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étoient empoisonnés, ayant coutume d'en faire prendre, non-seulement avant, mais aussi après le poifon.

Les corroyeurs de Lemnos s'en fervent au lieu de tan pour taner les cuirs. Celle qu'on vend à Constantinople est la plupart du rems falfifiée, & formée en plus gros pains que la véritable. Sa couleur est aussi différente, & tire ordinairement fur le jaune.

Quoiqu'on falle un si grand cas de cette terre à la porte où le grand feigneur, pour honorer les ambasladeurs des princes & des têtes couronnées, leur en donnent en préfent; & quoique l'ifle de Lemnos foit le seul endroit du monde qui en fournisse, on en trouve pourtant à vendre dans ce pays-ci, dans quelques boutiques rares d'apothicaires & de droguiftes, chez qui néanmoins la plupart du tems elle est falfifiée. Car il y a des gens fi adroits & fi experts à la falsifier, en faifant un mélange de bol d'Armé. nie, avec quelqu'autre terre ou poudre de cette nature, qu'il est assez difficile, même aux plus habiles connoiffeurs, de ne s'y pas tromper.

Les marques les plus fûres, pour faire un bon & juste discernement de cette terre, font que la véritable est si grasse, que quand on la met à la bouche, il semble qu'on mâche du suif, d'où vient qu'elle s'attache aux dents & à la langue, & qu'étant humectée de salive, ou jettée dans l'eau, elle s'éleve en veffies. Mais la principale marque pour la diftinguer de celle qui est falsifiée, est qu'en la mâchant elle exhale quelque chose d'aromatique; en forte que fi on ne savoit pas que c'est son odeur naturelle, on pourroit se tromper, & s'imaginer qu'on y a mêlé des épiceries qui lui donnent cette odeur. Outre cela on s'apperçoit de quelque chose de sablonneux quand on en tient sous la langue.

On raconte que les anciens prêtres de Lemnos guérif. foient ceux qui avoient été mordu des ferpens, ce qu'ils opéroient sans doute par le moyen de la terre sigelée ou lemsienne. Philoctete, fils de Pæan ou d'Apollon, & qui avoit accompagné lee Grecs à la guerre de Troye, ayant été blesfé au pied par une fléche empoisonnée, ou plutôt ayant été mordu par un ferpent d'eau, ou une vipere, on le laissa en l'isle de Lemnos pour y être guéri de sa playe ou morsure ; mais après la mort d'Achille, Ulyffe revint en l'ifle de Lemnos, & l'emmena de nouveau à la guerre de Troye.

Le mont Athos, que les Grecs nomme à présent Agios Oros, c'est-à-dire la montagne fainte, & les Turcs Manstir, couvre l'isle de Lemnos de son ombre, lorsque le soleil approche de son coucher. Car Belon témoigne qu'il a vû vers le second du mois de juin, qu'environ le coucher du soleil, le mont Athos lançoit son ombre jusques dans le port, qai est situé à l'autre extrémité de l'isle, & fur la gauche de la ville de Lemnos. Cette montagne est si haute, qu'avant même que le soleil approche de son coucher, son ombre s'étend jusqu'à la pointe gauche de l'isle.

Il y avoit anciennement, dans l'isle de Lemnos, la statue d'un bœuf, faite de pierre blanche, & le mont Athos l'obscurcissoit de son ombre; d'où étoit venu ce proverbe parmi les anciens; le mont Athos couvre le côté du bœuf de Lemnos; & l'on appliquoit ce proverbe à ceux qui tâchoient d'obscurcir la gloire & la réputation des autres par leurs calomnies. Pline dit que cette montagne lançoit son ombre au solstice d'été, jusques dans le marché de la ville de Myrine.

Il y avoit aussi anciennement un labyrinthe, qui étoit le troisiéme des quatre, dont Pline fait mention. Car cet auteur place le premier dans l'isle de Créte; le second en Egypte; le troisfiéme à Lemnos; & le quatriéme en Italie, Celui de Lemnos étoit semblable à ceux de Crete & d'Egypte, avec cette différence qu'il y avoit quarante colonnes qui l'ornoient & le rendoient plus magnifique. Il étoit bâti de fort belles pierres de taille bien uni & poli, & tout couvert de voutes. Les architectes de ce grand & fuperbe édifice furent Zmilus, Rholus, & un certain Théodore, qui étoit natif de cette isle. On en voyoit encore quelques restes du tems de Pline. Mais Belon assure qu'il n'en a pu trouver la moindre trace dans toute l'isle. Il ajoute même que s'en étant informé des insulaires, il n'y en avoit point eu qui lui en eût su montrer d'autres restes que quelques masures, qui n'avoient rien de remarquable. Du Loir témoigne aussi, au rapport des habitans de cette isle, qu'il n'en est pas demeuré la moindre trace qui puisse faire juger de l'endroit où il avoit été bâti.

Un certain Thoas, fils du Pere Liber ou Bacchus, possédoit anciennement cette isle en qualité de roi. On dit que les femmes de Lemnos en tuerent tous les hommes, fous le regne de ce Thoas, à cause que leur mauvaise odeur & puanteur leur avoit rendu leur compagnie insupportable. Il n'y eût que le roi qui fut préfervé de ce malheur, par le moyen de sa fille Hypsipylée, qui le tint caché, & le conferva. Depuis les femmes se mirent en poffeffion de l'ifle, & prirent le gouvernement: nous voyons entr'autres dans Pomponius-Mela, qu'on afluroit que les femmes de Lemnos avoient retenu le gouvernement de l'isle après avoir tué leurs maris. C'est en considération de ce carnage & de celui qu'on y fit des femmes Athéniennes & de leurs enfans, comme on le voit ci-dessous, que toutes les noires & atroces actions étoient anciennement appellées par les Grecs des actions lemniennes; delà vient aussi qu'il avoit paflé en commun proverbe d'exprimer, par une main lemnienne une barbare & cruelle main. Hérodote rapporte que les femmes de cette ifle, conjointement avec Thoas, tuerent tous leurs maris. Homére l'appelle cependant le divin Thoas. Euripide & Ovide font mention, ainsi que plusieurs autres écrivains, de cette action atroce des femmes de Lemnos; delà vient que Sénéque, dans fon Agamemnon, appelle Lemnos une isle renommée par ses méchancetés.

