bouches du Cuama, pour réduire les Cafres de ces quartiers; & depuis ils font devenus maîtres absolus du pays. Cabo das Correntas est au milieu de cette côte, à 23430' de latitude méridionale. Entre ce cap de l'ifle & Madagascar, font les écueils Baixos de India, où les naufrages ont été si fréquens. Le pays qui est au-delà du cap das Correntas, jusqu'au Cuama s'appelle Maluca, & a des mines d'or, près de la ville de Sofala. Il y a deux autres caps fur la côte de Matuca; celui de S. Sebastien & celui de Sainte Catherine. L'air de Sofala est fort bon, & fur-tout dans Matuca. Depuis la riviere de Magnice jusqu'au cap das Correntas, le terroir eft raboteux, fterile; mais de ce cap à l'embouchure du Cuama c'est un pays plein, fertile & peuplé. La côte est fort bafle, & les vaisseaux qui en approchent s'en apperçoivent plutôt par l'odorat que par la vue, à cause du nombre de fleurs odoriférantes que la terre porte. On n'y manque point d'éléphans, de lions & d'autres animaux fauvages. Les peuples de Sofala sont negres pour la plupart, n'y en ayant que très-peu de bruns. Ils font affez bien faits. Ceux qui demeurent autour du cap des courans sont beaucoup plus civilités que les Cafres du cap de BonneEspérance & des Aiguilles. Ils mangent d'ordinaire du ris, de la chair & du poiffon. Ils ne se couvrent que depuis la ceinture jusqu'aux genoux, avec une étoffe de soie ou de coton, qu'on leur apporte de Cambaye. Ils portent au côté un poignard dont la garde est d'yvoire, & ils ont un turban d'écarlate ou de foie. Quelques-uns parlent arabe, & la plupart se servent de la langue du pays. La raison de cette différence est qu'avant que les Portugais trafiquassent sur cette côte, il y venoit beaucoup de marchands de l'Arabie heureuse; & comme le nombre s'en augmentoit tous les jours, ils s'établirent dans les isles de Cuama, qui étoient défertes, & passerent delà insensiblement sur la terre-ferme. Les habitans assurent qu'on tire, toutes les années, des mines de Sofala, plus de deux millions de métigaux, chaque mérigal valant quatorze livres de notre monnoie; que les vaisleaux de Zidem & de la Mecque en emportent en tems de paix plus de deux millions par an; que le gouverneur de Mosambique, dont la charge ne dure que trois ans, a plus de trois cents mille écus de revenu, sans compter la paye des foldats & le tribut qu'on envoye au roi de Portugal. Delà Moquet, 1.4, conclut, que selon toutes les apparences, Sofala est l'Ophir où Salomon envoyoit des vaisseaux. (a) Plusieurs édifices qui paroissent avoir été bâtis par des étrangers, & quelques inscriptions en caractères inconnus, appuyent cette conjecture. On peut même confirmer ce sentiment par l'autorité des Septante, qui traduisent Ophir par Σαφειρά, (b) & comme les liquides se mettent souvent l'une pour l'autre, Sophira ne differe pas beaucoup de Sofala. De plus Thomas Lopez rapporte, dans son voyage des Indes, que les habitans de Sofala se vantent d'avoir des livres, qui prouvent que du tems de Salomon les Israélites navigeoient tous les trois ans vers ces quartiers-là; & que c'est delà qu'ils tiroient tout leur or. * (a) 3 Reg. 10, 22.() 3 Reg 9, 28. Les Mahométans de Quiloa, de Monbaze & de Melinde, abordent à Sofala, y apportent des toiles de coton blanc & bleu, des draps de foie, de l'ambre gris, du jaune & du rouge, qu'ils changent dans le pays contre de l'or & de l'yvoire; & les Sofalois revendent ces marchandifes aux sujets du Monomotapa, qui leur donnent de l'or sans peser. On dit que quand les Sofalois voyent approcher des navires, ils allument des feux pour marquer qu'ils font les bienvenus. Ils font des étoffes de coton blanc; mais ils ne les savent pas teindre ; & l'on affure que, quand ils en veulent faire de bigarrées, ils tirent les fils des toiles teintes de Cambaye, & les mêlent avec leur fil blanc. Les Portugais leur ont appris l'usage des mousquets & de la poudre à canon; de forte qu'ils se servent présentement des armes à feu, aufli bien que de l'arc & des fleches. On dit que le roi de Sofala, qui étoit mahométant & vassal du Monomotapa, se souleva contre lui, & se mit sous la protection du Portugal. Spil bergen assure que, dans le tems de sa navigation, ce prince étoit Portugais de naissance; mais Jarric veut qu'il ne foit que tributaire du roi de Portugal. Du tems de Marmol, le roi de Sofala relevoit encore de l'empereur de l'Or ou du Monomotapa. Cette côte est peuplée de Cafres, originaires du pays, qui n'ont point de religion, & de Mahometans, qui s'y sont venus habituer depuis quelques centaines d'années. Dans la carte de l'Ethiopie orientale, Sofala est renfermé entre les états du Monomotapa au nord, la mer de Mozambique à l'orient, le royaume de Sabia au midi, & celui de Manica au couchant. La riviere de Tendanculo, qui a fon cours d'occident en orient, coule le long de la frontiere septentrionale, & se jette dans la mer, après avoir arrosé les terres de ce royaume, environ les deux tiers de sa longueur. Dans la partie méridionale de ce royaume, coule la Sofala, qui le traverse entierement d'orient en occident. Elle vient du royaume de Manica, forme à quelques lieues au dessus de son embouchure une ifle nommée Maroupe, & se jette dans la mer, près de la ville qui lui donne fon nom. Entre cette riviere & celle de Tendanculo, il en coule quatre ou cinq petites, dont l'une est appellée Tébé. Le roi de Sofala se nomme Quiteve; & il a sa demeure dans la partie occidentale du royaume, au bord de la riviere Sofala. Outre la ville de Sofala, qui fait l'article suivant, on trouve vers le milieu de la côte une forteressle des Portugais appellée Inhaquea. Il y a sur les côtes du royaume de Sofala deux ifles, l'une appellée Bango, & située vis-à-vis de l'embouchure de la riviere de Tébé; l'autre nommée Inhasato; cello-ci est vis-à vis de l'embouchure de la riviere Sofala. 