au Tropique du capricorne, eft notre orient d'hiver ; & ce Ce point eft toujours le même, & à la même distance zon, Če point étant fixé à un petit permanent de l'hori il s'enfuit que tous les hommes placés fur un même méridien ne voient pas tous l'orient d'été ou l'occident d'été fur le même rumb de la bouffole, quand même il n'y auroit aucune variation de l'aimant dans toute l'étendue de ce méridien, depuis le pole arctique jusqu'à l'équateur. TROPIS, ifle dont parle Etienne le géographe, qui cite 'Artémidore. TROPPAU, Oppavia, ville d'Allemagne, dans la haute Siléfie, & la capitale du duché de ce nom. Elle eft grande & bien bâtie, enfermée d'une forte muraille, proche de laquelle paffent d'un côté la riviere d'Oppa, & de l'autre celle de Mohr. Ses fauxbourgs font fort fpacieux. Elle eft fituée dans une plaine agréable & divertiffante. Entre les églifes de cette ville, la grande paroiffe de faint George est la plus belle, elle a plufieurs ornemens au-dedans; entr'autres le chœur, les autels, le baptiftere, & la chaire méritent d'être vus. Il y a trois cloîtres, & une commanderie de Malte. La maison de ville est un grand bâtiment, & les maifons des bourgeois font presque toutes bâties de pierres propres & élevées. Le terroir y eft fertile en bled & en fruits; les pâturages y font excellens. L'ancienne famille des ducs de Troppau s'eft éteinte l'an 1480. Ce duché ayant été dévolu après leur mort à la couronne de Bohéme, l'empereur Matthias en donna l'inveftiture l'an 1614, au prince Charles de Lichtenstein. En 1620 il fe donna ici un combat en l'air entre des corneilles qui fe battirent de telle façon, que les payfans en porterent plufieurs facs remplis dans la ville. Ce fut un préfage des défaftres qui y arriverent les années fuivantes. Les Danois prirent la ville de Troppau en 1626. Les Impériaux la reprirent en 1627; elle fut alors fort endommagée par le canon. En 1642, les Suédois s'en rendirent maîtres, & bien-tôt après les Impériaux la regagnerent fur eux. Enfin le général Suédois Wirtenberg l'attaqua encore l'an 1646, mais fans fuccès. * Zeyler, Topog. Sil. p. 186. fons, on le nomme Noyon dans cet acte, parce que le prince étranger étoit venu apparemment à Trolly par la route de Noyon qui eft très-belle & facile, & non par celle de Soiflons. M. le duc d'Orléans eft feigneur de Troflyfaint-Pierre; les hameaux qui en dépendent, fe nomment Cenay, Loire, Carlin, Prefle. Le nom de Carlin paroît tenir quelque chofe de nos rois de la feconde race. Le vrai nom de l'autre Trofly, voifin de Compiegne, eft Breuil. Trofly n'eft que le nom d'un hameau. S. Hilaire eft patron de l'églife.* Mém. de Lebœuf. TROSMIS. Voyez TRISMIS. TROSSULUM, ville d'Italie, dans l'Etrurie, au voisinage du pays des Volsques, felon un ancien commentateur de Perfe. Un corps de cavalerie romaine s'étant emparé de cette ville, on donna aux cavaliers le nom de Troffuli; mais felon Pline, l. 33, C. 2, qui rapporte la même chofe, ce titre d'honneur devint bien-tôt un titre d'ignominie, dont les cavaliers eurent honte, à caufe de l'équivoque du mot; car dans ce tems-là Troffulus fignifioit un homme délicat & efféminé. Feftus met la ville de Troffulum dans la Toscane, & rapporte le même trait d'hiftoire. Le nom moderne est Troffulo, felon Léandre. Voyez TROIĻIUM. TROSTBERG ou TRONSPERG, bourg d'Allemagne dans la Baviere, fur la riviere d'Altza, à quatre milles de Rofenheim, & à trois de Burckhaufen, dans le reffort de laquelle il eft. Ce bourg a une jurisdiction dont dépendent un monastère, un château, trois maifons feigneuriales, quatre bourgades & quelques autres terres. Quelques-uns donnent à Troftberg le titre de ville. * Zeyler, Topogr. Bavar. p. 82. TROTEBEC, petite riviere de France, dans la basle Normandie, au Cotantin. Elle a fa fource dans la forêt de Brix, & tombe dans les Miéles, près de Cherbourg. * Corn. Dict. Vaudome, MS. géogr. TROTILUS ou TROGILUS. Voyez TROGILUS. TROU, (Le petit) lieu de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France, à la côte méridionale du quartier du fud, dans l'ifle de S. Domingue, à moitié chemin du fond de l'ifle à Vache, au cap Altavela ou de Mon gon. TROU-BORDÉ, paroiffe françoise de l'Amérique feptentrionale, dans l'ifle de S. Domingue, fituée à une licue du fond du cul de-fac de Saragua. TROU-CHARLES-BONBON, lieu de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France, à la côte occidentale du quartier du fud de l'ifle de S. Domingue, à huit ou dix lieues à l'occident du petit Goave. TROU-AU-CHAT, habitation dans l'Amérique feptentrionale de la Martinique, dans la paroifle du bourg du fort Royal. Ce lieu eft fitué à un quart de lieue de la mer, au fond du cul-de-fac-Royal; c'eft un paffage à travers les montagnes pour aller au cul-de-fac-Robert, à l'anse du Gal. lion, & au cul de- fac à Vache. TROU-DU-DIABLE. On appelle ainfi un endroit du Danube, à fix milles de la ville de Lintz, & que des rochers qui traverfent cette riviere dans ce lieu-là, rendent extrêmement dangereux. Corn. Dict. * TROU-JÉRÉMIE, lieu de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France, à la côte occidentale du quartier du fud de l'ifle