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ville d'assaut sur les Impériaux, & le château fut obligé de se rendre à discrétion; les murailles & les portes de la ville furent abattues, & le château fut brulé. * Zeyler, Topogr. Bohem. pag. 83.

TRAVUS, fleuve de Thrace. C'est Hérodote qui en parle.

TRAXITÆ, peuples d'entre les Goths. Ils habitoient au-delà du pays des Antes, felon Ortelius, qui cite Pro

cope.

TRAXT, bourg d'Afie, dans le Diarbeck, sur le Tigre, à quarante-deux lieues au-dessus de Bagdat. On le prend pour l'ancienne Apamia qui étoit fur ce même fleuve, dans la Mésopotamie, & différente d'une autre Apamia sur l'Euphrate. * Baudrand, ed. 1705.

:

TRAYGUERA, bourg d'Espagne, au royaume de Valence, sur la riviere de Servol, aux confins de la Catalogne, à trois lieues de Peniscola, du côté du nord, & à neuf lieues de Tortofe, du côté de l'occident. Il y en a qui veulent que TRAYGUERA soit l'ancienne Tiara Julia ou l'Indibilis: tout le monde n'en convient pas. C'est le même lieu que Traiguera. Voyez ce mot.

TREA, ville d'Italie, dans le Picenum. L'itinéraire d'Antonin la marque sur la route de Rome a Ancone, en prenant par le Picernum. Elle étoit entre Septempeda & Auximum, à neuf milles de la premiere de ces places, & à dix huit milles de la seconde. Ortelius dit que, felon Franc Pamphyle, qui écrit Treia, cette ville fut ruinée par les Goths. Voyez TRAJANA. Les habitans de cette ville font nommés Troyens par Pline, 1.3, 6.13, aussi-bien que dans une inscription qui se trouve dans le trésor de Gruter, pag. 446. COL. AUXIM ET MUTICIP. NUMANAT. ORDO ET PLEBS, TREIENSES. Holsten, p. 739, remarque qu'on voit les ruines de cette ville sur le bord de la riviere Potentia, au dessous de San-Severino. Au lieu de Treienfes, les anciennes éditions portent TRIACENSES.

C. I,

TREBA, ville d'Italie, dans le Latium. Ptolomée, lib. 3, la place dans les terres. Frontin, 1.2, Aquaduct. quila quila nomme Treba-Augufta, dit qu'elle étoit près de la source de l'Anio. Voyez TREVI 2.

TREBBIN, petite ville d'Allemagne, dans l'électorat de Brandebourg, située entre Zoften & Uckermunde, dans la Marche-Moyenne, sur la riviere Ucker, pas beaucoup éloignée du Mittewald, sur les confins de Lausnitz. Ç'a été ci-devant une retraite de voleurs de grand chemin, & l'életeur Frédéric la ruina en 1413. * Zeyler, Topogr. elect. Brand. pag. 115.

TREBELLICA-VINA, vins ainsi nommés du territoire où ils croissoient. Athénée, L. 1, fait l'éloge de ces vins. Pline, 1. 14,6.6, en parle aussi, & dit que l'endroit où on le recueilloit étoit en Italie, dans la Campanie, à quatre milles de Naples. Quelques manuscrits, au lieu de TREBELLICA, lisent TREBELLIANA.

TREBENDA, ville d'Afie, dans la Lycie, selon Ptolomée, 1.5, 0. 3. Il la place dans les terres.

TREBES, petite ville de France, dans le haut Languedoc, au diocèse de Carcassonne. C'est une des huit maîtresses du diocèse.

1. TREBIA, fleuve de la Gaule Cispadane. Pline, 1.3, c. 16, le furnomme PLACENTINUS, parce qu'il coule dans le territoire de Placentia. C'est aujourd'hui le TREBBIA. Les Romains, que commandoit le consul Sempronius, ayant été mis, par Annibal, dans une entiere déroute, se noyerent la plupart dans cette riviere, & leur malheur la rendit célébre.

2. TREBIA. Voyez MUTUSCÆ. TREBIATES, peuples d'Italie, dans l'Umbrie, selon Pline, 1. 3, c. 14. Les TREBIATES étoient les habitans de la ville TREBIA, aujourd'hui Trevi. Voyez MUTUSCA &

TREVI.

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ceno environ à huit milles à l'orient septentrional de Cassano. On prend ce bourg pour le VICENSIMUM de l'itinéraire d'Antonin. Voyez VICENSIMUM. * Magin, Carte de la Calabre citérieure.

TRÉBISONDE, anciennement Trapezus, ville des états du Turc, dans la Natolie, fur le bord de la mer Noire, & la capitale de la province de Genic ou Jenich, au pied d'une montagne qui regarde le septentrion. Cette ville, que les Turcs appellent TARABOSAN, étoit regardée anciennement comme une colonie de Sinope, à laquelle même elle payoit tribut, comme nous l'apprenons par Xénophon, qui palla par Trébisonde, en reconduisant le reste des dix mille, & qui rapporte l'aventure qui leur arriva, pour avoir trop mangé de miel. Comme il y avoit plusieurs ruches d'abeilles, dit cet auteur, les soldats n'en épargnerent pas le miel: il leur prit un dévoiment par haut & par bas, suivi de réveries, enforte que les moins malades ressembloient à des ivrognes, & les autres à des personnes furieuses ou moribondes. On voyoit la terre jonchée de corps, comme après une bataille; personne néanmoins n'en mourut, & le mal cessa le lendemain environ à la même heure qu'il avoit commencé; de forte que les foldats se leverent le troifiéme & le quatrième jour ; mais en l'état qu'on est après avoir pris une forte médecine. Voyez les remarques de Tournefort, Voyage du Levant, 1.2, p.99 & suiv. fur cette forte de miel, & fur les fleurs dont il devoit être compofé.

