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comme le fatyre Marfias, qui montre à Olimpe à jouer du fifflet à fept tuyaux, copié à Rome d'après l'antique au Palais Ludovifir, par Goy; un Bacchus par Couftou le jeune ; un buste de Junon, qui fut trouvé à Befançon. Vis-à-vis le bout d'allée, par lequel on fort à l'angle du bosquet de la piramide, on voit un beau terme, repréfentant Jupitet; cette piéce avoit été transportée en 1546 à Befançon, par les ordres du cardinal Granvelle, Louis XIV, après avoir conquis la Franche-Comté, le fit apporter à Verfailles dans ce bosquet; il a été restauré par Drouilly, qui en a fait la gaine, la drapperie, & un aigle qui eft au-deffus de la bafe.

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En venant du bosquet, du côté du parterre du nord, on entre dans les bains d'Apollon; c'est une espece de falle d'environ vingt toifes en carré, entouré de treillages & de paliffades : le fond en eft occupé par trois grandes niches, formées par les treillages. Dans celle du milieu, fur une maffe élevée, revêtue de marbre, recouverte d'un terrein mêlé de plantes, travaillées pardevant en panneaux de glaçon, on a pofé le grouppe d'Apollon chez Thetis, asfis au milieu de fix Nymphes de cette Déeffe, lesquelles s'empreffent de le fervir des trois qui font fur le devant il y en a deux à fes pieds, qui s'apprêtent à les lui laver, & à les esfuyer; la troifiéme eft debout, dans une attitude noble & gracieuse, d'une main elle tient un basfin, & de l'autre un petit vafe avec lequel elle verfe des eaux de fenteur fur les mains d'Apollon; les drapperies de ces Nymphes font d'une légereté fans égale,& d'une fineffe qui laiffe voir au travers tous les charmes & toutes les graces de la nudité: les figures d'Apollon & de ces trois nymphes font de Girardon. Les trois qui font derriere font debout; celle du milieu prend foin des cheveux d'Apollon, & les deux autres tiennent des vafes remplis d'esfences; ces trois figures, qui font de Regnaudin, font entierement vêtues, mais d'une drapperie légere qui laiffe voir le corps. Ces fept figures font fi bien concertées, qu'on n'y peut rien defirer, & qu'elles forment un tout ensemble parfait.

A droite, fur une maffe revêtue de même & en terraffe, il y a un grouppe de deux des courfiers d'Appollon, qui font abbreuvés par deux Tritons, dont l'un baiffe la tête pour boire; ils font de Guerin. Au côté gauche font deux autres chevaux de Marfy; rien n'eft au-deffus de ce grouppe que la nature même: L'un des chevaux ferre les oreilles & mord la croupe de l'autre qui fe cabre, & un des Tritons leve un bras plein de force & de mouvement. Ils font couverts de baldaquin pour les garantir des influences de l'air; celui du milieu ett plus grand que les autres : ils font portés chacun fur quatre colonnes en forme de balustres ronds, très-ornées, avec des chapiteaux.

Dans des renfoncemens, que forment les treillages fur les côtés, on a mis des bancs de marbre blanc; dans le fond, en entrant vis-à-vis les grouppes, il y a des marches de gazon qui montent à une estrade circulaire, dans le milieu de laquelle eft une grande table ronde de marbre blanc, d'une feule piéce, portée fur des pieds en confoles, qui font ausfi de marbre entourés dans la moitié fupérieure d'un banc auffi de marbre porté fur des confoles.

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Des bains d'Apollon on arrive au bosquet des trois fontaines, qui eft le long de l'allée d'eau il a pris ce nom de fa divifion en trois parties: à faire jouer ces effets d'eau féparément, ils formeroient chacun ailleurs une magnifique fontaine, & le tout enfemble fournit un grand objet : c'eft de tous, celui qui doit le plus à l'art: l'espace contient foixante toifes en longueur fur quinze de largeur; il n'eft entouré que de paliffades avec des treillages, & au pied des banquettes de gazon. On y voit un baffin rond à la tête d'en haut dans un carré de dix toifes, d'où fort une gerbe par plus de trois cent tuyaux qui s'éleve à vingt-deux pieds; comme elle eft la plus élevée, on descend dans le deffous par deux rampes, entre lesquelles il y a une cascade par nappes, qui retombent les

unes dans les autres. Dans une autre partie il y a un baffin carré, dont les jets forment par les côtés un berceau. Entre les jets on voit toute la partie qui eft au-deffus ; il eft terminé par une autre rampe au milieu, qui fépare deux autres cascades en basfins, qui retombent les uns dans les autres avec des bouillons d'eau. Lorsqu'on eft descendu dans le bas on trouve un baffin octogone de dix toifes en carré, au milieu duquel on voit un effet qu'on appelle la fleur de lys : le jet du milieu s'élance à foixante & quinze pieds, & les huit autres s'élevent en fe recourbant comme pour en faire les branches; c'eft dans cette partie baffe qu'il faut voir la fontaine à caufe des dégradations les unes fur les autres : tous les baffins font entourés de rocailles fines.

