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infinité de colonnes, fur lesquelles on avoit appliqué plusieurs emblêmes en caractères chinois. A quelque distance de là étoit une table en forme d'autel, couverte d'or, & parsemée de diverses fleurs, accompagnées de parfums exquis qui brûloient incessamment. On avoit élevé sur cette table un trône impérial, fait d'or pur & d'yvoire. Le manteau royal fait d'un ouvrage extrêmement curieux, y paroifsoit étendu jusque sur le plancher, & la couronne étoit deflus.

Toutes ces choses étant disposées de la forte, trente mille hommes en habit de deuil sortirent du palais du prince, cinq à cinq, la nuit du 29 de décembre, & marcherent en cet ordre, les uns avec le mousqueton, les autres avec la lante sur l'épaule. Lorsqu'ils furent arrivés à la nouvelle ville, ils se diviserent en autant d'escadrons qu'il en fut besoin pour l'inveftir ; & fi-tôt que le jour parut, le prince avec les quatre freres, après avoir été reçu sous vingt-quatre dais de riches étoffes d'or & de foie, passa sur un pont qui s'étendoit depuis le palais jusqu'à la plage de l'isle. Tous les mandarins de la famille royale, tous les eunuques, les reines & les dames du palais, avec une escorte de quatre mille foldats des gardes, ayant tous des espadons dont les poignées étoient d'argent, accompagnerent le prince & fes freres. Il n'eut pas plutôt cominencé à s'approcher de la principale tour, que ses freres & fes mandarins se retirerent par respect, formant comme deux aîles en demi-cercle pour lui ouvrir le passage. Le prince s'étant avancé au milieu des gardes, tous dans un profond filence, alla heurter à la porte, pendant qu'un jeune homme disoit, en chantant d'une façon triste, au seigneur de cette tour, qu'il supposoit y être enfermé, que le bruit couroit qu'un roi très-puislant ayant quitté cette vie pour aller jouir de l'immortalité en l'autre, étoit comme folitaire dans un pays étranger, sans soldats qui le gardaffent, fans chevaux, ni éléphans pour se défendre, fans équipages pour garder son rang, & fans palais où il pût se retirer; que la réputation de ce superbe édifice les avoit attirés pour en traiter, & que s'il vouloit confentir à s'en défaire, on étoit prêt à lui donner tout ce qu'il demanderoit. La chanson finie, celui qui étoit dans cette tour, répondit : Que la ville ayant été bâtie pour le grand roi dont on lui parloit, il consentoit qu'elle fût vendue, si les trois autres qui y demeuroient avec lui, en vouloient tomber d'accord. Alors le prince & fes freres se rendirent aux trois autres portes, qui étoient à l'orient, au midi & au couchant, & les mêmes cérémonies ayant été observées, on remit la place au pouvoir du prince, qui se rendit au palais au bruit du canon & de la mousqueterie. La grande porte de la cour lui ayant été ouverte, il entra dans la sale des cérémonies où l'on devoit faire les obfeques, & où ayant pris place au milieu de deux de ses conseillers, il entendit la lecture que l'on y fit de la vie & des grandes actions du feu roi son pere; pendant ce tems il se tenoit à genoux. Le prince & ses freres s'étant acquittés de tous leurs devoir de piété envers le feu roi, aux fanfares des trompettes & au bruit confus des tambours, des fifres & des bassins, les mandarins du sang, au nombre de quatre mille, couchés par terre, & accompagnés de fix cents autres mandarins qualifiés, s'acquitterent à leur tour, de leurs devoirs : le prince ne put rentrer en son palais qu'entr 'entre une heure & deux après midi, à cause des ambassadeurs des rois de Bao, & de Ciuanghe & d'Ava, qui, avec de riches présens d'or, d'argent & de cire, lui vinrent faire des complimens de condoléance de la part de leurs maîtres, comme tributaires du feu roi. On mit ensuite le feu à cette ville, parce que les Tunquinois sont persuadés qu'on ne reftitue en cette vie que ce qui a été réduit en cendres. Le prince distribua aux soldats qui étoient sous les armes, une partie de l'or, de l'argent & des étoffes précienses que le feu ne put détruire; il donna l'autre à ses courtisans, & la troisiéme à de pauvres officiers. On tient que les frais de cette pompe funebre monterent à plus d'un million d'or.

La plus folemnelle des fêtes qu'observent les Tunquinois, est celle qu'ils nomment de la nouvelle année. Sur le soir du dernier jour qui finit la précédente, chacun plante devant sa maison une longue perche, au haut de laquelle ils attachent un petit papier qu'ils ornent tout à l'entour de papier doré, perfuadés que ce papier aura la vertu d'éloigner les démons de leurs maisons. Après minuit, lorsque la nouvelle année commence, ilssont obligés d'ouvrir leurs portes, sans quoi ils croiroient insulter les morts, qui, disent-ils,

