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RHABDICENA. Voyez ZABDICENA. RHABDIOS, Procope, Edif. l. 2, c. 4, de la traduct. de Coufin, dit: Lorsque l'on va de Dara en Perfe, on a à main gauche, un pays par où, ni les chevaux, ni les chariots, ne peuvent paffer. Il contient deux journées de che min, & le termine à un lieu, nommé Rhabdios ou Rhabdion, qui eft entrecoupé de précipices. Je fus étonné, ajoute Procope, la premiere fois que je le vis, & je demandai aux habitans, pourquoi les Romains en étoient maîtres, vû qu'il étoit preffé des deux côtés par les terres des Perfes ? Ils me répondirent que les Perfes à qui il appartenoit, l'avoient autrefois donné à un empereur, en échange de Martiropole, qui eft un bourg, où il y a un grand vignoble. Pour Rhabdios, il eft affis fur des roches fort hautes & fort escarpées, au bas desquelles eft un champ de grande étendue que l'on appelle le champ des Romains, parce qu'il leur appartient, quoiqu'il foit au milieu des terres des Perfes. Il eft extrêmement fertile en toutes fortes de fruits. Il y avoit dans la Perfe une ville fort célébre, nommée SISAURANE que Juftinien avoit prife & rasée, & d'où il avoit emmené force gens de cavalerie, avec Blescane qui les commandoit. Elle étoit à deux journées de Dara, & à trois milles de Rhabdios. Comme cet endroit étoit fort inconnu, & n'étoit gardé d'aucune garnifon romaine, les pay fans qui culti voient le champ dont il vient d'être parlé, payoient aux Perfes cinquante écus d'or de contribution pour s'exempter du pillage, outre le tribut ordinaire qu'ils devoient à l'empereur. Ce prince rendit leur condition plus heureuse, en faifant clore Rhabdios avec une muraille, qui fut bâtie fur le haut de la montagne, & qui acheva avec l'avantage de l'affiette, de rendre le lieu inacceffible. Mais comme il n'y avoit point d'eau, & qu'on ne pouvoit trouver de fources fur la cime des rochers, Juftinien fit tailler des réfervoirs & des cîternes dans le roc, & ôta par ce moyen aux Perfes l'espérance de réduire les habitans par la foif.

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RHABII, peuples de la Libye intérieure, felon Prolomée, l. 4, c. 6.

RHABON. Ptolomée, 1. 3, c. 8, marque un fleuve de ce nom dans la Dace, & dans lequel fe rendoit le fleuve Sargeti.. Cette riviere ne peut être que le Marisch, dans lequel Te jette la riviere de Strel, qu'on fait être l'ancienne Sargetia.

RHACALANI, peuples de la Sarmatie Européenne. Ptolomée, L. 3, 6. 9, les place entre les Amaxobii & les Roxolani. Au lieu de Rhacalani, le manuscrit de la bibliothéque, palatine porte Reucalani.

RHAČATÆ, peuples de la Germanie. Ptolomée dit, qu'ils habitoient au voifinage des Teracatria, aux environs de la Bohême & du Danube. Le manuscrit de la bibliothéque palatine lit Racata pour Rhacata.

RHACCATH. Voyez RHECHATH. RHACELUS, ville de la Macédoine, felon Etienne le géographe. Lycophron & Ifacius lifent Rhacelum pour Rhacelus. Cette ville étoit voisine du mont Ciffius. * Ortelius, Thefaur.

RHACHIA. Polybe, l. 5, nomme ainfi une branche des monts-Pyrénées, qui formoit un promontoire fur la mer Méditerranée.

RHACHLEMA, ville de la province de Tyr, felon Ortelius, Thefaur. qui cite le cinquième concile de Conftantinople.

RHACHUSII, peuples de l'Inde, en-deçà du Gange. Arrien dans fon périple de la mer Erythrée, p. 27, les met dans les terres du côté de Barygaza.

RHACOLA, nom qu'Etienne le géographe donne à la ville Gerania de Thrace. Voyez GERANIA. RHACUS. Voyez RHAUCUS.

RHÆDA, ville de l'Arabie heureuse. Ptolomée, l. 6, c. 7 6, c. 7, la marque dans les terres, entre Ara-Regia & Banum.

RHÆDESTOPANIUM, nom d'une ville ou d'un lieu, felon Ortelius, Thefaur. qui cite Curopalate. Il croit que ce font deux mots, & qu'il faut écrire RHÆDESTOPANIUM.

RHÆEPTA, lieu fortifié dans l'Arabie. C'eft Jofeph, Antiq. l. 16, c. 14, qui en parle.

RHÆPLUTÆ, peuples de l'Arachofie. Ptolomée, L. 6, c. 20, dit qu'ils étoient voifins des Sydri, & des Eorites. Au lieu de Rhapluta, le manuscrit de la bibliothéque palatine lit ROPLUTA.

RHÆSANA, ville de la Méfopotamie. Elle eft placée par Ptolomée, l. 5 par Prolomée, l. 5, c. 18, entre Aphadana & Peliala. Le manuscrit de la bibliothéque palatine porte Rhefena pour Rhafana. Selon d'anciennes médailles, cette ville eft appellée Septimia Colonia Rhefanenfium. Elle étoit épiscopale, car fon évêque Antiochus fouscrivit au concile de Nicée tenu l'an 325: * Harduin, Collect. conc. t. I, p. 315.

RHÆSAPHA. Voyez RHESAPHA.

RHÆTENI, peuples de l'Arabie Pétrée. Ils habitoient, felon Prolomée, ., c. 17, près des montagnes de l'Arabie heureufe. Le manuscrit de la bibliothéque palatine écrit Ratheni pour Ratheni.

RHÆTI. Voyez RнATIA.

