Images de page
PDF
ePub

TROICUS MONS, montagne d'Egypte, felon Etienne le géographe. Strabon, l. 17, p, 809, dit que cette montagne qui eft affez pierreufe, & fous laquelle il y a des cavernes, fe trouve au voisinage du lieu où l'on avoit tiré les pierres dont les pyramides avoient été faites, & c'eft auprès de cette montagne qu'étoit le village Troia. Cette montagne eft la même que Ptolomée, 1.4, c. 5, nomme TROICI LAPIDIS MONS. C'eft auffi la même qu'Hérodote, 1. 2, 0.8, appelle ARABICUS MONS ou ARABIE MONS.

TROILIUM, ville de l'Etrurie, felon Tite-Live, l. 10, 6. 46, qui dit qu'elle fut prife par Carvilius. Au lieu de TROILIUM, Annius voudroit lire TROITUM, & Sigonius hit TROSSULUM.

TROIS, iflets de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France, à la côte de la Martinique, vis-à-vis le fort Royal de cette ifle, & à l'entrée du cul de fac Royal, tout près du bourg du Lamentin.

TROIS-EGLISES, lieu de Perfe. C'est le premier lieu digne de remarque, qu'on rencontre en entrant dans ce royaume par l'Arménie.Il eft à trois lieues de la ville d'Erivan, a fix heures de chemin d'Yagovat. Les Arméniens ap"pellent ce bourg Ifthmiadzin, c'est-à-dire, la descente du fils unique. Il y a un célébre monastère compofé de quatre corps de logis, bâtis en maniere de cloîtres, dispofés fur un carré fort long. Les cellules des religieux & les chambres que l'on donne aux étrangers, font toutes de même figure, terminées par un petit dôme en forme de calotte, dans la longueur de ces quatre cloîtres; ainfi cette maison doit être regardée comine un grand caravanserai où les moines ont leur logement. L'appartement du patriarche, qui eft à droite en entrant dans la cour, est un corps de Hogis plus élevé & de plus belle apparence que les autres. Les jardins en font agréables, & bien entretenus. L'enceinte des jardins du patriarche, de même que la plupart des maifons du bourg, n'eft que de boue féchée au foleil, & coupée en grands & gros quartiers que l'on pofe les uns fur les autres, & que l'on joint ensemble avec de la terre déTrempée, au lieu de mortier.

[ocr errors]

donna de l'exécuter. Au lieu de crayon, à ce qu'ils difent, Jesus-Christ se fervit d'un rayon de lumiere, au centre duquel S. Grégoire faifoit fa priere fur une grande pierre carrée, d'environ trois pieds de diamètre, que l'on montre encore aujourd'hui au milieu de l'églife.

Les deux autres églifes font hors du monaftère; mais elles tombent en ruine, & l'on n'y fait plus le fervice depuis long-tems.

La campagne qui eft autour de Trois-Eglifes eft admirable, & peut donner une idée du paradis terreftre. On n'y voit que ruiffeaux qui la rendent extrêmement fertile, & on peut dire qu'il n'y a point de pays fur la terre, où l'on recueille autant de denrées tout à la fois. Outre la grande quantité de toutes fortes de grains qu'on en retire, on y trouve des champs d'une étendue prodigieufe, tout couverts de tabac. Le refte de la campagne de Trois-Eglifes eft plein de ris, de coton, de lin, de melons, de pastéques, & de beaux vignobles; il n'y manque que des oliviers. On cultive auffi beaucoup de ricinus autour du monaftère, pour en tirer de l'huile à bruler, celle de lin est employée pour la cuifine. C'est peut-être pour cette raifon que la pleurefie eft affez rare eu Arménie, quoique le climat foit inégal, & par conféquent propre à caufer cette maladie.

A l'égard des melons, il n'y en a pas de meilleurs dans tout le Levant, que ceux de Trois-Eglifes & des environs; ils engraiffent & ne font jamais de mal : plus on en mange & mieux on le porte. Ceux qu'on appelle melons d'eau ou paftéques, font dans la plus forte chaleur du jour, comme à la glace, quoique couchés au milieu des champs, où la terre eft très-chaude. On éleve les meilleurs melons d'eau dans ces terres falées, qui font entre Trois-Eglifes & l'Aras. Après les pluies, on voit le fel marin tout cryftallifé dans les champs, & qui craque même fous les pieds. A trois ou quatre lieues de Trois-Eglifes, fur le chemin de Teflis, il y a des carrieres de fel foffile, lesquelles, fans être épuilées, en fourniroient fuffifamment à toute la

Perfe.