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retournent dans ce tems-là dans les maisons; on leur prépare des lits, & on couvre le plancher d'une belle natte de jonc. Alors comme il leur paroît que les morts sont long-tems à venir, ils supposent qu'ils font arrivés invisiblement, ce qui les oblige à leur en marquer leur joie; pour cela ils allument des cierges sur un autel qu'ils ont chez eux; ils y brûlent des pastilles & leur font de profondes révérences, les priant de se souvenir d'eux dans cette nouvelle année, & de leur obtenir de leurs dieux les forces, la santé & une longue vie accompagnée de prospérité. Les trois jours suivans on ne nettoie point la maison, quelque sale qu'elle soit, de peur d'élever de la poussiere dans un lieu où leurs morts font leur féjour. Pour voir quelque chose de plus curieux, il faut être à la cour en ce tems-là; on y entend des quatre coins de la ville & des lieux voisins, la décharge de trois piéces de canon dès le matin du premier jour de l'année. A ce bruit le roi va se laver dans de l'eau fraîche, & se rend vêtu d'un habit superbe dans la fale d'audience, où il se place fur fon trône. Chacun, selon son rang, lui vient souhaiter une heureuse année; il va ensuite dans des chambres reculées où la reine, sa principale femme, accompagnée des autres, vient à genoux lui faire ses complimens; cela est suivi des sacrifices qu'il offre en pleine campagne avec ses gardes & toute sa cour. Un des principaux sacrifices consiste en une tasse de vin qu'il présente aux dieux avec beaucoup de refpect, & qu'il boit ensuite. En même tems les mandarins de lettres lisent dans des livres remplis de prieres superstitieuses, pour demander qu'en chacune des quatre saisons de l'année, le ciel daigne les favoriser de ses meilleures influences. Le roi fait aussi quelques oraisons en particulier, après lesquelles, comme s'il prenoit congé du ciel, il lui fait une profonde révérence; & afin que la terre n'ait pas sujet de se plaindre, il prend une charrue bien dorée qu'on lui met entre les mains. Après avoir fait quelques fillons, il la prie de se souvenir comme mere bienfaisante, d'être libérale à fon égard, & de porter à une grande récolte les semences qui lui feront confiées. Cependant le temple est rempli tout à l'entour de cierges & de flambeaux allumés, avec quantité de parfums très-agréables, contre la mauvaise odeur d'une infinité de papier doré que les bonzes réduisent en cendres, & qu'ils confiderent comme autant de cellules pour l'autre vie. Ce sont eux qui finissent les divertissemens du commencement de l'année par une nombreuse procefsion. Leur chef y assiste avec un habit modeste qui lui est particulier, & ordinairement d'une couleur noire, mais fort éclatante. Il est porté, la mitre en tête, dans un trône, sur les épaules de quelques-uns de ses domestiques, revêtus de ses livrées. Les bonzes le suivent vêtus de leurs plus beaux habits. La veille de cette procession, une troupe fort nombreuse de gens armés se rend dans une spacieuse plaine, où elle demeure jusqu'à la fin des sacrifices. On y éleve des autels en différens endroits, à l'honneur des anciens capitaines qui font morts pour la patrie ; & dès les matin du dernier jour de l'année, on y envoye tous les animaux qu'on a engraisses pour les immoler. Les bonzes suivent deux à deux, accompagnés des mandarins magnifiquement vêtus & montés sur des chevaux, ou sur des éléphans, avec le grand-prêtre, général des bonzes. Le roi assiste lui-même à cette cérémonie, & après quatre révérences qu'il fait aux ames des capitaines morts pour-la défense du pays, il prend un arc & cinq féches qu'il décoche contre les princes défunts de la famille de Miac, qui, autrefois, ufurperent la couronne; après quoi on commence à facrifier sur tous ces autels, qu'on parfume de différentes odeurs, à l'honneur de ces fameux capitaines, les conjurant de vouloir être leurs protecteurs, & de les défendre dans l'occasion. Ces prieres sont suivies du bruit de l'artillerie, après quoi la mousqueterie se fait entendre jusqu'à trois fois. Les autres mois de l'année ont aussi leurs fêtes, toutes accompagnées de festins.

TUNTOBRIGA, ville de l'Espagne Tarragonnoife. Ptolomée, 1.2, 6.6, la donne aux Callaïques Bracariens; & l'on croit que c'est aujourd'hui le village de Bargua de Regoa, dans la province de Tra-los-Montes en Portugal.

TUNTZDORF, beau bourg d'Allemagne, dans la Suabe, à une heure & demie de Geiflingen; la motié de ce lieu appartient à la famille de Rechberg, & l'autre moitié avec le château à celle de Wernau. * Zeyler, Topogr. Suev. p. 99.

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TUNUDENSIS. Voyez TUNUSUDENSIS. TUNUGABENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, selon la conférence de Carthage, no. 129, où Niventius est qualifié episcopus Tunugabenfis. Il n'avoit point d'adversaire donatifze. On ignore de quelle province étoit cet évêché.

TUNUSUDENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, selon la conférence de Carthage, no. 120, où Januarius est qualifié episcopus plebis Tunusudenfis. Dans un autre endroit de la même conférence de Carthage ancien manufcrit on lit Tunudenfis pour Tunusudensis, mais dans un autre endroit de la même conférence de Carthage, no. 121, Victorianus, évêque de ce siége, de la part des Donatistes, est appellé episcopus Tunusudenfis. Pline, 1.5,c. 4, place oppidum Thunudisense entre les places romaines en Afrique. C'est la même ville qui est appellée Thunusda par Ptolomée, & apparemment la même que la table de Peutinger nomme Thuna. Il y en a qui confondent cet évêché avec celui de la province proconfulaire appellé Timidenfis. C'est une erreur: Tunusudenfis & Timidensis sont deux fiéges différens.

TUNZA, petite riviere de la Turquie, dans la Romanie. Elle se décharge dans l'Archipel près de la ville d'Eno, du côté de l'orient. Tunza est le nom moderne du fleuve Tanarum des anciens. Voyez TÆNARUM.

TUOLA ou TUOLE, fleuve de l'ifle de Corse. Prolomée, 1.3,0.2, marque son embouchure sur la côte orientale de l'ifle, entre Tutela-Ara & la ville Mariana. C'est aujourd'hui le Golo.

TUPATA, ville d'Asie. Ortelius qui cite Siméon Sethi, dit que cette ville étoit plus orientale que Choraffe ou Cho

wasa.