RHÆTIA, RÆTIA ou ROETIA, contrée d'Europe, dans les Alpes, qui s'étendoit en deçà & au delà de ces montagnes, felon Strabon & Pline. L'ortographe la plus commune eft la premiere. C'est celle que fuivent entr'autres Strabon, Ptolomée & Dion Caffius. Les habitans de cette contrée font connus fous le nom de Rhati, Rati ou Roeti. Ils étoient originaires de la Toscane: ils allérent s'établir dans les Alpes, fous la conduite de Rhatus, & ils s'appellerent Rhati, du nom de leur chef. C'est ce quej nous apprend Justin, l. 20, c. 5, Pline, l. 3, 6., 20, & Etienne le géographe. La plupart des anciennes inscriptions latines qui fe trouvent dans le pays, écrivent les mots Rhatia & Rhati fans aspiration.

La Rhétie peut être confidérée comme diftincte & féparée de la Vindelicie, ou comme une province compofée de la Rhétie propre & de la Vindelicie. Il y a des exemples de l'une & de l'autre dénomination. Suétone, c. 21, dit qu'Augufte domta la Rhétie & les Vindeliciens. Velleius Paterculus, l. 2, c. 39, écrit la même chofe. Ainfi ces deux hiftoriens diftinguent la Rhétie de la Vindelicie. Cependant Tacite, c. 41, parlant dans fa Germanie de la ville Augufta Vindelicorum, l'appelle fplendidiffima Rhatia provincia colonia, & renferme fous le nom de Rhétie, non-feulement la Rhétie proprement dite mais encore la Vindelicie, fans doute parce que ces deux provinces étoient foumifes au même préfident. Lorsqu'on établit une nouvelle divifion des provinces, la Rhétie propre fut appellée premiere Rhétie, & on nomma la Vindelicie feconde Rhétie. Coire, felon Velfer, fut capitale de la premiere, & Augsbourg, la capitale de la derniere. Ce même auteur, Rer. Boi. l. 3, p. 91, & Rer. Aug. 1.6, p. 298, conjecture que la divifion de ces deux Rhéties fut faite par l'Empereur Hadrien, ou du moins par fon fucceffeur. Il fe fonde fur ce que Julius Capitolinus dit que Pertinax enleva aux ennemis les Rhéties & le Norique. La preuve n'est le Norique. La preuve n'eft pas néanmoins bien concluante. Julius Capitolinus écrivoit fous Dioclétien l'auteur de la multiplication des provinces, & il pouvoit parler comme on parloit communément de fon tems. En effet, on ne trouveroit pas aifément, avant le regne de Dioclétien,

RHADATA, ville d'Ethiopie, fous l'Egypte, felon Pli- une divifion de ces provinces en premiere & feconde, quoine, l. 6, c, 29, qui dit qu'on y adoroit un chat d'or. RHADI. Voyez JADI.

RHADICENA. Voyez ZABDICENA. RHAEBA, ville de l'Hibernie. Ptolomée, l. 2, c. 2, la place dans la partie orientale de l'ifle, mais dans les terres, entre Regia & Laberus. Quelques exemplaires portent Bama, & d'autres Reba. Cambden croit que c'eft préfentement RHEBAN, bourgade du comté de Keens.

RHÆCELUM. Voyez RHAGELUS. RHÆCI ou ROECI, anciens peuples d'Italie. Strabon, 15, p. 231, les met au nombre des peuples dont le pays fut appellé Latium, après qu'ils curent été fubjugués.

qu'on en puiffe trouver un grand nombre divifées en fupérieure & inférieure; mais on n'a aucun monument ancien qui faffe mention de cette divifion par rapport à la Rhétie, pas même de Prolomée, qui a vêcu depuis le regne d'Hadrien. Il n'eft parlé de Rhétie premiere & feconde, que dans les notices de l'Empire, & dans Paul Diacre, Longobard. l. 2, c. 15. A l'égard du mot Rha. tia, outre Junius Capitolinus, Vopiscus & Ammien Marcellin l'ont employé au pluriel.

Les bornes de la Rhétie propre prenoient depuis le Rhin jufqu'aux Alpes Noriques. C'étoit la longueur de cette contrée : fa largeur étoit depuis l'Italie jufqu'à la

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RHÆTZUNS, Rhatium Caftrum, château du pays des Grifons, dans la Ligue hante ou grife, fous la communauté de Flims. C'eft un château fort & ancien, avec un village fitué à l'extrémité d'une vallée nommée Domlesch, un peu au-deffus de l'endroit où les deux branches du Rhin fe joignent. On tient que cette place eft l'une des plus anciennes qu'il y ait dans les Grifons, & qu'elle fut fondée par Rhætus, chef des Toscans, qui, étant chasfés de leur pays natal par les Gaulois, fe retirerent dans ces lieux fauvages. C'est une belle terre, qui a toujours eu fes feigneurs particuliers avec titre de barons: la famille la plus ancienne de fes feigneurs, dont on ait connoiffance, fut éteinte il y a plus de trois fiécles. L'an 1549 l'empereur Ferdinand I acheta cette terre pour le prix de fept mille gouldes, & la revendit enfuite pour quatorze mille à Jean Planta, dont les descendans l'ont poffédée après lui. Cette terre comprend Rhætzuns, Bonadutz, qui eft au-deffous dans l'angle que font les deux Rhins, Amades & quelques hamaux.* Etat & Dél. de la Suiffe, t. 4, p. 21.

RHAGA. Voyez RAGEIA.

RHAGAURA, ville de l'Arie, felon Ptolomée, l. 6, c. 17, qui la marque entre Siphare & Zamuehana. Au lieu de Rhagaura, le manuscrit de la bibliothèque palatine porte Rhaugara.

RHAGE, ville de la grande Bretagne : Prolomée, . 2, c. 3, la donne aux Coritains. Voyez RATAS. RHAGEA, ville de la Parthie: Prolomée, l. 6, c. 5, la place auprès d'Appha.