L'églife patriarchale eft bâtie au milieu de la grande 1. TROIS-FONTAINES, tres fontes, abbaye d'homcour, & dédiée à S. Grégoire l'Illuminateur, qui en fut le mes en France, de l'ordre de câteaux, filiation de clairpremier patriarche du tems de Tiridate, roi d'Arménie, vaux, en Champagne, au diocèfe de Châlons fur Marne, fous le grand Conftantin. Les Arméniens croyent que le fur les confins du Barois, à cinq lieues au fud-eft de Barpalais de ce roi étoit à la place du couvent, & que Jesus-le-Duc. Elle fut fondée par Hugues, comte de ChamChrift fe manifefta à S. Grégoire, dans l'endroit où eft pagne, l'an 1120. Elle pofféde dix- fept mille arpens, l'églife. Ils y confervent un bras de ce faint, un doigt de tant de bois que de terre; il y avoit auparavant des chaS. Pierre, deux doigts de S. Jean-Baptifte, une côte de noines réguliers. Du tems de Guillaume de Champeaux, S. Jacques. C'eft un bâtiment très-solide & de belles pier- évêque de Châlons, S. Bernard étant venu prêcher à Châaes de taille; les pilliers & les voutes font fort folides, lons, emmena avec lui un nombre confidérable de permais tout l'édifice eft obscur & mal percé, terminé en- fonnes, tant eccléfiaftiques que féculieres, qui, touchées dedans par trois chapelles, dont la feule du milieu cft par les prédications de ce faint, fe firent religieux de fon ornée d'un autel, les autres fervent de facriftie & de tré- ordre: il fit bâtir cette abbaye pour les y loger, après for. Ces deux piéces font remplies de riches ornemens l'avoir obtenue de ces chanoines par l'entremife de l'évêd'églifes & de belle vaiffelle. Les Arméniens qui ne fe pi- que qui avoit béni S. Bernard, & qui étoit fon ami partiquent de magnificence que dans les églifes, n'ont rien épar- culier. Plufieurs perfonnes contribuerent de leurs biens à gné pour enrichir celle-ci. On y voit les plus riches étof- cette nouvelle fondation, conjointement avec le comte de fes qui fe faflent en Europe. Les vales facrés, les lampes, Champagne; & entr'autres les religieux de l'abbaye de les chandeliers font d'argent, d'or ou de vermeil; le pavé S. Pierre de Châlons, de Clugni & de S. Claude, en augde la nef & celui du prefbytere font couverts de beaux menterent confidérablement le fonds. Cette abbaye n'eft tapis. Les marchands Arméniens, qui commercent en Europe, & qui font de gros gains, font des préfens magnifiques dans cette églife, ce qui l'enrichit beaucoup : mais il eft furprenant que les Perfans y fouffrent tant de richeffes. Les moines des Trois-Eglifes fe font honneur de montrer les richesses qu'ils ont reçues de Rome, & font des fouris moqueurs quand on leur parle de la réunion. Plufieurs papes leur ont envoyé des chapelles entieres d'argent, fans qu'elles ayent encore rien opéré. Les patriarches ont amulé jusqu'ici les miffionnaires. Les fchismati ques, par leur crédit & leur argent, feroient déposer un patriarche qui donneroit les mains à la réunion. La haine qu'ils ont pour les Latins, paroît irréconciliable; enfin, foit par envie, foit par intérêt, les prêtres fchismatiques, Arméniens ou Grecs, veulent commander abfolument chez eux, & les patriarches font obligés de leur céder, de peur que la populace ne fe fouleve. *Tournefort, Voyage du Levant, f. 3, p. 138.

L'architecte qui a donné le deffein de l'églife patriarchale, étoit Jefus - Chrift lui-même; fuivant je ne fais quelle tradition des Arméniens, ils prétendent qu'il en raça le plan en préfence de S. Grégoire, & qu'il lui or

pas

réformée ; elle a été rebâtie depuis peu. Cette maison eft devenue plus célébre dans l'hiftoire que plufieurs autres, à raifon du moine Alberic, qui en étoit religieux au treizième siècle, duquel on a une chronique très-étendue, qni va jusqu'à fon tems, & qui eft très curieuse, publiée à Hanover, in-4°. l'an 1698, par Leibnitz. * Baugier, Mémoires hiftoriques de Champagne, tom. 2, p. 162.

2. TROIS-FONTAINES. Voyez TRE-FONTANE.

3. TROIS-FONTAINES, abbaye de Hongrie, ordre de cîteaux, au diocèfe d'Egher. Elle fut fondée en 1232, pour des moines tirés de l'abbaye de Pelifium.

TROIS-MARIES, (Les) bourg de France, dans la Provence, au pays appellé la Camargue, fur l'embouchure du Rhône, nommée le Gras d'Orgon, au midi de la ville d'Arles. On tient que ce bourg eft l'endroit où les Marseillois bâtirent anciennement un temple à Apollon, & que l'on nomma templum Delphicum. On ajoute que les trois Maries, Magdelene, Jacobé & Salomé, avec Lazare & quelques chrétiens, ayant été exposés à la mer dans un vailleau, fans voiles & fans rames, vinrent aborder en ce lieu, auquel cet évenement fit donner le nom qu'il

[ocr errors][ocr errors][ocr errors]

porte. Les corps de ces trois faintes y ayant été enterrés, felon la tradition du pays, furent enfuite cachés fous l'églife, de crainte qu'ils ne tombaffent entre les mains des Barbares qui firent de grands ravages dans le pays. En 1448, René, roi de Jerufalem & de Sicile, comte de Proven ce, trouva ces reliques qu'il fit transférer folemnellement, les ayant fait mettre dans une belle châffe. * Corn. Dict. Bouchu, Chron. de Provence.

1. TROIS-RIVIERES, (les) petite ville de la nouvelle France, à vingt-fept lieues de Quebec, & presque à égale diftance de cette capitale à Montreal. Elle eft bâtie fur un côteau de fable, qui n'a guères de ftérile que l'espace qu'elle peut occuper, fi elle devient jamais une grande ville. Le fleuve de Saint-Laurent, large de près d'une demi-lieue, eft à fes pieds: au delà, on voit de belles campagnes cultivées, fertiles, & couronnées des plus belles forêts du monde. Du refte, cette ville est environnée de tout ce qui peut la rendre agréable & opulente. Un peu au-deffous, & du même côté, le fleuve reçoit une affez belle riviere, qui, avant que de s'y décharger, en reçoit en même tems deux autres, l'une à fa droite & l'autre à fa gauche ; & c'est ce qui a fait donner à cette ville le nom de Trois-Rivieres. Au-deffus, & presqu'à la même distance, commence le lac de Saint-Pierre, qui a environ trois lieues de large, & fept de long. C'eft le fleuve même qui s'élargit ainfi, & qui, dans cet espace, reçoit plufieurs rivieres. Ce lac n'eft navigable, pour les barques, que dans fon milieu, où le courant du f.uve conferve toute fa profondeur: mais il eft par-tout fort poiffonneux.

