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tre: elle eft remplie d'une eau fort brune, qui fènt l'eau dans laquelle les ferruriers & les forgerons éteignent leur fer. La feconde eft blanchâtre, & a le goût d'alun. La troifiéme eft bleue, & a le goût de vitriol. On dit qu'on y a trouvé des morceaux confidérables de ce minéral. Faute de ligne & de perche, je ne pus melurer la profondeur de ces mares. Elles excédoient la longueur de nos bâtons. Nous vimes enfuite une quantité de petites fources d'eau, qui, en s'uniflant, forment plufieurs rivieres ou torrens. Une de ces rivieres s'appelle la riviere Blanche, parce qu'elle eft fou vent de cette couleur, à caufe des cendres & du foufre qui la couvrent. Elle fe jette dans la riviere de Saint-Louis, & n'aide point à la rendre poiffonneufe, parce que le foufre & les cendres qu'elle y porte font mourir le poiflon. A mesure qu'on s'éloigne de ces terres brûlées, en descendant la montagne, on trouve le pays plus beau. On voit de l'herbe, & des arbres grands & verds. Il femble qu'on tombe dans un autre monde, tant on trouve de différence entre le fommet affreux de cette montagne, tout couvert de pierres calcinées, de cendres & de foufre, & le milieu & le bas que l'on voit couverts d'une agréable verdure, arrofés d'une infinité de ruiffeaux, & cultivés avec tout le foin & l'induftrie poffibles. Nous arrivâmes enfin à l'habitation des religieux de la charité. Le terrein eft petit, mais excellent. Les carmes ont la leur au deffous de celle-ci : leur terrein eft plus grand: mais il manque abfolument de bois à brûler.

SOUPROSE, ville de France, dans la Gascogne, au diocèse d'Acs, élection des Lannes. Cette petite ville eft fi tuée dans des marais, à une demi-lieue de la riviere d'Adour. Cette fituation, dans un lieu marécageux, fait que l'air y eft mal fain, & que fes habitans y vivent peu. On ne lui en donne pas deux mille cinq cents.

1. SOUR. Les Arabes appellent ainfi la ville de Tyr, que les Hébreux prononcent Tfour. C'eft une ville maritime du pays de Scham, ou de Syrie, que les tables arabiques placent fous le 68d 30' de longitude, & fous le 324 40' de latitude feptentrionale, dans le troifiéme climat.* D'Herbelot, Bibl. orient. Voyez TYR.

A trois ou quatre milles de Sour on trouve le puits appellé, dans le cantique des cantiques, Puteus aquarum viventium, le puits des eaux vives. Il eft environ à cinq cents pas de la mer, à l'entrée d'une grande plaine plantée de quelques arbres, & cultivée en quelques endroits de jardins potagers. Il est élevé de la hauteur d'une pique au-deffus de la plaine, & pour y monter il y a des dégrés de pierre, qui font presque tous démolis, & remplis de ronces & d'épines. Lorsqu'on eft monté on trouve au milieu une plate-forme, faite de petit cailloux & de ciment, un grand puits de forme octogone, qui peut avoir quinze ou feize pieds de diametre. Il eft fi plein d'eau, qu'on en peut puifer avec la main. Il eft dangereux d'en approcher de trop près parce qu'il eft fans bord & fans appui. On dit que des curieux ont voulu fonder fa profondeur avec plufieurs charges de cordes apportées fur des chameaux, & qu'on n'en a pu trouver le fond. L'eau en eft très-claire, & elle y eft en telle abondance, qu'il y a deux conduits pour fa décharge : l'un du côté de la mer, & qui fait tourner des moulins à bled: l'autre à l'oppofite, fur un grand aqueduc, bâti de pierres de taille, fort proprement cimenté, & long d'environ deux cents pas; il va le rendre à deux autres puits beaucoup plus petits, mais bien bâtis, auffi de pierres de taille, & de figure carrée, n'ayant pas moins d'eau que l'autre. Cette eau le va répandre, par plufieurs autres petits canaux, dans la plaine, & arrofe les jardins, les prés & les terres, les habitans ayant foin de faire de petites rigoles chacun dans ce qui lui appartient de cette plaine. On tient que cette eau alloit fe rendre dans Tyr, lorsque cette ville étoit dans fon luftre. Les fources en viennent de l'Anti-Liban. Elles rempliffent le plus grand de ces trois puits jusqu'à deux pieds & demi du bord, qu'elle fort par une ouverture de la groffeur de deux hommes (ans jamais tarir. Sur le bord du mur, afin qu'on y puifle être avec plus de fureté, il y a de larges rebords qui en fortent, & s'avancent au-dedans un peu en pente. Ils font fi forts & tellement endurcis, qu'ils font encore presqu'entiers, quoiqu'ils ne foit épais que de quatre doigts.

2. SOUR ou SURE, riviere des Pays-Bas, dans le Lu• xembourg, où elle baigne Esch, d. Dickrigh, g. Moeftroff, d. Echternach, d. & fe joint à la Mofelle entre Tréves & Grevemacheren.* Jaillot, Atlas.

3. SOUR, SORA, riviere de France, dans l'Alface. Elle prend fa fource aux monts de Vosges, près de Phalsbourg, arrofe Saverne & Brumpt, & fe jette dans la Mot

tern.

SOURAN, province limitrophe de celle de Kerman, en tirant vers l'orient. Ces deux provinces appartiennent au roi de Perfe; mais plufieurs auteurs les comprennent dans l'Indoftan. * D'Herbelot, Bibl. or.

SOURBOURG, bourgade de France, dans la baffe Alface, au bailliage de Haguenau, & dans la forêt de ce nom. C'étoit autrefois une abbaye de l'ordre de S. Benoît, qui avoit été fondée par le roi Dagobert. Elle fur fécularifée dans la fuite; & fon chapitre étoit compofé d'un prévôt, d'un doyen, & de douze chanoines. Les troubles de la religion ayant diminué confidérablement les revenus de cette maifon, on les a unis à l'églife paroiffiale de faint Louis de Strasbourg.

