimon, fils de Miltiade, qu'ils lui livreroient la ville de Skyros, s'il se préfentoit avec la

flotte. C'eftainsi qu'il s'en rendit le maître. Car il s'étoit-contenté quelque tems auparavant de ravager cette isle. Diodore de Sicile, bibliot, hiftoriq. 1. 29, p. 828., ajoute que dans cette expédition, l'isle fut partagée au fort, que les Pélasgiens l'occupoient auparavant conjointement avec les Dolopes. Cimon n'oublia rien pour découvrir le cercueil où l'on avoit enfermé les os de Théfée. La chofe étoit difficile, dit Plutarque, in Thef. à caufe que les gens du pays ne fe payoient pas trop de raifon. Enfin, on s'apperçut, dit-on, qu'une aigle, avec fon bec & fes ongles, gratoit la terre fur une petite colline. On y fit creufer, & on y découvrit le cercueil d'un homme de belle taille, avec une épée & une pique; Plutarque ne rapporte pas fi c'étoient les armes d'un Athénien, d'un Carien, d'un Pélasgien, ou d'un Dolope. Cimon fit transporter ce cercueil à Athénes, quatre cents ans après la mort de ce héros. Les reftes d'un fi grand homme furent reçus avec de grandes démonftrations de joie. On n'oublia pas les facrifices: le cercueil fut mis au milieu de la ville, & fervit d'afyle aux criminels. Skyros fut enlevée aux Athéniens pendant les guerres qu'ils eurent avec leurs voifins; mais elle leur fut rendue par cette fameufe paix qu'Artaxerxés, roi de Perfe, donna à toute la Grèce, à la follicitation des Lacédémoniens, qui lui députerent Antalcidas pour l'obtenir. Après la mort d'Alexandre le Grand, Démétrius, premier du nom, furnommé le Preneur de villes, en grec n réfolut de donner la liberté aux villes de Gréce: il prit Skyros, & en challa la garnison. Il n'ett pas nécessaire de dire que cette isle a été foumife à l'Empire Romain, & enfuite à celui des Grecs. André & Jérôme Gizi fe rendirent les maîtres de Skyros après la prife de Conftantinople par les François & par les Vénitiens: elle paffa fous la domination des ducs de Naxie. Guillaume Carcerio en fit la conquête, & la laiffa à fes descendans : fon petit fils Nicolas Carcerio, neuvième duc de l'Archipel, en fit fortifier le château, avec beaucoup de foin. On voit encore les débris de ces fortifications, que les Turcs ont laillé tomber en ruine. On découvre facilement pourquoi l'isle de Skyros reçut anciennement ce nom, qui fignifie en grec quelque chofe de rude: tout le pays eft hérillé de montagnes. Strabon en loue les métaux & les marbres; mais on ne fait pas à préfent s'il y a des mines dans cette isle. Cette isle, quoiqu'escarpée, eft fort agréable & bien cultivée, eu égard au petit nombre de fes habitans, car on tienc qu'il n'y a pas plus de trois cents familles, quoique l'isle ait foixante milles de tour. Les habitans payent tous les ans cinq mille écus au grand-feigneur. Ils ont affez de froment & d'orge pour leur fubfiftance. Les François même y viennent quelquefois charger de ces grains. Les vignes font la beauté de l'isle; le vin en eft excellent, & il ne vaut qu'un écu le batil: on en transporte beaucoup en Morée. Pour de la cire, on y en recueille plus de cent quintaux ; le bois n'y manque pas comme dans les autres isles. Outre les taillis de chenevert, de lentisque, de myrthe & de laurier rofe, il y a auffi de beaux pins. Dans la plaine qui va du port Saint-George au village, on trouve quantité d'éleagnus. On voit dans l'isle deux ports: celui où les vaiffeaux ont coutume d'aborder est très-grand; on y peut mouiller presque par-tout: mais outre ce port, il y a encore celui qu'on nomme le port des trois Bouches: il eft fort bon; mais il a à fon entrée deux écueils, dont l'un s'appelle la roche Taillée, & l'autre l'isle Plate. L'une de ces Bouches a pour traverfier le nord-ouelt & le fud-eft; l'autre a le nord-eft & le tud-oueft, & la troifiéme l'ouest. Il n'y a qu'un feul village dans l'isle de Skyros; encore eft-il bâti fur un rocher fort escarpé, & fait en forme de pain de fucre, à dix milles du port de Saint-George. Le monaftère, qui porte le nom de ce faint, fait la plus belle partie de ce village, quoiqu'il n'y ait que cinq à fix caloyers, qui confervent avec grand foin une image d'argent, en feuilles très minces, cizelée groffierement, & repréfentant faint George & fes miracles. Cette feuille, qui a près de quatre pieds de hauteur, fur environ deux de largeur, eft clouée fur une pièce de bois, qui a un manche comme une croix, & que l'on porte en façon de banniere. Les Grecs ont bien conté des fables au fujet de cette image. On peut encore dire : Grecia mendax. Les habitans de l'isle font tous du rir grec : ils ont un autre monaftère fous le nom de faint Dimitre; mais il eft petit & pauvre. Celui de faint George eft aux caloyers de fainte Laure, qui