de S. Domingue, vis-à-vis les Cay mites. TROPPIA. Voyez TRIOMPA. TROSLEIUM, lieu de France, en Picardie, célébre par les affemblées qui y ont été tenues. Voyez TROSLY. TROSLY ou TROLY, en latin Trofteium, village de France, au diocèle de Soiffons, où le font tenus plufieurs conciles. Sa véritable pofition a paru incertaine aux auteurs du traité des palais de nos rois inféré dans la diplomatique. On s'eft trouvé embarraffé à choisir dans les deux Trofly qui font fitués au diocèle de Soiffons. Valois, en fa notice des Gaules, a cru que c'étoit Trofly fur le rivage gauche de la riviere d'Aisne, en allant de Soiffons à Compiegne, mais plus près de Compiegne que de Soiffons. Dom Mabillon & dom Germain fe font déterminés pour l'autre Trofly, qui eft voifin de Coucy, & à l'extrémité du diocèle de Soiffons en allant à Blerencour, à distance à peu près égale de Sois fons & de Noyon. Le pere Sirmond leur a paru avoir eu en vue ce dernier Trofly. Ils ont vu le premier fans y rien remarquer ce qui indiqua une maison royale; dans le fecond, au contraire, on y trouve un double Trofly; le Trolly le haut, & Trofly le bas, comme dans un grand nombre d'autres terres royales. Il y a deux églifes paroifliales, l'une dédiée à faint Pierre, l'autre à faint Martin, & entre les deux on voit les veftiges de l'ancien château. Il y a outre cela plus d'apparence que ce dernier Trofly eft celui des conciles, parce que les routes, les forêts, & la fupériorité de ce domaine au-deffus des autres lieux du voisinage, indiquent que cette terre a été autrefois particulierement diftinguée. Les conciles qu'on dit avoir été tenus à Trofly, font des années 909, 921, 924, & 927. Zuentibold, roi d'Auftrafie, fe trouva auffi en ce lieu l'an 895, & y accorda un diplôme à l'abbaye de faint Mihel fur Meufe, pour défigner le Trofly dont il eft queftion; le chancelier ou notaire de la fuite de ce prince, mit Actum in vico Droflei juxta Novionam civitatem. C'eft ce qui prouve qu'il ne faut aucunement penfer à Trofly fur Aisne pour la tenue des conciles. Quoi- TROUS (Les trois) de l'Amérique feptentrionale, dans que Trofly ne foit pas plus proche de Noyon que de Sois- la nouvelle France, à la baffe-terre de la Guadeloupe; ce TROUBRIDGE, bourg d'Angleterre, dans la province de Wilts. Il a droit de tenir marché public. * Etat présent de la Gr. Bret. t. I. TROUCEY ou TROUSSEY, village de France, dans la Lorraine, au diocèfe de Toul. Ce lieu eft allez confidérable; il eft fitué fur le rivage gauche de la Meufe, à deux lieues de Toul. C'étoit autrefois le chef-lieu d'une prévôté du domaine de l'églife de Toul, & qui étoit du pays de Blois, contrée de ce diocèfe, dite en latin pagus Blefenfis. On lit que Viard de Gondrecourt ayant déclaré la guerre au chapitre de Toul, il brûla l'église de Troucey où la plûpart des habitans s'étoient réfugiés, & y fit périr deux cents cinquante perfonnes. Le chapitre de la cathédrale de Toul eft feigneur de cette terre. It eft auffi patron de la cure pendant fix mois, & le pape pendant les autres fix mois. L'églife eft fous le titre de faint Laurent.* Hift. de Toul, p. 80. ont trois ravines-d'eau falée & bleuâtre ; elles paffent entre les gorges des montagnes qui foutiennent la foufriere d'où ces eaux descendent. Le premier elt en venant de la riviere des grands Bananiers, & fe nomme le Trou Madame; le fecond le Trou-au-Chien, & le troifiéme le Trouau Chat. TROUVILLE-SUR-SEINE, paroiffe de France, dans la Normandie, au Roumois, avec titre de baronnie. Elle elt fituée à deux lieues au-deffus de Quillebauf; fon églite paroiliale & fes maifons font bâties fur la côte. On y recueille quantité de fruits pour les boillons, & des grains dans les campagnes qui s'étendent jusqu'à S. Oueu des Champs, S. Thurien, Sainte Opportune & autres. Les paToilles de Quilleboeuf, de S. Aubin, de Vieux-Port & de Trouville, forment cette baronnie qui appartient à l'ab baye de Jumiége. * Corn, Dict. Mémoires dreffes fur les lieux. 1. TROYA, cap d'Italie, fur la côte de Toscane, à l'entrée du golfe de Piombino à la droite. Du cap de Piombi10, dit Michelot, Portulan de la Méditerranée, p. 104, au cap de Troya, il y.a environ vingt milles vers le fud-eft. Entre les deux on trouve une espéce de golfe ou grand enfoncement d'environ treize milles en certains endroits, avec plages & un bas terrein rempli de marécages & d'étangs. On appelle ce lieu-la la plaine de Calva Veileta; il y en a un aurre du côté du fud-eft dans un autre enfoncement nommé Scaline. Au bout de l'oueft du cap de la Troya eft une petite ifle aflez haute, fur laquelle il y a une tour de garde ronde, éloignée de la côte d'environ un quart de lieue; entre cette ifle & la terre font quelques écueils hors de l'eau. Sur cette pointe il y a une tour carrée, il y en a une autre un reu plus fur le terrein proche de la précédente, & un village dans le fond de la plage nommé l'Ifle. 2. TROYA ou TROIA, bourg d'Allemagne, dans la batle Carniole, fur le bord d'une petite riviere qui fe jette dans la Saw. Ce bourg qui eft fitué au midi de Saaneck, eft pris par Lazius pour le Metulum des anciens. *Jaillot, Atlas. TROYE, en latin Troia ou