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pas d'autre preuve que fon avidité à profiter de la conjoncture. Au lieu de fe joindre aux Grifons, pour faire une punition exemplaire des rebelles, tandis que les Espagnols d'un côté s'emparoient de la ValTelline, & l'année fuivante du comté & de la ville de Chiavenne, d'où ils chaffoient les Proteftans; L'Archiduc Léopold, de l'autre côté, envoya des trou pes dans la valée de Munfter, fous la conduite de Rodolphe Planta, qui, trahiffant fa Patrie, s'étoit vendu à la maifon d'Autriche. En 1624, les Grifons ayant reçu du fecours de la France, de Zurich, de Berne, & du Vallais, reprirent tout ce que les Autrichiens avoient enlevé; allerent enfuite remettre leurs fujets fous leur obéiffance. Ceux de Bormio fe rendirent aisément : mais ceux de la Val-Telline & ceux de Chiavenne fe jetterent entre les bras de la France. Les François remirent les comtés de Bormio & de Chiavenne entre les mains des Grifons; mais ils retinrent la Val-Telline. Les Espagnols la leur reprirent quelque-temps après; mais les premiers la leur arracherent de nouveau, & la rendirent aux Grifons en 1635. à condition que la Religion Proteftante feroit abfolument interdite dans ces trois Pays. Cette claufe ne fut pas du goût des Grifons; de forte que confidérant d'une part qu'ils avoient un allié, qui leur faifoit la loi, & de l'autre que leur pays étoit le théatre de la guerre, ils conclurent que l'amitié de la maifon d'Autriche leur conviendroit mieux que celle de la France, & firent alliance avec l'Empereur. Ils prirent le prétexte de quelques excès que les François commirent en 1637, & les chafferent des forts qu'ils occupoient dans le pays des Grifons, dans la Val-Telline, & dans les comtés de Chiavenne & de Bormio; la fameufe capitulation fut conclue en 1639. à Milan. Quoique la Religion Proteftante en foit entiérement bannie depuis le maffacre de l'an 1620, il eft cependant permis aux Proteftans anciens habitans du pays, qui y ont encore des biens, d'y demeurer fix femaines de fuite, purvu qu'ils l'aillent déclarer à la magiftrature.

On voit affez par ce qui vient d'être rapporté que les habitans de la Val-Telline, auffi-bien que ceux des comtés de Bormio & de Chiavenne, font zélés Catholiques. Il fuffit donc de dire que comme ils font à l'entrée de l'Italie, ils font Italiens de Religion, de mœurs & de langue. Voici de quelle mamaniere ces trois pays font tombés fous la puiffance des Grifons: Barnabé, vicomte de Milan, ayant été chaffé par Jean Galeas, Mastin, l'un des fils de Barnabé, se sauva chez les Grifons, & demeura quelque temps, comme en exil, auprès d'Harteman, Evêque de Coire ; en reconnoiffance dequoi il fit préfent en 1404, par fon teftament, à l'Evêque & à l'Eglife de Coire, de la Val-Telline, & des comtés de Chiavenne & de Bormio. Mais comme ils étoient entre les mains de Jean Galeas, il fembloit que ce fut un don en peinture. Cependant par la fuite cette donation ne laiffa pas d'avoir fon effet. Les François & les Espagnols fe faisant la guerre en Italie, l'alliance des Grifons fut recherchée par les deux Couronnes; parce qu'étant maîtres des paffages qui conduifoient dans ce pays-là, les Allemans & les Suiffes ne pouvoient s'y rendre que par leur moyen. Les Ligues profitérent de cette occafion pour faire leurs affaires. Elles engagerent l'Evêque de Coire à leur vendre le droit qu'il avoit fur la Val-Telline, & fur les deux comtés de Chiavenne & de Bormio, moyennant un certain revenu qu'elles lui affignerent. Le Prélat qui fentoit qu'il ne feroit jamais en état de faire valoir par lui-même fes droits, n'eut pas de peine à en traiter. Enfin en 1512, les François s'étant emparés de ce pays-là; & le Pape Jules II, leur ennemi mortel, ayant follicité les Suiffes & les Grifons de leur faire la guerre, les premiers chafferent les François du duché de Milan, & rétablirent Maximilien Sforce, fils de Ludovic, dans ce duché, & dans le même temps les Grifons firent la conquête de la Val-Telline, & des comtés de Chiavenne & de Bormio. Le duc, par reconnoiffance, & pour les payer des frais de la guerre, leur céda folemnellement ces pays par un traité de l'an 1513, François I. Roi de France,

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s'étant remis en poffeffion du duché de Milan en 1516, fit une paix a Fribourg avec les Suiffes & les Grifons, & leur céda pour lui & pour fes fucceffeurs, ducs de Milan, toutes fes prétentions fur ces trois feigneuries. Ce fut une bonne acquifition pour les Grifons; car ce pays vaut, fans contredit, beaucoup plus que leurs meilleures valées. Quelque bon qu'il foit néanmois, ils ne quittent point leur Pays pour aller s'établir dans la Val-Telline, ou dans les comtés de Chiavenne & de Bormio.