vivent à Monte Santo, & ne députent pas les moins adroits de leur couvent, pour entretenir les peuples dans la dévotion: envers faint George; fur tout ils prennent foin de bien inftruire l'aveugle ou celui qui le contrefait. Le cadi eft le feul Turc-qui foit dans l'isle : les admin ftrateurs font obligés de faire payer la rançon, en cas qu'il foit enlevé par les corfaires. Les habitans en répondent, ils fe mettroient en devoir de le fauver, fi on vouloit le faire prifonnier. Le cadi cependant fait affez ce que veulent les administrateurs ; toutes les années on en nomme trois : ils exercent bien la juftice, fur-tout envers les femmes galantes; car quand une dame eft furprise en flagrant délit, belle ou laide, on la promene fur une âneffe, & chacun lui jette de la boue au vifage, ou de la boule de vache, ou des œufs gâtés. L'évêque de Skyros eft fort pauvre, il ne fubfifte presque que de charité: il eft fort mal logé. On vit à bon marché dans l'ifle, car les moutons n'y valent pas plus de quarante fols, les agneaux vingt; toute forte de gibier y abonde, & fur-tout les perdrix; les eaux en font admirables, & toutes les roches donnent des fontaines. Le ruiffeau qui va fe décharger dans le port de SaintGeorge, eft fort joli; pour y faire de l'eau on met les canots à terre, & on conduit l'eau dans des barils par un boyau de cuir.* Du Cange, Hift. des emp. de Conft. Hift. des ducs de l'Archipel.

SLABODA, ville de l'empire Ruffien, au royaume de Cazan, au levant de la capitale de ce nom. Cette petite ville eft fituée fur le Kama, à l'endroit où cette riviere, quittant fon cours vers le fud, le prend vers le couchant. Baudrand, Dict.

SLAGA, abbaye de l'ordre de prémontré, en Allemagne, dans la haute Autriche, à une lieue de Lintz & de la rive feptentrionale du Danube.

SLAGEL, SLAGELS, SLAGEN, SLAGOSA OU SLAGLOSA, ville du Dannemarck, dans l'ifle de Selande, & le cheflieu d'une préfecture à laquelle elle donne fon nom. Saxon le grammairien fait mention de cette ville, en quelques endroits de fon hiftoire. Elle n'eft pas bien éloignée de la forterelle royale d'Anderschow. Herbererus, dans fon iti néraire, dit que Slagow est un bourg ou village. Cependant Pontanus met ce lieu au nombre des petites villes de la Selande : il parle auffi de la fortereffe d'Antworscow, que l'on appelloit autrefois Anderschow, & il dit que l'on y voit encore dans une chapelle un tableau, qui repréfente différens miracles de S. André de Slagel, qui vivoit du tems de Voldemar le Victorieux, roi de Danemarck.* Hermanid. Descript. Daniæ, p. 656 & fuiv.

SLAGELS-HERRIT, préfecture du Danemarck, dans l'ifle de Selande. Elle prend fon nom de la ville de Slagel, qui en eft le chef-lieu. Ses bornes font, à l'orient la préfecture de Sorbie, à l'occident la mer Baltique, vis-à-vis d'elle l'ifle de Fionie. Du côté du feptentrion, elle confine avec la préfecture de Lofve, & du côté du midi elle joint celle de Flackenbiergs.