1. RHAGES, ville de Macédoine, fur le bord du fleuve Pénée: Tite-Live, I 32, c. 15, qui en parle, dit qu'elle étoit presque à dix milles de Lariffe. Mais Gronovius a remarqué qu'il y avoit faute dans cet endroit, & a fait voir qu'au lieu de Inde Rhagem eft profectus, il falloit lire Inde Atracem eft profectus. L'édition de le Clerc lit auffi Athracem au lieu de Rhagem.

2. RHAGES. Voyez RAGEIA.

RHAGIA, ville de la Babylonie, felon Ptolomée, l. 5, c. 20, qui la place vers l'Arabie heureufe, entre Jamba 5,6. & Chiriphe.

RHAGIANA, ville de la Gédrofie, près du port des femmes. Au lieu de Rhagiana le grec porte Rapaua. RHAGMA. Voyez CARMANIE.

RHAMANITÆ, peuples de l'Arabie heureuse, à ce qu'il paroît par un paffage de Strabon, l. 16, p. 782, qui nomme leur ville MARSYABA. Ce font les Rabanita de Ptolomée; mais les interprétes de ce dernier lifent Arabanita pour Rabanita.

RHAMATHA. Voyez RAMOTH.

RHAMBACIA, bourgade de la Gédrofie, au voifinage de l'embouchure du fleuve Indus. Arrien, dans son expédition d'Alexandre, l. 6, n. 21, donne ce bourg aux Orites, & en fait un lieu confidérable. Quelques exemplaires portent fimplement Rambacia fans aspiration. RHAMBAL; Strabon, l. 16, p. 753, donne ce nom à des Arabes Nomades vers l'Euphrate. RHAMIDAVA, ville de la Dacie, felon Ptolomée, l. 3, c. 8, qui la marque entre Comidava & Pirum. Le ma

nuscrit de la bibliothéque palatine porte Rhamidana pour Rhamidava. Le nom moderne eft Repieza, à ce que dit Ortelius, Thef. qui cite la république romaine de Lazius, 1. 12, feit. 2, c. I.

RHAMITHA. Etienne le géographe dit qu'on donnoit ancienne hent ce nom à la ville de Laodicée.

RHAMNÆ, peuples de la Gédrofie : Ptolomée, l. 6, c. 21, dit qu'ils habitoient fur le bord du fleuve Indus, près de Parifene. Voyez SIRAMNÆ.

RAMNÆI, peuples de l'Arabie heureuse, felon Pline, 1.6, c. 28. Le pere Hardouin lit RHADAMEI pour RHAMNAI. On croit que ces peuples tiroient leur origine de Rhadamanthe, frere de Minos.

RHAMNUS, Bourg de l'Attique, fur le bord de l'Euripe, dans la tribu Eantide, felon Strabon, . 9, Pline, 1.4, .7,& divers autres anciens auteurs. Paufanias, Attic. c. 33, dit que ce bourg étoit à foixante stades de Marathon du côté du feptentrion. Spon, Voy. t. 2, p. 184, dit que le nom moderne eft Tauro-Caftro ou Ebrao-Caftro. Cent pas au-deffus, ajoute-t-il, font les débris du temple de la déeffe Nemefis. Ce temple étoit carré, & avoit quantité de colonnes de marbre, dont il ne refte que les piéces. Il étoit fameux dans toute la Gréce, & Phidias l'avoit rendu encore plus recommandable par la ftatue de Nemesis qu'il y fit. Strabon dit que c'étoit Agoracritus Parien qui l'avoit faite; mais que cet ouvrage ne cédoit point à ceux de Phidias. Pour ce qui eft de la montagne & de la grote de Pan, dont les anciens difoient tant de merveilles, on ne les diftingue point aujourd'hui.

RHAMNUSIUS, montagne dont fait mention Vibius Sequefter, de montib. p. 145, où on lit Rhamnufius Scodra. Un manuscrit porte Rhamnufium Scorda. RHAMYDITÆ, ancien peuple de l'Arabie heureuse, felon Prolomée, l. 6, c. 7.

RHANDÆ, peuples de la Drangiane : Ptolomée les place aux confins de l'Arie. Au lieu de Rhanda, fes interprétes lifent Daranda.

RHANDAMARCOTTA, ville de l'Inde, au-delà du Gange, felon Ptolomée, l. 7, c. 2.

RHAPHAIM. Voyez RAPHAÏM.

RHAPHANEÆ, ville de Syrie, dans la Caffiotide, fea lon Ptolomée, l. 5, c. 15, & Etienne le géographe. Le premier la place entre Epiphania & Antaradus.

RHAPHIA. Voyez RAPHIA,

RHAPPHA, ville de l'Inde, au-delà du Gange. Prolo mée, l. 7, c. 2, la donne aux Gangani.

RHAPSA, ville méditerranée de la Médie, felon Prolomée, l. 6, c. 2.

RHAPSES, peuples de la Perfide. Ptolomée, l. 6,6. 4, dit qu'ils font au midi de la Parætacène.

RHAPTE. Etienne le géographe donne ce nom à la métropole des Ethiopiens, & la place auprès d'un fleuve nommé Raptus. Voyez RAPTUS.

RHAPTUM. Voyez RAPTUS.
RHAPTUS. Voyez RHAPTE.

RHARENTUS, ville d'Italie : c'eft Etienne le géogra phe qui en fait mention.

RHARIUM, champ de l'Attique, dans l'Eleufine, felon Etienne le géographe : ce champ eft nommé RARIA terra & Rarius campus par Paufanias, l. 1, c. 38, & par Plutarque. Il étoit confacré à la déeffe Cérès, & les Athéniens en regardoient la culture comme un point de religion.