C'eft du bas qu'on va par une allée qui conduit à la place du Dragon, pour paffer devant l'allée d'eau, d'où par un autre côté oppofé on entre dans le bosquet de l'Arc de triomphe : il a cinquante toifes de longueur. A l'entrée dans un renfoncement circulaire, on trouve une belle fontaine où eft la France, figurée par une ftatue vêtue d'une mante royale, ayant un coq fur fon casque, & un foleil, qui étoit la devife de Louis XIV fur fon bouclier; elle eft affife dans un char pofé fur des gradins de marbre blanc, ornés d'architecture, & couronnés de cimaife, environnée d'attributs & de trophées d'armes. Elle eft accompagnée de deux figures, dont l'une eft appuyée fur un lion qui repréfente l'Espagne; & l'autre, affife fur un aigle, qui repréfente l'Empire: on voit au milieu un Dragon à trois têtes fur le dernier degré, qui femble expirer, pour marquer la désunion de la triple alliance. Tous ces ornemens & toutes ces figures, de métal doré, font de Tuby, Coyfevox & Prou : le Dragon jette un grand effet d'eau, lequel avec d'autres, tombe de gradins en gradins dans un basfin bas entouré d'une bordure de marbre.

Dans cette place du bas, à droite & à gauche, on trouve deux fontaines, dont l'une de la victoi re, parce qu'elle y eft représentée fur un globe, orné de trois fleurs de lys, entre des trophées d'armes, & les attributs des quatre parties du monde; elle tient une couronne de laurier d'une main, & de l'autre une palme; presque à fes pieds eft une coquille, du milieu de laquelle s'éleve un jet d'eau paffant à travers la couronne, lequel en retombant forme une nappe qui fe répand dans une parfaitement belle cuve de marbre d'Egypte, d'où s'éleve un gros bouillon, qui forme une feconde nappe qui la couvre entierement & retombe en bas dans un baffin entouré d'une bordure de marbre la figure & les ornemens font de métal doré, par Mazelines. L'autre fontaine à gauche repréfente la gloire, avec les attributs convenables, de la même ordonnance, par Coyfevox elles font toutes deux des deffeins de le Brun. Au côté de chacune contre les paliffades, il y a deux piedestaux de marbre noir, fur lesquels font les chiffres du Roi, entourés de guirlandes de laurier : ils portent des fcabellons de marbre blanc, ornées de bas-reliefs d'une grande beauté avec des baffins au-deffus, d'où fortent des bouillons d'eau.

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De cette partie, on monte à une feconde par trois marches de marbre, dont la partie du milieu eft arrondie dans une espace de dix toifes au-desfus à droite & à gauche, on s'affied fur deux bancs, aux côtés desquels on a pofé des piedestaux avec de pareils fcabellons & de pareils basfins; & comme cette partie eft rampante, on y a pratiqué deux goulettes de marbre blanc, arrêtées de distance en distance par des chûtes, pour que l'eau qui y entre du haut, faffe de petites nappes dans le bas : & fe dégorge par des têtes de Dauphin dans un gouffre.

Enfuite on trouve une place qui s'élargit à tre pans dans les angles, au droit desquels font quades piramides à trois faces, pofées fur des piedestaux de marbre de Languedoc : elles font garnies aux encoignures avec des armures de fer, revêtues

de métal doré. Sur la hauteur on découvre plufieurs petits baffins horifontaux, armés par le devant d'une bande de métal auffi doré, à travers lesquels pafle au milieu un tuyau, qui s'éleve jusqu'à la pointe, & produit un bouillon, lequel tombe de baffin en baffin, en formant des nappes rampantes qui fe fuccédent en s'élargiflant; ce qui produit un effet piramidal, dont l'eau paroit en beau crystal. Entre deux piramides il y a, au milieu de chaque côté, un buffet avec un fcabellon de marbre blanc, qui porte un baffin, d'où releve un bouillon : chaque buffet, en forme de table à une certaine hauteur, a au-deffus huit gradins en piramide, bordés d'ornemens de métal doré à jour, d'où descendent des nappes fucceffives, dont la derniere tombe dans un baflin bas, entouré d'une bordure de

marbre.

C'eft dans un renfoncement, à l'endroit le plus élevé de la pièce, qu'eft l'arc de triomphe, dans un chaîneau en forme de baffin, arrondi pardevant vis-à-vis chaque portique : il eft foutenu d'un revêtement de marbre de différentes couleurs dans toute la face: on y a placé plufieurs attributs de métal doré. Cet arc triomphal s'éleve de ce ballin en trois portiques, féparés par des pilaftres carrés d'ordre ionique, couronnés d'un entablement & d'un grand fronton audeffus. Toute cette décoration est percée à jour par des fers, revêtus d'ornemens de métal doré, qui en font la richeffe: fur les rampants du fronton on voit fept baffins, un au milieu, accompagné de trois à droite & à gauche, à chacun defquels il y a un bouillon: ils fe dégradent fuivant la pente, & l'eau en retombe dans des coquilles qui forment des nappes; & en paffant à travers tous les fers & les métaux de 12 décoration, forme l'arc en eau telle qu'elle eft. Sous chacun des portiques s'éleve un jet, qui, en retombant dans le baffin, forme avec les autres eaux une grande nappe par-deffus le revêtement, & plufieurs autres, qui fe fuccedent de gradins en gradins, dont la derniere retombe dans un baffin qui occupe toute la face, & qui eft entouré d'une bordure de marbre. Les gradins inférieurs font garnis de plufieurs bouillons d'eau divifés en fymétrie. C'eft la derniere fontaine qu'on montre lorfque le Roi ordonne de faire jouer les eaux.

