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Pinnau, se forme des eaux d'un petit ruisseau nommé aujourd'hui Wackenbeck, & autrefois Wickfleet; il reçoit celui de Drebeck, baigne Pinnenberg, à laquelle il donne son nom; &, après avoir reçu les petites rivieres de Relling. beck & le Bilfbeck, il se rend dans l'Elbe entre Bisthorft & Hohenhorst. Le Lengelbeck, appellé autrefois Glester ou Jester, passe au travers de Barmstede, prend le nom de Kroeckaw après avoir reçu la perite riviere d'Offenbeck, & entre dans l'Elbe au-dessous de Cestermich. La petite riviere de Rin ou Rihn, se forme de divers ruisseaux, se rend à Gluckstad, & s'y jette dans l'Elbe. Le Stoer, Stuer, anciennement Sturia, sert de borne entre la Stormatie & le Holstein propre. Il prend sa source au village de Bornhoede, au-dessus du grand & du petit Kummerfeld, reçoit au-dessous de Wiltorp la Schwala & l'Eubeck. Il se joint ensuite au Sarlow grofli des eaux des petites rivieres de Tapaw, d'Aw & d'Aspaw, & qui, avant que de les avoir reçues, porte le nom de Holtbeck: le Stoer reçoit après cela le Wimerbeck, le Bramaw, le Barmettede, le Schmalbeck, augmenté d'une petite riviere, le Barmbeck & le Lutzbeck, & ainsi accru il passe à Itzehoe, où il environne la nouvelle ville. Enfin après avoir reçu le Wilster, le Wolbursgaw, la Krempa, avec quelques autres ruisseaux, & au bout d'une course d'environ douze milles, il se jette dans l'Elbe, au-dessous de Boesfleth, par une profonde, mais étroite embouchure, où les navires marchands peuvent cependant entrer. La ville de Hambourg est située dans la Stormarie, ainsi que la préfecture de Trittow, celle de Reinbeck, la grande partie de la préfecture de Segeberg, & le comté de Pinnenberg. Il y a la Stormarie royale & ducale, où sont:

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Dans la Stormarie ducale: < Reinbeck,
Barmstaed.

* Rutg. Hermanid. Descr. Daniæ, p. 1034.

Quelques auteurs ont écrit que la Stormarie avoit eu anciennement des seigneurs particuliers; mais il est certain que depuis plusieurs fiécles elle n'en a point eu d'autres que les ducs de Holstein. Pontanus, 1. 9, p.565, rapporte dans fon histoire de Danemarck, que Henri, élu évêque d'Osnabrug, fut le premier de la maison de Holstein, qui prit la qualité de seigneur de Stormarie: mais plusieurs autres écrivains affurent qu'au commencement du neuvième siécle Udon de Mayendorf en étoit seigneur: sa postérité en jouit après lui, & ensuite les ducs de Saxe de la maison de Billingen, & après eux les comtes de Schaumbourg, d'où elle passa à ceux d'Oldenbourg; & même on observe qu'elle fut toujours gouvernée par le frere du comte de Holstein régent. * D'Audifret, Géogr. t. 3.

STORNA, ville de l'Inde, au-delà du Gange: Prolomée, l. 7, c. 2, la donne aux Tangani.

STORTA, village d'Italie, dans le patrimoine de saint Pierre, environ à quatre milles au nord occidental de la ville de Rome. Storta ou la Storta est la premiere pofte qu'on trouve sur la route de Rome à Florence. Ce village est du diocèse de Porto, & on tient que ce fut dans ce lieu que JESUS-CHRIST apparut à faint Ignace, & lui dit Ego vobis Roma propitius ero. En 1700 le pere Tirzo Gonzalez, Espagnol, fit bâtir une chapelle au même endroit, où l'on prétend que cette apparition se fit. * Magin, Atlas tal. Corn. Dict.

STORTFORD, bourg d'Angleterre, dans la province d'Hertford. Il a droit de tenir marché public. * Etat préSent de la Grande Bretagne, t. 1.

STORTHYNGA, promontoire d'Italie, selon Lycophron cité par Ortelius, Thefaur. qui dit qu'lsacius le prend pour le promontoire de Cryon, & entend par-là le promontoire Lacinium. Il ajoute que Canterus & Scaliger rendent Storthynga par Cacumen Voyez LACINIUM. STORTON, bourg d'Ecolfe, dans la province de Perth, sur le Tav, un peu au-dessous de Dunkeld. Ce bourg appartient à des seigneurs de la maison de Murray, en titre de vicomité, * Délices de la Grande Bretagne, P. 1291.

STOSSII, ancien peuple de la Sarmatie Européenne, selon Ptolomée, 1. 3, c. 5, qui le place auprès de

Veltæ.

STOUENSES. Voyez STOBI. STOVINUS, ville des Liguriens, selon Etienne le géographe, qui remarque que le nom national est Sro

VINI.

1. STOURE ou Stower, riviere d'Angleterre. Elle fort de l'extrémité orientale du comté de Suffolk, où elle forme un petit lac nommé STOURMERE, un peu au-dessous de sa source; puis passant entre cette province & celle d'Effex, elle se partage en deux bras, & fait une petite isle près de Manytre ou Maningtre, après quoi se rejoignant elle va se jetter dans l'Océan, par une large embouchure, près de Harwich. Il fut résolu dans le parlement de l'année 1706, de rendre cette riviere navigable depuis la ville de Manytre jusqu'à celle de Sudburg, dans le comté de Suffolk: & le 27 de février l'acte qu'on en avoit dreflé reçut l'approbation de la reine. * Délices de la Grande Bretagne, p. 79.

2. STOURE OU STORT, riviere d'Angleterre. Elle cou. le au couchant de la province d'Essex qu'elle sépare du comté de Hartfort, & se perd dans la Ley. On la nomme aussi la petite Stoure, pour la diftinguer de celle qui fait l'article précédent.