Quelque tems après, les Pélasgiens ayant été chassés de l'Attique par les Athéniens, à cause qu'ils avoient usé de force & de violence envers leurs enfans, & qu'ils avoient résolu de couper les mains aux Athéniens même ; ils se retirerent dans l'ifle de Lemnos, dont ils prirent poffeffion. Mais voulant ensuite tirer raison du tort qu'ils prétendoient avoir reçu, ils équiperent vers le tems des fêtes des Athenieurs plusieurs galeres à cinq rangs, & firent voile du côté d'Athènes, où ils allerent dresser des embuches aux femmes de leurs ennemis, qui célébroient à Brauron, ville de l'Attique, où Diane avoit un temple, la fête de cette déesse. Ils enleverent plusieurs de ces femmes, les enimenerent dans leurs galeres & les conduifirent à l'isle de Lemnos. Ces femmes ayant en plusieurs enfans après quelques années, prirent soin de leur apprendre la langue & les mœurs des Athéniens. Mais il arriva depuis que ces enfans, inftruits par leurs meres, ne voulurent point avoir de conmmerce ni de fréquentation avec ceux des femines Pélasgiennes. Quand quelqu'un des leurs étoit battu par ceux des Pélasgiens, les autres couroient d'abord à fon secours & s'aflembloient pour le venger; car ils étoient prévenus de cette opinion, qu'ils étoient dignes de commander sur les autres, qu'ils regardoient beaucoup au-dessous d'eux, & qu'ils croyoient obligés à toute forte de foumiffion & de déférence à leur égard. De leur côté les Pélasgiens craignant les suites de cette haine, résolurent de les faire tous mourir avec leurs meres qui les y avoient élevés. Mais il arriva qu'après avoir exécuté cet exécrable & funeste dessein, leurs terres ne rapporterent plus de fruits, & leurs femmes devinrent stériles, de même que les femelles de tous leurs bestiaux; de forte qu'ils se virent en même tems travaillés de la faim & agités de la cruelle appréhension de voir bien-tôt dépeupler leur patrie par la stérilité de leurs femmes, & par le ravage que pourroit en peu de tems faire la famine si elle continuoit. Pour prévenir ces malheurs, ils envoyerent vers l'oracle d'Apol. lon à Delphes pour le supplier de vouloir les délivrer de tous leurs maux. L'oracle leur répondit qu'ils n'en verroient point la fin qu'ils n'euffent donné aux Athéniens la fatisfaction, qu'ils fouhaiteroient. Les Pélasgiens s'embarquerent pour Athénes, offrirent aux Athéniens de leur donner fatisfaction. Les Athéniens étendirent dans leur hôtel-de-ville les plus beaux lits qu'ils avoient, & firent dresser devant les Pélasgiens une table chargée de toute forte de biens, après quoi ils leur demanderent de remettre leur pays. Mais les Pélasgiens leur répondirent qu'ils leur accorderoient leur demande lorsqu'un vaisseau les auroit remenés d'Athénes dans leur pays par un vent de nord; ce qu'ils disoient parce qu'ils savoient bien que c'étoit une chose absolument impoffible, à cause que le pays d'Athénes est situé plus au midi que l'ifle de Lemnos.

Après plusieurs années, la Chersonnèse de Trace, située près de l'Hellespont, étant tombée sous la domination des Athéniens, Miltiade, fils de Cimon, s'embarqua à Elis, ville de la Chersonnese, & vint faire descente à Lemnos, où il ordonna aux Pélasgiens, en les faisant ressouvenir de

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Poracle, de se retirer de l'isfle, & de lui en laisser prendre de Coire; mais ils ont acheté leur liberté depuis long

pofletion. Les habitans d'Hepharstia obéirent à cet ordre; mais ceux de Myrine fouffrirent un siege, qui à la fin les obligea de se soumettre. C'est ainsi qu'Hérodote rapporte cette expédition de Miltiade, & la prise de Lemnos par les Athéniens. Cornelius Nepos dit que Miltiade, fils de Cimon, s'étant mis en mer avec une flotte considérable, dans le deslein d'aller conquérir la Chersonnèse, mouilla en pas-, fant à l'ifle de Lemnos, pour tâcher de la soumettre à la domination des Athéniens. Il follicita pour cet effet les habitans à se rendre; mais ils lui répondirent qu'ils feroient prêts à leur obéir, lorsqu'en partant de leur port, ils viendroient, par un vent d'aquilon, aborder en un jour dans l'ifle de Lemnos; car c'étoit le vent qui étoit absolument, contraire pour la route d'Athènes à Lemnos. Miltiade, à qui le retardement étoit ennuyeux, ne voulant pas s'arrêter davantage devant cette isle, cingla vers la Chersonnese & y alla faire descente. Quand il s'en fut rendu maître, il passa de nouveau à Lemnos, dont il somma les habitans de lui rendre la ville, comme ils y étoient engagés par leur propre parole. Mais ils lui répondirent comme auparavant. Miltiade repliqua que par cette raison ils devoient lui rendre leur ville, puisqu'il faifoit son séjour dans la Chersonnese, d'où il étoit venu dans un jour à Lemnos par un vent du nord. Enfin Miltiade leur fit faire de force ce qu'il leur demandoit. Après cela ce capitaine prit sa route vers les Cyclades, dont il s'empara avec le même bonheur.

en mer en

1640,

Louis, patriarche de la ville d'Aquilée, mit seize galeres sous le pontificat de Calixte III, par ordre duquel il avoit armé, & se rendit maître de l'isle de Lemnos; mais les Turcs s'en emparerent de nouveau, du tems de Mahomet II, qui l'a poslédée depuis, & l'a laissée à ses descendans.