RHATACENSII, peuples de la Dace. Ptolomée, 43, c. 8, les met avec les Predavenfii & les Caucoenfii, au midi des Anarti, des Teurisci & des Ciftoboci. Ortelius, Thefaur. qui cite Lazius, dit que dans le pays que ces peuples habitoient, il y a encore un lieu nommé RETEK.

RHATENI. Voyez RHATHENI.

RHATINI, peuples de l'Arabie heureuse, felon Prolomée, qui les place avec les Tappharita, près des Homerites. Le manuscrit de la bibliothéque palatine écrit RHATINÆ pour RHATINI.

Prolomée, 1.6, c. 7, fait mention, il eft vrai, d'un peuple de l'Arabie heureufe qu'il nomme Rhatini; mais il ne parle pas des Tappharita ni des Homerites. Il place les Rhatini entre les Tapphazita & les Maphorita. RHATOMAGUS. Voyez ROUEN.

RHATOSTATYBIUS', fleuve de la grande Bretagne. Son embouchure eft placée par Ptolomée, l. 2, 6. 3,

entre celle du fleuve Tobius, & le golfe Sabriana. Cambden croit que c'eft préfentement le Tave ou Taff. RHATTA, ville de la Babylonie. Elle étoit, felon Prolomée, l. 5, c. 20, au voifinage de Chiriphe. Le manuscrit de la bibliothéque palatine lit Rattha pour Ratta. RHAUCUS, ville de l'ifle de Crétè, felon Etienne le géographe.

RHAUDA. Voyez RAUDA.

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RHAUGARA. Voyez RHAGAUra, RHAVIUM, fleuve de l'Hibernic. Son embouchure eft placée par Ptolomée, l. 2, c. 2, entre le promontoire Boreum & la ville Nagnata. Cambden croit qu'il faut lire Banium au lieu de Rhavium, & que le nom moderne eft Banny.

RHAUNATHI, village de l'Arabie heureuse. Prolomée, l. 6, c. 7, le marque fur le golfe arabique, entre la ville Phanicum, & l'extrémité du Cherfonnéfe.

RHAURARIS felon Strabon, ARAURIUS felon Ptolomée, & ARAURARIS felon Pomponius Mela, fleuve de la Gaule narbonnoife. Le nom moderne eft ERHAUD. Voyez ce mot & ARAURARIS.

RHAUZIUM, métropole de la Dalmatie, felon Or telius, Thef. qui cite Cédrene & Curopalate, & foupConne que ce pourroit être aujourd'hui la ville de Ragule. RHAX. Voyez Raz.

RHAZUNDA, ville de Médie : Ptolomée, I. 6, c. 2, la place dans les terres entre Sanais & Veneca: fi on en croit Lazius, elle fe nomme préfentement RHEMEN. RHE, lieu au voifinage de l'Arménie, felon Cédrene & Curopalate, cités par Ortelius, Thefaur.

RHEA. Prolomée, l. 6, c. 10, donne ce nom à une ville de la Margiane.

RHEÆ, MONS, en grec Pins "Opos; montagne de l'Afie mineure, dans la Troade, felon Strabon, l. 13, P. 589.

ŔHEA-SEDES, coline, dans la Thébaïde de Bootie : C'est Polyænus, Strat. l. 2, c. 12, qui en parle. RHEÆ-SINUS, golfe aux environs de la mer Ionienne, felon Ortelius, Thef. qui cite Eschyle, in Prometheo.

RHEBA. Voyez RHÆвА.

RHEBAS, fleuve de la Bithynie. Il a fa fource au mont Olympe, & fon embouchure dans le Pont-Euxin, près de celle du fleuve Pfillis. Arrien dans fon périple du Pont-Euxin, p. 13, dit qu'en allant par eau du temple de Jupiter Urien, & prenant à la droite, on trouve le fleuve Rhebas, qui en eft éloigné de quatre-vingt-dix ftades; & que de l'embouchure de ce fleuve à Acra Melana, il y avoit cent cinquante ftades. Le périple de Scylax, p. 34, met le fleuve Rhebas dans le même endroit, quoiqu'il ne marque pas le nombre des stades; & le périple de Marcien d'Heraclée, p. 69, s'accorde avec celui d'Arrien, tant pour la pofition entre le temple de Jupiter Urien, & le promontoire de Melena, , que pour le nombre des ftades. Ce fleuve eft nommé Rhebanus par Orphée, Rhafus par Pline, Rhebacus par Apollonius, & Rhebantia par Denys de Byzance. Pierre Gilles nous apprend, qu'on appelle encore aujourd'ui Ribas; & le Scholiafte d'Apollonius écrit, qu'on donne à ce fleuve le nom de Salmydeffus, parce qu'il joint fes eaux avec celles d'un fleuve de ce nom. Ortelius remarque que le Rhebas n'est point le Rhesus d'Homére, Iliad.. 20, quoiqu'un certain nombre de modernes ayent confondu ces deux fieuves. Le Rhesus avoit fa fource au mont Ida: du tems de

Strabon, l. 13, p. 602, fon nom étoit Rhocites. A la vérité on n'en voit plus aucune trace, & il n'y en avoit plus même du tems de Pline. * Ortelius, Thef.

RHECHATH, RECHATH ou RACHATH, ville de la Palestine. Elle fe trouve dans le partage de la tribu de Nephtali ; & c'étoit une des villes qui font dites très-fortes. * Jo Sué, 19, 35.

RHECENSIS, fiége épiscopal d'Afrique. Dans les canons du concile de Carthage, on trouve un certain Cresconius, qualifié episcopus Rhecenfis. Il s'étoit emparé de l'églife de Recena. * Ortelius, Thefaur.