3. STOURE, riviere d'Angleterre. Elle fort du comté de wilt, où elle reçoit les eaux de fix sources, & en entrant dans le comté de Dorset, elle traverse la forêt de Gillingham, porte ses eaux à l'occident de Shaftsbury, & coule droit au sud jusqu'à Stourminster, où on la pafle fur un pont de pierre. En fortant de Stourminster, elle tourne au fud-eft, & va en ferpentant jusqu'à Blandford, d'où continuant son cours au sud-est, & puis tournant à l'est, elle va laver les murailles de Winburnminster. A un mille de Winburnminster elle reçoit l'Alen, près de Cranford qu'elle baigne; après quoi elle va se perdre dans la baye de Pool. Cette riviere est féconde en diverses sortes de poisfons; mais on y prend sur tout quantité de tanches & d'anguilles. * Délices de la Grande Bretagne, p. 757 & suiv.

4. STOURE, riviere d'Angleterre, en latin Soarus. Elle prend sa source dans la province de Leycester, à quelques milles au sud-ouest de la ville de Leycester. Elle se partage en deux branches, auprès de cette ville, & ces deux branches se rejoignant bien-tôt après, elle coule au nord, arrosant divers petits lieux, comme Mont-Sorell & Barrow. Delà la Stoure, dont le nom est corrompu de Soare, mouille Loughborough, & entre enfuite dans le comté de Nottingham, ou après avoir baigné Stanford elle va se perdre dans la Trent. * Délices de la Grande Bretagne, p. 369 & 383.

STOURMINSTER. Voyez STURMINSTER.

STOW, bourg d'Angleterre, dans la province de Glocester. On y tient marché public. * Etat présent de la Grande Bretagne, t. 1.

STOW-MARKET, ville d'Angleterre, dans la province de Suffolc, avec droit de marché. Stow-Market est une grande & belle ville, située sur l'Owell. On y fait beaucoup d'étoftes, & elle est ornée d'une belle église. * Etat présent de la Grande Bretagne, t. 1, p. 113.

STOW-MERE, lac d'Angleterre, dans la province de Leycester, près de Lichtfield. Ce lac ou étang est double. Chaque lac peut avoir trois cents pas de longueur : & ils sont joints l'un à l'autre par des chauffées, avec un canal de communication par-dessous. Celui des deux qui est au nord, s'appelle STOW-MERE, & a bien cent pas de large en quelques endroits; mais l'autre, nommé DAMM-MERE, n'a qu'environ cinquante pas de largeur. * Délices de la Grande Bretagne, p. 384.

STOW-ON-THE-WOULD, bourg d'Angleterre, dans Glocestershire, aux confins du comté de Warwick, entre les rivieres d'Evenlode & de Windrush. Ce bourg, situé sur l'ancienne voie romaine, tirée au pied des montagnes, pavée de grosses pierres, & connue sous le nom de Foffeway, est bâti sur une hauteur & fort exposé à la fureur des vents. De Stow-on the-Would, la voie romaine avancant au fud & au sud-ouest, coupe les rivieres de Lech, de Coln, & de Chur, & arrive à Cirencester. * Délices de la Grande Bretagne, p. 658.

STOWER ou STOUR, riviere d'Angleterre, au comte de Kent. Elle y prend sa source; &, coulant au nord, elle Tome V. Pppp

*

se partage en deux bras pour entrer dans la mer. Elle forme à fon embouchure une ifle nommée Thanet. lices de la Grande Bretagne, p. 817.

ainfi

C'est la même que Stourne I. Voyez ce mot.
STOWEY, bourg d'Angleterre, dans la province de
Sommerset. Il a droit de tenir marché public.* Etat pré-
fent de la Grande Bretagne, t. 1.

STRABANE ou STREBANE, bourg & baronnie d'Irlande, au comté de Tyrone, dans le quartier appellé la Baffe-Tyrone, fur le Derg, & vers le confluent de cette riviere avec la Tine, dans la province d'Ulfster. Ce n'est qu'un petit bourg avec un château. On trouve de grands bois au voisinage de Strabane, dans un canton de pays appellé Glankankin. * Délices de la Grande Bretagne, p. 1592.

STRABERG, (le Ratra ou Ratray) riviere d'Ecosse, dans la province de Buchan, formoit autrefois à son embouchure un baye appellée STRABERG. On y voyoit un trèsbon port, avec une petite ville qui portoit le nom de la riviere; mais l'Océan a comblé le port par les sables qu'il y a jettés, & la ruine du port a entraîné celle de la ville. * lices de la Grande Bretagne, p. 1324.

STRABONIANENSIS-FUNDUS, campagne ou fonds de terre, en Afrique. C'est saint Augustin qui en parle dans sa lettre deux cents trente-sixiéme.

STRACCIACAPPA, lac d'Italie, dans l'Etat de l'Eglise, au patrimoine de saint Pierre, entre le lac de Bracciano & celui de Bacano, environ à deux milles de chacun de ces lacs. C'est le Papirius ou Papirianus Lacus des anciens.

STRADBALLY, baronnie d'Irlande, dans la province de Leinster. C'est une des sept qui composent le comté de Queenscounty. * Etat présent de l'Irlande, p. 44.

STRADELLA, bourg d'Italie, au Milanès, dans le Pavesan, sur la petite riviere de Versa, assez près du bord méridional du Pô, & à trois lieues de Pavie, en tirant vers le levant. Niger prend ce bourg pour l'ancienne Jelleia. * Magin, Atlas Ital.

STRADENSIS, lieu situé aux confins de la premiere Moesie, selon la notice des dignités de l'Empire, où on lit : Stradenfis Classis impofita Margo Moesia I.