Cette ifle fut anciennement habitée par certains peuples appellés Minyens, qui étoient descendus des Argonautes. Mais ils en partirent pour passer à Lacédémone, d'où ils allerent dans la Triphilie, & s'arrêtesent enfin aux environs d'Arena, dans une contrée appellée Lypezie du tems de Strabon.

Ces premiers habitans étoient de Thrace. Ils sont appellés Sintiens, & autrement Sapéens, par les anciens auteurs. Homére fait mention de ces Sintiens de Lemnos, & les nomme les Eurouez Sintiens.

Entre plusieurs peuples Grecs qui habiterent le Péloponnése, les habitans de Lemnos furent du nombre de ceux qui s'y établirent entierement.

La plupart des habitans de Lemnos sont à présent des Grecs fort diligens & laborieux, qui s'appliquent principalement à l'agriculture. Ils font des gâteaux avec de la farine pétrie dans du petit lait, qu'ils font enfuite cuire ou fécher au foleil. On les appelle bohourt, & on en porte & vend dans toute la Turquie. Les Grecs demeurent dans les villages; mais les Turcs se tiennent avec leur garnison dans le château.

STALIOCANUS-PORTUS, port de la Gaule Lyonnoise; Ptolomée, 1. 2, 6.8, le marque sur la côte de la mer Britannique, entre le promontoire Gobaum & l'embouchure du Aeuve Titus. Au lieu de Staliocanus, le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Saliocanus. Villeneuve veut que ce soit aujourd'hui S. Paul; & c'est Roscou, selon d'Argen

tré.

STALLEN, communauté du pays des Grisons, dans la ligue de la maison de Dieu, où elle a le sixiéme rang. Cette communauté eft composée de deux jurisdictions de Stallen & de Val Aversa, qui font au pied du mont Septimer, & de celles de Remus & de Celino, qui sont bien loin de-là dans la basse Engadine. C'est du mont Septimer que descend le petit Rhin, qui se jette dans l'Albula, près d'Im Caster. Stallen s'appelle en italien Bevio, du latin Bivium. Ce dernier nom lui vient de ce qu'il y a deux chemins, l'un par le mont Septimer, qui conduit dans le pays de Pergell; & l'autre par le mont Julien, dans la haute Engadine. Cette jurisdiction dépend pour les affaires criminelles du bailli d'Oberfax, qui en tire les amendes. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 4, p. 53.

Aversa est située dans un lieu tude & fauvage, aussi bien que Stallen, dont elle est séparée par un bras du mont Septimer. Cette jurisdiction eft compofée de sept paroisses, Madris, Crotto, Platta, Cafale, &c. Les habitans ont eu des seigneurs particuliers, vallsaux de l'évêque

:

tems.

1

STAMBS, abbaye d'hommes, ordre de cîteaux, dans le Tirol, fut l'Inn, au diocèse de Brixen, huit lieues au-dessus d'Inspruck: les anciens comtes de Tirol, & plusieurs autres grands feigncurs, y avoient leur sépulture.

STAMENA. Etienne le géographe, qui cite Hécatée, donne une ville de ce nom aux Chalybes. STAMFORD. Voyez STANFORD.

STAMPÆ, lieu de la France. Aimon & Grégoire de Tours le placent sur le bord de la Juine. Le nom moderne est ESTAMPES. Voyez ce mot.

STAMPALIE, ifle de l'Archipel. Les Italiens, les Grecs & les Turcs, l'appellent Stampalée. Strabon, Pline & Prolomée, l'ont nommée Astypalée. Etienne le géographe semble connoître deux ifles de ce nom, & en mettre une entre les Cyclades, & l'autre entre l'ifle de Rhodes & celle de Crete. On peut cependant les prendre pour la même, puisqu'on peut comprendre les Cyclades entre Rhodes & Candie, outre que Strabon, Ptolomée & Pline ne font mention que d'une ifle sous le nom d'Astypalée. Il est vrai que Strabon la place dans la mer Carpathienne, & Ptolomée dans celle que les anciens ont appellée Myrtoum, qui se confinent l'une l'autre ; mais les anciens écrivains ont souvent étendu les bornes de ces deux mers, d'un côté & d'autre au delà de ce qu'elles devoient être posées, ou même ont confondu les unes avec les autres, d'où nous pouvons conclure qu'il n'y a eu qu'une ifle de ce nom. * Dapper, Description de l'Archipel, p. 185.

Cette isle fut nommée d'Astypalée, mere d'Ancée, qu'elle eut de Neptune. Astypalée étoit fœur d'Europe, & fille de Phénix, fils d'Agenor, & frere de Cadmus, qui eut ces deux filles de Péremides, fille d'Enée. Lorsque les Cariens étoient en poslession de cette ifle, elle étoit appellée Pyrrha; ensuite on la norama Pylea, & quelque tems après d'un nom grec, qui fignifie la table des dieux, foit parce qu'elle étoit toute embellie & parfemée de fleurs, où à cause d'une montagne qu'elle avoit, qui étoit ainsi appel

lée.

Elle est située à l'occident de l'isle de Cos ou Lango, du bout méridional de laquelle elle est éloignée de sept lieues, & à quatre lieues à l'est nord est de celle de Namphia, à la distance de quatre lieues. Strabon la place à huit cents stades de l'ifle de Chalcia, & Pline à cent vingt-cinq milles de Cadiscus, ville de Créte; lui donnant en même tems quatrevingt-sept mille pas, qui font quatre-vingt sept milles d'Italie de circuit; en quoi Porcachi l'a suivi. D'autres écrivains ne le font que de foixante milles d'Italie. Elle n'est pas fort haute, & on ne peut la découvrir de guères loin, quand on est en mer; car on ne commence de l'appercevoir qu'à la distance de sept lieues. Elle paroît haute vers ses deux bouts, & baffe au milieu, quand on vient du côté du midi. Pline la nomme l'Astypalée d'une ville libre.