SOURCELLES, bourg de France, dans l'Anjou, élection d'Angers, fur le bord de la Loire, avec titre de baronnie, d'où dépendent deux châtellenies.

SOURCHES, marquifat de France, dans le Maine, élection du Mans, dans la paroiffe de S. Symphorien. Cette terre fut érigée en baronnie en faveur d'Honorat Bouchet, fils de François & de Sidoine du Pleffis-Liancourt. Elle fut enfuite érigée en marquifat en faveur de Jean, grand prévôt de France.

1.SOURDEVAL, bourg de France, dans la Normandie, élection de Coutances. Ce bourg eft très-peuplé. 2. SOURDEVAL, bourg de France, au diocèfe d'Avranches, fur la riviere de Sée, un peu au-deffous de fa fource.

1. SOURE, ou RIO DE SOURE, anciennement Ancus, riviere de Portugal, dans l'Eftramadoure. Elle fort du mont Sera de Ancaon, paffe à Soure, & va fe perdre dans le Mondego. * Délices de Portugal, p. 738.

2. SOURE, ville de Portugal, dans l'Eftramadoure, fur une riviere de même nom, à cinq lieues de Coimbre, vers le midi, & à fix lieues de Leyria. Cette ville, où l'on voit un beau palais, & un ancien château, n'a qu'une paroiffe, & quelques couvens de religieux, avec huit cents habitans.

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SOURIE. Voyez SYRIE.

SOURIHHISSAR. Petit de la Croix appelle ainfi une forteretle fituée entre Ancora & Kioutahić.* Hift. de Timur-Bec, L. s, c. so.

SOURIQUOIS, peuples de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France. Ils habitent l'Accadie, & particulierement autour de Port-Royal. Ils font d'une taille médiocre, & de couleur bafanée comme les autres fauvages; ils n'ont point le nez plat comme le refte de ceux qui habitent la Zone Torride. Il n'y a que les principaux qui ayent de la barbe, les autres fe l'arrachent tout-à-fait. Leur nourriture eft de poiffon pendant l'été, & de venailon pendant l'hiver. Avant l'arrivée des François dans leur pays, l'ufage du pain leur étoit inconnu, & ce fut d'eux qu'ils apprirent à fe fervir de bled, de farines & de légumes, dont ils trafiquent pour des peaux. Ils obéiffent à leurs caciques, qu'ils appellent Sagamos, & n'ont nulle forme de religion. Ils révérent fort leurs magiciens & leurs devins, qu'ils nomment Autmoins, & fouvent ils les font caciques. Ils exercent la médecine & la chirurgie, confiderent les parties affectées du malade, qu'ils humectent de leur haleine, & entament quelquefois la veine, afin d'en fucer le fang. Ils ufent presque de la même méthode pour la guérifon des plaies, après quoi ils bandent, ou couvrent la partie bleffée d'une pellicule, tirée des tefticules du caftor. Les malades leur donnent quelques bêtes fauvages, ou quelques peaux, quand ils font guéris. Le langage des Souriquois eft fort différent de celui des Canadiens.* De Laet, Desc. des Indes occidentales. 1. 2, c. 16.

SOURS, bourg de France, dans la Beauce, élection de Chartres, à une lieue de la ville de Chartres.

Alix, comtesse de Blois, fœur de Philippe Augufle, donna en 1292 aux chevaliers du Temple le domaine de Sours. Ce don fat confirmé par le roi en 1193. De là l'o. rigine de la commanderie de Sours, que le nouveau pouiller de Chartres marque être à deux lieures de cette ville. Philippe le Bel donna en 1312 cette maifon aux che valiers de Malthe, lors chevaliers de Jérufalem. La La cure du titre de faint Germain eft à la nomination de l'évê

que.

SOURSAC, bourg de France, dans le Limoufin, élection de Tulles. Il eft bien peuplé.

SOURSAT, bourg de France, dans le Périgord, élection de Périgueux. Ce bourg eft fort confidérable.

1. SOUS, nom commun à plufieurs villes. La plus ancienne eft celle que les hiftoriens de Perfe difent avoir été bâtie par Houschenk, troifiéme roi de Perfe de la premiere dynastie, dite des Pischdiens, dans la province de Khouziftan, ou Sufiane, limitrophe de celle de Fars, qui eft la Perfe proprement dite. * D'Herbelot. Bibliot.

orient.

Cette ville de Sous, que l'on appelle auffi Soufter, Schouschter & Tofler, a été appellée par les anciens Sufe, & étoit la capitale des rois de Perfe, qui y faifoient leur réfidence au tems du prophéte Daniel, felon le rapport du Tariw-Montekheb, lequel affure que l'on y voyoit encore de fon tems le fépulcre de ce prophéte.

Cette ancienne ville s'étant ruinée dans la fuite des tems, fut rétablie par Schabour Ben-Hormouz, roi de la quatriéme dynaftie de Perfe, & fut furnommé alors Khourt, Schabour & Corkh, felon Ebn Batrik.

La feconde ville qui porte le nom de Sous, portant le Turnom d'Alacfa, on en fera le titre fuivant.

2. SOUS-ALACSA, Cette ville de Sous porte le furnom d'Alacfa, à cause qu'elle est située dans la partie la plus occidentale de l'Afrique, qui eft l'extrémité du continent du côté du couchant. Elle eft fituée fur les bords de la mer que les Arabes appellent Almodhallam, obscure, qui eft l'Océan Atlantique, au pied du mont Atlas, fous les 15d 30' de longitude, & fous les 324 de latitude feptentrionale, felon les tables arabiques de Naffireddin & d'Ulugbeg.