En 1721, on ne comptoit, aux Trois-Rivieres, que fept à huit cents perfonnes; mais cette ville a dans fon voifinage dequoi enrichir une grande ville. Ce font des mines de fer très-abondantes, & d'une très bonne espéce. Dès les premiers tems de la colonie, il y a eu dans ce polte un gouverneur, & un état major. On y voit aujourd'hui un couvent de récolets, & une églife paroiffiale, deffervie par un de ces religieux, avec un très-bel hôpital, fondé par M. de Saint-Valier, évêque de Quebec, & gouverné par des religieufes urfulines. Dès l'année 1650, le fénéchal de la nouvelle France, dont la jurisdiction a été abforbée par le confeit fupérieur de Quebec, & par l'intendant, avoit un lieutenant aux Trois-Rivieres. Aujourd'hui, cette ville a une justice ordinaire, dont le chef eft un lieutenant général. Ce qui a donné lieu à l'établisfement de cette ville, eft le grand abord qui s'y faifoient des Sauvages du Nord, pour y vendre leurs pelleteries; mais on y en voit aujourd'hui très-peu. Les mines de fer qu'on a trouvées fur le bord même des Trois-Rivieres, qui ont donné le nom à la ville, au cap de la Magdelaine, qui eft une lieue plus bas, & où il y a auffi des eaux minérales, & en plusieurs endroits, jusqu'au bord du lac SaintPierre, peuvent bien dédommager la ville de la diminution du commerce des pelleteries.* Journ. du P. de Charlev. 2. TROIS-RIVIERES, (les) dans l'Amérique feptentrionale, à la Martinique. Ce font trois petites rivieres, qui arrofent le bourg ou la paroifle du Diamant, à la bande du fud de l'ifle.

TROITZKOY, village de l'empire Ruffien, dans la " Moscovie, au duché de Moskow, fur la route de Moskow à Roftove, entre Romanova & Rogatfova. Ce lieu, fameux par un monastère de même nom, eft entouré d'une haute & belle muraille de pierres, dont tout l'édifice eft bâti. Les coins de la muraille, qui eft carrée, font garnis de grandes tours rondes, entre lesquelles il y en a d'autres carrées. On en voit deux des dernieres, fur le devant, qui font les plus belles, & à côté desquelles eft le grand chemin. Ce monaftère, qui a trois portes par devant, eft à un bon quart de lieue du village, fur la droite en allant à Moscow. Celle du milieu a deux arcades, fous lesquelles il y a un petit corps de-garde, où il y a des foldats, auffi-bien qu'à celle du dehors. Ayant paffé cette porte, on voit au milieu la principale église détachée du refte du bâtiment. L'appartement du czar paroît magnifique par dehors. Il est à droite, & on y monte par deux escaliers différens, le front en étant fort étendu. Ce bâtiment a plufieurs étages; mais le dedans ne répond pas à la beauté du dehors. Le réfectoire des moines, autre grand bâtiment, eft vis-à-vis de celui-ci, & lui reffemble. Toutes les fenêtres en font ornées de petites colonnes, & les pierres peintes de diverfes couleurs. L'églife eft entre ces deux bâtimens. Il s'y en trouve quatre autres confidérables, & cinq plus petites. Ce monaftère reflemble par dehors à une fortereffe, & l'archimander ou l'abbé y principale autorité. Il s'y trouve ordinairement deux à trois cents moines. Les revenus de ce monaftère, qui font fort confidérables, fe tirent fur foixante mille payfans qui en dépendent; des enterremens de plufieurs grands feigneurs qui y ont leurs fépulchres; des meffes qu'on y dit pour les morts, & de plufieurs autres droits. Le village de Troitzkoż eft affez long, & rempli de boutiques de maréchaux, avec des piliers pour ferrer les chevaux.* Le Bruyn, Voyage de Moscovie, t. 3, p. 64.

3. TROIS-RIVIERES, (les) paroiffe dans l'Amérique feptentrionale, à la Guadeloupe, deffervie par les jéfuites. Ce quartier eft à trois lieues de l'églife de Marigot; il peut avoir quatre mille pas de large. C'eft une belle plaine, partagée en deux par la pente d'un gros morne. La terre y eft bonne, & les cannes de fucre y viennent parfaitement bien. L'églife paroiffiale eft moitié de maçonnerie & moitié de bois.

1. TROISSY, baronnie de France, en Champagne, élection d'Epernay.

fis

2. TROISSY ou TROUSSY, lieu de France, au diocèse de Beauvais, fur le rivage gauche de la riviere d'Oife, presque vis-à-vis Saint-Leu d'Effevant, au nord de la ville de Senlis & de Chantilli. Simon, confeiller au préfidial de Beauvais, dit, dans fes additions de l'hiftoire de Beauvoi, que ce Troiffy eft le lieu même de Saint-Maximin, monastère bâti par Charderic, abbé de faint Denys, à la fin du feptiéme fiécle; que le pere Mabillon croit auffi avoir été de Beauvais, avant l'évêque Conftantin. TROITUM PHALISCORUM, ville d'Italie, au voifinage de l'Etrurie, felon le livre appellé les origines de Caton. Voyez TROILIUM,

1. TROKI, palatinat de Pologne, dans la Lithuanie. Il confine à l'orient & au nord avec le palatinat de Vilna, & vers l'occident il eft enfermé par la Pruffe & la Podlaquie. Ce palatinat envoye aux diétes du royaume deux fénateurs, l'un en eft palatin & l'autre châtelain. Il comprend fous fa jurisdiction la terre de Grodno, avec le territoire de Wolcowisch; elle eft pourtant gouvernée par les propres magiftrats, & fon pays eft d'une plus grande étendue que celui de Troki. * Andr. Cellar. Regn. Pol. descr. p. 288 & feq.

2. TROKI, ville capitale du palatinat de ce nom, à quatre milles de Vilna, au milieu de marais inacceffibles, qui durant les plus grandes rigueurs de l'hiver ne gelent point. Il en fort un ruiffeau nommé Bréfala, qui entre dans la riviere Wilia. Cette ville doit fon origine à Gedimin, grand duc de Lithuanie, qui étant retourné de la guerre de Ruffie, la bâtit en 1321, & en fit fa réfidence à la place de Kiovie. L'an 1655, les Moscovites la ruinerent de fond en comble, & la raferent jusqu'aux fondemens. Toute la campagne refta couverte des cadavres des hommes, & on emmena les femmes comme des bêtes captives en Moscovie.* Andr. Gellar. Regn. Pol, descr. p. 288 &feq.