Ces jardins font du fameux M. le Nôtre. La décoration de la colonnade, le changement de l'obélifque, celle des bains d'Apollon, & toutes les belles formes de piedeftaux, auffi bien que des vafes modernes, font de M. Manfard, premier Architecte.

Comme le grand canal eft une fuite du jardin, & s'y préfente fans en faire partie, étant dans ce qu'on appelle le petit parc, féparé du jardin par une clôture, nous le décrivors en entrant dans le détail de ce petit parc, deftiné pour les promenades en caléches & à cheval, ou lorfque le Roi veut fe délaffer à tirer du gibier.

A l'extrêmité de la grande place où eft le baffin d'Apollon, on a pratiqué une piece d'eau qui fert de port pour ranger les chaloupes, yolles, gondolles, &c. Cette piéce a foixante toifes en carré: elle eft fermée de trois côtés, qui ont les quatre angles coupés par des lignes circulaires. Deux de ces angles réduifent le côté ouvert à trente-deux toifes, qui font la largeur du canal dans cette partie : le bout fe termine en face par une grande piéce d'eau de cent quatre-vingt toiles de longueur, fur quatrevingt-dix de largeur: deux pans en joignent l'entrée pour s'élargir, & elle finit par deux lignes circulaires, avec des oreilles, pour laiffer la tête droite de la largeur du canal.

Depuis la tablette de la premiere piéce d'eau, au bout de la derniere, on compte huit cent toifes de largeur: vers le milieu deux branches d'un autre canal, de quarante toifes de largeur fur quatre cent foixante-quatre de longueur, d'une extrêmité à l'autre, le traversent à droite & à gauche. Les quatre angles, avec les oreilles dans le milieu, où fe fait le partage, forment des portions circulaires, qui font un espace d'eau carré de cent toifes. Les deux bouts de ces branches fe terminent en demi-cercles.

Tout ce pourtour eft bordé d'une tablette de pierre en cordon à fleur de terrain. On entre enfuite dans une allée de treize toifes, foutenue. par une autre de fix, plantée de deux lignes de grands arbres: elle fait les mêmes contours jufques aux pans de la grande piéce du bout; & depuis ces pans elle regne dans les côtés de cette grande piece avec quatre rangs de grands arbres, décrivant au deffus du bout qui la termine deux portions circulaires paralleles à celles de la tête, jufques à une grande avenue au milieu, qui a trente-deux toifes de lar geur comme le canal: la contre-allée de chaque côté fe prolonge jufques à trois cent toifes à la grande grille, où aboutiffent les murs de la clôture du petit parc. Cette même avenue fe continue dans le grand parc jufques auprès de Villepreux, qui eft à plus d'une lieue de distance. Toutes ces allées, qui bordent le canal, en reçoivent d'autres, qui traverfent des bois qui le joignent, & s'étendent dans le petit

parc.

Au bout de la branche du canal à droite, au-delà du chemin qui y paffe, on voit un baffin, dont la face eft entre quatre pilliers, qui portent des vales à côté de deux grilles, lesquelles forment deux rampes douces pour monter aux jardins de Trianon: il y a wingthuit toifes de longueur de l'une à l'autre des rampes. Le baffin eft placé dans un renfoncement circulaire en fer à cheval: la décoration eft en pierre rampante le long des degrés, ornée de pilafttes & de grandes tables taillées en glaçons, & couronnée d'une plinte d'architecture, avec une balustrade auffi de pierre: dans ce baffin il y a une fontaine de fix effets d'eau, dont trois gerbes s'élevent au-deffus des balustrades. Au bout de l'autre branche du canal, en prenant gauche, au-delà de l'allée tournante, on trouve un grand glacis pour monter à un terrain plus haut, qui a foixante & dix-huit toifes de largeur, fur quatrevingt de profondeur, jufques à une entrée de la Ménagerie par ce côté, qui eft fermé par les allées de grands arbres qui accompagnent les flancs du canal. Au-deffus du premier glacis de gafon on arrive fur une place revêtue de murs de terraffe, qui fe terminent en portion circulaire dans le fond, pour foutenir la partie au-deffus. Dans le centre de cette place on trouve un grand baffin rond de vingt-quatre toifes de diametre; la gerbe du milieu s'éleve à plus de trente pieds.

à

La principale entrée de la Ménagerie n'eft pas pas le bout de cette branche du canal, mais par l'avenue du chemin qui vient de Verfailles, le long des murs de la clôture des jardins: on traverfe enfuite une place plantée d'arbres, qui conduit à une grille, entre deux pavillons, par où on arrive dans la cour, qui a vinga toiles de longueur, fur quatorze de largeur.

Le bâtimeat n'a rien que de fimple: il y a deux pavillons faillans, chacun de deux croifées. Dans un renfoncement, entre deux autres croifées, on trouve une ouverture de neuf pieds de largeur, aux côtés de laquelle on voit deux grandes urnes de marbre pofées fur des focles: elles ont été fculptées par Jouvenet.

Par cette ouverture on monte une rampe de feize degrés, qui mene à un palier, d'où on entre dans deux petits appartements hauts, & dans un fallon octogone, qui eft au milieu d'une feconde cour pareille, de vingt-quatre toifes de diametre: on communique à ce fallon par une petite galerie.