2. SOFALA, ville d'Afrique, dans l'Ethiopie orientale, au pays des Cafres, sur la côte du royaume de Sofala, auquel elle a donné fon nom. Les Portugais font maîtres de cette place : : ils y bâtirent en 1 500 une bonne forteresse, qu'ils nommerent Cuama; mais les pilotes l'ont toujours appellée Sofala. Elle est d'une grande importance pour les Portugais: par elle ils allurent leurs flottes qui vient des Indes, & le commerce qu'ils font avec les Cafres. Ce commerce est assez considérable: il consiste principalement en ambre gris, en or, en esclaves & en étoffes de foie. Les Portugais s'appliquent à faire travailler aux mines qui font au midi du pays. Il y en a qui croyent que c'est l'ophir de Salomon. Le roi de Sofala paye tribut aux Portugais. La forteresse de la place est de la direction & du gouvernement du Mozambique. D'Herbelot, Biblioth. or. appelle cette ville Sofalat-Aldheher, c'est-à-dire, Lieu bas & creusé, où l'on trouve de l'or; ou bien une mine d'or. Il ajoute: C'est ainsi que les Arabes appellent une ville de Zinges ou de Zanguebar, qui est la Cafrerie, en Afrique, sur la côte de l'Océan Ethiopique. Elle est située au delà de la ligne équinoxiale, & a tiré son nom des mines d'or & de fer qui se trouvent en abondance dans son terroir. Nous l'appellons aujourd'hui Sofala, tout court, ville de la côte de Mozambique, qui appartient aux Portugais. Abdalmôál, géographe Persien, dit que les habitans de cette ville font Musulmans, qu'ils n'ont point de chevaux ; qu'ils se servent en leur place de bœufs, avec lesquels ils font même la guerre. La ville de Sagavah en est fort proche à son couchant & celle de Dangalah n'est éloignée de celle-ci, que de six journées vers l'occident. C'est de ce pays-ci que sont fortis les Zinges, ou Zenghis, que les Italiens appellent Zingari, & Cingari, qui ont autrefois couru & pillé toute l'Arabie, & font venus jusques dans l'Iraque faire la guerre aux kalifes. Nous appellons cette nation, des Bohémiens, parce que les Thaborites, & autres fugitifs, qui furent chassés de la Boheme, au tems de la guerre des Hussites, se sont joints à eux. SOFFE, SOFIAH OU SOPHIE, ville de la Turquie, en Europe, dans la Bulgarie, & que l'on croit avoir été l'ancienne Sardica, rebâtie par l'empereur Justinien. Elle est située au pied du mont Hæmus, dans une plaine fertile & agréable, au 42d 35' de latitude, & au 41d 30' de longitude. Les Bulgares, venus des pays septentrionaux, ayant occupé la Mæsie, fatiguerent extrêmement les empereurs grecs du côté où la Mæsie confinoit à la Thrace. Les Bulgares, ayant été enfin domptés & fubjugués par les Grecs, se firent Chrétiens, & la ville de Sardique, ou Sofiah, devint un archevêché, lequel a été long tems disputé entre les papes & les patriarches de Constantinople; le Turc a enfin décidé leur querelle. Les Turcs appellent aujourd'hui, ce que nous appellons la la Bulgarie, Sofiah Vilayeti, le pays de Sofiah, parce que cette ville est la capitale, & que le beglerbeg de Romélie y fait sa résidence ordinaire. Les Turcs ne laissent pourtant pas d'appeller ce pays en leur langue Bulgar Ili. La ville de Soffe est située sur la riviere d'Isca, dans une grande plaine, où l'on compte trois cents soixante villages tous habités de chrétiens. Elle est sans murailles, & à demi-heure de chemin de la plus haute montagne, d'entre celles qui environnent la plaine. Les maisons sont éloignées les unes des autres, & ont presque toutes de grands jardins: ce qui fait que la ville paroît fort grande; mais elle est aussi mal bâtie que les autres villes de Turquie. Quelques-uns l'ont prise pour l'ancienne Tibisque de Ptolomée; mais ceux de Soffe montrent, à deux ou trois portées de mousquet de leur ville, le lieu où celle de Sardica étoit autrefois. Soffe est sur le passage de Constantinople en Hongrie, à Raguse & à Venise. Ceux qui veulent aller à Venise & à Raguse, prennent le chemin de Novisbazar de Servie ; & delà en traversant les rudes montagnes de l'Esclavonie, ils vont en tel lieu qu'il leur plaît du golfe de Venise. Il y en a qui confondent mal à propos Softe avec Scopie, mais cette derniere est en Macédoine. Sophia fut saccagée & brûlée enfuite par les Rafciens, & par les Heiduques Hongrois en 1595. L'air de cette ville est mal sain, à cause des marécages qui la bordent d'un côté, elle est cependant fort peuplée: il y a des bains qui font fort renommés. Les montagnes qu'elle a du côté du sud sont cause que l'hyver y dure plus que l'été, & qu'il y pleut fort fouvent. Les Juifs y ont plusieurs synagogues, & y font un grand trafic. Il ne s'y trouve qu'environ cent catholiques Romains, avec un prêtre qui dit la mere publiquement. Ce font presque tous marchands