Cette ville de Sous, en Mauritanie, a un terroir fertile & abondant en toutes fortes de bons fruits, & porte les plus groffes cannes de fucre que l'on voye ailleurs : l'on dit même que le fucre qu'elle porte eft fi fin, qu'une livre fuffit pour convertir dix livres d'eau en firop.

C'eft auffi dans cette ville, & dans fa dépendance, que l'on fabrique ces riches tapis, que les Arabes appellent Alfouffiah, & que nous nommons tapis de Turquie.

Le géographe Perfien dit, dans fa description du fecond climat, , que cette ville porte auffi le nom de Taroudent, & qu'elle eft bâtie à l'embouchure d'une grande riviere, qui prend fa fource dans la montagne de Lamthah, ou Lamthounah, comme l'appelle le fcherif Al Edriffi. Cette montagne de Lamthah n'eft autre chofe que le mont Atlas, dons lequel il y a auffi une ville qui porte le même nom, à trois journées de la mer Océane.

Ibrahim, Ebn Saïf Schah Alfaifschah, a écrit l'histoire de cette ville fous le titre d'Akhbar Medinat Alfous.

3. SOUS & SOUIS. C'eft la quatrième ville qui s'écrit en Arabe de même que le nom des trois autres; mais nous La nommons ordinairement Suès. Elle eft fituée au fond du golfe Arabique, ou de la mer Rouge, au pied du mont Snia, dont les racines vont jusqu'à cette mer, dans cette partie de l'Arabie que les Arabes appellent Hagiar, & que nous nommons Pierreuse.

Le fultan des Turcs tient ordinairement dans le port de cette ville cinq ou fix galéres, qui font fur tout le trafic de la mer Rouge, allant & venant continuellement de Suès à Giddah, , qui eft le port le plus proche de la Mecque. C'eft pourquoi les Turcs appellent communément cette mer Souis Degnizi, la mer de Suès.

1. SOUSA, province d'Afrique, dans la Barbarie, au royaume de Tunis. Elle comprend les villes de Souza, de Mahométe, d'Héraclie & de Moncfter. * Dapper, Descr. d'Afrique, p. 197.

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2. SOUSA O SUZE, ville d'Afrique, dans la Barbarie, au royaume de Tunis, dans la province à laquelle elle

donne fon nom, & dont elle eft la capitale. Soufa eft entourée de murailles, & a un château aflez fort. On y fait un commerce paffable d'huile, de laine, de cire, & fur-tout de thons, que l'on fait mariner. Il y en a qui croyent que cette ville elt l'Adrumetum des anciens; mais Marmol la prend pour la Siagul de Prolomée. Les Romains la bâtirent fur un rocher, près de la mer, à vingt-cinq milles de Tunis, au-delà du cap de Bon, à l'oppofite de l'ifle de Pantalarée, & plus près de la Sicile qu'aucune ville de l'Afrique. Ce fut près de cette place que le prince Philibert de Savoye fut défait, & qu'un grand nombre de chevaliers de Malthe périrent. Il y a dans Suze un bon port, où les corfaires de Tunis font à l'ancre. Les habitans font affables & civils, quoique la plupart ne foient que des matelots. Les autres font des marchands, qui négocient au Levant & en Turquie. La lie du peuple eft compofée de tifferans, ce pâtres & de potiers. Le gouverneur de la province fait fa réfidence dans cette ville, & les habitans contribuent douze cents ducats pour fon entretien. Le terroir de Souza rapporte de l'orge, des figues, des olives, & il eft fertile en pâturages. Quelques uns mettent dans les dépendances de cette ville les deux ifles qu'on appelle Cumilieres, & deux autres, dont l'une eft nommée Querquenez, & l'autre Gamelére. Toutes ces ifles, felon Sanut, n'en formoient autrefois qu'une, que Ptolomée appelle Cercine. Elle étoit fi près de la terre ferme, qu'il n'y avoit qu'un pont entre deux. Marmol les a fait dépendre de Tripoli.

SOUSMERLAN, riviere de France, dans la Brie. Elle prend fa fource dans l'élection de Châlons, près de Villers-aux Bois, mouille l'abbaye de la Charmoife, Monmor, Mareuil en Brie, Suizi, Orbai, Villiers fur Orbai, le Breuil, Beaunai, Condé, Montruel, Saint-Hugine, Crefanci & Mexi, & fe jette enfuite dans la Marne, à la gauche, entre Dormans & Château-Thierry. C'est Cors neille, Dia. qui donne le nom de cette riviere, fans cirer de garant. De l'Ifle, Atlas, en décrit le cours fans la nommer..

SOUSOS ou SOUSES, peuples d'Afrique, dans la Nigritie. Voyez BENA.

SOUSTHON, petite ville de France, dans la Gascogne, élection des Lannes. On ne lui donne guères plus de trois mille habitans.

SOUSTER ou SUSE, ville très-ancienne de Perfe, capitale du Chufiftan, à trente-quatre lieues fud-oueft d'ls pahan, fur le Caron, l'Eulée des anciens. Voyez Su

SES.

1, SOUTERAINE, (la) petite ville de France, dans le Limoufin, élection de Limoges, à deux lieues de la ville de ce nom. La feigneurie de Souteraine appartient au prévôt eccléfiaftique du lieu.

2. SOUTERAINE, (la) bourg de France, dans la Marche, élection de Gueret.

SOUTERNON; bourg de France, dans le Forez, élection de Routanne.

SOUTHAM, bourg d'Angleterre, dans la province de Warwick. On y tient marché public. * Etat préfent de la

Gr. Bret. t. 1.