Les fept côtés de cette cour octogone font fermés avec des grilles : le bâtiment eft dans le huitième: chaque angle eft orné d'un pilier de pierre dans chaque intervalle: il y en a deux taillés en gaînes, terminées par des corps de termes à deux faces, qui repréfentent différens fujets de la métamorphofe. Au droit de fix de ces grilles, on entre dans autant d'autres cours de différentes formes : elles font fermées de murs qui tendent aux rayons de l'octogone, avec des treillages couverts de verdure, & des allées qui partagent des piéces de gazon, entre lefquelles on voit un baffin où il y a un jet à chacun ces petites piéces d'eau font pour l'ufage des oifeaux ou des animaux que l'on tient dans ces

cours

cours. Les loges pour les enfermer font dans le fond

ou dans d'autres cours derriere.

La feptiéme grille donne l'entrée à une grande baffe-cour de cinquante-fix toifes de longueur, fur trent-deux de largeur: la fortie en eft fur le chemin: elle eft entourée de bâtimens pour un ménage de campagne, avec le logement du Concierge & des différentes perfonnes qni fervent à l'entretien de cette Ménagerie.

Venons au petit bâtiment à l'ufage du Roi : le bas n'eft appliqué qu à des falles, pour tenir les Gardes, quand Sa Majefté ou Monfieur le Dauphin y viennent. Lorfqu'on eft monté fur le palier qui eft au haut de la rampe, on trouve deux portes à droit & à gauche, qui conduifent à deux petits appartemens, dont l'un eft pour l'été, & l'autre pour l'hiver. En face de la rampe il y a une autre grande porte, par où on entre dans une petite galerie, qui communique au fallon octogone.

Ces deux petits appartemens ont été ainfi arrangés en 1698 pour Madame la Ducheffe de Bourgogne, après qu'elle fut arrivée en France,& avant fon mariage. Ils font compofés chacun de cinq piéces, dont la plus grande n'a que quize pieds de largeur: elles font toutes revêtues de menuiferie délicate, avec des ornemens de fculpture, & proportionnés à la grandeur de ces piéces. La plus grande partie eft dorée à fond d'or bruni, brillant. Le dedans des panneaux & les platfonds font peints de grotefques en coloris, & de rehauffé d'or de fujets différens & particuliers à chaque pièce, fur les deffeins & fous la conduite d'Audran, par les plus habiles en ce genre. Les cheminées font des marbres les plus rares, ornés de bronzes dorés au feu, avec des glaces. Il y a auffi des tremeaux avec des glaces dans des parties de lambris. On ne met point de lits dans aucune de ces piéces. Tous les meubles font proportionnés & convenables aux places, & d'une magnificence qui répond aux décorations. On y voit des tableaux des plus grands maîtres.

Ces deux appartemens ont chacun un petit degré particulier qui monte à des logemens dans la manfarde: un des deux eft ovale, percé à jour au milieu, & tout de pierre de liais, très-artiftement travaillé les rampes circulaires fe foutiennent en l'air, & font ornées de fculpture. Il y a une balustrade de fer doré elle paffe pour un chef-d'œuvre.

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Le fallon octogone qui eft au milieu de la feconde cour, eft au plein-pied des appartemens : il a vingthuit pieds de diametre, & il ett percé de fept croifées, dont une dans chaque pan: elles fortent toutes fur un balcon en faillie, qui tourne dans l'étendue de fon pourtour. On voit les fept cours fermées de grilles, où font les oifeaux & les animaux rares. Ce fallon devoit être décoré, ainfi que fa communication, dans le même goût, & avec la même magnificence que le refte. Les deffeins en ont été faits par Hardouin Mansard, premier architecte l'exécution en fut interrompue par les guerres qui font furvenues. On l'a blanchi, & on y a fait une corniche au pour tour, fous un cintre en calotte. Le comble, en forme de dôme, eft terminé par une lanterne. Dans les tremeaux des angles on a attaché beaucoup de tableaux dans des cadres, où font peints au naturel différens animaux curieux par les plus excellens peintres dans ce genre.

On a pratiqué fous ce fallon une grotte voûtée, revêtue dans tout fon pourtour, & à fa voûte, de rocailles fines, employées avec art: elles font diftribuées par panneaux & par contours de formes différentes: on y monte plufieurs effets d'eau ingénieux. Elle eft percée à fon pavé, ainfi que dans toutes fes parties, de petits tuyaux imperceptibles, qui font comme une pluie fine, qui furprend ceux qui s'y trouvent enfermés. Tous les pavés de la cour octogone font garnis de jets, qui s'élancent pareillement en vapeurs d'eau. Le tout eft fort amufant.

Parlons à préfent du potager du Roi, qui eft enfermé dans le petit parc. Ce potager eft ifolé. Sur deux de fes côtés il eft féparé de la ville par deux Tues. Les deux autres font le long de l'allée, à quatre Tome VI.