ragusois qui y trafiquent, ainsi qu'à Belgrade. * Davity, Bulgarie. SOFFRAGAN, province ou bailliage appellé Corla, dans la partie méridionale de l'ifle de Ceylan. Sa capitale porte le même nom, & est située sur la rive septentrionale de Caleture. * Ribairo, Hift. de Ceylan, t. 1. De l'Isle, Atlas. SOFROY, ville de l'Afrique, au royaume de Fez. C'est 1 une petite ville de plus de cinq cents habitans, environnée de hauts murs fort anciens, & bâtie sur une colline, à cinq lieues de Fez, au pied d'une montagne du grand Atlas, qui se nomme aufli Sofroy. Deux rivieres la bordent de part & d'autre, & elle est sur le passage des montagnes par où l'on va en Numidie; aussi a-t-elle été fondée par les anciens Afriquains pour la fureté de ce pas, & elle a le long de ces rivieres plus de deux lieues d'arbres fruitiers, d'oliviers & de vignes. Tout le reste du pays d'alentour est terre légere & fablonneuse, où l'on recueille du chanvre & de l'orge, mais peu de bled. La ville est riche à cause des huiles qu'elle débite à Fez, & à quelques villages de la montagne qui en dépendent. Sous le regne de Muley Mahomet, roi de Fez, elle appartenoit à un frere de ce prince; mais elle se dépeupla à cause de la tyrannie de ces princes: elle a depuis été repeuplée par les Maures d'Espagne, & les Bérébéres. Le chérif en est le maître. Au milieu de la ville, il y a une belle mosquée, à travers laquelle passe un courant d'eau; à la porte on voit une fontaine d'une ancienne struCture. Les bois d'alentour sont pleins de lions; mais ils ne font de mal à personne, & ils s'enfuyent si - tôt qu'ils voyent paroître quelqu'un. * Marmol, Description de l'Afrique, c. 2, p. 301. SOGANE, bourgade de la Palestine, au-delà du Jourdain, dans la Gaulanitide, selon Joseph, Bell. Jud. 1. 1, c. 25. Il en parle aussi dans sa vie, où il lit Soganni pour Sogane. Ce mot est corrompu dans Hégésippe, qui écrit Sotanis. Sogane étoit un lieu fortifié naturellement. Joseph étant gouverneur de la Galilée, fit fortifier Sogane. Il paroît qu'elle vingt milles de Gabare: de Vita sua, étoit à p. 1019, il faut lire de Gadara, au lieu des Arabes que porte le texte. Cette remarque est de dom Calmet, Did. SOGD, la Sogde ou la Sogdiane : c'est le nom que porte la plaine ou vallée, au milieu de laquelle la ville de Samarcande, capitale de la Transoxane, est située: il n'y a point de doute que ce ne soit la Sogdiane des anciens. D'Herbelot, Bibliotheque orientale. Les Orientaux disent que cette plaine, ou vallée, est un des quatre paradis ou lieux les plus délicieux du monde, aussi-bien que la plaine & vallee de Damas, en Syrie, qui porte le nom de Gauthah, & ils lui donnent huit journées d'étendue, depuis les confins de Bolkhara, jusqu'à ceux de Botam, ou Botom, villes principales de la Tranfoxane. Cette plaine est couverte de tous côtés de jardins remplis des plus beaux fruits, ou de terres labourées, & de pâturages toujours verds, parce que fon terroir est partout arrose d'eaux vives & courantes, qui viennent toutes d'une riviere principale & fort grosse, nommé Caï, qui coule au milieu de cette plaine. Ajoutez à ceci un nombre infini de petites villes & bourgades, qui font toutes trèspeuplées, & dont les habitans sont fort industrieux, & foigneux de cultiver leur terroir. Toutes ces eaux du terroir de Samarcande, & de Bokhara, prennent leur source dans la montagne de Botom, selon Ebn Haukal, & le même auteur dit que les villes de Deboufliah, de Cofchaniah & d'Aschtican, sont situées dans la Sogde, & qu'il y a aussi une fort grofle bourgade & très-peuplée, nommée Khofchousagan, que l'on appelle en arabe, Ras Alcantharah, la tête du pont. SOGDIANA, contrée d'Asie, entre les fleuves Jaxartes & Oxus. Ptolomée, 1.6, c. 12, la borne du côté de l'occident par les monts Auxii, & à l'orient par le pays des Saca. Il convient avec Strabon touchant les deux Heuves qui bornoient cette contrée; car on lit dans Strabon, 1. 11, que les Sogdiens étoient séparés des Bactriens par le fleuve Oxus, & des Nomades par le Jaxartes. Il ne parle point des autres bornes. Il paroît que dans la suite la Sogdiane fut plus étendue du côté de l'occident que du tems de Ptolomée; car divers auteurs la poussent jusqu'à la mer Caspienne. Au lieu de Sogdiana, Denys le Périégéte dit SUGDIAS Ou SOGDIAS. Le nom des peuples varie pareillement : la plupart des auteurs les appellent SOGDIANI; & Strabon & Ammien Marcellin disent SoGDII. Ptolomée place dans la Sogdiane un grand nombre de peuples qui ne sont point connus des autres géographes. Il y met aussi les villes qui suivent: SOGDIANA-PETRA, forteresse de la Sogdiane, selon Arrien, de exped. Alexandri, 1. 