STRAGIONI, bourgade de la basse Egypte, sur la côte de la mer Méditerranée, à dix-huit lieues de l'embouchure du Nil, du côté de l'orient. Pinet le prend pour l'ancienne Oftracine de Ptolomée.

STRAGNA, fleuve que Cédrene, cité par Ortelius, met au voisinage de la Perside. Ce fleuve est nommé Stranga par saint Epiphane & par Curopalate.

STRAGONA, ville de la Germanie, selon Ptolomée, 1. 2, 6. 11. Pierre Appien veut que ce soit présentement Posnanie ou Posen, ville de Pologne. * Ortelius Thef.

STRAKONITS, château du royaume de Boheme au cercle, & au couchant de Piseck. C'est le chef-lieu du domaine du grand prieur de Boheme, de l'ordre de saint Jean de Jerufalem ou de Malthe. Il y a trente commanderies qui dépendent de ce grand prieuré.

STRALEK, château de Suisse, au canton de Zurich. Ce château ne subsiste plus. On n'y voit plus maintenant qu'une chapelle. Il étoit situé au pied de la montagne d'Ammont, sur la côte septentrionale du lac Walhlesstatt. * Etat & délices de la Suisse, t. 3, p. 205.

STRALEN, village des Pays-Bas, dans le haut quartier de Gueldre, entre la ville de ce nom & celle de Venloo, presque à pareille distance de ces deux places. Cette ville étoit autrefois fortifiée; mais les François qui la prirent en 1672, ruinerent tous les ouvrages qui lui fervoient de défense. * Jaillot, Atlas.

STRALSUND, Bunitium ville d'Allemagne, dans la Pomeranie citérieure, & dans la seigneurie de Bard. Elle est située sur la côte de la mer Baltique, vis-à-vis de l'isle de Rugen, vers les 54d 25' de latitude. On croit qu'elle a été ainsi appellée de sa situation sur le bord du canal, & près de la petite isle de Stral: en vieux langage germanique les détroits font nommés Sundt. Les Danois commencerent à bâtir cette ville l'an 1211 des ruines d'Arcom. Elle devint enfuite libre & impériale; & c'est aujourd'hui une des plus tiches & des plus fortes villes de l'Allemagne. Elle est presque isolée par la mer & par le lac Franken; & l'on n'y peut aborder que par une chauffée étroite, dont la tête

est défendue par un fort. Stralfund a trois portes, celle de Franck, celle de Knip, & celle de Tripsée. Le côté, entre la porte de Franck & celle de Knip, regarde l'ifle de Rugen: celui qui est entre la porte de Franck & celle de Triplée, regarde Gripswald; enfin celui qui est entre la porte de Tripsée & celle de Knip regarde Damgarten & le pays de Mecklenbourg. Ces deux derniers côtés sont environnés de grands marais. Walstein, général de l'armée impériale, affiégea cette place en 1629, & fut obligé d'en lever le siége. L'électeur de Brandebourg la prit en 1678, à la faveur du feu que ses bombes y avoient mis. Elle se rendit par capitulation, après avoir eu la plupart de ses maisons brûlées, & elle fut restituée aux Suédois l'année suivante. Les alliés du nord ayant en 1715 soumis cette forteresse, les Danois en prirent possession, & la rendirent aux Suédois par le traité de paix. Ses bourgeois sont exempts des impôts dans toute la principauté de Rugen. Elle a le droit de battre monnoie, droit qu'elle a conservé malgré les uns & les autres. Son territoire est d'une grande étendue; aussi est-elle regardée comme la ville la plus considérable de la haute Saxe. Lorsque l'Empire est en guerre, elle n'est tenue qu'à sa propre défense; & fi elle contribue de quelque somine c'est librement. Les ducs de Pomeranie ne peuvent mettre de garni son dans Stralsund, ni fatiguer les habitans par des logemens de gens de guerre. Ses magistrats nomment le gouneur de l'isle de Rugen, & fans leur consentement on ne peut en transporter le bled, ni y brasser la bière, n'y en vendre; ni y bâtir aucune ville. Stralsund a le sixiéme rang entre les villes anséatiques, & le premier dans les états de Pomeranie. * Zeyler, Descr. Pomer.

STRAMBAE, ville de Thrace, selon Etienne le géográphe. Il dit que le nom national est Stagirita & Strambai; mais Saumaise veut qu'on lise Stagirita & Strambai.

STRAMULIPA OU STRAMUZUPA, contrée de la Gréce, sous la domination du Turc. C'est celle que les anciens nommoient Beotie. Elle a pour bornes au midi le duché d'Athènes, au septentrion la province de Janna, à l'orient le détroit de Negrepont, & à l'occident la Livadie propre. * Baudrand, Dict.

STRAND-FRISEN, Frifia feptentrionalis, ou Frifia Cimbrica. C'étoit anciennement une grande contrée de la Chersonnese Cimbrique. Elle est maintenant renfermée dans le duché de Sleswic en Jutlande, & comprend les gouvernemens d'Eyderstad, d'Hufum, & une partie de ceux de Flensbourg & de Tonderen, le long de la mer d'Allemagne. * Baudrand, Dict.

STRANGA. Voyez STRAGNA.

1. STRANGFORT, port d'Irlande, dans la province d'Ulster, au comté de Down. Ce port ou havre est long de cinq à fix milles, & affez für; mais ais son entrée est traversée d'une barre de rochers, les uns cachés, les autres découverts, & qui font les uns & les autres fort dangereux. Il communique au nord-ouest à un grand lac, qu'on peut regarder plutôt comme un golfe que comme un lac. On le nomme CONE ou COIN. Il a bien trente milles de longueur, mais il n'en a que deux ou trois de largeur. La marée y entre, & s'y fait sentir régulierement d'un bout à l'autre avec beaucoup de violence, ce qui rend son eau salée. Il est parsemé d'une si grande quantité de petites isles, qu'on les fait monter au nombre de deux cents soixante. Il est fort dangereux dans les grandes tempêtes, parce que les vaisseaux n'y font nullement à couvert. La ville de STRANGFORD, qui est située vers le milieu de la longueur de ce havre, eft petite & peu considérable. Entre le havre de Strangford & celui de Drondum, la terre forme une presqu'isle nommée Lecale ou Lekeale. C'est là qu'est Down ou Down-Patrick, la capitale du comté, située au fond du havre de Strangford, & à la tête de l'isthme, qui fait la presqu'isle. * Délices d'Irlande, p. 1570.