Les dix mille furent reçus à Trébisonde, avec toutes les marques d'amitié que l'on donne à des gens de son pays, lorsqu'ils reviennent de bien loin: car Diodore de Sicile remarque que Trébifonde étoit une ville grecque, fondée par ceux de Sinope, qui descendoient des Milésiens. Le même affure que les dix mille séjournerent un mois à Trébisonde, qu'ils y sacrifierent à Jupiter & à Hercule, & qu'ils y célébrerent des jeux.

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Trébifonde apparemment tomba sous la puissance des Romains, dès que Mithridate se trouva dans l'impuissance de leur résister. Il seroit inutile de rapporter de quelle maniere elle fut prise sous Valerien par les Scythes ou Tartares, si l'historien qui en parle n'avoit décrit l'état de la place. Zozime remarque que c'étoit une grande ville bien peuplée, fortifiée d'une double muraille. Les peuples voisins s'y étoient réfugiés avec leurs richesses, comme dans un lieu afluré. Outre la garnison ordinaire, on y avoit fait entrer dix mille hommes de troupes; mais ces soldats se laisserent surprendre la nuit par les Barbares, qui, ayant entaflé des facines tout contre les murailles entrerent dans la place tuerent une partie des troupes, renverserent les temples & tous les plus beaux édifices, emporterent des richesses immenfes, & emmenerent- un grand nombre de captifs. Les empereurs Grecs ont possedé Trébifonde à leur tour. Du tems de Jean Comnène, empereur de Constantinople, Constantin Gabras s'y étoit érigé en petit tyran. L'empereur vouloit l'en chaffer; mais l'envie qu'il avoit d'ôter Antioche aux croisés l'en détourna. Enfin, Trébisonde fut la capitale d'un duché ou d'une principauté dont les empereurs de Constantinople disposcient; car Alexis Comnene, furnommé le en prit poffeffion en 1204, avec le titre de duc, lorsque les François & les Vénitiens se rendirent maîtres de Constantinople, sous Baudouin, comte de Flandre. L'éloignement de Conftantinople & les nouvelles affaires qui survinrent aux Latins, favoriserent l'établissement de Comnène; mais Nicetas remarque qu'on ne lui donna que le nom de duc, & que ce fut Jean Comnene, qui souffrit que les Grecs l'appellassent empereur de Trébisonde, comme s'ils euslent voulu faire connoître que c'étoit Comnéne qui étoit leur véritable empereur; puisque. Michel Paléologue, qui faifoit sa résidence à Constantinople, avoit quitté le rit grec pour suivre celui de Rome. Il est bien certain que Vincent de Beauvais appelle simplement Alexis Comnene, seigneur de Trébifonde. Quoi qu'il en soit, la souveraineté de cette ville, si l'on ne veut pas se servir du nom d'Empire, commença en 1204, fous Alexis Comnène, & finit en 1461, lorsque Mahomet II dépouilla David Comnène.

Grand,

Les murailles de Trébisonde sont presque carrées, hautes, crenelées, & quoiqu'elles ne soitent pas des premiers tems, il y a beaucoup d'apparence qu'elles sont sur les fondemens de l'ancienne enceinte, laquelle avoit fait don

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ner le nom de Trepaze à cette ville. Tout le monde sait que Trepaze, en grec, fignifie une table, & que le plan de cette ville est un carré long, affez semblable à une table. Les murailles ne sont pas les mêmes qui sont décrites par Zozime; celles d'aujourd'hui ont été bâties des débris des anciens édifices, comme il paroît par les vieux marbres qu'on y a enclavés en plusieurs endroits, & dont les inscriptions ne font pas lisibles, parce qu'elles font trop hautes. La ville eft grande, mais mal peuplée. On y voit plus de bois & de jardins que de maitons, qui, quoique bien bâties, n'ont qu'un simple étage. Le château, qui est affez grand & fort négligé, est situé fúr un rocher plat & dominé; mais les foflés en font très-beaux, taillés la plûpart dans le roc. L'inscription que l'on lit sur la porte de ce château, dont le centre est en demi-cercle, marque que l'empereur Justinien renouvella les édifices de la ville. surprenant que Procope n'en ait pas fait mention, lui qui a employé trois livres entiers à décrire jusqu'aux moindres bâtimens que ce prince avoit fait élever dans tous les coins de son empire. Cet historien nous apprend seulement que Justinien fit bâtir un aqueduc à Trébisonde, fous le nom de l'aqueduc de S. Eugene le martyr.

Il est

Quant à l'inscription dont il vient d'être parlé, les caradtères en font beaux & bien conservés; mais comme la pierre est encastrée dans la muraille, & enfoncée de près d'un pied & demi, on n'en fauroit lire la derniere ligne à cause de l'ombre. Voici ce que Tournefort y lut :

:

ΕΝ ΩΝΟΜΑΤΙ ΤΟΥ ΔΕΣΠΟΤΟΥ ΗΜΩΝ IHCOY ΧΡΙΣΤΟΥ
ΘΕΟΥ ΗΜΩΝ ΑΥΤΟΚΡΑΤΟΡ ΚΑΙ CAP DA JOYCTINIANOC
АЛАМАМІКОС ГОΘΙΚΟΣ ΦΡΑΓΙΚΟΣ ΓΕΡΜΑΝΙΚΟΣ ΠΑΡ-
ΤΙΚΟΣ ΑΔΑΝIKOC ΟΥΑΝΔΑΛΙΚΟΣ. ΑΦΡΙΚΟΣ ΕΥΣΕΒΗΣ
ΕΥΤΙΧΠΟ ΕΝΔΟΞΘΣ ΝΙΚΗΤΗΣ ΠΡΟΠΕΟΥΧΟΣ ΑEI CEBACTOC
AYTOYC ANÉΝΕΩΘΕΝ ΦΙΛΟΤΙΜΙΑ ΤΑΔΗΜOC KTICMATA
THΣ ΠΟΛΕΟC ΕΠΟΥΔΗΚΑ ΑΠΙΜΕΛΙΑ ΟΥΡΑΝΙΟΥ ΤΟΝ
ΘΕΟΦΙΛΕΟ. ...

