parties, qui sont en dedans ou aux extrémités. La RÉGION INTÉRIEURE est la partie la plus engagée dans les terres de cette même région : La région extérieure est la partie la plus dégagée, & comme au dehors des terres de cette même région. Ainsi la partie de l'Afrique qui se trouve la plus engagée dans ses terres, se nomme AFRIQUE INTÉRIEURE; & celle qui est la plus dégagée, & comme séparée de ses terres, s'appelle AFRIQUE EXTÉRIEURE. La grandeur respective d'une RÉGION à l'autre la fait encore diviser en GRANDE & en PETITE, comme quand on divise l'Asie en Afie majeure & en Afie mineure, & la Tartarie en grande & en petite. L'antiquité & la nouveauté de la poffeffion, & encore la nouvelle découverte de quelque région, l'ont fait diviser en VIEILLE & en NOUVELLE. C'est ainsi que les Espagnols ont appellé VIEILLE la partie de la Castille qu'ils ont reconquise sur les Maures, & NOUVELLE celle qu'ils n'ont eue que depuis: de même le Méxique se divise en VIEUX & en NOUVEAU. C'est encore ainsi que Quivira fut nommé la nouvelle Albion par François Drach, &c. Enfin les RÉGIONS, selon les parties du ciel, vers lesquelles elles sont situées l'une à l'égard de l'autre, font Septentrionales, Méridionales, Orientales & Occidentales. Ainsi la Jutlande en Dannemarc se trouve divisée en Nord Jutland & en Sud Jutland, c'est-à-dire, en septentrionale & méridionale. La Gothlande en Suéde est divisée en Ostro-Gothlande, en Westro-Gothlande & en Sud-Gothlande, c'est-à-dire, en orientale, occidentale & méridionale. Il y a des Régions, comme dit Sanson, qui sont appellées orientales & occidentales non pour être ainsi situées l'une à l'égard de l'autre, mais par le rapport qu'elles ont avec quelqu'autre région qui se trouve entre deux. Telles font les Indes orientales & les Indes occidentales à l'égard de l'Europe. Dans la topographie le mot de région est en usage pour fignifier les différens quartiers d'une ville, comme dans Rome qui étoit divisée en quatre régions. REGIS MONS, lieu aux confins de la Pannonie & de l'Italie, & où Paul Diacre, 1.2, Longobard. c.7, dit que l'on nourrissoit des bœufs sauvages. Lazius, Respub. Rom. 12, place ce lieu sur la route qui conduit de Petovio dans la Carniole; il ajoute qu'on le nomme préfentement Vogel, & qu'il y avoit encore un château qu'on appelloit Kunigs-berg, qui signifie la même chose que Regis mons. REGIS VILLA, lieu d'Italie, dans la Toscane. Strabon, 1. 5 p. 225, le marque entre Coffa & Ostie, sur la côte de la mer. Il dit que la tradition du pays vouloit que c'eut été autrefois le palais royal de Maleotus Pelasgien, qui ayant demeuré dans ce lien avec les Pelasgiens qui s'y étoient établis, étoit paffé de là à Athenes. Voyez REGE. REGIUM, ville de la Rhétie, felon l'itineraire d'Antonin, qui la marque entre Augufta & Abufina, à vingtquatre milles de la premiere & à vingt milles de la feconde. Au lieu de Regium, quelques manuscrits portent Reginum. 1. REGIUM. Voyez RHEGIUM & AUGUSTA TIBERII. 2. REGIUM APATOS, REGIUM YERICHO, REGIUM LIVAS, REGIUM GADARON. Ce font quatre fiéges épiscopaux, que la notice du patriarchat de Jerusalem met sous la métropole de Césarée, sur la côte de la Palestine. 3. REGIUM FLUMEN. Voyez BASILIUM. 4. REGLE (la) Regula, abbaye de filles en France de l'ordre de saint Benoit, dans le Limousin, & dans la ville de Limoges. Voyez LIMOGES. REGNI, peuples de la grande Bretagne : Ptolomée, 1. 2, c. 3, les place au midi des Attrebatii & des Cantii. On croit qu'ils habitoient le Surrey. REGNIPOLIS. Voyez RATISBONNE. REGNITZ, ou REDNITZ. Voyez REDNITZ. REGNUM, ville de la grande Bretagne. L'itineraire d'Antonin, Iter. 7, la met à quatre-vingt-seize milles de Londres. On croit que c'est présentement Rinewood. Thomas Gale soupçonne que c'étoit une colonie venue de la ville Regium ou Reginum dans la Rhetie. Les habitans de cette ville & de son territoire sont appellés KEGNI par Ptolomée. Voyez REGNI. REGNY, paroisse de France, dans la Bourgogne, ati diocèse d'Autun, recette de Charolles. Elle est située fur la riviere de l'Arroux, & il y a un pont pour aller à l'église. Dans les grandes eaux, cette riviere porte bateau l'espace de deux lieues, jusqu'à la Loire. Les hameaux qui dépendent de cette paroisse sont Avali, Vernay, la Vesure, le bois de Tremblay, les Billeaux, le Montausans; le Grenot & Villegier en dépendent aussi ; mais ces lieux sont du Charollois. REGTLES, ifle de l'Irlande, dans la province d'Ulster, au comté de Dunnegal, dans le lac de Dirg ou Derg. Nicolas Wischer, dans sa carte de l'Irlande, nomme cette ifle REGLES; les habitans du pays l'appellent Ellano Frugactory, c'est-à-dire, l'ifle du Purgatoire. Il y avoit dans cette isle, près du monastère, une grotte étroite, taillée dans le roc, tout-à-fait obscure, fans fenêtres, de la hauteur d'un homme un peu grand, & qui pouvoit contenir cinq ou fix personnes. La renonimée vouloit que ceux qui entroient dans cette grotte y eussent des visions pleines d'horreur, qu'ils y vissent des fantômes épouvantables, & que cela eût été accordé aux prieres de S. Patrice, pour our convaincre les incrédules de l'immortalité de l'ame & des peines d'une autre vie. Ce purgatoire de S. Patrice ne subsiste plus. La grotte fut entierement ruinée