4. Elle étoit bâtie sur un roc escarpe, & pourvue de toutes fortes de munitions & de vivres: Alexandre entreprit néanmoins de l'assiéger, quoiles neiges en rendiffent encore l'attaque plus difficile, & pussent fournir de l'eau aux Barbares, qui étoit la seule chose qui leur manquoit. Les soldats d'Alexandre ne laifferent pas de grimper au plus haut de ce roc; ce qui étonna tellement les Barbares, qu'ils se rendirent. Alexandre trouva entr'autres dans cette forteresse Roxane fille d'Oxiarte avec sa mere & fes fœurs ; & comme Roxane étoit la plus belle personne de l'Asie, Alexandre l'épousa. Ces circonstances nous font voir que la forteresse appellée Sogdiana Petra par Arrien est celle que Strabon nomme Sifimithra Petra, quoique ce dernier la mette dans la Bactriane au lieu de la placer dans la Sogdiane. SOGDIANI. Voyez SOGDIANA. SOGIUNTII ou SOGIONTII, peuples des Alpes, selon SOGLIO, en allemand Solg, ou Soy, bourg du pays des Grisons, dans la ligue de la Maison-Dieu & dans la communauté de Pergell. Ce bourg est célébre dans le pays, pour être l'ancienne résidence de la noble maison de Salis. On voit dans l'église les tombeaux de quelques feigneurs de cette maison. * Etat & Délices de la Suisse, t. 4, p.55. SOGNO, (comté de) seconde province du royaume de Congo, dans l'Ethiopie occidentale. Il s'étend sur les bords de la mer, & est borné du côté du nord par le Zaire: Tome V. Gggg 1 : l'Ambrisi le sépare du duché de Bamba du côté du midi : il a la mer à l'ouest, & les seigneuries de Pango & Sundi à l'orient. Sa ville capitale, ou Bauza-Sogno, eft à trois lieues du cap Padron, & à une & demie de Pinda, autre ville située sur un bras du Zaire. Cette ville est des plus médiocres & peu peuplée. La seule chose qui la rend confi. dérable, est une église que les capucins y trouverent en 1645, lorsque la congrégation de la Propagande jugea à propos de les y envoyer pour suppléer aux missionnaires féculiers & réguliers qui y manquoient presque entierement. Cette église leur parut d'une très grande antiquité ; ils crurent qu'elle avoit été bâtie vers l'an 1482, lorsque les Portugais découvrirent ce pays, s'y établirent & y precherent la foi. Et ce qui est plus digne d'admiration, c'est qu'elle ait subisté depuis un si grand nombre d'années, quoiqu'elle soit simplement bâtie de bois, avec des murailles de clayonage, couverte grossiérement de terre grasse. * Labat, Relation de l'Ethiopie occidentale, t. 1, p. 27 & suiv. Le terrein de cette province est sec & fablonneux; & sans la grande quantité de sel qu'on y recueille aisement sur les bords de la mer, les revenus du comte seroient trèsmédiocres. Le terrein est propre pour les différentes espèces de palmier, que l'Afrique produit: car on a remarqué que les lieux les plus maigres & les plus fecs font les meilleurs pour ces arbres. C'est des palmiers que les habitans de Sogno tirent la meilleure partie de leur subsistance: d'une maniere pourtant qui les réduiroit à une disette continuelle, si le commerce qu'ils font à l'embouchure du Zaire ne leur fournissoit les provisions de bouche dont ils ont besoin. Mais il faut avouer que leur frugalité est une grande refsource pour eux. Ils sont si accoutumés à la disette, que les Européens ne peuvent assez s'étonner qu'ils puissent vivre; & qu'au milieu des horreurs presque continuelles de la faim, ils soient gais & toujours dans les danses & dans les chanfons, comme les gens du monde les plus à leur aise: aussi sont-ils sans aucune inquiétude du jour suivant. Le comte de Sogno a un grand nombre de vaslaux & de tributaires, entre lesquels le marquis de Chiona tient le premier rang. C'est une province considérable, voisine des pays appellés anciennement Monbalassi ou Monbelasingi, qui prétendent avoir certains priviléges & immunités, pour la conservation desquels ils ont continuellement les armes à la main. Le comté de Sogno fut la porte par laquelle l'évangile entra dans le royaume de Congo. Le seigneur de Sogno fut le premier qui se convertit & qui reçut le baptême. Son exemple fut suivi de tout son peuple, du roi même, qui pour lui marquer sa reconnoiffance, augmenta ses états de trente lieues de longueur, & de dix en largeur. Les comtes successeurs de ce premier chrétien, ne se continrent pas dans ces bornes; ils travaillerent de toutes leurs forces à agrandir leurs états, en vinrent à bout: se rendirent à la fin fi puissans, qu'ils oferent même s'élever contre leur roi; ils remporterent sur lui des victoires fréquentes & signalées. Cela n'empêche pas qu'on ne doive dire à leur louange, qu'ils ont conservé la foi dans une pureté qu'on ne remarque point dans le reste du royaume. La piété de ces princes se remarque dans le soin qu'ils ont eu d'élever des églises au vrai Dieu. Il y en a trois dans la Bauza de Sogno, capitale du comté. La premiere est dans l'enceinte du palais du comte: elle eft dédiée à la Sainte Vierge. La seconde est à quelque distance du palais: c'est dans celle-ci où l'on enterre. La troisiéme est dédiée à Saint Antoine de Padoue: elle est accompagnée d'un couvent qui sert d'hospice aux capucins. Outre ces trois églises, qui font regardées comme les principales, il y en a beaucoup d'autres répandues dans tout le pays, n'y ayant point de foua ou gouverneur qui ne soit obligé d'entretenir une chapelle dans le lieu principal de son gouvernement. SOGOCARA, ville de la grande Arménie, selon le manuscrit de Ptolomée, 1.5, 6.13, conservé dans la bibliotheque palatine. Le texte grec porte Zogocara. Prolomée diftingue deux villes de ce nom, qu'il place toutes deux dans le même pays. SOGOR, peuple d'Afie: Nicephore Callifte, 1. 