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VAL-VANERE, abbaye d'Espagne, dans la vieille Caftille, au diocèfe de la Calahora, dans les monts Difterces. L'Hiftoire de l'Ordre de Saint Benoit, dit que Yépes rapporte à l'an 574. la fondation de l'abbaye de Val-Vanere où les fideles honorent d'autant plus dévotement la Sainte Vierge, qu'ils y font excités par une anciene & célebre Image qui la repréfente. Ce monaftere doit fon origine à la converfion de Munio, hermite, qui s'étant retiré en ce lieu pour faire pénitence ? y paffa fes jours avec plufieurs autres perfonnes qui l'imiterent. Ils fervoient Dieu fous la direction de Dominique prêtre, qui fut depuis enterré dans ce monaftere. On dit que ce fut ce folitaire Munio qui trouva l'Image dont nous venons de parler. Mais Yépes avoue qu'on ne fait poit en quel temps il vivoit. Il y a dans ce monaftere une regle de faint Benoît, écrite l'an 954, & c'eft peut-être un peu avant ce temps-là que le monaftere fut bâti. Saint Athanafe, patriarche d'Alexandrie, y eft en fi grande vénération, qu'on en dit l'Office le mardi de chaque femaine, qui n'eft point confacré à la mémoire de quelqu'autre faint, Si on en croit ce qu'on appelle la tradition de cette abbaye, le fondement & la caufe de cette dévotion, eft que ce faint Docteur fe réfugia autrefois en ce pays-là, lorfqu'il étoit perfécuté par les Arriens. Mais il n'y a point de preuve qu'il ait été en Espagne. Ileft feulement vrai qu'après le Concile de Sardique, tenu l'an 347. Ofius, Evêque de Corduë, dit aux ennemis du faint, que s'ils perfiftoient à ne le vouloir point reconnoître pour Evêque, quoiqu'il fût innocent, il tâcheroit de lui perfuader de venir avec lui en Espagne; mais cette propofition n'eut point de fuite. Le faint alla demeurer à Aquilée, & après la mort du faux Patriarche Grégoire, qu'on avoit mis en fa place il repaffa en Orient, & retourna à Alexandrie. Auffi d'autres tiennent plus vraisemblablement que ce S. Athanafe qu'on révere à Val-Vanere, eft quelque S. Athanafe, Evêque ou religieux d'Espagne, qu'on a confondu avec le grand Athanafe, défenfeur de la Divinité de Jefus - Chrift. * Abregé de l'Hiftoire de L'Ordre de Saint Benoît, l. 2, c. 36.

VAL-VERDE, bourgade d'Espagne, dans l'Eftramadoure, au midi de Badajos, près des frontieres de Portugal. Ce n'étoit autrefois qu'un fimple village, qui fut érigé en bourgade l'an 1630. Val-Verde eft fitué dans un valon fort agréable, fertile en fleurs & en fruits, & arrofé de plufieurs belles fontaines. * Délices d'Espagne, p. 388.

VAL-DE-VIRE. Voyez VIRE. 2.

VAL-URSEREN. Voyez URSEREN-THAL.

1. VALA, ville de Trace: Prolomée, / 3, c. 11, la marque dans les terres. Quelques éxemplaires au lieu de VALA, lifent VALLA.

2. VALA, ville de la Mauritanie Tingitane. Elle étoit dans les terres, felon Ptolomée, 43, c. 1.

VALACHIA, ancienne ville de l'Afrique propre, affez près de Carthage. On la nomme aujour d'hui Cammart. Voyez CAMMART.

VALACHIE ou VALAQUIE, principauté de l'Europe, poffédée aujourd'ui, partie par l'Empereur d'Allemagne, des Etats héréditaires duquel elle fair portion; partie par le Turc, à qui en appartient la plus grande portion. Cette province fut anciennement nommée Flaccie du nom de Flaccus, qui y fut envoyé par Trajan, avec une colonie de trente mille hommes, pour cultiver le pays, qui fournit à l'Armée Romaine une bonne partie des vivres, pendant la guerre contre les Scythes & les Sarmates. Les Turcs nomment cette province Carabogdana, qui veut dire Terre de bled noir, parce quelle en produit beaucoup.

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Elle s'étend d'orient en occident plus de 90. lieues,
& du midi au feptentrion plus de cinquante, dis-
tances qui ne font pourtant pas égales par-tout, parce
que la Valachie à à peu près la figure d'un triangle
iphérique. Elle eft bornée au nord, partie par la Mol-
davie, partie par la Tranfilvanie; à l'orient & au
midi par le Danube; & à l'occident par la Tranfil-
vanie. Par le Traité de Paffarowitz, il fut réglé que
la riviere Alaut, depuis l'endroit où elle fort de la
Tranfilvanie jufqu'à fon entrée dans le Danube, fe-
roit la féparation des deux Empires de ce côté. On y
trouve auprès de Suverain, ou Severin, les reftes du
Pont de Trajan. La partie de cette province, qui dé-
pend de l'Empire Turc, eft poffédée par un hospodar
ou vaivode, qui eft tellement foumis au Grand Sei-
gneur, qu'il est dépofé fouvent par la feule raifon
qu'un autre promet de payer un tribut plus confidéra-
ble. La Valachie & la Moldavie ne compofoient au-
trefois qu'une feule province des Daces, nommée
fimplement Valachie; mais ayant
enfuite été divifée
en Haute & Baffe, à caufe de la riviere qui la parta-
geoit, la derniere a toujours retenu le nom de Vala-
chie, & l'autre a pris celui de Moldavie. * Etat pré-
fent de la Hongrie, p. 112, & fuiv.

Les plaines de la Valachie feroient très-fertiles, fi
elles étoient cultivées; mais les habitans font fi pa-
reffeux, qu'ils laiffent la plus grande partie en fri-
che. Cette province eft fi déferte, que les terres font
au premier qui veut les labourer & enfemencer, n'y
ayant point de poffeffion déterminée comme ailleurs.
Il n'y a presque point de bois dans cette province, &
l'on eft contraint de faire du feu avec du chanvre, ou
avec de la boufe de vache féche. Le fable des rivie-
res eft fort mêlé de grains d'or, & les mines, qui font
dans les montagnes, rapporteroient beaucoup, fi elles
étoient travaillées.