SLAGUEN ou SLAGE, ville d'Allemagne, dans la Poméranie, au duché de Wandalie, fur le Wipper, à quel ques lieues au-deffus de Rugenwalde. Cette petite ville eft affez mal bâtie, a des fortifications, qui confiftent en un foffé d'eau vive, & en une vieille muraille. * Jaillot, Atlas. Corn. Dict. Le Laboureur, Voyage de la reine de Pologne.

1. SLAINE ou SLANE, bourg d'Irlande, dans la province de Leinster, au comté d'Eft-Meath, fur la Boyne, à trois lieues au-deflus de Drogheda. * Corneille, Dictionnaire.

2. SLAINE, riviere d'Irlande, anciennement Modonus Fluvius: elle a fa fource dans le comté de Wicklow; & après avoir traversé ceux de Caterlagh & de Wexford, elle va fe décharger dans la mer d'Irlande à Wexford. Sanfon, dans la carte particuliere de l'Irlande, nomme cette riviere Urrin.

SLAINES, château d'Ecoffe, dans la province de Buchan. En avançant au nord de la riviere de l'Ithan, le long des côtes, on rencontre les refies du vieux château de Slaines, & près de ces ruines une grotte taillée par la nature. Il y découle perpétuellement de la voute une eau pétrifiante, dont les goutes fe figent les unes fur les autres à mefure qu'elles tombent, & forment ainfi plufieurs rangées de petits piliers, comme des chandelles de glace. Cette matiere eft friable, & reffemble à du crystal ; mais

elle n'en acquiert jamais la dureté. On a foin de nétoyer la grotte de tems en tems, fans quoi elle feroit bien-tôt toute embarraffée de ces petits piliers cryftallins. * Délices de la Grande Bretagne, p. 1322.

SLANEY-WRCH ou SCHLANY, ville d'Allemagne, dans la Boheme, au cercle de Schlani, dont elle eft la capitale, & auquel elle donne fon nom. Le fien qui veut dire mon de Sel, a été occafionné par le voisinage d'une fontaine falée.* Jaillot, Atlas.

SLAVE, riviere de la Dalmatie. Elle paffe à CaftelNovo & fe jette dans le golfe de Venife, au-deffous de la ville de Ragufe. Elle n'eft pas large : mais lorsque les neiges fondent, elle devient fort rapide. Il n'y a en cet endroit d'autres logemens que celui du commis à la douanne, & pour les paffans une écurie, où l'on peut allumer du feu en hyver. * Poulet, Relat.j du Levant, part. 1, p. 57.

Les habitans de ce pays ont une forte d'inftrument qu'ils appellent Tabour at, dont le corps a la forme & la grandeur d'un fabot de payfan: le manche eft aufli long que les trois quarts d'une aulne, & un peu plus large que de deux. doigts. Il n'y a deffus que trois cordes de laiton, qu'ils animent avec une petite piéce de plume; mais ils prétendent que le défaut de cordes eft fuffifamment réparé par la quantité des touches dont ils fe fervent pour faire les accords. Quant à la mélodie de cet inftrument, les Turcs en font fi prévenus, qu'il n'est point d'enfant de bonne maison parmi eux, qui ne le fache toucher.