2. STRANGFORT, ville d'Irlande. Voyez l'article précédent. STRAPELLINI, peuples d'Italie, dans la Pouille. C'est Pline, 1.3, 6.11, qui en parle. Le P. Hardouin lit Strabellini pour Strapellini.

STRANTAVER, ville d'Ecosse, dans la province de Galloway, au fond du golfe de Rian. Blaew écrit STRONRAWYR, au lieu de STRANTAVER.

1. STRASBOURG, en latin Argentoratum & Strateburgum, ville de France, capitale de l'Alface. Son nom d'Argentoratum lui vient de ce qu'elle a succédé à l'ancien Argen

b

torate ou Argentoratum, que les Romains avoient fondé pour servir de boulevart à leur empire contre la Germanie; & elle est appellée Strafbourg, parce que dans l'itinéraire d'Antonin elle étoit le lieu où aboutisloient plusieurs grands chemins des Romains, ce qui prouve qu'elle étoit considérable au commencement du cinquiéme liécle. On ne sait ni par qui, ni en quel tems elle a été bâtie. Le premier géographe qui l'a marquée est Ptolomée; mais il étoit fi mal informé de cette ville, parce qu'elle étoit encore peu considérable, qu'il l'attribue aux Vangions, quoiqu'ils ne fussent pas voisins, & qu'elle appartint aux Tribocques. Elle étoit fort célébre dans le quatrième fiécle; Ammien Marcellin dit qu'elle étoit connue par la défaite des Barbares, Cladibus Barbaricis; & c'est là où Julien Céfar vainquit les Allemands & leur roi Chonodomar, ce qu'Ammien Marcellin décrit amplement au seiziéme livre de fon histoire; & Julien en fait mention dans sa lettre aux Athéniens, où il nomme cette ville Argentora, & non pas Argentorate, en quoi il a été suivi par Zofiane au troifiéme livre. On voit par la notice de l'Empire qu'il y avoit à Argentorate une manufacture de toutes fortes d'armes. * Longuerue, Descr. de la France,

part. 2, p. 222.

(

Dans le cinquiéme siècle, les Vandales, ayant paffé le Rhin, faccagerent les villes & le plat pays des Gaules l'an 407, & Argentorate fut du nombre des villes dont les habitans furent enlevés & emmenés dans la Gerinanie; Nemetes (Spire) Argentoratus tranflatiin Germaniam, dit S. Jérôme dans sa lettre à Ageruchie, en date de l'an 409. Ces villes, de la désolation desquelles faint Jérôme parle, furent rétablies; car la notice de l'Empire, faite fur la fin du regne d'Honorius, & au commencement de celui de Valentinien I!I, marque Argentorate, & fait mention de la manufacture de toutes fortes d'armes qu'il y avoit dans cette ville. Ainsi on ne doit attribuer la ruine entiere d' Argentorate quà Attila, qui entra dans les Gaules par l'Alface; car Sidonius Apollinaris, dans son panégyrique à Avitus, dit que cette effroyable quantité de Barbares, qui fuivoient Attila, ayant abattu des bois de la forêt Hercinie, voisine de l'Alfaсе, de l'autre côté du Rhin, en fit des barques pour pafler le fleuve.

.... Cecidit cito secta bipenni

Hercinia in Lintres, & Rhenum texuit alno.

lieu étoit fort propre pour un monastère, parce qu'il étoit dans un lieu solitaire, c'est-à-dire, où il n'y avoit point d'habitans, & fur la riviere de Brusch: Pro opportunitate folitudinis, & juxta fluentis Brusci fluvii; de forte que l'ancien Argentorate, détruit & désert, dont le fond appartenoit en propre au duc Adalbert, étoit différent de la ville de Strasbourg, qui, dans le siécle précédent, étoit déja une ville, où avoit demeuré Childebert, roi d'Au strafie.

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L'empereur Lothaire marque dans sa patente, qu'il l'a donnée dans son palais royal, (car il y en avoit un en ce lieu depuis long tems.) Outre Childebert, mort sur la fin du sixième siècle, il y a eu plusieurs rois d'Austrasie qui ont demeuré quelquefois à Strasbourg, jusqu'au roi Żuentibold, fils de l'empereur Arnoul.

La ville étoit donc fort diftinguée entre celles du Rhin. Elle étoit aussi fort fidéle à ses rois; car Herman, qui étoit duc ou gouverneur général de Souabe & d'Alface, ayant pris les armes contre l'empereur S. Henri, ceux de Strasbourg oferent lui résister. Le duc Herman affiégea la ville, qui, n'ayant pas été secourue, fut prise & pillée l'an 1003, comme nous l'apprenons de la chronique de Hermanus Contractus, & de celle de Hepidamnus, moine de S. Gall.

Elle fut réparée & s'accrut au point qu'il n'est plus refsté de vestiges de l'ancienne Argentorate. L'Ill traverse à présent la ville de Strasbourg, & fe jette à une liene au-desfous, dans le Rhin, près la bourgade de Lavantznau, quoique la ville ne soit qu'à un bon quart de lieue du Khin.