RHECHIUS, fleuve de Grece, felon Ortelius qui cite Procope, Edif. l. 4, c. 3. Coufin, dans fa traduction, nomme ce fleuve REGIUS. Ce fleuve, felon Procope, coule affez près de Theffalonique, où, après avoir arrofé un terroir fort fertile, il fe décharge dans la mer. Son cours eft calme & paisible: fon eau eft bonne à boire. Les bords font couverts d'agréables pâturages; mais le pays avec tous ces avantages étoit expofé aux courfes des ennemis, n'ayant aucun fort dans l'espace de quarante milles. C'eft pourquoi Juftinien en fit bâtir un à l'embouchure de ce fleuve, & il le nomma Artémise.

RHECHOBOTH. Voyez RонOOBOTH.

RHEDA ou RHEIDE, petite ville d'Allemagne, en Wellphalie, dans l'évêché de Munster, fur la riviere d'Ems, près de Wydenbruck & de Ritberg. Il y a un beau château avec feigneurie. Quelques-uns mettent cette ville dans le comté de Tecklenburg. * Zeyler, Topog. Weftphal.

RHEDONES, peuples de la Gaule, dans l'Armorique. Céfar, l. 7, 0.75, & Ptolomée, l. 2, c. 8, en font mention. Sanfon, dans fes remarques fur la carte de l'ancienne Gaule, obferve que les Rhedones habitoient les terres que renferment aujourd'hui les diocèfes de Rennes, de faint Malo & de Dol: ces deux derniers ayant été tirés du premier. Leur capitale étoit CONDATE. Voyez RENNES.

RHEGEDORA, ville de la Cappadoce, felon Ortelius, Thef. qui cite Porphyrogénete.

RHEGENSES. Voyez RHEGIUM. RHEGEPODAUTOS, ville de la Cappadoce. Ortelius en parle d'après Porphyrogénete.

RHEGIANUM, ville de la baffe Mafie: Ptolomée, i. 3, c. 10, dit qu'elle étoit fur le Danube.

RHEGIAS, ville de Syrie, dans la Cyrrheftique, felon Ptolomée, l. 5, 6. ts, qui la marque entre Ariferia & Ruba.

RHEGINA. Voyez REGINA.

RHEGINI. Voyez au mot RHEGIUM, l'article RHE-` GIUM-JULIUM.

1. RHEGIUM ou RHEGIUM-JULIUM, ville d'Italie, chez les Brutiens, felon Strabon, l. 6, p. 258, & Prolomée. Le premier dit que le roi Denys la rafa, que Denys le jeune la rétablit en partie, & l'appella Phabia, & qu'Augufte en fit une colonie romaine. Gabriel Barri dit d'après Jofeph, l. 1, c. 7, qu'on la nomma anciennement Aschenaz, & ajoute d'après Denys d'Halicarnaffe, qu'Antiochus donna à cette même ville les noms de Neptunia, & de Pofidonia. Saint Paul aborda dans cette ville en allant à Rome, l'an 61 de Jesus-Christ, act. 28, 12, 14. Saint Luc qui étoit dans fa compagnie, n'ayant rien dit des miracles qu'on prétend que faint Paul fit en ce lieu, fon filence peut les faire tenir du moins pour fort fuspects. Le nom moderne eft REGGIO. Voyez ce mot

no I.

2. RHEGIUM, RHEGIUM LEPIDI, RHEGIUM-LEPIDUM, & fimplement RHEGIUM, ou même REGIUM fans aspiration, ville d'Italie, dans la Gaule Cispadane. Voyez REGGIO, no 2.

3. RHEGIUM ou REGION, lieu de Thrace, au voifinage de la ville de Conftantinople. Ilya, dit Procope

dif. lib. 4, c. 8, dans un fauxbourg de Conftantinople, un fort nommé Strongilon fort nommé Strongilon.... Le chemin qui conduit de ce fort à Rhegium, étant haut & bas, & se trouvant rompu par les eaux & par la fange, toutes les fois que les pluyes étoient abondantes, Juftinien le fit paver de groffes pierres,& le rendit aife & commode. Il eft de la largeur qu'il faut pour paffer deux chariots de front. Les pierres font fort dures, fort larges & fort épaiffes; & elles font fi bien jointes, qu'il semble que ce ne foit qu'une feule pièce. Il y a, ajoute

Procope, proche de Rhegium, un lac, où plufieurs rivieres fe déchargent; il s'étend jusqu'à la mer, & n'a avec elle qu'un même rivage, qui eft fort battu par fes vagues. Quoique les eaux de la mer du lac foient enfermées dans un même canal, elles ne laiffent pas d'avoir un cours tout contraire. Lorsqu'elles fe font un peu approchées, elles fe replient & fe retirent, comme fi elles s'impofoient des bornes. Il ya, à l'endroit où elles fe joignent, un détroit où l'on ne les peut diftinguer. Le lac ne fe décharge pas toujours dans la mer, ni la mer ne remonte pas toujours dans le lac. Lors qu'après de grandes pluyes, il fouffle un vent de midi, le lac avance vifiblement vers la mer. Au contraire, lorsqu'il fouffle un vent de feptentrion, la mer fe répand fur le lac, & s'étend fort loin, quoique ce foit dans un espace fort étroit & fort profond, que l'on appelle pour ce fujet Fourmi. Le détroit où la mer & le lac fe mêlent, a un pont, où l'on ne pouvoit autrefois passer fans danger, parce que les vagues enlevoient fouvent le pont & les hommes qui paffoient deffus. Juftinien pourvut à la fureté du passage, en faisant bâtir un pont de pierre, au lieu d'un pont de bois.

4. RHEGIUM. Voyez RIEz.

1. RHEGMA, licu de la Cilicie: Strabon, l. 14, p. 672, le place à l'embouchure du fleuve Cydnus. 2. RHEGMA, enfoncement ou ance, dans le golfe Perfique, felon Etienne le géographe.

3. RHEGMA, ville de l'Arabie heureufe: Prolomée, 1.6, c. 7, la marque fur la côte du golfe Perfique, & dans le pays des Anarites.

RHEGUSCÆ. Voyez RUGUSCI.