Ilium, ville de l'Afie, la capitale de la Troade. Voyez ILION. On tient que cette ville qui étoit fituée fur le fleuve Scamandre ou Xanthus, à trois milles de la mer Egée, fut bâtie par Dardanus, venu de Créte ou d'Italie, qui fut le premier roi des Troyens. Troye eft fort célébrée par les poètes, à caufe du fiége que les Grecs mirent devant cette ville; ils la brûlerent. Dardanus fonda cette ville l'an du monde 2524, & régna trente & un an; Erichthonius en régna foixante-cinq; Tros foixante & dix ; c'eft de lui que cette ville prit le nom de Troye; elle fe nommoit auparavant Dardanie. Iulus, qui lui fuccéda, régna cinquante-quatre ans ; c'eft de fon nom que la forrerelle de Troye s'appella Ilium. Laomédon régna trente-fix ans; il bâtit les murailles de Troye des tréfors de Neptune & d'Apollon. Priam régna quarante ans. L'an du monde 2794, Paris, fils de Priam, enleva Héléne, femme de Ménélaus, roi de Lacédémone. Les Grecs, après avoir demandé plufieurs fois qu'on rendît Héléne, déclarerent la guerre aux Troyens, & commencerent le fiége de Troye, qui fut prife & brûlée dix ans après, l'an du monde 2820, avant l'ére vulgaire 1184. On prétend que cette guerre fi cruelle prenoit fon origine de plus haut. On dit qu'il y avoit une guerre héréditaire entre la maifon de Priam & celle d'Agamemnon. Tantale, roi de Phrygie, pere de Pélops, & bifaïeul d'Agamemnon & de Ménélaüs, avoit enlevé, il y avoit longtems, Ganymede, frere d'llus. Cet Ilus, grand-pere de Priam, pour se venger d'une injure qui le touchoit de fi près, dépouilla Tantale de fes états, & l'obligea de fe réfugier en Grece, où s'établirent les Pélopides qui donnerent le nom au Péloponnéfe. Paris, arriere-petit-fils d'Ilus, enleva Héléne par une espéce de repréfailles, contre Ménélaüs, arriere-petit-fils du ravilleur de Ganymede. Il faut cependant convenir qu'il y a beaucoup de fables mêlées dans tout ce que les poëtes nous difent du fiége de Troye & des premiers héros de cette guerre, & qu'ainfi il ne faut pas trop compter fur ce qu'ils débitent d'Achille, d'Ajax, d'Ulylle, de Paris, d'Hector, d'Enée & de tant d'autres, auflibien que du fameux cheval de bois, dont ils difent que les Grecs fe fervirent pour furprendre les Troyens qu'ils n'avoient pas pu réduire par la force. Le fameux cheval de bois, dit Paufanias, l. 1, f. 23, étoit certainement une machine de guerre inventée par Epéus, & propre à renverfer les murs, telle que celles auxquelles on donna dans la fuite le nom de Belier; ou,continue Paufanias, il faut croire que les Troyens étoient des infentés, qui n'avoient pas om bre de rafon. Il ne rette aucun veftige afluré de cette ancienne ville; on voit à la vérité, dans le quartier où elle étoit, des ruines confidérables; mais, quoi qu'en difent certains voyageurs, ce font plurêt les ruines de la nouvelle Troye, que celles de l'ancienne. On y trouve quantité de colonnes de marbres rompues, & une partie des murailles & des fondemens le long de la côte. Il n'y a rien d'entier ; ce qui eft le moins ruiné fe trouve fur le bord de la mer. Un peu plus loin on voit le ballin du port, avec une grande & épaille muraille für la côte : elle étoit, fans doute, ornée de plufleurs colonnes de marbre qui font à préfent toutes britées fur la terre, & dont les pieds, qui reftent autour, font juger que le circuit du port étoit d'environ quinze cents pas. L'entrée de ce port eft aujourd'hui bouchée de fable, & il n'y rette presque pas d'eau. On ne fauroit dire que ce foit le port de l'ancienne Troye, ni que les antiquités que l'on voit foient de plus vieille date que le tems des Romains. Belon & Pietro della Valle allurent avec beaucoup de confiance, que ce font les ruines de la fameufe Troye; mais c'eft l'Ilium moderne qu'Alexandre le Grand commença à bâtir & que Lyfimaque acheva & appella Alexandrie, & qui fuc enfuite une colonie des Romains. * Wheler, Voyage du Levant, tom. 1, p. 118. Spon, Voyage du Levant, t. I, p. 118. Un peu au-delà du port on trouve divers tombeaux de marbre, avec la tête d'Apollon fur quelques-uns, & fur d'autres des boucliers fans aucune inscription. Spon a remarqué que ces tombeaux font de la même forme que ceux des Romains qui font en France, dans la ville d'Arles, ce qui fait juger que ce ne font pas les tombeaux des premiers Troyens, comme Pietro della Valle fe l'eft imaginé. Un peu plus au midi du port, il y a deux colonnes couchées par terre; elles ont chacune trente pieds de long; une troiliéme en a trente-cinq; celle-ci, qui eft rompue en trois morceaux, eft de marbre granite d'Egypte, & a un diametre de quatre pieds neuf pouces. Le grand feigneur (Mahomet IV) fit enlever de ce lieu une grande quantité de colommes pour la fabrique de la mosquée neuve de la fultane mere. En allant encore plus le long de la côte, on trouve les débris d'un aqueduc qui conduifoit l'eau au port. A quelque distance de-là eft un canal ou fossé, long, étroit & pro. fond, fait apparemment pour laiffer entrer la mer, afin que les vailleaux allaflent jusqu'à la ville; mais il est aujourd'hui à fec. Droit au deffus, un peu à la droite, on voit d'autres mafures très-confidérables qui découvrent la