cette province, & il y a dans ce lac une isle. * Dél. de la Gr. Bret. p. 1364. SKAR OU SKARA, ville de Suéde, dans la Westrogothie, (4) environ à deux lieues au midi du lac Waner, à la droite de la riviere Lida, avec évêché. On prétend qu'elle doit sa fondation & fon nom à Scarin, dix-neuviéme roi des Goths, qui la fit bâtir dans un lieu naturellement fortifié par des marais & des lacs. Dans le tems qu'elle étoit la résidence des rois Goths, elle fut célébre, (b) b) & on a des preuves de fon ancien lustre dans les ruines du palais royal, appellé Aaranes, dont la situation, les murs & la structure font juger que c'étoit un des plus superbes palais, non-feulement du nord, mais même de l'Europe. Ce fut dans ce palais que faint Sigfrid, archevêque d'Yorck, baptisa le roi Olaüs-Schorkonung en 955. Ce prélat avoit été envoyé en Suéde par Mildred ou Eldred, roi d'Angleterre, pour y precher l'évangile. Aujourd'hui la ville de Skara est fort déchue de son ancienne splendeur du tems d'Adam de Brême, elle étoit encore la métropole de la Westro Gothie. Au voisinage du lac Wamer & de l'ancien palais, dont il vient d'être fait mention, on voit la montagne KINDAKULLE, qui est fort élevée, & fur laquelle on trouve de toutes fortes d'herbes & de plantes, si on en excepte la vigne. Tout y naît naturellement: les fruits y viennent en abondance; & cette montagne qui peut paffer pour une des plus fertiles du nord, est aufli une des plus agréables par la douceur du ramage d'une infinité d'oiseaux qui s'y rassemblent. (a) De l'Ifle, Atlas, (b) Zeyler, Descr. Sueciæ. SKARE-FIELD OU SKARS-FIELL, montagnes de la Norwége, dans le gouvernement de Drontheim, aux confins de la Suéde. Leur étendue est de plus de quarante lieues du septentrion au midi. On les appelle autrement Daare-Field. Voyez DAARE-FIELD. * De l'Ifle, Atlas. SKEEN, bourgade de la Norwége, au gouvernement d'Agerhus, à la droite de la riviere de Lougen, environ à quatre lieues au nord occidental de Tonsberg. Skeen est remarquable par ses mines de fer & de cuivre. On y en découvrit une d'argent sous le regne de Christian IV; mais il faut qu'elle foit peu considérable, puisqu'on n'y travaille pas. * De l'Ile, Atlas. Corneille, Dictionnaire. SKELBO, château d'Ecosse, dans la province de Dornoch, près de l'embouchure de la riviere d'Uns ou d'Unes, qui le baigne. * Délices de la Gr. Br. p. 1386. SKELMALIERE, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des huit qui composent le comté de Wexford. * Etat présent de la Grande Bretagne t. 3. SKELTON, château d'Angleterre, dans Yorckshire, au quartier appellé North-Riding, derriere & au sud-ouest de Skengrave. Skelton est un ancien château, qui apparte noit autrefois à la noble maison de Brus, d'où étoient descendus les derniers rois d'Ecosse. * Délices de la Gr. Bret. p. 196. SKENGRAVE ou SKINNIN-GRAVE, village d'Angleterre, dans Yorckshire, au quartier appellé North-Riding, à deux milles à l'orient de Gisburg. Ce petit village n'est remarquable qu'à cause d'une merveille de la nature qu'on y observe de tems en tems. Quelquefois au milieu d'un grand calme, dans le tems que la mer est unie comme une glace, & qu'on ne sent pas le moindre vent, on entend comme un grand bruissement qui se fait dans l'eau. Lorsque cela arrive, les pêcheurs n'osent pas se hazarder d'avancer en pleine mer. En 1533 on prit sur la côte un triton, ou, si l'on veut, un homme marin, que l'on nourrit pendant quelque tems de poiffons cruds. Il s'échappa enfin & retourna à la mer sans qu'on l'ait revu depuis. * Délices de la Grande Bretagne, p. 196. SKENINGE, SKENNINGE OU SCHENINGE. Voyez SCHENINGE. SKIA, ifle de la mer d'Ecosse, & l'une des Westernes. Elle s'étend du nord-ouest au sud-est, à la hauteur du midi de la province de Ross. On lui donne quarante-deux milles de longueur & douze milles dans sa plus grande largeur. Elle n'est séparée du continent de l'Ecosse que par un petit détroit, qui en quelques endroits n'a pas plus de cinq à fix cents pas de large. Le grand nombre de golfes & de promontoires, dont elle est entrecoupée, qui ressemble à des aîles éployées, lui a fait donner le nom de Skianaka, qui, dans le langage des habitans du pays, signifie allée, mais l'usage a voulu qu'on l'appellât plus communément SKIA, ce qui veut dire une aîle. Les quinze ou feize golfes qu'on y voit font tous abondans en harangs; & les cinq plus grandes rivieres dont cette isle est arrosée, sont riches en faumons, quoiqu'on en trouve auffi dans quelques-unes des petites rivieres. Outre les golfes, elle a un lac d'eau douce au milieu duquel eft une ifle habitée. Le terroir de Skia est fertile en bled. Les pâturages y font fort bons, soit dans la plaine, soit dans les montagnes, qui font couvertes de forêts peuplées de bétail. Les vaches qui paissent le long de la mer, se nourriffent entr'autres d'algue; & pour l'aller manger, elles ont l'instinct d'observer le tems que la marée se retire. Cette ifle est bien peuplée. On y remarque cinq châteaux. Du côté du nord elle est bornée de quantité de petites isles, dont les plus remarquables font Scalpa & Raarsa, qui ont tous deux des bois remplis de cerfs. * Délices de la Grande Bretagne, p. 1447. SKIALFANDA, riviere de l'islande. Elle a son cours dans la vallée de Bardarval, qui est la partie septentrionale de l'ifle, & fe décharge dans l'Océan. SKIDDOW, montagne d'Angleterre, dans la province de Cumberland, au nord du petit bourg de Keswik Elle se partage en