rangs d'arbres, de la ceinture de la piéce des Suiffes, & le bout fur des terres vagues. Ce potager a cent cinquante-huit toifes de longueur d'un sens, fur cent trente-cinq de l'autre, qui font quatre cens arpens dans une clôture. Son entrée principale, par où le Roi y arrive, eft fur l'allée à quatre rangs d'arbres. Il y a une grille entre deux pilliers de pierre, dont la porte eft des plus richement ornée, avec un couronnement, où font les armes de France: elle conduit à une petite avenue de trente pieds de largeur. Le grand jardin, qui eft au milieu de l'efpace, a cert toiles de longueur, fur quatre-vingt-cinq de largeur: il eft entouré d'une terraffe de fix toiles, revêtue de murs, couronnés d'une tablette de pierre: on en defcend dans le jardin par quatre grands perrons. Les murs qui environnent cette grande partie, & qui la féparent des autres jardins qui l'environnent, font garnis avec des treillages pour des efpaliers. Le jardin bas eft divifé en feize carrés plantés de légumes, avec des plates-bandes d'arbres fruitiers en buiffons. Il y a dans le milieu un grand baffin, de vingt toifes de diametre, avec une groffe gerbe. Les quatre côtés font entourés de vingt-trois autres jardins, féparés les uns des autres par des murs, & avec des portes de communication: les terraffes de la grande partie ont des rampes d'efcaliers qui y defcendent. Deux de ces jardins, qui en occupent fix petits, font destinés à une figuerie & à une meloniere. Ils font tous garnis de treillages & d'efpaliers autour des murs. Les petits font auffi cultivés en légumes : dans un de ces jardins il y a des retraites couvertes, à l'abri des injures du temps, où on éleve des fruits & des légumes précoces, par le moyen de degrés de chaleur qu'on y procure, pour donner au Roi des nouveautés dans les faitons qui ne les produifent pas.

Au bout de la rue qui en porte le nom, du côté de la piéce des Suiffes, on voit une maifon affez grande, avec une baffe-cour; le tout fert à loger le maîtreJardinier, & ceux qui travaillent fous fes ordres. Il y a auprès un petit jardin, dans lequel on éleve des fleurs curieufes, dont on garnit les corbeilles dans lefquelles on porte les fruits au Roi.

Le long de cette maifon eft la ferre de la figuerie: elle a fa face fur le jardin où on range les caiffes quand on les expofe au grand air : elle a vingt-quatre toifes de long, fur cinq de largeur: comme ce jardin eft bas, la ferre, qui eft à fon plein-pied, eft voûtée. Au-deffus on trouve une galerie de pareille grandeur: on y monte de la terraffe du grand jardin par un perron. Cette galerie eft ornée d'une corniche & ceintrée par le haut.

Quoique le bâtiment du grand commun du Roi ne foit pas du corps du château, il eft néanmoins à propos d'en donner une idée, comme fervant à loger un très-grand nombre des Officiers de la Maison du Roi. Ce bâtiment eft ifolé de quatre rues, par lef quelles on peut y entrer; mais la principale face eft fur la rue de la Surintendance: celle à droite eft fur la rue qui conduit au portail des Recollets; celle à gauche, vis-à-vis le derriere de l'avant-cour; la quatriémme eft fur la rue des Recollets, à la place d'armes. Deux des faces ont quarante-deux toifes; les deux autres en ont chacune quarante. Tout le bas eft employé pour les cuifines & les Officiers qui ont bouche à cour. Il y a une fontaine dans le milieu de la cour. La chapelle qui y eft, a fes chapelains particuliers, qui la deffervent. Outre ces appartemens, il y a un très-grand nombre de logemens. Les décorations extérieures font en pierres de taille, & les panneaux font de brique dans les tremeaux : les combles font décorés de lucarnes revêtues de plomb.

Le grand parc renferme tout par une clôture de murs, qui ont près de dix lieues communes de tour, & qui forment la derniere enceinte. Ce parc s'étend jufques à près de deux lieues en quelques endroits : on y trouve fept à huit villages, avec des chemins publics qui ont des portes & des pavillons pour loger les Suiffes qui les gardent, afin d'ouvrir le paffage. On y voit auffi des châteaux, qui appartiennent

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au Roi & à des particuliers: on n'y fait point de chaffe degrand fauve: il eft rempli de buiffons & de remifes à gibiers. Les terres qui appartiennent au Roi, y font enfemencées pour la nourriture des bêtes. Tant dans le petit que dans le grand parc il y a une abondance de gibier furprenante. Le Roi y court quelquefois le liévre. Outre la chaffe à tirer, on y fait celle du vol avec les équipages entretenus par Sa Majefté. Il y a dans cette enceinte plufieurs étangs confidérables, un defquels eft celui de Trappes, foutenu par une chauffée de plus de trois cens toifes de longueur, qui retient environ trois cens cinquante arpens de fuperficie d'eau, ramaflée à dix-neuf pieds de hauteur à la chauffée. L'étang du bois d'Arcy, entouré d'allées à quatre rangs, contient environ foixante arpens de fuperficie d'eau dans toute fon étendue. L'étang de la queue d'Arcy en contient quarante qu'on ne peut compter que de fix pieds réduits. L'étang de Villeroi a environ cent quarante arpens d'eau qui peuvent rendre auffi fix pieds réduits, avec une retenue de dix-fept à dix-huit arpens. Cet amas d'eau feroit peu de chofe pour fournir à l'immenfité des eaux qui fe confomment aux fontaines des Verfailles; mais il y a d'autres étangs beaucoup plus grands en dehors du parc, & même affez éloignés, qui fuppléent à tout ce qu'on peut fouhaiter, comme les étangs de Saclay, d'Orfigny, du Menil, des Breviaires, du Perray & de Poras : c'eft de ces derniers qu'on tire les eaux qui s'y amaffent pendant les hivers, pour fournir aux premiers à mesure qu'ils fe confomment. Pour communiquer toutes ces eaux, & les recueillir des écoulemens de la campagne, il y a des rigolles pratiqués fuivant les pentes, & même des aqueducs fous terre dans des parties en plus de trente lieues de cours. Près de Buc, qui eft un château appartenant au Roi, dans le parc, il y a un fond confidérable : on l'a rempli dans une très-grande longueur, & comblé d'une maçonnerie, avec des talus des deux côtés, pour établir deffus un aqueduc de maçonnerie très-élevé, portant le nom de Buc: il eft percé d'arcades, conftruites en pierres de taille, avec un canal au-deffus de pierre & de ciment, bordé de parapets, pour paffer les eaux qui font de ce côté d'une hauteur à l'autre.