grandeur de la ville. Il y a un théâtre, des fondemens de temples & de palais, avec des arcades autour, & des voûtes fous terre. On y trouve encore debout une partie d'un petit temple rond, qui a une corniche de marbre au dedans. Tout proche font trois carreaux de marbre faits en façon d'autel ou de piédeftal, avec des inscriptions qui ne different que dans les derniers caractères, comme v1C. VII. VIC. VIII. & vic. ix. Il fuffit de rapporter l'une des trois. valerie des Scubuli. La derniere ligne de chacune de ces inscriptions n'eft pas aifée à expliquer.Spon a cru pourtant que VIC. VII. VIC. VIII. & VIC. 1x. fignifioient VICUS SEPTIMUS, VICUS OCTAVUS & VICUS NONUS, c'est-à-dire, la feptiéme, la buitiéme & la neuviéme rue où ces ftatues avoient été placées, à l'imitation des rues de Rome." Troye, colonie des Romains, fondée par Augufte, & qui en avoit pris le nom de Colonia Augufti Troas, avoit apparemment fes quartiers & fes tribus, comme la ville de Rome. Selon les apparences, le quartier le plus habité de la ville étoit fur le plus haut d'une colline que l'on monte infenfiblement depuis le rivage, environ à deux milles de la mer. On voit en cet endroit quantité de mafures, de temples de voûtes & un théâtre, mais particulierement trois arcades & des pans de murailles qui reftent d'un bâtiment fuperbe, dont la fituation avantageufe & l'étendue font connoître que c'étoit le palais le plus confidérable de la ville. Je ne crois pas, dit Spon, comme le difent ceux des environs de Troye, que c'étoit le château de Priam; car je ne le tiens pas plus ancien que le tems des premiers empereurs romains. Ce bâtiment étoit presque tout de marbre, & les murailles ont douze pieds d'épaiffeur. Au-devant de ces arcades, qui paroiffent avoir foutenu une voûte, il y a une fi prodigieufe quantité de quartiers de marbre entallés les uns fur les autres, qu'on peut aifément juger par-là de la hauteur & de la beauté de ce palais. Le terroir des environs de Troye eft inculte, à la réferve de quelques endroits où il croît du coton. Le refte n'eft que broflailles, ronces, épines & chênes verds, & on peut dire aujourd'hui ce que Lucain difoit de fon tems: Jam fylva fteriles & putres robore trunci On y trouve des lievres, des cailles & des perdrix en abondance. On y voit aufli un oiseau de la groffeur de la grive, ayant la tête & la gorge d'un jaune éclatant, le dos & les aîles d'un verd gai, comme un verdrier, le bec & la tête comme la grive, & auffi gras que les ortolans en France. On y trouve encore un autre oifeau à peu près de même groffeur; mais il eft fait comme un héron, & tacheté comme un épervier, avec un long bec, de longues jambes, des griffes & une créte de longues plumes fur la tête. TROYEN t'HUYS VAN TROYEN, c'est-à-dire, la maifon de Troyen. Stokius, ad ann. 1300, donne ce nom à un château de la province de Zéelandes fans dire dans quelle ifle de cette province il étoit. Stokius ajoute que les ennemis abandonnerent ce château à l'arrivée du fils de Jean de Hanau, comte de Hollande. * Alting. Not. Germ. inf. part. II. p. 185. TROYES, Tricaffium, ville de France, dans la Champagne, la capitale & le plus ancien titre des comtes de Champagne, & qui eft eftimée encore aujourd'hui la premiere ville de la province, quoiqu'elle n'ait à préfent aucune prérogative au-deffus de plufieurs autres villes. Elle a pris fon nom des peuples Celtes Tricaffes ou Trecaffes, que Célar n'a point connus, mais qu'Augufte a dû établir en corps de peuple ou de cité, puisque c'eft lui qui eft le fondateur de leur principale place qu'il appella Auguftomana ou Auguftolona, nom qui a été en ufage jusqu'au cinquiéme fiécle. Pline fait mention des Tricalles parmi les Celtes, fans nommer leur ville Auguftobona, que Ptolomée a marquées en quoi il a été fuivi des autres anciens jusqu'à l'an 450, après quoi le nom du peuple a prévalu comme ailleurs, & a été corrompu dans le fixieme fié. cle de Tricaffes en Treca; ce qui fe voit, parce que Grégoire de Tours emploie l'un & l'autre ; & les écrivains qui font venus après lui appellent toujours Troyes Treca. Durant la diffipation de l'empire romain, cette ville paffa au pouvoir des François, & après la divifion de la France en Auftrafie & Neuftrie, Troyes fut de la Neuftrie; enforte que les rois de la Neuftrie en ont toujours eu la propriété ou la fouveraineté. Lorsqu'on inftitua une quatrième Lyonnoife, fur le déclin de l'empire romain, la ville de Troyes fut mife fous cetre province; de forte que les évêques de Troyes ont toujours, jusqu'à préfent, reconnu celui de Sens pour leur métropolitain. Longuerue, Description de la France, métropolitain. * I part. p. 32. La ville de Troyes eft fituée fur la riviere de Seine, & environnée de belle & grandes prairies, entrecoupées de canaux, que le comte Henri I fit tirer de la riviere : ces canaux, outre l'utilité qu'en reçoivent les ouvriers de différens métiers & manufactures qui font en cette ville, ne contribuent pas peu à en rendre la fituation agréable. C'étoit autrefois une des principales & des plus riches villes du royaume, à caufe du grand commerce qu'elle avoit avec les étrangers, particulierement