deux croupes à fon fommet, & passe pour la plus haute de l'Angleterre, comme celle de Scruffel en Ecofle, qui est vis-à-vis, paile pour la plus haute de ce royaume là. Entre la montagne de Skiddow & le bourg de Keswick, le Darwent, au fortir du lac sur lequel le bourg est situé, reçoit une riviere, qui vient d'un autre lac, qui eft aux frontieres de Westmorland. * Délices de la Gr. Bretagne, p. 297. SKINOSA, ifle ou écueil de l'Archipel, à trois milles de Raclia, à huit milles de Cheiro, & à douze milles de Naxie. Cet écueil, qui a environ douze milles de tour, & qu'on a abandonné, est apparemment l'ifle Skinussa, que Pline, 1.4, c. 12, marque près de Naxos & de Pholegandros. Les Grecs ne doutent pas que cette isle n'ait pris fon nom des Lentisques, (Σχίνος, Lentiscus) dont elle est couverte, quoique cet arbre ne soit pas plus commun dans Skinosa que dans les isles voisines. Il ne reste dans Skinofa que des masures d'une ville ruinée, & parmi lesquelles on ne voit rien de remarquable. La ferule des anciens croît en abondance dans cette ifle. SKIPTON, ville d'Angleterre, dans Yorcshire, sur le chemin d'Yorck à Londres, près de la riviere d'Ar. C'est une jolie ville, avec un bon château. Elle est comme cachée au milieu des précipices & des bois, dont elle est environnée. Il se trouve dans son voisinage une fontaine salée & soufrée. Skipton a droit de marché.* Délices de la Grande Bretagne, p. 223. SKIRES - PORTRUSH, isles du royaume d'Irlande, dans la province d'Ulster, au comté de Londonderry. L'embouchure de la Banne est couverte de deux petites isles, dont l'une est nommée Skires - Portrusch. Cette isle n'est presque autre chose qu'un rocher, au midi duquel les vaisseaux rencontrent une bonne rade de fix ou sept brasses de profondeur, où ils peuvent mouiller l'ancre en sureté. *Délices de la Gr. Bret. p. 1580. SKIRMONCKOGE, SKIERMONESKOEG OU SCHIERMOND, ifle des Pays-Bas, sur la côte septentrionale, de la Frise, environ à quatre milles du continent, vis-à-vis du canton d Oftdonger-Adeel, dont elle est séparée par le canal de Lauwers, en latin Monicoga. Cette ille, qui étoit autrefois plus près de la terre-ferme qu'elle n'est présentement, n'a qu'un seul village, avec une église. Son rivage est défendu par des montagnes de sable; & l'on prétend que la mer y jette bien souvent des baleines d'une grandeur excessive. On prend aussi force coquilles de mer dans le golfe, entre la terre-ferme & cette isle. L'air y y est si tempéré, qu'on y peut garder pendant une année entiere du poisson, fans qu'il foit falé. Il est seulement seché au vent & au soleil : la plupart des habitans vivent de leur pêche, & ont beaucoup de peine à se garantir des corsaires en tems de guerre. On voit dans l'isle des lapins en très-grand nombre. * Samson, Atlas. Corneille, Dict. Davity, Ille de Skirmonckoge. SKOFDE OU SKOD, bourgade de Suéde, dans la Westro-Gothie, sur la riviere de Tyda, à sept lieues du lac de Waner, & à pareille distance de la ville de Mariestad, vers le midi. * De l'Isle, Atlas. Baudrand, Dict. SKOTZUF, felon Corneille, Dict. & Srozkow, selon Jaillot, Atlas, ville d'Allemagne, dans la Silésie, & dans Tome V. Ecce la dépendance de la principauté de Teschen. Cette petite ville, située sur la Wistule, entre Ustronie & Rudzica, a ses seigneurs particuliers, qui le font aussi de Schwartzwaller, nommé autrement Strumen, SKREENE, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des onze qui composent le comté d'Eastmeath. * Etat présent de l'Irlande, p. 38. SKUL OU SKULA, montagne de Suede, dans l'Angermanie, près du golfe de Bothnie, entre les rivieres d'Husa & d'Angerman. Elle est extrêmement haute & droite, & elle inspire de la frayeur à ceux qui la considerent, parce qu'elle semble menacer ruine. Au pied de cette montagne est un bourg nommé WEDBYGGERA. SKYROS, aujourd'hui Scio, isle de l'Archipel, à l'orient de la partie septentrionale de l'isle d'Eubée. (2) Les Pélasgiens & les Cariens en furent les premiers habitans, & Achille, comme on fait, y fit l'amour. Cette ifle n'est pourtant bien connue dans l'histoire, que depuis le regne de Lycomede, qui en étoit le maître, lorsque Thésée, roi d'Athènes, s'y retira pour y jouir des biers de fon pere, Thésée en demanda la restitution, & follicita du secours auprès du roi contre les Athéniens. Cependant Lycomede, foit qu'il appréhendât le génie de ce grand homme, soit qu'il ne voulut pas se brouiller avec Mnesthée, qui l'avoit obligé de quitter Athenes, conduisit Thésée sur un rocher, sous prétexte de lui faire voir la succession de son pere, & l'histoire dir qu'il l'en fit précipiter; quelques-uns affurent que Thésée tomba de ce rocher en se promenant après avoir foupé. Quoi qu'il en soit, ses enfans, qu'il avoit fait pafler en l'ifle d'Eubée, allerent à la guerre de Troyes, & régnerent à Athénes après la mort de Mnesthée. L'ifle de Skyros devint célébre, dit Strabon, 1.9, p. 436, par l'alliance qu'Achille y fit avec le roi Lycomede, en époufant Deidamie, sa fille, dont il eut un fils nommé Neoptoléme, que l'on appella Pyrrhus, à cause de la couleur de ses cheveux. Il fut élevé dans l'isle; il en tira de vaillans (b) foldats, qu'il mena à la guerre de Troye, pour venger la mort de son pere. Les peuples de cette isle étoient fort aguerris. (c) Pallas étoit la protectrice du pays: son temple étoit sur le bord de la mer, dans la ville qui portoit le même nom que l'isle. On voit encore les restes de ce temple, qui consistent en quelques bouts de colonnes & de corniches de marbre blanc, qu'on trouve auprès d'une chapelle abandonnée, à gauche, en entrant dans le port de Saint-George. On n'y découvre aucune inscription, mais plusieurs vieux fondemens, joints à la beauté du porr, font connoître que la ville étoit dans cet endroit. Si ces vieux marbres ne sont pas des débris du temple de Pallas, ils doivent être au moins des restes de celui de Neptune, qui étoit adoré dans cette isle. Goltzius a donné le type d'une médaille, qui d'un côté représentoit Neptune, avec son trident, & de l'autre la proue d'un vaisseau.