VERSAONENSIUM-CIVITAS. Voyez URSO. 1. VERSCHE-REVIER, ou RIVIERE FRAÎCHE riviere qui prend fa fource dans le lac de Pajerfwi, dans la partie orientale de la Laponie Suédoife: elle entre auffitôt dans la Laponie Mofcovite, & prenant fon cours du midi occidental au nord oriental, elle va mouiller Kovoda, & fe jetter en même temps dans la Mer Blanche. De l'ifle. Atlas.

2. VERSCHE-REVIER, RIVIERE FRAÎCHE, riviere de la Laponie Mofcovite. Elle prend fa fource dans les montagnes de la partie occidentale de cette province, & courant à peu près du couchant au levant, elle va mouiller Keretti, où elle fe perd dans la Mer Blanche.

VERSETO, lieu de la Gaule, chez les Arverni. Surius en parle dans la Vie de S. Preject, évêque & martyr. *Ortel. Thef.

VERSILLAC, bourg de France dans le Berry, élection de Blanc. Ce bourg eft affez peuplé.

VERSINE (la) bourgade de France dans la Picardie, élection de Beauvais. Le roi François I. fit bâtir dans ce lieu un petit château, avec un parc pour la comteffe de la Suze.

1. VERSOIX, ou VERSOY, riviere de France, au pays de Gex. Elle a fa fource dans la montagne de Gex, & va de-là fe jetter, non dans le Rhône, comme le dit Corneille, mais dans le lac de Genève à Verfoy qu'elle baigne de fes eaux. Cette riviere qui reçoit celle de Gex à la droite, court du nord au fud, & ferpente beaucoup. * Scheuchzer, Carte de la Suiffe.

2. VERSOIX, ou VERSOY, bourgade de France, au pays de Gex, fur le bord du lac de Genève, à deux lieues au nord de la ville de ce nom. Ce lieu, qui a titre ds marquifat, eft fitué au bord de la riviere de Verfoy. Les Génevois le furprirent en 1589. fur le duc de Savoye, & le démantelerent. Depuis, il a été

cédé à la France avec le pays de Gex; & en 1601. Louis XIII. le donna à la Maifon de Condé.

VERSICINIA, ou VERSINICIA, ville que l'Hif toire Mifcellanée, lv. 23. & 24. femble mettre au voifinage de la Thrace.

1. VERT, (le) riviere de France, dans le Béarn. Elle nait dans la vallée de Barretons, & traverse cette vallée par le milieu, à l'endroit où eft affis Aramit, où elle reçoit une autre petite riviere a la droite. Un peu plus bas elle en reçoit une autre à la gauche; & coulant toujours du midi occidental au nord oriental, en ferpentant, elle va enfin fe perdre dans le Gave, environ à une lieue au-deffous d'Oleron. On trouve dans cette riviere d'excellentes trui tes, & en grande quantité. * De l'lfle, Atlas. 2. VERT, riviere de France, dans le Quercy. Elle prend fon nom d'un village où elle a fa fource, & qui eft au nord de Cahors, après quoi elle lave les murailles de la petite ville de Catus, & groffie enfin des eaux de la petite riviere de Maffe, elle va fe perdre dans le Lot, à la droite, entre Cahors & Durevels.

3. VERT, châtellenie de France, dans la Beauce, élection de Chartres.

VERTACOMACORI, peuple de la Gaule Narbonnoife. Il faifoit partie des Vccontii: & on trouve encore préfentement des traces de fon nom dans le territoire appellé VERCORS, dans le Dauphiné, selon Nicolas Chorier, l. 1. p. 11. Pline, l. 3. c. 17. dit que les VERTACOMACORI fonderent la ville de Novare, en Italie, au duché de Milan.

VERTÆ, ancien peuple d'Afie, allié des Perfes, & qui fe trouva au fiege d'Amida, felon Ammien Marcellin, /. 19. c. 2. dont voici le pallage: Verta meridiano lateri funt deftinati. M. de Vallois remarque que c'eft ainfi que lifent les Manufcrits, à l'exception de celui de la bibliotheque Colbertine qui porte: Cujus mer, lateri funt deftinati, & au lieu de Cujus, peut-être faut-il lire Cuni, ou Chuni ; de forte qu'Ammien Marcellin auroit voulu parler, des Huns, qui, felon les Hiftoriens, étoient voifins des Perfes.

VERTAISON, bourg de France, dans l'Auvergne, au diocèfe de Clermont & au nord d'Iffoire. Il y a un Chapitre dans la paroiffe qui eft dédié à NotreDame.