Les anciens habitans de cette isle révéroient le vaillant Achille comme un Dieu. Il y avoit même sur la pointe septentrionale de l'ifle, une chapelle en fon honneur.

Le terroir de l'isle de Stampalie est fertile. On y nourrit d'excellens chevaux, & on y fait une pêche considérable. II y a plusieurs villages.

Elle a deux ifles au midi, derriere lesquelles est un port, où les vaisseaux se peuvent venir mettre à l'ancre sur un fond net & fain, & à l'abri de tout vent tant à l'orient qu'à l'occident. On trouve aussi un port au côté septentrional de cette ifle, & un rocher caché sous l'eau, entre les deux petites isles situées au midi de celle de Stampalie. On découvre plusieurs autres petites isles à l'orient de Stampalie, & qui sont pourvues de fort bonnes rades. Il y en a aussi quelquesunes près du rivage de cette isle, du côté du midi, entre lesquelles on peut voguer & faire voile fort commodément. On voit une isle haute & pleine de rochers, à deux lieues au midi de celle de Stampalie; on l'appelle Saphranie : au midi de celle-ci il y en a une autre, qu'on nomme Schrophi, dont le fond n'est pas propre à l'ancrage, à cause qu'il n'est couvert que de rochers. Il y en a une au nord-nord-est de celle de Saphranie, appellée S. Sevan, & entre deux est celle de Sthiron. On en trouve une autre un peu plus vers l'occident & au midi de Stampalie, appellée Groffi.

Pline en place une qu'il nomme Platée, à soixante milleş d'Astypalée. C'est apparemment l'isle ou rocher de Placht

on Placeda, qu'on trouve placé dans les cartes marines, à fix ou sept lieues delà du côté du midi. A trente-huit milles de Platée, il met Camine, & ensuite Azibinthe, Lanife, Tragée, Pharmacuse, Thechdre, Chalcia, Calydne, & enfin l'isle de Carpathus, qu'on nomme à présent Scarpanto.

STANACUM ou STANAGUM, lieu du Norique. L'itinéraire d'Antonin le place entre Joviacum & Boiodurum, à dix-huit milles du premier de ces gîtes, & à vingt milles du second. C'est à présent Wachzenkirken, selon Lazius; mais il lit Stavacum, au lieu de Stanacum. Cluvier déclare ne savoir où il doit placer Stanaium.

STANCHIO, ou

STANCOU, isle de l'Archipel, sur la côte de l'Asie mineure. C'est une des meilleures isles de l'Archipel. Les auteurs grecs ont varié dans l'orthographe de son nom; mais les anciens Latins l'ont toujours appellée Cos, & c'est même ainsi qu'on trouve ce nom écrit dans le nouveau testament. * Dapper, Descr. de l'Archipel, p. 174.

Elle fut appellée aussi Caria ou Caris, Mérope, Meropis ou Meropeis, soit que les anciens Méropes, qui l'ont autrefois habitée, ou que Mérope, fils de Triope, ou une des filles d'Atlas, lui ayent donné ce nom; comme on dit qu'elle fut appellée Cos, d'une fille de Mérops, qui étoit ainsi nommée. Les Grecs & les Italiens la nomment à préfent Lango, & les Turcs Stancou, Stanchio, & Stango; d'où les Flamans ont formé le nom de Stantio, qu'ils lui donnent, & qui semble un mot composé de Stin

& Gio.

Elle est située à l'orient de l'isle de Stampalie, dont elle est éloignée de sept lieues par son bout méridional, entre les isles de Nisarie & de Calamine, au sud-est de la premiere, & au nord-ouest de la derniere, à trois lieues vers le midi du cap de la terre ferme, qui est appellé Calono; & presque à la même distance de celui de Crio, qui est aussi fur le continent, vis-à-vis d'un golfe ou grande baye, située entre ces deux caps, qu'on nomme à présent golfe di Stantio, à cause de cette isle.

On lui donne, dans les cartes marines, l'isle de Rhodes à l'orient, ou au sud-est, avec celles de Simie, de Lamonia, d'Episcopia & de Cartie entre deux; l'Asie mineure ou le cap de Calono, autrement nommé Petera, qui est sur le continent de la province de Doris, au septentrion; l'isle de Calamine vers l'occident, & celle de Scarpanto da côté du midi.

Elle est située, suivant Mela, dans la mer Ægée, dans l'Icarienne ou dans la Carpathienne, sous les côtes de Carie, province de l'Asse mineure, étant éloignée, suivant Pline, de quinze milles d'Italie, d'Halicarnafle ville de Carie, du côté du couchant, & vis-à-vis d'un golfe.

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Strabon la place à soixante stades de l'isle de Nisyros; mais il ne la fait éloignée que de quarante, qui reviennent à cinq milles d'Italie, du cap de Termerium, situé près de Myndus, ville maritime de Carie, nommée présentement Mentese. D'où quelques-uns ont crû, que le nombre de cent stades y pourroit avoir été oublié par Strabon: car en les ajoutant aux quarante que nous avons marquées, elles reviendroient, à quelque différence près, aux quinze milles d'Italie, que Plime a affigné à cet espace. Mais Strabon pourroit avoir voulu marquer la moindre distance, qui se trouve entre cette ifle & le continent de l'Asie mineure ou de la Carie, & Pline l'a voulu sans doute prendre dans son plus grand éloignement.

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Cette ifle est plus longue que large. Sa longueur est de quarante milles d'Italie ou de dix lieues d'Allemagne d'orient en occident. Strabon lui donne cinq cents cinquante stades, qui font près de dix-fept lieues & un quart d'Allemagne, ou soixante-neuf milles d'Italie de circuit. Mais entre les géographes modernes, Thevet lui en assigne trente-cing de France, qui en font près de vingt-trois d'Allemagne.