SOUTHAMPTON, ville d'Angleterre, dans l'Hantshire, dont elle eft capitale. La riviere d'Itching ayant arrosé Winchester, coule au fud, & formé avec le Teft li baye ou la riviere de Hampton au lieu de Hanton, qui eft fon vrai nom Les anciens nommoient cette baye Claufentum, ce qui, ca langue gauloife, fignifie le canal de Hanton, & c'est de ce nom que la province entiere a été appellée Hantshire. La même baye a donné le nom de South-hanton ou Son+ thampton, à la ville qui eft fituée fur fon rivage, entre les deux rivieres du Teft & de l'Itching, mais plus proche da dernier. Elle a été bâtie des ruines d'une autre ville de même nom, fituée un peu plus haut, aux deux bords de la même riviere, dans l'endroit où l'on voit les deux villages de Sainte-Marie & de Bittern. On y a déterré quantité de médailles ; & l'on a découvert près de Bittern, les ma fures d'un vieux château, qui avoit cinq cents pas de tour. On en voit encore les foffés & quelques pans de murailles, que la marée couvre lorsqu'elle monte. Cette ancienne ville fut presque ruinée par les Danois en 980, mais dans le quatorziéme fiécle, pendant les démêlés d'Edouard III, avec Philippe de Valois, pour la couronne de France, elle fat réduite en cendres par les François, & depuis on ne l'a pas rebâtie. Les habitans conftruifirent une nouvelle ville

dans une fituation plus commode & plus proche de l'eau, & qui conferva le même nom. Cette ville fe peupla, s'agrandit, devint floriffante & riche. On la ferma de bonnes murailles, défendue d'un double foffé. Son port fut muni d'un château, bâti de pierres de taille ; & comme elle étoit la capitale du comté, elle lui donna le nom de Southampton, vulgairement Hantshire. Il fe faifoit autrefois dans cette ville un commerce confidérable; mais il eft diminué. Elle ne laiffe pas d'être encore grande & peuplée, & on y compte cinq paroiffes. Son havre, qui eft affez bon, eft revêtu d'un beau quai. Southampton le gouverne par elle-même. Ce fut dans cette ville que le grand Canut fit cette action fi vantée. Un flateur lui répétant fans ceffe qu'il étoit tout-puiffant, ce prince pour réponse fe fit apporter un fiége au bord de l'eau, dans le tems que la mer montoit; d'autres difent qu'il prit fon manteau, & en fit un peloton, fur lequel s'étant mis, il dit à la mer: Puisque je fuis tout puiffant, & que tu es fous mon empire, je te défends de monter fur mes terres, & de mouiller ni mes pieds ni mes habits. Mais comme l'eau ne laiffoit pas de monter, il te leva brusquement, & dit: Que tous les hommes fachent que tout le pouvoir des rois n'eft rien, & qu'aucun d'eux ne mérite le nom de roi, finon celui qui eft le maître abfolu du ciel, de la terre & de la mer. Depuis ce tems il ne voulut plus porter la couronne fur la tête. La terre de Southampton fut érigée en duché, par le roi Charles II, en faveur de l'aîné de fes fils naturels qu'il avoit eu de la duchefle de Cleveland. * Délices de la Grande Bretagne,

P. 779.

La BAYE DE SOUTHAMPTON ou de HAMPTON, a près de huit milles de longueur, & trois milles de largeur. Elle eft fort droite, & presque fans courbure, s'étendant du nord-onest au fud-eft. Ses côtes occidentales fe terminent par une pointe où l'on a bâti le château de Calshot, fur un rocher avancé, pour défendre l'entrée de la baye. A l'occident de cette baye le pays eft couvert d'une grande & vafte forêt de trente milles de tour, nommée New-Foreft, & anciennement Ithene. Avant le regne de Guillaume le Conquérant, ce quartier étoit habité; mais ce prince le changea en une forêt. Il détruifit pour cet effet trente-fix paroilles qui s'y trouvoient. Son fecond fils Guillaume le Roux, roi d'Angleterre, chaffant dans cette forêt, fut tué par un gentilhomme François, nommé Gauthier Tirell, qui le perça d'une fléche tirée par mégarde, & fon petitfils Richard, fils de Robert fon aîné, pourfuivant une bête avec ardeur, y fut auffi percé d'une fleche par un de fes gentilshommes. Ces deux accidens arriverent en 1100, je fais bien que Cambden & d'autres écrivains rapportent la chofe autrement; mais j'ai donné le fentiment des anciens hiftoriens. Il y en a même quelques-uns qui difent que cette forêt fut faite par Guillaume le Roux, & non par fon pere. Du refte le pays que cette forêt occupe, & tout ce qui est aux environs d'un côté jusqu'à la mer, & de l'autre jusqu'au comté de Dorfet, étoit la demeure des anciens regnes, avant l'invafion des Saxons. Delà vient qu'un bourg ancien, fitué vers l'entrée de la forêt, porte le nom de Regne wood ou Ring-wood, autrefois Rencewed, & du tems des Romains il avoit celui de Regnum. Il eft bâti fur une petite riviere nommée Aven, qui lave la partie orientale de la forêt, & va fe jetter dans la mer, où elle fait un petit port à Chrift-Church. La côte, qui s'étend au midi de la forêt, fut toute ouverte jusqu'au feiziéme fiécle; mais Henri VIII y fit conftruire le château de Hurft, fur une langue de terre avancée, à l'endroit où elle approche le plus de l'ifle de Whigt, & où le trajet eft le plus court & le plus aifé, n'ayant guères plus de deux milles. Ce château eft placé au milieu de la longueur des côtes, à moitié chemin de Chrift-Church, au château de Calshot. Vis-à-vis de Hurst, au nord, eft Lymington, bon bourg, avec un port médiocre, que la marée y fait à la rencontre d'une petite riviere. Une autre riviere qui eft à l'orient de Lymington, mouille les ruines d'un vieux château, où le roi Jean avoit établi un asyle inviolable, à l'Italienne, pour toutes fortes de meurtriers, il eft aboli depuis le changement arrivé dans la religion. A l'orient de l'Itching, une autre riviere nommée Humble ou Hamble, anciennement Homelea, fortant du voisinage d'un bourg appellé Bushwaltham, coule droit au fud, & fejette dans l'Océan, à l'entrée de la baye, par une large embouchure, vis à-vis du château de Calshot. C'eft dans cet endroit que l'on fent tout

à la fois deux marées oppofées. L'Océan pouffé d'un côté de l'oueft à l'eft, & de l'autre de l'eft à l'oueft le long des côtes méridionales de l'Angleterre : ces deux marées oppofées coulent l'une contre l'autre, & fe rencontrent vers l'embouchure du Humble, avec un bruit effroyable. Une autre petite riviere, qui coule auffi du nord au sud, à l'orient du Humble, arrofe un bourg nommé Winckham; & plus avant à l'eft l'Océan, ayant détaché du continent fix ou fept morceaux de terre en fait autant d'ifles, dont les plus confidérables font celle de Portfey, de Halingt & de Thorney.