Le nom de la riviere d'Ill ne se trouve marqué dans aucun des auteurs qui ont écrit sous les empereurs Romains; car, dans la carte de Peutinger, c'est une ville & non pas une riviere, qui est marquée sous le nom de Hellelus, entre Argentovaria & Argentorate, & qui est la même dont le nom est écrit Helcebus dans la géographie de Ptolomée, & Helvetus dans l'itinéraire. La fituation de Hellelus convient avec celle d'un lieu aujourd'hui nommé Ell, près de Sceleftat, & qui, felon l'opinion de Cluvier, a donné fon nom à la riviere qui y passe.

Nous avons vû que Strasbourg, nommé Argentorate, du nom de l'ancienne ville, (corrompu dans les bas fiécles en Argentina) étoit une ville royale. Elle se soumit avec peine à Othon le Grand, & fut depuis fort fidéle aux fucceffeurs d'Othon; car les ducs d'Allemagne n'en étoient pas souverains, quoiqu'ils commandassent dans la province ; & encore que les évêques y euffent de l'autorité, avec un fort grand crédit, durant long-tems, ils n'en étoient pas seigneurs temporels ou maîtres abfolus. L'empereur Lothaire, le Saxon, ayant été couronné à Liège par le pape Innocent II, l'an 1131, prit cette ville sous sa protection plus particulierement que les autres villes impériaFerdinand II.

Attila repassa le Rhin par le côté d'Argentorate, lorsqu'il
s'en retourna en Pannonie, & c'est alors que cette ville fut
entierement détruite ; en forte qu'elle demeura déserte, &
fans habitans, durant plusieurs années. On veut en ce pays.
là que le grand Clovis ait commencé à rebâtir cette ville, &
qu'il y fit bâtir une petito église, ce qui ne se prouve par au-
cun auteur digne de foi. Ce qu'il y a de certain, c'est que
ses fils bâtirent sur la riviere d'Ill, près des ruines du vieilles, ce qui fut confirmé l'an 1629, par une patente de

Argentorate, une nouvelle ville fur le grand chemin, qu'on appelloit Strata dans la moyerne latinité.

Ce mot étoit reçu dans l'ufage commun, au sixiéme siécle. Procope, au commencement de son histoire des guerres de Perse, dit qu'un chemin pavé s'appelle en langue latine Strata: de ce mot est venu l'italien Strada, le teuton Strate, que les hauts Allemands prononcent & écrivent Stratz, & les vieux François Estrées, qui est resté à quelques noms de lieux. Les François nommerent cette ville Stratebourg: elle étoit déja une ville sous le regne de Childebert, fils de Sigebert; car Grégoire de Tours dit, au chapitre 36 du neuviéme livre de son histoire, que ce roi demeuroit à Stratebourg, qui étoit alors une ville: Infrà terminum urbis morabatur, quam Strateburgum vocant; & au chapitre 19 du dixiéme livre, il dit que Gilles, évêque de Rheims, fut condamné à être exilé à la ville, qu'on appelloit autrefois Argentorate, & pour lors Stratebourg.

Cependant l'empereur Lothaire, dans ses lettres-patentes, données en faveur du monastère de faint Etienne de Strasbourg, datées de la huitiéme indiction, & de la fixiéme année de fon regne en France, (ce qui revient à l'an 845,) déclare qu'il a vu les titres de la fondation de ce monastère, faite par le duc Adalbert, & le privilége du roi Childeric, fils de Clovis II, felon lesquels Adalbert avoit fondé ce monastère sur un fond qui lui appartenoit, & étoit de son héritage, parmi les ruines de l'ancienne Argentorate; inter ruinas veteris Argentorati, à cause que le

Maximilien I lui donna le droit de battre monnoie d'or, avec l'image de la Vierge, & cette inscription: Urbem, Virgo, tuam ferva: O Vierge, conferve ta ville, qu'on changea en ces mots : Urbem, Christe, tuam ferva, Christ, conserve ta ville, quand les habitans eurent quitté la religion catholique romaine. L'empereur Sigismond lui donna le droit de tenir une foire franche à la S. Jean, par ses lettres datées de l'an 1414 & 1436.

:

La ville de Strasbourg a un pont sur le Rhin, qui est divisé en plusieurs bras par des ifles. Ce pont, qui est de bois, a bien un quart de lieue: il regne fur plusieurs des isles du Rhin, dans quelques-unes desquelles on avoit construit de petits forts, qui, en conféquence de l'article fixieme du traité de paix conclu à Bade le 7 de septembre 1714, ont été entierement rasés. * Piganiol, Descr. de la France, t. 7, P.450.

Wenceflas, roi des Romains, donna la propriété de ce pont à la communauté; & afin qu'il fût mieux entretenu, l'empereur Maximilien II accorda à la ville un tribut für tous ceux qui passeroient fur ce pont à pied, à cheval, ou en chariot, & ce droit fut augmenté par Rudolphe II, fils de Maximilien & son succesleur. * Longuerue, Descr, de la France, t. 7, p. 450.

Autrefois le gouvernement étoit entre les mains des nobles; mais les roturiers ont pris le dessus depuis long-tems, & dès l'an 1332, les citoyens furent distribués en treePpppij

Tome V.

1

huit corps de métiers, qui, dans la suite, ont été réduits à vingt.

Le college des magistrats est divisé en plusieurs chambres: celles des treize, des quinze, des vingt-un, du grand & du petit fénat. La premiere connoît de toutes les affaires de conféquence; la chambre des quinze a la direction des revenus de la ville : celle des vingt-un n'a d'autre fonction que de fournir des sujets aux autres chambres. Le grand fénat est composé de trente magistrats, dix nobles & vingt roturiers: il connoît des affaires civiles & criminelles : les dernieres y font jugées en dernier reflort. Le petit sénat consiste en fix gentils-hommes & douze bourgeois : il connoît des moindres affaires avec appel à la chambre des

treize.