L'ancienne ville de Cos étoit appellée, selon Strabon, Astypalée. Elle étoit bâtie en un autre quartier que celle qu'on y voyoit de son tems, quoique près de la mer; mais ses habitans l'abandonnerent, à cause de quelque tumulte qui s'y étoit élevé, & bâtirent près du cap Scandarie une ville qu'ils appellerent Cos, de même que l'isle; ce qui arriva, suivant Diodore, en la troifiéme année de la cent troifiéme olympiade, c'est-à-dire, trois cents soixante-fix ans avant la naissance du Sauveur du monde. Elle n'étoit pas

grande, mais fort bien bâtie, & ceux qui y venoient abor. der en trouvoient le séjour agréable. Il y avoit au-dessus de la ville une place ou contrée appellée Termerum.

Pline met dans cette ifle une montagne qu'on nomme Prion.Scandarie étoit un cap de l'isle situé sur son côté occidental, vis-à-vis de Termerium, qui étoit voisin de Myndus, ville de l'Asie mineure, dont il étoit éloigné de quarante stades, comme nous l'avons déja remarqué. Il y avoit un autre cap sur son côté méridional, appellé Lacter dans Strabon, & Laceter dans Plutarque, qui étoit éloigné de soixante stades de l'isle de Nisyros. On en voyoit un près de la contrée de Lacterium, appellé Halifarna, & au côté occidental celui de Drecanum, avec un bourg appellé S10maline, à deux cents stades de la ville de Cos. Stomaline vaut autant à dire, que le lac près de la mer, vers laquelle ses eaux avoient leur cours.

Il y avoit, vers le tems de Jesus-Christ, un Esculapium, ou temple élevé en l'honneur du célébre & ancien médecin Esculape, dans le fauxbourg de Cos, qui étoit fort renommé, & étoit rempli de présens fort précieux. Il y avoit aufli un bocage confacré à Esculape; mais Publius Turullius, sénateur romain, un des conjurés & assassins de Jules César, en fit abbattre presque tous les arbres pour la construction des vaisseaux qu'il y vouloit faire bâtir. Marc Antoine livra ensuite ce Turullius, quoique son ami, à l'empereur Auguste qui le fit mourir.

La ville qu'on y voit aujourd'hui, appellée comme l'ifle, Lango ou Stancou, & par les Flamans Stantio, est située près de la mer, au fond d'un grand golfe, dont l'embouchure est assez étroite, & au pied d'une montagne qui aboutit en une belle plaine. Elle est bien bâtie & allez peuplée.

Les vaisseaux peuvent mettre à l'ancre dans le golfe de Stantio sur fix à sept brasses d'eau. On les y peut même attacher à la terre ferme; mais ils s'y trouvent exposés à tous les vents du septentrion & du couchant.

Porcachi nomme la capitale de l'ifle Arangea, & la place sur son côté occidental, près du rivage. Il y a tout près un lac ou étang, qu'on voit à sec dans les grandes chaleurs. On voit en plusieurs endroits de la ville des mafures, de grandes piéces de marbre, comme de colonnes, de statues & d'autres restes d'anciens bâtimens, qui font assez juger de la magnificence & de la splendeur de cette ancienne ville.

Il y a du côté de la mer, & près du port, un château & un bourg muré, dont les murailles sont balles & lans défense. Le château est séparé par un fosse, & une belle muraille, fortifiée de plusieurs tours carrées, qui rendent la place assez forte. Aufsi résista-t-elle en 1630 contre les galeres de Malthe & de Naples, qui furent obligées de s'en retirer, après plusieurs attaques inutiles. Il y a devant le château un grand verger, planté d'orangers & autres arbres, dont la vue rend ce séjour agréable. On y voit encore sur la porte les armes de saint Jean de Jerufalem, & dans le bourg, on apperçoit devant plusieurs maisons des croix de cet ordre, & les armes de quelques particuliers, qui donnent affez à connoître que cette isle étoit autrefois au pouvoir des chrétiens.

Le port, qui est entre la ville & le bourg, est fort grand: autrefois il étoit bon & commode, mais il y a quelquetems que les houles y ont pouflé une si grande quantité de sable à son embouchure, qu'on ne peut y conduire que de petits bâtimens, si bien que les galeres & grands vaisseaux sont obligés de demeurer à la rade voisine, dont le port est bon & propre à l'ancrage.

Il y a une église consacrée à la Vierge Marie, que les Grecs d'aujourd'hui nomment Gorgopicu, qui semble un mot formé par corruption du grec Gligoran, qui signifie promt à exaucer.

Il y a dans cette ifle une place qu'on nomme encore Heraclis, comme qui diroit la place, ou demeure d'Hercule, à cause que ce héros y fit son séjour, pendant tout le tems qu'il s'arrêta dans l'isle, au rapport des infulaires.

On y montre aussi une autre place que les Grecs nomment Pili, ce qui apparemment est un mot venu par corruption de Pélée, pere d'Achille, qui y demeuroit. Tout près de la ville, il y a un lac ou étang appellé Lambi, qui est sec en été.

Toute l'isle est plaine & unie; mais du côté du midi il y

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a de hautes montagnes, où l'on voyoit autrefois trois cha-,
teaux ou bourgs murés, dont les noms étoient Pietra,
Chenia & Pili. Il y avoit de plus un château fort, sur le
sommet plain & uni du mont Dicheo, appellé Peripato,
qui étoit bien pourvu de cîternes & de fort bonne eau de
pluie. On trouve au pied de cette montagne une source ap-
• pellée Sphandio, d'où la riviere de Sphandano a pris son
nom. Du milieu de la plaine ou campagne s'élevent deux
petites montagnes ou côteaux, d'où la belle fontaine de
Licafti, qu'on nomme à présent Apodomaria, prend sa
fource. Il y a un village, avec quelques moulins & vi-
viers, près de cette fontaine, qui est tout bâti de marbre.

Le terroir de cette ifle est fertile; mais l'air y est mal
sain, ce qui fait qu'elle est la plupart du tems déserte &
inhabitée, suivant le témoignage de Porcachi. Elle pro-
duisoit anciennement, & produit encore de très - bons
vins; d'où vient que quelques-uns ont cru qu'elle en avoit
pris fon nom; car les trois lettres du mot Cos marquent
les trois qualités d'un bon vin, qui font la couleur, le goût
& l'odeur, le C marquant la couleur, l'O l'odeur, & l'S
la faveur; Color, Odor, Sapor.