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TUPAX, province de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement de Tlascala. De Laet, Description des Indes occidentales, 1.5, chap. 5, dit que cette province a pris son nom de la riviere de TUPAX ou TUKPA, qui, après l'avoir traversée, va se décharger dans le golfe du Mexique, vis-à-vis d'une ifle appellée de Lobos, à cause des loups marins qui y font. L'air de la province de Tupax est mal sain; ce qui vient de l'excessive chaleur, & de ce que la côte de la mer y est fort basse & fort plate. De l'ifle, au lieu de TUPAX écrit TUSPA; & c'est ainsi qu'écrit la carte qui accompagne dans de Laet, la description de cette province.

TUPHIUM, ville d'Egypte. Ptolomée, 1. 4;c. 5, la marque dans le nôme de Thebes.

TUPIGUAS, peuples sauvages de l'Amérique méridionale, au Brefil. Ils occupent dans les terres, selon de Laet, Description des Indes occidentales, 1. 15, ch.3, le pays qui s'étend depuis la capitainie de Saint-Vincent jusqu'à celle de Fernambuc. C'étoit anciennement une nation puissante; mais les guerres qu'elle a eues avec les Espagnols & avec les Portugais, l'ont fort diminuée. Les Apiapitanges, les Mariapigtanges & les Guaracayos font leurs voisins. Les Tupiguas ne font autre chose que la nation des Tupinaques. Voyez TUPINAQUES.

TUPINAMBAS, nation de l'Amérique méridionale, autrefois fort nombreuse, & dominante dans une bonne partie du Bréfil, d'où elle a été chaffée par les Portugais : elle s'étoit d'abord réfugiée dans une grande isle à l'embouchure de la riviere de Madere, & elle eft aujourd'hui ré duire à une poignée d'hommes sous le nom de Topayos, 'fur le bord d'une grande riviere, qui vient du Bréfil, & se décharge dans l'Amazone à plus de cent quatre-vingts lieues de la mer. C'est la même nation que l'on a mal à propos nommée en France Topinamboux. * De la Condamine, relation abrégée d'un voyage fait dans l'intérieur de l'Amérique. TUPINAQUES, peuples sauvages de l'Amérique méridionale au Brésil, dans la capitainie de Portofeguro. Ils font aujourd'hui réduits à un petit nombre. Les Tupinaques font apparemment les mêmes que les TUPINAQUINS, qui, selon de Laet, Description des Indes occidentales, 1.15, ch. 3, ont été s'établir depuis plusieurs fiécles le long des limites de Fernambuc. Ils étoient, dit-il, fort enclins autrefois à la vengeance, & épousoient plusieurs femmes; mais la plupart d'entr'eux ont embraslé le christianisme, & on dit qu'ils y persévérent. * De l'Ifle, Atlas.

TUPIS, nation errante du Brésil, aux environs du port de San Pedro, formé par l'embouchure de la grande riviere de Tebiqueri, laquelle se décharge sur la côte orien scale du Bréfil, par les 32d de latitude australe. Les Tupis

se disent chrétiens, mais ils ne font aucun exercice de cette religion, ils sont fort débordés & se sont joints aux Mamelus du Brésil, pour aller par-tout enlever des Indiens, & les vendre comme esclaves au Brésil & ailleurs. * Hift. du Paraguay du pere Charlevoix.

TUQUESME, vallée de l'Amérique méridionale, au Pérou, au gouvernement de Lima. On trouve cette vallée, dit de Laer, l. 10, c. 19, après celle de Motupe. Elle eit fort agréable & couverte d'arbres, & l'on y voyoit autrefois plusieurs villages, dont les masures paroissent encore. De cette vallée à celle de Cinto, il n'y a que pour une journée de chemin; mais il est fort difficile, parce que ce ne font que mottes de sable & pierres séches, fans arbres, sans herbes & sans aucuns animaux. Ainsi c'est un pur désert, où il est fort aisé de s'égarer quand on y marche sans guide.

TURA, riviere de Sibérie, dans l'empire russien. Elle a sa source dans cette partie du mont Caucase, qui sépare la Sibérie de la Russie, à 59d 30 de latitude, au nord du royaume de Casan, & courant de-là à l'est-fud-est, elle va se joindre à la riviere de Tobol, à 57d 40 de latitude, à quelque distance de la ville de Tumcen; cette riviere est fort poissonneuse, & ses rives sont très-agréables & abondent en toutes fortes de gibier. C'est des environs de la riviere de Tura que viennent les plus beaux petits gris de toute la Sibérie; aussi n'est-il pas permis aux habitans du pays de les vendre à d'autres qu'aux commis du trésor de la Sibérie. Tout le pays aux environs de cette riviere, depuis les susdites montagnes jusqu'à la riviere d'Irtis, en tirant du côté de Samareff, est habité par une nation que les Russes appellent Wogulitzi. On prétend communément que cette nation est une branche des Tartares; mais comme les Wogulitzes sont païens & des plus groffiers, & que tous les autres Tartares qui habitent de ce côté, soit dans la Sibérie, soit dans les royaumes de Casan & d'Astracan, font profession du culte mahométan, on les peut plutôt compter parmi les peuples païens de la Sibérie, que parmi les peuples qu'on appelle présentement Tartares.* Histoire générale des Tatars, p. 365.

TURANIANA, ville d'Espagne, selon l'itinéraire d'Antonin, qui la place sur la route de Castulo à Malacca, entre Urci & Murgi, à seize milles du premier de ces lieux, & à douze milles du second.

TURANO, riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans l'Abruzze ultérieure. Elle a sa source près de Tagliacozzo, & va se jetter dans le Velino, un peu au-dessous de Riéti. On prend cette riviere pour le Telonus des anciens.