SOUTHERLAND. Voyez SUTHERLAND.

SOUTH-LOCH. Du côté du nord, la ville d'Edimbourg a pour rempart un petit lac ou étang profond, nommé North-Loch, & autrefois la partie du fud étoit auffi bordée d'un étang tout femblable, nommé SouthLoch; mais il a été deffeché vers le milieu du feizième siècle. Par-là on a donné un peu plus d'étendue à la ville, qui étoit refferrée en cet endroit. Les deux bords de l'étang ont été couverts de deux rangs de belles maifons; & l'étang defféché a été converti en une rue, qu'on a nommée Cowgate. * Délices de la Grande Bretagne, p. 1217.

SOUTH - MINSTER, village d'Angleterte, dans la province d'Effex, dans le territoire de Dangy, vers l'Océan, entre les deux golfes de Blackwater & de Crouch. En 1581 il arriva dans les prairies de Dagny, voisines de ce village, un accident merveilleux. Une multitude effroyable de rats fit un ravage horrible dans ces prairies. Ils ronge rent les herbes & les plantes jusqu'à la racine, & leur impriment le venin de leurs dents; de forte que tout le bétail qui en mangea après eux, en fut empoisonné. Quelques tems après on vit paroître des troupes de hiboux, couverts de plumes de différentes couleurs, qui croquerent tous ces rats fans en laiffer un feul. On ne fait point d'où ces hiboux étoient venus, ni où il retournerent. La même chose arriva encore dans la même province d'Effez en 1648.* Délices de la Grande Bretagne, p. 89.

SOUTH PATERTON, bourg d'Angleterre, dans la province de Sommerfet. Il a droit de marché public. Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 1.

SOUTHWALD, autrement SowoLDE, village d'Angleterre, dans la province de Suffolck. En avançant le long du rivage de l'Océan du nord au fud, on trouve la pointe d'Eafton, qui eft le cap le plus oriental de toute l'Angleterre. Un peu au-deffous de ce cap eft la ville de Southwald, fituée dans un fond bas, fur le rivage de l'Océan, à l'embouchure de la petite riviere de Blith, avec un port médiocre, dont les habitans tirent beaucoup de pro fit. Comme le terrein eft bas, lorsque la marée monte, toute la ville eft entourée d'eau, & on la prendroit pour une ifle. Délices de la Grande Bretagne, p. 92.

SOUTHWARC, ou plus communément SOUDRIK, bourg d'Angleterre, dans la province de Surrey, uni à la ville de Londres par un beau pont fur la Tamife, & incorporé à la ville dont il fait une partie confidérable. De la ville de Londres il faut paffer le pont, ou bien fe faire conduire en bâteau pour voir le bourg de Southwark. Ce bourg eft fi grand, fi beau, fi bien bâti, & fi peuplé, qu'il pafferoit ailleurs pour une fort grande ville, puisqu'on n'y compte pas moins que cinq grandes paroiffes. On y va voir le jardin des ours, où le font les combats des ours & des taureaux avec les dogues. Il s'y trouve une verrerie, où l'on fait d'aflez beau verres, & une boutique de poterie où l'on fait de la porcelaine. Delà on palle dans la paroifle de Lambeth, pour voir le palais des Archevêques de Cantorbery. C'eft un bâtiment antique, conftruit au bord de la Tamife, au-deflus de l'endroit où elle fait un coude, & vis-à-vis du palais de Vestminster. Les archevêques de Cantorbery font ordinairement leur réfidence dans cet endroit, quoique l'air ne paffe pas pour y être fort fain. Ils y ont une riche bibliotheque, qui eft ouverte aux honnêtes gens à de certaines heures. Près de ce palais, on peut aller voir une promenade fort longue & fort agréable, nommée Foxhall. Entre les églifes de Southwarek, la plus belle eft celle de fainte Marie Overy, ou Over Ry, qui étoit anciennement de la dépendance d'un prieuré fondé dans le treiziéme fiècle. Le prieuré fut ruiné par Henri VIII, mais l'églife fut confervée, & en 1540 les bour geois l'acheterent du roi pour en faire une églife paroif

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SOUVENCE'-MONT-DOYEN, baronnie de France, dans le Perche, près de Nogent. Elle a cinquante fiefs dans la mouvance..