VERTÉ, (l'Ifle) ifle de France, fur la côte de Provence, environ trois cent toifes à l'eft du cap de l'Aigle. Cette ifle, qu'on appelle auffi l'ISLE DE LA CIOTAT, eft affez haute. Il y a prefqu'au milieu du trajet, entre le cap & l'ifle, une roche fur laquelle on ne trouve que cinq pieds d'eau Elle eft un peu plus proche de l'ifle que du cap de l'Aigle. On paffe néanmoins ordinairement avec des galeres entre cette ifle & le cap, rangeant près du cap pour éviter la roche. Il y a tout proche de la pointe du cap huit à dix braffes d'eau. On y pourroit paffer avec un vaiffeau ayant le vent favorable. * Michelot, Portul de la Médit. p. 69.

VERTERIS, ville de la Grande-Bretagne. L'Itinéraire d'Antonin la marque fur la route de BlatumBulgium à Caftra-Exploratorum, entre Brovonacis & Lavatris, à treize milles du premier de ces lieux, & à quatorze milles du fecond. C'étoit la réfidence d'un Préfet, felon la notice des dignités de l'Empire; mais ce n'eft plus aujourd'hui qu'un village, à deux milles de l'Eden, & connu fous le nom de Burgh, autrement Burghupon Stenemore, felon Camden.

1. VERTEIUL, ou S. MEARD DE VERTEUIL, petite ville de France, dans l'Angoumois, élection d'Angoulême, avec titre de Baronnie. Cette ville fituée fur la Charente, eft dans une fituation fort agréable. La riviere y forme un grand demi-cercle qui entoure le parc & les jardins d'un magnifique Château qui y eft bâti. Sa Juftice s'étend fur douze Paroiffes, & il y a outre cela un grand nombre de

mouvances.

2. VERTEUIL, Bourg de France dans l'Agenois, élection d'Agen.

3. VERTEUIL, Vertolium. Petite ville de France dans la Guienne, au diocèfe de Bordeaux dans le pays de Medoc entre l'embouchure de la Garonne, appellée la Gironde, & la mer, une lieue

au midi de l'Esparre. Il y a une Abbaye d'hommes de 1 ordre de faint Auguftin, fous le titre de faint Pierre, & qui rapporte à l'abbé 5000 liv.

VERTHES , montagne de la Baffe-Hongrie, connue autrefois fous le nom de Mons Clipeorum. Elle eft entre Gran & Albe royale; & les Allemands l'appellent Schiltperg. * Defcr. du Royaume de Hongrie, 1. 1, 1688.

VERTILLAC, bourg de France dans la Marche, élection de Gueret, auprès de la Souteraine. On y conferve un bâtiment de figure octogone, de la hauteur d'environ vingt pieds, & qui fervoit, felon toute apparence, aux anciens Payens à faire confumer par le feu ce qui avoit été offert fur l'autel.

VERTINÆ, ville d'Italie, dans la Lucanie. Strabon, l. 6, p. 254, la met au nombre de quelques petites villes, fituées dans les terres. Cafaubon croit que c'est l'URSENTINORUM OPPIDUM de Pline, l. 3, c. 11, qui compte les URSENTINI parmi les peuples de la Lucanie, qui habitoient dans les terres. Cluvier croit que c'eft aujourd'hui VETRI, ou VIETRI, bourgade de la Bafilicate. VERTOBRIGE, ville de l'Espagne Bétique, felon Pline, l. 3, c. 1. Moralès & le pere Hardouin lifent NERTOBRIGE, & diftinguent cette ville d'une autre de même nom, chez les Celtibéres. Le nom moderne de VERTOBRIGE, ou NERTOBRIGA, qui est le véritable nom, eft Valera la Vieja, près de Frexenal. Rod. Carus, 1. 3, c. 66.

VERTON, comté de France, dans la Picardie, au diocèfe de Boulogne, dans le gouvernement de Montreuil.

VERTOU, prieuré de l'ordre de faint Benoît, en Bretagne, diocèfe & au fud-eft de Nantes. Cette abbaye eft ancienne puifque faint Martin en étoit abbé l'an 574; ce n'est plus qu'un prieuré conventuel.

VERTUS, ville de France, dans la Champagne, élection de Chalons, à fix lieues au fud-oueft de cette derniere, fur le chemin de Paris, avec titre de comté-pairie & juftice royale. Vertus étoit déja le chef-lieu d'un pays, dans le neuviéme fiécle, comme on le voit dans les capitulaires de Charles le Chauve, où l'on trouve PAGUS VIRTUDISUS. Ce pays eft au midi de la Marne, fur les confins du territoire d'Epernay. La ville de Vertus étoit de l'ancien patrimoine de l'églife de Rheims, elle y fut réunie par l'archevêque Foulque, avec plufieurs autres domaines; ce qui fut confir mé par les lettres du pape Formofe, données l'an 892, comme on peut lire dans Flodoard au chapitre II, du quatriéme livre de fon hiftoire. Cette terre de Vertus fut depuis attribuée au chapitre de l'églife métropolitaine. L'auteur du fupplément de Flodoard rapporte les lettres de Leudon, prevôt de cette églife, dans lesquelles il déclare, que du confentement de tout le chapitre, il avoit donné à cens la terre de Vertus à Heribert III, comte de Troyes, pour en jouir pendant fa vie feulement, en excluant fa veuve, fes enfans & fes héritiers. Adalberon étoit alors archevêque de Rheims, & ce Traité a été paffé l'an 980 ou environ. Après la mort d'Heribert, les comtes de Troyes, fes fucceffeurs, retinrent la terre de Vertus, dont ils firent hommage lige aux archevêques de Rheims; ce qui a duré jusqu'à la réunion de la Champagne à la couronne & Vertus eft entré dans le domaine où il a demeuré jusqu'à l'an 1361, que le roi Jean donna en pleine propriété à Jean Galeace Visconti, pour dot de fa femme Ifabelle, fille du Roi, toute la terre de Vertus, qui fut érigée en Comté. Jean Galeace mariant fa fille Valentine avec Louis, fils de France, duc d'Orléans, lui donna en dot ce comté. Philippe, un des plus jeune fils du duc Louis, fut comte de Vertus; qui, mourant fans enfans, laiffa ce comté à fa four Marguerite, femme de Richard de Bretagne, comte d'Estampes. Leur fils, François fut duc de Bretagne, & fit don du comté de Vertus à fon bâtard François, qui en jouit,

