OU HISTOIRE ET DESCRIPTION DE TOUS LES PEUPLES, DE LEURS RELIGIONS, MOEURS, COUTUMES, ETC. GRÈCE, PAR M. POUQUEVILLE, T AVANT de commencer l'histoire abrégée de la Grèce, il nous semble indispensable de faire connaître la position topographique, l'étendue et les limites de ce pays qui brilla d'un si vif éclat sur la terre. Les nations disparaissent, les villes et leurs ruines sont effacées par ■ le temps. La nature ayant ses crises * et l'homme ses passions, tout serait * bientôt bouleversé et méconnaissable, sans les fleuves et les montaagnes, si merveilleusement distribués * à la surface de la terre, par celui qui ⚫ en établit les fondements et en régla * les proportions. » C'est à ces démarcations invariables que nous nous attacherons, afin de tracer sommairement notre topographie hellénique ou grecque. On commettrait une étrange erreur de comprendre sous le nom de Grèce tous les pays qui furent occupés par les descendants de Hellen, et par les nombreuses colonies qu'ils envoyèrent dans les différentes contrées de l'ancien continent. Le prolongement des Alpes Carni1o Livraison. (GRÈCE.) ques, dont le Pinde et le Parnasse sont une des principales branches, sépare, au septentrion, l'Illyrie et la Macédoine de la Grèce proprement dite, qui est bornée par la mer Egée au midi; à l'orient et à l'occident par la mer Ionienne, que Strabon surnomme mer de Sicile. Sa plus grande dimension du nord au midi est de 92 lieues de 25 au degré, son diamètre moyen E. et O. de 58 lieues, et sa surface de 5139 lieues carrées. Placée entre le 36 et le 41o degré de latitude septentrionale, la Hellade, arrosée par une multitude de rivières, est dotée d'un sol propre à toutes les espèces de cultures que l'homme peut exploiter; on cessera donc de s'étonner si les peuples qui habitèrent un pays aussi favorisé de la nature, ont pu s'élever au degré de splendeur qu'ils atteignirent. Indépendamment de ces bienfaits, la Grèce reçut du Créateur des dons peut-être plus précieux que la bonté de son territoire. Placée au centre de l'ancien continent, baignée de trois côtés par la mer, bordée de rivages 1 M161828 découpés pár des golfes golfes profonds, abondants en havres abrités, elle semblait destinée à devenir le point central du commerce général de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe. Dès que la géographie eut adopté un inode régulier de description, on divisa cet heureux pays en Grèce septentrionale, Grèce moyenne ou Hellade, Grèce méridionale ou presqu'île du Péloponèse, et en fies de la mer Égée. GRÈCE SEPTENTRIONALE. Les fleuves principaux de la Grèce septentrionale, dont les sources se trouvent dans le Pinde ou dans ses étages, servent à faire reconnaître l'Epire, la Thessalie et les contrées qui s'étendent à l'orient jusqu'au golfe Thermaïque et aux Thermopyles. Le plus éloigné de ces fleuves est l'Aoüs, qui coule des faîtes culminants du Pinde pour tomber dans l'Adriatique, à peu de distance d'Apollonie; le Pénée, dont les eaux se rendent dans la mer Egée; le faux Simoïs, qu'on voit s'épancher en face de Corcyre, ainsi que la Thyamis et l'Acheron, fleuves issus de la Chaone et de la Thesprotie; l'Arachtos et l'Inachos, que reçoit le golfe ambracique; l'Acheloüs et l'Evenus, qui se déchargent, l'un en face d'Ithaque, l'autre vis-à-vis du promontoire A raxe: le Pindos, rivière de la Doride, tombe à l'entrée de la mer des Alcyons ou golfe de Corinthe, et le Sperchios thessalien se rend au golfe Pélasgique. La Grèce septentrionale se composait de l'Épire et de la Thessalie. L'Épire comptait quatorze cantons, savoir: 1o la Hellopie, la Molosside et la Thympheide, 2o° la Perrhébie, 3° l'Atintanie, 4o la Dolopie, 5o l'Athamanie, 6o la Paravée ou Parorée, 7o la Dryopie, 8° la Chaonie, 9° la Thesprotie et la Cestrine, 10o l'Aïdonie ou Celtique, 11° la Selléide, 12o la Cassiopie, 13° l'Ambracie, 14° l'Amphilochie. La Thessalie, plus considérable que l'Épire, s'appela d'abord Pandore, Pyrrhea, Pelasgiot.de. Eolide, Xeinie, lorsque Thessalos, chef d'une horde de Thesprotiens Epirotes, y fonda une colonie, soixante ans après la prise de Troie. Elle fut alors nommée Thessa lie. Ses subdivisions connues à cette époque étaient : la Phthiotide, pays aimé d'Apolion, lorsqu'il gardait les troupeaux chez Admète; la Magnésie, séjour des Centaures; l'Hesticotide, la Thessaliotide et la Pelasgiotide. Les montagnes les plus remarquables sont l'Olympe (*), l'Ossa, le Pélion, POEta et le Pinde, qui la sépare de l'Epire; son fleuve (car elle n'en a qu'un seul), le Pénée, qui cumule les eaux de l'Ananios, de l'Ion, de l'Apidanos et d'une foule de rivières. (*) L'Olympe, dont notre planche première offre une vue exacte, ne s'annonce pas à l'entrée du Tempé par les pentes brusques et les cascades retentissantes qui caractérisent les Alpes. Environné des plus douces couleurs, il éleve majestueusement ses croupes arrou dies au mili, a d'un effet suave de lumiere, en laissant apercevoir à travers ses cott poles, au lieu des glaciers éternels du MontBlane, des traces de verdure qui appellent les pasteturs dans ses retraites délicieuses, que l'été embellit de fleurs alpines. Ses sommets ne sont couverts, pendant neuf mois, que de neiges temporaires. Xénagoras, cite par Plutarque, estimait la hauteur du mont Olympe à dix s'ades un plethre moms quatre pieds (960 toises). Bernoulli l'a trouvée de tory toises, ce qui n'est pas la moitié de la hauteur du Mont-Blanes, (POUQUEVILLE, Foyage de la Grece, lav, 8, chap. v, pages 360, 301, 1, 111, 2" edit.) |