Le feu roi Louis XIV a maintenu ce college, & les trois ordres, savoir des treize, des quinze & des vingt-un; &, pour la conservation des droits royaux & du bien public, il a établi un préteur royal, qui est le premier magiftrat, mais qui ne doit point porter de préjudice à ceux de la ville, lesquels on change tous les ans, & qui sont élus suivant les statuts & priviléges de la ville; par le septiéme article de la capitulation, on a laislé aux mêmes citoyens de Strasbourg la libre jouissance du pont du Rhin, de toutes les villes, & de tous les bourgs & villages qui appartiennent à la ville, & qui sont divisés en cinq bailliages ou seigneuries, Barr, Wasselheim, Herrensteim, Marlenheim & Allkirih ou Illkirch.

Par le sixiéme article, le roi déclare les citoyens exempts de tous tributs & de toutes contributions, & a laiffé tous les impôts, tant ordinaires qu'extraordinaires, à la ville, pour sa conservation, ce qui est conforme aux priviléges donnés par les empereurs à cette ville, qui ne leur payoit aucun tribut, & n'étoit pas même obligée de leur rendre hommage, quoiqu'elle fût membre de leur empire.

L'université, qui a été conservée à la ville par la capitulation royale, a obtenu ses premiers priviléges l'an 1566, de l'empereur Maximilien II. Ils ont été augmentés par l'empereur Ferdinand II, l'an 1621, qui leur a donné le pouvoir de créer des docteurs & des licentiés en toutes les sciences. Elle est composée de quatre facultés, & régie par des professeurs luthériens, qui prennent les titres de prévôt, doyen & chanoines de S. Thomas, parce que les revenus de cette collégiale ont été unis à leur université: ils conferent les degrés aux catholiques comme aux autres, à l'exception de ceux de théologie. Les jésuites avoient à Strasbourg un beau college, dans lequel il y avoit trente-deux bourses, pour des écoliers de philosophie & de théologie, dont il faut que vingt-quatre foient originaires de la province. Ce collége jouit de trente-fix mille livres de rente, compris les revenus des abbayes de Seltz & de Walbourg.

Strasbourg est un gouvernement de place du gouver nement militaire d'Alface, avec état major. Les soldats de la garnison sont logés dans les cazernes bâties aux frais des habitans. Louis XIV a fait bâtir une citadelle entre la ville & le Rhin, & les ouvrages extérieurs s'étendent jusqu'au pont, où il y a du côté d'Alface un pont - levis, qu'on leve la nuit, comme les Impériaux en ont un de l'autre côté à Kehl en Ortnau; ainsi le pont qui appartient toujours à la corninunauté de Strasbourg, eft commun commele Rhin entre les Impériaux & les Francois; quant aux ifles, on n'y peut faire aucun fort, &, en exécution des traités de Ryswick & de Bade, on a démoli ceux qu'on y avoit faits.

Les forrifications de la ville consistent en une enceinte fort irréguliere, de figure presque triangulaire. On la distingue en deux différentes parties, l'ancienne & la nouvelle. L'ancienne a été réparée par le maréchal de Vauban, & la nouvelle a été construite selon la maniere de ce grand homme. La vieille enceinte, comme aussi une partie de la nouvelle, sont entourées d'une fausse braye, qui est une seconde enceinte au rez-de-chauffée. Le front, qui est à l'occident, est bâti sur le rideau de la grande plaine, & a de bons bastions, revêtus de gazon, depuis le rez-dechauffée de la fausse baye qui est au pied, laquelle est revêtue de maçonnerie avec un très-bon fossé aussi revêtu. En outre ce front est défendu par des demi-lunes & contregardes de maçonneries, toutes supérieures au terrein de la campagne, par un bon chemin-convert & par de bons glacis, soumis au feu des piéces qui sont derriere. Le front

du midi, outre sa fortification, qui est de la même qualité que celle du front précédent, ne peut être insulré, parce qu'on peut inonder tout le pays entre le Rhin, la riviere d'ill & la place, à plus de quinze ou seize cents toises de distance, de maniere que personne n'y puisse passer. Cette inondation se peut faire par le moyen d'une grande écluse qui est dans la ville, à l'entrée de la riviere d'Ill & celle de la Brusch. Cette écluse est un ouvrage qu'on ne peut affez estimer, & par le moyen duquel on peut faire faire aux eaux des mouvemens surpre. nans. Le front du nord est fortifié de la même maniere que le reste de la place, ayant même revêtement & même construction. Il a en outre un grand ouvrage à corne entierement revêtu de maçonnerie. Le terrein est d'ailleurs fort soumis à la fortification, & par le mouvement des eaux dont je viens de parler, on pourra rendre l'attaque de ce côté très-difficile. Le front du côté du levant est défendu par la citadelle, qui est un pentagone régulier, construit à la maniere du maréchal de Vauban. Elle est composée de cinq bastions, comme je viens de dire, & d'autant de demi-lunes. Le bastion du côté du Rhin eft couvert par un grand ouvrage à corne, à la tête duquel est une demi-lune, le tout bien revêtu, & entouré d'un fossé plein d'eau, dans lequel on peut jetter toute la riviere d'Ill, par le moyen de l'écluse dont j'ai parlé, & d'un chemin-couvert, qui communiquent l'un & l'autre à ceux de la place. Dans l'avantfollé au-delà du glacis, à la tête de l'ouvrage à corne, sont placées trois redoutes, qui forment une espéce d'ouvrage à couronne, le tout enveloppé d'un fosse & d'un chemin couvert.* Piganiol, Description de la France, 1.7, p. 448.