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Dans le vestibule d'un couvent de religieuses Grecques, il y a un chrift très-mal peint, avec deux figures à ses côtés; & on y lit les paroles suivantes en très-mauvais caractères peints, & en grec corrompu:

ΑΣΕΞΙΟΣ ΕΝ ΧΩ ΤΟ ΘΟΠΙΣΤΟΣ ΒΑΣΙΛΕΥΚΕ ΑΥΤΟΚΡΑ-
ΤΟΡΩΣ ΠΑCIC ΑΝΑΤΟΛΗΣ Ο ΜΕΓΑΣ ΚΟΜΝΗNOC

structure fort finguliere. Ce font deux troncs de fapin gros comme des mats de navire, inclinés contre le mur & alignés, de même que les montans d'une échelle; au lieu des planches ou des échelons, que l'on met ordinairement au travers des échelles, on y a taillé des marches d'espace en espace à grands coups de hache, & l'on a mis des perches sur les côtés, pour servir de garde-foux ; & fans ce secours, il feroit presqu'impossible d'y monter. Tous les environs de ce couvent font une image parfaite de la pure nature: une infinité de sources y forment un beau ruisseau plein d'excellentes truites, & qui coule entre des tapis verds & des bosquets. Les moines sont environ au nombre de quarante. Leur maison est comme une tanniere, où ces bonnes gens fe retirent pour éviter les infultes des Turcs, & pour prier Dieu à leur aise; cependant ces anachorètes poflédent tout le pays à plus de fix milles à la ronde. Ils ont plusieurs fermes dans ces montagnes, & même plusieurs maisons dans Trébisonde; mais ils n'en peuvent pas jouir. Ils n'oferoient faire bâtir une belle églife, ni un beau couvent, de crainte que les Turcs n'exigeassent d'eux les sommes destinées pour ces bâtimens, quand l'ouvrage se

roit commencé.

La ville de Trésibonde, qui jouit encore aujourd'hui du titre d'archevêché, est célébre par le martyre des quarante soldats que l'empereur Licinius fit mourir dans un lac gelé, & par la naissance de saint Dorothée le jeune, abbé de Chilicome, entre la Paphlagonie & la Bythinie. George de Trébisonde & le cardinal de Bessarion sont sortis de Trébisonde. On convient pourtant que George n'étoit qu'originaire de Trébisonde, & qu'il étoit né à Candie. Quoi qu'il en foit, il fleurissoit dans le quinziéme fiécle, sous le pontificat de Nicolas V, de qui il fut secrétaire. George avoit, auparavant, enseigné la rhétorique & la philofophie à Rome; mais fon entêrement pour Ariftote lui attira de grosses querelles avec Bessarion, qui ne juroit que par Platon. Bessarion fut un savant homme aufli ; mais ses ambassades le dissiperent trop. Cela ne l'empêcha pourtant pas d'écrire plusieurs traités, & fur-tout de faire une très-belle bibliotheque, qu'il laissa par son teftament au sénat de Venise. On la conserve avec tant de soin, qu'on n'en veut communiquer les manuscrits à personne ; & il faut regarder ce beau recueil comme un trésor enfoui. A deux milles de la ville, près du bord de la mer, on trouve une ancienne église grecque nommée Sainte

ΘΕΟΔΟΡΑ ΧΥ ΧAPHTI EXCEBECTАТН ДЕСПИГА KE Sophie. On a converti une partie de ce bâtiment en mos

ΑΥΤΟΧΡΑΤО НСА ПАСIC ANATOΛΗΣ

ΠΡΙΝΗ ΧΥ ΜΗΤΗΡ ΑΕΤΟΥ EYСЕВЕСТАТΟΥ ΒΑΣΙΛЕОС
ΚΥΡΙΟΥ ΑΣΕΕΟΤ ΤΟΥ ΜΕΓΑΛΟΥ ΚΟΜΝΗΝΟΥ.

Le port de Trébisonde appellé Platana, est à l'est de la ville. L'empereur Adrien le fit réparer, comme nous l'apprenons par Arrien. Il paroît, par les médailles de la ville, que le port y avoit attiré uu grand commerce. Goltzius en rapporte deux à la tête d'Apollon. On fait que ce dieu étoit adoré en Cappadoce, dont Trébisonde n'étoit pas la moindre ville. Sur le revers d'une de ces médailles est une ancre, & fur le revers de l'autre la proue d'un navire. Ce port n'est bon présentement que pour des saïques. Le mole que les Génois, à ce qu'on prétend, y avoient fait bâtir, est presque détruit. Peut-être que ce qui en reste est le débris du port d'Adrien: car de la maniere qu'Arrien s'explique, cet empereur y avoit fait faire une jettée considérable, pour y mettre à couvert les navires, qui, auparavant, n'y pouvoient mouiller que dans certain tems de l'année, & encore étoit-ce sur le sable.

Quoique la campagne de Trébisonde soit fertile en bel. les plantes, elle n'est pourtant pas comparable, pour ces fortes de recherches, à ces belles montagnes où est bâti le grand couvent de S. Jean, à vingt-cinq milles de la ville du côté du sud-est. Il n'y a pas de plus belles forêts dans les Alpes. Les montagnes qui font autour de ce couvent, produisent des hêtres, des chênes, des charmes, des guaiacs, des frênes & des sapins d'une hauteur prodigieuse. La maison des religieux n'est bâtie que de bois, tout contre une roche fort escarpée, au fond de la plus belle solitude du monde. La vue de ce couvent n'est bornée que par des paysages merveilleux. On n'y trouve que des solitaires occupés de leurs affaires temporelles & spirituelles, qui n'ont ni cuisine, ni science, ni politesse, ni livres. On monte à la maison par un escalier très-rude, & d'une

quée; le reste est ruiné. On n'y voit que quatre colonnes de marbre cendré. Je ne sai si cette église a été bâtie par Justinien, comme celle de sainte Sophie de Constantinople: c'est affez la tradition du pays; on ne sauroit le prouver par aucune inscription. Procope même n'en fait pas mention.