La Valachie eft divifée en treize comtés, qui font habités indifféremment par les Saxons, par les Hongrois & par les naturels du Pays. L'Hospodar qui la gouverne, tire cent mille écus de la dixme de la cire & du miel, dont les peuples font leur principal trafic. Les principales villes font Tergowits, Suchereft, Branilous & Severin. La Province eft en plufieurs endroits, traversée de forêts très-épaiffes elle nourrit quantité de chevaux de grand prix, des bœufs & des bêtes à laine, qu'on envoye par grands troupeaux en divers lieux de l'Europe. On y trouve des mines de toutes fortes de métaux. Il y a un certain fel de mine, dur comme du marbre, & dont la couleur tire fur le violet; mais quand il est bien broyé, il devient blanc. Les peuples paffent pour être inconftans & farouches; & leurs maifons ne font pour la plûpart que de bois & de paille, liée avec de la terre graffe, & couvertes de rofeaux, qui fe trouvent en grande quantité dans le pays. Le trafic confifte en bled & en vin, qu'on porte en Ruffie & en Pologne, en cuirs, capots, en cire, miel, en certains flacons, faits de racine de tillau, & dont les veines de différentes couleurs font fort agréables à la vûe : l'on envoye à Conftantinople du boeuf féché au Soleil, des légumes & du beurre. Ils fe fervent pour ce négoce d'Arméniens, de Juifs, de Saxons, de Hongrois & de Ragufiens; & ils font payer un droit à la malvoifie de Candie, lorfqu'elle paffe par leur pays pour être transportée en Allemagne & en Podolie. Le vaivode tire un grand revenu de cette impofition. La langue du pays a un grand rapport avec la latine, ce qui confirme que les habitans tirent leur origine des Romains. Ils nomment l'eau Apa, & le Pain Pa. Dans les cérémonies de leur Religion, qui eft celle des Grecs schismatiques, ils fe fervent de la Langue franque, qui eft en ufage dans tout l'Orient. L'hospodar paye ordinairement foixante & dix mille ducats de tribut à la Porte.

La Valachie a eu autrefois fes princes particuliers, dépendans & tributaires des rois de Hongrie. Bajazet voulut y porter fes armes, après la Bataille qu'il gagna fur les Chrétiens, proche de Nicopolis; mais le vaivode qui la gouvernoit, tailla en piéces une partie de fes gens. Les Sultans Mahomet I. & Amurat II, firent auffi de très-rudes guerres aux Valaques. Ces peuples étoient alors gouvernés par un duc,

qu'on appelloit Dracula,& qui exerça les cruautés les plus inouies. Amurath lui ayant envoyé des Ambasfadeurs, qui le faluerent à leur maniere, fans ôter leur Turban,il commanda qu'on l'attachât fur leur tête avec un clou, afin qu'il tint mieux. On le vit quelquefois manger au milieu d'un cercle de Turcs empalés; & quand il en tenoit quelqu'un prifonnier, il lui faifoit écorcher la plante des pieds, qu'on lui frottoit enfuite avec du fel. Ce prince cruel fut tué dans un combat contre les Turcs, & l'on porta fa tête au Sultan Mahomet II, par les forces duquel Uladus fuc élevé peu de temps après à la principauté de Valaquie. Mais il ne fe fut pas plutôt affermi dans la poffeffion de cet Etat, qu'il traita les Turcs avec autant d'inhumanité que Dracula avoit fait. Paul Jove, rapporte que Pierre, qui gouvernoit la Tranfilvanie du temps de Solyman, fut chaffé par fes fujets pour fes cruautés, & qu'il eut befoin pour fe rétablir de tour l'appui du Sultan. Le Turc étant déja fort puiffant dans la Valaquie, Selim II. acheva de la foumettre en 1574, Michel, de la maifon des anciens vaivodes de Moldavie, ayant été établi prince dans la Valaquie, fous Amurat & Mahomet III, fit alliance avec le vaivode de Moldavie, & ils formerent le deffein de fe délivrer de la fervitude Ottomane, dans l'espérance que leur entreprise feroit appuyée de l'empereur & du roi de Pologne. Elle réuffit par la valeur de Sigismond, prince de Tranfilvanie, dont ils chercherent la protection. Le même Michel défit les Troupes de Sigismond Battori, qui le vouloit chaffer de ces terres; mais la Valachie & la Moldavie retournerent fous la puiffance du Turc, au commencement du dernier fiécle, par le moyen de Boskay, qui, avec le fecours d'Ahmed, les fit foulever en même-temps que la Tranfilvanie. Il n'en fut pas le maître longtemps, puifqu'en 1608, après la mort de Jerôme vaivode de Valaquie, quelques-uns de fes fujets fecourus des Turcs, ayant refufé d'obéir à fon fils, âgé de 13. ans, & pris les armes pour fe donner un autre fouverain, la mere de ce jeune prince mit fur pied une armée de dix mille hommes, défit les rebelles, & confervá la principauté à fon fils, qu'on appella Radul, & qui fut chaffé de fes Etats en 1611, par Gabriel Battori, Prince de Tranfilvanie. Radul ayant joint fes forces à celles de Conftantin Mohila, Prince de Moldavie, fe rétablit dans la Valachie, après avoir défait l'Armée du Tranfilvain à Cronftat. Les Chefs ou vaivodes, qui ont gouverné la Valaquie depuis ce temps-là, ont été contraints de fe rendre entierement Tributaires des Turcs, & de joindre leurs forces à leur armée dans les temps de guerre. *Corn. Dict. Hiftoire & Description du royaume de Hongrie, l. 4, 1688.