1. SOUVIĠNE', bourg de France, dans l'Anjou, élection de la Flèche.

2. SOUVIGNE', bourg de France, dans le Maine, élection du Mans.

1. SOUVIGNY, en latin Silviniacus, ville de France, dans le Bourbonnois, élection de Moulins. On ne compte aujourd'hui dans cette ville qu'environ mille habitans, y compris les baillyes. Elle a une chatellenie qui reffortit à la fénéchauffée de Moulins. Elle eft fituée fur le ruiffeau de Quesne, qui se jette dans l'Allier, à trois lieues de Bourbon l'Archambaud, & à deux de Moulins. C'étoit autrefois la capitale du Bourbonnois. L'histoire de Charlemagne obferve qu'il y fit fes premieres armes dans la guerre du roi Pepin fon pere, contre le duc de Guyenne; qu'il y pafla depuis, & y fit quelque féjour, ainfi qu'à Chancellade, en allant à la guerre d'Espagne. En effet la ville de Souvigny étoit anciennement la réfidence des Sires de Bourbon, auxquels on attribue la fondation d'un prieuré magnifique de l'ordre de faint Benoît. L'églife en eft fort belle. Les fires de Bourbon y avoient leur fépulture; & celle de la branche, d'où eft veue la famille regnante aujourd'hui, eft aux cordeliers du village nommé Champagne, à une lieue de Souvigny. Le prieuré, dont il vient d'être parlé, eft un ancien monastère d'hommes, de l'ordre de Cluny. Ce fut Aimard, ou Ademare, fire de Bourbon, qui par dévotion donna à Cluny la meilleure partie des biens qu'il poffédoit, & en particulier ce lieu de Souvigny, comme on le voit par l'acte authentique de donation, en date de la vingr troifiéme année du regne de Charles le Chauve ; c'est-à-dire, en 863. Cet acte fe trouve dans le chartrier de Cluny, au cinquième fiécle de l'hiftoire des bénédictins, par le pere Mabillon, p. 85. Il paroît premierement par ce titre, qu'avant que ce lieu fut donné à Cluny, il y avoit une églife fous l'invocation de faint Pierre: fecondement qu'il y avoit auparavant un monaftère, dont on trouve plufieurs abbés & fupérieurs. Aymon, feigneur de Bourbon, fils d'Aimard, après la mort de fon pere, voulut revendiquer Souvigny; mais il fe défifta & augmenta même la donation de fon pere. Le prieur de Souvigny eft feigneur d'une partie de la ville, & y excerce la juftice. Le revenu de ce monastère va environ à neuf mille livres. Outre les tombeaux de plufieurs fires de Bourbon, on voit encore à Souvigny ceux des faints Mayol & Odilon, abbés de Cluny.

La baillye d'Enbourg, & la baillye d'Averaud, forment une partie du diftrict de cette ville. Le pays confifte en plaines & en quelques hauteurs, en terres fortes à froment, fé. ves, orge, & avoine d'un bon rapport. Les foins font abondans, les pacages peu étendus, mais bons. On y nourrit du bétail, qui rapporte un profit confidérable. Il y a auffi plufieurs vignes d'un bon produit ; mais il vient peu de menus fruits, & il n'y ani bois, ni étangs. Il y a dans la dépen dance des baillyes ci-devant nommées, une carriere d'un affez grand revenu. On y a pris pour le pont de la ville de Moulins, plufieurs quartiers de pierre. Elle elt fort bonne, affez dure, & d'une taille affez facile.

2. SOUVIGNY, bourg de France, dans la Touraine, élection d'Amboife.

3. SOUVIGNY, bourg de France, dans le Poitou, élec tion de Richelieu.

4. SOUVIGNY, bourg de France, dans l'Orléanois, élection d'Orléans.

SOXATÆ, peuples de la Carmanie. Prolomée, 1. 6, c. 8, les nomme autrement Camelobosci, & dit qu'ils habitoient au voifinage des Déferts. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Sozata pour Soxata.

SOXTRA. Voyez SosXETRA.

SOYONS, ancienne abbaye de filles en France, de l'ordre de faint Benoît, dans le Vivarais, fur le bord du Rhône, au diocèse de Valence. Cette abbaye ayant été ruinée, les religieufes furent obligées de fe retirer à Valence, où Jean de Montluc qui en étoit évêque les reçut dans fon palais épiscopal, leur permit de faire l'office dans fa cathédra

le. Ce prélat fut foupçonné d'avoir abufé de l'abbeffe qui dans la fuite abandonna fa religion & mourut calvinite.

SOZ, bourgade d'Espagne, au royaume d'Aragon, vers les confins de la Navarre, fur la riviere d'Onzella, à deux lieues de la ville de Sanguefa. Ce fut dans ce lieu que naquit Ferdinand V, roi d'Aragon, en 1452.

SOZA, ou Sosa, ville d'Afie, dans la Dandarique. Voyez DANDARIENS.

SOZOA, ville de la Médie: Prolomée, l. 6, c. 2, la marque dans les terres. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Sazoa pour Sozoa.

SOZOPETRA, ville de Syrie, felon Cédréne & Zonare, 1. 3, cités par Ortelius. Cette ville fut détruite par Theophile empereur d'Orient.

1. SOZOPOLIS, petite ville que Grégoras met au voifinage de Conftantinople. Il eft autli parlé de cette ville dans le fixième concile de Conftantinople. * Ortel. Thefaur.

2. SOZOPOLIS, ville de l'Afie mineure, dans la Pifidie, felon Evagre & Callifte. Le premier & le fixiéme concile de Conftantinople font auffi mention de cette ville. C'eft la même que Cédrène & Nicétas, in Alexio Comneno, mettent dans la Pamphylie.

SOZOTE. Voyez SoxATE.

SOZUSA: Etienne le géographe connoît trois villes de ce nom, l'une dans la Phénicie, l'autre dans la Pifidie, & la troifiéme dans l'Ethiopie. S. Epiphane en met encore une dans la Pentapole, & il en fait un fiége épiscopal, dont il nomme l'évêque Héliodore. C'eft peut-être d'une de ces villes dont il eft parlé dans le cinquiéme concile de Conftantinople, fous le nom de Sozytana civitas.

SOZYTANA-CIVITAS. Voyez Sozusa.