lorsqu'on chassa les moines du monastère. * Corn. Dict. REGULBIUM, ville de la grande Bretagne, sur la côte appellée Littus Saxonicum. C'est la notice des dignités de l'empire, sect. 52, qui en fait mention. Le nom moderne, felon Guil. Cambden, Britannia, est Reculuer, dans la province de Kent, à l'embouchure de la Tamise. REGULIACA VILLA, lieu de France, sur l'Aisne, selon Ortelius, Thefaur. qui cite la vie de S. Vaft. REGUSIO, lieu de l'Italie Cispadane. L'itinéraire d'Antonin le marque sur la route de Milan à Arles, en prenant par les alpes Cottiennes, entre Fines & Ad-Martis, à trentetrois milles du premier de ces lieux, & à seize milles du second. Quelques géographes prétendent qu'il y a faute dans cet endroit de l'itinéraire, & qu'au lieu de Regufio il faut lire Segufio. REGUSTRON, ville de la Gaule Narbonnoise, selon l'itinéraire d'Antonin, qui la met sur la route de la Galice entte Alamontes & Alaunium, à seize milles du premier de ces lieux, & à vingt-quatre milles du second. Quelques manuscrits, au lieu de Regustron, portent Secufteron, leçon qu'Ortelius, Thefaur. feroit tenté de préférer à la premiere, aujourd'hui Sisteron. REHBURG, petite ville d'Allemagne, avec seigneurie de même nom, dans la principauté de Calenberg, à quatre milles d'Hanover, près d'un lac appellé le SteinhuederMeer. Cette petite ville n'a qu'une porte. Zeyler, Top. ducat. Brunswic, p. 113. REHIMENA, contrée de la Perside, selon Ammien Marcellin, 1. 25, c. 7. Accurse lit RHESINA, pour REHIM HIMENA. Voyez RHESINA. REHMAN OU REMAN, lieu fortifié par les Romains, dans la Mésopotamie, à ce qu'il paroît par un passage d'Ammien Marcellin, 1. 18, c. 10. On croit que c'est le même lieu dont parle Ezechiel, , C. 27, V. 22. L'Hébreu lit RAEMA, & la vulgate REMA. REI OU REI CHEHRIAR, ville d'Afie, dans l'Yrac-Agemi, ou l'Hyrcanie de Perse, environ à cinq journées de Nischabourg. Elle est située à 35d 35' de latitude, & à 70d de longitude. Cette ville fut affiégée en 1221, par les Mogols. Elle promettoit une vigoureuse défense, mais les Mogols l'eurent à bon marché ; elle étoit alors divisée en deux factions; l'une suivoit les dogmes d'Abouhanifa, un des quatre docteurs qui font les chefs des quatre sectes prétendues orthodoxes dans le mahométisme; & l'autre étoit attachée aux sentimens du docteur Schafay. Si tôt que l'armée mogole parut, , le cadi de la ville, qui étoit du dernier parti, fut au-devant avec les principaux de sa secte, & offrit de rendre la place de la part de tous les sectateurs schafaïtes. Le général de l'armée accepta l'offre, & promit d'épargner tous ceux de leur croyance. Par ce moyen il entra dans la ville par deux portes, dont la faction de Schafay étoit maîtreffe. Comme l'autre parti s'étoit fortifié, il fit quelque résistance, plûtôt par la haine qu'il avoit pour les Schafaïtes, que pour les Mogols mêmes. Ils furent bien-tôt forcés, & presque tous mis à mort. Ainsi il périt en cette occasion la moitié des habitans de Rei, Petit de la Croix, Hist, du grand Genghizean, 1.3, C. 9. REJAUMONT, forêt de France, dans le Languedoc, élection de Montauban. C'est une forêt de chênes en hauts taillis, propres seulement à brûler: elle ne contient que trois cents arpens. 1. REICHENBACH, petite ville d'Allemagne, dans la Silésie, & dans la principauté de Sweidniz, vers les frontieres de Bohême. Elle est située sur une riviere de même nom. En 1633, elle fut prise par Schaffgotsch, colonel des Impériaux, après une vive défense qui lui avoit couté trois cents hommes. Il la mit au pillage, & fit passer les habitans au fil de l'épée. * Zeyler, Topogr. Silefiæ, p. 174. 2. REICHENBACH, ville d'Allemagne, dans le Voigtland, sur le chemin d'Altenbourg à Olnitz & Eger. Elle est à un mille de Werda, à deux de Plawen, & à trois d'Olnitz. Cette ville appartient à l'électeur de Saxe, & elle est fort renommée par son grand commerce. * Zeyler, Topogr. Saxon. p. 157. Hubner, Geogr. 3. REICHENBACH, abbaye d'hommes, ordre de saint Benoît, dans la basse Baviere. REICHENBERG, château d'Allemagne, dans le pays du landgrave de Hesse, sur une montagne. Il fut bâti par Guillaume III, comte de Cazenelnbogen en 1270. Les troupes françoises se saisirent de ce château l'année 1639; mais le commandant hefsfois de Rheinfels le reprit la même année. * Zeyler, Top. Haffiæ, p. 67. REICHENFELS, bourg d'Allemagne, dans la Carinthie, avec château. Ce bourg est fort considérable, & appartient à l'évêque de Bamberg. * Zeyler, Top. Carinthiæ, p. 102. REICHENAW, Augia dives, ifle du lac de Constance, au fud de la presqu'ifle qu'elle forme. Elle a environ une lieue d'étendue du fud-est au nord oueft, & moitié moins de largeur. S. Pirmin fonda en 724, dans cette isle, située au couchant de Constance, un célébre monastère sous la regle de S. Benoît, & en fut le premier abbé: les rois de France l'enrichirent par leurs bienfaits. Ses abbés avoient féance aux dietes de l'Empire, parmi ceux du cercle de Souabe, & ils devinrent fi puissants, qu'ils comptoient cinq cents gentils hommes parmi leurs vassaux. Les évêques de Constance la firent unir à leur manse épiscopale, en 1540, & ils en jouiflent encore, désorte que cette abbaye, où il n'y a qu'une douzaine de moines, n'a plus rien de considérable. L'Empereur