les Allemands. Le roi y eft feul feigneur, comme étoient autrefois les comtes de Champagne. Le nom de Troye eft en latin Tricaffium ou Treces, comme qui diroit Tres Arces, trois Châteaux ; en effet, on y voit encore les reftes de ces trois châteaux, dont le plus confidérable fubfifte en partie, & il ne refte presque que les ruines des deux autres. Le premier étoit le lieu le plus ordinaire de la réfidence des comtes, & fert aujourd'hui de palais où l'on rend la justice. L'églife de faint Etienne, qui joint ce palais, en étoit la fainte chapelle, ainfi qu'il eft énoncé dans la bulle du pape Alexandre III, qui révoque les priviléges de cette églife. Il y a, derriere, un hôpital appellé l'Hôtel-Dieu-leComte, qui faifoit partie de ce château, où l'on voit encore une motte de terre affez élevée, d'où les comtes pouvoient voir au-deffus de tous les bâtimens de la ville. Ils ne permettoient à perfonne d'en élever de plus hauts que cette motte, que pour des fommes confidérables : ce qui a fait dire que ces princes vendoient l'air. Le fecond de ces châteaux eft presqu'entierement abattu, & on n'y voit plus que les reftes d'une tour, & quelques murailles, qui font un cercle derriere le couvent des cordeliers, & la prifon qui faifoit autrefois partie de ce château ; fur quoi on peut faire cette remarque, que s'il y avoit de belles prifons, celle ci tiendroit fans doute un rang confidéra➡ ble parmi elles. On voycit encore, dans l'une de ces chambres, une très-ancienne cheminée, qui a été détruite depuis peu, fur laquelle il y avoit pour armes, dans un écuflon à l'antique, trois crapauds, fur quoi les curieux & les critiques feront elles obfervations qu'il leur plaira. L'églife de faint Blaife, que l'on nommoit autrefois faint Jean-le-Châtel, fervoit à ce château de chapelle : elle étoit deflervie par des bénédictins. Le troifiéme château étoit entre l'églife de faint Nicolas au Marché & la porte de Belfroy, aujourd'hui la place de la Vicomté. Ce fut dans ce château que, vers l'an 878, Louis le Bégue, roi de France, régala le pape Jean VIII, après avoir reçu do fa main la couronne impériale, dans un fynode tenu dans l'églife de Troyes, où le trouverent la plus grande partie des évêques de France. L'églife de faint Nicolas s'appelloit, en ce tems, fanctus Nicolaus in Caftro, parce qu'elle fervoit de chapelle à ce troifiéme chateau. Il fut ruiné par un incendie en 1524. Les jardins des comtes de Champagne étoient grands & bien ornés.* Baugier, Mém. hift. de Champagne, t. 1, p. 239 & fuiv. Les murailles de Troyes font affez bonnes, & de grande étendue, mais mal entretenues. Cette ville n'eft environnée d'aucune montagne, l'air y eft bon. Son terroir produit toutes fortes de grains, des vins, des fruits en abondance, & toutes les chofes néceffaires à la vie ; mais elle manque de bonne eau, & celle dont ufent les habitans caufe les écrouelles. Ceux qui font un peu aifés en font apporter de la Seine. L'utilité du public demande roit qu'on y fit des fontaines. La fource d'eau vive, qui forme le ruiffeau nommé la Vienne, ferdit d'un grand fecours pour cette entreprise.. Les fept pairs de Champagne avoient leurs hôtels à Troyes, où ils logeoient, lorsque les comtes tenoient leurs états, ou qu'ils venoient lui faire leur cour. Cette ville a donné la naiffance au pape Urbain IV, qui fut baptifé dans l'églife de Notre-Dame-aux-Nonains. Il étoit fils d'un cordonnier nommé Jacques Pantaléon, qui fut inhumé dans la même églife, & fa mere dans celle de Notre-Dame-des-Prés, ordre de cîteaux. Lui-même a reconnu la baffeffe de fon extraction dans une lettre qu'il écrivit, à fon avénement au fouverain pontificat, à l'abe beffe de Notre-Dame de Troyes, où il dit que la provi dence l'a tiré de la pouffiere, pour l'élever au plus haut degré d'honneur où un homme puiffe monter. On voyoit Tome V. SS f f f f ci-devant, fur le tapis de la chaire du prédicateur, en l'égli fe de faint Urbain, qu'il a fait bâtir, les marques de fa naiffance. Ce tapis repréfentoit un cordonnier travaillant de fon métier; mais on l'a fupprimé. On ne fouffre à Troyes aucun hérétique; l'un de fes évêques nommé Antoine Caraccioli, de la maifon des princes de Melphe en Italie, y ayant prêché la doctrine de Luther, les habitans le chafferent de la ville, & aucun hérétique ne s'y eft depuis préfenté pour y faire la de meure. Après que Louis XIV eut interdit l'exercice de la religion proteftante dans fon royaume, cette ville lui fir ériger une statue qu'on voit au-dessus de la porte de l'hôtel de ville. La victoire y paroît, avec plufieurs couronnes de laurier, qu'elle met fur la tête du héros : on remarque, aux pieds de la ftatue, une hydre terraffée, qui eft le fymbole de l'héréfe, & on lit ces quatre vers gravés fur un marbre. Ille eft quem totis ambit Victoria pennis Il y a dans cette ville une fingularité remarquable, & qui paroîtra fabuleuse à ceux qui n'ont point été à Troyes, ou qui n'y ont point fait d'attention : elle eft néanmoins très-certaine ; c'eft qu'il n'entre point de mouches dans la boucherie, quoiqu'elle foit fort grande, & qu'aux environs de ce lieu, il y en ait, dans la faifon, une très grande