TROLEC, lieu de France, dans la Picardie, fur la riviere d'Aisne, entre Soiflons & Compiegne. Herbert, comte de Vermandois, & premier comte de Champagne, y affembla un concile de l'églife Gallicane, en

[blocks in formation]

TROMARISCA. Voyez TRANSMARISCA.

TROMELIA, ville de l'Achaïe, felon Athénée, cité par Ortélius. Cette ville donnoit fon nom à un excellent fromage qui s'y faifoit, & que les anciens nommoient Tromelicus cafeus.

TROMENTUS-CAMPUS, campagne d'Italie. Feftus dit qu'elle avoit donné fon nom à la tribu Tromentine. Plufieurs anciennes inscriptions font mention de cette tribu. Elle fut, felon Tite-Live, l. 6, c.s, une des quatre tribus qui furent ajoutées aux vingt-une anciennes, l'an 368, de la fondation de Rome. On croit que TROMENIUS-CAMPUS Tome V. RRrrrrij

étoit dans l'Etrurie.

[ocr errors]

1052

TRO

TRON, village dans le pays des Grisons, dans la haute Ligue, dans la communauté de Difentis & dans la jurisdiction de Tron. Il eft fitué au-deffous de Difentis, au bord du bas Rhin, & célébre à caufe des affemblées de la ligue qui s'y tiennent quelquefois. Il y a dans fa jurisdiction divers châteaux ruinés. Elle comprend quelques villages entr'autres Sonvix, Summus Vicus & Rinckenberg, où il y a des mines d'argent & de cuivre, * Etat & délices de la Suiffe, t. 4, p. 13.

[ocr errors]

TRONCHET, (La) en latin Tronchetum, abbaye d'hommes, de l'ordre de S. Benoît, en France, dans la haute Bretagne au diocèfe de Dol. Elle a eu pour fondateur Alain, fils de Jourdain, fénéchal de Dol. Ce ne fur d'abord qu'une celle, cella, ou dépendance de l'abbaye de Tiron au Perche. Elle fut érigée enfuite en abbaye l'an 1170. Elle a dépendu de Tiron pendant trois fiécles.

TRONDE, en latin Trondola, lieu de France, dans la Lorraine, au diocèfe de Toul, Le chapitre de cette cathédrale eft feigneur de la paroiffe, il eft auffi patron de la cure pendant fix mois, & le pape pendant le refle de l'année. Son églife eft dédiée à S. Eliphe.

TRONIA. Voyez TRIBOCCI..

TRONIS, contrée de la Phocide au pays des Dauliens, felon Paufanias, l. 10, c. 4. Tronis, dit-il, eft un petit canton du territoire des Dauliens. On y voit le tombeau d'un héros que ces peuple regardent comme leur fondateur. Les uns difent que c'eft Xantipe, homme de réputation à la guerre, & les autres que c'eft Phocus, fils d'Òrnytion, & petit-fils de Sifyphe. Ce héros, quel qu'il fûr, étoit honoré tous les jours par des facrifices; on faifoit couler le fang des victimes dans fon tombeau, par une ouverture destinée à cet ufage; & les chairs de ces victile feu. mes étoient confumées par

TRONODERUM, ville de France, dans la Bourgogne, felon Ortélius, qui cite Aimoin. C'est aujourd'hui, à ce qu'on croit, la ville de Tonnerre.

TRONSO, bourgade de la Norwege, au gouvernement de Wardhus, fur la côte méridionale de la plus grande des ifles, connues fous le nom de Tromfond. Elle eft fituée vis-à-vis du cap de Tromfond, dont elle est séparée par un détroit affez large. * De l'Ifle, Atlas.

1. TRONSOND ou TROMSOND, contrée de la Norwege, dans fa partie feptentrionale, au gouvernement de Wardhus. Elle comprend une partie du continent qui forme le cap de Tromfond & trois ifles paralleles, fituées au nord de ce cap, & qui ne font féparées que par des

détroits.

2. TRONSOND ou TROMSOND, cap de la Norwege, dans fa partie feptentrionale, au gouvernement de Wardhus. Il eft convert de plufieurs ifles; favoir, de celles de Sallero à l'occident, de celles de Tromfond au nord, & de celle d'Ulloe à l'orient.

[ocr errors]

3. TRONSOND ou TROMSOND, détroit au nord de la Norwege, dans le gouvernement de Wardhus. C'eft le bras de mer qui fe trouve entre la plus orientale des ifles de Tromfond, & celles de Loppen-Calf & de Skrifoe ou Skerfeu.

TRONTINO, riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans l'Abruzze ultérieure. Son cours eft du midi occidental au nord oriental. Elle arrofe Teramo, & va fe perdre dans le golfe de Venife, entre Giulia-Nuova & Monte Pagano. On croit que c'est le Batinus & le Juvantius des anciens.* Magin, Carte de l'Abruzze ul

térieure.

TRONTO, riviere d'Italie, au royaume de Naples. Elle a la fource dans l'Abruzze ultérieure, au - deffus d'Amatri. Son cours eft du midi au nord oriental, & après avoir arrofé la ville d'Ascoli, elle va fe jetter dans le golfe de Venife, où à fon embouchure elle forme le d'Ascoli. Cette riviere fert de borne entre l'Abruzzę ultérieure & la Marche d'Ancone, * C'est le Truentus des

port

[blocks in formation]

TRO

pour cette pierre, perfuadé que l'arche de Noé s'arrêt≈ premierement deflus au tems du déluge. Cela eft caufe qu'on la porte en cérémonie comme une châife, pour obtenir de la pluie dans les grandes fécherelles.* Corn. Dict. Hift. de l'ile de Chypre.