Charles le gros est inhumé dans l'église de cette abbaye. REICHENSTEIN, petite ville d'Allemagne, dans la Silésie, à deux milles de Glatz, & à quatre de Neisse. Elle appartenoit autrefois aux ducs de Munsterberg, puis à la famille de Rosenberg, qui la rendit en 1599 à Joachim Frédéric, duc de Lignitz & de Brieg. Il y a autour de cette ville des mines très-fameuses, & entre autres une mine d'or, appellée l'Ane d'Or. En 1542, elle perdit seize cents habitans par la peste, & ce malheur fut attribué aux fortiléges d'un fossoyeur, qui fut brûlé. * Zeyler, Topogr. Silefiæ. REICHENWEYER ou REICHENVEYLER, ville de France, dans l'Alface, au-dessous de Keysersberg. Elle fut environnée de murailles l'an 1291, par les soins des seigneurs de Harburg ou Horburg, dont les fuccefleurs Walther & Burckhart de Horburg la vendirent en 1324, avec diverses autres seigneuries à Ulric, comte de Wurtenberg. * Zeyler, Topogr. Alfat. p. 413. REICHERSBERG, petite ville d'Allemagne, dans la Baviere, à deux milles de Scharding, sur la riviere d'In. REICHERSHOFFEN, bourg d'Allemagne, dans la Baviere, sur la riviere de Par, à deux milles d'Ingolstadt. REICHSHOFEN ou REITHOFEN, petite ville de la basse Alface, située dans le voisinage de Haguenaw. Elle appartint autrefois à l'électeur Palatin, ensuite à la famille d'Ochsenstein, & depuis aux comtes Hanaw. Munsterus dit que cette ville située dans la seigneurie de Lichtenberg, avoit été de fon tems aux comtes de Blitsch, qui l'avoient eue de la famille d'Ochsenstein, & l'avoient laissée aux la seigneurie de Groningue, à l'embouchure de l'Ems, a deux grandes lieues au-dessus de Delfzuyl. * Dict. géogr. des Pays-Bas. REIDERLAND, petite contrée d'Allemagne, dans la Westphalie, & qui fait partie du comté d'Embden. Elle est renfermée entre l'Emland, la riviere d'Ems, le Dollert & le marais de Bortange. Cette contrée étoit autrefois plus grande qu'elle n'est présentement. Il y en eut une moitié d'engloutie le 25 décembre 1277, par l'inondation de la Mer. Le bourg de Wener est le principal lieu de cette contrée. REIFFENBERG, château d'Allemagne, dans le landgraviat de Helle-Caslel. Il est bâti sur une montagne, & fortifié. Cronberg & Konigstein n'en font qu'à un mille : ce châ teau, de même que le bourg qui est situé au pied de la montagne, appartient à une famille du même nom. * Zeyler, Topogr. Halliæ, p. 67. REIFFERSCHEID, petite ville d'Allemagne, avec château, dans le cercle du bas-Rhin, au pays appellé Eiffel, près de Mandercheid. Les comtes de Reifferscheid en por tent le nom.. REIFFNIZ OU REIFFNICZ, bourg & château d'Allemagne, dans la Carniole, dans la Windisch-Marck. Il apparte noit autrefois aux comtes de Kifl; mais à présent ce bourg & ses dépendances sont possédées par la famille de Trigler. En 1480, les Turcs ayant pénétré jusqu'à ce bourg, brûlerent, pillerent & ravagerent toute cette contrée. * Zeyler, Top. Carniæ, p. 129. REIGELSBERG, petite ville d'Allemagne, dans la Franconie, entre les bourgs de Rieds & d'Aab, Zeyler, Top. Franconiæ, p. 74. REILLAC-XAINTRIE, bourg de France, dans le Limousin, élection de Tulles. On y comte environ sept cents habitans. REILLANE, petite ville de France, dans la Provence, viguerie d'Aix, avec titre de vicomté. Il n'y a guères plus de cinq cents habitans: elle ne laisse pas néanmoins d'avoir entrée aux assemblées de la province. Il y a un couvent de cordeliers qui est fort ancien. Reillane n'est point dans la viguerie d'Aix, mais dans celle de Forcalquier. REILLANETTE, bourg de France, dans le Dauphiné, avec un château. Ce bourg est inaccessible de tous côtés, & fortifié de plusieurs bastions. La plaine peut fournir du bois & du bled pour la garnison. REIMBECK ou REYNEBECK, bailliage du duché de Holstein, dans la Stormarie. Il a pris fon nom d'un village situé au dessous de Bergersdorff, près de la riviere de Bille, entre Hambourg & Tritow. Il y avoit autrefois dans ce lieu un monastère fondé par le comte Alfonse, qui embrassa la vie religieuse. Dans la suite ce monastère fut donné à des religieuses, qui en 1530, le cederent volontairenment avec ses dépendances à Frédéric, roi de Danemarck & duc de Holstein. Elles quitterent alors la vie religieuse, & firent cette démarche, après un grand festin, dans lequel elles casserent les vîtres & briserent les meubles, suivant le rapport d'Helvaderus. * Hermanid, Descr. Dan. p. 1047. Zeyler, Topogr. Holsat. Sylva, Chronolog. REIMS. Voyez RHEIMS. REIN, Rana, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, en Allemagne, dans la basle Stirie, au diocèse de Seckau, à cinq lieues au nord-ouest de Gratz. REINECK OU RINECK, petite ville d'Allemagne, dans la Franconie, avec château. Elle est située sur la riviere de Sal, à cinq milles de Wurtzbourg, & à neuf de Hanaw. Le château appartient à l'électeur de Mayence, & la ville au comte de Hanaw. Zeyler, Topogr. Francon. comtes de Deux-Ponts, & qu'enfuite Jacques, comte de Deux-que, que ce monastère fut fondé en 1186, par Adolphe, Ponts, l'avoit donnée en fief, sous de certaines conditions, à l'évêché de Strasbourg, dont les évêques ont eu beaucoup de disputes sur ce sujet; mais en 1633, cette ville avec le château de Reichshofen, fut contrainte de se rendre à discrétion à