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SLAVI, anciens peuples de la Sarmatie, qui, avec les Venedes, s'établirent dans la Germanie, entre l'Elbe & la Viftule, les peuples de ces quartiers ne fe trouvant pas en état de leur faire tête, à caufe qu'ils étoient épuifés par les grandes migrations qui s'étoient faites. On ne fait au jufte le tems où les Slaves s'emparerent des terres des Germains. On voit feulement dans Jornandès, que l'invafion des Venedes fe fit à la fin du cinquiéme fiècle, & au commencement du fixième. L'Elbe ne fut pas long-tems la borne des Slaves du côté de l'occident. Dès la fin du fixiéme fiécle, ils avoient pénétré dans l'intérieur de la Germanic. Paul Dia cre, de Geft. Longob. 1. 4, c. 7, rapporte que du tems qu'Agilulfe regnoit fur les Lombards, Taffilon établi roi ou duc de Baviere par Childebert, roi des François, entra à la tête d'une armée, dans la province des Slaves, & en retourna avec un grand butin, après avoir remporté une victoire fur ces peuples. Le même hiftorien, liv. 4, c. 41, parle d'une nouvelle guerre, entre les Bavarois & les Slaves, du tems des ducs Garibaldus, & 1. S c. 22, il nous fait voir cette même nation à Carnunte, d'où elle inquiétoit fort les duchés de Baviere & de Frioul. Spener croit que les Slaves de Paul Diacre, font ceux qui s'établirent sur les bords du fleuve Marus, d'où ils furent appellés Maharenfes, & ceux qui, après s'être rendu maîtres de la Boheme, en prirent le nom de Bebemi. Les Slaves, (in geft. Dagoberti, c. 22, & in chronic. Fredegar. c. 58,) frappés de la gloire que s'étoit acquife Dagobert I, roi des François, fe foumirent à ce prince; mais bientôt un léger différend s'étant élevé entre eux & les François, il furvine une guerre qui fut funefte à ces derniers. Les Slaves firent irruption dans la Thuringe & dans la France Trans-Rhenane, où ils mirent tout à feu & à fang; ce qui obligea les Germains à prier Dagobert de leur laiffer fon fils Sigebert pour roi, afin que dans fon abfence ce prince pût les défendre contre les Slaves. Il paroît auffi par les mêmes écrivains que les Slaves ou Winides, comine les appelle le livre des gestes de Dagobert, habitoient dans la Luface & les terres qui font au-delà du haut Elbe; & la promeffe que firent les Saxons de défendre les limites des François contre les Slaves', prouvent que ces derniers demeuroient au-delà du haut Elbe.

Procope & Jornandes font les premiers qui ayent parlé des Slaves. Le premier après avoir marqué la demeure des Venedes ou Winides, dit que cette nation nombreuse se partageoit en différens peuples, qui étoient connus fous divers noms; mais qu'on la divifoit principalement en deux, appellés Sclavinis & Antes. Procope, Bell. Goth. 1. 3, C. 14, dit que les Antes & les Sclavons n'avoient autrefois qu'un même nom, & que l'antiquité les appelloit Sporades, d'un nom grec qui fignifie disperfés; parce que leurs cabanes occupoient une grande étendue de pays, & ils couvroient une grande partie des bords du Danube. Prætorius dérive le nom de ces peuples du mot Slava, qui dans

la langue des Sarmates fignifie Renommée & Gloire; de forte qu'il feroit plus naturel d'écrire Slavi, que Sclavi ou Sclavini. Ce peuple guerrier devint par la fuite fi lâche & fi méprifable, que fon nom eft devenu une marque de basde basfeffe. Du mot Slaves, les François ont fait celui d'esclaves & les Italiens celui de Slavi, on n'entend plus que des hommes foumis à la plus méprifable fervitude.

Nous avons les noms d'une partie des peuples, qui compofoient la nation des Slaves: les Bohemes, car en lit dans les annales de Charlemagne, ad an. 805, que Cacanus, prince des Huns, alla trouver l'empereur, & lui demanda la permiffion de s'établir entre Sabaria & Carnuntum, à cause des incurfions continuelles des Slaves appellés Slavi Behemani [ Bohemes ] qui ne permettoient pas à ses sujets de demeurer dans les pays qu'ils avoient jusqu'alors occupé. L'empereur envoya la même année dans la terre des Slaves, appellée Beheim [ Boheme] fon fils Charles, à la tête d'une armée, qui ravagea le pays, & tua le duc nommé Lechon. Les Maharenfes étoient Slaves. Reginon, L. 2, ad an. 890, dit que l'empereur Arnolphe accorda à Zundebolch, roi des Slaves, furnommé Maharenfes, le duché des Bohemes. Dans les annales de Charlemagne, ad an. 782 & 806, il eft fouvent parlé des Slaves Sorabes, qui habitoient entre l'Elbe & la Sala, aux confins des Thuringiens & des Saxons, ( apud Ruberum ad an. 822.) Les annales de l'empereur Louis le Débonnaire nous apprennent qu'à la diette de Francfort, ce prince reçut les ambaffadeurs & les préfens que lui envoyoient les Slaves orientaux, favoir les Obotrites, les Sorabes, les Wilzes, les Behemans, les Maruani, les Pradenecenteni & les Avares de la Pannonie. On met encore au nombre des Slaves les Luciziens, les Rédariens, les Siléfiens, les Polonois, les Havelliens, les Poméraniens, les Caffubiens, les Wagriens, les Rugiens.