1. TROPEA. Voyez TROPHÉES.

2. TROPEA, yillage de l'Arcadie, felon Paufanias, 1.8, c. 25, qui le place fur la route de Plophide à Telphufa, à la gauche du Ladon, près du bois nommé Aphrodifum.

3. TROPEA ou AD TROPEA, ville d'Italie, chez les Brutiens, au voifinage du port d'Hercule. Etienne le géographe place cette ville dans la Sicile: cela vient de ce que de fon tems les auteurs donnoient à cette partie d'Italie le nom de Sicile. Dans les actes des conciles, cette ville eft fimplement nommée TROPEA, nom qu'elle conferve encore aujourd'hui. Voyez TROPEA, Hobften, dans ses remarques fur Cluvier, infinue que le nom de cette ville pourroit lui avoir été occafionné par la victoire de Sextus Pompée.

TROPÆA AUGUSTI, ville de la Ligurie. Ptolomée, 1. 3, c. 1, la donne aux Marfeillois, & la met entre le port d'Hercule & celui de Monachus. Quelques uns veulent que ce foit aujourd'hui Torbia ou Turbia, & d'autres Villa-Franca.

TROPEA DRUSI, ville de la Germanie, felon Prolomée, l. 2, c. 11. Elle étoit à moitié chemin entre la Sala & le Rhin, dans l'endroit où Drufus mourut, felon Orrélius, qui a cru que c'étoit de cette ville dont DionCaffius a voulu parler fous le nom de trophées de Drufus. Cependant Dion-Caffius, l. 15, initio, dit pofitivement que Drufus ne mourut pas dans l'endroit où fes trophées avoient été élevés; mais après qu'il eut recommencé à retourner fur les pas, & avant pourtant que d'être arrivé jusqu'au Rhin. C'eft auffi l'endroit où Tibere fut falué empereur par l'armée romaine. Il n'étoit point queftion alors de ville dans ce lieu-là. Les Romains, après leur victoire, firent un retranchement, où ils éleverent une trophée des armes vaincus, & mirent au bas les noms de toutes les nations qui avoient eu part à la défaite. Dans la fuite il put s'y former une ville, puisque Ptolomée y en marque une. *Tacit. Ann. 1. 2.

y

TROPAS, ville d'Italie. Curopalate & Cédrène difent que Nicéphore l'enleva aux Sarrazins. Ortélius juge qu'elle étoit vers la Calabre, & foupçonne que ce pourroit être Tropiana. Voyez POSTROPA.

TROPATENE, contrée d'Afie, dans la Mélie. Prolomée, l. 6, c. 2, l'étend depuis le pays des Geli-Margafi, jusqu'à celui des Amariaci. Ce mot Tropatene est corrompu d'Atropaténe ou Atropatie. Voyez ATROPA

TENE.

TROPEA, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, en latin Trophaa, Tropaa ou ad Tropea, Cette ville fituée à douze milles de Mileto & à quarante cinq milles de Reggio, est bâtie (a) dans une petite plaine au fommet d'un roc, d'où on a le plaifir de découvrir d'un côté les fertiles côtes de la Calabre, & de l'autre la pleine mer à perte de vue. On monte à Tropea par une longue rue bordée de jardins qui fait le fauxbourg; & enfuite on trouve un grand nombre de petites rues étroites, dont la plus grande, qui paffe par le milieu, divise la ville en deux parties. (5) Tropea a une place d'une grandeur médiocre ; & plus avant et l'églife cathédrale, qui n'eft remarquable que par fon antiquité. Les capucins ont un très beau jardin & une vue agréable fur la pleine mer. La porte par laquelle on fort pour y aller, a quelques tours & d'autres fortifications pour défense. Après cette porte on trouve une belle plate forme, au pied de laquelle font deux rochers en façon de petites ifles. Sur l'un de ces rochers il y a une petite chapelle, faite à l'imitation du mont Calvaire. Tropea (c) étoit évêché fous les Grecs, dans le huitième ou le neuviéme fiécle, dans la province de Reggio, dont il eft encore à préfent. On y a uni ou transféré l'évêché d'Amantia. Voyez TROPEA, no. 3. Les nobles, à l'exclufion du peuple, jouiffent du privilége de gouverner cette ville. (a) Gemelli Careri, Voyage autour du monde, t. 5, p. 6. (b) Corn. Dict. () Commainville, Table des évêchés.

TROPHEA. Voyez TROPEA & TROPHÉES. TROPHÉES. Ce mot vient du grec Texas, tiré du

[ocr errors][ocr errors][merged small]

verbe Top, je mets en fuite. Les Latins en firent leur mot Tropheum, les François en ont fait celui de Trophée, les Italiens & les Espagnols celui de Trofeo.

On entend par ce mot les dépouilles d'un ennemi vaincu. Les Grecs, qui femblent avoir été les inventeurs des trophées, ôtoient toutes les branches du premier arbre qu'ils rencontroient, après avoit gagné une bataille, y attachoient les boucliers, les casques, les cuiraffes, &c. ́des vaincus. Les Romains, plus jaloux de leur gloire, en firent des monumens plus durables : ils élevoient des édifices folides, fous le titre d'arcs de triomphe, & y faifoient fculpter les armes des vaincus. Cet ufage a paffé chez nous. Les hiftoriens & les géographes nous ont confervé un certain nombre des anciens trophées des Romains, dont voici la liste.

TROPHÉES D'AUGUSTE. Voyez au mot TROPEA, l'article TROPAA-AUGUSTI.

TROPHÉES DES BRUTIENS Voyez au mot TROPEA, l'article TROPÆA, no. 3.