Hippocrate étoit natif de l'isle de Cos, comme Pline & Strabon le remarquent. On tient que ce fameux médecin commença d'exercer cet art avec le secours des cures qui étoient écrites & consacrées dans les temples. Car c'étoit anciennement une coutume en l'isle de Cos, de même qu'en plusieurs autres villes de la Grèce, de pendre dans les temples, quand on venoit à relever de quelque maladie, des planches ou tableaux, & de les confacrer à la divinité à qui on attribuoit sa guérison. On avoit écrit sur ces planches ou tableaux les moyens & les remedes dont on s'étoit servi pendant le cours de la maladie, avec le succès que chaque remede avoit eu. C'est en ce sens que Pline a écrit qu'Hippocrate avoit mis en lumiere la médecine, parce que c'étoit la coutume que ceux, qui avoient été délivrés de quelque maladie, écrivoient dans les temples de leurs dieux ce qui les avoit secourus. Ce temple ayant ensuite été brûlé, s'il en faut croire Varron, Hippocrate exerça, suivant ces mémoires, la médecine, que les Grecs ont nommée Κλινική, c'est - a - dire, où le malade a besoin de tenir le lit.

On trouve encore quelques-uns de ces tableaux, qui contiennent des anciennes observations sur la guérison des maladies. Il y a même affez long-tems qu'on en trouva un de marbre à Rome dans le temple d'Esculape, où il y avoit une inscription grecque, qui contenoit les paroles suivan

tes.

>>> Julien étant travaillé d'un flux de sang par le haut, & >> abandonné des hommes, le Dieu ne tarda pas de venir à >> son secours; de forte que l'ayant nourri de miel pendant >>> trois jours, il le retira en sa premiere santé, d'où il lui >> vint rendre graces devant le peuple.

On voit encore une petite maison hors de la ville & dans le fauxbourg, qui appartenoit, au rapport de ces infulaires, à Hippocrate. On voit près de cette maison une fontaine, avec une colonne de marbre, & à quelque distance on trouve un lac on un étang. Il y parut au commencement de ce fiécle , un ferpent d'une extraordinaire grosseur, qui dévoroit le bétail: quelques supersticieux parmi ces infulaires s'imaginent que c'étoit la fille d'Hippocrate, qui avoit paffé pour magicienne, qui vivoit encore sous cette figure.

Il y avoit un temple d'Esculape dans le fauxbourg de Cos, & on y voyoit le portrait d'Antigonus, peint par Apelles. Ce fameux peintre étoit natif de Cos; ce qui fait qu'il est appellé Cous Apelles dans Ovide. Il vivoit du tems d'Alexandre le Grand, & il fut le seul à qui ce prince permit de le peindre. On voyoit aussi dans ce temple le portrait de Venus Anadyoméne, c'est-à-dire, qui fort de l'eau; car les poëtes avoient feint que cette déesse ayant été produite de l'écume de la mer, fortit de dessous l'eau en naissant. Ce portrait fut ensuite porté à Rome, & consacré au Dieu Céfar par Auguste, comme le rapporte Strabon. Auguste voulut consacrer à fon pere le portrait de cette fondatrice de sa race. On dit qu'Apelles laissa ce tableau imparfait, & qu'après sa mort on ne trouva personne qui osa entreprendre de l'achever. Simus, ancien médecin fort renommé, étoit aussi né dans l'isle de Cos, de même que Philetas poëte & grammairien fort célébre du tems de Philippe & d'Alexandre, rois de Macédoine. Il fut précep

teur de Ptolomée Philadelphe, & un des lieutenans d'Alexandre le Grand. On dit qu'il étoit fi maigre & fi décharné, qu'il falloit qu'il attachát des morceaux de plomb à diverses parties de fon corps, pour n'être pas emporté par les vents lorsqu'ils souffloient avec un peu trop d'impétuosité. Arifton, philofophe de la secte des Péripatéticiens, étoit auffi de l'isle de Cos. On tient que les rayons du foleil venant à darder dans les grandes chaleurs de l'été sur sa tête chauve, lui cauferent une si grande maladie qu'il en mourut. Strabon fait aufli Theomneste le musicien natif de cette isle.

Il y a une rade à une portée de fauconneau, de la ville, du côté de l'orient, où l'on peut être à l'ancre fur cinq, sept & dix brasses d'eau, bien que le fond ne soit pas fablonneux. On voit deux moulins bâtis sur une pointe basse, située à l'occident du port, où commence un banc de fable, qui s'étend plus d'une demi-lieue dans la mer.

Les vaisseaux qui viennent du côté d'occident, pour passer entre l'isle de Stantio & le cap de la Terre-ferme qui est appellé Capo Crio, doivent prendre garde d'éviter le cap septentrional de cette isle, à cause des bans de fable dont il est environné.

Au nord-est de l'isle de Stantio, & tout auprès de la Terre-ferme, on trouve les isles de Subi, appellées par les Hollandois d'Ezelseilanden, c'est-à-dire, les isles des ânes. II y a une autre petite isle à l'occident de celle de Stantio, appellée Capra, entre laquelle est l'isle de Callemeno, autrement appellée Calmo, il y a près du cap de Calmo un fond net & sain, où les vaisseaux se peuvent venir mettre à l'ancre sur vingt-quatre & trente brasses d'eau.

Strabon & Etienne le géographe placent près de l'isle de Cos ou Lango, entre la ville de Myndus, qu'on nomme à présent Mentese, & celle de Bargylie, une isle Caryanda, avec un lac de même nom, dont les habitans furent appellés Caryandiens. Scylax, ancien historiographe grec, étoit natif de cette isle. La ville de Myndus étoit située sur le continent, entre l'ancienne ville d'Halicarnalle, qu'on nomme à présent caftel di S. Petro, & celle de Bargylie.