Chrétien, comte palatin, de la ligne de Birckenfeld. * Zeyler, Topogr. Alfaciæ, p. 44. REIDÉ OU REID-SCHANS, forteresse des Pays-Bas, dans comte de Holstein, & que Jean, comte de Holstein, y fut enterré en 1264. Plusieurs autres princes de cette maison y ont aussi été inhumés. Le continuateur anonyme d'Helmod dit qu'Adolphe I comte de Holstein, fonda ce monastère. Cela ne se peut. Adolphe I ne posseda point la Wagrie. * Zeyler, Topogr. Sax. inf. p. 201. Hermanid, Descr. Daniæ, p. 1011. REINFREW, ville du royaume d'Ecoffe, & le cheflieu d'une baronnie de même nom, fituée au nord-est de la province de Cunnigham. La ville est bâtie sur le bord de la Clyde, & elle donne le titre de baron au prince d'Ecosse. * Etat présent de la gr. Bret. t. 2, p. 259. REINHARTSBRUNN OU REINHARTSBORN, abbaye d'Allemagne, dans la Turinge, entre Tennenberg & Géorgenthal, près du bois de Thuringe. Elle fut fondée par Louis II, comte de Doringe, surnommé le Sauteur, qui ayant tué Frédéric, comte palatin de Saxe, & épousé Ta veuve, bâtit cette abbaye en 1085, pour y faire pénitence. Il y mourut en 1124, âgé de 73 ans. Sa femme fit bâtir de fon douaire un monastère appellé Oldersleben, où elle finit pareillement ses jours. Une chronique de Thuringe, dit que l'abbaye de Rheinhartsbrun tire fon nom d'un fayencier, nommé Rheinhart, qui habitoit dans le bois près d'une fontaine très-profonde. * Zeyler, Topogr. Turingiæ. REINHAUSEN, château d'Allemagne, au duché de Brunswig, dans la principauté de Calemberg, au voisinage de la ville de Gottingen. * Zeyler, Top. ducat. Brunsw. p. 133. REINHERS, petite ville d'Allemagne, dans la Silésie, au comté de Glatz. Elle eft située à sept milles du cheflieu de ce comté, sur la route de Bohême. * Zeyler, Top. Bohem. REINSBURGH OU REINSBOURG, village des Pays-Bas, dans le Rheinland, à une grande lieue de Leyde, près de Carwick-op-Rhin. Il dépendoit autrefois d'une célébre abbaye, que Théodore & Florent, tous deux comtes de Hollande, y avoient fondée successivement, aussi-bien que la comtesse Peronnelle & une dame de la maison de Saxe. On les voit peints dans une vitre de l'église, chacun selon son ordre. Les états de Hollande possédent aujourd'hui cette abbaye, dans laquelle il y avoit autrefois des religieuses nommées dames, à cause que leur abbelle étoit dame spirituelle & temporelle de ce lieu, avec droit de justice haute, moyenne & bafle, & qu'on n'y recevoit aucune fille qui ne fut d'une noblesse très-ancienne. Elles ne faifoient ordinairement profession qu'après avoir passé plufieurs années dans ce monastère, parce que quelque tems qu'il y eut qu'elles fussent religieuses, elles pouvoient fortir & se matier, tant qu'elles n'avoient point fait profeffion. On faisoit de grandes aumônes dans cette abbaye trois fois la semaine ; & chaque jour de distribution, il s'y assembloit jusqu'à deux mille personnes. Outre les tombeaux des fondateurs, on en voit dans cette église qui sont magnifiques: ce sont des tombeaux de comtesses & d'autres seigneurs de Hollande. * Corn. Dict. Guichardin, Descr. des Pays-Bas. REINSTEIN, château d'Allemagne, dans l'évêché d'Halberstat, & chef-lieu d'un comté, dont le domaine a été réuni à la principauté d'Halberstat, dont il étoit mouvant, par l'extinction de la race des comtes. REITENHESLAC, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, dans la haute Baviere, au diocèse de Saltzbourg. REIPERSWEILER, petite ville de France, dans l'Alface. Elle appartient à la famille de Lichtenberg, qui y a fon tombeau. REIPOLTSKIRCK, seigneurie d'Allemagne, dans le palatinat du Rhin, au duché de Deux-Ponts. Le cheflieu qui lui donne le nom, est situé à deux lieues de Lautereck. * Hubner, Geogr. REISCHBACH ou REISPACH, bourg d'Allemagne, dans la bafle Baviere, & dans la régence de Landshut, avec une seigneurie de même nom. REISHOFFEN, petite ville de France, dans la basse Alface, dans le bailliage d'Oberbronne : elle n'a qu'environ fix cents habitans. REITE, grand bourg d'Allemagne, dans le Tyrol, aux confins de la Suabe, à un quart de mille du château d'Ehrenberg. * Zeyler, Topogr. com. Tyrol. p. 153. RELANGÉS, lieu du duché de Lorraine, au diocèse de Toul, office de Darney. Son église paroissiale est sous le vocable de l'assomption de Notre-Dame. Le prieur du lieu qui en est aussi seigneur, est patron de la cure: le curé perçoit la moitié de la grosse & menue dixme, le sacrisrain de Relanges a l'autre moitié. Le prieuté de Relanges est sous le titre de faint Pierre. Il dépend de l'abbaye de clumi, de l'ordre de faint Benoît. Ce prieuré a été fondé au treiziéme siécle, par Thierri de Lorraine, seigneur du Châtelet. Il est en commande, & fon revenu est de mille livres; la facristie est un office en titre, qui a quelques revenus. Le prieur est patron de plusieurs cures: il est seigneur de Relanges, de Vivier-le-Gras, d'Ische, de Nonville, Dombale, They-fous-Montfort, Etrenne & Bouzanville. RELAY, (le) prieuré de France, dans la Touraine diocèse de Tours. Il est de l'ordre de fontevrault. 