TURAPHILUM, ville de la Mauritanie Césariense, selon Ptolomée, l. 4, c. 2.

TURA-ZAHOIO, c'est-à-dire, montagne aride. Ortélius qui cite Masius, in Prafat. libelli Mofis Barcepha, de Paradiso, dit que c'est un lieu au voisinage de la ville de Balat sur le bord du Tigre.

TURBA, ville d'Espagne, selon Tite - Live, 1.33, c. 44. Ce pourroit bien être la même que Ptolomée, l. 2, c. 6, nomme Turbula, & qu'il donne aux Bastitans. Turbula étoit dans les terres. Voyez TORBOLETA & TURSAMBICA.

TURBANIA, fontaine de la Palestine. Guillaume de Tyr, cité par Ortelius, dit que cette fontaine est au pied du mont Gelboé. Dans un autre endroit Guillaume de Tyr écrit Tubania, au lieu de Turbania. *TURBESSEL, lieu fortifié dans la Mésopotamie, selon Ortelius, qui cite Guillaume de Tyr. Ce lieu, ajoute-t-il, étoit au voisinage de l'Euphrate, à vingt-quatre milles de la ville d'Edeffe.

TURBULA. Voyez TURBA.

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TURCÆ, peuples qui habitoient aux environs des Palus Meotides, selon Pomponius Méla, l. 1, c.19, & Pline 1.6, c. 7. Dans l'histoire Miscellanée ils sont placés au voisinage des portes caspiennes. Les Huns, dit Eustathe, font appellés Turca par les Perses. Il y en a qui veulent que ces peuples soient les Cyrtii de Strabon. On convient allez généralement qu'ils tiroient leur origine des Scythes qui habitoient les monts Caucases, entre le PontEuxin & la mer Caspienne. Si nous nous en rapportons à Chalcondyle, leur nom signifie des hommes qui menent une vie champêtre. Ainsi ce pourroit être là l'origine

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2. TURCAL, gros bourg de Perse, sur la route de Constantinople à Ispahan, à quinze milles d'Agara. Il est situé autour & fur la pente d'une colline escarpée, séparée des autres, terminée par un vieux château, & mouillée au pied par la riviere de Tocat. Tout ce quartier est plein de beaux vignobles, les champs y y sont bien cultivés, les villages fréquens, & les bouts des colonnes antiques affez communs dans les cimetieres, , ce qui marque bien que le pays étoit autrefois peuplé par des gens aisés. * Tournefort, Voyage du Levant, t. 1, p. 175.

TURCHEIM, en latin Turcheimum, ville de France, dans la haute Alface, est située au pied des montagnes sur la riviere de Fach, à une lieue de Colmar & à quatre de Brifach. * Jerôme Gebwiler.

TURCI, peuples dont fait mention Suidas. Ce pourroient être les mêmes que Pomponius Mela & Pline appellent Turca. Voyez TURCA.

TURCILINGI, peuples de la Scythie en Europe, felon
Jornandes, de reb. Get. c. 46 & 57, & l'histoire Miscel-
lanée. Ce sont les mêmes que les Goths.

TURCKHEIM, petite ville de France, dans la haute
Alface près de Colmar. Jerôme Gebwiler l'appelle oppidu-
lum Thuringi, fans dire la raison pourquoi. (a) Cette ville
qui n'a jamais été forte, a été néanmoins libre dès le com-
mencement, & mise (b) sous le commandement des pré-
fets impériaux, & taxée pour les frais de l'Empire & de la
chambre impériale. L'électeur palatin l'a possédée par enga
gement, après quoi elle passa sous l'obéissance des archi
ducs d'Autriche, comme dépendante du grand bailliage
d'Haguenau. (c) Elle fut cédée à la France en 1648, par
le traité de Muniter. Turckheim est principalement connue
par la victoire qu'y remporta M. de Turenne sur les
Impériaux en 1675. (a) Zeyler, Top. Alfat. pag. 64. (b)
Longuerue, Description de la France, partie 2, p. 240.
(c) D'Audifret, Géographie ancienne & moderne, t. 2.
TURCKMANNS (les) ou Turcomanns. Plusieurs écri-,
vains les nomment Gozz, & les historiens Grecs du bas
empire les appellent Uzes. Histoire générale des Huns par
de Guignes. Ces peuples illus des anciens habitans
du pays du Turquestan, quitterent leur patrie vers le
onziéme siécle, dans l'intention de chercher fortune ailleurs.
Il se partagerent d'abord en deux parties, dont l'une palla
au nord de la mer Caspienne, & vint s'établir dans la
partie occidentale de l'Arménie, qu'on appelle encore pré-
sentement le pays des Turcomanns. C'est de cette branche
de la nation turque, que les sujets de la porte ottomane
doivent prouver qu'ils tirent leur origine, s'ils prétendent
avoir droit au nom de Turcs qu'ils portent. Les descendans
de cette partie des Turckmans, qu'on peut appeller les
Turckmanns occidentaux, s'étoient rendus dans les siécles
paffés fort puissants. Ils furent même pendant quelque tems
les maîtres de toute la Perse, après en avoir chasse les en-
fans de Tamerlan, peu de tems après la mort de ce conqué-
rant, & on prétend que le grand Ussum-Cassan tiroit son
origine d'une branche de ces Turckmanns; mais les sofis s'é-
tant emparés du trône de Perse, & les Turcs s'étant rendus
maîtres de tout le pays qui est à l'occident de la riviere de
Tigre, ils ont réduit les Turckmanns occidentaux sur un fort
petit pied; cependant ils occupent encore les plus belles
campagnes aux environs de l'Euphrate; mais les Turcs ne
leur ont laisfé qu'une petite ombre de liberté, & c'est de-là
que vient cette grande aversion qu'ils ont pour les Turcs.
Ils ont toujours conservé leur ancienne maniere de vivre,
n'ont aucune demeure fixe; vivent toujours sous des tentes
d'un gros feutre, à la maniere de la plus grande partie de la
nation turque. Il ne subsistent que de leur bétail, &
ont des troupeaux fans nombre. Ils font tous d'une taille
haute & robufte, ayant le teint basané & le tour du visage
affez carré & plat; mais le sexe parmi eux est fort beau & a
la taille très avantageuse. Ils portent en hiver de longues
robes de peaux de moutons avec des bonnets pointus de
la même peau, & dans l'été des vestes de toile de coton à
la façon des caftans des Turcs; ils sont bons hommes de