quantité. Quelques-uns attribuent cette merveille à un talisman, d'autres aux prieres de l'évêque faint Loup. Ce fut à Troyes que fe fit le mariage de Catherine de France avec Henri V, roi d'Angleterre. L'évêché de Troyes eft borné au feptentrion par les diocèfes de Châlons & de Soiffons, au midi par ceux de Langres & de Sens, au levant par ceux de Châlons & de Langres, & au couchant par l'archevêché de Sens, dont il eft fuffragant. Il a vingtcinq lieues de long, fur vingt-deux de large, dans fa plus grande étendue. Il eft compofé de trois cents foixantedouze paroifles, & de quatre-vingt-dix-huit annexes, divifé en huit doyennés, fous cinq archidiacres. Outre la ville de Troyes, qui eft la principale, les autres lieux les plus confidérables de ce diocèfe, font: Parmi le grand nombre d'évêques qui ont gouverné ce diocèfe, on compte dix-huit faints. Cet évêché ne vaut que huit mille livres de revenu; l'églife cathédrale eft dédiée à faint Pierre; fon chapitre eft compofé de huit dignités : le doyen, le chantre, le fous-chantre, qui eft nommé par le chantre, cinq archidiacres, & trente fept chanoines. Il y a encore quatre autres chanoines, dits de la chapelle Notre-Dame, dont les prébendes ne valent pas plus de deux cents cinquante livres par an, & qui, outre l'affiftance qu'ils doivent à l'office de cette églife, font encore obligés de dire tous les jours une meile de la Vierge, dans la chapelle qui lui eft confacrée. Les autres canonicats font à la collation du roi & de l'évêque alternativement, & font environ de fix cents livres chacun. Le titulaire du prieuré de faint George, dont le revenu eft de douze cents livres, dépendant de l'abbé de faint Quentin de Beauvais, a féance, du jour de fa réception, avec les chanoines de cette églife; mais il n'a point de voix au chapitre. Il y a encore, dans faint Pierre, deux marguilliers prêtres, qui ont la charge du tréfor des reliques, qui font confidérables, & qui ont été apportées de Conftantinople au retour de la croifade de 1204; mais les reliquaires ont été vendus pour aider à payer la rançon des rois Jean & François I. En l'an 878, le pape Jean VIII y couronna le toi Louis le Bégue, & y tint un concile, où fe trouverent presque tous les prélats des Gaules. Les chanoines de cette églife ont vécu en commun avec leur évêque, depuis faint Alderal, & le bienheureux Manafsès, quarante-feptiéme évêque de Troyes, environ l'an 98; ou 993, jusqu'au pontificat de Philippe, cinquante-quatrième évêque de Troyes, avec lequel ils firent menfe à part, ce qui dura environ cent ans, cet évêque ayant commencé fon pontificat en 1081. Néanmoins, pour conferver une idée de cette vie commune, l'évêque traitoit les chanoines quatre fois l'an; à Pâques, à la Pentecôte, à la Touslaints & à Noët; mais cet ufage eft fini, moyennant la fomme de dix livres que l'évêque donne tous les ans au chapitre. Environ l'an 870, fous le regne de Charles le Chauve, cette églife, étant tombée en ruine, fut rebâtie; & en 1167, on fupprima la dignité de prévôt, qui étoit la premiere.* Baugier, Mém. hift. de Champagne, tom. 1, p. 186 & fuiv. Troyes fut brûlée par un accident le 19 juillet 1188. L'églife de faint Pierre étoit couverte de plomb. L'église de faint Etienne, que le comte Henri avoit fait bâtir, eut le même fort, avec tous les ornemens & vaiffeaux d'or & d'argent : cette perte fut ineftimable. Le choeur fut rétabli en 1208, & en 1227 un vent impétueux le renverfa par terre. Le pape Grégoire IX, par fa bulle du 10 septembre 1229, donnée à Péroufe, invita tous les chrétiens de contribuer à fa réparation. Après qu'elle eut été réparée, de grands vents & tourbillons jetterent en bas le clocher, qui étoit fort élevé & beau, ce qui endommagea beaucoup cette églife. Cet accident arriva le mercredi avant l'Alfomption 1365. Cette église n'a été enfin rebâtie, en l'état où elle eft aujourd'hui, que fous le regne de François I. C'eft un vaiffeau des plus grands, des plus éclairés & des plus beaux qui foient en France : fon portail eft d'un fort beau deffein ; mais on a laiflé imparfaite la tour du côté gauche de ce portail. On y conserve plufieurs reliques confiderables, dont les principales font, un morceau de la vraie croix, de dix pouces de longueur; un ballin dont on prétend que Jefus Chrift fe fervit pour laver les pieds à fes apôtres; le crâne de faint Philippe apôtre, au-deflus duquel eft la couronne d'or d'Henri le Libéral, comte de Champagne; un reliquaire d'or, dans lequel eft un des pieds de fainte Marguerite, en chair & en os, trèspalpable, avec plufieurs corps de faints. L'églife collégiale de faint Etienne étoit autrefois deffervie par dix dignités & cent chanoines, dont il n'en refte plus que cinquantefept, qui font à la collation du roi : ainfi que huit des dignités de cette églife, le doyen en étant excepté, parce qu'il eft électif, & doit être confirmé par l'évêque de Troyes; les autres dignités font, le prévôt, le foudoyen, le tréforier, le chantre, le célerier, le chevecier & le fcholaftique toutes ces dignités ont chacune le double d'un chanoine, excepté le tréforier & le chevecier, qui ont davantage; les canonicats