TREBITZ OU TREBICZ, ville dans la Moravie, près la riviere Igla, entre la ville Iglau & le bourg Namest, vers la Bohéme. Il y a une manufacture de draps, à la façon des draps d'Angleterre, pour lesquels on les vend quelquefois, & le débit s'en fait même dans plusieurs pays étrangers. * Zeyler, Topogr. Morav. p. 111.

1. TREBNITZ, petite ville de Bohéme, près de Leutmaritz, Kostnblat, Milessow & Bilin. En 1372, le tonnerre tomba dans le château de Kostolow, litué au-dessus de la ville, & emporta, au burgrave Albert Slawietin & à la femme, les pointes de leurs fouliers, faites en forme de bec de cigogne, sans leur endommager les pieds. * Zeyler, Topogr. Bohem. p. 83.

2. TREBNITZ, petite ville de la Silésie, au duché d'Olss, proche la seigneurie de Trachenberg. (2) Aux environs de cette ville, il y a une colline appellée Toppelberg, d'où l'on tire des vases & des pots de terre tous formés, qu'on expose à l'air, afin qu'ils s'endurcissent. On s'en fert après comme des vases cuits au feu. Sainte Hedwige, duchesse de Pologne & de Silésie, (b) fit bâtir à Trebnitz, une grande abbaye pour des filles, de l'ordre de cîteaux. Elle s'y enferma, étant veuve, & y mourut en 1243. Sa fille, fainte Gertrude, y fut abbesse. (a) Zeyler, Topog. Sil. pag. 186. (b) Baillet, Topogr. des saints, pag. 502.

1. TREBULA, ville d'Italie, Denys d'Halicarnafle la donne aux Aborigénes, & la met à soixante stades de Reate. C'est la même que TREBULE MUTUSCA & TREBIA. Voyez MUTUSCE.

NNannniij

2. TREBULA, ville d'Italie, dans la Campanie. Prolomée, 1.3, 6.1, la marque dans les terres. Tite-Live, 1. 23, 6.39, la met au nombre des villes que Fabius emporta de force, & nomme son territoire TREBULANUS AGER. On ne fait point précisément l'endroit où elle étoit. Voyez MUTUSCÆ.

3. TREBULA, colonie romaine, selon Ortelius, qui cite Frontin. Cette ville étoit en Italie, dans la Sabine, s'il est vrai que ce soit aujourd'hui Monte-Leone.

TREBULANUM, lieu d'Italie. Il en est fait mention dans plusieurs endroits des épitres de Cicéron à Atticus. C'étoit, selon les apparences, quelque maison de campagne dans le territoire d'une des villes nommées TREBULA. TREBULIUM, felon Corneille & Maty, ou plutôt selon Baudrand, qu'ils copient sans le dire; & TREBILIUM, felon Ortelius, qui cite Leunclavius. Ce dernier dit qu'il y en a qui croient que Trebilium est la Gerua des anciens. Cette ville de TREBILIUM, ajoute Baudrand, est placée aujourd'hui dans la Turcomanie, aux confins de la Perse.

TREBUR, en latin Triburium, Triburia, bourg d'Allemagne, dans le pays de Hesse, au comté Catzenelenbogen, dans la contrée appellée Rid, pas loin de la rive du Rin. Ce bourg est enfermé d'une muraille, & étoit autrefois une très-grande ville, dont le circuit contenoit presque deux lieues dAllemagne, où l'on tint, l'an 895, un fameux concile, & ensuite, c'étoit le rendez-vous des congrès publics, des dietes de l'Empire & des noces des souverains. De toute fon ancienne grandeur, il n'y a point d'autre reste aujourd'hui que les noms d'une prairie & d'un vivier, joignant le bourg. La premiere est appellée la ville capitale, & l'autre le vivier de l'empereur. On dit que de ses marbres & pierres de taille on a aggrandi & orné les villes de Mayence & d'Oppenheim. Ce bourg fut presque tout ruiné par le feu l'an 1540: son terroir est très fertile. * Zeyler, Topogr. Haff. p. 80.

TREBUXENA, bourg d'Espagne, dans l'Andaloufie fur une montagne, à la gauche du Guadalquivir, au midi de la Maresma, & au nord oriental de Saint-Lucar de "Barrameda. Il y en a qui veulent que Trebuxena soit la Colobana des anciens. * Jaillot, Atlas.

TRECA, OU TRECATO OU TERCATO, bourgade d'Italie, au duché de Milan, au Novareze, à cinq milles de Novare, du côté de Vigevano, Baudrand, éd. 1681, dit que le nom latin est TRES-CASE; mais il ne cite aucun garant.

TRECÆ. Voyez TROYES. TRECASSES. Voyez TRICASSINI & TROYES. TRECASSIANI & CIVITAS, OU URBS TRECASSIANORUM, peuple & ville de la Gaule Narbonnoise. Voyez AUGUSTA TRICASTRINORUM, SAINT - PAUL - TROISCHÂTEAUX & TRICASTRINI.

TRECASSINUM, (Oppidum) Saint-Paul-Trois-Châteaux. Voyez ce mot.

TRECASTINI & CIVITAS, OU URBS TRECASTINORUM, peuple & ville de la Gaule Narbonnoise. Voyez AUGUSTA TRICASTINORUM, SAINT - PAUL - TROISCHÂTEAUX & TRICASTRINI.

1. TRÉ-CHATEAU, bourg de France, dans la Bourgogne, du diocèse de Langres. Une partie de ce bourg est située dans la Champagne, dans l'intendance de Châlons; c'est une des baronnies qui relevent du duché de Langres. Voyez l'article suivant.

2. TRÉ-CHATEAU, bourg de France, dans la Champagne, vers la frontiere de Bourgogne, à quatre lieues de Dijon. L'église paroissiale porte le titre de saint Florent, & en pofféde les reliques, qui sont dans une trèsbelle châsse. Il y a un prieuré & un hôpital, où l'on distribue beaucoup d'aumônes. Ce bourg, au pied duquel passe la riviere de Tille, est sur le penchant d'une éminence, au haut de laquelle on voit un fort château. Le territoire produit des vins excellens. * Corn. Dict. sur des mémoires dresses sur les lieux.