STANDAERT - BUITEN, seigneurie des Pays-Bas, dans le marquisat de Bergen-op Zom, au quartier septentrional, fur la rive de la Merck, vis-à-vis du havre d'Ouden-bosch. Cette seigneurie comprend trois grands polders, dont le premier a été desleché au commencement du quinziéme siécle, & qui pour cette raison se nomme le vieux Polder. On appelle le second le Winter-Polder de Mancie, ou le Nieuwland, c'est-à-dire Terre-neuve ; & le Polder du prince Henri. Outre ces Polders, il y en a trois autres qui font le grand & le petit Polder du comte Frédéric, & celui de Mariane, qui ne sont entourés que de petites digues d'été, & qui par conféquent ne sont que des prairies. Cette jurisdiction, qui a haute, moyenne & balle justice, contient environ deux mille arpens de terre, & n'envoye des députés à l'assemblée du quartier oriental, que quand elle le juge convenable à ses intérêts. Elle en est indépendante, & même séparée par le Dintel, ou la riviere de Breda. Elle a son bailli particulier, qui ne dépend en aucune maniere du drossard du quartier ; & fon tribunal est compose de sept échevins & de deux jurés, établi par le marquis pour la justice & pour la police. Il y a aussi un Dyckgrave, trois jurés de digues, un teneur de livres, & un meslager des digues. Il y a pareillement un collecteur & un trésorier à vie. Standaert-buiten est le siége d'un bureau de l'amirauté de Roterdam, composé d'un receveur, d'un contrôleur, & de trois Chaloep-Roeyers, qui demeurent sur le bord de la riviere dans un grand bâtiment, où ils font la garde jour & nuit. Il y a à Standaert-buiten une église proteftante, & une chapelle pour les catholiques : cette derniere est desservie par les dominicains d'Anvers. * JAniçon, Etat présent des Provinces unies, t. 2, p. 242.

STANDIA, ifle sur la côte septentrionale de celle de Candie, & environ à mille pas de la ville de ce nom. Cette isle, qui n'est proprement qu'un écueil, avec une forteresse, est bordée du côté du nord, de rochers inaccellibles, & qui ont plus de quatre-vingts pas de hauteur. Elle a pourtant une petite baye fort fûre; on l'appelle ordinairement Conidma ou Conca. Cette ifle n'étoit guères connue avant la derniere guerre de Candie. Les secours qu'on envoyoit à cette ville affiégée, venoient d'abord à Standie, d'où ils passoient aifément à Candie. Alexandre Molino fut

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un de ceux qui se diftingua le plus dans la conduite de ces convois; car au commencement de la guerre, il vint abor der cette ifle, avec plusieurs bâtimens chargés de toutes fortes de provisions qu'il avoit prises sur les ennemis dans les golfes del Volo & di Zeiton. Une partie fut distribuée aux vainqueurs, & l'autre envoyée dans la place qui étoit attaquée.

Les anciens appellent Standia Dia, Thia on Cia. Elle est à présent connue parmi les Italiens sous le nom de Standia, quoique dans les cartes marines elle soit désignée sous celui de Stantea & de Estanti. * Dapper, Descr. de l'Archipel, p. 479.

Etienne le géographe fait mention de quatre isles qui portent le nom de Dia, dont la premiere est autrement appellée Naxos. 11 place la seconde près de Milet, la troisiéme près de Sarmoffe, & la quatrième, qui est celle que nous avons présentement à décrire, près de Cnosse, ville de Créte ou Candie. Strabon parle aussi de cette derniere, qu'il met pareillement près de l'Heracleum de Cnoffe, à foixante-dix stades, qui font environ neuf milles d'Italie, ou deux licues d'Allemagne, de l'ifle de Crete, & presque tout joignant celle de Thera.

Ptolomée fait aussi mention de cette isle sous le nom de Dia, de même que Strabon; & Pline en parle sous celui de Chia ou de Cia.

Elle est située par son bout occidental, à deux lieues à l'orient du cap Freschia, & environ à fix ou sept milles d'Italie, ou à deux petites lieues d'Allemagne au nord est de la ville de Candie, quoique Ferrarius la place à vingt mille pas, qui font vingt milles d'Italie ou cinq lieues d'Allemagne de cette même ville, & Kootwyck, à douze mille pas ou douze milles d'Italie.

Cette isse n'est qu'un rocher ou une grande & longue montagne, qui défend par sa hauteur les vaisseaux qui font à l'ancre dans ses ports du vent & de la tempête. C'est là que les Vénitiens se retiroient ordinairement avec leur flotte, lorsqu'ils étoient en guerre avec les Turcs, & c'est là aussi que celle que le roi de France envoya à leur secours en l'année 1668, sous la conduite du duc de la Feuillade, alla mouiller.

Elle étoit autrefois entierement déserte. On l'a vû même rarement habitée, à cause des fréquentes incursions des Pirates, qui emportoient & ravageoient tout ce qu'ils y trouvoient. Mais à présent il y a quelques Grecs presque sauvages qui s'y tiennent, & qui ne vivent que de chasle, Pisse nourriffaut une fort grande quantité de gibier. Ils n'ont de communication ni de commerce avec les étrangers que pour en acheter du plomb & de la poudre.

Cette ifle a quatre ports sur son côté méridional, SaintGioris, Grego, Saint-Nicolo & celui della Madona; mais les deux qui approchent le plus du côté d'occident, qui sont ceux de Saint Gioris & de Grego ou Diagregia, ne font pas fort considérables. On voit une tour bâtie sur la pointe occidentale du premier. Le troisieme, qui est celui de S. Nicolo, est une grande baye, qui forme un enfoncement fort considérable du côté du septentrion. Les vaisseaux y font à l'abri des vents, près de son bout oriental, derriere une petite chapelle qui y est bâtie. On y trouve, près de sa pointe orientale, trente brasses de profondeur; on y peut aller mouiller en-dedans sur un font sablonneux & propre à l'ancrage de vingt & vingt-quatre brasses. Les vents méridionaux y font dangereux, à cause qu'ils y foufflent à plein. Le quatrième port, qui est le plus oriental & le meilleur de tous, est appellé Porto della Madona. On y voit au milieu une petite chapelle, bâtie tout contre la plaine qui s'y vient terminer. Les vaisseaux, qui viennent du côté d'occident, doivent raser le plus près qu'il est possible sa pointe occidentale, & d'abord qu'ils y sont entrés jetter l'ancre, & amarrer le bâtiment avec une corde au rivage; autrement ils courroient risque de s'engraver.