La principauté de Valachie étoit ordinairement héréditaire, & felon les loix du pays, il n'y avoit que le défaut de nez qui empêchât les enfans de fuccéder à leur pere. Ce fut par cette raifon, que la veuve de Bafile, vaivode de Valaquie, en 1653, n'appréhenda rien tant, pour fon fils, que ce honteux traitement, dans la guerre qu'Etienne, chancelier de fon mari, avoit allumée, fur l'appui des Polonois & de quelques autres peuples. Elle alla à Saczaw, où elle fe défendit jusqu'à ce que Timothée fon gendre, fils de Kmienilski, général des Cofaques, avec lequel elle s'étoit retirée dans cette place, eût été tué de l'éclar d'une roue caffée par le canon: & en la rendant l'hiftoire remarque qu'elle ne fe montra fenfible cette perte, que parce qu'elle craignoit qu'Etienne ne fit couper le nez à fon fils; ce qui l'eût mis hors d'état de rentrer jamais dans la dignité de fon pere. VALAIS. Voyez VALLAIS. VALANGIN. Voyez VALENGIN. VALAQUIE. Voyez VALACHIE. VALASSE (la) Abbaye de France. Voyez VALLASSE.

VALATA. Voyez VALLATA.

VALATHA, lieu de Syrie, près de la ville d'Antioche, voifine du bourg de Daphné. Ce lieu, qui étoit fortifié, avoit été donné par le préfident Saturnius à un Juif de Babylone, qui avoit paffé l'Euphrate avec quinze cens archers, & environ une

centaine de fes parens. * Jofeph, Ant. 1. 17, c. 2.

VALAYE, Ifle de la mer d'Ecoffe, l'une des Hebrides. Elle eft fituée au Nord de celle d'Euft. Sa longueur eft de deux milles, & fa largeur d'un mille. *Corn. Dict. Davity, Ifles Hébrides.

VALBACH, village de la baffe Hongrie, fur le Danube, près de Strigonie. On croit que c'est la Valena des anciens. Voyez VALENA.

VALBING ville d'Allemagne, au Duché de Wurtemberg, fur l'Ents, felon Corneille, qui ne cite aucun garant. Ce pourroit être la petite ville VAIBING, que Zeyler, Topograph. Ducat. Wirtemb. marque entre Pfortsheim & Rixbing.

1. VALBONNE, Bona Vallis, petit pays de France dans la Breffe. Corneille, qui cite Guichenon, dit que ce pays s'étend vers le Rhône, près de

Montluel.

2. VALBONNE, chartreufe de France, dans le bas Languedoc, au Diocèfe d'Ufez, à une lieue au couchant du Pont du Saint-Efprit.

3. VAL-BONNE, Vallis Bona, abbaye d'hom mes en France, de l'Ordre de Citeaux, dans le Rouffillon, diocèfe de Perpignan, proche Colioure, dans un fonds. Il n'y a n'y religieux, n'y couvent, on n'y voitqu'un refte d'Eglife. L'abbé jouit de 500 liv. VALBUENA, abbaye d'hommes Ordre de Citeaux, en Espagne, dans la vieille Caftille au diocèfe de Valladolid.

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VALCA (la) riviere d'Italie, dans le patrimoine de Saint Pierre. Elle prend fa fource dans le Lac de Bracciano, &, courant vers le levant, elle paffe au Nord d'Ifola, & va fe rendre dans le Tibre, à cinq milles au-deffus de Rome. C'eft la Cremera des anciens, & si connue par la défaite des Fabius.

VÁLCHEREN. Voyez WALCHEREN. VALCKENBOURG, bourgade des Pays-bas, dans la Hollande méridionale, fur le bord du Rhin, environ une lieue au-deffous de Leyde. Valckenbourg a titre de comté, & eft célebre par les grandes foires de chevaux qu'on y tient tous les ans. VALCOURT. Voyez WALCourt. VALCOVAR. Voyez WALPON. VALCUM, lieu de la baffe Pannonie. Il eft marqué dans l'Itinéraire d'Antonin, fur la route de la Pannonie, dans les Gaules, entre Silacenfis & Mogetiana, à vingt-huit milles du premier de ces lieux, & à trente milles du fecond. L'ordre de la route empêche de croire que ce foit Wolcowar fur le Danube, comme l'a prétendu Lazius.

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VALDA, (la) village d'Espagne, dans la Catalogne, fur le bord de la Méditerranée. Michelot. Portul. de la Médit. p. 45, décrit ainfi fa pofition: environ un mille & demi vers le nord-est de la longue pointe de Saint Filiou, eft une longue pointe de moyenne hauteur, qui eft celle du fudoueft de l'ance de Palamos; au bout de cette pointe il y a une féche, qui eft à fleur d'eau, où l'on voit quelquefois brifer la mer, & elle eft à une longueur de cable de la terre. De cette pointe à une autre, qui eft vers l'ouest de Palamos, il y a environ trois milles au nord-nord-eft. On voit fur cette derniere pointe une tour ronde, & quelques maifons auprès. Entre ces deux pointes, il y a une grande plage de fable, un peu enfoncée, & une très-belle plaine, où l'on voit le village appellé la Valda: ce village eft grand.

VALDANUS, ou VALDASUS, fleuve de la Pannonie, felon Pline, 7.3, c. 25, qui met fon embouchure dans le Danube, au-deffus de la Save. On l'appelle préfentement Valpo, ou Walpo. Cette riviere a fa fource dans l'Esclavonie; & après avoir arrofé la ville de Valpo, elle fe rend dans le Danube, un peu au-deffous de l'embouchure de la Drave. * De l'Ifle, Atlas.