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Les Slavons paflerent enfin le Danube, fous l'empire de Juftinien, & inonderent toute l'Illyrie, où ils prirent des forts, qui jusqu'alors avoient été eftimés imprenables. Les capitaines, qui commandoient dans l'Illyrie, les repoufferent quelquefois. Les Slavons fe bornerent quelque tems à des courfes paffageres; mais à la fin ils établirent dans l'Illyrie une demeure plus ftable que dans leur propre pays. Ils donnerent entr'autres leur nom à cette partie de la Pannonie qui eft entre la Save & la Drave, qui fuc appellée la Pannonic Slavienne, & qu'on nomme encore préfentement Esclavonie. Voyez ESCLAVONIE. SLAUKAW ou SLAUKAVIA, Slaukaria ou Slanukovia, ville de la haute Pologne, dans le palatinat de Cracovie, à deux milles d'Ilkusch. Cette petite ville, que des brigands brulerent en 1455, a dans fon territoire des mines de plomb qui contiennent de l'argent. * Andr. Cellar. Descr. Polon. p. 165.

SLEAFORD, bourg d'Angleterre, dans la province de Lincoln. On y tient marché public.* Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 1.

I. SLEGO ou SLEEGO, comté d'Irlande, dans la province de Connaught. Il est borné au nord-oueft par l'Océan, au nord par la riviere du Trowis, à l'orient par le comté de Letrim, au midi par celui de Roscomon, & au fud-oueft par le comté de Mayo. Le pays en eft assez uni. Il est très-fertile & les pâturages y font excellens. De hautes montagnes nommées Curlew, le féparent des comtés de Letrim & de Roscomon. On le divife en fix baronnies, qui font celles de

Carbury,

Tiraghrill,

Corragh,

Caftle. Connor,

Coolavan,
Leney,
Tyreragh.

Slego.

Les Antes & les Slavons, dit Procope, Bell. Goth. l. 3, c. 14, u'obéiffent pas à un roi ; mais ils vivent depuis longtems fous un gouvernement populaire, & déliberent publiquement de tout ce qui concerne leurs intérêts. Ces deux peuples obfervent les mêmes loix & les mêmes mœurs. Ils ne reconnoiffent qu'un feul Dieu, qui a créé le monde, & qui lance le tonnerre ; & ils lui facrifient des bœufs & d'au- Il y a dans ce comté deux villes; savoir tres victimes. Bien loin de faire dépendre la vie des hommes de la destinée, ils n'avouent pas feulement qu'il y en ait; mais lorsqu'ils fe voyent en quelque danger, ils promettent d'immoler une victime quand ils en feront échappés, & ne manquent pas d'y fatisfaire; alors ils croyent te nir leur vie de la mort de la victime. Ils rendent auffi des honneurs aux rivieres, aux nymphes & à d'autres divinités, & leur préfentent des facrifices, d'où ils tirent des préfages de l'avenir. Ils habitent de miférables chaumieres, éloignées les unes des autres, & en changent fouvent. Ils font la guerre à pied, tenant en leurs mains de petits boucliers & de petits dards. Ils ne portent point de cuiraffes; quelques-uns même ne portent ni tunique ni manteau mais ils le couvrent d'un haut de chauffe lorsqu'ils marchent contre l'ennemi. Ils parlent tous la même langue, & ont une taille & une mine toute femblable. Ils font grands & robuftes. La couleur de leur vifage n'eft pas fort blanche. Leurs cheveux font roux. Ils font naturellement fales & mal propres. Ils font fimples dans leurs mœurs & leurs manieres.

* Délices de la Grande Bretagne, p. 1604. Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 3, p. 33.

