ZÉLIDE. Souvent pour séduire un cœur MIRTIL. Telle est l'inconstance légère Du zéphir volage et sans foi: Mais le zéphir lui-même, aimé de ma bergère, Serait aussi constant que moi. ZÉLIDE. Aussi constant que vous? MIRTIL. Vous connaissez mon âmé. ZÉLIDE. L'absence est l'écueil de l'amour. MIRTIL. Dans nos tendres adieux rien n'égalait ma flamme; ZÉLIDE. Mais de votre fidélité Je ne vois point encor le gage. MIRTIL montrant avec empressement la guirlande qui est sur l'autel. Le voici. De ces fleurs l'éclatante beauté Vous laisse-t-elle quelque ombrage? ZÉLIDE. Je suis contente. MIRTIL. Et vous? Un pareil témoignage Importe à ma tranquillité. (Zélide feint d'être embarrassée.) Zélide, vous baissez la vue! Parlez. Où sont ces fleurs? Vous me faites trembler. Vous soupirez! O ciel! quelle atteinte imprévué! Non, je ne puis vous croire, et c'est pour me troubler..... Zélide n'est point infidèle. Son cœur n'aima jamais que moi. ZÉLIDE. Si vous êtes sûr de ma foi, Pourquoi m'en demander une preuve nouvelle ? Eh bien! s'il vous avait trahi, S'il s'en faisait lui-même un sensible reproche, Et si, confus à votre approche, Il demandait encor de n'être point haï..... MIRTIL. Vous? me trahir! ô ciel! moi, l'amant le plus tendre! ZÉLIDE. Il le faut avouer: un caprice léger Avec plaisir m'a fait entendre Les soupirs d'un autre berger. MIRTIL. Quoi, Zélide, ton cœur n'a pas su s'en défendre! ZÉLIDE. Je vous l'ai dit : l'absence expose à ce danger. Mirtil, vous pouvez vous venger. Voici tes fleurs... (1) Quelles couleurs nouvelles! MIRTIL. C'est l'Amour qui les rajeunit. ENSEMBLE. Dieu puissant! dans nos mains rends ces fleurs immortelles. Rends sans cesse nouveau comme elles Le nœud charmant qui nous unit. (On entend de loin le retour des Bergers.) MIRTIL. Nos bergers en ces lieux vont célébrer sa fête. ZÉLIDE. Pour hommage offrons-lui nos cœurs. ENSEMBLE. Triomphe, Amour, lance tes feux vainqueurs. Couronne par mes mains ta plus belle conquête. (1) Elle va prendre la guirlande de Mirtil, qu'elle a cachée parmi les arbres de l'un des côtés du théâtre, elle la trouve refleurie. SCÈNE VII. MIRTIL, ZÉLIDE, TROUPE DE BERGERS. Que tout inspire Les désirs; Que tout respire Les plaisirs. ZÉLIDE. Tendre Amour, c'est pour ton empire Que les dieux ont fait nos loisirs. LE CHOE UR. Aimons, qu'en nos bois tout soupire, Que tout inspire Les désirs; Que tout respire Les plaisirs. (Les Bergers en dansant ornent de guirlandes l'autel de l'Amour.) GRAND CHOEUR. Sons brillans, céleste harmonie, Eclatez, remplissez nos bois. Et sa flamme est votre génie. Sons brillans, céleste harmonie, Eclatez, remplissez nos bois. 1 MIRTIL. Accens mélodieux, vous que l'Amour inspire, Etendez son empire : Rivaux de la beauté, sur nos sens tour à tour LE CHOEUR avec Mirtil. Sons brillans, céleste harmonie, (Deux coryphées de la danse donnent, par des attitudes gracieuses, des Aux pleurs que répand l'aurore, Le bonheur vole avec tes traits. LE CHOEUR. | Amour, tu fais plus encore; Le bonheur vole avec tes traits. ZÉLIDE. La douce haleine de Flore LE CHOEUR. Amour, tu fais plus encore; (Sur cette dernière reprise du chœur, les Bergers recommencent leur danse; elle est interrompue par une entrée de Pâtres, auxquels les Bergers se mêlent d'abord. Les Patres, deux coryphées à leur tête, se détachent ensuite, et vont couvrir l'autel de l'Amour de gros bouquets qu'ils tiennent dans leurs mains. Une jeune Bergère entre seule et porte en dansant une fleur sur l'autel.) ZÉLIDE. Quand du dieu des bois L'Amour anime la musette, Echo n'ose élever la voix. Un son si tendre, Les ruisseaux murmurent tout bas. Echo n'ose élever la voix. (Les coryphées des Bergers et ceux des Pátres dansent ensemble; la jeune Bergère s'y joint; leur danse est coupée par l'entrée d'un jeune Berger, qui apporte un bouquet pour offrande. Il aperçoit la Bergère. Il hésite entre elle et l'autel, pour adresser son hommage; il porte enfin sur l'autel son bouquet, dont il réserve une fleur, qu'il présente à la Bergère, et leur union forme un pas de six avec les quatre coryphées.) ZÉLIDE. Vole, Amour, assure ta gloire, MIRTIL. Vole, Amour, assure ta gloire, ENSEMBLE avec les CHOEURS. OU LA SYMPATHIE, A l'occasion de la naissance de Mgr. le duc DE BOURGOGNE, Représentée pour la première fois, par l'Académie royale de Musique, le jeudi 18 novembre 1751. AVERTISSEMENT. Dans les poëmes lyriques destinés, comme celui-ci, à célébrer de grands événemens, il est d'usage de consacrer le prologue à l'objet de la féte, et d'en détacher l'action du poëme; par là on détourne l'intéret et l'attention de ce qui devrait les fixer pendant tout le cours du spectacle. L'auteur a cru plus convenable de faire dépendre l'action de ce poëme de la naissance du prince qui en est l'objet, et d'en tirer le dénoûment, au lieu d'en faire l'avant-scène. Cet enchaînement de deux actions étrangères l'une à l'autre ne pouvait s'opérer que par le merveilleux, mais on ne saurait trop l'employer sur le théâtre de l'illusion. Au reste, il a fallu sacrifier la scène au spectacle, et ses nuances à la rapidité. Contrainte malheureuse et désormais inevitable. Quelques personnes seront surprises qu'on ait réuni la mythologie et la féerie dans un même sujet; mais qu'on fasse attention que ces deux systèmes ont été réellement unis dans l'opinion des hommes. Les mêmes peuples qui dressaient des antels à Vénus et à l'Amour, croyaient que le génie de Pompée avait tremblé devant celui de César, et que le démon de Brutus lui avait predit sa défaite. ACTEURS. ACANTE, amant de Céphise. CEPHISE, amante d'Acante. OROES, souverain Génie des airs, amoureux de Céphise. ZIRPHILE, principale Fée, protectrice de Céphise et d'Acante. UNE FÉE. CHOEUR et troupe de Fées, suivantes de Zirphile. CHOEUR et troupes de Génies et de Fées, suivans d'Oroes. DEUX CORYPHÉES DE SES SUIVANS. LA GRANDE PRÈTRESSE DE L'AMOUR. DEUX AUTRES PRÈTRESSES. PRÊTRESSES DE L'AMOUR. CHOEURS et troupes d'Amans heureux et malheureux. UNE AUTRE BERGÈRE. BERGERS et BERGÈRES. SUIVANS D'OROES, sous la forme de Chasseurs et de Pâtres. |