18, c. 30, dit qu'ils habitoient fur le bord du Til. Voyez SoGOR & ZOARA. SOGOSTEDES. Voyez SINGUS. SOGRONA, ville de l'Amérique méridionale au Perou, dans l'audience de Quito; les Espagnols l'avoient bâtie dans le pays des Xibares, dans la vue de les foumettre à la foi. On en avoit tenté plusieurs fois la converfion, & toujours inutilement. C'est un peuple naturellement féroce & inhumain, qui habite des montagnes inacceffibles. Les Espagnols ne purent tenir contre les cruautés qu'exerçoient ces infidéles, & ils furent contraints de ruiner la ville qu'ils avoient bâtie. * Lettres édifiantes, t. 12, p. 254. SOGUT, bourgade des états du Turc, en Afie, dans l'Anatolie, à deux cents cinquante stades de la mer Noire, felon Chalcondyle. On tient que la famille des Ottomans est sortie de cette bourgade, qui se nommoit anciennement Itra, & qui étoit de la grande Phrygie. SOHAM, bourg d'Angleterre, dans la province de Cambridge. On y tient marché public. * Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 1. SOHAN. Voyez TANIS. SOHHAR, ville de l'Arabie heureuse. Elle est ruinée. Une partie seulement appellée Oman, eft habitée & abondante en palmiers & en fruits. Le pays d'Oman est chaud à l'excès selon Alfahah. Sohhard est la capitale de ce pays, du côté qu'il est contigu à Hegiaz ou aux montagnes ; & Wiwam est la capitale d'Oman du côté que ce pays touche le rivage de la mer. Il est marqué dans Allebab qu'Oman est sur la côte maritime au detlus de Bosrah; & dans Alazizy qu'Oinan est une ville fameuse avec un bon port où abordent journellement les vaisseaux des pays des Indes, de la Chine, de Zanguebar; & que son château eft appellé Sohhar. Il n'y a point dans le sein Persique de ville plus importante qu'Oman: son district est d'environ trois cents parafanges: c'est le pays des Azides, ou d'Alared. * Abulfeda, Description de l'Arabie heureuse. SOHREVEREDE, ville de la Perse : Tavernier, voyage de Perse, 1. 3, dit que les géographes du pays la marquent à 73d 36' de longitude, sous les 36ds' de lati tude. SOIGNIES, ville des Pays-Bas, dans le Hainaut, au comté de Mons, entre la ville de ce nom & Braine-leComte. Cette petite ville située sur la riviere de Senne, à trois lieues de Mons, à quatre de Binche, & à sept de Bruxelle, tire, à ce qu'on croit, son nom des Senones, peuples de la Gaule Celtique, qui vinrent s'y établir. Elle est nommée Sonegia dans les anciens titres; & c'est de Sonegia qu'on a fait Soignies. Il y avoit autrefois à Soignies un monastere de l'ordre de Saint Benoît, bâti vers l'an 650, par S. Vincent dit Maaldegaire, mari de Ste. Vaudru, qui du consentement de son époux se retira dans une folitude, où la ville de Mons a été bâtie depuis. Vincent se fit religieux dans l'abbaye de Haumont de Maubeuge. Il vint ensuite demeurer dans son monastère de Soignies, où il mourut vers l'an 670. L'église que nous y voyons est présentement fous son invocation, quoique saint Vincent, lorsqu'il la fit bâtir, l'eut mise sous l'invocation de saint Pierre. On y conserve dans de belles châsses d'argent les reliques de saint Vincent & celles de son fils Landry, évêque de Metz. Les Huns ayant détruit vers l'an 960 ce monastère & ses dépendances, saint Brunon, archevêque de Cologne & duc de Lorraine, le fit rebâtir & fermer de murailles en 965.11 changea le monastère en chapitre féculier, où il ya présentement un prévôt, un doyen, un trésorier & trente chanoines. Le chapitre a droit de conférer, à quelqu'un des Musiciens de l'église, la troifiéme prébende qui vient à vaquer. Il est seigneur spirituel & temporel du lieu, & confere la charge de bailli de Soignies. On voit encore dans cette ville un couvent de capucins établi en 1616, un couvent de fœurs grifes, & un hôpital desservi par des religieuses. Les peres de l'oratoire y ont une maison depuis l'an 1629, & ils commencerent en 1709 à y enseigner les humanités. Il y a près de cette ville une forêt qu'on appelle foré de Soignies. Elle a plus de sept lieues de circuit, & sa coupe est de cent arpens tous les ans. SOINES, lieu dont parle S. Athanase, t. 2, dans fon épître, à ceux qui menent la vie folitaire, & où il dir que Hieraces & Dioscorus furent envoyés en exil, & condamnés à y travailler aux carrieres. Ortelius, Thes. foupçonne que ce lieu étoit en Egypte. SOISSONIA Voyez SOISSONS & AUGUSTA SUESSIO NUM. SOISSONNOIS , pays de France. Il faisoit partie de la province de Picardie; mais il en a été démembré, pour etre uni au gouvernement militaire de l'isle de France. Ce pays est borné au septentrion par le Laonnois, à l'orient par la Champagne, au midi par la Brie & à l'accident par le Valois. Il comprend une partie du terrein qu'occupoient anciennement les Suessiones, dont Céfar fait une mention honorable dans ses commentaires. Il a depuis suivi le sort de Soissons sa capitale. Il est fort abondant en grains, en prairies & en bois. Outre sa capitale, il comprend deux autres villes, qui font Vefly & Braîne. Il n'a guères de rivieres considérables que l'Aisne & la Veele. SOISSONS (Noviodunum Suessionum, Augusta Suessionum, & Sueffiones) ville de France, fur la riviere d'Aisne, à vingt-deux lienes de Paris. Elle est dans un vallon agréable & fertile, situation qui fait voir qu'elle n'occupe pas le même terrein que l'ancienne cité des Suessiones, dont le nom, par sa terminaison en dunum, montre qu'elle étoit fur une hauteur. A demi-lieue de Soiffons est une montagne avec un village, qui portent le nom de Noyan; & ce nom qui doit s'être formé de Noviodunum, semble indiquer