cheval & braves. Ils font mahométans, mais ne s'acquit-
tent guères des devoirs de leur religion. Ils ont leurs chefs
particuliers qui les gouvernent selon leurs loix; cependant
ils doivent payer tribut à la porte ottomane, & font obli-
gés de fournir un certain nombre de gens à cheval toutes
les fois que la porte le demande. Dans l'hiver ils vien-
nent chercher les pâturages le long de l'Euphrate, du
côté de la Mésopotamie & de la Natolie, & dans l'été ils
vont camper dans les vallons qui sont enclavés dans les
montagnes de l'Arménie, vers les sources de l'Euphrate &
du Tigre; ils font naturellement grands brigands, mais les
bachas Turcs qui commandent aux environs de l'Euphrate
& du Tigre, ont soin de leur donner la chasse parce
qu'ils font intéressés à la sureté des chemins, à cause
que le passage fréquent des voyageurs & des caravanes,
fait un article considérable de leur revenu. Les Turikmans
occidentaux peuvent armer environ quarante malle hom-
mes; ils font toujours aux prises avec les Curdes, qui font
leurs voisins à l'orient, & avec les Arabes qui confinent
avec eux au sud, parce que ces deux nations voisines vien-
nent fort souvent écorner leurs troupeaux & enlever leurs
femmes & leurs filles.

La seconde partie des Turckmanns tourna tout droit au
sud, & vint s'établir vers les bords de la riviere d'Amù,
proche la mer Caspienne, où ils occupent encore, à l'heure
qu'il est, un grand nombre de villes & de villages dans
les pays d'Aftrabath & de Charass'm. Cette branche des
Turckmans ou Turcomanns, a é é inconnue jusqu'ici à nos
historiens & géographes, quoique bien plus nombreuse,
à l'heure qu'il est, que celle des Turckmanns occidentaux
qui habitent dans l'Arménie. Les Turckmanns de cette der-
niere branche, qu'on peut appeller les Turckmanns orien-
taux, font à peu près du même extérieur que les premiers,
à l'exception qu'ils font beaucup plus basanés & qu'ils res-
semblent plus aux Tartares. Ils portent en été de longues
robes de toile de coton ou d'un gros drap, & en hiver de
semblables robes de peau de mouton; le bétail & l'agri-
culture fournissent à leur entretien, felon les différens quar-
tiers qu'ils occupent. Dans l'hiver ils habitent dans les vil-
les & villages, aux environs de la riviere d'Amù & vers
le rivage de la mer Caspienne, & dans l'été ils vont cam-
per où ils trouvent les meilleurs pâturages & de la bonne
eau. Ceux d'entr'eux qui sont établis dans le pays d'Astra-
bath, suivent pour la plupart, la secte d'Ali; mais ceux qui
habitent dans le pays de Charass'm, ont des sentimens
conformes à ceux des Tartares Usbecks sur la religion; ce-
pendant les uns & les autres s'en mettent fort peu en peine.
Ils sont extrêmement remuans, & ont bien de la peine à s'ac-
coutumer au joug des Tartares & des Persans; ils font bra-
ves & du moins autli bons hommes de cheval que les
Tartares Ufbecks; mais ils sont moins brigands. Comme
les Tartares du pays de Charass'm traitent les Turckmanns
en sujets conquis, ils sont obligés de leur payer tribut &
de souffrir bien d'autres avanies de ces maîtres incommodes;
mais les Turckmans qui habitent dans la province d'Astra-
bath sous la domination des Perfans, sont bien mieux trai-
tés. Les uns & les autres peuvent faire environ cent mille fa-
milles. Les Turckmanns occidentaux, aussi bien que les orien-
taux, font encore présentement partagés en diverses tri-
bus, à la maniere de toutes les autres branches de la nation
turque; & le chef de chaque tribu jouit des mêmes préro-
gatives chez les Turckmanns que chez tous les autres Tarta-
res. Une partie de ce peuple habite le mont Liban, & a l'u-
sage des armes à feu depuis long tems. Ce peuple n'aime
point la rencontre des chrétiens, par une bizarrerie de leur
religion.

TURCOCHORI, lieu de la Livadie, au nord du mont Parnasse, & où il y a un kan. Avant que d'arriver à Turcochori, en venant de Livadia, on passe trois rivieres qui se joignent & se rendent dans le marais Copaïde, appellé présentement étang de Livadia ou de Topoglia. Une de ces rivieres est le Cephissus, qui prenoit sa source vers Lilæa; ces rivieres arrosoient le territoire d'Elatée, dont il ne reste pas même le nom. TURCOCHORI paroît néanmoins avoir été anciennement quelque chose d'assez confiaerable; car on y voit beaucoup de fragmens de colonnes & de marbres antiques. Ce lieu n'est presque habité que par des Turcs qui y ont une mosquée, & il y a hors du village une chapelle pour les Grecs. * Spon, Voyage de Grèce, 1.6.