;

Quoi qu'en dife Procope, tous les Slavons ne vivoient pas fans un gouvernement populaire. Il paroît par la chronique de Reginon, que les Slaves Maharenfes étoient foumis à des princes, puisque leur roi Zundibloch obtint de l'empereur Arnolphe, le duché de Boheme, & s'étant enfuite fonlevé contre l'empereur, ce dernier entra à la tête d'une armée dans le pays des Maharenfes, y ruina toutes leurs villes, & détruifit leur empire. Les annales de Charlemagne font mention des ducs qui gouvernoient les Slaves Bohemes, & des roitelets qui régnoient chez les Slaves Wilzes. On trouve dans les annales de Louis le Débonnaire qu'on porta à la diette de Francfort le différend de deux freres, au plus jeune desquels les Wilzes avoient conféré la couronne. Enfin les chefs des Obotrites font qualifiés tantôt de rois, tantôt de ducs; de forte que la forme du gouvernement chez les Slaves fut à peu près la même que chez les Germains. Quelques-uns d'entr'eux conferverent leur liberté, & d'autres furent foumis à des princes. Mais ils différerent des Germains en ce qu'ils n'eurent pas foin,

2. SLEGO ou SLEEGO, ville d'Irlande, dans la province de Connaught, au comté de même nom, dont elle eft la capitale, & la feule place remarquable. C'est une petite ville fituée au deffus du milieu des côtes, au fond d'une pe tite baye qui y fait un affez bon port, & qui prend le nom de la ville. Ce port eft paffablenient profond, & des vaisfeaux de deux cents tonneaux y peuvent être à flot devant la ville de Slego; mais l'entrée en eft difficile à caufe d'une barre de rochers & de fable qui la traverse. A l'entrée de ce havre eft une iflette nommée l'ifle aux Lapins, où l'on trouve une mine de plomb & d'argent. Le havre & la ville font défendus par un château. Cette place eft la seule du comté, qui ait le privilége de députer au parlement, & celui de tenir marché. Elle donne le titre de vicomte à mylord Scudamore. * Délices de la Grande Bretagne, pag. 1605.

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SLEIDEN ou SCHLEYDEN, ville d'Allemagne, au daché de Juliers, dans fa partie méridionale, & le chef-lieu d'un comté de même nom. Cette petite ville, felon d'Audifret, Géogr. t. 2, eft fortifiée d'une citadelle à quatre bastions.

Le COMTÉ DE SLEYDEN eft fitué à l'orient de celui de Reiffercheid. Il y a trente villages ou hameaux qui en dépendent; & il dépend lui-même du comté de Chiny.

Les comtes de Sleiden descendoient d'une maison originaire d'Allemagne : leur poftérité finit à Jean, dont la fille unique & héritiere porta fa fucceffion à Thierry III, comte de Manderscheid; Cunon, fils aîné de Thierry, mit Sleiden & plufieurs autres fiefs fous l'hommage de Gerard, duc de Juliers, en 1468. Thierry VI étant mort fans enfans mâles, Philippe, comte de la Marck, de la branche de Lumaigne, qui avoit époufé Catherine, fœur de Thierry, s'empara du comté de Sleiden, & le retint malgré les

fommations que lui firent les comtes de Manderscheid d'en vuider la poffeffion; il l'a laiffé à fes descendans, qui en jouiffent encore, & malgré les prétentions des ducs de Juliers.

SLEMNIUM. Voyez LYMINIS.

d

SLESWICH, ville du Danemarck, capitale du duché, auquel elle donne fon nom. Elle a pris le fien du golfe de Slea, Selia ou Seleia, fur lequel elle eft fituée. Reginon la nomme Schlicodorf; on l'a appellée auffi Haddeby, Heydeby & Heitbi, & le village qui eft vis-à-vis de la ville dans la partie méridionale de la Slie, porte encore le nom de Haddebuy. Sleswich eft à 54° 33' de latitude, & à 27d 30' de longitude, fur le bord feptentrional de la Slie. Son territoire du côté du midi & de l'orient n'eft pas fort abondant. On y trouve néanmoins paffablement les chofes néceffaires pour la vie, parce qu'on les y porte des lieux circonvoifins. La Slie fournit toutes fortes de poiffons: les pays d'Angeln & de Schunvantz y envoyent toutes les denrées néceffaires, & les habitans d'Hufum y conduifent toutes les femaines des bœufs, des moutons & des agneaux. On y apporte de la biere & du vin, qu'on y vend un prix raifonnable. Les maisons en général font fort ordinaires : on y en voit cependant quelques-unes affez belles. Le commerce n'eft pas fort confidérable, il n'y a que les artifans & les cabaretiers qui apportent quelque profit à la ville. Sleswich eft à quatre milles d'Allemagne de Flensburg, à huit de Tonderen, à fept grands milles d'Apenrad, à onze de Haderslebe, à quatorze de Rypen, à quatre de Hufum & de Friderichstadt, à cinq de Tonningen, à trois de Rendefburg, à trois de Eckeenford, à fix petits milles de Kiel, à dix de Ploen, à dix-fept & demi de Lubec, à quinze de Hambourg, à neuf de Itzehoe & à onze de Gluckstad. Elle n'a aucune fortification; une fimple muraille & une porte la féparent de fon fauxbourg. Il n'y a point d'autre églife que la cathédrale dans l'enceinte de la ville; car l'églife de S. Michel eft dehors. La premiere eft fort grande & fort belle. Le bâtiment a été fait en différens tems: une moitié fut commencée en 1260 ou 1263, du vivant de l'évêque Nicolas II en 1408 on commença la moitié qui regarde le midi; il arriva dans la fuite que l'églife fut brulée, & le concile de Bafle accorda des indulgences à ceux qui donneroient quelque chofe pour la faire rebâtir. En 1450, on acheva le côté du midi, & en 1451, on finit la partie qui regarde le feptentrion. L'on voit dans cette églife les tombeaux des anciens ducs de Sleswich, qui étoient de l'ancienne famille des rois de Danemarck; l'on y voit auffi les tombeaux des ducs de Sleswich, qui font descendus de la famille des comtes d'Oldenburg. Plufieurs évêques de Sleswich y font enterrés. On en voit encore les tombeaux. * Hermanid. Descr. Daniæ, p. 864 & fuiv.