Quand à l'évêché de Strasbourg, l'origine en est aussi obscure que celle de la ville. Saint Irenée, qui a écrit vers la fin du deuxième siècle, loue la foi orthodoxe des églises, qui étoient fondées dans la Germanie, ce que nous devons entendre de la Germanie Romaine, dont Argentorate étoit une ville des plus considérables. Néanmoins, comme cette église fut anéantie avec la ville dans le cinquiéme fiécle, il n'y eut plus d'évêques durant deux cents ans. On ne fait le nom d'aucun des pasteurs des chrétiens de ce pays-la sous les empereurs Romains. * Longuerue, Description de la France, t. 7, p. 448.

On tient à Strasbourg que faint Amand, évêque de Tongres, a été leur premier évêque; ce qui n'est pas certain; car quoiqu'il ait prêché la foi en ce pays, il ne s'ensuit pas qu'il en ait été évêque.

Selon Meurisse, le premier évêque de Strasbourg a éré saint Argobaste, établi dans cet évêché en 639 par le roi Dagobert, & il gouverna long-tems cette église sous le regne de Sigebert, fils de Dagobert, & de Childéric neveu de Sigebert. Il mourut sous Childeric, & eut pour fuccesseur faint Florent, du tems duquel Dagobert le jeune étant revenu de la Grande Bretagne, fut reconnu roi par les Austrasiens, sur la fin de 974. Saint Florent mourut sous le regne de Dagobert, qu'il avoit assisté pour retourner en fon pays natal, & recouvrer le royaume de son pere Sigebert.

Ce roi, par reconnoiffance, voyant que les Anglois avoient chaffé & dépouillé de l'évêché d'lorck saint Wilfrid, lui voulut donner l'évêché de Strasbourg, au commencement du printems de l'an 678, ainsi qu'on le voit par la chronique de Bede. Eddius Stephanus, disciple de faint Wilfrid, qui a écrit sa vie, appelle au chap. 28 cet évêché un très-grand évêché: Episcopatum maximum ad civitatem Streitburg pertinentem. Ce que Wilfrid refusa, ne voulant renoncer ni à son pays, ni à fon église d'lorck.

On voit combien cette église étoit alors illustre. Elle avoit été sous l'empire Romain dansla premiere Germanie; mais les évêques de Mayence & de Cologne, capitales des deux Germanies, n'ont été métropolitains que sous le regne de Pepin & de Charlemagne. Ce fut sous cet empereur que Strasbourg fut soumise à la métropole de Mayence, comme elle a toujours été depuis.

Les rois Mérovingiens & Carlovingiens ont beaucoup enrichi cette église, aussi bien que les Othons, saint Henri, & Lothaire le Saxon; ce qui fit rechercher cet évêché par les princes, & même les places du chapitre, dont ils exclurent les roturiers long-tems avant le commencement du treiziéme siècle, puisque le cardinal Conrad, évêque de Port, ayant en cette qualité donné une prébende de l'église de Strasbourg à un roturier, le chapitre ne le voulut

pas recevoir, & représenta au pape Grégoire IX que, par une coutume observée de tems immémorial, on ne recevoit personne dans ce chapitre, qui ne fût noble de pere & de mere: Nifi nobilem ab utroque parente illuftrem. Le pape n'eut aucun égard à cela, difant que c'étoit un abus, parce que Dieu n'avoit point d'égard à la nobleffe, & que la seule vertu, avec les autres talens nécessaires, lui étoient agréables. Ainfi il détermina que le défaut de noblesse n'empêcheroit pas celui qui étoit pourvu de jouir de cette prébende. Ce décret de Grégoire fut inféré au troisiéme livre des décretales, & au cinquiéme titre, où il est traité des prébendes & des dignités. Ce chapitre commence par ce mot Venerabilis. Le chapitre demeura ferme à maintenir fon ancienne coutume. Depuis ce tems ils ont été plus exacts, & les papes successeurs de Grégoire n'y ont pas trouvé à redire.

Les évêques, qui étoient de grands princes, devinrent fort suspects au peuple de Strasbourg, très-jaloux de sa liberté, dont il craignoit que ces prélats ne le privassent, & les évêques s'étoient obligés de demeurer ordinairement dans leur ville de Saverne.

Les choses étoient en cet état, lorsque Martin Luther commença à prêcher contre le pape & les évêques qui lui étoient attachés. Dans le même tems, Zuingle prêchoit en Suiffe, & Capiton avec Bucer à Strasbourg. Guillaume de Hohnstein, comte de l'Empire en Thuringe, qui étoit évêque de Strasbourg, s'étoit rendu odieux au bas clergé, qu'il avoit voulu réformer, & obliger à vivre chaste

ment.

Le peuple, qui penchoit du côté de ces nouveaux prédicans, abolit la messe, avec tous les cultes de la religion catholique romaine l'an 1529 ; & en même tems on chassa les religieuses & les ecclésiastiques qui y étoient attachés.

Le sénat établit une académie des sciences, à laquelle on attribua les biens du chapitre de l'église collégiale de saint Thomas, & ils disposerent des autres biens d'église dans leur ville & leur territoire.

L'évêque Guillaume ne rentra plus à Strasbourg, & demeura toujours à Saverne, où il mourut l'an 1542. Les chanoines afssemblés dans cette ville, élurent évêque Erasme de Limbourg,qui poursuivit si vivement les habitans de Strasbourg pour la restitution de l'église cathédrale, & des autres dont ils s'étoient emparés, qu'ils furent obligés de tranfiger avec lui l'an 1550. Ils lui restituerent l'église cathédrale de Notre-Dame, & les deux collégiales de saint Pierre le vieux & de saint Pierre le jeune. Mais l'évêque confentit que l'église de saint Thomas fut unie, avec tous ses revenus à l'école ou académie, que le sénat de Strasbourg avoit fondée; ainsi ce prélat retourna à Strasbourg, & il s'y retira l'an 1552, à l'approche de l'armée de Henri II, roi de France: ce fut lui qui empêcha les habitans d'ouvrir leurs portes aux François.