VALDARADVE, riviere d'Espagne, au Royaume de Leon. Elle paffe, dit Corneille, à Villalpando & à Zamora : &, groffie du Rio Sees, qu'elle reçoit dans fon cours, elle va mêler fes eaux à celles du Duero. Cette description s'accorde mal avec la Carte de Jaillot, & auffi mal, je pense, avec la vérité car Corneille fuppofe que Zamora n'eft point fur le Duero; ce qui eit une faute groffiere.

Selon Jaillot, il paffe un ruiffeau à Villalpando, & ce ruiffeau va quelques lieues plus bas fe perdre dans le Duero, près de la Ville de Toro. Par le Rio Sees, Corneille entend Corneille entend, ou Rio Seco ou Rio Seco, ou la riviere Cea ; le premier eft un ruiffeau, qui, felon Jaillot, & non d'autres, paffe à Villalpando; la riviere Cea en eft éloignée au levant

VALDĂU, abbaye de filles, Ordre de Citeaux, dans les Pays-Bas, au quartier de Louvain, fondée l'an 1230, par Henri IV, duc de Brabant.

VALDAVIA. Corneille nomme ainfi une petite riviere d'Espagne, qui a fa fource dans la vieille Caftile, & qui fe perd dans celle de Pifuerga, au deffous de Melgar de Herramental, ou Ramental.

VALDECONA, bourgade de l'Espagne, dans la Catalogne, aux confins du Royaume de Valence, fur la rive gauche de la riviere Cenia, affez près de fon embouchure dans la Mer. Jaillot, Atlas.

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VALDERAS, valée de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Espagne, fur la côte de la mer du Sud, au fond d'une profonde baie, qui regne du côté du fud-eft, entre le cap Corrientes, & la pointe de Pontique, du côté du nord-oueft, endroits éloignés environ de dix lieuës l'un de l'autre. Le valon a autour de trois lieues de largeur. Près de la mer il y a une baie fabloneufe de bonne hauteur, pour y descendre commodément: au milieu du fond de cette baie, fe jette une belle riviere, où les bateaux peuvent entrer : mais l'eau a un petit goût de fel vers la fin de la féchereffe, qui eft en Février, Mars, & une partie d'Avril. La valée de Valderas eft bornée par une petite montagne verte avancée dans le pays, qui forme un agréable penchant, & préfente un très-bel afpect du côté de la mer. On trouve dans cette valée de gras pâturages, entrecoupés de bois formés d'arbres propres à toutes fortes d'ufages. On y trouve auffi des fruits en abondance, comme des guavas, des oranges, des limons, de forte qu'on diroit que la nature a voulu faire de cette valée, un lieu de délices. Les pâcages font pleins de bœufs & de vaches, & on y voit auffi quelques chevaux. Ce font-là les feuls habitans de cette belle valée, où perfonne ne s'est encore établi. * Dampier, Voyage autour du monde, t. 1, p. 330.

VALDERFANGE. Voyez VAUDREVANGE. VALDESIE, village de France, dans la Baffe Normandie, au diocèfe de Coutances. Ce village eft remarquable, dit Corneille, pour avoir été la patrie du favant Jean de Launoy.

VALDIGLESIAS, abbaye d'hommes, Ordre de Citeaux, de la Congrégation de Leon, en Espagne, dans la vieille Caftille, au diocèfe d'Avila. VALDSHUT. Voyez WALDSHUT.

VALDIVIA, ou BALDIVIA, ville de l'Amérique méridionale, au Chili, fur la côte de la mer du Sud, avec un port de même nom entre Impérial au nord, & Chiloé au midi. Cette ville, qui porte le nom de fon fondateur, Pierre Baldivia, ou Valdivia, fut commencée en 1552. On la plaça dans une plaine élevée de quatre à cinq toifes fur le niveau de la mer. Près de là étoit une fortereffe, pour tenir en bride les Indiens. Mais ces Peuples laffés du gouvernement des Espagnols, qui les faifoient travailler aux mines d'or, qui y font très-abondantes, & qui, à ce qu'on dit, exigeoient d'eux la valeur de vingtcinq à trente écus par jour, pour chaque homme, fecouerent enfin le joug, tuerent Baldivia, fuivant le Pere Ovalle, d'un coup de maffe, & felon d'autres, ils lui jetterent de l'or fondu dans la bouche, lui difant de fe raffafier de cet or dont il avoit eu si grande foif. Après quoi ils raferent la fortereffe, & faccagerent la ville. Aujourd'hui elle eft rebâtie un peu plus avant fur la riviere de Baldivia. Elle s'eft repeuplée en grande partie de gens exilés. On y compte environ deux mille ames. Elle eft fermée de murailles de terre, & défendue par douze piéces de canon de feize livres de balle. Il y a une paroiffe & une maifon de Jéfuites. * Frefier, Voyage de la Mer du Sud, t. 1, p. 79.