2 RELECQ, RESTES OU LES RELEC : en latin NoftraDomina de Reliquiis ou de Reliquiis Abbatia: abbaye de France, dans la Bretagne, au diocèse de S. Pol de Léon, à la source d'une petite riviere, à trois lieues & demie audeslus de Morlai. Cette abbaye, qui se trouve aux confins des diocèses de saint Pol de Léon, de Treguier & de Quimper, dans un vallon, est de l'ordre de citeaux. Elle fut fondée pour des religieux le 12 des calendes d'août 1132. C'est un pélerinage très-célébre dans le pays: elle vaut douze mille livres de rente à l'abbé. Au-dessus du vallon, où cette abbaye est située, il y a une grande forêt. RELIAC, bourg de France, dans le Quercy, au diocèle de Cahors, élection de Figeac. Il n'a pas trois cents habitans. RELIQUE, abbaye de France, dans la Bretagne. Voyez RELECQ. REMAGEN, bourgade d'Allemagne, au duché de Juliers, sur la rive gauche du Rhin, environ à deux lieues au-dessous de Bonn. * Jaillot, Atlas. REMATA, lieu de Sicile, selon Ortelius, Thefaur. qui cite Cédrène. REMBERVILLE OU REMBERVILLIERS, petite ville de France, au diocèse de Toul, & le chef-lieu d'une châtellenie du temporel de l'évêché de Metz. Cette ville a ap partenu autrefois à des seigneurs particuliers, de qui Etienne de Bar, évêque de Metz, l'acquit en 1120. Ce prélat la fit entourer de murailles, & y fit construire une forteresse pour sa défense. La cure est à la collation de l'abbé de Senones. La paroisse est dédiée à S. Libaire. Il y a plusieurs chapelles rentées, un hôpital, un monastère de bénédictines du saint Sacrement, & un couvent de capucins. REMEN, bourg d'Allemagne, dans la Westphalie, au confluent du Weser & de la Verne, en latin Rema. Henri de Herforden, 1. 2, 6.69, prétend que Charlemagne fit bâtir une église dans ce lieu, & qu'il lui donna le nom de Rema, par imitation de celui de la ville de Rheims en France. Monument. Paderborn. p. 101. Il y auroit affez d'apparence à cela, Charlemagne ayant donné des noms françois à plusieurs endroits de l'Allemagne. Cependant si l'on examine la chose de près, on ne conviendra pas qu'il soit l'auteur du nom Rema, qui étoit connu avant que ce prince fût au monde. Il seroit plus naturel d'attribuer l'origine de ce nom à quelqu'un des rois de France, ses prédécesseurs, qui firent la guerre contre les Allemands. REMERVILLE, ville de France, dans le pays Messin, recette de Metz. La paroisse est dédiée à la nativité de Notre-Dame, & la cure est à la collation du chapitre de Brixei. L'évêque de Metz est seigneur de cette petite ville, par le moyen de l'échange qui en a été faite avec le duc de Lorraine, pour Massal. La terre de Courbefault, qui dépend de cette paroisse, est de la souveraineté de Lorraine. REM-HORMOUS, ville de Perse, selon Tavernier, 1.3, qui la met à 74d 45' de longitude, & à 314 45' de latitude. Les Persans disent que c'est dans cette ville que naquit Salomon, pere nourricier d'Aly, gendre de Mahomet. REMI Ou RHEMI, peuples de la Gaule belgique. La derniere ortographe est aujourd'hui la plus commune, & la premiere étoit plus usitée chez les anciens. Les itinéraires romains, & les notices de l'Empire, lisent Remi, auffibien qu'une ancienne inscription conservée dans le trésor de Gruter, p. 158, no. 1. CIVITATI SUÆ REMORUM. LES peuples Remi étoient regardés du tems de César, comme les plus considérables après les Ædui: Eo tum statu res erat (in Gallia) ut longe principes haberentur Ædui; fecundum locum dignitatis Rhemi obtinebant. Ce peuple, qui comprenoit du tems de' César, tout ce qui est présentement sous les diocèses de Rheims, de Châlons & de Laon, avoit encore compris auparavant le pays qui forme le diocèse de Soiffons: c'est pour cela que dans Céfar, ceux de Rheinis appellent ceux de Soiffons: Fratres confanguineosque suos, qui eodem jure iisdemque legibus utantur, unum imperium, unumque magistratum cum ipfis habeant. D'où il est aisé de juger que ceux de Soiffons avoient fait autrefois partie de la cité des Rhemois. La capitale de ces derniers étoit Durotortorum, aujourd'hui Rheims. Voyez DUROCORTORUM & RHEIMS. * Sanfson, Reinarq. fur la carte de l'ancienne Gaule. REMIGNY, paroisse de France, dans la Bourgogne, au bailliage de Châlon. Eile est située sur le penchant d'une petite montagne qui la couvre au foleil levant, & elle est bornée par la riviere d'Heune, au couchant. Il y a un pont sur cette riviere. Quant au pays ce sont montagnes & vignes. 1. REMILLI OU REMILLI EN ALBANOIS. Voyez Ru MILLY. 2. REMILLI, bourgade de France, au pays Messin, recette de Metz, & qui n'a qu'environ deux cents cinquante habitans. Remilli est un des plus anciens domaines de l'église de Metz. Lorsque dans le douziéme fiécle plusieurs feigneurs ufurperent les terres de l'évêché, Remilli seul ne fut point démembré de la manse épiscopale, dont il fait encore partie aujourd'hui. Remilli avoit été donné en fief au comte Linange, dans le treiziéme siécle; mais le comte ayant pris les armes contre l'évêque Bouchard d'Avennes, il fut vaincu, & pour sa felonie perdit Remilli, qui fut réuni au domaine de l'évêché; & le cointe fut outre cela privé de l'avouerie de saint Avod, qui fut donnée ensuite au comte de Sarburg. Dans le fiécle suivant, le ban de Remilli fut encore donné en fief au comte Sauvage, dont il reconnut l'évêque Renaud de Bar l'an 1306.* Longuerue, Descr. de la France, p. 169. 3. REMILLI, baronnie de France, dans la Normandie, élection de Coûtances. 