TROPHÉES D'ÉMILIEN, en latin Tropaum Q. Fabii Maximi Emiliani. Strabon, l. 4, p. 185, nous apprend que près du lieu où l'Ifere fe jette dans le Rhône, Q. Fabius Maximus Æmilien, dont l'armée n'étoit pas de trente mille hommes, défit deux cents mille Gaulois, & éleva fur le champ de bataille un trophée de pierre blanche. Comme Strabon, dans cet endroit, décrit la rive gauche du Rhône, il fembleroit que le champ de bataille & le trophée dont il eft question, auroient été de ce côté là; mais un peu plus bas il dit que ce combat fe donna chez les Arvernes, près de l'endroit où le Rhône reçoit l'Ifere, & dans le canton où le mont Gebenna s'approche du Rhône; par où il défigne la rive droite de ce fleuve. C'est ce qui a engagé Ortelius à marquer ce trophée dans fa carte de l'ancienne Gaule, aux confins des Helviens & des Arvernes, près du Rhône à la droite.

TROPHÉES DE POLLUX. Ces trophées étoient dans la ville de Sparte. Quand on a passé le temple d'Esculape, dit Paufanias, on voit les trophées que Pollux, à ce qu'on dir, érigea lui-même après la victoire qu'il remporta fur Lyncée.

TROPHÉES DE POMPÉE. Voyez POMPEIA TRO

[blocks in formation]

TROPHONIUS. (Le bois facré de ) Il étoit dans la Bootie, à une petite diftance de la ville de Lébadée. On difoit, felon Paufanias, l. 9, c. 39, de la traduction de l'abbé Gédoyn, qu'un jour, Hercine jouant en ce lieu avec la fille de Cérès, lailla échapper une oie qui faifoit tout fon amufement; cette oie alla fe cacher dans un antre sous une groffe pierre. Proferpine ayant couru après, l'attrapa, & de deffous la pierre où étoit l'animal, on vit auffi-tôt couler une fource d'eau, d'où fe forma un fleuve, qui, à caufe de cette aventure, eut auffi le nom Hercine. On voyoit encore du tems de Paufanias, fur le bord de ce fleuve, un temple dédié à Hercine, & dans ce temple la ftatue d'une jeune fille qui tenoit une oie avec fes deux mains. L'antre où ce fleuve avoit fa fource, étoit orné de deux ftatues debout, tenant une espece de fceptre avec des ferpens entortillés à l'entour, de forte qu'on les auroit pris pour Esculape & Hygeia; mais peut-être que c'étoit Trophonius & Hercine, car les ferpens ne font pas moins confacrés à Trophonius moins confacrés à Trophonius qu'à Esculape. On voyoit auffi fur le bord du fleuve le tom. beau d'Arcéfilas, dont on difoit que les cendres avoient été apportées de Troye par Leitus.

Ce qu'on trouvoit digne d'attention dans le bois facré, étoit, 1. le temple de Trophonius avec sa statue, ouvrage de Praxitèle. Cette ftatue, aufli bien que la premiere dont il a été parlé, reffembloit à celle d'Esculape; 2°. le temple de Cérès furnommée Europe, & une ftatue de Jupiter le Pluvieux, qui étoit expofée aux injures du tems. En descendant, & fur le chemin qui, conduifoit à l'oracle, on trouvoit deux temples, l'un de Proferpine, confervatrice, l'autre de Jupiter, roi ; ce dernier étoit demeuré imparfait, foit à caufe de fon exceffive grandeur, foit à caufe des

guerres qui étoient furvenues & qui n'avoient pas permis de l'achever; dans l'autre on voyoit un Saturne, un Jupi ter & une Junon; Apollon avoit auffi fon temple dans ce bois.

Quiconque vouloit descendre dans l'antre de Trophonius, étoit obligé de paffer quelques jours dans une chapelle dédiée au bon génie & à la fortune; il employoit ce tems à fe purifier par l'abstinence de toutes les chofes illicites & par l'ufage du bain froid, car le bain chaud lui étoit interdit, & il ne pouvoit le laver que dans l'eau du fleuve Hercine; il fe nourrilloit de la chair des victimes dont il faifoit lui-même les frais, car il étoit obligé de facrifier à Tro phonius & à fes enfans; à Apollon, à Saturne, à Jupiter, roi, à Junon Heniocha & à Cerès furnommée Europe, qu'on difoit avoir été la nourrice de Trophonius. Un devin, fur l'inspection des entrailles, jugeoit fi Trophonius agréoit le facrifice, & s'il étoit disposé à rendre les oracles; mais les entrailles les plus fures étoient celles d'un bélier, que l'on immoloit fur la foffe d'Agamède, la nuit même qu'on vouloit descendre dans l'antre. Les autres victimes, quelque espérance qu'on en eût conçue, étoient comptées pour rien, fi le bélier n'étoit tel que l'on en pût tirer un au gure aufli favorable; alors on descendoit fans crainte & l'on fe promettoit un heureux fuccès. Voici néanmoins quelques cérémonies qui le pratiquoient auparavant. Cette même nuit on étoit conduit fur le bord du fleuve Hercine. Là on étoit frotté d'huile, & nettoyé par deux enfans de la ville, âgés de treize ans, qu'on nommoit des Mercures. On étoit enfuite conduit par des prêtres auprès de deux fontaines, l'une nommée Léthé, l'autre Mnémofyne; elles étoient proche l'une de l'autre. Après ces préparations on vous montroit la ftatue du dieu faite par Dédale, car c'étoit un privilége réserve uniquement à ceux qui venoient confulter l'oracle. On faifoit fes prieres devant cette ftatue, & enfuite on marchoit vers l'antre vêtu d'une tunique de lin, ornée de bandelettes, & chauffé à la maniere du pays. Cet antre étoit dans une montagne au-dellus du bois facré ; une baluftrade de marbre blanc régnoit autour. Cette balustrade n'avoit pas deux coudées de haut, & l'espace con tenu au-dedans formoit une très-petite place. On avoit élevé fur la balustrade des obélisques de bronze qui étoient comme attachés par un cordon de même métal; la porte d'entrée étoit au milieu de ces obélisques. Au-dedans de l'enceinte il y avoit une ouverture que l'art avoit pratiqué avec beaucoup d'industrie & avec une forte de proportion; car on l'auroit prife pour un four creufé fous terre. Cette espece de four pouvoit avoir environ quatre coudées de largeur, & huit de hauteur, mais il n'y avoit point de marches pour y descendre. Quand on y vouloit entrer, on apportoit une échelle fort légere; l'on descendoit premierement dans une folle qui étoit entre le rez de chauffée & la caverne. Cette folle avoit deux empans de largeur &un de hauteur; on tenoit à la main une espece de pâte pêtrie avec du miel, & on glitfoit dans la foffe, en y pallant d'abord les pieds, puis les genoux; & lorsqu'on avoit paffé tout le corps, on fe fentoit emporter au fond de l'antre avec autant de rapidité, que fi c'eût été un grand fleuve qui cûc entraîné. C'est alors que l'avenir étoit revelé en plus d'une maniere; car on voyoit, ou l'on entendoit. Lorsque la curiofité étoit fatisfaite, on remontoit par le même chemin & avec la même peine, en paffant les pieds les premiers, comme on avoit fait descendre. On difoit que de tous ceux qui étoient descendus dans l'antre de Trophonius, aucun n'y étoit mort, fi ce n'eft un fatellite de Démétrius, qui avoit négligé les cérémonies ufitées en l'honneur du dieu, & qui étoit venu, moins pour confulter l'oracle, que pour emporter l'or & l'argent qu'il croyoit trouver en ce lieu. Son corps fut jetté hors de l'antre, non par cette ouverture facrée par laquelle on descendoit, mais par une autre iffue. Quand on étoit forti de l'antre, les prêtres faifoient afféoit fur le trône de Mnémofyne qui étoit auprès; ils demandoient ce qu'on avoit vu ou entendu, & après qu'on leur en avoit rendu compte, ils mettoient entre les mains de gens qui reportoient dans la chapelle de la bonne fortune & du bon génie. On étoit là quelque tems à reprendre fes esprits; car au fortir de l'antre on étoit fi troublé, qu'il feinbloit qu'on eût perdu connoiffance; mais peu à peu on revenoit & on fe trouvoit dans fon état naturel.