Le port de Valdivia, par fa fituation, & les fortifications qu'on y a faites, eft le plus beau & le plus fort

de toute la côte de la mer du Sud. A trois lieues vers l'eft de la pointe de la Galere eft un morne, appellé Morro Gonzales, fur lequel il y a une baterie: au nord- eft quart du nord de ce morne, il y en a un autre nommé Morro Bonifacio. A ces deux mornes commence l'embouchure de la riviere de Baldivia, qui peut avoir environ quatre lieues de largeur en cet endroit; mais les deux côtés venant à fe rapprocher vers le fud-fud-eft, ne forment plus qu'un goulet d'environ demi-lieue de large, & dont l'entrée eft défendue par quatre forts, deux de chaque côté ; & particulierement par le premier de babord, appellé le FORT DE NIEBLE, qu'il faut ranger de fort près pour éviter des bancs de fable, qui s'avancent à tiers canal depuis le pied de la MARGUE, qui eft celui de triqui eft celui de tribord. Si l'on veut enfuite mouiller au port de CORRAL on vient en arondiffant le tribord, jufqu'au pied du fort de même nom, mouiller fur quatre braf fes d'eau ; fi on veut aller devant la ville, c'eft-àdire au lieu le plus près, on paffe entre le fort de Nieble & celui de Manfera, qui eft fur l'isle de ConStantino Perez, en rangeant la côte du fud d'une grande Ifle, derriere laquelle, en terre ferme, eft un port fi commode, qu'on y débarque les marchandifes fur un ponton, fans le fecours des chaloupes.

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Depuis le Port du CORRAL, les chaloupes ont un chemin la moitié plus court, par le canal que forme la grande isle & la terre de babord. Les navires n'y paffent pas de crainte des bancs qu'il y a vers le milicu. En quelque endroit qu'on foit mouillé, on eft toujours en sûreté de tous vents, parce que la tenue y eft bonne, fur un fond de vafe dure, & qu'il n'y a point de mer, excepté auprès du port du Corral au vent de Nord. On y fait par-tout de l'eau commodément: le bois y eft en abondance, tant pour brûler, que pour conftruire des navires, le terrein y étant cultivé & très-fertile en grains & légumes. Les raifins n'y mûriffent pas; mais on peut fuppléer au défaut de vin par le cidre; car il y a une fi grande quantité de pommiers, qu'il s'en trouve de petites forêts.

Les avantages de ce port ont engagé les Espagnols à faire plufieurs forts pour en défendre l'entrée aux Nations étrangeres, parce qu'ils le regardent comme la clef de la mer du Sud. Les Hollandois ont voulu s'y établir, pour s'affurer une retraite qui pûr leur faciliter l'entrée dans cette mer. En 1643, ils s'en rendirent maîtres; mais la difette, les maladies, & particulierement la mort de leur Général les ayant affoiblis, ils furent contraints de fe retirer & d'abandonner leur bagage, avec trente piéces de canon, parce qu'ils avoient été informés du fecours qu'envoyoit le Marquis de Manfera, Viceroi du Pérou. Aujourd'hui il y a plus de cent piéces de canon, qui fe croisent à l'entrée. Le fort de Manfera en a quarante; celui de Nieble trente, celui de Margue vingt, celui du Corral dix-huit; & la plûpart font de fonte. Pour ne pas laiffer ce port dépourvu, on y envoye les blancs du Pérou & du Chili, condamnés à l'exil pour quelque crime; de forte que c'eft une espece de Galere. On les occupe aux fortifications, & aux befoins de la garnifon, qui n'eft compofée que de ces fortes de gens, qu'on fait Soldats & Off ciers, même pendant le temps de leur punition. Le Viceroi doit envoyer tous les ans trois cens mille écus pour l'entretien des fortifications & des Troupes. Cette fomme n'eft pas toujours bien exactement fournie; auffi le Préfident du Chilli ne manque point d'envoyer tous les ans un bon fecours, dont les Gouverneurs profitent; de forte que ce pofte eft le plus recherché de toute la côte pour le revenu, quoiqu'il doive être défagréable par la mauvaife compagnie qu'on y trouve, & fort ennuyant pendant près de fix mois de pluies continuelles tous les Hivers.

VALDONE, Prieuré de Filles, en France, dans la Champagne, à deux lieues au nord de Joinville, & à trois au Levant de Vaffy, dans un valon fort étroit, & entouré de hautes montagnes. Quelquesuns donnent mal à propos à ce Prieuré le titre d'Abbaye. Il eft de l'Ordre de Saint Benoît de la dépendance de Molême. Il fut érigé en titre de Prieuré

à l'honneur de la Sainte Vierge & de Saint Robert, environ l'an 1116. ou 1140, par Geofroi , ou Godefroi, Seigneur de Joinville, Félicité de Brienne fon époufe, fon fils Guy, Archidiacre de Langres, & fon frere Robert, comme il paroît par le titre de fondation, qui eft fans date. Hugues de Grex donna enfuite la moitié de la Terre du Monaftere, l'autre moitié ayant été donnée par Geofroi. Ce Monastere a été plufieurs fois pillé & brûlé pendant les guerres. Les montagnes dont il eft environné l'incommodent extrêmement lorsque les neiges viennent à fondre. Cet inconvénient avoit fait prendre la réfolution de le transférer à Vaffy; mais on transféra en 1702, les Religieufes au Village de Charenton, deux lieues de Paris, une perfonne charitable ayant acheté pour cet effet, de la Communauté des nouvelles Catholiques de Paris le 2. Octobre 1700, la place où étoit le Temple des Réformés, à condition d'y établir à perpétuité une Confrairie de l'adora. tion perpétuelle du Saint Sacrement. Il y avoit dans ce Monaftere, au temps de leur translation, trentecinq Religieufes fous une Prieure titulaire, & le revenu étoit d'environ quatre mille livres. * Baugier Mém. de Champagne, t. 2, p. 177.

VALDORÉ, valée de France dans la baffe Picardie, entre la ville d'Ardres, & le château de Guines. Elle eft remarquable par l'entrevue que le Roi François premier eut avec Henri VIII, Roi d'Angleterre, l'an 1520. On y montra de part & d'autre tant de magnificence, qu'on donna à cette valée le nom de camp du drap d'or. Mém. du Temps.