SPA, bourg d'Allemagne, au pays de Liége, vers les confins du duché de Limbourg, à cinq milles ou environ de la ville de Liége. Ce bourg eit renominé pour les eaux minérales, qui y attirent du monde de toutes parts. Il y a deux fontaines, l'une appellée la Saviniere, & l'autre Pouben. Ces eaux étoient connues des anciens; & il n'y a point à douter que Pline ne les ait voulu décrire, en difant dans fon hiftoire naturelle, l. 31, c. 2, Tungri civitas Gallie, fontem habet infignem, plurimis bullis ftellantem, ferruginei faporis, quod ipfum non nifi in fine potus intelligitur Purgat hic corpora, tertianas febres discutit, calculorumque villa. Eadem aqua, igue admoto, turbida fit ac poftremum rubescit.

SPACHIA, ville de l'ifle de Candie, felon Dapper, qui appelle ainfi la ville que le pere Coroneili nommie Sfachia. Ces deux géographes ne différent pas moins pour la descrip tion de la ville que pour le nom. Dapper, Descr. de l'Archipel, p. 416, dit que Spachia eft une ville fituée fur une très haute montagne appellée aufli Spachia ou Madére. Elle n'eft point, ajoute-t-il, environnée de murailles, quoique par le nombre de les maisons disperfées de côté & d'autre, elle pût former un grand bourg. Dans le tems que les Vénitiens en étoient les maîtres, on y voyoit un petit château bâti tout auprès, pour fervir de retraite aux pirates, & ce château avoit un gouverneur. On prétend que les habitans de Spachia furpaflent tous les habitans de l'ifle dans l'art militaire, & font plus experts à tirer de l'arc. Voyez SFAC

CHIA.

SPACORUM VICUS, lieu d'Espagne : l'itinéraire d'Antonin le marque fur la route de Bracara à Afturica, en prenant le long de la côte. Ce lieu étoit entre Aqua Celina, & ad duos Pontes, à cent quatre-vingt-quinze ftades du premier de ces gîtes, & à cent cinquante du fecond. Simler lit Sparcorum pour Spacorum.

1. ŠPĄDA, orum, village de la Perfe. Etienne le géographe dit, que ce fut dans ce lieu que l'on fit les premiers eunuques, qui delà furent appellés zradi ou nadoves.

2. SPADA, cap de l'ifle de Candie, dans le territoire de la Canée, fur la côte feptentrionale, à huit lieues au couchant de la Canée. On l'appelle auffi Spata, & en latin Pfacum promontorium. Coronelli, Carte de l'ifle de Candie.

*

SPAINSHART, abbaye d'hommes, ordre de promon. tré, dans la balle Baviere au haut Palatinat, dans le diocèfe de Ratisbonne.

SPALATHRA. Voyez SPALETHRA.

SPALATO ou SPALATRO, ville de l'Etat de Venife, dans la Dalmatie, & la capitale d'un comté de même nom, fituée entre les comtés de Trau & de Cliffa, & la Primoria inferiore. Cette ville n'eft qu'à douze milles de Trau, & environ à quatre cents milles de Venife. Elle n'eft pas plus grande que Sebenico; mais elle est beaucoup plus peuplée, parce que c'est une échelle pour les caravanes de Turquie, qui déchargent là leurs marchandises pour Venife. Le port elt grand, & a un bon fond, de bonne tenue, quoiqu'un peu à découvert au fud, & au fud-oueft. Au fond du port, près des murailles de la ville, il y a un beau & grand Lazaret. C'est le nom que les Italiens donnent aux lieux où l'on fait la quarantaine. L'abord de Spalatro par mer eft fort agréable. Cette ville eft fituée au fond d'un grand port fait en demi-lune. Elle eft carrée, & n'a pas plus d'un mille de tour. Dans les monumens anciens de trois à quatre cents ans, elle est appellée Spaletum, Spalatum & Aspalatum, & de cette maniere Spalato fembleroit plus conforme à l'origine que Spalatro, quoique ce dernier foit plus en usage. Ce nom lui peut être venu du mot Palatium, parce que ce n'étoit anciennement qu'un palais de l'empereur Diocletien, natif de Salone, qui n'eft éloignée de Spalatro que d'une lieue. Conftantin Porphyrogénéte remarque que ce palais étoit tout bâti de grandes pierres de taille. Ceux qui ont pris Spalatro, pour l'ancienne Epetium, le font écartés de fix ou fept milles; car on voit les ruines de cette derniere plus audelà, vers l'embouchure de la petite riviere de Zarnovifia. Spalatro eft fortifiée de bons bastions de pierres de taille, dont il y en a trois entiers du côté de la terre, & deux demi vers la mer. Elle n'eft pas forte, parce que le terrein d'alentour eft plus élevé, & que la colline au couchant, où eft le fauxbourg, commande toute la ville. A une portée de mousquet hors de la porte du levant, il y a une fortereffe fur une éminence, qui commande auffi la ville, avec quatre bastions, qui ne font ni achevés ni réguliers. Les Vénitiens y tiennent peu de foldats : ils fe fient fur leur fortereffe de Clilla, fous laquelle il faut paller pour venir de Turquie à Spalatro. Il y a un autre petite fort de terre à la pointe du croiffant qui forme le port; quand ils ont la paix avec le Turc, ils n'ont à Spalatro qu'une compagie d'infanterie, & la moitié d'une compagnie de cavalerie, dont l'autre moife tient à Cliffa. Le dôme de Spalatro étoit autrefois un petit temple au milieu du palais de Dioclétien. Il eft octogone au-dehors, & rond au-dedans, tout bâti de pierres de taille, excepté la voute qui eft de brique, & au deffous de laquelle eft une galerie foutenue de huit colonnes corinthiennes de porphyre & de granite. Entre le cul-de-lampe & cette galerie, il y a une frife chargée de différens animaux, de feltons, de mascarons, & de quelques têtes, que les gens du pays prennent pour des têtes de Dioclétien. Au-dehors du temple, regne à moitié de fa hauteur, un corridor couvert de pierres de taille, travaillées en compartimens, & foutenu de huit colonnes corinthiennes de marbre, avec une frife bien travaillée. On y montoit par un autre temple carré long, qui donnoit aufli l'entrée à un autre, & en avoit un troifiéme à main droite, qu'on appelle maintenant faint Jean-Baptifte. Le plan & la dispofition de l'ouvrage étoient de quelque bon maître; mais dans le détail les corniches, les feuillages & les chapiteaux n'étoient pas de fi bonne main. Depuis que ce temple a été changé en églife, on l'a percé pour y faire un chaur, & on y a fait quelques jours; car auparavant, il n'en recevoit que par la porte. Les paiens faifoient presque tous leurs temples obscurs. On a auffi ajouté au-devant de la porte fur l'escalier un trèsbeau clocher, percé de quantité de fenêtrages, dont les matériaux de marbre ou de belle pierre, ont été tirés des ruines de Salone, & parmi lesquelles on trouve quelques inscriptions qui parlent de cette derniere ville. Appien & Gruter en citent une dans ce temple carré, proche d'une idole de Cybèle. J'y vis l'inscription, pourfuit Spon; mais cette prétendue idole n'eft autre chofe qu'un fphinx de marbre granite d'Egypte. Les colonnes qui font autour font de la même pierre.* Spon, Voyage de Dalmatie,