*(a) Tournefort, Voyage du Levant, t. 1, p. 171. (h) Servius in 3 Eneid. (c) Palladi littorea celebrabat Skyros honorum forte diem. Après la guerre de Troye, les Athéniens rendirent de grands honneurs à la mémoire de Thésée, & le reconnurent pour un héros: il leur fut même ordonné par l'oracle, dit Plutarque, in Thes. de rassembler les os de ce grand homme, & de les conserver avec respect. Marcian d'Héraclée assure que les habitans de Chalcis, ville capitale d'Eubée, s'établirent à Skyros, attirés apparemment par la bonté & par la commodité du port. Les médailles, qu'on trouve affez souvent dans cette isle, établissent ce sentiment. Il y a quelques années, qu'en labourant un champ dans les ruines de la ville, on trouva une de ces médailles. Elle étoit frappée au coin des Chalcidiens, qui, quoiqu'habitans de Skyros, ne laissoient pas de retenir le nom de leur pays, pour se diftinguer des Pélasgiens, des Dolopes, & autres peuples, qui étoient venus s'établir à Skyros. Cette médaille étoit chargée d'une belle tête, dont le nom, qui étoit à l'exergue, paroissoit tout effacé; au revers, il y avoit une lyre. Comme cette piéce portoit le nom des Chacidiens, on n'auroit pas cru qu'elle cut été frappée à Skyros, si on ne l'y avoit déterrée. Plutarque ⚫ remarque que les Dolopes étoient d'insignes pirates, dont quelques - uns ayant été condamnés à reftituer ce qu'ils avoient pris à des marchands de Thessalie, pour s'en dispenser, ils firent savoir à Cimon, fils de Miltiade, qu'ils lui livreroient la ville de Skyros, s'il se présentoit avec sa C flotte. C'estainsi qu'il s'en rendit le maître. Car il s'étoit contenté quelque tems auparavant de ravager cette isle. Diodore de Sicile, bibliot, historiq. 1. 20, p. 828., ajoute que dans cette expédition, l'isle fut partagée au sort, que les Pélasgiens l'occupoient auparavant conjointement avec les Dolopes. Cimon n'oublia rien pour découvrir le cercueil où l'on avoit enfermé les os de Thésée. La chose étoit difficile, dit Plutarque, in Thes. à cause que les gens du pays ne se payoient pas trop de raison. Enfin, on s'apperçut, dit-on, qu'une aigle, avec son bec & ses ongles, gratoit la terre sur une petite colline. On y fit creufer, & on y découvrit le cercueil d'un homme de belle taille, avec une épée & une pique; Plutarque ne rapporte pas si c'étoient les armes d'un Athénien, d'un Carien, d'un Pélasgien, ou d'un Dolope. Cimon fit transporter ce cercueil à Athenes, quatre cents ans après la mort de ce héros. Les restes d'un si grand homme furent reçus avec de grandes démonstrations de joie. On n'oublia pas les facrifices: le cercueil fut mis au milieu de la ville, & fervit d'asyle aux criminels. Skyros fut enlevée aux Athéniens pendant les guerres qu'ils eurent avec leurs voisins; mais elle leur fut rendue par cette fameuse paix qu'Artaxerxés, roi de Perse, donna à toute la Grèce, à la follicitation des Lacédémoniens, qui lui députerent Antalcidas pour l'obtenir. Après la mort d'Alexandre le Grand, Dénétrius, premier du nom, surnommé le Preneur de villes, en grec Πολιορκήτης, réfolut de donner la liberté aux villes de Gréce : il prit Skyros, & en chafla la garnison. Il n'eil pas nécessaire de dire que cette isle a été soumise à l'Empire Romain, & enfuite à celui des Grecs. André & Jérôme Gizi se rendirent les maîtres de Skyros après la prise de Conftantinople par les François & par les Vénitiens: elle passa sous la domination des ducs de Naxie. Guillaume Carcerio en fit la conquête, & la laissa à ses descendans: son petit fils Nicolas Carcerio, neuviéme duc de l'Archipel, en fit fortifier le château, avec beaucoup de soin. On voit encore les débris de ces fortifications, que les Turcs ont laiffé tomber en ruine. On découvre facilement pourquoi l'isle de Skyros reçut anciennement ce nom, qui fignifie en grec quelque chose de rude: tout le pays est hérislé de montagnes. Strabon en loue les métaux & les marbres ; mais on ne fait pas à présent s'il y a des mines dans cette isle. Cette isle, quoiqu'escarpée, est fort agréable & bien cultivée, eu égard au petit nombre de ses habitans, car on tient qu'il n'y a pas plus de trois cents familles, quoique l'isle ait soixante milles de tour. Les habitans payent tous les ans cinq mille écus au grand-seigneur. Ils ont affez de froment & d'orge pour leur subsistance. Les François même y viennent quelquefois charger de ces grains. Les vignes font la beauté de l'isle; le vin en eft excellent, & il ne vaur qu'un écu le batil: on en transporte beaucoup en Morée. Pour de la cire, on y en recueille plus de cent quintaux ; le bois n'y manque pas comme dans les autres isles. Outre les taillis de chenevert, de lentisque, de myrthe & de laurier rose, il y a aussi de beaux pins. Dans la plaine qui va du port Saint-George au village, on trouve quantité d'éleagnus. On voit dans l'isle deux ports: celui où les vaisseaux ont coutume d'aborder est très-grand; on y peut mouiller presque par-tout: mais outre ce port, il y a encore celui qu'on nomme le port des trois Bouches : il est fort bon; mais il a à son entrée deux écueils, dont l'un s'appelle la roche Taillée, & l'autre l'isle Plate. L'une de ces Bouches a pour traversier le nord-ouest & le sud-est; l'autre a le nord-est & le tud-ouest, & la troisiéme l'ouest. Il n'y a qu'un seul village dans l'isle de Skyros; encore est-il bâti sur un rocher fort escarpe, & fait en forme de pain de sucre, à dix milles du port de Saint-George. Le monastère, qui porte le nom de ce faint, fait la plus belle partie de ce village, quoiqu'il n'y ait que cinq à fix caloyers, qui conservent avec grand soin une image d'argent, en feuilles très minces, cizelée grossierement, & représentant saint George & ses miracles. Cette feuille, qui a près de quatre pieds de hauteur, sur environ deux de largeur, est clouée sur une pièce de bois, qui a un manche comme une croix, & que l'on porte en façon de banniere. Les Grecs ont bien conté des fables au sujet de cette image. On peut encore dire: Grecia mendax. Les habitans de l'isle sont tous du rir grec : ils ont un autre monastère sous le nom de saint Dimitre; mais il est petit & pauvre. Celui de saint George est aux caloyers de sainte Laure, qui vivent à Monte Santo, & ne députent pas les moins adroits de leur couvent, pour entretenir les peuples dans la dévotion envers faint George; sur tout ils prennent soin de bien inftruire l'aveugle ou celui qui le contrefait. Le cadi est le seul Turc-qui soit dans l'isle : les admin strateurs font obligés de faire payer sa rançon, en cas qu'il soit enlevé par les corsaires. Les habitans en répondent, ils se mettroient en devoir de le sauver, si on vouloit le faire prisonnier. Le cadi cependant fait affez ce que veulent les administrateurs; toutes les années on en nomme trois : ils exercent bien la justice, sur-tout envers les femmes galantes; car quand une dame est surprise en flagrant délit, belle ou laide, on la promene sur une ânesse, & chacun lui jette de la boue au visage, ou de la boute de vache, ou des œufs gâtés. L'évêque de Skyros est fort pauvre, il ne subsiste presque que de charité: il est fort mal logé. On vit à bon marché dans l'isle, car les moutons n'y valent pas plus de quarante sols, les agneaux vingt; toute forte de gibier y abonde, & fur-tout les perdrix; les eaux en font admirables, & toutes les roches donnent des fontaines. Le ruisseau qui va se décharger dans le port de SaintGeorge, eft fort joli; pour y faire de l'eau on met les canots à terre, & on conduit l'eau dans des barils par un boyau de cuir.* Du Cange, Hift. des emp. de Const. Hist. des ducs de l'Archipel. SLABODA, ville de l'empire Ruffien, au royaume de Cazan, au levant de la capitale de ce nom. Cette petite ville est située sur le Kama, à l'endroit où cette riviere, quittant son cours vers le sud, le prend vers le couchant. * Baudrand, Dict. SLAGA, abbaye de l'ordre de prémontré, en Allemagne, dans la haute Autriche, à une lieue de Lintz & de la rive septentrionale du Danube. SLAGEL, SLAGELS, SLAGEN, SLAGOSA OU SLAGLOSA, ville du Dannemarck, dans l'ifle de Selande, & le cheflieu d'une préfecture à laquelle elle donne son nom. Saxon le grammairien fait mention de cette ville, en quelques endroits de fon histoire. Elle n'est pas bien éloignée de la forteresse royale d'Anderschow. Herbererus, dans son itinéraire, dit que Slagow est un bourg ou village. Cependant Pontanus met ce lieu au nombre des petites villes de la Selande: il parle aussi de la forteresse d'Antworscow, que l'on appelloit autrefois Anderschow, & il dit que l'on y voit encore dans une chapelle un tableau, qui représente différens miracles de S. André de Slagel, qui vivoit du tems de Voldemar le Victorieux, roi de Danemarck.* Hermanid. Descript. Daniæ, p. 656 & fuiv. SLAGELS HERRIT, préfecture du Danemarck, dans l'ifle de Selande. Elle prend son nom de la ville de Slagel, qui en est le chef-lieu. Ses bornes font, à l'orient la préfecture de Sorbie, à l'occident la mer Baltique, vis-à-vis d'elle l'isle de Fionie. Du côté du septentrion, elle confine avec la préfecture de Lofve, & du côté du midi elle joint celle de Flackenbiergs. elle n'en acquiert jamais la dureté. On a soin de nétoyer la grotte de tems en tems, sans quoi elle seroit bien-tôt toute embarrassée de ces petits piliers crystallins. * Délices de la Grande Bretagne, p. 1322. SLANEY-WRCH ou SCHLANY, ville d'Allemagne, dans la Boheme, au cercle de Schlani, dont elle est la capitale, & auquel elle donne fon nom. Le sien qui veut dire mon de Sel, a été occasionné par le voisinage d'une fontaine falée. * Jailiot, Atlas. SLAVE, riviere de la Dalmatie. Elle passe à CastelNovo & se jette dans le golfe de Venise, au-dessous de la ville de Raguse. Elle n'est pas large: mais lorsque les neiges fondent, elle devient fort rapide. Il n'y a en cet endroit d'autres logemens que celui du commis à la douanne, & pour les passans une écurie, où l'on peut allumer du feu en hyver. * Poulet, Relat.j du Levant, part. 1, p. 57. Les habitans de ce pays ont une forte d'instrument qu'ils appellent Tabourat, dont le corps a la forme & la grandeur d'un sabot de paysan : le manche est aufli long que les trois quarts d'une aulne, & un peu plus large que de deux doigts. Il n'y a dessus que trois cordes de laiton, qu'ils animent avec une petite piéce de