4. REMILLI, paroisse de France, dans le Nivernois, élection de Nevers, sur le bord de la riviere d'Alaine, à trois lieues de la ville de Luzy. Plusieurs petits villages, ou hameaux dépendent de cette paroisse, qui est située les deux tiers en plaine. Ce sont terres à seigle & avoine. Il y a des foins suffisamment pour la nourriture des beftiaux. Les pacages font en bois, & il peut y en avoir autour de quatre cents arpens. Il y a aussi des futayes, plusieurs étangs, & quelques vignes. La petite chartreuse d'Aponay est située dans cette paroisse, dont les religieux de ce monastere sont seigneurs. REMIREMONT, petite ville du duché de Lorraine, au diocèse de Toul, sur la Moselle, à quatre lieues audessus d'Epinal. C'est le lieu le plus célébre de toute la Vosge, à cause de l'illustre chapitre des dames chanoinesses très-nobles, qui occupent l'église & collége de faint Pierre. Cette ville est aujourd'hui dans une vallée, sur la rive gauche de la Moselle; autrefois elle étoit à l'orient de la Moselle, fur une montagne, où saint Romaric avoit en propre un château nommé HABEND, où il fonda des monasteres pour des moines & des religieuses qui suivoient l'institut de saint Colomban, comme il étoit pratiqué à Luxeul en Bourgogne. Ce lieu s'appelle aujourd'hui le SAINT MONT, à cause qu'il a été habité par un grand nombre de saints. Saint Amé fut le premier abbé des moines qui avoient deux oratoires, & Macteflede, abbesse des religieuses qui en avoient sept. Il y avoit dans les neuf oratoires neuf chœurs de personnes sacrées, qui chantoient les louanges de Dieu, & qui imitoient les neufs chœurs des Anges.* Longuerue, Descr. de la France, part. 2, p. 149. Ce lieu fut ruiné jusqu'aux fondemens, dans le commencement du neuvième siècle, par les Hongrois ou les nouveaux Huns. On bâtit ensuite une nouvelle église dans la plaine, de l'autre côté de la Moselle, dans une situation qui n'étoit pas incommode, comme celle du Saint Mont. Les bénédictins veulent que les filles que l'on établit dans cette nouvelle maison ayant été des religieuses de l'ordre, & les chanoinesses soutiennent qu'elles n'en ont jamais éré depuis la fondation de la nouvelle maison de saint Pierre, & que c'est à elles & en leur considération que les papes ont accordé de si grands priviléges, avec une exemption entiere de la jurisdiction de l'ordinaire. Remiremont, qu'on appelle un des quatre hôpitaux de Lorraine, étoit un collége impérial, dont les empereurs ont donné, il y a long-tems, l'avouerie aux ducs de Lorraine, qui en ont pris l'investiture jusqu'au duc Charles IV, qui la reçut l'an 1627, de l'empereur Ferdinand II. Car dans la patente on a marqué l'avouerie de la ville de Toul, & celle du monaftere de Remiremont, advotatia monasterii in Rumelsberg, Tullenfis diœcefis. Les Allemands appellent Remiremont, RUMELSBERG OU ROMBERG, c'est-à-dire le mont de Romaric, d'où est venu le nom de ROMARIMONT corrompu en REMIREMONT. Le Saint Mont, après avoir été long-tems défert & abandonné, fut occupé par des chanoines réguliers de saint Augustin: ils y ont demeuré jusqu'à l'an 1623, qu'ils l'ont cédé aux moines de la congregation de saint Vannes. L'abbaye de Remiremont est gouvernée par une abbelle, une doyenne & une secrète ou facristine, dont les fonctions & les manses sont séparées. Tout le revenu de cette abbaye est partagé en cent quarante-quatre prébendes, dont l'abbesse en poslede trente-fix. Vingt neuf autres font partagées entre douze chapelains, le grand sénéchal, le grand fonrier ou maître des bois, & quelques autres officiers qui font tous gens de qualité, & qui en retirent très-peu de profit. Les soixante-dix-neuf prébendes qui restent; se partagent entre les chanoinesses, qui font rangées sous vingt une compagnies. De ces compagnies il y en a cinq de cinq chanoinesses chacune, huit de quatre, fix de trois, & deux de deux. Chaque chanoinesle est aprébendée sur l'une de ces compagnies, & regarde les autres comme ses compagnes de prébende. Si elles viennent à mourir sans avoir aprébendé une demoiselle, la furvivante fuccede à leurs meubles & à leurs prébendes; enforte cependant qu'une dame qui se trouve seule dans tune compagnie de cinq est obligée d'apréhender trois demoiselles, l'une sur les deux premieres prébendes, l'autre fur les deux d'après, & la troifiéme fur celle qui refte. La survivante d'une compagnie de quatre ou de trois doit faire deux niéces ; & celle d'une compagnie de deux n'en doit faire qu'une. Si elles y manquent, l'abbelse y pourvoit après un certain délai. Par ce moyen le chœur eft toujours rempli d'environ quarante dames, & le service s'y fait avec beaucoup de régularité. Elles n'ont ni vœux ni clôture. L'abbesse est pourtant obligée par les statuts de faire les vœux solemnels de religion, à moins qu'elle n'obtienne dispense du pape, & les officiers doivent seulement faire des vœux simples. Les chanoinesses touchent leurs diftributions au chœur, comme les chanoines. Le revenu de l'abbesse est d'environ quinze mille livres.