l'ancienne fituation de cette ville, comme le pense l'abbé Lebœuf, Differt., fur le Soiffonnois. Il soupçonne avec affez de raifon, que lorsque les Sueffiones se furent polis sous la domination des Romains, ils abandonnerent la montagne, & bâtirent dans le vallon une nouvelle ville, dans une fituation plas commode & plus agréable. Jusqu'au géographe Sanfon, presque tous les gens de lettres vouloient que Noviodumum Sueffionum fur Noyon, que les modernes traduisent abusivement en latin par Noviodunum; mais dont l'ancien & véritable nom est Noviomagas Veromanduorum. Les Veromandui étoient un peuple différent des Sueffiones, dont ils étoient voisins. Lorsque Célar eût fait lever le siége de Bibrax, ville des Rhémois, & qu'il eut battu les Belges, qu'il avoit empêché de paffer la riviere d'Aisne, il partit des environs de Rheims ou de Fismes, & prit la route de Beauvais, fit paffer fon armée sur les frontieres des Suessiones, voisins des Rhémois, & marcha droit à la ville Noviodunum, qu'il essaya d'emporter d'assaut, fur ce qu'on lui disoit, qu'elle n'avoir perfonne pour la défendre. Poftridie ejus diei (du jour qu'il avoit défait les Belges) Cafar priusquam se hoftes ex pavore as fuga reciperent, in fines Suessionum, qui proximi Rhemis erant, exercitum duxit; & magno itinere confecto, ad oppidum Noviodunum contendit. Id ex itinere oppugnare conatus, quod vacuum ab defenforibus esse audiebat: mais fon projet échoua, parce que pendant la nuit les Sueffiones accoururent de toutes parts s'enfermer dans la ville : Interim omnis ex fuga Suessionum multitudo in oppidum proxima nocte convenit. Célar le prépara donc à faire le siège de Noviodunum ; mais ceux de dedans la place, effrayés de la grandeur & de la promptitude des préparatifs des Romains, envoyerent proposer de se rendre, & les ambassadeurs des Rhémois, demanderent à César qu'il conservât cette ville. Il reçut les Sueffiones à composition, les désarma, prit en Ôtages les principaux de la cité, & les enfans même du roi Galba, & mena son armée contre ceux de Beauvais. Galli magnitudine operum, & celeritate Romanorum permoti, legatos ad Cæfarem de deditione mittunt, & petentibus Rhemis ut confervarentur, impetrant. Cafar obfidibus acceptis, primis civitatis atque ipfius Galba regis filiis, armisque omnibus ex oppido traditis, in deditionem accepit, exercitum que in Bellovacos duxit. Or dans le chemin que César fit pour se rendre d'auprès de Bibrax, dans les pays de ceux de Beauvais (Bellovacorum,) on rencontre Soiffons & nullement Noyon. Dans les itinéraires de l'Empire, qui nous restent, on trouve fur cette route Augusta Sueffionum, qui est la même chose que Noviodunum ; & Noviomagas Veromanduorum se trouve dans une autre route. Tout ce que Céfar dit, ne peut donc convenir qu'à Soiffons, & l'on voit que Noviodunum étoit l'Oppidum, le bourg, la place forte, le lieu d'assemblée des Sueffiones, & la résidence de leurs rois. pag. 56. Longuerue, Description de la France. Du tems d'Auguste, cette ville quitta son nom gaulois de Noviodunum, pour prendre celui d'AUGUSTA; & peutêtre fut-ce à l'occasion de ce que les Suessiones abandonnerent alors la montagne, pour bâtir sur l'Aisne, vers l'embouchure de la Crise, la ville, qui subsiste aujourd'hui. * Cafar de Bel. Gall. 1. 8, c. 6. Samson, Remarq. fur la carte de l'ancienne Gaule. Ad. Valois, Notit. Gall. Au tems de la ruine de l'Empire dans les Gaules, Soisfons fut comme la capitale de la seconde Belgique. Les comtes Ægidius & Siagrius, gouverneurs de cette province, faifoient leur résidence dans cette ville; & nos histoires les qualifient comtes ou rois de Soiflons. Ce fut après la prise de cette ville, que Clovis se vit en état de devenir maître absolu de la partie des Gaules, où les François s'étoient établis. Après la mort de ce prince, les états ayant été partagés par ses quatre fils, Clotaire, qui en étoit un, établit sa résidence à Soiffons; comme fit depuis son fils Chilperic, lorsque la monarchie françoise eut été de nouveau partagée en quatre, après la mort de Clotaire I. Depuis le regne de Clotaire II, fils de Chilperic, la ville de Soiffons obéit aux rois de Neustrie; & l'on voit dans Grégoire de Tours, 1.5, 6. 4, & dans les gestes des François, 6. 30 & 36, que cette ville & fon territoire étoient alors séparées de la Champagne. Les empereurs romains y avoient cu un palais; & c'est apparemment pourquoi les gouverneurs de la seconde Belgique l'avoient choisi pour leur séjour. Nos rois de la premiere race y firent bâtir un château, flanqué de grosses tours rondes & maffives. On a beaucoup de leurs chartes datées de ce château. Il y en avoit un autre hors de la ville, appellé le château de Crouy, dont il ne reste plus que des ruines, qui font connoître qu'il étoit grand & magnifique. C'est dans l'enceinte de ce château que fut bâtie l'abbaye de faint Médard. Nos rois y demeuroient. Sous la seconde race, Pepin, Carloman, & Raoul, ufurpateur de la couronne fur Charles le Simple, furent sacrés dans cette ville, qui demeura à Charles le Chauve, roi de la France occidentale, & à ses successeurs. Ce fut sous ceux-ci, dans le dixiéme siècle, que les ducs & les comtes acheverent de se rendre propriétaires de leurs gouvernemens; que Giflebert, fils d'Heribert, comte de