de toutes les corruptions? Que leur répondrions-nous pour justifier l'empire de cette banque, pour leur en garantir l'heureuse influence sur tout le royaume? Leur mone trerions nous, comme dans la métropole Angloise, une république d'utiles négocians instruits à peser les vrais intérêts du commerce, à les garantir de toute concurrence dangereuse? La Seine réunit-elle à Paris, comme la Tamise à Londres, ses négocians par un vaste entrepôt d'où les productions du globe puissent se distribuer dans toutes ses parties? Vanterions-nous aux provinces les cris de la bourse, ces agitations perpé tuelles que tant de honteuses passions entre tiennent, et que nous avons encore la folie de considérer comme le thermomètre du crédit national * Quoi ! nous diroient nos commettans, vous voulez que la nation se rende solidaire pour les engagemens d'une banque assise au centre de l'agiotage? Avez-vous donc mesure l'étendue de ceste garantie que le ministre vous propose de décréter?g Il réduit à 240 millions les billets qui seroient timbrés; et pour vous montrer que l'état ne courroit aucun risque par cette garantie, rantie, il réunit aux 70 millions que la caisse lui a prêtés en 1787 l'avance de 170 millions que la banque nationale lui feroit encore contre des assignations ou des rescriptions sur les deniers publics (p. 17). >> Mais ces avances seront éternelles, ou elles ne le seront pas. >> Le ministre prétend -il qu'elles soient éternelles? Nous demandons alors nonseulement s'il convient à la nation de contracter de tels engagemens, mais encore, s'ils n'entraînent pas les conséquences les plus effrayantes? Car, enfin, la banque nationale auroit la liberté de négocier les rescriptions qui lui seroient délivrées par le gouvernement; et le préjudice qui pourroit résulter pour elle de ces opérations momentanées devroit lui être bonifié par le trésor public (p. 30). >> C'est-là une lourde méprise; une telle disposition place au sein de la banque nationale un levain continuel d'agiotage, et même un principe de dilapidation; et il faut encore ajouter à cette grave erreur l'engagement qu'on feroit prendre à la nation, d'assurer à jamais aux actionnaires neuf Tome II. T 1 millions de revenus annuels pour l'intérêt de leurs actions. >> Dira-t-on que la banque nationale ne vendra ces rescriptions que dans le cas où elle voudra diminuer la masse de ses billets de circulation? Mais quoi! lorsque la banque nationale aura rompu, ou pour le gouvernement, ou pour le commerce, ou pour l'agiotage, l'équilibre qu'elle doit maintenir, il faudra que ce soit aux frais de la nation qu'il se rétablisse! >> Les anticipations ont fait de tout temps le malheur et la ruine de notre royaume; consentirons-nous à les perpétuer pour assurer à la banque nationale des profits, ou pour que la nation ne garantisse pas sans caution 240 millions de billets? >> On nous dit que ces anticipations seront à l'avenir peu coûteuses en comparaison du passé. Soit; mais ce n'est pas uniquement parce que les anticipations sont coûteuses que l'homme d'état doit les prescrire, c'est parce qu'elles fournissent d'incalculables moyens de dissiper et d'abuser, >> Si notre dette envers la banque natio nale n'est pas éternelle, nous deviendrons alors caution sans aucune sûreté, et toujours obligés à garantir neuf millions de rente aux actionnaires. D'ailleurs, connoît - on quelque banque dont le nombre de billets soit limité, ou n'ait pas franchi ses limites? Et si l'on veut que la banque nationale répande les siens dans tout le royaume, si l'on veut que partout elle se présente pour animer nos ressources productives, la tiendra-t on limitée à 240 millions de billets? cette disposition estelle compatible avec les fonctions qu'on lui assigne, ou bien fandra-t-il qu'elle ait des billets politiques et commerciaux, qu'elle fabrique du papier forcé et du papier de confiance, qu'elle soit banque nationale pour les uns, et banque privée pour les autres? ८ Que répondrons-nous, Messieurs, à cette pressante logique? Dirons nous que les statuts dela caisse d'escompte seront perfectionnés? Eh! je vous le répète, on n'en fcra pas de plus sages; vous serez étonnés des leçons de prudence qu'ils renferment; tout y est prévu, et les embarras du gouvernement, et les crises politiques du royaume; c'est en les violant article par article, ligne par ligne, mot à mot, que la caisse d'escompte pétend nous avoir rendu des services essentiels, comme si ce qui faisoit sa sûreté ne contribuoit pas à la nôtre! comme si ces services exigeoient la violation d'un régime destiné spécialement à fonder la confiance? comme s'il y avoit de la générosité à répandre des billets, à les prêter même, lorsqu'on se dispense de les payer! >>> Croyons - nous rassurer nos provinces en donnant à la banque nationale vingtquatre administrateurs? Mais dans toute entreprise qui repose sur des actions, plus les administrateurs sont nombreux, moins les vues sont uniformes: voilà donc encore une fausse précaution. Le public n'a pas besoin d'administrateurs actionnaires, mais de surveillans pour son propre intérêt. >> Ce systême d'administration est loin de celui de la banque de Londres. Deux gouverneurs à vie sont dépositaires de son inviolable secret. Voyez, Messieurs, ce qu'exigent les banques que l'on veut lier tout-à-lafois aux affaires de la politique et à celles du commerce. Ce secret si critique, et cependant si nécessaire à toute banque nationale et commerciale, l'admettrez-vous? |