* Piganiol, Descr. de la France, t. 7, p. 363. L'abbeffe de Remiremont use de cette formule: Je N. par la grace de Dieu, humble abbesse de l'église de Saint Pierre de Remiremont de l'ordre de Saint Benoît, diocèse de Toul, immédiatement soumise au faint fiége apostolique. C'est pourquoi la ville de Remiremont porte pour armes les clefs de saint Pierre. Elle est princefle du saint empire; & en cette qualité elle se fait servir avec toutes les cérémonies princieres; privilége accordé en l'an 1090, à l'abbesse Félicie de Lore, & confirmé par l'empereur Albert I, de la maison d'Autriche, en la personne de Clémence d'Oyselet, au mois d'avril de l'année 1307. Quand cette abbesse va à l'offrande ou à la procession, sa dame d'honneur porte la queue de son manteau, & fon fénéchal porte te la crosse devant elle. Le diacre & le sous-diacre la vont prendre à sa chaise abbatiale pour la mener à l'of frande, puis la reconduisent à sa place, & lui apportent l'évangile, le corporal, & la paix à baifer. .. L'abbesse est seule haute justiciere en la franche chambre, & mairie de Celles, & dans les mairies de Rehaupaux & de Chandray. Elle a seule haute, baffe & moyenne justice sur les sujets de la Grange de les Remiremont, & droit de leur imposer taille à volonté. Elle a le quart de toutes les dixmes de son église. Elle est pour la moitié, contre le chapitre & la dame fonriere, haute, moyenne & balle justiciere en la ville, fauxbourg & finage de Remiremont. Elle a la moitié aux poids & aux mesures, le quart en la pêche des fossés de la ville, & le quart à tous les droits d'entrée, outre plusieurs amendes, rentes en argent, pain, vin, huile, agneaux, chapons, poules, œufs, cire, sel & bois. En cas de vacance, elle confére en tous mois la demi-prébende de saint André, qui doit fournir le 4 charbon que l'on met en hyver dans l'église, & dans la facristie de faint Pierre; celle du sépulchre, la chapelle de faint Servais, comme aussi les douze canonicats servans. Elle fuccede aux prébendes des dames qui n'ont ni nieces ni compagnes, & à leurs biens, si elles n'en ont pas dispofé par testament. Elle hérite aussi du maître de l'hôpital de Remiremont, s'il meurt fans tester; mais en će cas elle est chargée des dettes de la succession. Au reste cet officier ne peut tester sans son confentement. Tous les ans, le jeudi d'après la Notre-Dame de décembre, elle tient son plaid folemnel accompagnée de toutes les dames chanoineffes, excepté la doyenne, du grand prévôt & du fénéchal. Et ce plaid se benit par le doyen de la justice ordinaire de Remiremont, en ces termes : Je benis le plaid de madame de par Dieu & de par faint Pierre. Toutes les sentences qui interviennent sur les causes plaidées devant l'abbesse, sont signées de sa main & commencent par cette formule : Vû par nous dame abbesse de Remiremont. Toutes les ordonnances se font pareillement en fon nom dans tous les lieux dépendans de sa crosse. Quand les voix sont miparties dans le chapitre, & qu'elle y eft préfente, le côté dont elle est, emporte la balance. Ses mandemens à ses maires & à ses autres officiers finisfent par ces mots: De par madame. Elle fait faire les montres & les revues des bourgeois en armes par son sénéchal, qui n'obéit qu'à elle. Aufsi ne fait-il point ses preuves en chapitre, mais seulement à l'abbeffe. En tems de guerre ce sénéchal garde les clefs de la ville, donne le mot qu'il reçoit d'elle ou de la dame chanoinesse, sa lieutenante en fon absence. Dans les proceffions il porte une épée pour marque de l'autorité qu'il tient d'elle. Lorsqu'elle s'absente de la ville, elle y établit pour lieutenante une dame de prébende, ou une dame niece, dont elle peut changer autant de fois qu'elle s'absente. Alors l'abbesse ne peut plus rien ordonner du lieu où elle est, sa lieutenante ayant l'exercice absolu de la jurisdiction de la croffe, pour tout ce qui concerne la manse abbatiale, mais non pour les aprébendemens, ni pour les permissions de s'abfenter, & de tefter, qui sont de la jurisdiction de la doyenne, de la dame secrete, ou de la plus ancienne chanoinesse en l'abfence de la dame abbesse. Le jour de Noël, l'abbesse doit pour étrennes dix-huit livres neuf gros au chapitre, deux écus sols à la doyenne, & la collation à toutes les chanoinesses à certains jours de l'année. Quand elle est préserte au chœur, c'est à elle que se doivent présenter les demoiselles qu'on veut aprébender, afin qu'elle les coëffe. Si la dame abbesse est nommée la premiere dans les actes & dans les ordonnances du chapitre, c'est en qualité de chanoinesse aprébendée, & non point comme abbeffe. Et cela est si vrai, que si une abbeffe, par extraordinaire, est élue avant que d'être chanoinetle, elle ne peut entrer ni avoir voix au chapitre, pitre, qu'elle ne se fasse aprébender auparavant. Car sa présence n'est point nécessaire pour la validité des actes qui se font par le chapitre. Et cet usage est conforme à ce qui se pratique envers les évêques qui n'entrent point dans leurs chapi chapelle de saint André, où plusieurs abbesses sont enterrées, selon qu'elle en a ordonné par son teftament. L'anneau avec lequel elle a été bénite, appartient au chanoine de semaine du grand-autel. La doyenne a la même jurisdiction que l'abbesse fur le chœur de l'église de Remirenont, & est juge ordinaire des chanoines & des autres bénéficiers de cette églife, dans l'enceinte du cloître. C'est à elle qu'il faut adreffer les preuves des demoiselles poftulantes, pour les faire examiner par le chapitre : & c'est elle qui prend le ferment des