RHEIE, en grec pen. Voyez RHEA-MONS. RHEIMS, (Rhemi) ville de France, dans la Champagne, fur la riviere de Vele (Vidula ), archevêché & duché-pairie, préfidial & univerfité.

Cette ville, l'une des plus anciennes, des plus célébres, des plus belles & des plus grandes du royaume, étoit anciennement la capitale du peuple appellé Rhemi ou Rémois, & fe nommoit Durocortorum. Céfar fait une mention honorable de ces peuples, & dit qu'ils en avoient plufieurs autres fous leur dépendance ou fous leur protection. Du nombre de ces derniers étoient les Carnutes ou les Chartrains. In eorum clientela erant. Les Rémois étoient les plus confidérables des Belges, & les Romains les comptoient au rang de leurs plus fidéles alliés dans les Gaules. Lorsque dans la fuite Conftantin établit une nouvelle belgique, il en fit Rheims la capitale. Dès avant ce tems, il y avoit dans cette ville un magafin d'armes avec une manufacture où l'on doroit les armes des empereurs; & lors qu'Augufte fit faire les grands chemins des Gaules, il en fit faire plufieurs qui conduifoient de Rheims dans différentes villes de l'empire. Il en fubfifte encore des veftiges confidérables auprès de Rheims, & dans quelques endroits de la province. Cette ville ne fut pas moins célébre fous les rois de France. Clovis s'y fit baptifer avec les principaux de fa nation par faint Remy, qui l'avoit inftruit dans la religion chrétienne. Les rois Mérovingiens donnerent dans la fuite de grands biens à l'église de Rheims ; & cette ville fut une des deux capitales du royaume d'Auftrafie. Par le partage des fils de Louis le Débonnaire, elle échut à Charles le Chauve, & devint partie du royaume de Neuftrie. Sous les fucceffeurs de ce prince, les archevêques, de Rheims devinrent feigneurs des terres que les rois Mérovingiens avoit données à leur églife; & Louis d'Outremer donna la feigneurie & le comté de Rheims à l'archevêque Artaud: mais les comtes de Vermandois qui s'étoient précédemment à diverfes reprises emparés de la feigneurie de cette ville, en dépofféderent Artaud, & refterent comtes de Rheims jusqu'à Renaud, qui mourut fous le roi Robert. Depuis ce tems, les archevêques ont toujours été feigneurs de la cité, c'eft-à-dire de l'ancienne ville, dont on voit encore les portes. La nouvelle, beaucoup plus étendue que l'ancienne, fut fermée de murailles dans le quatorziéme fiécle. L'ouvrage, commencé vers 1321, fut achevé fous le roi Jean vers 1360. Louis le jeune & Philippe Augufte donnerent le titre de duc à l'archevêque Guillaume de Champagne, cardinal & frere de la reine Adèle; & confirmerent aux archevêques de Rheims le droit de facrer & couronner les rois de France, qu'on leur conteftoit dans ce fiécle-là. Tous les fucceffeurs de Philippe Auguste ont été facrés à Rheims, hors Henri IV, qui fe fit facrer à Chartres, parce que Rheims étoit dans le parti de la li

gue. Le facre de Philippe Augufte fut le feul où tous les Pairs de France affifterent en perfonne.

On voit à Rheims plufieurs monumens illuftres de fon ancienneté. Trois de fes portes retiennent encore les noms de divinité du paganisme. Ce font les portes de Mars, de Cères ou Cérès, & celle di Lumières ou des Lumieres, c'est-à-dire du Soleil. Dans la ville près de la porte de Mars, eft un arc de triomphe, que ceux qui prétendent que Jules Céfar fit le premier enceindre la ville de Rheims de murailles, croient avoir été érigé en fon honneur par ordre d'Augufte mais d'autres en trouvent l'architecture plus moderne, & font d'avis qu'il fut conftruit en l'honneur de Julien, lorsque, revenu de fon expédition d'Allemagne, il paffa par Rheims pour aller à Paris. Des figures de femmes aîlées, repréfentées avec différens attributs de la victoire, témoignent que cet arc fut élevé pour quelque grande victoire remportée par un empereur. II avoit été couvert de terre ; mais on l'a déterré depuis jusqu'au milieu de fa hauteur; une de ses arcades en 1595, & les deux autres en 1667. Il eft d'ordre corinthien avec des colomne s canelées, & des bas-reliefs dans les voutes. L'arcade du milieu a trente-cinq pieds de haut & quinze de large. On y voit une femme peinte à fresque. Elle tient entre fes bras deux cornes d'abondance, fymbole de la fertilité du pays. Quatre enfans, qui font auprès d'elle, marquent les quatre faifons, & les douze mois font représentés par douze autres figures: les deux autres arcades font de trente pieds de haut & de huit de large. On voit à celle de la droite Remus & Romulus qui têtent une louve, à côté de laquelle font Fauftulus & Aura Laurentia. L'arcade de la gauche offre Leda, qui embraffe Jupiter transformé en cigne, avec un amour qui les éclaire. Cet arc de triomphe fervit de porte à la ville jusqu'en 1545, qu'on en bâtit une autre à côté, qui conferve le nom de porte de Mars. Près de là font quelques veftiges d'un ancien château, nommé Forum ou Caftrum Cafaris, & l'on voit à deux cents pas de la ville les reftes d'un amphithéâtre nommé les Arcives ou mons Arceus. Dans une rue près de l'univerfité, eft un autre arc de triomphe autrefois compofé de trois arcades, dont il n'en refte qu'une. Elle a vingt-cinq pieds de haut, & huit d'épaiffeur. Elle eft ornée de grandes feuilles d'achante. Deux groffes piles, accompagnées de colomnes cannelées, foutiennent la voûte, au-deffus de laquelle eft un platfond quarré avec des bordures de roses gravées à l'antique. Dans le platfond eft une Venus toute nue, affife, embraffant un triton. Auprès d'eux, eft un cupidon les aîles étendues. Cet arc de triomphe fervoit autrefois de porte, fous le nom de porte Bafée: mais depuis 1346, que l'on commença d'agrandir la ville, cette porte ne fut plus d'aucun ufage.