Vermandois, étoit comte propriétaire de Soiffons, sous le regne de Louis d'Outremer. Cent ans après, ce comté tomba en quenouille, & fut porté dans la maison de Nefle de Picardie, d'où il passa auffi, par un mariage, à la maison de Chastillon de Blois : mais Guy de Chastillon le vendit à Angueran, seigneur de Coucy. De la maison de Coucy, il palia à celle de Bar, & de celle de Bar à celle de Luxembourg, dont l'héritiere Marie fut mariée à François de Bourbon, comte de Vendôme. Mais précédemment une partie de ce comté avoit été vendue par Marie de Coucy à Louis I, duc d'Orléans, en 1404. Elle fut réunie à la couronne par des lettres de Charles IX en 1 566. A l'égard de l'autre portion, elle fut donnée en partage au prince de Condé, duc de Bourbon, dont le petit-fils Henri vendit, l'an 1630, ses droits à Charles de Bourbon, qui portoit déja le titre de comte de Soissons, sans en avoir la propriété : & la sœur de ce comte, tué à la bataille de Sedan, étant devenue son héritiere, & ayant époufé Thomas de Savoye, prince de Carignan, donna à ses enfans & descendans le titre de comte de Soiffons. Soissons a un pont de pierre sur la riviere d'Aisne, entre la ville & le fauxbourg de Saint-Vast. Elle est assez grande, mais mal peuplée. Il s'y fait un grand commerce de bled. * Piganiol, Description de la France, t. 3, p. 73. Daus l'église de l'abbaye de Notre-Dame, on remarque deux tombeaux de marbre. Ils font antiques, & ont chacun environ cinq ou fix pieds de longueur, & trois de hauteur. L'un est orné sur le côté d'une vigne chargée de feuillages & de raisins. Au milieu, il y a un cercle, dans lequel sont ces trois caracteres, A.-R-.. & au milieu de chaque côté du cercle est une flèche ou un javelot. Sur l'extrémité qui regarde l'autel est un amas en rond de feuilles longues & pointues, & à côté des épics de froment. Sur l'autre extrémité est le Chrift grec, & une vigne sans feuillages, mais chargée de grapes. Le second est orné de cinq représentations, dont la premiere est un baptême ; la seconde une femme suppliante; la troifiéme une croix, deux 1 1 foldats, une couronne de laurier, trois colombes, le Christ grec; la quatriéme un fuppliant; la cinquième des perYonnes qui se désalterent. A l'extrémité, qui regarde l'autel, on voit un fourneau ardent, & deux hommes qui se donnent les mains; un troisieme, qu'on ne voit pas est enfermé dans le mur. A l'autre extrémité, il y a un homme nud dans une foffe, & un lion. Ces tombeaux étoient hors de l'ancienne église, à la place de laquelle celle de l'abbaye a été bâtie, & il y a beaucoup d'apparence qu'ils ont été élevés sous les enfans de Constantin, ou sous quelque prince suivant. La tradition du pays veut que ces deux monumens ayent été érigés, l'un pour saint Derofin ou Draufin, évêque de Soiffons, & l'autre pour saint Voué, confelseur. Cette tradition est sans fondement ; & jusqu'à présent on n'a rien trouvé qui fasse connoître pour qui ces tombeaux ont été construits. L'église de Soiffons reconnoît saint Sixte pour fon premier évêque. J'ai déja dit que l'évêque est le premier suffragant de Rheims, & a droit de sacrer les rois de France, quand le fiége métropolitain de Rheims est vacant: mais il ne peut faire ni cette cérémonie, ni aucune fonction ecclésiastique, dans le diocèse de Rheims, qu'avec la permisfion du chapitre métropolitain, à qui la jurisdiction est dèvolue durant la vacance. Le revenu de l'évêché de SoisMons n'étoit autrefois que d'environ fix ou sept mille livres; mais il a été augmenté d'autant par l'union de la manse abbatiale de faint Valfery, & vaut à présent vingt-deux mille livres. L'église cathédrale est dédiée à S. Gervais & à faint Protais. Son chapitre étoit composé d'un prévôt, d'un doyen, d'un chantre, de quatre archidiacres, d'un trésorier, d'un écolâtre, & de soixante chanoines, dont le revenu étoit environ de huit cents livres; mais depuis qu'on a éteint onze prébendes, & toutes les chapelles, à l'exception de celle de saint Jean, qu'on a réuni à la cure des fonds qui font dans ladite église, les canonicats valent aujourd'hui environ quinze cents livres. Outre la cathédrale, il y a encore trois collégiales dans Soitions; savoir, faint Pierre, faint Vaft, & Notre-Dame des Vignes. Dans l'étendue du diocèse, on compte quatre cents quarante rante paroifles, & vingt trois abbayes, tant d'hommes que de filles. L'abbaye de Notre Dame, qui est de filles, de l'ordre de faint Benoît, fut fondée en 658 par Ebrouin, maire du palais, & Teutrade sa femme. On y conferve les corps des saints Crepin & Crepinien, apôtres de la ville, & qu'on y transporta dans le seiziéme fiécle, pour être garants de la fureur des huguenots. Cette abbaye vaut soixante mille liv. Soiffons a un bailliage & un siége présidial, un bureau des finances, une jurisdiction des juges confuls, une maréchauffée, une maîtrise des eaux & forêts, & cinq ou fix jurisdictions des seigneurs qui ont leur censive dans la ville, comme l'évêque, l'abbesse de Notre Dame & autres. Le bailli eft d'épée, & le présidial a été établi par édit du mois de septembre 1695. Il y avoit anciennement une prévôté royale à Soiffons; mais elle a été unie au bailliage provincial, pour ce qui regarde la justice civile & criminelle contentieuse. Il y a aussi une mairie, qui connoît de ce qui concerne la police. Le bureau des finances de Soissons fut établi en 1696.