chevaliers qui présentent les preuves de ces poftulantes. Elle a droit de convoquer le chapitre quand il lui plait : elle y préside, prend les voix, prononce les ordonnances capitulaires, & les fait enregistrer par l'écolâtre, dans le livre des statuts, dont elle a la garde. Quand les voix font miparties, la sienne est préponderante, ainsi que celle de l'abbesse lorsqu'elle y assiste. Toutes les actions qui s'intentent en chapitre, soit contre des chanoinesses ou des officiers de l'abbaye, font en fon nom. Les appels interjettés des sentences rendues par la justice ordinaire de Remiremont reffortiffent à fon bufet, où elle est assistée des chanoines. Pendant la semainesainte que les cloches ne sonnent point, c'est à elle à donner le signal pour commencer l'office, en la présence même de l'abbesse. Elle a une clef de la chasse de saint Romeric, une du seau, une autre des armoires où sont les titres de l'abbaye, une du coffre de l'argent, & une du chancel ou chanceau, c'est-à-dire du haut du chœur ainsi appellé à Cancellis, parce qu'il est fermé d'une grille qui s'ouvre pendant l'office. Elle nomme le folliciteur du chapitre & l'écolâtre. Elle met l'infirmiere & les coquerelles, dont la fonction est de garder les dames chanoinesses depuis l'extrême-onction jusqu'à leur enterrement, & elle les destitue quand il y a cause. Ces officieres à leur entrée lui doivent deux écus sols. Elle confere trois ou quatre chapelles, dont elle fait expedier les provisions par l'écolâtre, qui est proprement le secrétaire du chapitre. L'abbesse, le grand prévôt, le grand & le petit chancelier, & le grand fonrier, lui doivent chacun deux écus sols, le premier jour de l'an. Les offrandes du vendredi saint, qui se font en adorant la croix, lui appartiennent. Elle n'asiste point au plaid de l'abbeffe, parce que c'est au chapitre de connoître de toutes les difficultés qui peuvent survenir en ce plaid, foit entre la dame abbeffe, & le grand prévôt; soit entre la bourgeoisie, l'abbeffe & le prévôt. Et fi les chanoinesses y assistent, ce n'est que pour honorer la féance de l'abbesse, ce qui ne tire point à conséquence, attendu qu'elles ne composent point de chapitre en l'absence de la doyenne, qui en est la représentante. Elle est élue par le chapitre comme l'abbesse, mais avec cette différence, que l'abbesse ne peut assister à son élection, au lieu que la doyenne intervient & préside à celle de l'abbesse. Elle est seulement mise en possession par l'abbesse, en son abfence par la dame secrete, qui est la troisiéme dignité de l'abbaye; & en l'absence de la secrete par la plus ancienne chanoinesse. Elle porte le grand couvre chef comme l'abbesse, & a son siege au chœur, vis tres comme évêques, mais comme plus anciens chanoi-à-vis la chaise abbatiale. Quand elle s'absente de la ville, nes, titre attaché à leur dignité épiscopale. Les députés de l'abbaye aux états généraux du pays font nommés conjointement par l'abbeffe, & par le chapitre, e, & ont féance parmi ceux du clergé; mais comme les dames chanoinesles font du corps de l'ancienne chevalerie de Lorraine, elles jouissent également de tous les droits du clergé & de la noblesse. Les hommages que les sujets de l'abbaye rendent à l'église de Remiremont le lundi de la Pentecôte, & celui des quatre grands officiers, qui se rend la veille de la division des apôtres, se reçoivent conjointement par l'abbesse & par le chapitre : & toutes les transactions qui se font avec les ducs de Lorraine, & les autres princes, sont sous le nom de l'abbesse & du chapitre. Quand l'abbeffe meurt, sa succession échoit par moitié au chapitre & à la future abbesse. Dès qu'elle est morte, le chapitre met sa crolle au trésor; son cabinet, ses chambres & fes caffetes sont scellées du seau de la doyenne. Elle est exposée en public revêtue de ses habits de cérémonie, avec une crosse de cire à fon côté. Le jour de fon enterrement, on lui dit trois messes hautes, après quoi elle est portée au cimetiere des dames, ou dans la elle y met une lieutenante, qui doit être du corps du chapitre, soit dame de prébende ou niéce, c'est-à-dire qui attend une prébende vacante. Lorsque la doyenne vient à mourir, les clefs, dont elle avoit la garde, sont commises à une chanoinesse pour les garder jusqu'à ce que l'on ait élu une autre doyenne. La fecrete a la direction de la sacristie, & la décoration de l'église. Elle a trois sacristins qui servent sous elle en titre de bénéficiers, & un clerc qui gouverne la sonnerie; d'où il est appellé le Clocher. Elle administre les revenus qui font affectés à l'achat & à l'entretien des ornemens, des vases, &c. Elle dispose de quatre cures, & donne la permission de dire la messe au chancel aux prêtres, qui ne font pas du corps de l'église de Remiremont. Six ou sept paroisses lui doivent un présent le lundi de la Pentecôte, losqu'elles viennent en procession rendre hoinmage à l'église de saint Pierre de Remiremont. Elle a haute, moyenne, & basse justice en la mairie de Pont, où elle impose taille à volonté une fois l'année. Elle y met le maire, & le peut deftituer quand elle veut. Elle a pareillement justice en la seigneurie de Beffontaine, & de bons revenus en grains, vin, huile, cire, volaille, beurre, fromage, bois, & |