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TURCOING, bourg de France, dans la Flandre walonne, au diocèse de Tournay. Ce bourg ne contient pas moins de douze mille ames, il s'y fabrique beaucoup d'étoffes mêlées de soie & de laine. La commodité qu'ont les habitans de joindre le labour au travail de leurs métiers, leur donne le moyen d'y subsister plus aisément que dans les villes fermées; cela même contribue à faire fleurir davantage les manufactures; mais de peur qu'elles ne nuisent à celles des villes, il y a de certaines fabriques qui font interdites à la campagne. * Piganiol de la Force, Descr. de la France, c. 7, p. 243.

TURCOMANS. Voyez TURKMANNS.
TURCOPULI, nom d'un peuple dont parle Grégoras,

cité par Ortélius.

TURCS. L'origine de ces peuples est fort incertaine : ils ont, comme les Grecs, les Romains, les Chinois, leurs tems fabuleux.

Les nations connues sous le nom de Huns, de Tartares, Mogols, &c. font des nations turques, si nous en croyons les historiens Tartares, Persans, &c. qui font remonter leur origine jusqu'à Turk, fils aîné de Japhet; & cette variété de noms, attribués au même peuple, vient de ce que chez les Tartares, la horde ou tribu, qui parvient à l'empire, donne son nom à toute la nation. Ainsi lorsque la horde des Huns a régné, on a appellé tous ces peuples Huns. Ils ont porté, par la même raison, successivement ceux de Turcs, de Mogols & de Tartares, & c'est sous ce dernier que les auteurs occidentaux les ont tous désignés: mais ces peuples ont toujours continué de se nommer entr'eux Turcs, pour conferver la mémoire du fils de Japhet, dont ils se prétendent descendus.

Ce qu'on peut dire de plus certain sur leur histoire, c'est qu'ils habitoient vers l'an 2000 avant Jesus Christ, dans les plaines & les vallées qui sont au nord du Chenfi, du Chansy & du Petchely. Ils en fortirent d'abord, sous le nom de Huns, qui, comme il est dit à leur article, conquirent la Tartarie, envahirent la Chine & ravagerent une partie de l'Europe. L'empire des Huns fut détruit vers l'an 93 de Jesus-Chrift, par les Geou-gen, que nous connoisfons sous le nom d'Awares. Voyez leur article. Quelques hordes de Huns, pour se dérober à la fureur des Awares, se retirerent dans des vallées inaccessibles du mont Altai ou mont d'Or, qui est un rameau du Caucase. Ils donnerent à cette vallée le nom d'Erkené-Kom, ou Irgana Kom, c'està-dire, vallon inaccessible. La ils se nourrissoient de leurs troupeaux, & travailloient aux forges pour les kans des Awares.

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Vers l'an 145, ils sortirent de la vallée d'Irgana Kam, reparurent dans la Tartarie sous le nom des Turcs. Leur chef, nommé Tou-muen, soumit plusieurs petites hordes voisines. Bientôt les Huns dispersés vinrent se joindre aux Turcs: Tou-muen attaqua les Awares, les défit entierement. Alors il prit le titre de kan, sous le nom d'll-kan, établit sa cour à la montagne de Tou-kin, vers les sources de l'Irtisch. Son trône étoit sous une tente, toujours tourné du côté de l'orient, & devant la principale entrée de la tente on voyoit un drapeau, dont l'extrémité étoit une tête de loup en or. Ce pays prit le nom de Torkestan. Les Turcs adoroient alors un Dieu, qu'ils regardoient comme l'auteur de l'univers : ils lui sacrifioient des chameaux, des bœufs, des moutons. Ils avoient beaucoup de respect pour le feu, l'air, l'eau & la terre. Une partie d'entr'eux embrassa la religion de Zoroastre. Le fils d'Il-kan, nommé Y-fie-ki-kanne fit que paroître sur le trône qu'il laissa à son frere Mo-kan-kan. Ce dernier força les Awares de lui abandonner leur pays & de se refugier dans la Chine : il conquit ensuite les Maouarennahar sur les Getes, & se *rendit maître de toute la partie occidentale de la Tartarie jusqu'à la mer Caspienne. Il attaqua les Tartares orientaux, pouffa ses conquêtes jusqu'à la Corée, remonta au nord & fubjugua presque toute la Sibérie: de là il alla forcer les Chinois à lui livrer les Awares qui s'étoient réfugiés chez eux. La guerre ne fixa pas seule toute l'attention du kan des Turcs, il voulut établir le commerce dans ses vastes états, envoya des ambassadeurs à Constantinople, pour proposer aux Romains de faire le commerce de la foie avec les Turcs. Justin II, qui étoit alors empereur des Romains, reçut les ambassadeurs Turcs avec tout l'accueil posfible, & pour former un traité d'alliance avec le kan, il lui • en envoya aufli. Le kan fit le même accueil aux ambala

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deurs Romains, & eut la vanité d'étaler à leurs yeux ses richelles, qui étoient immenfes. Mo-kan-kan eut pour successeur son frere To-po-kan, lequel divisa l'empire des Turcs en deux parties, l'une d'orient, l'autre d'occident; elles étoient gouvernées chacune par un kan, qui relevoit de lui. Il introduisit dans ses états la religion de Fo, que plu. sieurs auteurs croient être le christianisme, & fit bâtir des temples ou églises. Ce kan fit plusieurs invasions dans la Chine. Pour son successeur Cha-po-lio-kan, l'empire ture fut divisé entre plusieurs kans qui se disperserent dans différentes contrées en avancant toujours du côté de l'occident: mais Cha po-lio-kam étoit toujours regardé comme le chef de toute la nation. Tibere II, empereur des Romains, envoya des ambassadeurs aux Turcs qui étoient le plus près de fes états, pour engager ces barbares à faire la guerre aux Perses: mais il ne put y téaflir.