TRECHIA. Athénée paroît donner ce nom à une partie de la ville d'Ephése, ou même à la ville entiere. Son interpréte écrit TRACHIA, & Pline TRACHEA : ce dernier en fait un des surnoms de la ville d'Ephése. Etienne le géographe dit Τριχία, Trichia; mais la véritable orthographe est Τραχεία, Trachea; c'est ainsi du moins que lit Euftathe, ad Dionyfii, 1.827.

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TRECHIS ou THRACHIS, ville de la Thessalie, dans la Trechinie. Hérodote la met à cinq stades du fleuve Mélas. Ortelius croit que c'est la THRACIS de Paufanias; mais il ne connoît qu'une Trachide, au lieu qu'il y en avoit deux.

TRECINA ou TREZINA. Voyez TROEZENA. TRECORENSIUM - CIVITAS, nom que Cenalis donne à la ville de TRÉGUIER. Voyez TRÉGUIER. TREDACH. Voyez DROGHEDA.

TREENSIS-AGER, territoire d'Italie, dans le Picenum, felon Frontin, de limitib. pag. 108. Il tiroit son nom de la ville TREA.

TREFFORT, ville & marquisat de France, dans la Baffe-Brefle, au diocèse de Lyon. C'est le chef-lieu d'un mandement. Elle a une mairie, & elle députe aux affemblées de la Bresse.

1. TREFONTANE ou TREFONTI. Voyez COSYRUS. 2. TREFONTANE, abbaye d'Italie, dans la Campagne de Rome, à trois milles au dessous de cette ville, près de la rive gauche du Tibre. Voyez au mot AQUA, l'article AQUA-SALVA. * Magin, Carte de la Campagno de Rome.

TREFORT. Voyez TREFFORT.

TREFURT, en latin Drivordia, petite ville d'Allemagne, dans le pays de Hesse, située près la riviere Werra, dans le voisinage de Wanfried: elle appartient à l'électeur de Mayence, à celui de Saxe, & au landgrave de Hesse. Trefurt avoit autrefois ses propres seigneurs, qui cauferent, l'an 1329, beaucoup de défordres dans les pays de Thuringe & de Heffe. Brouwer, 1. 2, antiq. Fuld. c. 11, p. 148, en fait mention; mais l'électeur de Mayence, & les landgraves de Thuringe & de Hefle unirent leurs troupes, mirent le siége devant cette ville, & contraignirent les seigneurs de se rendre, & de la leur céder avec le château & la seigneurie. * Zeyler, Topogr. Haff. pag. 31.

TREGARON, bourg ou petite ville d'Angleterre, au pays de Galles, dans Cardiganshire, au confluent des rivieres de Tyvy & de Brennyg. * Blaeu, Atlas.

TREGAU, ou plutôt TERGOU. Voyez Gouda.

TREGONY, bourg d'Angleterre, dans la province de Cornouailles. Il a droit de tenir marché public. * Etat préf. de la Gr. Bret. t. 1.

TREGUIER, en latin Trecorium, ville de France, en Bretagne, dans une presqu'isle, nommée autrefois Trecor. Cette ville s'appella premierement Lantriguier; elle fut détruite par Hastan pirate Danois. En 836, Néomene ou Numenoius la fit rebâtir dans la vallée de Trecor, & voulut qu'on la nommat Treguier. Cette ville est au milieu des eaux, & a un petit port. L'évêque est seigneur & comte de Treguier. Quelques géographes disent que Lantriguier étoit la premiere cité des Ofismiens, qui l'appelloient Vorganium; mais le savant de Valois n'ose décider si c'est Lantriguier, Saint-Paul de Léon, ou même quelqu'autre ville de ce canton.

L'évêché de Treguier est dans une situation à peu près pareille à celle de l'évêché de Léon; il occupe toute l'étendue de la côte, depuis la riviere de Morlaix jusqu'auprès de la ville de Saint-Brieu. Les villes de cet évêché font Treguier, Morlaix, Guingamp, Lannion & Lanmeurs. Cet évêché reconnoît saint Tugdual pour son premier évêque: l'époque de l'érection de cet évêché, de même que celle de plusieurs autres, est très-incertaine. De Longuerue dit pourtant que l'on établit à Treguier, dans le dixiéme siècle, le siége épiscopal que le prince Numenoius avoit fondé dans le monastère de faint Rabutual, ruiné par les courses des Barbares. Le chapitre de la cathédrale est composé de cinq dignités & de quinze canonicats; son revenu est de quatorze mille livres. Le commerce qui se fait dans l'évêché de Treguier est fort mêlé & très-utile au pays: celui des chevaux est un des plus

1,

é.

m

considérables; ils font plus forts que ceux de l'évêché de Léon, mais auffi ils font en moindre quantité, car on compte que les deux tiers des chevaux, qui fortent de Bretagne, viennent de Léon, & le tiers de Treguier. On recueille beaucoup de bled dans ce pays, de forte que Brest & Saint-Malo y prennent presque toutes leurs fournitures. Le chanvre & le lin produisent beaucoup d'argent dans cet évêché. Louis XIV a fait enlever, pendant plufieurs années, environ trois millions de livres de chanvre par an, pour les magasins de Brest. Quant au lin, il paffe dans l'évêché de Léon

, pour la fabrique des

toiles. Le papier est encore un commerce important de cet évêché, il s'y en fait quantité qui passe en Angle

terre.

1253 >

Saint Yves, official & curé en Bretagne, naquit l'an à Ker-Martin, dans la paroisse de Menehi, à un quart de lieue de Treguier. Il fut curé de Tresdretz, & enfuite de Lohanec jusqu'à sa mort. Son corps fut porté de Lobanec dans la cathédrale de Treguier. * Piganiol de la Force, Description de la France, t. 5, p. 246.