Le monaftère de S. Jean, dans une ifle appellée Guldenholm, au devant de la ville, étoit un couvent de filles de diftinction, fondé en 1192, par l'évêque Woldemar, qui y mit d'abord des moines, & on rapporte une hiftoire affez plaifante d'un de leurs abbés. On dit que fe trouvant de nuit avec une jeune fille débauchée, un des moines, qui étoit peut-être fon rival, fe mit à crier dans la maison: Hélas! monfieur notre abbé eft mort dans l'ame. Les autres moines épouvantés par ces cris, accoururent à la chambre de celui qu'ils croyoient véritablement mort; mais ils le trouverent en bonne fanté & entre les bras de fa maîtreffe. L'évêque qui avoit déja reçu plufieurs fois des plaintes de la vie licentieufe de ces moines, ayant appris cette histoire, les transféra à Ruheclofter.

Sleswich a été autrefois célébre & floriffante, & Reginon nous apprend qu'en 808 la fameufe ville de Meckelbourg ayant été détruite par Gotfrid, roi de Danemarck, du tems de Charlemagne, les marchands en furent transportés à Sleswich. Adam de Breme, & Helmode parlent de la ville des Saxons, qui font au-delà de l'Elbe, comme d'une ville très-riche & très-peuplée. Cette ville a fouffert de grands maux & éprouvé plufieurs malheurs.

La premiere bataille de Sleswich fut donnée près du village & du moulin de Stickdorf, en 841, par les rois Sygward & Eric, qui étoient en guerre avec Biarnon, Siward ou Sigward & Jever, fils du roi Regnier. Dans la feconde bataille le roi Gorme fut défait par l'empereur Henri I. Sleswich fut pris avec la fortereffe, qui étoit au midi. L'on voit encore dans le village de Haddebuy les

ruines de cette fortereffe: on les appelle aujourd'hui Ol-
denburg. Quelques années après, les Danois reprirent la
ville de Sleswich & la fortereffe, & tuerent le margrave
que l'empereur y avoit mis; c'eft ce qui obligea l'empereur
Othon de s'emparer du Jutland méridional & feptentrio-
nal. Il y eut une bataille: l'avantage fut du côté d'Othon.
cet empereur fit embraffer la religion chrétienne à Harald,
à la reine Gunilde, & à Svenon leur fils, que l'on nomm a
Svenot au baptême. L'Empereur Othon Il fe rendit maî
tre des fortifications
tre des fortifications que les Danois avoient faites au voifi-
nage de Sleswich. Magnus, roi de Danemarck & de Nor-
wége, remporta en 1038 une grande victoire fur les Vé-
nedes & les Wagriens. Ce fut la quatrième bataille de Sles-
wich. Du tems du roi Svenon Efthrit, la ville de Sleswich
fut prife & pillée par Harald, roi de Norwége. En 1066
les Vénedes, les Wagrjens, les Obotrites, la faccagerent
entierement, comme Helmolde le 'rapporte. Du tems de
Canut, duc de Sleswich, que Magnus, fils de Nicolas,
roi de Danemarck, tua par trahifon, cette ville fut rebâ-
tie, & on la fortifia; de forte que peu à peu elle reprit fon
ancienne fplendeur.