pour

L'oracle de Trophonius étoit autrefois ignoré dans la Bootie; voici comment il devint célébre. Le pays fut affligé R Rrrrr ij

d'une fi grande féchereffe, qu'en deux ans il n'y étoit pas tombé une goutte de pluie. Dans cette calamité, les Borotiens envoyerent des députés de chaque ville pour confulter l'oracle d'Apollon. Ces députés ayant demandé du reméde à leurs maux, la Pythie leur répondit que c'étoit de Trophonius qu'il en falloit attendre, & qu'ils allaffent le chercher à Lébadée; ils obéirent mais comme ils ne pouvoient trouver d'oracle dans cette ville, Saon le plus âgé d'entr'eux, apperçut un effaim de mouches à miel, & obferva de quel côté il tournoit; il vit que ces abeilles voloient vers un antre, il les fuivit & découvrit ainfi l'oracle. On difoit que Trophonius l'avoit inftruit lui-même de toutes les cérémonies de fon culte & de la maniere dont il

[ocr errors]

vouloit être honoré.

TROPIANA, ville d'Italie, dans la Calabre. Il en eft parlé dans le fixiéme concile de Conftantinople, tenu fous T'empereur Conftantin. Ortelius croit que c'est la même que POSTROPEA, & que le nom moderne eft Tropaa. Voyez TROPAS, POSTROPÆA, & TROPEA.

TROPINA, lieu de l'Inde, felon Pline, l. 6, c. 20. TROPIQUE. (le) Terme de la géographie aftronomique. Il vient du grec Teown, Converfio, en françois retour: du verbe Tpiati, tourner, changer, retourner, &c. On appelle Tropiques, dans la fphère, deux cercles paralleles à l'équateur dont ils font éloignés de 23d & demi. On les marque fur les cartes par un cercle de deux lignes, afin d'en faire mieux remarquer le trait.

L'un de ces Tropiques eft feptentrional, & paffe par le point folftitial de l'écreviffe ou du cancer, d'où on le nomme TROPIQUE DU CANCER, où de l'écreviffe. Le foleil le décrit quand il entre au premier degré de l'écreviffe, c'est à dire le plus long jour d'été pour nous, & pour tous ceux qui font fitués au nord du même Tropique. Ainfi on le nomme auffi par cette raison TROPIQUE D'ÉTÉ, mais Tropique d'hiver pour les peuples qui font au midi de l'équateur. Comme le foleil arrive au Tropique au point folftitial de J'écreviffe, & qu'il retourne de là vers l'équateur, il s'enfuit que, le reculant de nous chaque jour, les jours diminuent à proportion de fon éloignement jusqu'à ce qu'il foit arrivé de l'autre côté de l'équateur à la même distance de 23d 30'. Alors il paffe par le folftitial du capricorne, & ce Tropique eft nommé pour cela le TROPIQUE DU CAPRICORNE. Le foleil le décrit lorsqu'il entre au commencement du capricorne, c'est-à-dire le plus court jour de l'hiver; par cette raifon on le nomme auffi le TROPIQUE D'HIVER, Ce qui ne doit s'entendre que par rapport à nous & aux autres peuples fitués au nord de l'équateur, car pour ceux qui font au midi c'eft leur Tro pique d'été.

Chaque Tropique peut être nommé cercle du folftice, parce que le foleil étant au tropique du cancer ou du capricorne, retourne auffi-tôt en s'approchant de l'é

-quateur.

Au folftice d'été, le foleil érant au Tropique du cancer, eft à midi par rapport à nous, dans fa plus haute élévation au-deffus de l'horizon, d'où ce Tropique feptentrio-nal peut être appellé le cercle du HAUT SOLSTICE.

Au folftice d'hiver, le foleil étant au Tropique du capricorne, eft à midi, par rapport à nous, dans la plus baffe fituation & dans la plus grande proximité de l'horizon; ce qui eft caufe que ce Tropique méridional peut être appellé Je CERCLE DU BAS SOLSTICE. J'explique le mot de SOLSTICE en fon lieu.