TREIA. Voyez TREA & TRAJANA.

1. TREIDEN, riviere de l'empire Russien, dans la Livonie, au pays de Letten ou Lettie. Elle est formée de divertes fources, dont les ruisleaux, qui viennent du midi & de l'orient, se réunislent dans un même lit, alors la riviere de Treiden commence à courir du nord oriental au midi occidental, & après avoir mouillé la ville de Wolmar, g. celle de Rop, d. & la forteresse de Treiden, d. elle va se jetter dans le golfe de Livonie, près de Sernikon.

2. TREIDEN, en latin Tridum, bonne forteresse de Livonie, située dans le territoire de Riga, du comté de Lemsel; les Moscovites en étoient les maîtres l'an 1576, lorsque les Polonois s'en emparerent par une rufe; ils firent déguifer des foldats comme paysans du pays, & les y envoyerent avec des traîneaux chargés de bois, on leur ouvrit inconsiderément la porte; ils entrerent & occuperent la place l'an 1579. Ceux de Riga battirent, près de cette fortereffe, les chevaliers de l'ordre Teutonique. * Zezler, Topogr. p. 28.

TREIENS, ordre & peuple dont il est parlé dans une ancienne inscription rapportée dans le trésor de Goltzius, & qui, felon Lazius, Reip. Rom. l. 4, se trouve dans la ville de Bergame en Italie.

TREIGNAC, ville de France, dans le Limosin, du diocèse & de l'élection de Tulles, est située dans le bas Limofin, entre Limoges & Tulles, au bord de la Vezere. TREIGNY, village de France, au diocese d'Auxerre, à huit lieues de cette ville du côté du couchant d'hiver. C'est peut-être la paroisse la plus étendue de tout ce diocèse. L'église, du titre de saint Syphorien, est fort belle. La cure fut unie à l'archidiaconé de Puifaie, dans l'église d'Auxerre, au treiziéme siècle, lorsque cet archidiocané fut érigé par démembrement du grand archidiaconé en 1249. Le lieu est un peu aquatique.

TRELLEBOURG, bourgade de Suéde, dans la Schonen ou la Scanie, sur la côte méridionale de cette province, entre Falsterbo & Ysted. * De l'Ifle, Atlas.

TRELLIN, petite ville d'Angleterre, au pays de Galles, dans Montgomerishire, dans l'endroit où la Saverne reçoit la petite riviere de Lleding. Les Anglois l'appellent WELSHE POOLE. * Blaen, Atlas.

TREMBLADE, (la) bourg de France, (a) dans la Saintonge, sur la rive gauche de la Seudre, près de son embouchure dans la iner. Ce bourg, situé dans l'élection de Marennes, est très-bien bâti, très peuplé, (b) & une dépendance de la paroisse d'Arvert. C'étoit le port le plus considérable de la province, avant l'établissement de Rochefort, & les vaisseaux du roi y étoient armés; il n'y reste à présent que des marchands & des matelors. On y fait encore un affez gros commerce. (a) De l'Ifle, Atlas. (b) Piganiol, Description de la France, t. 5, p. 63.

TREMBLAI, (le) poste françois de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle France. Il est situé à deux lieues au sud de Montreal.

TREMBLEUR, (le) lien des Pays-Bas, dans le Limbourg Hollandois, au comté de Daelem. Le Trembleur n'est plus qu'un hameau à une petite demi-lieue de Daelem; il y avoit autrefois une espéce de maison de ville, dans laquelle la justice se rendoit, mais qui a été ruinée par

la guerre. C'est présentement à BLEIGNI que réside ce tribunal. Ce village contient environ cinquante maisons, & il y a une maison de ville affez jolie. L'église n'est qu'une chapelle dépendante de Mortier, qui est l'église paroissiale. Saint - André est aussi de la dépendance du Trembleur; il y a une église paroitsiale affez belle, & uniquement occupée paa les catholiques romains. Celle de Bleigni est également aux catholiques & aux réformés; elle est desservie par un ministre François, établi par le conseil d'état, mais il n'y a qu'environ vingt communians. Le curé de Saint-André dépend de l'évêque de Liège. Le banc, en général, contient environ quatre cents familles, qui font de trois différentes paroisses. Le principal commerce des habitans consiste en platines de fufil & en quelques étoffes de laine; le terroir est fertile & d'un grand rapport. Le tribunal est composé du mayeur, qui est en même tems l'officier criminel, & de sept échevins, faus le greffier & le sergent exploitant. C'est le seigneur qui confere toutes ces charges. * Janiçon, Etat présent de la république des Provinces-unies.

TREMECEN, royaume d'Afrique, dans la Barbarie, connu anciennement sous le nom de Mauritanie Célariense. Marmol, description d'Afrique, t. 2, 1.5, c. 1, le borne au nord par la mer Méditerranée; à l'orient par la province appellée particulierement l'Afrique, dont il est séparé par la riviere Sufegemar, anciennement Amsaga; au midi par les déserts de la Barbarie; & au couchant par le royaume de Fez, dont il est séparé par deux rivieres; l'une appellée Ziz, qui naît des montagnes de Zénégues, & passant près de la ville de Garciluyn, & par les états de Quinena, de Matagara & de Reteb, se va rendre à Sulgumelle, & de-là dans les déserts, où elle se convertit en un lac; l'autre riviere est nommée Muluyes, & descend du grand Atlas, & courant vers le septentrion, se va rendre dans la mer Méditerranée, près de la ville d'One. Ce royaume, ajoute Marmol, est long & étroit, car il a plus de cent cinquante lieues de longueur, du levant au couchant, & n'en a pas, en quelques endroits, plus de vingt de largeur, depuis le mont Atlas jusqu'à la mer; mais dans d'autres il y en a jusqu'à cinquante.