Après cela, il reçut dans la même ville, avec les magis trats, l'empereur Charles-Quint, lorsqu'il marchoit pour affiéger Metz, & il l'affitta de vivres, car il étoit zelé pour le service de son empereur.

Après l'abdication de Charles-Quint, quoique les chapitres catholiques parussent être en sureté, tant par la tranfaction que l'évêque Erasme avoit faite avec le senat & le peuple de Strasbourg, que par la transaction générale de Paffau, & par la paix religieuse, ils furent si effrayés de se voir au milieu d'un grand peuple, qui leur étoit opposé, qu'ils quitterent la ville, & se retirerent à Molsheim, petite ville dela basse Alface. L'évêque Erasme mourut l'an 1568, & on élut à sa place Jean comte de Manderscheit, qui ne fit plus d'effort pour recouvrer sa cathédrale & les autres églises, dont les luthériens se saisirent après la désertion des catholiques.

Plusieurs chanoines avoient embrasse la confession d'Augsbourg, de forte que l'évêque Jean étant mort l'an 1592, les luthériens s'assemblerent dans la maison capitulaire de Notre-Dame de Strasbourg, qu'on nomme le Bruderhoff ou la maison des freres, & élurent administrateur Jean-George, prince de Brandebourg.

Les catholiques s'assemblerent à Saverne, & élurent le cardinal Charles de Lorraine, fils du duc Charles II, ce qui excita une guerre entre les deux élus. L'empereur Rodolfe II l'appaisa en divisant entre eux les revenus l'an 1593; mais dix ans après elle recommença,

& fut enfin terminée, parce que le cardinal évêque & le chapitre donnerent une grande somme d'argent au prince de Brandebourg, & que le sénat de Strasbourg, abandonnant fon parti, reconnut que l'évêché appartenoit au cardinal, & le droit d'élire aux chanoines de fon parti.

Après sa mort, arrivée en 1607, l'archiduc Léopold d'Autriche fut élu évêque de Strasbourg, auquel succéda Léopold, fils de l'empereur Ferdinand II. Léopold étant mort l'an 1662, François Egon de Furstemberg fut élu; enfin le 19 octobre 1681, il reprit poffeffion de fon église cathédrale en personne, & le chapitre y retourna. Toutes les autres églises, tant féculieres que régulieres, font demeurées à ceux de la confession d'Augsbourg par la capitulation.

Strasbourg est à présent une des plus considérables villes du royaume, tant par sa situation & son étendue, que par l'importance des fortifications que Louis le Grand y fit faire, dès qu'elle fut sous son obéillance. La riviere d'ill la traverse, & y forme plusieurs canaux. On entre dans la ville par fix différentes portes, sur deux desquelles font les armes de France, & divers ornemens. En général les rues de cette ville font étroites; mais la grand'rue, celle du marché, & celle de la petite boucherie, sont très-belles, grandes, droites & bien percées. La ville est très-peuplée, & la plupart des maisons enferment trois ou quatre familles chacune; quelques-unes même ont jusqu'à quatre à cinq étages. Les bourgeois sont plus curieux de la folidité de édifices, que des meubles & de l'ajuslement du dedans, où l'on ne remarque guère que de la boiserie & de la menuiserie assez belles. Comme la riviere d'Ill passe au travers de Strasbourg, avant de se jetter dans le Rhin, il y a fix ponts pour la communication des différents quartiers de la ville. Deux sont de pierres, affez bien construits : les autres ne font que de bois. On ne boit à Strasbourg que de l'eau de puits: elle vient du Rhin par des sources fouterreines & abondantes. On vante sa légereté & sa bonté, qui font telles, qu'elle ne fait jamais de mal, pas même aux étrangers. Tous les puits sont publics, & entretenus aux dépens de la ville. * Piganiol, Description de la France, tom. 7, p. 442.

Les principaux édifices de Strasbourg sont bâtis de pierres de taille rouge, qu'on tire principalement des carrieres qui sont du côté de Saverne & le long du Rhin. Ces carrieres fournissent des pierres dures & folides, d'une grandeur surprenante. On en tire qui ont jusqu'à quatre toises de longueur, sur une de large.

Les édifices publics font; le gouvernement, l'évêché, l'intendance, la comédie & l'arcenal.

L'hôtel-de-ville est un grand bâtiment carré, terminé par des pavillons avancés, qui donne à cette maison un air de grandeur. La façade est décorée de dorures & de peintures anciennes, avec quelques inscriptions en langue allemande. La cour est très petite, & les bâtimens qui la forment font ornés de peintures & de dorures, & chargés d'inscriptions comme la façade de la maison. Les escaliers font grands & beaux, & les sales fervent aux assemblées & féances du magiftrat. Elles font grandes, & tout autour regne un banc, garni de couffins verds, qui servent de fiéges aux conseillers. Ces sales sont ornées de quelques tableaux, parmi lesquels on remarque celui du roi: au dessous sont ceux du préteur royal, & de l'ammestre régent.

L'évêché fait face à une des portes de la cathédrale, & en est séparé par une petite place. La maison est assez commode & logeable. L'hôtel de l'intendant est un vieux bâtiment, qui n'a rien de fort remarquable, & dans lequel on a pratiqué depuis peu des appartemens à la françoise.

La comédie est un bâtiment tout neuf, qui servoit auparavant de magasin des vivres. Le théâtre est un des plus beaux de l'Europe.

L'arcenal est un grand & vieux bâtiment, où l'on voit beaucoup d'armes, & l'habillement du grand Gustave Adolphe, roi de Suéde. Le jardin est assez agréable & bien entretenu. Les magasins de la ville sont pour le bois, le bled & le vin.

L'hôpital des bourgeois est une très-belle maison, où l'on admire un amas fort fingulier de vin & de grains, conservé avec bien du soin. On y goute du vin gardé, & enregistré même sur les registres de la ville, depuis plus, Ppppiij

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