La ville de Rheims eft fituée dans une plaine, environnée de petites montagnes, à deux ou trois lieues de diftance, fur le penchant desquelles il croît d'excellens vins : mais en petite quantité: fur le fommet, il y a quelques bois ou bocages. Les murailles de la ville ont une grande lieue de circuit, & font arrofées en partie par la Vêle qui fe décharge dans l'Aine, & quiprend la fource à quatre lieues de Châlons au village de Somme Vêle.

Rheims étoit autrefois du bailliage royal de Vermandois, dont le bailli, qui n'avoit originairement aucun fiége fixe, tenoit fes féances en différens lieux de fon reffort, fuivant, que le befoin l'exigeoit. François I établit à Rheims le bailliage royal de Vermandois, qu'il démembra de celui de Laon; & ce bailliage, avec ceux de Fimes & d'Epernai, fait aujourd'hui le reffort du préfidial de Rheims créé comme les autres préfidiaux en 1551.

On bat monnoye dans cette ville, & la marque eft l' S.

L'hôtel-de-ville eft très-beau. Il fut bâti en 1630: mais il n'y en a de fait que la moitié.

L'univerfité de cette ville eft compofée de quatre facultés. Elle fut fondée par l'archevêque Charles, cardinal de Lorraine, & érigée par des bulles de Paul III, & des lettres-patentes de Henri II, données en 1548, & vérifiées au parlement de Paris en 1549. Au-deffus des toits des bâtimens eft un croiffant, devife de Henri II. Il y a un beau collège pour les humanités, la philofophie & la théologie.

Le principal commerce de Rheims eft celui des vins, & de différentes fortes de petites étoffes de laines qui s'y fa-;

briquent, le pain d'épice eft très-célébre; & fe transporte dans presque tout le royaume.

Après la bataille de Poitiers où le roi Jean fut fait prifonnier en 1356, Edouard III, roi d'Angleterre, qui fe prétendant héritier de la couronne avoit pris le titre de roi de France, vint avec fon fils à la tête d'une puiffante armée, fe préfenter devant Rheims pour s'y faire facrer. Les habitans lui refuferent l'entrée. Il les affiégea : mais ils fe défendirent avec tant de courage, fous la conduite de Gaucher de Châtillon leur gouverneur, qu'ils forcerent Edouard de lever le fiége le 11 janvier 1360.

En 1461, au commencement du regne de Louis XI, les bourgeois de Rheims fe révolterent, parce que ce prince à fon facre leur avoit promis la diminution des impôts, & qu'il ne leur avoit pas tenu parole. Ils fe faifirent des regiftres des collecteurs des gabelles, & les brûlerent au milieu des rues. Collart, feigneur de Mony, eut ordre d'affembler des troupes & d'aller châtier les rebelles. Il fit pour cet effet entrer dans la ville plufieurs foldats déguilés, les uns en payfans, les autres en marchands, qui fe faifirent des principaux poftes, & faciliterent l'entrée de la ville au refte des troupes. Quatre-vingts bourgeois des plus coupables furent arrêtés & décapités par ordre du roi; ce qui rétablit le calme dans Rheims, & contint d'autres villes prêtes à fe révolter.

L'archevêché de Rheims, fitué dans la partie feptentrionale de la Champagne, eft borné au nord par l'évêché de Laon, à l'eft par l'archevêché de Trèves, au fud par l'évêché de Châlons, à l'oueft par celui de Soiffons. Son étendue eft de vingt-quatre lieues de long fur quatre de large. Il eft compofé des élections de Rheims & de Rhetel, d'une partie de celles de fainte-Menehould & d'Epernai, & de tous les lieux de la Champagne fujets à la fubvention de Verdun, lesquels ont été mis fous l'intendance de Champagne. Il renferme douze villes, qui font Rheims, Sedan, Mezières, Charleville, Doncheri, Rhetel, Rocroi, Cormici, Mouzon, Epernai, Fimes & Château-Porcien, un grand nombre de gros bourgs, que les géographes nomment villes la plûpart; & en tout quatre cents foixante-dix-fept paroiffes, avec trois cents foixante-cinq annexes ou fuccurfales, divifées en dix-huit doyénés.

L'archevêque eft premier duc & pair de France, légatné du faint fiège apoftolique, & primat de la Gaule belgique. Il a pour fuffragans les évêques de Soiffons, de Laon, de Beauvais, de Châlons, de Noyons, d'Amiens, de Senlis & de Boulogne. On vient de les nommer fuivant le rang qu'ils tiennent dans les affemblées de la province, fans aux protestations de quelques-uns d'entr'eux, qui reclament contre cet ordre. Les évêchés de Cambray, de Tournay, de Térouanne & d'Arras, dépendoient autrefois de la métropole de Rheims; mais l'évêché de Cambray fut, à la priere de Philippe II, érigé par Paul IV & Pie IV, en archevêché, dont les évêques d'Arras & de Tournay furent faits fuffragans; & l'évêché de Térouanne ne fubfiftant plus, il ne refta plus à la métropole de Rheims que huit fuffragans de douze qu'elle avoit auparavant. La ville de Cambray ayant paffé de la puiffance d'Espagne à celle de France; & le feu roi Louis XIV, ayant nommé pour la premiere fois à l'archevêché de Cambray, l'archevêque de Rheims lui demanda la permiffion de pourfuivre en cour de Rome la révocation des bulles de ces deux papes, à caufe du préjudice que le démembrement faifoit à fon églife. Le roi, pour dédommager ce prélat, confentit que l'abbaye de faint Thierri, laquelle eft à deux lieues de Rheims, fut unie à perpétuité à l'archevêché, & l'union en fut ordonnée par une bulle d'Innocent XII. Dans le tems que les, chapitres des cathédrales avoient le droit d'élire leurs évêques, les archevêques de Rheims avoient celui de nommer leurs fuffragans, les chapitres en différoient l'élection plus de trois mois, à compter du jour de la mort de leurs évêques ; & lorsqu'il fe trouvoit que les voix des chanoines étoient mi-parties, l'archevêque fe déclaroit en faveur de qui il lui plaifoit. On lui portoit les procès-verbaux des élections, qu'il confirmoit, fi elles avoient été faites dans les formes, ou qu'il infirmoit fi elles n'étoient pas canoniques. C'étoit encore à lui à facrer l'évêque élu, dont il recevoit le ferment d'obéisfance; mais de tous ces droits il ne reste plus, depuis le concordat de Léon X & de François I, que celui de recevoir les fermens de tous les fuffragans, qui, quelque