Ce royaume, depuis la décadence de l'empire romain, a été pollédé par divers princes étrangers, auparavant il étoit tenu par les Abduluates. C'étoit une branche d'entre les Zénéres, qui venoit des Magaraos, qui ont dominé toute l'Afrique. Ceux-là furent chassés par les Romains, & reprirent l'empire depuis, à la faveur des Goths, en leur payant un certain tribut, jusqu'à ce que les fuccesseurs de Mahomet s'emparerent de l'Afrique ; car après la conquête d'Espagne, toutes les provinces d'Afrique furent sujettes aux califes d'Arabie, jusqu'à ce que leur puissance venant à diminuer par leurs divisions, les Africains, qui s'étoient sauvés dans les déserts de la Libye, commencerent à se rapprocher, & les Abduluates, qui n'attendoient que l'occasion, rentrerent dans le royaume de Trémécen, où ils furent reçus à bras ouverts, & regnerent plus de trois cents ans; depuis ils furent assujettis par les Almoravides, ou Almohades, qui tantôt les chassoient, tantôt se contentoient de les rendre tributaires. Les Almohades furent dépossédés par les Bénimerins de la nation ou tribu de Zénéres, sous la conduite d'Abdulac, gouverneur de Fez, & ceux ci furent fubjugués & dépoflédés par les Benivates, autre branche des Zénétes. Ces derniers furent vaincus dans le treiziéme siécle par les chérifs d'Hescein, descendans des princes Arabes. Ils diviferent le royaume de Trémecen en quatre provinces; la premiere & la principale, est celle qui porte le nom du royaume de Trémecen; la feconde celle de Tenez; la troifiéme, celle d'Alger, qui est proprement la Mauritanie Césarienfe; & la derniere, celle de Bugi, que quelques-uns donnent att royaume de Tunis. Ce fut du tems de Rabmiris que ce pays fut ainsi partagé entre lui & trois autres princes. Comme il étoit le plus puissant, il choifit la province dont la ville capitale étoit TELEMICEN, appellée ensuite TELENSIN & aujourd'hui TRÉMECEN; il y établit son siége & fa résidence, & promit de reconnoître les autres pour souverains dans leurs provinces, ce qui fit que les princes de Tenez, d'Alger & de Bugie, prirent aussi le titre de rois. * Laugier de Taffy, Histoire du royaume d'Alger, p. 7 & suivantes.

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Les chofes resterent dans cet état pendant quelques sie cles, que chaque roi suivoit les régles que ses prédécesseurs avoient établies; mais le roi de Trémecen ayant voulu les violer, Albuferiz, roi de Tenez, prince puiffant & ambitieux, profita de cette occafion pour prendre les armes : il s'empara de la ville de Bugeya ou Bugie, & pouffant ses conquêtes il obligea le roi de Trémecen de lui demander la paix; ils convinrent que le roi de Tenez garderoit ce qu'il avoit conquis, & que celui de Tréimecen lui payeroit tribut, ce qui s'exécuta jusqu'à la mort du premier qui partagea ses états entre ses trois enfans; l'aîné eut le royaume de Tenez, le second celui de Gigeri, & le plus jeune nommé Abdalnafiz, eut celui de Bugie. Ce dernier rompit avec le roi de Trémecen & lui fit la guerre avec succès. Alors les Algériens qui avoient toujours été tributaires du roi de Trémecen voyant sa protection trop foible, se rendirent tributaires de celui de Bugie.

Du tems des conquêtes rapides d'Auruch Barberousse en Afrique, les habitans du royaume de Trémecen, mécontens de leur roi Abuzijen, appellerent le tyran, & lui offrirent le royaume. Barberousse profitant de si belles disposi tions pour agrandir son pouvoir, manda à Cheredin son frere, à Alger, de lui envoyer incessamment quelques piéces d'artillerie & d'autres munitions de guerre; & quand il les eut reçues il marcha à grandes journées vers Trémecen, avec grand nombre de chevaux chargés des provisions. Le roi de Trémecen ignoroit l'infidélité de ses sujets; mais fachant que Barberoulle s'avançoit dans son pays avec des troupes il marcha à sa rencontre : ils se joignirent dans la plaine d'Aghad des dépendances d'Oran, & se livrerent bataille. L'artillerie & la mosqueterie de Barberousse lui donnerent bientôt la victoire sur le roi de Trémecen, qui fut contraint de se retirer. Ses sujets lui firent trancher la tête, & l'envoyerent au vainqueur avec les clefs de la ville, & lui prêterent ferment de fidélité par leurs députés. Barberousse fit fortifier Trémecen, jugeant bien que le pays d'Oran, n'aimeroit pas fon voisinage: en effet, le marquis de Comarès, gouverneur de cette derniere place, - étant patlé en Espagne en 1517, & ayant mené avec lui Je prince Abuchen-Men ou Buhamu, héritier légitime du royaume de Trémecen, qui s'étoit réfugié à Oran, obtint des troupes de Charles V, pour chasser l'ufurpateur. Il repassa autsi tôt en Afrique à la tête de dix mille hommes, & marcha vers Trémecen, guidé par Abuchen-Men, auquel le jeune prince Selim & plusieurs Arabes & Maures de la campagne se joignirent. Barberousse aux premieres nouvelles de cette expédition, fortit avec quinze cents Turcs armés d'arquebufes, & cinq mille Maures à cheval. A peine fut-il forti hors des portes de la ville, que son conseil fut d'avis d'y rentrer & de s'y retrancher; mais s'appercevant que les habitans de Trémecen avoient quelque mauvais dessein contre lui, il prit le parti de se retirer à la faveur de la nuit avec tous ses soldats Turcs, & de prendre la route d'Alger. Le général Espagnol, averti de fon évasion, lui coupa chemin, & le joignit au paslage de la riviere Huexda, à huit lieues de Trémecen. Barberouffe se voyant perdu, fit semer dans le chemin tout fon or & fon argent, ses bijoux & la vaisselle, pour amuser les Espagnols & avoir le tems de passer la riviere avec ses troupes; mais les Espagnols méprisant ces Tichefles, chargerent vigoureusement les Turcs, qui faifoient l'arriere garde. Barberoufle repassa auffi tot la riviere avec son avant-garde, & après avoir tous combattu comme des lions, ils cedérent au nombre, & Barberoufle fut massacré avec toute ses troupes. Le marquis de Comarez après cette victoire, marcha vers Trémecen & y entra, faisant porter la tête du tyran au bout d'une pique; il mit Abuchen-Men en poffeflion du royaume.