plume; mais ils prétendent que le défaut de cordes est suffisamment réparé par la quantité des touches dont ils se servent pour faire les accords. Quant à la mélodie de cet instrument, les Turcs en sont si prévenus, qu'il n'est point d'enfant de bonne maison parmi eux, qui ne le sache toucher. SLAVI, anciens peuples de la Sarmatie, qui, avec les Venedes, s'établirent dans la Germanie, entre l'Elbe & la Viftule, les peuples de ces quartiers ne se trouvant pas en état de leur faire tête, à cause qu'ils étoient épuisés par les grandes migrations qui s'étoient faites. On ne fait au juste le tems où les Slaves s'emparerent des terres des Germains. On voit seulement dans Jornandès, que l'invasion des Venedes se fit à la fin du cinquiéme siècle, & au commencement du sixiéme. L'Elbe ne fut pas long-tems la borne des Slaves du côté de l'occident. Dès la fin du sixiéme fiécle, ils avoient pénétré dans l'intérieur de la Germanie. Paul Diacre, de Geft. Longob. 1.4, с. 7, гapporte que du tems qu'Agilulfe regnoit fur les Lombards, Taffilon établi roi ou duc de Baviere par Childebert, roi des François, entra à la tête d'une armée, dans la province des Slaves, & en retourna avec un grand butin, après avoir remporté une vitoire sur ces peuples. Le même historien, liv. 4, c. 41, parle d'une nouvelle guerre, entre les Bavarois & les Slaves, du tems des ducs Garibaldus, & l. 5, c. 22, il nous fait voir cette même nation à Carnunte, d'où elle inquiétoit fort les duchés de Baviere & de Frioul. Spener croit que les Slaves de Paul Diacre, sont ceux qui s'établirent fur les bords du fleuve Marus, d'où ils furent appellés Maharenfes, & ceux qui, après s'être rendu maîtres de la Boheme, en prirent le nom de Behemi. Les Slaves, (in gest. Dagoberti, c. 22, & in chronic. Fredegar. c. 58,) frappés de la gloire que s'étoit acquise Dagobert I, roi des Fran SLAGUEN OU SLAGE, ville d'Allemagne, dans la Po-çois, se soumirent à ce prince; mais bientôt un léger diffé méranie, au duché de Wandalie, sur le Wipper, à quelques lieues au-dessus de Rugenwalde. Cette petite ville est affez mal bâtie, a des fortifications, qui consistent en un fossé d'eau vive, & en une vieille muraille. * Jaillot, Atlas. Corn. Dict. Le Laboureur, Voyage de la reine de Pologne. 1. SLAINE OU SLANE, bourg d'Irlande, dans la province de Leinster, au comté d'Est-Meath, sur la Boyne, à trois lieues au-dessus de Drogheda. * Corneille, Dictionnaire. 2. SLAINE, riviere d'Irlande, anciennement Modonus Fluvius: elle a sa source dans le comté de Wicklow; & après avoir traversé ceux de Caterlagh & de Wexford, elle va se décharger dans la mer d'Irlande à Wexford. Sanson, dans sa carte particuliere de l'Irlande, nomme cette riviere Urrin. SLAINES, château d'Ecosse, dans la province de Buchan. En avançant au nord de la riviere de l'Ithan, le long des côtes, on rencontre les restes du vieux château de Slaines, & près de ces ruines une grotte taillée par la nature. Il y découle perpétuellement de la voute une eau pétrifiante, dont les goutes se figent les unes sur les autres à mesure qu'elles tombent, & forment ainsi plusieurs rangées de petits piliers, comme des chandelles de glace. Cette matiere est friable, & ressemble à du crystal; mais rend s'étant élevé entre eux & les François, il survint une guerre qui fut funeste à ces derniers. Les Slaves firent irruption dans la Thuringe & dans la France Trans-Rhenane, où ils mirent tout à feu & à fang; ce qui obligea les Germains à prier Dagobert de leur laisser son fils Sigebert pour roi, afin que dans son absence ce prince pût les défendre contre les Slaves. Il paroît aussi par les mêmes écrivains que les Slaves ou Winides, comine les appelle le livre des gestes de Dagobert, habitoient dans la Luface & les terres qui font au-delà du haut Elbe; & la promesse que firent les Saxons de défendre les limites des François contre les Slaves', prouvent que ces derniers demeuroient au-delà du haut Elbe. Procope & Jornandes sont les premiers qui ayent parlé des Slaves. Le premier après avoir marqué la demeure des Venedes ou Winides, dit que cette nation nombreuse se partageoit en différens peuples, qui étoient connus sous divers noms; mais qu'on la divisoit principalement en deux, appellés Sclavinis & Antes. Procope, Bell. Goth. 1. 3, c. 14, dit que les Antes & les Sclavons n'avoient autrefois qu'un même nom, & que l'antiquité les appelloit Sporades, d'un nom grec qui signifie dispersés; parce que leurs cabanes occupoient une grande étendue de pays, & ils couvroient une grande partie des bords du Danube. Prætorius dérive le nom de ces peuples du mot Slava, qui dans Tome V. Eeeeij la langue des Sarmates signifie Renommée & Gloire; de forte qu'il feroit plus naturel d'écrire Slavi, que Sclavi ou Sclavini. Ce peuple guerrier devint par la suite si lâche & si méprisable, que fon nom est devenu une marque de bassesse. Du mot Slaves, les François ont fait celui d'esclaves & les Italiens celui de Slavi, on n'entend plus que des hommes soumis à la plus méprisable servitude. comme ceux-ci, de se fortifier par des alliances mutuelles. Chaque peuple ayant voulu se soutenir seul, ils vinrent quelquefois à se ruiner les uns les autres; quelquefois ils se virent accabler par leurs voisins; ce qui les fit tomber dans un état de foiblesse, qui les rendit l'objet du mépris des autres nations. Les Slavons passerent enfin le Danube, sous l'empire de Justinien, & inonderent toute l'Illyrie, où ils prirent