Le nombre des kans ou souverains parmi les Turcs étoit trop considérable pour qu'ils restassent unis : ils prirent les armes les uns contre les autres, s'affoiblirent réciproquement, & la politique des Chinois fomentoit toujours cette division. Le kan d'occident se sépara du reste de la nation, refusa de reconnoître le grand kan, & fonda l'empire des Turcs d'occident. Celui d'orient après avoir chancelé pendant plusieurs fiécles fut détruit par les Tartares Hoci ke vers l'an 744 de Jesus-Chrift.

Il y avoit dans cet empire huit charges principales. La taxe ou l'imposition des tributs étoit indiquée par des hoches qu'on faisoit sur un baton. Une fléche, dont la pointe étoit d'or, & fur laquelle on avoit mis une empreinte de cire, annonçoit que cela faisoit par l'ordre du kan. Les rebelles & les affaflins étoient punis de mort, les adulteres coupés par le milieu du corps, après qu'on leur avoit ôté ce qui avoit occasionné le crime. Un œil crevé dans une dispute étoit racheté par la fille ou la femme, que celui qui avoit fait le mal, étoit obligé de ceder: le voleur étoit condamné à payer dix fois autant qu'il avoit pris. Dans les funérailles on placoit le cadavre dans une tente, où toute la famille du mort se rassembloit, sacrifioient des moutons & des chevaux : on se coupoit sept fois le visage avec des couteaux, afin que le sang se mélât avec les larmes. On gardoit le cadavre de ceux qui mouroient au printems ou pendant l'été, & on ne le mettoit en terre qu'à la chute des feuilles; ceux qui mouroient pendant l'automne ou l'hiver, n'étoient enterrés qu'au printems. Le nombre des pierres que l'on mettoit sur la sépulture indiquoit le nombre d'ennemis que le mort avoit tués. Ces funérailles étoient suivies de fêtes: on se paroit de ses plus beaux habits, & un garçon obtenoit facilement dans ces occasions une fille quand il la demandoit en mariage.

Le kan d'occident, qui, comme on l'a dit, s'étoit séparé du reste de la nation turque, s'établit le long de la riviere d'l-li, dans l'ancien pays des Ou siun. Ses états, bornés à l'orient par ceux des Tures orientaux, & par la riviere d'Irtisch, s'étendoient du côté de l'occident jusqu'aux Palus Méotides : le pays de Kaschgar les bornoit au midi. Le kan tenoit sa cour pendant l'hiver à sept journées de marche au nord-ouest d'Yen-tchi ou Haraschar; c'est ce qu'on appelloit cour du midi; pendant l'été il la tenoit dans un pays plus au nord de huit jours, lequel étoit situé au nord de Turphan. La forme du gouvernement, & les mœurs des Turcs occidentaux étoient précisément les mêmes que celles des Turcs orientaux.

Pendant que les Turcs orientaux étoient'occupés contre les Chinois, les Turcs occidentaux l'étoient contre les Perses, dont ils étoient tantôt vainqueurs, tantôt vaincus. Ces derniers eurent aussi quelques démêlés avec les Chinois : mais ces deux nations étoient séparées par une trop vaste étendue de pays, pour qu'ils pussent se faire réciproquement beaucoup de mal. Enfin les Tures occidentax, toujours divisés entre eux, se partagerent en une infinité de principautés, dont une partie remonta à l'orient de la Tartarie, s'en empara, & foumit même la Chine, une autre pénétra dans l'empire romain, & donna naissance aux Hongrois, aux Uzes ou Turkomans, aux Patzinaces, aux Bulgares, Valaques, &c. Plusieurs autres hordes turques entrerent dans la Perse sous le nom de Seljoucides, & étendirent leurs conquêtes jusqu'au détroit de Constantinople. Ces Seljoucides se partagerent ensuite en plusieurs branches, dont l'une resta en Perse, l'autre passa à Iconium, une troisième à Damas, une quatrième à Alep

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& une cinquiéme dans le Kerman. Plusieurs officiers des
princes Seljoucides profiterent de la foiblesse de leurs maî-
tres pour établir de nouveaux empires; de là l'origine des
sultans du Kharisme & des Attabeks qui ont régné dans la
Syrie. Auparavant des esclaves Turcs, que les Arabes
avoient enlevé du Turkestan, se révolterent contre les ka-
lifs, & formerent de puissans empires, en Egypte & en
Syrie.

Il ne nous reste plus qu'à voir d'où sont sortis les Turcs
ou Ottomans qui ont détruit l'empire grec. Au travers des
ténébres, dont leur histoire est enveloppée, on apperçoit un
auteur Arabe, contemporain, qui nous apprend que lors-
que Gengis-kan & ses succesleurs se furent emparés de cette
partie de l'Asie mineure, que possedoient les Seljoucides d'I-
conium, la plupart des émirs Turcs se retirerent dans les
montagnes où ils resterent indépendans, & formerent dif-
férentes petites principautés: elles sont peu connues dans
l'histoire. Parmi ces émirs il s'en trouva un que les historiens
Arabes, contemporains, nomment. Thaman ou Ath-
man: c'est celui que nous connoislons sous le nom d'Oth-
man, duquel l'empire des Turcs a pris le nom d'empire⚫
ottoman. Othman se joignit avec plusieurs autres émirs
pour ravager les provinces orientales de l'empire grec. Il
vainquit plusieurs émirs, & foumit leurs hordes: son fils
Orkan acheva de les foumettre tous, & se rendit maître
de l'Asie entiere. Amurat I étendit les bornes de l'empire
ottoman. Bajaset, fils d'Amurat, envoya des ambassadeurs
en Egypte, & fe fit nommer sultan du pays de Rum. C'est
ainsi que les Tartares appellent le pays que les Romains
ont possédé en Afie. Tous les successeurs d'Othman éten-
dirent les bornes de l'empire turc, au dépens de l'empire
grec, jusqu'au regne de Mahomet II, qui détruisit entiere-
ment ce dernier, & établit Constantinople la capitale de
l'empire turc. * Tiré de l'histoire générale des Huns par
de Guignes.