Près de l'ifle de Standia, du côté d'occident, l'on voit un rocher appellé Petagalida, & du côté d'orient, un autre ou une petite isle appellée par les mariniers italiens Paximadi, & dans les cartes marines Pachsimada. Elle a tout autour un fond sain & net de quatre-vingts brasses de profondeur. Il y a aussi trois petits rochers, situés à quelque distance les uns des autres, au midi de l'isle de Milo, & à l'occident de celles de Remomulo & de Petteni, qui font appellés Paximadi ou Pafimada. Il y a un rocher appellé S. Chirichi, Il est au-devant de la riviere d'Armiro, & à

l'occident de la ville de Candie. A quatre lieues & demie d'Allemage de la ville de Canée, & près de l'isle de SaintThéodore, l'on trouve un banc de sable dans la mer, appellé Gagna. L'on trouve dans les cartes marines un rocher fitué à près de quatre lieues d'Allemagne à l'orient de l'isle de Standia; il est désigné sous le nom de Calogori ou de Coloiero. Il y a deux rochers à l'orient du cap Saint-Zuane, appellés Scoglio di Antonio.

Environ a trois lieues à l'occident du cap Sidero, le plus septentrional de l'isle de Créte, & à quelque distance au nord-ouest de la ville de Setia, l'on rencontre trois petires isles, désignées dans les livres des pilotes hollandois, sous le nom de Janitzari, appellées par les mariniers italiens Giagnizades.

Il y a une isle située au-delà du cap Sidero, du côté de l'ouest-fud-ouest, appellée Morena, & autrement Ifola Bassa, c'est-à-dire, isle basse. Elle est aussi nommée dans les livres des pilotes hollandois Stipalamida.

L'on trouve dans ces mêmes livres trois rochers placés entre le cap Sidero & l'isle de Morena: ils font à fleur d'eau. L'on doit bien prendre soin de les éviter, lorsqu'on fait voile entre le cap & l'isle, & qu'on veut doubler le cap; car pour ne pas faire naufrage, il faut ranger tant qu'il se peut la côte de l'isle.

Les cartes marines des Italiens placent trois rochers à l'embouchure du golfe ou de la baye, située à l'orient du cap Sidero, & à l'occident de celui de Salomoni & de la pointe de Placo. Le premier qui se présente, après avoir doublé le cap Sidero, est appellé Punta Traditora, qui est désigné dans les cartes marines des Hollandois sous le nom de l'isle de Morena. L'autre est appellé Scoglio di Flaza, & le troifiéme Scoglio di Grades.

Entre le cap Sidero & celui de Salomoni, l'on découvre un rocher dans une grande baye ou golfe, qu'on prendroit pour une isle, lorsqu'on fait voile vers ce côté, en venant du septentrion. L'on y voit quelques murailles qui tombent en ruine. Ce font les restes d'un château qu'on appelle Paleo Castro, c'est-à-dire château vieux.

STANDITANUS, siége épiscopal de l'Asie mineure, dans la Lydie. Un certain Marcus est qualifié évêque de ce siége, dans le concile de Nicée.

STANDON, bourg d'Angleterre, dans la province d'Hertford. Il a droit de tenir marché public. * Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 1.

STANES, bourg d'Angleterre, dans la province de Middlesex, fur le bord de la Tamise. A l'extrémité occidentale de Middlesex, la Tamise se partage en trois ou quatre branches, dont l'une arrose le bourg d'Uxbridge, après quoi ses eaux se réunissent un peu au-dessus de Stanes. Ce bourg a droit de marché. Délices de la Gr. Br. p. 976.

1. STANFORD, ville d'Angleterre, dans Lincolnshire, au quartier de Questevene, vers les confins de la province de Leycefter. Cette ville nommée par les Saxons SteanFord, c'est-à-dire, le passage de la pierre, parce qu'elle est toute construite de pierres, est fort jolie. On la trouve fur la rive gauche du Weland, qui sert de borne entre les deux provinces. Elle est fermée de murailles, bien peuplée & ornée de beaux priviléges. On y voit fix ou sept églises paroissiales, deux beaux hôpitaux, & les ruines d'un vieux château que le roi Etienne y avoit construit contre Henri d'Anjou. Quant à celui que le roi Edouard le Vieux avoit bâti de l'autre côté de la riviere, pour l'opposer aux Danois, qui couroient le pays, il n'en reste pas même les traces. Sous le regne d'Edouard III, les étudians d'Oxford s'étant divisés les uns contre les autres, sçavoir ceux des provinces du nord, contre ceux des provinces méridionales, il y en eut plusieurs qui se retirerent à Stanford, & qui y formerent une petite académie. Mais quelque tems après, cette scandaleuse division ayant été terminée, les étudians retournerent à Oxford, & ainsi l'académie de Stanford fut presque aussi-tôt finie que commencée; & l'on eut même la précaution d'exiger de tous les profefleurs un ferment qu'ils ne retourneroient jamais enseigner à Stanford. Cette ville est encore aujourd'hui assez considérable; mais elle l'étoit beaucoup davantage avant qu'elle cut été ravagée durant la fureur des guerres civiles causées par la division des maisons d'Yorck & de Lancastre. * Délices de la Grande Bretagne, p. 171 & fuiv.

L'itinéraire d'Antonin marque une ville ancienne nomNann

Tome V.

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