des forts, qui jusqu'alors avoient été estimés imprenables. Les capitaines, qui commandoient dans l'Illyrie, les repousserent quelquefois. Les Slavons se bornerent quelque tems à des courses passageres; mais à la fin ils établirent dans l'Illyrie une demeure plus stable que dans leur propre pays. Ils donnerent entr'autres leur nom à cette partie de la Pannonie qui est entre la Save & la Drave, qui fut appellée la Pannonie Slavienne, & qu'on nomme encore présentement Esclavonie. Voyez ESCLAVONIE. Nous avons les noms d'une partie des peuples, qui composoient la nation des Slaves : les Bohemes, car en lit dans les aunales de Charlemagne, ad an. 805, que Cacanus, prince des Huns, alla trouver l'empereur, & lui demanda la permission de s'établir entre Sabaria & Carnuntum, à cause des incursions continuelles des Slaves appellés Slavi Behemani [Bohemes ) qui ne permettoient pas à ses sujets de demeurer dans les pays qu'ils avoient jusqu'alors occupé. L'empereur envoya la même année dans la terre des Slaves, appellée Beheim ( Boheme) son fils Charles, à la tête d'une armée, qui ravagea le pays, & tua le duc nommé Lechon. Les Maharenfes étoient Slaves. Reginon, L. 2, ad an. 890, dit que l'empereur Arnolphe accorda à Zundebolch, roi des Slaves, furnommé Maharenfes, le duché des Bohemes. Dans les annales de Charlemagne, ad an. 782 & 806, il est souvent parlé des Slaves Sorabes, qui habitoient entre l'Elbe & la Sala, aux confins des Thuringiens & des Saxons, (apud Ruberum ad an. 822.) Les annales de l'empereur Louis le Débonnaire nous apprennent qu'à la diette de Francfort, ce prince reçut les ambaffadeurs & les présens que lui envoyoient les Slaves orientaux, savoir les Obotrites, les Sorabes, les Wilzes, les Be-céan, au nord par la riviere du Trowis, à l'orient par le hemans, les Maruani, les Pradenecenteni & les Avares de la Pannonie. On met encore au nombre des Slaves les Luciziens, les Rédariens, les Silésiens, les Polonois, les Havelliens, les Pomeraniens, les Cassubiens, les Wagriens, les Rugiens. SLAUKAW ou SLAUKAVIA, Slaukavia ou Slanukovia, ville de la haute Pologne, dans le palatinat de Cracovie, à deux milles d'Ilkusch. Cette petite ville, que des brigands brulerent en 1455, a dans son territoire des mines de plomb qui contiennent de l'argent. * Andr. Cellar. Descr. Polon. p. 165. SLEAFORD, bourg d'Angleterre, dans la province de Lincoln. On y tient marché public. * Etat présent de la Grande Bretagne, t. I. 1. SLEGO OU SLEEGO, comté d'Irlande, dans la province de Connaught. Il est borné au nord-ouest par l'O comté de Letrim, au midi par celui de Roscomon, & au sud-ouest par le comté de Mayo. Le pays en est assez uni. Il est très-fertile & les pâturages y sont excellens. De hautes montagnes nommées Curlew, le séparent des comtés de Letrim & de Roscomon. On le divise en fix baronnies, qui sont celles de Carbury, Tiraghrill, Corragh, Coolavan, Leney, Tyreragh. Les Antes & les Slavons, dit Procope, Bell. Goth. l. 3, c. 14, n'obéissent pas à un roi; mais ils vivent depuis longtems sous un gouvernement populaire, & déliberent publiquement de tout ce qui concerne leurs intérêts. Ces deux peuples obfervent les mêmes loix & les mêmes mœurs. Ils ne reconnoiffent qu'un seul Dieu, qui a créé le monde, & qui lance le tonnerre; & ils lui facrifient des bœufs & d'au- Il y a dans ce comté deux villes; savoir Castle-Connor, Slego. * Délices de la Grande Bretagne, p. 1604. Etat présent de la Grande Bretagne, t. 3, P. 33. tres victimes. Bien loin de faire dépendre la vie des hommes de la destinée, ils n'avouent pas seulement qu'il y en ait; mais lorsqu'ils se voyent en quelque danger, ils promettent d'immoler une victime quand ils en feront échappés, & ne manquent pas d'y fatisfaire; alors ils croyent te. nir leur vie de la mort de la victime. Ils rendent aussi des honneurs aux rivieres, aux nymphes & à d'autres divinités, & leur présentent des sacrifices, d'où ils tirent des pré-capitale, & la seule place remarquable. C'est une petite sages de l'avenir. Ils habitent de misérables chaumieres, éloignées les unes des autres, & en changent souvent. Ils font la guerre à pied, tenant en leurs mains de petits boucliers & de petits dards. Ils ne portent point de cuiraffes; quelques-uns même ne portent ni tunique ni manteau ; mais ils se couvrent d'un haut de chausse lorsqu'ils marchent contre l'ennemi. Ils parlent tous la même langue, & ont une taille & une mine toute semblable. Ils font grands & robustes. La couleur de leur visage n'est pas fort blanche. Leurs cheveux sont toux. Ils font naturellement sales & mal propres. Ils sont simples dans leurs mœurs & leurs manieres. Quoi qu'en dise Procope, tous les Slavons ne vivoient pas sans un gouvernement populaire. Il paroît par la chronique de Reginon, que les Slaves Maharenses étoient soumis à des princes, puisque leur roi Zundibloch obtint de l'empereur Arnolphe, le duché de Boheme, & s'étant ensuite sonlevé contre l'empereur, ce dernier entra à la tête d'une armée dans le pays des Maharenfes, y ruina toutes leurs villes, & détruisit leur empire. Les annales de Charlemagne font mention des ducs qui gouvernoient les Slaves Bohemes, & des roitelets qui régnoient chez les Slaves Wilzes. On trouve dans les annales de Louis le Débonnaire qu'on porta à la diette de Francfort le différend de deux freres, au plus jeune desquels les Wilzes avoient conféré la couronne. Enfin les chefs des Obotrites sont qualifiés tantôt de rois, tantôt