VALENA, ville de la Haute Pannonie. Prolomée, l. 2, c. 15, la met au nombre des villes qui étoient éloignées du Danube. Cependant Villeneuve & Mollet veulent que ce foit aujourd'hui la ville de Gran; felon Lazius, c'eft Valbach. Quelques exemplaires de Ptoomée au lieu de Valena, lifent Valina.

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VALENÇAY. Voyez VALENCÉ.

1. VALENCE, Royaume d'Espagne : il tire fon nom de la Capitale, & s'étend du nord au fud de la longueur d'environ foixante-fix lieues, fur vingt-cinq dans fa plus grande largeur; de forte qu'il eft long & étroit. La mer méditerranée le borne à l'orient & au midi, ce qui lui donne près de foixante lieues de côtes; au nor- eft, il eft borné par un coin de la Catalogne; au nord, par l'Aragon; & au couchant, par la Caftille nouvelle, & par le Royaume de Murcie. C'eft le Pays qu'habitoient anciennement les Celtibériens, les Conteftains & les Lufons. * Délices d'Espagne, p. 544..

Le Royaume de Valence a trente-cinq rivieres, tant grandes que petites; elles coulent à l'orient ou au fud- eft. Les principales font, en commençant par l'occident, la Segura, qui baigne deux Royaumes, celui de Murcie, qu'elle traverse, & celui de Valence, où elle mouille Origuela, & fe décharge dans la mer près de Guardamar : le Xucar, qui prend fa fource de la nouvelle Caftille, y traverse la petite Province de la Sierra, où il reçoit deux petites rivieres, le Cabriel & l'Algarra, après quoi il vient arrofer le Royaume de Valence en largeur de l'occident à l'orient, & va fe perdre dans la mer, près d'une petite place nommée Cullera, qui donne fon nom à un cap voifin : le Guadalaviar, ainfi appellé par les Maures d'un mot qui veut dire eau pure, naît aux confins de l'Aragon & de la Caftille nouvelle, à quelques milles de la ville d'Albarrazin, près de la fource du Tage: il arrofe le Royaume d'Aragon, traverfe celui de Valence, de l'occident à l'orient, & fe jette dans la Méditerranée, au-deffous de la capitale : le Morvedro, qui traverse le Royaume de Valence de l'occident au fud - eft, & fe perd dans la mer, audeffous d'une ville dont il porte le nom; & enfin le Millas, Miglias, ou Millares, qui paffe à Onda, & entre dans la mer, au-deffous de Villa-Real.

A trois lieues de Murcie fe trouvent les confins du royaume de Valence, & l'on voit dans cet endroit une groffe pierre, mife fur une hauteur, pour marquer la borne des deux royaumes. Cet endroit,

étoit autrefois dangereux, rempli de bandits, à caufe de la facilité qu'ils avoient de paffer d'un Royaume à l'autre, d'abord qu'ils avoient fait quelque méchant

coup.

On convient que le Royaume de Valence eft l'un des mieux peuples de toute l'Espagne. On y compte fept cités, foixante-quatre villes murées, grandes ou petites, mille villages, & quatre bons ports de mer dont le plus confidérable eft Alicante. C'eft auffi l'un des plus agréables Pays de la Monarchie. L'air y eft doux, & fi temperé, qu'on y jouit presque d'un printems continuel. La grande quantité de rivieres & de ruiffeaux, dont il eft arrofé, le rend extrêmement fertile, particulierement en vins & en fruits. Les valées & les plaines font couvertes de toutes fortes d'arbres fruitiers, qu'on voit en toutes faifons chargés de fruits, ou parés de fleurs. On y recueille auffi du riz, du lin fort précieux, du chanvre, de la foie, du miel & du fucre. Il eft vrai que le pays eft entrecoupé de montagnes fort rudes, & la plupart ftériles. On y nourrit cependant des troupeaux; & il y a des mines d'alun, de fer, comme autour du cap Martin. On en trouve auffi quelquesunes d'argent & d'or, de même que des carrieres d'albâtre, de chaux, de plâtre, de calamine, d'argile, dont on fait de très-beaux vafes, & de pierre de lapis. La mer y fournit diverfes especes de bons poisfons, particulierement des allofes & des tons.

Ce pays fut érigé en Royaume l'an 788, par Abdalla, gouverneur de Valence, qui fe tira de la fujection du Roi de Cordoue, auquel néanmoins il fut contraint de payer annuellement un tribut de dixfept mille maravedis. Le dernier Roi de Valence fut Zahen, qui fut dépoffédé de fa capitale dans le treifiéme fiécle, & contraint de fe retirer, avec cinquante mille Maures.

Quoique le Royaume de Valence foit un des mieux peuplés de l'Espagne, il l'étoit encore davantage autrefois. C'eft-là qu'étoit la plus grande partie des Maures, qui furent chaffés de l'Espagne en 1610. Aujourd'hui encore les Habitans font fort mêlés de Chrétiens vieux, & de nouveaux, comme on parle en Espagne: de là vient que le langage y eft très-impur, & plus mêlé d'Arabe que par tout ailleurs. Les descendans des Maures, font bons Laboureurs, appliqués au travail, & fort fobres:

2. VALENCE, ville d'Espagne, & la Capitale d'un Royaume, auquel elle donne fon nom. Cette ville eft fort ancienne. Elle fut donnée l'an de Rome 616, près de cent quarante ans avant Jefus-Chrift, à de vieux Soldats, qui avoient fervi fous le fameux Viriatus de là vient que les habitans prenoient le nom de Veteres, ou de Veterani, comme il paroît par l'inscription fuivante, qu'on a trouvée dans la ville:

C. VALENTI HOSTILLIANO.
MESSIO. QUINCTIO.
NOBILISSIMO. CES.
PRINCIPI JUVENTUTIS

VALENTINI.

