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AVIS

DES ÉDITIONS DE 1843.

Les Lettres de Madame de Sévigné sont à la fois un modèle de style et un monument historique; elles présentent le tableau presque complet du siècle de Louis XIV. Aucun Mémoire ne les a effacées, pas même les Mémoires de Saint-Simon, le plus incisif, le plus nerveux des historiens de cette grande époque. En 1696, les Mémoires de Bussy, sa Correspondance, en 1698, firent connaître au public un assez grand nombre de Lettres de Madame de Sévigné; mais ce ne fut qu'en 1726 que ces Lettres, recueillies pour la première fois en corps d'ouvrage, furent publiées en même temps à Rouen et à La Haye. Ces deux éditions étaient identiques; cependant celle de La Haye avait été imprimée sur un manuscrit de Bussy, auteur de l'avertissement qui la précède.

Les libraires réimprimèrent cette édition en 1733, sans aucune amélioration.

En 1734, une troisième édition, plus complète, fut publiée par les soins de la famille; elle formait déjà quatre volumes. Trois ans après, on y ajouta encore deux volumes; mais ce ne fut qu'en 1754 que l'éditeur

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En 1843 M. Lefèvre publia deux éditions des Lettres de Madame de Sévigné; la première en 6 vol. in-8°, la seconde en 6 vol. grand in-18: ces deux éditions étant épuisées, nous reproduisons celle in-18, mais augmentée, par M. Lefèvre, de plus de quatre cents notes explicatives ou corrélatives. (F. DIDOT FRÈRES.)

de ces six volumes, le chevalier Marius de Perrin, publia enfin une édition plus ample, et où les Lettres étaient rangées par ordre de dates, avec des notes explicatives très-importantes qu'il avait recueillies dans la famille même de Madame de Sévigné.

A dater de cette époque, les éditions se multiplient à l'infini. On fait des recherches, des lettres isolées sont recueillies, des correspondances entières sont retrouvées, et la collection, qui dans l'origine se composait de deux petits volumes in-12, en quelques années se trouva augmentée jusqu'au point de former douze volumes in-8°.

Il est inutile de signaler ici toutes les éditions successives; ces détails seraient sans intérêt. Nous arrivons de suite au travail des derniers éditeurs: l'abbé de Vauxcelles, Grouvelle, M. de Monmerqué et Gault de Saint-Germain.

L'édition de l'abbé de Vauxcelles est de 1801; elle est terminée par des observations sur Madame de Sévigné et sur le siècle de Louis XIV, observations qui aujourd'hui ont beaucoup perdu de leur intérêt.

L'édition de Grouvelle parut en 1806; elle était plus ample et plus correcte que les éditions précédentes. Aux notes du chevalier de Perrin, Grouvelle avait ajouté des notes supplémentaires, quelquefois d'un assez mauvais esprit, quelquefois utiles à l'intelligence de certains passages des Lettres.

M. Gault de Saint-Germain publia en 1823 son édition en 12 vol. in-8°.

Mais la meilleure édition publiée jusqu'à ce jour est celle de M. de Monmerqué. Jamais éditeur plus intelligent et plus consciencieux ne s'est chargé d'un tra

vail plus ingrat, et ne l'a accompli avec plus de bonheur. Jusqu'à lui on avait négligé de rétablir le texte d'une multitude de lettres altérées, soit par des influences de famille, soit par la négligence des libraires ou des éditeurs. Ainsi, madame de Coligny, fille de Bussy, supprimait tout ce qui pouvait blesser la mémoire de son père, et madame de Simiane tout ce qui rappelait les discussions plus ou moins orageuses de la mère et de la fille, et qui pouvait faire douter de la tendresse de cette dernière; enfin, d'autres retranchements assez considérables avaient été commandés par la crainte de blesser quelques personnes encore vivantes.

Le rétablissement du texte exigeait un travail long et pénible: il fallait retrouver les lettres originales, consulter les Mémoires du temps, fouiller les collections, et se faire pour ainsi dire de la société intime de Madame de Sévigné. M. de Monmerqué a fait tout cela. Possesseur d'une bibliothèque précieuse, et qui lui fournissait des matériaux abondants, il a pu en outre consulter les manuscrits de Bussy-Rabutin et une multitude de lettres autographes de Madame de Sévigné et de ses amis les plus intimes. Quelques passages sans doute ont pu échapper à ses investigations laborieuses ; mais enfin il n'était pas tenu à l'impossible, et, grâce à lui, nous croyons pouvoir dire qu'on a le texte véritable de Madame de Sévigné.

C'est ce texte que nous reproduisons dans cette édition.

Quant aux notes explicatives et historiques, nécessaires à l'intelligence de ces Lettres, elles appartiennent presque toutes à MM. de Perrin, de Vauxcelles,

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