de ducs; de forte que la forme du gouvernement chez les Slaves fut à peu près la même que chez les Germains. Quelques-uns d'entr'eux conserverent leur liberté, & d'autres furent soumis à des princes. Mais ils différerent des Germains en ce qu'ils n'eurent pas soin, 2. SLEGO OU SLEEGO, ville d'Irlande, dans la province de Connaught, au comté de même nom, dont elle est la ville située au dessus du milieu des côtes, au fond d'une petite baye qui y fait un aflez bon port, & qui prend le nom de la ville. Ce port est passablenient profond, & des vaisseaux de deux cents tonneaux y peuvent être à flot devant la ville de Slego; mais l'entrée en est difficile à cause d'une barre de rochers & de sable qui la traverse. A l'entrée de ce havre est une islette nommée l'isle aux Lapins, où l'on trouve une mine de plomb & d'argent. Le havre & la ville font défendus par un château. Cette place est la seule du comté, qui ait le privilége de députer au parlement, & celui de tenir marché. Elle donne le titre de vicomte à mylord Scudamore. * Délices de la Grande Bretagne, pag. 1605. SLEIDEN OU SCHLEYDEN, ville d'Allemagne, au daché de Juliers, dans sa partie méridionale, & le chef-lieu d'un comté de même nom. Cette petite ville, selon d'Audifret, Géogr. t. 2, est fortifiée d'une citadelle à quatre bastions. Le COMTÉ DE SLEYDEN est situé à l'orient de celui de Reiffercheid. Il y a trente villages ou hameaux qui en dépendent ; & il dépend lui-même du comté de Chiny. Les comtes de Sleiden descendoient d'une maison originaire d'Allemagne : leur postérité finit à Jean, dont la fille unique & héritiere porta sa succession à Thierry III, comte de Manderscheid; Cunon, fils aîné de Thierry, mit Sleiden & plusieurs autres fiefs sous l'hommage de Gerard, duc de Juliers, en 1468. Thierry VI étant mort sans enfans mâles, Philippe, comte de la Marck, de la branche de Lumaigne, qui avoit épousé Catherine, sœur de Thierry, s'empara du comté de Sleiden, & le retint malgré les sommations que lui firent les comtes de Manderscheid d'en vuider la possession; il l'a laissé à ses descendans, qui en jouiffent encore, & malgré les prétentions des ducs de Juliers. SLEMNIUM. Voyez LYMINIS. SLESWICH, ville du Danemarck, capitale du duché, auquel elle donne fon nom. Elle a pris le sien du golfe de Slea, Selia ou Seleia, sur lequel elle est située. Reginon la nomme Schlicodorf; on l'a appellée aussi Haddeby, Heydeby & Heitbi, & le village qui est vis-à-vis de la ville dans la partie méridionale de la Slie, porte encore le nom de Haddebuy. Sleswich est à 54d 33 de latitude, & à 27d 30' de longitude, sur le bord septentrional de la Slie. Son territoire du côté du midi & de l'orient n'est pas fort abondant. On y trouve néanmoins passablement les choses nécessaires pour la vie, parce qu'on les y porte des lieux circonvoisins. La Slie fournit toutes fortes de poissons : les pays d'Angeln & de Schunvantz y envoyent toutes les denrées nécessaires, & les habitans d'Husum y conduisent toutes les semaines des bœufs, des moutons & des agneaux. On y apporte de la biere & du vin, qu'on y vend un prix raisonnable. Les maisons en général sont fort ordinaires : on y en voit cependant quelques-unes assez belles. Le commerce n'est pas fort considérable, il n'y a que les artisans & les cabaretiers qui apportent quelque profit à la ville. Sleswich est à quatre milles d'Allemagne de Flensburg, à huit de Tonderen , à sept grands milles d'Apenrad, à onze de Haderslebe, à quatorze de Rypen, à quatre de Husum & de Friderichstadt, à cinq de Tonningen, à trois de Rendesburg, à trois de Eckeenford, à fix petits milles de Kiel, à dix de Ploen, à dix-fept & demi de Lubec, à quinze de Hambourg, à neuf de Itzehoe & à onze de Gluckstad. Elle n'a aucune fortification; une simple muraille & une porte la séparent de son fauxbourg. Il n'y a point d'autre église que la cathédrale dans l'enceinte de la ville; car l'église de S. Michel est dehors. La premiere est fort grande & fort belle. Le bâtiment a été fait en différens tems: une moitié fut commencée en 1260 ou 1263, du vivant de l'évêque Nicolas II: en 1408 on commença la moitié qui regarde le midi; il arriva dans la suite que l'église fut brulée, & le concile de Bafle accorda des indulgences à ceux qui donneroient quelque chose pour la faire rebâtir. En 1450, on acheva le côté du midi, & en 1451, on finit la partie qui regarde le septentrion. L'on voit dans cette église les tombeaux des anciens ducs de Sleswich, qui étoient de l'ancienne famille des rois de Danemarck; l'on y voit auffi les tombeaux des ducs de Sleswich, qui sont descendus de la famille des comtes d'Oldenburg. Plusieurs évêques de Sleswich y sont enterrés. On en voit encore les tombeaux. * Hermanid. Descr. Daniæ, p. 864 & fuiv. Le monastère de S. Jean, dans une isle appellée Guldenholm, au devant de la ville, étoit un couvent de filles de distinction, fondé en 1192, par l'évêque Woldemar, qui y mit d'abord des moines, & on rapporte une histoire assez plaisante d'un de leurs abbés. On dit que se trouvant de nuit avec une jeune fille débauchée, un des moines, qui étoit peut-être son rival, se mit à crier dans la maison: Hélas! monsieur notre abbé est mort dans l'ame. Les autres moines épouvantés par ces cris, accoururent à la chambre de celui qu'ils croyoient véritablement mort; mais ils le trouverent en bonne santé & entre les bras de sa maîtresse. L'évêque qui avoit déja reçu plusieurs fois des plaintes de