Canut ayant été tué les habitans de Sleswich voulurent
venger la mort de leur prince: ils fe joignirent pour cela
à Eric fon frere. Le roi Nicolas, avec Magnus fon fils,
vint affiéger la ville; mais Magnus fut enfuite envoyé par
fon pere, avec une armée, dans la Scanie, où il fut tué.
Le roi Nicolas pria les habitans de Scleswich de le laiffer
entrer dans leur ville; mais à peine y fut-il que les habi-
tans le tuerent. Cet événement arriva en 1131. Quelque
tems après, Svenon, qui étoit en guerre avec le duc Wol-
demar, affiégea Sleswich, la prit & la pilla. Ses foldats
n'épargnerent pas même les étrangers : ils porterent leur
fureur jusques fur les vaiffeaux des Ruffiens, en enleverent
les marchandifes, qui, à ce que dit Saxon, furent données
aux foldats au lieu de folde. Les étrangers, épouvantés par
une action auffi barbare, ne fréquenterent plus cette ville:
elle perdit fon commerce, & devint presqu'un village.
Après tant de malheurs, elle jouit quelque tems de la
paix, & commençoit à fe rétablir, lorsque le différend,
qui furvint entre le roi Eric & le duc Abel fon frere, la
replongea dans de nouvelles disgraces. Eric l'affiégea; &
l'ayant prife, il en traita les habitans avec cruauté. Elle ne
fut pas moins maltraitée par le roi Christophle, qui avoit
refufé au duc Eric, frere du duc Woldemar, l'inveftiture
du duché. La ville fut prife, & fut mife à fac. Les maux
qu'elle éprouva dans la fuite furent encore plus terribles
fur-tout lorsque le roi Eric Glipping la prit quelques années
après que lui-même eut perdu une bataille dans le défert de
Lohheide contre Jean & Gerhard, comtes du Holstein,
qui le firent prifonnier avec fa mere, & l'évêque de Sles-
wich. Le roi Chriftophle II, en qualité de tuteur, fe ren-
dit maître de la ville & du duché de Sleswich: it alliégea
enfuite la fortereffe de Gottorp; mais Gerard Magnus
comte du Holftein, l'obligea d'en lever le fiége. En 1416,
les habitans du Holftein obligerent Eric de Pomeranie, roi
de Danemarck, de lever le fiége qu'il avoit mis devant
la ville. L'année (uivante, 1417, le même Eric attaqua le
roi Albert, qui, après avoir été chaffé de la Suéde, s'étoit
réfugié à Sleswich, qu'il avoit pris, & qu'il défendoit avec
mille foldats. Eric obligea Albert d'en fortir & de renon-
cer à tous les royaumes. Auffi-tôt qu'Eric fut de retour en
Danemarck, Sleswich rentra fous l'obéiflance des ducs,
fes premiers fouverains, qui s'appliquerent à la fortifier
en 1426. Le même roi Eric revint pour la troifiéme fois
affiéger cette ville: mais il fut obligé de repaffer au plus
vite en Danemarck, pour le mettre en état de foutenir la
guerre que lui venoient de déclarer les villes Anféatiques.
En 1447, Sleswich fut presque entierement détruite par
un incendie. Elle fut affez tranquille jusqu'à l'an 1628
qu'elle reffentit une partie des maux que cauferent l'entrée
des Allemands dans le Sleswich, & la premiere invasion
des Suédois en 1645. La feconde, en 1657 & 1658, ne
lui fut pas fatale, parce que le roi de Suéde étoit gendre
du duc. Après que les Suédois eurent quitté le pays; l'élec-
teur de Brandebourg fe rendit maître du duché & de la ville
de Sleswich, & de la fortereffe de Gottorp; mais tout cela
fe rendit à la paix.

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L'EVÊCHÉ DE SLESWICH a pris fon nom de Sleswich, qui étoit autrefois le fiége des évêques : il a depuis été transporté à Schwabsted, d'où il a pris le nom d'évêché de

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