VETERA. ET. VETERES.

Pompée détruifit cette ville dans le temps de la guerre de Sertorius; mais elle fut rétablie dans la fuite. Les Maures, qui s'en étoient faifis, la perdirent dans le onziéme fiécle, par la valeur du fameux Héros Rodrigue, furnommé le Cid. Ils la reprirent après fa mort, & s'y maintinrent jusqu'en 1238, que Jacques I. Roi d'Aragon, la leur enleva pour toujours. * Delices d'Espagne, p. 558. & fuiv.

Cette ville eft fituée à trois milles de la mer, au bord du Guadalaviar, dans une campagne extrêmement agréable & fertile. On y jouit d'un air fi doux, & fi temperé, qu'on n'y fent jamais d'hiver, & l'on y trouve en abondance toutes les chofes qui fervent aux befoins & aux délices de la vie. La ville eft grande: elle contient environ douze mille feux dans fon enceinte, fans compter les fauxbourgs & les jardins de plaifance, qu'on voit au tour, & qui en font bien encore un pareil nombre. Elle eft le fiége d'une Univerfité & d'un Archevêché, qui y fut fondé

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en 1492, par le Pape Innocent VIII, à la priere des Rois catholiques & du Cardinal Roderic Borgia. L'Archevêque a trente à quarante mille ducats de

rente.

Valence ayant été reprife par les chrétiens dans le treiziéme fiécle, & abandonnée des Maures, qui furent contraints de la leur céder, on y envoya une peuplade d'Espagnols, prife de l'Aragon & de la Catalogne, jusqu'au nombre de huit cens quatre-vingtquatre chefs de familles, qui fe font multipliés avec le temps. Les Habitans font fort civils & fort gais. Les femmes y paffent pour les plus belles, & le plus galantes du Royaume. La ville eft fort belle, très-agréable, & ornée de très-beaux édifices: de là vient qu'en Espagne on la nomma VALENCIA HERMOSA, Valence la Belle. On y remarque l'Eglife cathédrale dont le clocher eft élevé de cent trente pieds. L'un des côtés du chœur eft tout incrufté d'albâtre, & orné de très-belles peintures; dont les fujets font tirés des hiftoires de la bible. Le grand autel, qui eft tout couvert d'argent, eft éclairé de quatorze lampes de même métal, fuspendues au devant. Il y a un riche tréfor dans cette Eglife. L'Archevêque eft vêtu comme un Cardinal, & les Chanoines portent l'habit violet, & ont le rochet & le camail dans les cérémonies de l'Eglife. Les canonicats valent chacun trois mille écus.

On pourroit dire qu'il y a autant de palais que de maifons à Valence, tant les bâtimens y font magnifiques. La Maifon de ville, le palais de la Ciuta, & celui de la Députation, font les plus beaux. On traite dans ce dernier des affaires qui regardent le royaume. Le palais du viceroi, appellé la Real de fu Eccellencia, eft de l'autre côté de la riviere. Son architecture fait voir qu'il a été bâti du temps des Maures. Ses tours font bordées de creneaux, comme les murailles qui le ferment. Les jardins font admirés pour la diverfité de leurs grottes, de leurs bocages, & des lieux remplis d'eau, qui les rendent toujours verdoyans.

Toutes les rues de Valence font longues & belles, à l'exception de celles qui font du côté du marché au poiffon, où eft la rue des orfévres. La grande, appellée Calle de la Mar, commence à la Porte de Saint Vincent. C'eft dans cette ruë qu'on trouve l'Eglife de Saint Martin, ornée d'une haute tour carrée, & voifine du grand marché. La Longa de la Seda, autrement la bourse, eft dans cette place. C'eft un grand palais où s'affemblent les marchands pour parler de leurs affaires, dans une fale foutenue de plufieurs hautes colonnes très-bien travaillées. On voit de là la belle Eglife des Jéfuites, qui eft couverte d'un dôme, & celle de Saint Jean qui eft près d'une autre place. Il y auffi dans cette ville plufieurs colléges ceux de Saint Thomas de Villanova, de Philippueri & del Patriarcha font les plus confidérables, avec le collége de l'Univerfité, où font les claffes des écoliers, qui y viennent de tous les autres Colléges. Celui du patriarche eft une congrégation de trente prêtres, fondée par un Archevêque de la Maifon de Guevara. C'est un très-beau bâtiment, avec une grande cour carrée, au milieu de laquelle eft une fontaine qui paffe pour une des plus belles de toute l'Espagne, à caufe de fon baffin de marbre, & des figures qui l'environnent. On chante tous les jours le Service en mufique dans l'Eglife de ce collége, où il y a un beau Crucifix, qu'on ne découvre que les vendredis, avec beaucoup de cérémonie. On voit dans les chapelles plufieurs tombeaux d'Archevêques & de Cardinaux ; & on admire de tous côtés les peintures & les dorures, principalement celles du maître autel. Le Couvent royal de l'Ordre de Saint Jerôme eft hors de la Ville. On l'appelle San Miguel del Rey, à caufe que Philippe III. le fit bâtir, & le dota d'un grand revenu. Cette Eglife eft un lieu de dévotion pour les bourgeois, & fes grands cloitres, & fes jardins en font une de promenade.

Lorsque Jacques I. roi d'Aragon, conquit la ville de Valence fur les Maures, elle avoit feulement mille pas de tour, & quatre portes, favoir, la Boatel

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