10m. I.

Les murailles du palais de Dioclétien, qui embraflent les deux tiers de la ville, font presque toutes entieres, & font un carré jufte, avec une porte au milieu de chaque face. Il en refte trois d'une architecture auffi belle que folide. Les pierres fous l'arc font entées en mortaise les unes fur les autres. Aux côtés de chaque porte, il y avoit deux

petites tours hexagones, qui gardoient l'entrée, & y ajou toient quelque embelliffement. Tout ce quartier de la ville enfermé dans cette enceinte, eft vouté en plufieurs endroits, & a quantité de masures antiques. Du côté de la marine, il y avoit un corridor entre le palais & un mur élevé à même hauteur, mais percé de fenêtres, qui lui laiffoient la vûe de la mer. Ces fenêtres ont des entrecolonnes, & une frife au deffus, d'ordre dorique, assez bien proportionnée. On y voit une douzaine d'inscriptions, qui peuvent avoir été apportées de Salone; & dans l'églife de S. François, il y a un bas-relief avec vingt-cinq figures ou environ, qui paroît être la victoire de Conftantin fur Maxence. Vers la pointe occidentale du port, il y a une églife de S. George, qui eft apparemment l'endroit appellé ad Dianam, dans la table de Peutinger, à caufe de quelque temple de Diane qui y étoit. Près de la porte il y a deux ou trois petits ruiffeaux d'eau falée & foufrée, qui coulent dans la mer, & dont on ne tire aucun avantage.

Les perdrix ne valent à Spalatro que cinq fols, & un liévre n'y coute guères davantage. On a la viande de boucherie pour un fol la livre, & les tortues groffes comme les deux points pour quatre à cinq. On vante fur-tout les petites truites de Salone. Dioclétien avoit fait faire un conduit qui les amenoit dans fon palais.

Ce prince fit bâtir ce palais en 304, dans le mois d'avril, felon Coronelli Solario, p. 151, lorsqu'il fe retira à Salone, après avoir renoncé à l'empire. Spalatro, à la fin de 1124, paffa fous la domination des Vénitiens; mais en 1170, 1313 & 1357, elle changea de gouvernement & de maître. Enfin elle recouvra fa premiere félicité, en retournant fous le pouvoir de la république. Camille Gonzague, général de l'infanterie des Vénitiens, réduifit fon circuit à huit cents pas; il jetta les fondemens de nouvelles fortifications; il agrandit fes murailles, & y ajouta cinq baitions. Mais voyant que cette ville n'étoit pas affez grande pour contenir tous les payfans de fon territoire, au cas que l'ennemi entrât dans le pays, il fortifia de nouveau en 1657, le fort qui eft bâti dans un lieu fort élevé ; ce fut ce même général, qui fit faire autour de cette forteresse un bon follé, & qui lui donna le nom de Botticelle. Cette ville a le titre d'archevêché, qui y fut transféré vers 650, de la métropole de Salone, ruinée alors par les Esclavons. L'archevêque, qui fe dit primat de Dalmatie, est, à ce qu'on prétend, fujet lui-même à la primatie de Venise; il a douze fuffragans, dont la plûpart ont été mis en pauvre état par le voisinage du Turc. Ces fuffragans sont :

Almiffa, Dalminium, uni à Spalatro.
Trau, Tragurium,
Sebenico, Sibenicum,
Scardona, Scardona,

Belgradum, Zara Vecchia, transféré à Scardona,
Nona, Ænona,
Zegna, Sinia,

Tine, Tinia, Querca,
Macarsca, Macarsca,
Lefina, Pharos, isle,

Modrusc, Corbavia, uni à Zegna.

L'archevêché de Salone est auffi dans cette province; mais il a été transféré à Spalatro.

SPALDYING ou SPALDING, ville d'Angleterre, dans Lincolnshire, au quartier de Holland, vers l'embouchure du Welland. C'eft une jolie petite ville toute renfermée de rivieres, de coupures & de marais. Ella a droit de marché. Délices de la Grande Bretagne, p. 182.

SPALEI, peuples de la Sarmatie Afiatique, felon Pline, l. 6, c. 7. Ortélius foupçonne que les Spalei font les mêmes que les Spali, qui font placés aux environs du PontEuxin par Jornandès.

SPALENSES. Voyez ISPALENSES.

SPALETHRA, ville qu'Etienne le géographe place dans la Theffalie. C'est la ville Spalathra, que Pline, 1.4, 6. 9, met dans la Magnéfie. Le Périple de Scylax, p. 24, fait de Spalathra une ville maritime de la Magnéfie.

SPALI. Voyez SPALEI.

SPALMADORI, petite ifle de l'Archipel, à l'entrée du canal de Scio, du côté du nord, près de l'ifle de ce

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