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tems après leur facre, font tenus de fe rendre à Rheinis pour cet effet. L'archevêque couvert & affis dans un fauteuil à côté de l'autel de fon églife, reçoit ce ferment, que les fuffragans font debout & découverts. L'archevêque de Rheims étoit encore autrefois en poffeffion de vifiter les diocèfes de tous fes fuffragans, d'y accorder des indulgences, & d'y ordonner ce qu'il croyoit être pour le bien de ces diocèfes. Tous les chapitres de ces mêmes évêchés, à l'exception de celui de Laon, lui font encore aujour d'hui immédiatement foumis; & il a droit de les coriger & vifiter. Sa qualité de primat de la Gaule belgique, eft caufe que l'on n'appelle point de fon officialité métropolitaine à l'officialité primatiale de Lyon; & que les appellations fe portent en cour de Rome.

L'églife de Rheims compte jusqu'à préfent quatre-vingtfeize évêques ou archevêques, parmi lesquels il en eft douze reconnus pour faints, douze princes, deux fils de roi, quatre autres princes du fang, onze cardinaux, fix légats du pape & neuf chanceliers de France. Cette église a donné au faint fiége quatre papes, Silveftre II, qui en avoit été archevêque fous le nom de Gerbert ; Urbain II, qui en avoit été chanoine; Adrien IV & Adrien V, qui en avoient été archidiacres.

Il y a dans le diocèle de Rheims fept chapitres, vingtquatre abbayes d'hommes ou de filles, plufieurs prieurés conventuels, plus de quarante prieurés fimples, deux fé minaires, une univerfité, une chartreufe, une commanderie de l'ordre de faint Jean de Jerufalem, une commanderie de l'ordre de faint Antoine, huit hôpitaux & plufieurs couvens de religieux mendians.

Le principal chapitre eft celui de l'églife métropolitaine, dédiée à Notre-Dame. Cette églife, par fa grandeur & par la délicateffe & la beauté de fon architecture, eft une des plus belles du royaume. Elle eft en dedans œuvre de quatre cents cinquante pieds de long fur quatre-vingt-treize de large. Son élévation eft de cent dix pieds, & chaque branche de la croifée eft de cinquante pieds dans œuvre. Elle est toute couverte de plomb. On veut qu'elle ait été bâtie avant 406 : mais il eft probable qu'elle ne le fut que dans le douzième fiécle. S. Nicaife, l'un des évêques de Rheims, fouffrit le martyre dans l'ancienne cathédrale, à l'endroit où l'on a mis un ouvrage d'architecture de marbre & de bronze doré. Le portail eft très eftimé, quoique dans le goût gothique. Au milieu de la nef eft un pavé de marbre noir & de pierre blanche, qui représente un labyrinte. Auprès de l'orgue, l'une des meilleures de France, eft une horloge à carillon, laquelle eft très-curieufe. Il y a double chœur, féparé par le grand autel; & le fecond eft terminé par un autel, derriere lequel eft, un grand tombeau de marbre noir, où font enterrés le cardinal de Lorraine, le cardinal de Guife & François de Lorraine. Le tréfor, lequel eft très-riche & très - curieux, renferme un très - grand nombre de reliques. Cette églife a de très-belles tapifferies; & les ornemens font en très-grand nombre & très-riches. Il y en a d'extrêmement anciens, & que l'on prétend avoir été faits dès le tems des premiers évêques. Le chapitre est compofé de neuf dignités, foixante-quatre chanoines, quarante-deux chapelains que l'on nomme de l'ancienne congrégation, d'un grand nombre d'autres chapelains de chapelles appellées clauftrales, & de plufieurs autres bas officiers, qui font obligés d'affifter au chœur. Les neuf dignités du chapitre, font le grand-archidiacre, l'archidiacre de Champagne, le prévôt, le doyen, le tréforier, le vidame, l'écolâtre & le pénitencier. Le palais archiepiscopal, qui joint la métropole, eft un des plus beaux de France, par les ouvrages que l'archevêque Camille le Tellier y fait faire.

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Il y a trois autres chapitres dans la ville, dont le principal eft celui de S. Simphorien.

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C'étoit autrefois un temple dédié à la déeffe Cérès. Sixte, premier évêque de Rheims, le confacra fous le nom des apôtres S. Pierre & S. Paul. L'archevêque Berthauld établit fon fiége vers 315 ; & vers l'an 400, S. Nicaise le transféra dans l'églife de Notre-Dame. Cette premiere cathédrale porta dans la fuite le nom de S. Simphorien, qu'elle garde encore à préfent. Ebal, archevêque de Rheims, y fonda vers 1030, un chapitre, à la tête duquel étoit un prévôt, dont le nom a été changé en celui de doyen. Les chanoines font au nombre de douze. Dans le choeur eft un pavé à la mofaïque, qui eft très-ancien, & un

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