Ces deux cercles font les bornes que Dieu a pofées au chemin annuel que le foleil fait, ou femble faire, du midi au feptentrion, depuis le folftice d'hiver jusqu'au folftice d'été & du feptentrion au midi, depuis le folftice d'été jusqu'au folftice d'hiver. Ces cercles femblent des barrieres qui l'enferment dans une carriere, & qui l'obligent, quand il y eft arrivé, à reprendre la route par laquelle il s'eft avancé jusques là. C'est pour cela qu'ils font appellés Tropiques, du mot grec que nous avons déja expliqué.

La diftance de chaque Tropique à l'équateur eft d'environ 23d 30', parce que l'obliquité de l'écliptique à l'égard de l'équateur, n'étant pas plus de 23d 30', le foleil qui ne quitte jamais l'écliptique, ne peut ni plus ni moins s'écarter de l'équateur, ou, pour parler comme les aftronomes., ne peut ni plus ni moins decliner, ce qui fait que cette distance de 23d 30' eft appellée la plus grande déclinaison du foleil.

[ocr errors]

par

Les deux Tropiques étant à diftance égale de l'équateur, font par conféquent égaux l'un à l'autre. L'équateur étant le plus grand cercle que le foleil décrive fur le globe terrestre, & tous les cercles qui font paralleles à l'équateur étant plus petits à mefare qu'ils s'éloignent de l'équateur, il s'enfuit que les Tropiques qui font paralleles à l'équateur, comme il eft aifé de le voir dans une mappemonde, font les plus petits cercles que le foleil décrive par fon mouvement diurne. Ceux qui fuivent l'ancien système de Prolomée, en concluent que le foleil étant dans les Tropiques, fe meut avec moins de vîtelle que lorsqu'il eft dans l'équateur, puisqu'en vingt-quatre heures, ou environ, il ne parcou.t qu'un cercle moins grand, auquel il emploie néanmoins autant de tems que pour parcourir le plus grand cercle; cela étant, il fait donc ces circonvolutions inégales en tems égaux; ce qu'on ne peut expliquer que par un mouvement plus lent ou plus vite; mais ceux qui préférent le fyftême de Copernic, & qui tiennent que la terre fait elle-même par fon mouvement les apparences que les autres attribuent au cours du foleil, ont une explication" plus commode. On fuppofe un corps fphérique attaché deux pivots à deux extrémités diamétralement oppofées, de forte que ce corps fphérique puiffe tourner librement autour de ces deux pivots; fi ce corps, d'un pivot à l'autre, eft marqué au milieu par une ligne qui le divise en deux parties égales, & que de chaque côté il y ait entre cette ligne & les pivots d'autres lignes marquées paralleles à celle du milieu, il eft certain que la ligne du milieu à le plus de circonférence, & que les autres en ont moins à proportion qu'elles s'écartent davantage des deux pivots. Cependant lorsque le corps fphérique fait un tour, chacune de ces lignes parcourt un cercle inégal, quoiqu'elles y employent un tems égal. Je paffe divers ufages aftronomiques des Tropiques, ce feroit fortir de la géographie. Le Tropique du cancer ou de l'écreviffe coupe le premier méridien entre les Canaries & les ifles du Cap-Verd, & paffe à l'entrée d'une anfe qui eft entre le cap Bojador & le cap Blanc, & y partage en deux l'ifle aux Hérons. Il traverse enfuite le Sara ou défert de Barbarie, passe au midi de Telfer, au pays de Berdoa, partage l'Egypte, paffe fur la fontaine alumineufe de Cheb, fur la montagne d'Elhad, fur le Nil, un peu plus haut que la grande cataracte, arrive à la mer Rouge affez près & au midi du cap de Ramos; coupe l'Arabie heureuse dans l'état du chérif de la Mecque, palle à Alféré, quitte l'Arabie heureufe à Mascate, traverfe la mer des Indes jusqu'à l'embouchure de la riviere de Paddar, traverfe les pays de Guzurat, de Chitor, de Mal

va,

le royaume de Bengale, qui font de l'Indouftan, coupe le royaume de Tipra & la province d'Oful, qui font du royaume d'Ava, le petit Laos, le Tonquin, & enfin la Chine, par les provinces de Quanfi & de Quanton. Il partage l'ifle de Formofe environ par le milieu : de-là traverfant toute la grande mer du fud il paffe à la pointe méridionale de la Californie, coupe le nouveau Méxique dans les provinces de Chiametlan & de Panuco. Il fépare le golfe du Méxique en deux parties, paffe entre la presqu'ile de la Floride & l'ifle de Cuba, coupe le grand banc de Bahama, rafe la partie feptentrionale de l'ifle d'Yumeta, l'une des Lucayes, & vient enfin à travers la mer du Nord à l'endroit de l'Afrique où j'ai commencé d'en dé crire le circuit.

Le Tropique du capricorne paffe à l'ifle Dos Picos près du premier méridien pris à l'ifle de Fer, partage l'Afrique, dont elle laiffe la pointe méridionale entre Angra do Ilheo, l'anfe de l'Iflot & le cap Roftro da Piedra, & courr de-là au royaume d'Inhambane, paffe à la baie de SaintAuguftin dans l'ifle de Madagascar qu'il coupe de même, par la mer des Indes, il arrive auffi dans la nouvelle Hollande, vers les terres de Wit & d'Endracht; palle au midi. des ifles de Salomon affez près de l'ifle des Negretes; & par la mer du Sud il gagne la côte du Pérou à fon extrémité méridionale entre Morro Moreno & le Morne de Saint George: de-là paffant au défert d'Atacama, au pays de Chaco & de Guayra dans le Paraguai, au petit état de Saint-Paul, & dans la capitainie de Saint-Vincent au Bréfil.

Le point où le foleil fe leve à notre égard, lorsqu'il eft au Tropique du cancer, eft notre orient d'été : celui où il fe couche le même jour eft notre occident d'été.

Le point où le foleil fe leve à notre égard, lorsqu'il eft

« PrécédentContinuer »