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N° 560.

M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères,

au Comte DE MONTEBELLO, Ambassadeur de la République française à Saint-Pétersbourg.

Paris, le 20 avril 1897.

Le prince Mavrocordato a demandé, le 18 de ce mois, à mettre sous la protection de notre Ambassade à Constantinople les sujets Grecs catholiques. Conformément aux traditions de la politique française en Orient, j'ai autorisé M. Cambon à accueillir cette demande. Vous voudrez bien en informer le comte Mouravieff.

D'après de nouvelles communications de M. Delyanni et de M. Mavrocordato, le Gouvernement grec sollicite la protection du Gouvernement de la République pour tous les sujets Hellènes, à quelque religion qu'ils appartiennent, et insiste pour obtenir une réponse d'urgence.

Je désirerais savoir si une démarche a été faite auprès de l'Ambassade russe pour qu'elle assurât la protection des sujets Grecs orthodoxes.

G. HANOTAUX.

N° 561.

M. BOURÉE, Ministre de France à Athènes,

à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.

Athènes, le 20 avril 1897.

M. Skouzès est venu m'entrenir de la question de la protection des sujets Helléniques dans l'Empire ottoman. D'après ce que lui a télégraphié M. Delyanni, vous lui auriez dit que, le Prince Mavrocordato ayant demandé à M. Cambon la protection de la France pour les seuls sujets Grecs catholiques et cette requête ayant été accueillie, il vous semblait préférable de vous en tenir à cet arrangement.

Le Ministre des Affaires étrangères parait croire à quelque malentendu; car il n'avait jamais donné à son Ministre à Constantinople d'instructions dans le sens restrictif dont il s'agit.

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Le Vicomte DE PETITEVILLE, Agent et Consul général de France à Sofia, à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.

Sofia, le 20 avril 1897.

Sur les instances pressantes de M. Stoïloff, je viens de télégraphier à M. Cambon

DOCUMENTS DIPLOMATIQUES. Conflit Gréco-Turc.

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pour lui demander de la part du Gouvernement bulgare d'appuyer les démarches faites à la Porte par M. Marcow en vue d'obtenir cinq bérats promis depuis longtemps en Macédoine.

N° 563.

R. DE PETITEVILLE.

M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères,

à M. BOURÉE, Ministre de France à Athènes.

Paris, le 20 avril 1897.

Ce matin, M. Delyanni est venu faire auprès de moi une démarche conforme au langage que vous a tenu M. Skouzès au sujet de la protection des sujets Grecs.

J'ai effectivement fait connaître au Ministre de Grèce que, le Prince Mavrocordato ayant demandé à mettre les sujets Grecs catholiques sous la protection de l'Ambassade de France à Constantinople, j'avais dès hier autorisé M. Cambon à répondre dans un sens favorable.

G. HANOTAUX.

N° 564.

M. P. CAMBON, Ambassadeur de la République française à Constantinople, à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.

Péra, le 20 avril 1897.

Tyrnavos a été occupé hier par les troupes ottomanes. Aujourd'hui, les hostilités continuent autour de Larissa qui, d'après l'état-major ottoman, doit tomber au pouvoir de l'armée turque aujourd'hui même.

L'escadre ottomane, après s'être montrée à l'entrée des Dardanelles, près de Lemnos, est rentrée dans le détroit.

Sept bâtiments de guerre sont sortis aujourd'hui de la Corne-d'Or : le cuirassé Horkhanieh, un garde-côte, une frégate en bois, trois paquebots armés en croiseurs, un torpilleur. Ils ont fait route pour les Dardanelles.

D'après les renseignements de la Porte, la division navale hellénique qui a bombardé Prévéza aurait subi des avaries et se serait dispersée.

P. CAMBON.

N° 565.

M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères,

à M. P. CAMBON, Ambassadeur de la République française à Constantinople.

Paris, le 20 avril 1897.

M. Delyanni est venu me demander, le 19 au matin, que le Gouvernement de la République assurât la protection de tous les sujets Grecs en Turquie. Je lui ai fait connaître que, dès la veille, le Prince Mavrocordato ayant demandé à mettre des Hellènes catholiques sous la protection de votre Ambassade, je vous avais autorisé, conformément à une délibération qui venait d'être prise en Conseil des Ministres, à accueillir cette proposition.

J'ai ajouté que je ne croyais pas pouvoir, sans l'avis du Conseil, prendre une mesure différente de celle qui avait été arrêtée sur la demande du Prince Mavrocordato. M. Skouzès, a qui cet entretien a été rapporté, est venu en parler à M. Bourée. Il voudrait savoir s'il doit renoncer à obtenir pour ses compatriotes la protection qu'il sollicite. En présence de cette situation et de la nouvelle démarche que le Prince Mavrocordato a, de son côté, faite auprès de vous, j'aurais un intérêt particulier à savoir si aucun de vos collègues n'a été sollicité d'assurer la protection des Hellènes orthodoxes. Je désirerais savoir, en particulier, quelle serait, le cas échéant, l'attitude de l'Ambassadeur de Russie.