TURDE. C'est ainsi que Ptolomée, 1.3, c. 1, appelle une ville d'Italie qu'il donne aux Vilumbri, & que les autres géographes appellent Tuder ou Tudertum. Voyez ce mot. TURDETANI, peuples d'Espagne. Leur pays, selon Strabon, 1.3, p. 139, s'appelloit Bétique, du nom du fleuve Bétis qui l'arrosoit: on le nommoit aussi TURDETANIE, du nom des peuples qui l'habitoient. Strabon dit que les habitans s'appelloient TURDETANI & TURDULI, dont quelques - uns ne faisoient qu'un seul peuple ; mais que d'autres diftinguoient les TURDETANI des TURDULI, & que Polybe entr'autres mettoit les TURDETANI au nord des TURDURI. Du tems de Strabon les Turdétains & les Turdules étoient regardés comme le même peuple, & il ne paroissoit aucune distinction entr'eux. Cependant Prolomée, l. 2, 6.45, en fait deux peuples différens, mais qui habitoient le même pays; savoir, la Bétique, quoi, qu'il entende le pays des Turdétains au-delà de l'Anas. Voici de quelle maniere ce dernier divise le pays des Tur

détains.

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Les Turdétains passoient pour être les plus éclairés d'en-
tre les Espagnols: ils s'appliquoient à l'étude de leur lan-
gue, ils avoient d'anciennes histoires & des loix écrites en
vers. On les regardoit aussi comme les plus polis de toute
la province, à cause du commerce qu'ils avoient avec les
étrangers, & particulierement avec les Phéniciens. Ceux-
ci, lorsqu'ils y aborderent la premiere fois, trouverent
l'argent si commun parmi les Turdétains, que tous les
meubles les plus vils de ce peuple, étoient de ce métal,
jusqu'aux creches & aux tonneaux; ils leur donnerent de
petites bagatelles, de la clinquaillerie de peu de prix, que
ces peuples estimoient plus que leurs métaux, & ils en re-
curent en échange une quantité si prodigieuse d'ar-
gent, que leurs vaisseaux ne furent pas affez grands
pour contenir tout ce qu'ils en avoient ramassé. Ils furent
obligés, pour ne pas perdre le reste, d'en forger des an-
cres. On dit que cette abondance d'argent si surprenante,
venoit d'un embrasement des Pyrénées, arrivé un peu
avant que les Phéniciens connussent l'Espagne. Des ber-
gers avoient mis le feu à une forêt de ces montagnes, qui
s'étoit répandu par-tout avec une si grande force, qu'il
avoit consumé les arbres jusqu'à la racine, & fondu les
mines qui étoient cachées dans la terre, tellement qu'on
avoit vu couler des ruisseaux d'or & d'argent dans les cam-
pagnes. Les Phéniciens ayant fait alliance avec les Hé-
breux, du tems d'Hiram, roi de Tyr, ani de David &
de Salomon, ils leur découvrirent les richesles de l'Espa-
gne, & dans la suite les rois d'Ifraël & de Juda y en-
voyoient de tems en tems des flottes. L'écriture appelle ce

Onoba estuaria,
L'embouchure orientale du fleuve pays Tarsis, du nom de l'une de ses principales villes, nom-
Bétis,

Les sources du fleuve,

Le golfe voisin d'Asta.
Balfa,
Ofsonaba,
Le promontoire Sacrum,
L'embouchure du fleuve Calipodes,

Salacia,

Caétobrix.

Canaca,

Seria,

Osca,

Caeriana,

Urium,

Illipula,

Setida,

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&

Laelia,

Italica,

mée Tarsis, qui étoit près de la mer & entre les deux bras
du Bætis ou du Guadalquivir. C'est là où étoit le plus grand
abord de monde, & où par conféquent se faisoit le plus
grand commerce. Les Turdétains, dit Strabon, 1.3, 6.139
& suiv. étoient d'une humeur douce, & civilisés; & quand
ils furent sous l'obéissance des Romains, ils prirent les
mœurs de leurs vainqueurs, & même oublierent leur pro-
pre langage, tant ils aimerent celui des Romains. Leur
province furpassoit les autres, en richesses & en propreté
d'habits, & en honnêteté & en zéle de religion. On por-
toit de leur pays dans les autres quantité de froment, de
vin & d'huile, des pois, du miel, de la cire, du safran,
du vermillon, & menie on emportoit de-là à Rome grand
nombre d'habits, avec des laines très-fines.

TURDETANORUM-URBS, ville d'Espagne, dans la
Bétique, chez les Turdétains. Tite-Live, 1. 22, 6.6
1. 24, c. 42, qui parle de cette ville, dit qu'elle fut ruinée
par les Romains. On prétend qu'elle étoit dans le même
endroit où est aujourd'hui la ville de Teruel.

TURDETIA. Voyez TUDER.
TURDITANUS, siége épiscopal d'Afrique, dans la
Byzacène. Benerius son évêque souscrivit à la lettre adres-
sée à l'empereur Constantin. * Hardouin, Collect. conc.
t. 3, P.739.

Tome V.

Yyyyyy

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