peuvent avoir environ cinq cents livres de trente. Ce chapitre eft de la jurisdiction de l'archevêque de Sens. En une vitre de cette église est écrit : L'an de grace mille neuf vingt ans, Le titre de fondation de ces chanoines est de l'an 1157 par Henri I du nom, comte de Champagne ; ils vivoient en commun, & chansoient les matines la nuit. Ce comte affiftoit fouvent à l'office, & portoit fa gibeciere de ve lours rouge & fa toque de même étoffe, couverte de pierreries que l'on voit encore dans le tréfor de cette églife. Son tombeau eft le plus proche de l'aigle dans le chœur. Ila fix pieds de longueur, & deux & demi de largeur. La bafe, qui eft pofée sur un piédestal, eft garnie de cuivre, ornée de feuillages, & enrichie de plufieurs piéces très-riches & parfaitement émaillées, dont les deffeins font tout différens. On voit, au pied de ce tombeau, celui de Thibault III, comte de Champagne; fa femme Blanche de Navarre le fit élever, il eft de même hauteur, longueur & largeur que le précédent, & fur le même piédestal; mais il eft plus beau, & enrichi d'un grand nombre de pierreries, d'émaux rares & de plufieurs figures d'argent qui repréfentent la famille des comtes de Champagne. Le jubé de cette église eft eftimé des connoiffeurs. On y remarque quatre figures d'un travail exquis: & il y a peu de tréfors en France qui approchent de la richelle & de la beauté de celui qu'on admire dans cette églife. L'église collégiale de faint Urbain, qui dépend immé 5567 724, diatement du faint fiége, eft fondée par le pape Urbain IV, & bâtie au même endroit où ce pontife prit naiffance: elle fut achevée par le cardinal de fainte Praxède, fon neveu, & confacrée en l'an 1389, par Pierre d'Arcies, foixante-quatorziéme évêque de Troyes. Son chapitre eft composé d'un doyen, d'un tréforier, d'un chantre & de neuf chanoines, dont les prébendes ne valent pas à préfent plus de cent cinquante livres chacune. Le doyen, qui eft électif, & qui doit être confirmé par le pape, a le double, & les deux autres dignités ont chacune une prébende & demie: elles font à la collation du roi & du doyen alternativement. Il y a auffi quatre chapelains de Notre-Dame & de faint Nicolas, pour faire l'office, & faire l'office, & d'autres chapelains, qui font nommés par le doyen seul. La ville de Troyes a quatorze paroiffes, deux abbayes d'hommes & une de filles. L'abbaye de faint Loup, de l'ordre de faint Auguftin, étoit en réputation dès l'année 690, & avoit alors pour abbé Theudecaire. Le 26 mai l'églife fut confacrée en l'honneur de la Vierge. En 870, Charles le Chauve y donna plufieurs biens, & la fit rebâtir. Suivant le fentiment de l'abbé Guitere, qui vivoit l'an 1154, cette abbaye étoit au fauxbourg de Troyes, où eft maintenant faint Martin ès Aires, laquelle ayant été ruinée par les Normands en 892, les religieux fe retirerent dans la ville, où ils font à préfent, & y apporterent le corps de faint Loup. On appelloit alors l'églife, qui n'étoit qu'une chapelle, Notre-Dame de la Cité, Maria de Civitate. Cette abbaye a été autrefois deffervie par un collége de chanoines régis par un prévôt. Le 29 de novem bre 1135, cette abbaye prit la régle de faint Auguftin, par la conduite d'Hatton, cinquante - fixiéme évêque de Troyes, & de faint Bernard, & par l'autorité de Thibault II du nom, comte de Champagne, qui, charmé de la vie exemplaire des religieux de faint Martin ès Aires, & prenant occafion de ce que le fervice divin languiffoit dans l'abbaye de faint Loup, y établit cette régle, par l'avis de plufieurs prélats & de faint Bernard, du confentement des chanoines, avec cette condition, qu'ils ne fortiroient point de leur églife, qu'ils y refteroient pendant leur vie, qu'arrivant le décès de l'un d'eux, fa place feroit remplie par un régulier de faint Auguftin : ce qui fut accordé. Il y eut point d'abbé établi d'abord; mais Guillaume, abbé de faint Martin, gouverna cette maison pendant dix-huit mois, après lesquels le pape Innocent II, à la priere de Thibault, comte de Champagne, écrivit à cet abbé Guillaume de continuer à gouverner les chanoines de faint Loup, & qu'en la place de ceux qui viendroient à mourir, il n'y mît que des réguliers ; & que fi cette abbaye venoit à perdre fa discipline réguliere, elle feroit réformée par celle de faint Martin, & respectivement celle de faint Martin par l'abbaye de faint Loup; & que fi la régularité venoit à manquer à toutes les deux, les abbés de Clairvaux & de Pontigny les réformeroient: c'est ce qui fe lit en la bulle de ce pape de l'an 1136. Le 12 juin 1137, on fit Gerard, prieur de faint Martin, abbé de faint Loup. En 1153 ou 1163, Henri I du nom, comte de Champagne, donna plufieurs biens à cette abbaye, avec une prébende de l'églife de faint Etienne, & un livre des évangiles, couvert de lames d'argent & de pierreries, dans lequel cette donatio eft écrite, avec défenfe de le vendre pour quelque caufe que ce foit. On voit, dans ce même livre, le portrait d'Henri, fils de ce comte, qui eft repréfenté fort jeune, afin de conferver la mémoire de la naiffance de ce prince, arrivée le jour de faint Loup, & du don fait, par le comte fon pere, en action de