Abuchen-Men paya toute sa vie le tribu qu'il avoit promis aux Espagnols. Après sa mort, fon frere Abdala, flaté de l'appui des Algériens, ne voulut rien payer, & depuis ce ne furent que de continuelles révolutions dans ce royaume, les Espagnols dépossédant celui que les Algériens mettoient fur le trône, & ceux-ci chaffant réciproquement les princes que les Espagnols foutenoient. Pendant ce tems, le chérif Mahamet, après s'être rendu maître du royaume de Fez, eslaya de s'emparer de celui de Trémecen, mais les Algériens le chasserent, & à la fin cet état demeura au pouvoir de ces derniers, qui le poslédent encore actuelle ment, du moins pour la plus grande partie.

Les rois de Trémecen vivoient autrefois avec beaucoup

de magnificence, & étoient les plus anciens princes & les plus considérables de l'Afrique. Ils ne se montroient guères que les vendredis pour aller à la mosquée, & ne donnoient audience qu'à ceux de leur confeil, & aux officiers de leur maison, par les mains desquels toutes les affaires passoient. La principale charge de l'état étoit celle de mezuar, qui, comme viceroi ou connétable, levoit les troupes, les payoit, les licencioit, & donnoit les charges de la maison du roi. La seconde charge étoit celle de chancelier ou secrétaire d'état, qui tenoit le sceau, & faisoit les expéditions avec le roi. Le troisiéme officier étoit le grand trésorier ou sur-intendant, qui avoit la charge de tous les revenus & du trésor, & avec un mandement signé du roi, fournissoit au trésorier ou payeur général, qui étoit le quatriéme officier de l'état, tout ce qu'il falloit pour la dépense, tant ordinaire qu'extraordinaire. Le cinquiéme officier étoit celui de gouverneur du palais royal, qui avoit la garde du roi. Il y avoit outre cela le grand écuyer, & ceux qui avoient la direction des eftafiers, des chameaux & des tentes, & autres semblables emplois qui obligeoient à servir en personne. Tous ces gens avoient fous eux des officiers & des compagnies de cavalerie qui en dépendoient. Ils s'habilloient magnifiquement, & le piquoient de donner de riches harnois à leurs chevaux. Quand le roi montoit à cheval, sa garde ordinaire étoit de douze ou treize cents chevaux; & lorsqu'il s'agissoit de quelque entreprise, il mandoit les chefs des Arabes, les communautés de Bérebéres, & quelques compagnies d'habitans qu'ilin'entretenoit que durant la guerre; il partageoit entre les gouverneurs & les principaux chefs tous ses sujets & toutes ses places comme des commanderies. Les Turcs ne donnent pas maintenant dans cette magnificence; car celui que le dey d'Alger envoie commander dans le royaume, n'a pas un équipage royal; & comme il ne se fie pas aux habitans, toute sa garde est composée de Turcs & de renégats.

Les campagnes de Trémecen sont arides, montueuses, & les environs de la ville sont des plaines presque toutes défertes. Les campagnes qui font vers le septentrion du côté de la mer font fertiles en bleds & en pâturages, & rapportent beaucoup de fruits. Il y a dans ce royaume un nombre d'Arabes très-belliqueux qu'on nomme les Galands de Mélione. Ils font divisés en cinq tribus, qui font Uled Abdala, Uled Mussa, Uled Hacix, Uled Suleyman, & Uled Amar. Elles dominent sur les Bérebéres. Dans toutes les quatre provinces il y a vers le couchant plusieurs montagnes qui abondent en bled & en bétail; elles sont peuplées de nations très-vaillantes. Il y a peu de villes en ce royaume; mais elles font bien situées, & les habitans en sont à leur aise, se traitant bien à la mode du pays; ils font un grand commerce en Guinée, en Numidie & ailleurs. Les Arabes des déserts y sont en grand nombre, & se soucient fort peu des rois de Trémecen, parce qu'ils se retirent, quand la fantaisie leur en prend, dans les déserts de la Numidie, où l'on n'a garde de les suivre. Ils reçoivent au contraire des pensions de la part des rois pour maintenir le calme dans le pays; ils se soulevent quand il leur plaît, & prennent le parti de celui qui les paye le mieux. Ceux qui demeurent fur les montagnes sont les Bérebéres, les Zénétes, les Hoares, les Cinhagiens & les Azuages, tous braves gens. Ils s'habillent & vivent mieux que ceux de la Mauritanie Tingitane; ils font aussi mieux armés qu'eux, & favent manier le fusil avec plus d'adresse; ils ne font pas fort ennemis des chrétiens, parce qu'ils ont beaucoup de commerce avec eux, enfin, ils ne sont pas si opiniatres, ni de si mauvaise humeur que ceux du royaume de Maroc.

TREMECEN, TELEMICEN & TELENSIN, ville d'Afrique, dans la Barbarie, capitale du royaume auquel elle donne fon nom, à douze lieues de la mer Méditerranée. Cette ville, que les anciens appelloient Timifi, & que Prolomée met à 13d so' de longitude, & à 33d 10' de latitude, est fort grande. Elle est à sept lieues de la mer Méditerranée du côté du midi. Elle doit sa fondation aux Magaroas d'entre les Zénétes; mais ce n'étoit alors qu'une petite place qui servoit comme d'une forteresse contre les Africains des déserts. Elle s'accrut depuis des ruines de Haresgel, & devint tous les jours plus illustre par la résidence des rois de Trémecen, qui en firent leur capitale, à cause de sa situation avantageuse dans une belle plaine. Le dessein des places & des rues y est d'un fort bel ordre, & les boutiques

des

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