* Piganiol, p. 31. Il y a dans cette ville une académie, qui commença à se former dès 1650, par quelques gens qui s'assembloient pour conférer de leurs études. Iis demanderent en 1657 d'être érigés en académie par lettres-patentes: leur demande leur fut accordée; mais les lettres-patentes ne furent expédice qu'en juin 1674: elles furent enregistrées le 27 de juin 1675. Elle est composée de quarante académiciens, & affiliée à l'académie françoise, du corps de laquelle elle est obligée de se choisir un protecteur, & à qui elle envoye tous les ans pour tribut une piéce ou de prose ou de vers. L'académie françoise admet les académiciens de Soissons dans ses assemblées publiques & particulieres; leur y donne séance, & leur demande leur avis, comme à ceux qui la composent. Le corps de la devise de l'académie de Soiffons est un aiglon, qui, à la fuite d'une aigle, s'étéve vers le foleil, avec ce mot, par allusion à sa qualité de fille de l'académie françoise: Maternis aufibus audax. SOITA, ville de la grande Arménie, selon Ptolomée, 1.6,0 13. SOKO, royaume d'Afrique, sur la côte d'Or, à l'est de celui de Ningo, & s'étend jusqu'à la riviere de Volta. Les Européens le fréquentent rarement: on fait que les habitans font beaucoup adonnés à la pêche, & au soin de leurs troupeaux. * Smith, Côte de Guinée. SOLAIRES. Corneille, Dict. qui cite le Fevre, théâtre de la Turquie, dit: peuples de la Mésopotamie & des environs. Ils ont eu ce nom, à cause qu'on tient qu'ils adorent le soleil. On les appelle autrement Chamfi. On croit qu'ils font neuf ou dix mille de cette secte. Ils s'aflemblent dans des lieux fouterreins, & fort éloignés des villes, fans avoir ni églises ni temples, & traitent de la matiere de leur religion dans ces assemblées, mais avec tant de fecret, qu'il a été impoflible jusqu'à présent d'en rien découvrir. Ceux même qui ont embrasse le chriftianisme, ont gardé le filence là-dessus, dans la crainte d'être assassinés par les autres, s'ils apprenoient qu'ils eussent parlé, la résolution en ayant été prise parmi eux. Il y a quelques années que les bachas du grand seigneur, voulant faire examiner si la religion de ces Solaires, qui n'en faisoient aucun acte public, pouvoit être soufferte dans l'empire Ottoman, ordonnerent qu'ils déclareroient en quoi elle consistoit, & cela les obligea de se joindre aux Syriens ou Jacobites, sans qu'ils voulussent pourtant observer les pratiques des chrétiens; mais ils ont continué depuis à s'assembler en secret. SOLAIZE, village de France, dans le Dauphiné, diocèse de Vienne, à moitié chemin de Vienne à Lyon, proche Saint-Syphorin d'Ozon. C'est le lieu où les troupes se reposoient, en allant d'une ville à l'autre, d'où lui est venu le nom latin de Solatium. On voit encore une ancienne colonne militaire, dont il est fait mention à la fin du biblioth. Floriacenfis, & fur laquelle on peut consulter le mercure de mars 1731. SOLANA, ville de la Sérique: c'est Ptolomée, l. 6, c. 16, qui en parle. SOLANE, petite riviere de France, dans le Limousin. Elle se joint à la Courrese ou Couraise aux murailles de Tulle. * Corn. Dict. SOLANIDÆ INSULE. Pline, 1.6, 6.28, met des ifles de ce nom sur la côte orientale de l'Arabie heureuse. SOLANTO, ville de Sicile, dans le val de Mazzara, sur la côte septentrionale, entre Palerme & Termini. On la nommoit anciennement Solus ou Soluntam. Elle a un port sujet au nord-eft, & où l'on charge force grains. Cette ville n'est plus aujourd'hui qu'un bourg, situé à l'orient septentrional de Monte Alfano. De l'Isle, Atlas, appelle ce bourg le fort de Solanto. SOLARIUS-PONS, pont d'Italie. Paul Diacre, 6, Longob. dit que les Lombards combattirent sur ce pont contre les Toscans, pour la défense du pape; mais il y a apparence qu'il faut lire Salarius, au lieu de Solarius. Voyez SALARIUS. SOLBAZAR, bourgade de la Turquie, en Afie, dans l'Anatolie, à une petite distance du Madre. C'est l'ancienne HALONE. Voyez ce mot. SOLCANUM, village de France, dans la Touraine. Il en est fait mention dans la vie de saint Leger. SOLCETANI. Voyez SOLCI. SOLCI. Ptolomée, 1.3, 0.3, marque un port de ce nom sur la côte méridionale de l'isle de Sardaigne, entre Pupulum & Chersonnesus; & dans le même quartier, il met un peuple nommé Solcetani ou Solcitani. Strabon, 1.5, P. 224, & Pomponius Mela, 1.2, 0.7, parlent de la ville; mais au lieu de Solci, ils écrivent Sulchi. Le dernier dit qu'elle étoit très-ancienne. Etienne le géographe différe de ces auteurs pour l'ortographe de ce mot, car il écrit Sylti, en quoi il s'accorde en quelque façon avec Pline, dans lequel les habitans de cette ville font nommés Sylcitani. Claudien fuit l'ortographe de Strabon & de Pomponius Mela, & il dit, avec quelques autres auteurs, que cette ville avoit été fondée par les Carthaginois : Pars adit antiquâ ductos Carthagine Sulchos. Il y en a qui veulent que le nom moderne soit Solo. Pline, 1.3,0.7, met encore dans l'isle de Sardaigne un promontoire, appellé Sulcenfe, & ce promontoire avoit pris fon nom de la ville Sulchi; c'est à présent Punta dell'Ulga, selon le pere Hardouin. Cette ville n'existe plus. Son évêché a été transféré à Iglesias. Voyez ce mot. : |