N° 566.

G. HANOTAUX.

M. le Marquis DE NOAILLES, Ambassadeur de la République française à Berlin,

à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.

Berlin, le 20 avril 1897.

Le Gouvernement allemand donne son entière adhésion à la récente communication du Comte Mouravieff, portant que la guerre déclaréé entre la Grèce et la Turquie ne peut modifier l'enterte établie entre les Grandes Puissances dans la question crétoise et qu'il y aura lieu de maintenir le blocus de l'île.

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N° 567.

M. BILLOT, Ambassadeur de la République française près S. M. le Roi d'Italie,

à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.

Rome, le 20 avril 1897.

Deux bataillons d'infanterie avec une batterie d'artillerie partiront demain matin de Naples pour la Crète.

D'après une communication faite aujourd'hui par l'Ambassadeur de Russie à la Consulta, le Gouvernement russe estime, d'autre part, que la lutte engagée en Thessalie ne doit entraîner aucun changement à l'attitude des Puissances en ce qui concerne la question crétoise; qu'elles doivent notamment maintenir le blocus de l'île, afin d'en assurer la neutralité et d'empècher les deux belligérants d'y débarquer des troupes. Le Gouvernement italien adhère à ces vues, considérant qu'il y a lieu pour les Puissances de maintenir leurs forces navales dans les eaux crétoises, de continuer l'occupation des points qu'elles tiennent et de poursuivre la tâche commencée en vue de l'autonomie de l'île. A cette occasion, M. Visconti-Venosta m'a dit qu'en présence de la guerre engagée sur le continent, son avis est que l'union des Puissances est plus nécessaire que jamais pour circonscrire le danger; qu'elles doivent affirmer leur accord en s'abstenant de toute immixtion dans la lutte, afin de se ménager la faculté d'exercer leur médiation collective avec plus d'efficacité quand les circonstances en feront paraître l'opportunité.

N° 568.

BILLOT.

M. LozÉ, Ambassadeur de la République française à Vienne. à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.

Vienne, le 20 avril 1897.

Le Comte Goluchowski est d'avis que les Puissances doivent s'abstenir de prendre part au conflit Gréco-Turc, maintenir leur union en attendant l'heure de la médiation et garder la Crète en dépôt. Il répond d'ailleurs dans ce sens au Comte Mouravieff, dont un télégramme vient de lui ètre communiqué par le Chargé d'affaires russe.

Il estime que, par suite du mandat qu'à accepté l'Europe en Crète, elle ne peut abandonner 50,000 Musulmans à la merci des insurgés Crétois, et elle doit attendre que la Grèce, avant de s'adresser aux Puissances pour obtenir leur médiation, commence par rappeler le Colonel Vassos et ses troupes.

H. LOZÉ.

N° 569.

M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.

au Comte DE MONTEBELLO, Ambassadeur de la République française à Pétersbourg.

Paris, le 21 avril 1897.

Le Baron de Mohrenheim m'a communiqué un télégramme circulaire, d'après lequel, dans la pensée du Cabinet de Saint-Pétersbourg, le conflit qui vient d'éclater entre la Grèce et la Turquie ne saurait modifier en rien l'attitude des Grandes Puissances à l'égard de la Crète.

Placée sous leur protection immédiate, la Crète doit être considérée comme territoire neutre. Les Puissances, maintenant le blocus strict, empêcheront tout débarquement de troupes belligérantes et continueront leurs efforts pour l'organisation définitive de l'île à l'issue de la

guerre.

Les vues qui ont été échangées à ce sujet entre les deux Cabinets ont permis au Gouvernement impérial de s'assurer par avance que notre assentiment était acquis aux propositions qui font plus spécialement l'objet de cette communication du Comte Mouravieff.

G. HANOTAUX.

N° 570.

M. GEOFFRAY, Chargé d'affaires de France à Londres.

à M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.

Londres, le 21 avril 1897.

Sir Th. Sanderson m'a dit que, d'après ses renseignements, les Cabinets de Pétersbourg, Berlin, Vienne et Rome sont d'avis d'observer une stricte neutralité jusqu'au moment où les événements leur permettraient d'offrir leur médiation. En ce qui concerne la Crète, l'état actuel des choses, c'est-à-dire la mise en dépôt entre les mains des Puissances, serait maintenu jusqu'à nouvel ordre. J'ai cru pouvoir dire au SousSecrétaire d'Etat que le Gouvernement français se trouvait en communauté de sentiments sur ce sujet avec les autres Gouvernements. Sir Th. Sanderson m'a répliqué que telle était également la manière de voir du Cabinet de Londres; il a ajouté qu'il semble dès lors que l'accord des Puissances est unanime.

GEOFFRAY.

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