la vie licentieuse de ces moines, ayant appris cette histoire, les transféra à Ruhecloster. Sleswich a été autrefois célébre & floriffante, & Reginon nous apprend qu'en 808 la fameuse ville de Meckelbourg ayant été détruite par Gotfrid, roi de Danemarck, du tems de Charlemagne, les marchands en furent transportés à Sleswich. Adam de Breme, & Helmode parlent de la ville des Saxons, qui font au-delà de l'Elbe, comme d'une ville très-riche & très-peuplée. Cette ville a souffert de grands maux & éprouvé plusieurs malheurs. La premiere bataille de Sleswich fut donnée près du village & du moulin de Stickdorf, en 841, par les rois Sygward & Eric, qui étoient en guerre avec Biærnon, Siward ou Sigward & Jever, fils du roi Regnier. Dans la se conde bataille le roi Gorme fut défait par l'empereur Henri I. Sleswich fut pris avec sa forteresse, qui étoit au midi. L'on voit encore dans le village de Haddebuy les ruines de cette forteresse: on les appelle aujourd'hui Oldenburg. Quelques années après, les Danois reprirent la ville de Sleswich & la fortereffe, & tuerent le margrave que l'empereur y avoit mis; c'est ce qui obligea l'empereur Othon de s'emparer du Jutland méridional & feptentrional. Il y eut une bataille: l'avantage fut du côté d'Othon. cet empereur fit embrasser la religion chrétienne à Harald, à la reine Gunilde, & à Svenon leur fils, que l'on nomna Svenot au baptême. L'Empereur Othon Il se rendit maître des fortifications que les Danois avoient faites au voisinage de Sleswich. Magnus, roi de Danemarck & de Norwége, renmporta en 1038 une grande victoire sur les Vénedes & les Wagriens. Ce fut la quatriéme bataille de Sleswich. Du tems du roi Svenon Esthrit, la ville de Sleswich fut prise & pillée par Harald, roi de Norwége. En 1066 les Vénedes, les Wagriens, les Obotrites, la faccagerent entierement, comme Helmolde le rapporte. Du tems de Canut, duc de Sleswich, que Magnus, fils de Nicolas, roi de Danemarck, tua par trahison, cette ville fut rebâtie, & on la fortifia; de forte que peu à peu elle reprit son ancienne splendeur. : Canut ayant été tué les habitans de Sleswich voulurent venger la mort de leur prince: ils se joignirent pour cela à Eric son frere. Le roi Nicolas, avec Magnus fon fils, vint affiéger la ville ; mais Magnus fut ensuite envoyé par son pere, avec une armée, dans la Scanie, où il fut tué. Le roi Nicolas pria les habitans de Scleswich de le laisser entrer dans leur ville; mais à peine y fut-il que les habitans le tuerent. Cet événement arriva en 1131. Quelque tems après, Svenon, qui étoit en guerre avec le duc Woldemar, assiégea Sleswich, la prit & la pilla. Ses foldats n'épargnerent pas même les étrangers : ils porterent leur fureur jusques sur les vaisseaux des Russiens, en enleverent les marchandises, qui, à ce que dit Saxon, furent données aux foldats au lieu de solde. Les étrangers, épouvantés par une action aussi barbare, ne fréquenterent plus cette ville : elle perdit son commerce, & devint presqu'un village. Après tant de malheurs, elle jouit quelque tems de la paix, & commençoit à se rétablir, lorsque le différend, qui survint entre le roi Eric & le duc Abel son frere, la replongea dans de nouvelles disgraces. Eric l'affiégea; & l'ayant prise, il en traita les habitans avec cruauté. Elle ne fut pas moins maltraitée par le roi Christophle, qui avoit refusé au duc Eric, frere du duc Woldemar, l'investiture du duché. La ville fut prise, & fut mise à sac. Les maux qu'elle éprouva dans la fuite furent encore plus terribles sur-tout lorsque le roi Eric Glipping la prit quelques années après que lui-même eut perdu une bataille dans le défert de Lohheide contre Jean & Gerhard, comtes du Holstein qui le firent prisonnier avec sa mere, & l'évêque de Sleswich. Le roi Christophle II, en qualité de tuteur, se rendit maître de la ville & da duché de Sleswich : it affiégea ensuite la forteresse de Gottorp; mais Gerard Magnus, comte du Holstein, l'obligea d'en lever le siége. En 1416, les habitans du Holstein obligerent Eric de Pomeranie, roi de Danemarck, de lever le siége qu'il avoit mis devant la ville. L'année suivante, 1417, le même Eric attaqua le roi Albert, qui, après avoir été chassé de la Suéde, s'étoit réfugié à Sleswich, qu'il avoit pris, & qu'il défendoit avec mille soldats. Eric obligea Albert d'en fortir & de renoncer à tous ses royaumes. Aussi-tôt qu'Eric fut de retour en Danemarck, Sleswich rentra sous l'obéillance des ducs, ses premiers souverains, qui s'appliquerent à la fortifier en 1426. Le même roi Eric revint pour la troisième fois affiéger cette ville: mais il fut obligé de repafler au plus vite en Danemarck, pour se mettre en état de soutenir la guerre que lui venoient de déclarer les villes Anséatiques. En 1447, Sleswich fut presque entierement détruite par un incendie. Elle fut affez tranquille jusqu'à l'an 1628, qu'elle ressentit une partie des maux que causerent l'entrée des Allemands dans le Sleswich, & la premiere invasion des Suédois en 1645. La seconde, en 1657 & 1658, ne lui fut pas fatale, parce que le roi de Suéde étoit gendre du duc. Après que les Suédois eurent quitté le pays; l'électeur de Brandebourg se rendit maître du duché & de la ville de Sleswich, & de la forteresse de Gottorp; mais tout cela se rendit à la paix. L'ÉVÊCHÉ DE SLESWICH a pris son nom de Sleswich, qui étoit autrefois le siége des évêques : il a depuis été transporté à Schwabsted, d'où il a pris le nom d'évêché de Ecce iij 1 |