graces de la naiffance de ce prince. En 1184, le comte Henri II du nom, confirma les donations que ses prédéceffeurs avoient faites à cette abbaye, lui donna encore de nouveaux biens, & lui accorda de nouveaux droits. L'église de faint Loup ett en forme de croix, & tous les croiffants font de même forme & grandeur ; fon autel eft fuperbe & magnifique. On prétend que le reliquaire, en forme de chef, qui renferme la tête de faint Loup vaut plus de deux cents mille livres ; on y admire les figures de l'autel de faint Auguftin & de fainte Monique, & le tombeau de Nicolas Fréjot, abbé régulier de cette maifon. Cette abbaye vaut fix mille livres de rente à l'abbé, & trois mille livres aux religieux, qui font au nombre de huit, y compris deux religieux de l'abbaye de Chante-Merle, dont le monastère fit fupprimé en 1690. Il a été uni à la menfe conventuelle de l'abbaye de faint Loup, à condition de recevoir deux religieux qui porteroient le nom de religieux de Chante - Merle, pour lesquels l'abbé de ce lieu doit donner, aux religieux de faint Loup, fept cents livres par chacune année. Cette abbaye de Chante-Merle étoit dans un bourg fermé de murailles, entre Ville-Noce & Barbonne; elle étoit autrefois fort belle & fort agréable. Ces deux abbayes ont toujours eu entr'elles une alliance fpirituelle, comme il fe voit dans le livre des obits de l'abbaye de faint Loup. L'abbaye de faint Martin ès Aires, en latin in Areis, eft de l'ordre de faint Auguftin. En 427, faint Loup fut enterré dans une chapelle baffe & obscure de l'églife de cette abbaye, dite de faint Vorle. On prétend que ce faint, qui fut le huitième évêque de Troyes, fit bâtir cette ab baye en 523. Elle étoit, en ce tems, hors de la ville, depuis, ayant été renfermée dans fon enceinte, on la nomma Notre-Dame de la Cité, enfuite faint Martin ès Aires, qui eft le nom qu'elle porte aujourd'hui. & Elle fut ruinée par les Normands en 892. Cette abbaye vaut deux mille livres de rente à l'abbé aux religieux, au nombre de quatre, douze cents livres. On voit dans l'églife de faint Nicolas un fépulcre de Notre-Seigneur; il eft d'un beau travail, & fait avec toutes les dimenfions de celui de Jerufalem. Les vitres de l'églife de faint Pantaleon font très-belles & d'un grand prix, ainfi que les tableaux & les figures dont elle eft remplie. L'abbaye de filles, fous le titre de Notre-Dame, est de l'ordre de faint Benoît; on croit qu'elle a été fondée environ l'an 681 par faint Leuçon, dix-huitième évêque de Troyes, qui y mit des femmes & des filles idolâtres qu'il avoit converties a la foi. Il paroît par une chartre de l'an 1185, donnée par Gertrude, abbeffe de ce monaftère, en faveur des chanoines de faint Nicolas de Sezanne, qu'il y avoit alors dans cette abbaye, outre les religieufes, des chanoines, des convers ou oblats qui portoient l'habit de religieux & des fervans de la maison; qu'il y avoit auffi un prévôt qui rendoit la juftice, & deux évangéliftes qui y chantoient l'évangile. Il y a à préfent dans ce monaftère, outre l'abbeffe, quarante religieuses, dont le revenu eft de dix mille livres. Les chevaliers de Malthe ont dans cette ville une commanderie, dont le revenu eft de douze mille livres. Il y a en outre, dans cette ville, un prieuré de faint Quentin, de l'ordre de faint Benoît, qui vaut fept cents livres de rente. Un féminaire dans l'un des tauxbourgs pour l'instruction des jeunes eccléfiaftiques, gouverné par les prêtres de la miffion; fon revenu eft de quarante-cinq mille livres, dont trois mille s'impofent fur le clergé de Troyes. François Bouthilier, ancien évêque de Troyes, a fait bâtir à ses dépens un autre petit féminaire pour y élever de jeunes gens qui marquent avoir de l'inclination pour l'état eccléfiaftique, & qui n'ont pas le moyen d'étudier à leurs dépens. Ce prélat a obtenu la permiffion du roi de faire cet établis fement en 1695. Une maifon des prêtres de l'oratoire de Jefus, au nombre de fept ou huit, qui arriverent à Troyes le 27 février 1618, ils furent logés pendant quelques jours dans l'évêché, & enfuite dans une maifon acquife en leur nom le 4 novembre 1619. Ils entrerent dans l'hôpital du faint Esprit qu'ils eurent par échange d'une prébende de faint Honoré de Paris. Cet hopital fut uni à leur congrégation du confentement du grand aumônier de France & des habitans de la ville. Cette maison n'a que fept cents livres de revenu, outre les penfions que payent ceux qui y demeurent. Ces peres de l'oratoire enfeignent les humanités, la philofophie & la théologie dans un collége fondé en partie par M. de Pithou. Il y a encore dans Troyes, un couvent de dominicains où il y a douze religieux; ils ont été établis par Thibault IV du nom, comte de Champagne, qui leur donna la maifon de Guy de Chappes, fituée auprès de fon verger de Troyes. La chartre eft datée du mois de juin 1232. En l'année 1237, Agnès, dame de Plancy, donna à ces religieux, du confentement de les enfans, fa maison qui étoit proche de leur couvent. Le roi Philippe le Long leur donna un foffé venant de la Seine, proche de leur maifon, & quelques maifons de tanneurs. Le titre de cette donation est Tome V. S$ ffff ij |