fans que fa fœur la reine de France s'y oppofất; mais, après la mort de la reine, les Procureursgénéraux intenterent plufieurs actions contre les Seigneurs d'Avaugour, descendans de ce bâtard; mais le Parlement, par plufieurs Arrêts, a maintenu ces Seigneurs en poffesfion; & jusqu'à préfent leurs descendans mâles, jouiffent du comté de Vertus. Ce comté eft de grande étendue, & renferme un pays beau & fertile. La ville eft affez confidérable, ayant dans fon enceinte une collégiale & deux abbayes; l'une de Bénédictins de la congrégation de faint Vanne, fous le nom de faint Sauveur, & qui vaut douze cent livres à l'abbé, & autant aux Religieux; l'autre abbaye, qui eft de chanoines réguliers, fous le titre de Nôtre-Dame, a un chapitre compofé d'un doyen & de fix chanoines, qui ont chacun deux cent livres de revenu : l'abbé jouit de trois mille livres. * Longuerue, description de la France, part. I, p. 43.

La ville de Vertus, eft fituée dans une plaine, au pied d'une montagne, fur laquelle il croît d'asfez bon vin. On voit à une demi-lieue de cette ville, fur une montagne, les ruines d'une Fortereffe, nommée la Montaine. Il n'en reste que le pan d'une tour & les enceintes, qui font juger que c'étoit autrefois une place très-forte. Elle fut détruite fous le regne de Charles VII, par les villes & les communautés voifines. * Piganiol, descr. de la France, t. 3, p. 345.

VERUCA. La ville de ce nom, dont parle Caffiodore, l. 3, Variar. eft placée par Sabellicus, Blondo, Candidus, Niger & Leandre, dans le Frioul; & felon eux, c'eft préfentement MonteFalcone; mais, dit Ortelius, comme Caffiodor donne une belle description de cette ville, & la place fur l'Adige, je ne vois pas comment ce pourroit être aujourd'hui Monte-Falcone, qui eft fur le golfe de Triefte: ou ces auteurs modernes, ajoute-t-il, fe font trompés groffierement, ou il faudroit lire dans Caffiodore Natifo, au lieu d'Athefis. Mais Niger paroît avoir reconnu fa faute, car après avoir dit que Monte-Falcone étoit l'ancienne Veruca, il veut enfuite que cette derniere ville foit Clufe ou Chiufa. Voyez CHIUSA.

VERUCINI, ou VERRUCINI, peuples de la Gaule Narbonnoife: Pline, . 3, c. 4, les met auZ. deffus des Suelteri; & le pere Hardouin croit qu'ils habitoient le quartier de la Provence, où se trouvent aujourd'hui Verignon, & Barjols.

VERUCOLA, bourgade d'Italie dans la Toscane, dans la vallée de Macra, à quatre lieues de Maffa, vers le nord. Quelques-uns la prennent pour l'ancienne Biracelum. Cet article eft tiré de Baudrand qui cite à faux Cluvier; car dans ce dernier on trouve Vericola, & non pas Verucolo, dont aucune bonne carte ne fait mention; quant au nom de Biracelum, Leander & les autres s'accordent à dire que c'eft aujourd'hui Vicarello.

VERUDA, Ile d'Italie, fur la côte d'Iftrie, au midi de la ville de Pola, près du golfe Garneret. La terre, & quelques écueils qu'on voit aux environs, y font un bon port. On révere dans ce lieulà la Sainte Vierge, avec beaucoup de dévotion fous le nom de Notre-Dame de la Veruda. L'églife & le monastere appartiennent aux Minimes. * * Wheler, voyage de Dalmarie, 1. 1.

VERUE, Veruca, ville d'Italie, dans le Piémont, au comté d'Aft, fur une coline, près du Pô, entre Cafal & Turin, environ à cinq lieues de chacune de ces villes. Cette ville, qui eft fur les frontieres du Montferrat, & très-bien fortifiée, a produit de grands hommes, & donné occafion à plufieurs disputes touchant fon origine. Politien y a fait quelque féjour, & le fameux Torquato Taffo y alla paffer quelques mois, après qu'il fut forti de fa prifon de Ferrare. On dit que pendant qu'il y féjourna, il revit fon Aminte, à laquelle il fit quel que changement. On voyoit autrefois fur la porte du château un cochon qui ouvroit la gueule, pour engloutir une grappe de raifin qui lui pendoit fur la tête, & ces mots pour Infcription:

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