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New York, 18

1866.

ABRÉGÉ DU DICTIONNAIRE

DE

L'ACADÉMIE FRANÇAISE.

PARIS.

TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET CIE, RUE JACOB, 56.

ABRÉGÉ DU DICTIONNAIRE

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UN CERTAIN NOMBRE DE MOTS NOUVEAUX CONSACRÉS PAR L'USAGE;

LES ÉTYMOLOGIES;

LES PRINCIPES DE GRAMMAIRE FRANÇAISE EXTRAITS DU DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIR.

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1872

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LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET C,

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE,

RUE JACOB, 56.

1862.

L..

temps précieux d'une séance réclamée par la délibération d'intérêts plus importants; que, dans leur correspondance officielle avec l'administration, les magistrats communaux voient la multiplicité de leurs devoirs se compliquer encore d'un travail purement littéraire; que souvent le scrupule les arrête au moment d'exécuter des instructions dont le sens n'est pas toujours net à leur inexpérience, combien ne devront-ils pas souhaiter d'avoir sous les yeux un livre qui soit pour eux un guide sûr, et comme un arbitre du langage! Nous ne craignons pas de dire que l'introduction de ce nouveau code ne serait pas seulement un moyen puissant d'instruction dans les écoles, mais qu'il épargnerait dans les communes bien des ennuis et des difficultés aux autorités municipales, bien des erreurs à la rédaction des procès-verbaux et des actes civils, et par là bien des embarras à l'administration et aux familles.

Ce besoin bien senti donne chaque jour naissance à une infinité de dictionnaires qui se croient destinés à le satisfaire. Il ne nous convient pas de faire ici leur procès, ni d'expliquer comment ils ont manqué leur but. Qu'il nous soit permis seulement de rappeler quelques-unes des conditions principales d'un pareil livre. En général, lorsque l'on compose aujourd'hui quelque ouvrage pour l'enseignement populaire, on nous semble plus préoccupé qu'il n'est juste de la question économique. La considération du bon marché est sans contredit d'une grande importance, lorsqu'il s'agit de répandre l'instruction dans des classes économes et laborieuses qui n'ont encore ni un goût assez vif de la science pour l'acheter volontiers par de grandes privations, ni des ressources assez abondantes pour ne point limiter beaucoup l'étendue des sacrifices qu'elles peuvent s'imposer. Toutefois un pareil service offert à l'humanité peut devenir par l'exécution' un péril comme un bienfait pour elle. Rien de plus souhaitable au peuple qu'une instruction saine et solide; rien de plus honorable au désintéressement de l'auteur que d'y attacher une séduction innocente par l'appât du bon marché mais, si cette instruction est mauvaise, le vil prix n'est qu'un danger de plus. C'est ainsi que les notions inexactes, incomplètes, confuses, se propagent avec une effrayanté facilité dans des esprits plus avides à raison même de leur inexpérience; c'est ainsi que les mauvaises semences menacent d'étouffer bientôt, dans ce terrain encore vierge, l'utile moisson promise à une meilleure culture.

Ces défauts, déjà fâcheux dans un traité élémentaire sur quelque objet particulier des connaissances humaines, sont encore plus funestes dans un dictionnaire qui, sans être une encyclopédie, comprend tous les faits de la langue, et peut contribuer plus que tout autre livre à fausser le jugement public. S'il se borne à reproduire une imitation respectueuse des dictionnaires qui ont fait loi pendant longtemps, il mérite le reproche de n'avoir point suivi le progrès des temps; et si l'ambition d'innover l'entraîne à des réfor mes hardies, le danger s'en accroît encore; enfin trop souvent ces tentatives ne trouvent pas, dans la maturité du travail qui y préside, ou dans le nom bien connu de l'auteur, le genre d'autorité nécessaire à un livre dont la destination est de prononcer en juge dans le doute ou la controverse.

C'est là surtout ce qui imprime au Dictionnaire de l'Académie un carac

tère à part. Quelle que soit la valeur des critiques qu'il est appelé à subir, il faut qu'il serve désormais de point de départ à la discussion, et l'autorité seule de son nom en fait par provision la charte de la langue française.

Cependant on pouvait craindre que son volume et son prix ne lui permissent pas de trouver un accès facile dans la bibliothèque des familles; qu'ils ne constituassent comme un privilége en faveur des maisons aisées. Chose fâcheuse en effet qu'un ouvrage, appelé par son objet à prendre rang parmi les livres d'utilité première, se trouvât relégué par son prix parmi les livres de luxe! Chose plus triste encore que des considérations d'économie ne laissassent plus descendre dans l'éducation populaire qu'une instruction de seconde qualité, comme on réserve pour des bouches plus délicates les aliments les plus exquis! Les éditeurs du Dictionnaire de l'Académie en ont pensé autrement : ils ont cru que le pain de la science pouvait être offert de fine fleur à tous les rangs, et qu'en réduisant le format du grand dictionnaire à des dimensions plus maniables, sa substance à une utilité, j'oserais dire, plus quotidienne et plus pratique, sans dénaturer le fond de ce beau travail, il serait facile de le faire pénétrer partout.

Cette entreprise ne paraîtra point trop hardie, et l'on se flatte que l'Académie elle-même n'y verra qu'un nouvel hommage rendu à son œuvre. Si le soin avec lequel elle a fait le sacrifice des détails qu'elle pouvait juger superflus rendait d'avance téméraire toute prétention à présenter les mêmes vérités sous une forme plus concise, d'un autre côté, en voyant le soin plus religieux encore qu'elle a mis à grouper autour de ses décisions les nombreux exemples qui les confirment, à recueillir dans le passé tous les souvenirs d'autrefois, à sauver du naufrage toutes les allusions de mœurs, tous les artifices de langage qui ont encore un grand attrait pour la curiosité, lors même qu'ils n'en ont plus que pour elle, il était permis de penser qu'au prix de quelques sacrifices, l'abrégé, sans être aussi riche, pourrait encore rester complet.

La première loi d'un pareil travail était donc de conserver tous les mots admis dans le grand dictionnaire, de respecter littéralement les définitions, les explications et les jugements qui s'y trouvent énoncés: c'est ce qu'on a voulu faire; et si la nécessité de réduire à d'autres proportions certains passages plus étendus, ou de réparer bien rarement une erreur de rédaction trop évidente, a autorisé quelques changements, on n'en est pas moins resté fidèle alors à l'esprit de l'ensemble.

Il reste à s'excuser ici sur deux points où l'on s'est cru libre pourtant d'y déroger. L'extrême scrupule dans le choix des mots de fraîche date que l'Académie a honorés du droit de bourgeoisie a excité bien des réclamations; nous sommes loin de les partager et de regarder comme un titre à l'estime publique, pour un dictionnaire nouveau, l'annonce de quelques milliers de termes, rebutés le plus souvent par elle; nous ne saurions au contraire trop louer sa discrétion lorsqu'il s'agit de naturaliser une foule de mots enfants de l'impuissance ou du caprice; mais, en adoptant ses principes, nous avons trouvé quelquefois ses arrêts un peu sévères. Sans doute il fallait nous défendre en cela de nos prédilections secrètes et de nos habitudes person

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